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Text File  |  1996-08-11  |  32KB  |  94 lines

  1. LA PR├ëHISTOIRE DE TERRE-NEUVE ET DU LABRADOR 
  2.  
  3. James A. Tuck 
  4.  
  5.      La reconstitution des faits qui se d├⌐roul├¿rent ├á Terre-Neuve et au Labrador avant l'apparition de documents ├⌐crits est une entreprise fort complexe. Ce n'est que depuis une vingtaine d'ann├⌐es que les arch├⌐ologues commencent ├á comprendre la longue histoire des populations pr├⌐historiques de la r├⌐gion. Les rares vestiges que l'on a tir├⌐s du sol, o├╣ ils sont parfois restes 9 000 ans ensevelis, laissent croire que l'histoire de ces populations, de ces modes de vie et de ces ├⌐v├⌐nements lointains, sur laquelle la lumi├¿re se fait peu ├á peu, pourrait bien ├¬tre l'une des plus captivantes au Canada. Dans une large mesure, cet int├⌐r├¬t r├⌐sulte de la g├⌐ographie physique de Terre-Neuve et du Labrador, qui pr├⌐sente ├á la fois de v├⌐ritables milieux arctiques et des r├⌐gions plus temp├⌐r├⌐es, touchant ├á plus de 15 000 kilom├¿tres de littoral. Des habitants que nous appellerions les Indiens et d'autres que l'on a baptis├⌐s les Esquimaux, mais aujourd'hui se font appeler Inuit, ont occup├⌐ la province ├á diverses ├⌐poques, soit ensemble, soit s├⌐par├⌐ment. Les arch├⌐ologues sont sp├⌐cialement intrigu├⌐s par la fa├ºon dont ces populations de cultures diff├⌐rentes se sont adapt├⌐es au milieu, en particulier aux r├⌐gions c├┤ti├¿res, et par la nature des relations qu'elles ont eues l'une avec l'autre.
  6.  
  7.      La mani├¿re la plus simple de relater l'histoire des populations pr├⌐historiques de la province est peut-├¬tre d'organiser l'information r├⌐unie par les arch├⌐ologues en un certain nombre de ┬½traditions┬╗. Ce terme d├⌐signe ici le mode de vie caract├⌐ristique d'un groupe ou de plusieurs groupes particuliers que l'on peut circonscrire dans l'espace et dont l'existence peut ├¬tre attest├⌐e sur une assez longue p├⌐riode. Ainsi, les premiers habitants de Terre-Neuve et du Labrador ont ├⌐t├⌐ remplac├⌐s par un groupe indien appartenant ├á la tradition archa├»que maritime, laquelle est probablement apparue il y a 7 500 ans pour dispara├«tre 3 500 ans plus tard. La tradition pal├⌐o-esquimaude, qui remonte ├á environ 4 000 ans, s'est ├⌐teinte il y a moins d'un mill├⌐naire, et les cultures post-archa├»ques qui ont donn├⌐ naissance ├á celles de la p├⌐riode historique ont commenc├⌐ ├á se manifester il y a 3 000 ans. Enfin, la tradition des Esquimaux de Thul├⌐ ou du Labrador, toujours vivante, est vieille de 500 ans. Nous aborderons dans cet ouvrage les connaissances que nous poss├⌐dons sur chacun de ces groupes, sur leur mode de vie, et ce que nous avons pu r├⌐unir sur leur histoire; mais passons en revue les ressources de la province.
  8.  
  9. Ressources naturelles 
  10.  
  11.      Les populations pr├⌐historiques de Terre-Neuve et du Labrador subsistaient surtout gr├óce aux ressources du littoral. Au nord abondaient le phoque annel├⌐ et le phoque barbu; on rencontrait le phoque du Groenland sur toute la c├┤te du Labrador; dans le sud de Terre-Neuve pr├⌐dominaient le phoque commun et le phoque gris. Beaucoup de r├⌐gions c├┤ti├¿res devaient aussi ├¬tre fr├⌐quent├⌐es par le morse. Les populations pr├⌐historiques chassaient peut-├¬tre la baleine, le dauphin et le marsouin, et elles tiraient sans doute parti de la viande, de l'huile, des os et des fanons des baleines qui venaient s'├⌐chouer sur le rivage.
  12.  
  13.      Nous ne pouvons dire avec certitude dans quelle mesure les populations pr├⌐historiques ├⌐taient capables d'exploiter diverses esp├¿ces de poisson, comme le saumon, le capelan et la morue, qui allaient former plus tard le pivot de l'├⌐conomie de la province. Peut-├¬tre le saumon ├⌐tait-il pris au harpon dans les rivi├¿res et les ├⌐tangs peu profonds, et l'on pouvait se contenter de ramasser le capelan lorsqu'il ┬½roulait┬╗ sur les plages, en juin, pendant la saison du frai. Aucun indice ne permet encore de croire que les populations pr├⌐historiques aient pratiqu├⌐ la p├¬che ├á la ligne; la p├¬che aux poissons d'eau profonde, comme la morue, d├⌐passait peut-├¬tre les possibilit├⌐s des techniques anciennes.
  14.  
  15.      Les oiseaux de mer comme la marmette, le go├⌐land, le fou de Bassan, le plongeon et le grand pingouin, esp├¿ce d'oiseau incapable de voler, aujourd'hui ├⌐teinte, fournissaient de la viande, des oeufs et des plumes. On se servait aussi de leurs os pour fabriquer des sifflets, des aiguilles et divers autres objets.
  16.  
  17.      Les mammif├¿res terrestres le plus souvent chass├⌐s par les groupes pr├⌐historiques de la r├⌐gion ├⌐taient le caribou et le castor. On savait ├⌐galement tirer parti, du moins ├á l'occasion, de l'ours noir et des petits animaux ├á fourrure comme la loutre et la martre.
  18.  
  19.      Ces animaux fournissaient non seulement de la chair et des peaux, mais encore des os, de l'andouiller et de l'ivoire qui deviendraient des armes et des outils. Pour fabriquer ces derniers, on se servait ├⌐galement de bois et de pierre. Le bois, l├á o├╣ il y en avait, ├⌐tait probablement le mat├⌐riau le plus employ├⌐. Au nord de la limite des arbres, on r├⌐cup├⌐rait sans doute des bouts de bois flott├⌐, chaque fois que l'occasion s'en pr├⌐sentait. Les pierres dures comme le quartz, le quartzite, le chert et l'ardoise ├⌐taient transform├⌐es en outils tranchants par ├⌐clatement et adoucissage. Certains types de pierres aux propri├⌐t├⌐s particuli├¿rement utiles ├⌐taient l'objet d'un troc d'un bout ├á l'autre de la province: le chert des carri├¿res de la baie Ramah dans le nord du Labrador, et les galets de Cow Head, sur la c├┤te ouest, ├⌐taient employ├⌐s dans plusieurs autres r├⌐gions o├╣ l'on trouvait pourtant des mat├⌐riaux locaux. La st├⌐atite ne se trouve ├á l'├⌐tat naturel que dans moins d'une douzaine d'endroits de la province, ce qui n'emp├¬che qu'├á certaines p├⌐riodes cette pierre faisait l'objet d'un commerce sur tout le littoral.
  20.  
  21. Premiers habitants (il y a 9 000 ├á 7 500 ans) 
  22.  
  23.      Nous ne pouvons dire avec certitude ├á quelle ├⌐poque les premiers hommes sont arriv├⌐s dans les terres qui sont aujourd'hui Terre-Neuve et le Labrador; nous ne savons pas non plus de quelle mani├¿re ni de quel endroit ils sont venus. Nous sommes ├á peu pr├¿s s├╗rs, toutefois, que de petites bandes se d├⌐pla├ºant vers le nord-est, en suivant la c├┤te nord du Saint-Laurent, ├⌐taient d├⌐j├á ├⌐tablies il y a environ 9 000 ans dans l'extr├⌐mit├⌐ sud du Labrador, le long du d├⌐troit de Belle-Isle. Comme leurs outils et leurs armes en pierre ont certaines ressemblances avec des objets du m├¬me genre en provenance de sites encore plus anciens de la Nouvelle-Angleterre et des Maritimes, nous croyons que ces bandes ont pu venir du sud.
  24.  
  25.      Leurs petits campements se trouvent aujourd'hui jusqu'├á un kilom├¿tre de la c├┤te, et ├á plus de vingt-cinq m├¿tres en moyenne au-dessus du niveau de la mer; n├⌐anmoins, ces premiers habitants pratiquaient sans doute la chasse c├┤ti├¿re. Les g├⌐ologues nous apprennent en effet que le littoral du Labrador n'a pas encore fini de sortir de la mer, o├╣ il s'est enfonc├⌐ jadis sous le poids des glaciers; en cons├⌐quence, certains endroits aujourd'hui assez ├⌐loign├⌐s du rivage ├⌐taient des plages il y a environ 10 000 ans. Les ressources du d├⌐troit de Belle-Isle se trouvaient donc litt├⌐ralement ├á la porte des chasseurs, qui pouvaient se rendre directement de la mer aux campements dans leurs embarcations.
  26.  
  27.      Il reste bien peu de chose des objets perdus ou mis au rebut par ces anciennes populations. Encore plus infimes sont les vestiges de leurs habitations, bien que l'on d├⌐couvre parfois des foyers en pierre et quelques pierres plus ou moins dispers├⌐es qui laissent croire que ces bandes vivaient dans des tentes en peau; celles-ci, dress├⌐es sur des supports que l'on taillait dans du bois de la r├⌐gion, ├⌐taient chauff├⌐es par un foyer central; les bords ├⌐taient maintenus au sol par des pierres. Il ne reste rien aujourd'hui qui puisse nous renseigner sur les traits physiques de ces populations, sur les types de nourriture qu'elles recherchaient ou qu'elles ├⌐taient en mesure de se procurer, ni sur leur culture du point de vue social ou intellectuel.
  28.  
  29.      Nous supposons que ces hommes chassaient les m├¬mes animaux -- oiseaux, mammif├¿res marins et terrestres, poissons -- que leurs descendants, sur qui nous avons plus d'informations. Nous pensons qu'ils vivaient la plus grande partie de l'ann├⌐e pr├¿s de la c├┤te, r├⌐partis en petites bandes familiales. Sans doute s'├⌐taient-ils d├⌐j├á adapt├⌐s, sous certains aspects techniques et intellectuels, ├á la vie qu'ils devaient mener dans le sud du Labrador, mais nous ne pourrons en dire beaucoup l├á-dessus tant que nous n'aurons pas d├⌐couvert de sites o├╣ des mati├¿res organiques se seront pr├⌐serv├⌐es.
  30.  
  31. La tradition archa├»que maritime (il y a 7 500 ├á 3 500 ans) 
  32.  
  33.      Certains groupes continu├¿rent d'avancer lentement vers le nord, en suivant la c├┤te du Labrador, pour atteindre il y a environ 5000 ans les baies Saglek et Ramah, bien au-del├á de la limite des arbres. Les arch├⌐ologues ont men├⌐ des fouilles ├á un certain nombre de campements qui furent occup├⌐s de fa├ºon continue par ces groupes, et ils ont r├⌐uni suffisamment d'informations pour nous permettre de reconstituer de fa├ºon assez compl├¿te le mode de vie de ces populations.
  34.  
  35.      Les hypoth├¿ses qui avaient ├⌐t├⌐ formul├⌐es au sujet de leurs activit├⌐s de chasse se sont vues confirm├⌐es par la d├⌐couverte, en 1974, sur la route de L'Anse-Amour, dans le sud du Labrador, d'un tumulus contenant le squelette d'un enfant indien, accompagn├⌐ de divers objets en pierre, en os, en andouiller et en ivoire. Parmi les objets faits d'os de caribou, de morse ou d'oiseau se trouvait un harpon ├á t├¬te d├⌐tachable. Ainsi, il y a 7 500 ans, les habitants du sud du Labrador ├⌐taient d├⌐j├á bien ├⌐quip├⌐s pour exploiter les ressources de la c├┤te. Les ornements ex├⌐cut├⌐s sur leurs outils et leurs armes, les peintures au moyen desquelles ils d├⌐coraient leur ├⌐quipement, et tr├¿s vraisemblablement leur corps, enfin la pr├⌐sence d'un instrument de musique t├⌐moignent aussi de la richesse de cette culture maritime; une culture suffisamment bien adapt├⌐e ├á la vie sur la c├┤te pour poss├⌐der les moyens intellectuels et ├⌐conomiques n├⌐cessaires ├á la cr├⌐ation de cette s├⌐pulture complexe, peu ordinaire de l'Anse-Amour.
  36.  
  37.      La vie de cette population ├⌐tait si ├⌐troitement li├⌐e ├á la mer, m├¬me ├á cette ├⌐poque ancienne, que le groupe repr├⌐sent├⌐ par le site de l'Anse-Amour appartient pour nous ├á la tradition archa├»que maritime, qui a ├⌐t├⌐ d├⌐crite une premi├¿re fois d'apr├¿s les d├⌐couvertes effectu├⌐es sur l'emplacement d'une autre s├⌐pulture. Le cimeti├¿re de Port-au-Choix, vieux de 3 500 ans et situ├⌐ sur la c├┤te ouest de Terre-Neuve, juste au sud du d├⌐troit de Belle-Isle, contenait une vaste collection, apparemment compl├¿te, d'outils, d'armes et d'objets divers ├á caract├¿re d├⌐coratif ou magique en os, en andouiller et en ivoire. Les os s'├⌐taient merveilleusement bien pr├⌐serv├⌐s, les corps ayant ├⌐t├⌐ ensevelis dans le sol de la plage rendu alcalin par une grande quantit├⌐ de morceaux de coquillages. On a mis au jour en 1968 plus de cinquante tombes contenant une bonne centaine d'individus, ce qui a permis aux arch├⌐ologues de donner une reconstitution remarquablement compl├¿te de la culture archa├»que maritime. Sans doute les squelettes humains avaient-ils beaucoup ├á nous apprendre, mais les objets enterr├⌐s avec eux pr├⌐sentaient autant d'int├⌐r├¬t, sinon plus encore.
  38.  
  39.      La pr├⌐sence d'ossements de phoques, de baleines, de morses, d'ours polaires et de tout l'├⌐ventail, ou presque, des oiseaux de mer de Terre-Neuve, y compris l'esp├¿ce aujourd'hui disparue du grand pingouin, laisse croire que la vie des anciens habitants de Port-aux-Choix ├⌐tait aussi ├⌐troitement li├⌐e ├á la mer que celle de leurs anc├¬tres de la c├┤te sud du Labrador. On a ├⌐galement mis au jour des armes en pierre et en os qui servaient ├á prendre non seulement les animaux marins, mais encore le gibier des plateaux. Certains petits animaux ├á fourrure comme la loutre et le vison ├⌐taient peut-├¬tre pris au pi├¿ge.
  40.  
  41.      Le d├⌐pe├ºage se faisait probablement au moyen de couteaux en pierre taill├⌐e; on n'a pas trouv├⌐ d'exemples de ces outils ├á Port-aux-Choix, mais ils reviennent souvent ├á d'autres sites de la culture archa├»que maritime, ├á Terre-Neuve comme au Labrador. Le fait que l'on a exhum├⌐ des armes et d'autres outils en os, en andouiller et en ivoire d├⌐montre que les habitants de Port-aux-Choix savaient fendre ces mat├⌐riaux, les tailler au couteau et les polir afin de cr├⌐er une vari├⌐t├⌐ d'objets utiles. Nous sommes aussi ├á peu pr├¿s certains que le bois ├⌐tait une importante mati├¿re premi├¿re, bien qu'on n'en ait encore trouv├⌐ ├á aucun site archa├»que maritime. Nous sommes s├╗rs qu'on en faisait usage, car un grand nombre d'outils servant au travail du bois -- haches, herminettes et gouges en pierre -- ont ├⌐t├⌐ exhum├⌐s de ces sites; on a m├¬me trouv├⌐ ├á Port-aux-Choix des ciseaux et des couteaux de bonne facture, ayant pour pointe une incisive de castor polie. Ces outils servaient sans doute ├á travailler les esp├¿ces locales de bois dur et de bois mou pour fabriquer toutes sortes d'objets, depuis des embarcations, des supports de tentes et des manches d'armes et d'outils jusqu'├á de d├⌐licats pendentifs, semblables aux ravissants bijoux en os et en andouiller qui se sont pr├⌐serv├⌐s.
  42.  
  43.      Ces objets montrent que les groupes de la culture archa├»que maritime avaient su se doter des techniques n├⌐cessaires pour survivre ├á Terre-Neuve et au Labrador, mais les tombes de Port-aux-Choix attestent aussi qu'il existait, entre ces populations et leur milieu, des liens intellectuels et spirituels tout aussi solides. Dans presque chaque tombe avaient ├⌐t├⌐ d├⌐pos├⌐s des griffes, des dents, des becs ou d'autres attributs des oiseaux et des animaux que chassaient les habitants de Port-aux-Choix. On y a ├⌐galement retrouv├⌐ de petites sculptures repr├⌐sentant une t├¬te d'ours et divers oiseaux, qui servaient de pendentifs ou d'ornements pour la chevelure. On a exhum├⌐ enfin un certain nombre de cailloux blancs, de cristaux, de concr├⌐tions et divers autres objets qui semblent n'avoir eu aucune fonction utilitaire. Sans doute pourrait-il s'agir l├á de simples ornements, mais nous croyons que leur pr├⌐sence a un motif beaucoup plus profond. Il existe en effet, plus pr├¿s de nous, des peuples qui vivent de chasse, de p├¬che et de cueillette, et dont les syst├¿mes de croyances visent ├á assurer une abondance de nourriture, de peaux et d'autres mati├¿res premi├¿res, ├á doter les individus de certaines qualit├⌐s, et enfin ├á dominer les aspects de l'existence humaine qu'ils ne peuvent gouverner directement. Ainsi, l'Indien de la tradition archa├»que maritime qui poss├⌐dait les dents, les griffes ou quelque autre objet symbolisant un phoque pouvait, par ce moyen, se trouver avantag├⌐ par rapport au phoque qu'il chassait. Peut-├¬tre le bec ou la patte d'un go├⌐land ou d'un plongeon rendraient-ils leur propri├⌐taire aussi bon p├¬cheur que ces oiseaux. Les pattes ou les dents d'un renard ou d'un ours auraient le pouvoir d'infuser au chasseur qui les porte la ruse de l'un ou la force de l'autre. Il n'est pas aussi facile d'expliquer la pr├⌐sence de cristaux, de cailloux et d'autres objets du m├¬me genre, mais nous croyons qu'ils n'ont pas ├⌐t├⌐ ensevelis par accident.
  44.  
  45.      Nous voyons donc que les Indiens de la tradition archa├»que maritime avaient su adapter chaque aspect de leur mode de vie aux conditions de leur environnement. On sait qu'ils ont occup├⌐ ├á peu pr├¿s toute la c├┤te de l'├«le de Terre-Neuve, de m├¬me que le littoral du Labrador jusqu'├á la baie Ramah, au nord. Pendant plus de 4 000 ans, soit ├á partir d'il y a 7 500 ans et jusqu'├á il y a 3 500 ans environ, ces populations eurent la province ├á elles seules, et surent tirer parti de la richesse des for├¬ts, des landes et de la mer.
  46.  
  47.      Il y a un peu moins de 4 000 ans survint un ├⌐v├⌐nement qui allait changer tout le cours de la pr├⌐histoire de Terre-Neuve et du Labrador. Il ne s'agit pas d'un ph├⌐nom├¿ne naturel, bien que la d├⌐t├⌐rioration du climat, vers cette ├⌐poque, n'y ait peut-├¬tre pas ├⌐t├⌐ ├⌐trang├¿re. Ce fut plut├┤t ce que nous appellerions un ph├⌐nom├¿ne social: la partie septentrionale du Labrador vit arriver les premiers ├⌐l├⌐ments d'un groupe qui se distinguait des Indiens de la tradition archa├»que maritime par la race, la langue, la culture et l'histoire.
  48.  
  49. La culture pal├⌐o-esquimaude (il y a 4 000 ├á 1 000 ans) 
  50.  
  51.      Les anc├¬tres de ces nouveaux-venus ├⌐taient partis de l'Alaska, probablement ├á la suite du boeuf musqu├⌐ et d'autres mammif├¿res marins et terrestres; ils avaient avanc├⌐ vers l'est, traversant les r├⌐gions polaires, pour atteindre ce que nous appelons aujourd'hui l'extr├¬me nord du Groenland. Au cours de cette expansion, il est tr├¿s vraisemblable qu'ils fond├¿rent de petits ├⌐tablissements derri├¿re eux; avec le temps, les habitants de ces villages se mirent ├á explorer dans toutes les directions. Certains de ces voyages les amen├¿rent vers le sud et, attir├⌐s par le gibier, ils finirent par se rendre au Labrador.
  52.  
  53.      Les arch├⌐ologues appellent ces groupes les Pal├⌐o-Esquimaux, et d├⌐signent leur culture sous le nom de tradition arctique des petits outils. Cette appellation est bas├⌐e, d'une part, sur l'origine de ces groupes et sur la place qu'ils occupent dans la pr├⌐histoire, et d'autre part sur le fait qu'ils fabriquaient des armes et des outils minuscules, en pierre finement taill├⌐e. Au physique, les Pal├⌐o-Esquimaux ressemblaient aux Inuit d'aujourd'hui: ils ├⌐taient trapus, ils avaient des traits semblables, et leurs cheveux ├⌐taient probablement noirs et plats. Peut-├¬tre m├¬me parlaient-ils une langue apparent├⌐e ├á celle des Inuit.
  54.  
  55.      Les premiers nomades qui parcoururent les r├⌐gions polaires du Canada et du Groenland devaient sans doute se nourrir de boeuf musqu├⌐, de divers autres mammif├¿res terrestres et d'oiseaux, mais les Pal├⌐o-Esquimaux mirent rapidement au point une technique efficace pour la chasse au phoque, au morse et aux autres mammif├¿res marins. Cette ├⌐volution r├⌐sulte peut-├¬tre de leur arriv├⌐e au Labrador, et plus particuli├¿rement des contacts qu'ils durent avoir avec les Indiens de la tradition archa├»que maritime qui s'y trouvaient d├⌐j├á. Nous savons que ces derniers poss├⌐daient les moyens techniques n├⌐cessaires ├á la chasse aux animaux marins, et notamment le harpon ├á t├¬te d├⌐tachable, efficace pour le phoque et le morse. Les premiers Pal├⌐o-Esquimaux, pour leur part, se tiraient d'affaire avec une sorte de harpon ├á barbelures caract├⌐ristiques, sans doute moins efficace. Il est donc vraisemblable que les Pal├⌐o-Esquimaux virent leurs premiers harpons ├á t├¬te d├⌐tachable au Labrador, et que cette nouveaut├⌐ se r├⌐pandit rapidement d'un bout ├á l'autre de l'Arctique. En leur permettant de diversifier leur ├⌐conomie par l'addition de viande, de peau et d'ivoire de mammif├¿res marins, le harpon ├á t├¬te d├⌐tachable peut fort bien avoir transform├⌐ leur fa├ºon de vivre. L'├⌐conomie des Pal├⌐o-Esquimaux, qui r├⌐unissait d├⌐sormais les mammif├¿res marins, les oiseaux, les poissons et les animaux terrestres, se rapprochait ├⌐troitement de celle des populations de la culture archa├»que maritime, ressemblance qui ne pouvait manquer de se refl├⌐ter dans certains aspects du mode de vie de ces deux peuples.
  56.  
  57.      La tradition arctique des petits outils, ├á laquelle se rattachaient les premiers Pal├⌐o-Esquimaux, se caract├⌐rise par des pointes de fl├¿ches, des armatures distales bifaces de t├¬tes de harpon, des grattoirs et des couteaux, tous faits de chert color├⌐ finement taill├⌐. Ces outils ├⌐taient employ├⌐s de diverses mani├¿res, et certains d'entre eux, tr├¿s particuliers, ├⌐taient sp├⌐cialement fa├ºonn├⌐s pour travailler l'os et pour couper certaines mati├¿res. Le burin, petit outil en pierre taill├⌐e, aiguis├⌐ ├á une extr├⌐mit├⌐, ├⌐tait employ├⌐ pour fa├ºonner l'os, l'andouiller et l'ivoire; on se servait de microlames minces et tranchantes pour tailler les peaux et le bois.
  58.  
  59.      Les mati├¿res organiques employ├⌐es par les premiers Pal├⌐o-Esquimaux de Terre-Neuve et du Labrador se sont rarement pr├⌐serv├⌐es. M├¬me si les sites de l'Arctique o├╣ les conditions sont plus favorables ne livrent qu'un tr├¿s petit nombre d'armes et d'outils. En d├⌐pit de ce fait, les arch├⌐ologues estiment que la vie des Pal├⌐o-Esquimaux, certes p├⌐rilleuse par moments, devait ├¬tre enrichie de mythes, de chansons, de plaisanteries et d'autres impond├⌐rables.
  60.  
  61.      Les premiers Pal├⌐o-Esquimaux occup├¿rent la province pendant une p├⌐riode allant d'un peu moins de 4 000 ans jusqu'├á environ 2 200 ans avant aujourd'hui. Au cours de ces ann├⌐es, ils descendirent vers le sud, depuis le Labrador jusqu'├á l'├«le de Terre-Neuve. Sur l'├«le, les arch├⌐ologues ont retrouv├⌐ des outils et des armes minuscules en pierre taill├⌐e ressemblant ├á ceux du Labrador septentrional. Il y a 2 300 ou 2 400 ans, toutefois, leur nombre commen├ºa ├á diminuer, et l'on n'a encore exhum├⌐ aucun site de ces premiers Pal├⌐o-Esquimaux qui remonte ├á moins de 2 200 ans environ. Les indices dont nous disposons actuellement permettent de supposer que ces groupes s'├⌐teignirent vers cette ├⌐poque et furent remplac├⌐s par d'autres Pal├⌐o-Esquimaux, que les arch├⌐ologues d├⌐signent sous le nom de Dors├⌐tiens.
  62.  
  63.      On a mis au jour, dans l'extr├¬me nord du Labrador, quelques sites dors├⌐tiens qui recouvrent sur une certaine p├⌐riode ceux des premiers Pal├⌐o-Esquimaux; dans presque toute la province, cependant, ces deux cultures sont s├⌐par├⌐es par un intervalle de trois ├á quatre si├¿cles. En outre, malgr├⌐ une certaine parent├⌐ entre les objets fa├ºonn├⌐s par l'un et l'autre groupes, on observe.suffisamment de traits distinctifs pour penser que le passage du stade des premiers Pal├⌐o-Esquimaux ├á celui des Dors├⌐tiens ne se fit probablement pas ├á Terre-Neuve ou au Labrador. Aucun indice ne nous permet encore de croire, toutefois, que cette ├⌐volution se soit effectu├⌐e ailleurs dans l'Arctique canadien.
  64.  
  65.      Au cours des trois ou quatre si├¿cles qui suivirent leur apparition dans le Labrador septentrional, les Dors├⌐tiens s'├⌐tablirent rapidement dans toute la province, o├╣ ils finirent par se trouver plus nombreux et plus r├⌐pandus que leurs pr├⌐d├⌐cesseurs.
  66.  
  67.      ├Ç l'origine, les outils et les armes fabriqu├⌐s par les Dors├⌐tiens des diverses parties de la province pr├⌐sentaient des ressemblances remarquables; ├á la longue, toutefois, l'├⌐loignement relatif de certains groupes finit par produire des diff├⌐rences de facture. Dans une certaine mesure, ce ph├⌐nom├¿ne peut ├¬tre aussi attribuable au processus d'adaptation ├á des milieux particuliers. Par exemple, alors que les Dors├⌐tiens de la c├┤te du Labrador et du nord-ouest de Terre-Neuve continuaient de poursuivre les grands troupeaux de phoques du Groenland qui revenaient tous les printemps, ceux qui s'├⌐taient ├⌐tablis dans l'est de Terre-Neuve et le long de la c├┤te sud, o├╣ il n'y avait pas de phoques du Groenland, d├⌐pendaient davantage du phoque commun, et peut-├¬tre aussi du caribou et d'autres animaux terrestres. La distance qui s├⌐parait ces deux groupes est ├⌐galement apparente dans leurs objets fa├ºonn├⌐s. Ainsi, le groupe de l'Est se servait rarement de lampes ou de bols de st├⌐atite, et employait sans aucun doute comme combustible, de pr├⌐f├⌐rence ├á la graisse de phoque, le bois, qu'il lui ├⌐tait facile de se procurer. Les pointes en pierre que ses membres fixaient au bout des harpons et de diverses autres armes ├⌐taient toujours triangulaires, mais, au lieu de les tailler, on les aiguisait par adoucissage. Ce sont l├á quelques-unes des diff├⌐rences qui permettent aux arch├⌐ologues de distinguer l'un de l'autre ces deux groupes apparent├⌐s.
  68.  
  69.      L├á o├╣ les conditions ├⌐taient favorables, certains Dors├⌐tiens s'├⌐tablissaient dans de gros villages qu'ils habitaient ├⌐t├⌐ comme hiver. ├Ç la Pointe Riche (Terre-Neuve), pr├¿s de Port-aux-Choix, on peut voir plus de trente-cinq fosses rectangulaires, l├á o├╣ se trouvait jadis l'une de ces agglom├⌐rations. Chacune de ces fosses marque l'emplacement d'une ancienne maison semi-souterraine pourvue de murs de terre, de chevrons en bois et d'un toit de terre et de peau. Chaque maison avait son foyer central, mais on a aussi d├⌐couvert des foyers ext├⌐rieurs, d'o├╣ l'on peut d├⌐duire que ce village ├⌐tait un campement de base, habit├⌐ toute l'ann├⌐e par une population s├⌐dentaire. Il est vraisemblable que, de temps ├á autre, de petits groupes partaient quelques jours en excursion de chasse, de p├¬che ou de cueillette. Le golfe du Saint-Laurent n'├⌐tait toutefois qu'├á quelques m├¿tres, et ses richesses r├⌐pondaient largement aux besoins des Dors├⌐tiens.
  70.  
  71.      Il est possible que les croyances magiques et religieuses de ces gens du Dorset aient ├⌐t├⌐ semblables, pour certains traits fondamentaux, ├á celles des Indiens de l'archa├»que maritime. Elles devaient sans aucun doute assurer une bonne chasse, de m├¬me que l'acquisition de qualit├⌐s personnelles souhaitables. Leur existence est attest├⌐e par de petites sculptures repr├⌐sentant des phoques, des ours et d'autres animaux, parfois tellement stylis├⌐s qu'ils en sont ├á peine reconnaissables. C'est ├⌐galement de cette dimension religieuse que semblent t├⌐moigner quelques masques et autres objets du m├¬me genre, ayant peut-├¬tre appartenu ├á des chamans qui interc├⌐daient entre les membres de leur groupe et le monde des esprits.
  72.  
  73.      Il y a environ 1 400 ans, les Dors├⌐tiens commenc├¿rent ├á diminuer en nombre, ├á peu pr├¿s comme les premiers Pal├⌐o-Esquimaux, quelques si├¿cles auparavant. Cette fois encore, les arch├⌐ologues ignorent ce qui a pu se passer, mais ces deux extinctions ont peut-├¬tre eu les m├¬mes causes. Nous savons en tout cas que de petites populations surv├⌐curent quelques si├¿cles dans l'est de Terre-Neuve et bien apr├¿s l'an 1 000 apr. J.-C. dans le nord du Labrador. Peut-├¬tre l'environnement ├⌐tait-il plus stable dans ces r├⌐gions, ce qui aurait facilit├⌐ l'adaptation d'autres groupes. Ce n'est toutefois qu'en poussant les recherches que l'on fera la lumi├¿re sur cette question difficile de la pr├⌐histoire des Pal├⌐o-Esquimaux.
  74.  
  75. Les Indiens post-archa├»ques (il y a 3 500 ans ├á la p├⌐riode historique) 
  76.  
  77.      Sans doute n'est-il pas facile de se retrouver dans les cultures pal├⌐o-esquimaudes de Terre-Neuve et du Labrador, marqu├⌐es par deux migrations suivies d'extinctions, mais l'histoire plus r├⌐cente de la culture indienne de cette province n'est pas moins embrouill├⌐e. Il y a quelques ann├⌐es, les arch├⌐ologues pensaient que les Indiens de la tradition archa├»que maritime ├⌐taient enti├¿rement disparus entre 3 800 et 3 200 ans environ avant aujourd'hui, pour ├¬tre remplac├⌐s par les Pal├⌐o-Esquimaux, qui auraient ├á leur tour c├⌐d├⌐ la place ├á des Indiens arriv├⌐s plus r├⌐cemment.
  78.  
  79.      Les recherches effectu├⌐es au cours des dix derni├¿res ann├⌐es laissent croire, cependant, que le tableau serait plus complexe. Pour simplifier quelque peu, divisons les cultures des Indiens post-archa├»ques en deux p├⌐riodes: la p├⌐riode interm├⌐diaire (il y a 3 500 - 2 000 ans) et la p├⌐riode r├⌐cente (├á partir d'il y a 2 000 ans et jusqu'├á la colonisation europ├⌐enne).
  80.  
  81. Les Indiens de la p├⌐riode interm├⌐diaire (il y a 3 500 ├á 2 000 ans) 
  82.  
  83.      Les Indiens de la p├⌐riode interm├⌐diaire, qui s'├⌐tendit sur 1500 ans, occup├¿rent une grande partie de la c├┤te du Labrador, au centre et au sud. Ils employaient parfois de la pierre en provenance du Labrador septentrional pour fabriquer leurs armes et leurs outils, mais on n'a retrouv├⌐ dans cette r├⌐gion aucun de leurs campements. De m├¬me, bien que l'on ait d├⌐couvert dans l'├«le de Terre-Neuve quelques objets fa├ºonn├⌐s ressemblant ├á ceux qu'ils ont laiss├⌐s au Labrador, il reste qu'au moment o├╣ nous ├⌐crivons ces lignes, en 1982, les arch├⌐ologues n'y ont encore retrouv├⌐ aucun de leurs ├⌐tablissements. Les Indiens de la p├⌐riode interm├⌐diaire ├⌐taient donc probablement aussi peu nombreux ├á Terre-Neuve qu'au Labrador septentrional.
  84.  
  85.      Les sites qui ont ├⌐t├⌐ fouill├⌐s, dans le centre et le sud du Labrador, se trouvent g├⌐n├⌐ralement ├á faible altitude. Ils furent maintes fois occup├⌐s par les groupes indiens de la p├⌐riode interm├⌐diaire; ceux-ci laiss├¿rent de grands foyers de galets, peut-├¬tre construits au milieu de tentes en peaux; on n'a toutefois retrouv├⌐ aucune trace de leurs habitations. Ces foyers ├⌐taient en tout cas le centre de l'activit├⌐ domestique, car on a d├⌐couvert autour d'eux des ├⌐clats de pierre rejet├⌐s lors de la fabrication de divers outils, voire m├¬me certains de ces outils, apparemment perdus ou mis au rebut. Cette fois encore, seuls les objets en pierre se sont pr├⌐serv├⌐s. Au nombre de ces derniers, les plus caract├⌐ristiques sont des pointes de projectile munies d'encoches lat├⌐rales permettant de les fixer ├á une hampe, mais on a aussi r├⌐uni des couteaux et des grattoirs en pierre taill├⌐e, de m├¬me que des ├⌐clats de pierre allong├⌐s qui servaient probablement ├á couper certaines mati├¿res. Certains gisements ont aussi livr├⌐ de minuscules ├⌐clats de pierre aiguis├⌐s en pointes de fl├¿che.
  86.  
  87.      Il est difficile de pr├⌐ciser l'origine de ces groupes, mais on peut supposer qu'ils descendaient des anciennes populations de la tradition archa├»que maritime qui avaient habit├⌐ la partie m├⌐ridionale du Labrador. Le peu que nous savons de leur mode de vie para├«t semblable ├á celui de ces premiers groupes; il semble toutefois que la technique tr├¿s avanc├⌐e de l'ardoise polie leur ait ├⌐t├⌐ inconnue; par ailleurs, faute d'avoir retrouv├⌐ des objets fa├ºonn├⌐s en os, en andouiller ou en ivoire, nous ignorons ├á peu pr├¿s tout des traits pouvant les rattacher ├á leurs pr├⌐d├⌐cesseurs. Tout ce que nous croyons savoir ├á l'heure actuelle, c'est que les Indiens de la p├⌐riode interm├⌐diaire ├⌐taient dispers├⌐s par petites bandes dans les parties centrale et m├⌐ridionale de la c├┤te du Labrador, et qu'ils constituent un lien, bien t├⌐nu cependant, entre d'une part les Indiens de l'archa├»que maritime qui les avaient pr├⌐c├⌐d├⌐s, et d'autre part les groupes qui apparurent il y a moins de 2000 ans.
  88.  
  89. Les Indiens de la p├⌐riode r├⌐cente (├á partir d'il y a 2 000 ans et jusqu'├á la colonisation europ├⌐enne) 
  90.  
  91.      La pr├⌐histoire des Indiens de Terre-Neuve et du Labrador est un peu mieux connue pour les deux derniers mill├⌐naires jusqu'├á la p├⌐riode des contacts que pour les 1 500 ann├⌐es pr├⌐c├⌐dentes, bien qu'elle soul├¿ve toujours un certain nombre de questions. Au Labrador, un ensemble de sites remontant ├á cette p├⌐riode ont livr├⌐ des objets fa├ºonn├⌐s de facture semblable; on appelle cette collection le complexe de Point Revenge, du nom du premier site o├╣ ce type de pi├¿ces a ├⌐t├⌐ d├⌐couvert. Dans l'├«le de Terre-Neuve, les arch├⌐ologues ont identifi├⌐ deux complexes: celui de Beaches et celui de Little Passage. On ne sait rien de certain sur l'origine des groupes qui ont fabriqu├⌐ ces objets, mais on a suppos├⌐ qu'ils ├⌐taient venus de l'ouest ou qu'ils descendaient des Indiens de la p├⌐riode interm├⌐diaire. Dans chacun des cas, l'arch├⌐ologue ne dispose que d'outils en pierre pour essayer de reconstituer l'histoire de ces populations, ce qui est extr├¬mement difficile.
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