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Text File  |  1996-08-11  |  30KB  |  79 lines

  1. LA CHASSE ├Ç LA BALEINE DANS L'ARCTIQUE CANADIEN 
  2.  
  3. Daniel Francis 
  4.  
  5.       Tuer une baleine a quelque chose de tr├¿s p├⌐nible... et pourtant on ne peut sacrifier aux sentiments de compassion le but de l'aventure, la valeur du prix et la joie de la capture. 
  6.  
  7.                  -- Vieux capitaine de baleinier 
  8.  
  9.      La chasse ├á la baleine ├⌐tait d├⌐j├á une profession s├⌐culaire quand les premiers baleiniers se sont aventur├⌐s, dans les eaux de l'Arctique canadien obstru├⌐es par les glaces vers le d├⌐but du XVIIIe si├¿cle. Pendant des centaines d'ann├⌐es, les marins basques avaient traqu├⌐ les mammif├¿res g├⌐ants dans le golfe de Gascogne et, au XVIIe si├¿cle, les baleiniers de plusieurs nations europ├⌐ennes brav├¿rent la glace et les mers orageuses de l'Atlantique Nord pour chasser les baleines pr├¿s des ├«les du Spitzberg et de Jan Mayen ├á la limite de la banquise polaire, mais les animaux de ces r├⌐gions furent bient├┤t presque extermin├⌐s et les chasseurs durent chercher leur gibier plus loin vers l'ouest, vers l'Am├⌐rique. Finalement, en 1719, les premiers navires baleiniers europ├⌐ens contourn├¿rent la pointe sud du Groenland et s'aventur├¿rent dans les eaux arctiques du d├⌐troit de Davis.
  10.  
  11.      Durant les premi├¿res ann├⌐es, les Hollandais domin├¿rent la ┬½p├¬che┬╗ arctique, car c'est ainsi que les baleiniers appelaient leur m├⌐tier. La Hollande ├⌐tait alors une des grandes nations com- mer├ºantes de l'Europe et s'enorgueillissait de poss├⌐der une grande flotte et de nombreux marins habiles. Encourag├⌐s par une subvention de l'├ëtat, les propri├⌐taires de navires de la Grande-Bretagne agrandirent, apr├¿s 1750, leur flotte de baleiniers et, au d├⌐but du si├¿cle suivant, la r├⌐gion est de l'Arctique ├⌐tait pratiquement la chasse gard├⌐e de baleiniers d'├ëcosse et d'Angleterre.
  12.  
  13.      Les baleiniers quittaient l'Europe ├á destination du d├⌐troit de Davis vers les mois de f├⌐vrier et de mars. Quelquefois, les navires se rendaient tout d'abord ├á la chasse au phoque sur la banquise de l'Atlantique Nord ou le long de la c├┤te du Labrador. S'ils gagnaient directement les territoires de chasse ├á la baleine, ils effectuaient g├⌐n├⌐ralement la travers├⌐e ├á partir de l'Europe en suivant le 58e parall├¿le pour arriver bien au large de l'extr├⌐mit├⌐ sud du Groenland, le cap Farewell, dont les parages ├⌐taient redout├⌐s pour les amoncellements de glace ├á la d├⌐rive qui, souvent, l'entouraient. Comme c'├⌐tait encore l'hiver, la temp├⌐rature descendait bien au-dessous du point de cong├⌐lation au cours des longues nuits pass├⌐es en mer et l'embrun gelait le gr├⌐ement et couvrait les ponts d'une couche de glace glissante. Les marins passaient fr├⌐quemment une bonne partie de la travers├⌐e ├á pelleter la neige accumul├⌐e sur les ponts et ├á d├⌐glacer les cordages. 
  14.  
  15.      Lorsqu'ils approchaient de leur destination, la pointe nord de l'├«le Baffin, les navires baleiniers ├⌐taient forc├⌐s de suivre une route circulaire. Au d├⌐but de la saison, en effet, les c├┤tes de l'├«le Baffin ├⌐taient bloqu├⌐es par des glaces entra├«n├⌐es au sud de l'archipel dans le d├⌐troit de Davis. Toutefois, pr├¿s des c├┤tes du Groenland, un courant chaud venant du sud ouvrait un corridor d'eaux libres jusqu'├á la baie Melville au nord. Les baleiniers empruntaient d'habitude ce corridor, traversaient ensuite la baie Melville et se rendaient ├á l'├«le Baffin par le nord, essayant de parvenir ├á l'inlet Pond ├á la fin juin.
  16.  
  17.      La travers├⌐e de la baie Melville se r├⌐v├⌐lait la partie la plus dangereuse de tout le voyage. Du c├┤t├⌐ de la terre, une couche de glace d'un seul tenant adh├⌐rait au fond de la baie, tandis que, du c├┤t├⌐ du large, des amoncellements de glace bris├⌐e changeaient impr├⌐visiblement de direction avec le vent et le courant. Les navires avan├ºaient lentement vers l'ouest en convoi par le passage ├⌐troit d'eau libre le long de la glace de rive. Quelquefois, l'├⌐quipage sautait sur les gla├ºons pour pousser le navire dans la trou├⌐e. Tant que le vent soufflait du nord, le passage ├⌐tait libre, mais quand il se mettait ├á souffler du sud, les glaces d├⌐rivaient vers les navires, les pressaient contre la banquise et les broyaient comme des coquilles d'oeufs. Chaque saison, des navires ├⌐taient perdus dans cette travers├⌐e p├⌐rilleuse et la baie Melville m├⌐ritait sa r├⌐putation de ┬½chantier de d├⌐molition┬╗. Les marins s'attendaient au pire. Durant toute la travers├⌐e, ils gardaient pr├¿s d'eux un baluchon d'effets personnels pour le cas o├╣ ils devraient quitter pr├⌐cipitamment le navire. Lorsque les navires ├⌐taient perdus dans la glace, l'├⌐quipage se r├⌐fugiait sur les gla├ºons jusqu'├á ce qu'un autre baleinier vienne ├á leur rescousse.
  18.  
  19.      Apr├¿s la travers├⌐e du ┬½chantier de d├⌐molition┬╗, les baleiniers entraient dans le d├⌐troit de Lancaster. Les baleines y arrivaient au cours de la premi├¿re semaine de juillet et alors, la p├⌐riode la plus intensive de la chasse ├á la baleine commen├ºait. La saison ├⌐tait courte et, ├á la fin d'ao├╗t, les navires sillonnaient la c├┤te sud de l'├«le Baffin ├á l'aff├╗t des derni├¿res baleines de la saison. En septembre ou en octobre, ils avaient termin├⌐ le tour complet du d├⌐troit de Davis et de la baie Baffin et mettaient le cap sur leur port d'attache.
  20.  
  21.      ├Ç de nombreuses occasions dans l'histoire de la chasse ├á la baleine dans l'Arctique, des navires furent cern├⌐s par les glaces et emp├¬ch├⌐s de quitter le d├⌐troit de Davis. Lorsque les glaces s'amoncelaient le long des c├┤tes de l'├«le Baffin au lieu de descendre dans le d├⌐troit, le chemin du retour ├⌐tait bloqu├⌐. Les navires d├⌐rivaient impuissants vers le sud avec les glaces  pendant plusieurs mois. Si le choc des gla├ºons ne les envoyait pas par le fond, les baleiniers se trouvaient en janvier quelque part au large du Labrador. Les ├⌐quipages pouvaient ├¬tre alors d├⌐cim├⌐s par le scorbut, l'├⌐puisement et le froid. Souvent, les baleiniers parvenaient au port avec seulement une demi-douzaine de marins assez forts pour effectuer les manoeuvres. 
  22.  
  23.      Le gibier des chasseurs de l'Arctique ├⌐tait la baleine bor├⌐ale. Chaque ann├⌐e, cet animal suit une route migratoire proche de celle emprunt├⌐e par les navires qui le chassent. En mars, cette baleine nage tranquillement pr├¿s de la banquise au large de la baie Frobisher et de la baie Cumberland, attendant que la glace se brise et lib├¿re le passage menant au d├⌐troit de Davis et ├á la c├┤te ouest du Groenland. En juillet, les baleines ont travers├⌐ la baie Baffin jusqu'au d├⌐troit de Lancaster et se sont rendues dans les nombreuses baies et anses de l'├«le Baffin. Elles s'y nourrissent jusqu'├á ce que la banquise les force ├á retraiter de nouveau vers le sud, en octobre. Bien que cela n'ait jamais ├⌐t├⌐ attest├⌐, on pr├⌐sume qu'elles passent l'hiver dans les eaux froides pr├¿s de la banquise.
  24.  
  25.      On chassait tout d'abord la baleine bor├⌐ale pour l'huile que contient son ├⌐pais manteau de graisse. On a tu├⌐ des individus qui mesuraient jusqu'├á 18 m de long et qui pesaient jusqu'├á 72 000 kg. Un animal moyen donnait environ 100 barils d'huile. ├Ç l'origine, on employait l'huile de baleine pour faire du savon, comme agent nettoyant dans l'industrie textile de la laine et comme combustible pour les lampadaires. Au cours du XIXe si├¿cle, cependant, l'huile v├⌐g├⌐tale, moins dispendieuse, la houille et les produits p├⌐troliers remplac├¿rent progressivement l'huile de baleine. Apr├¿s 1860, la demande accusa une baisse dramatique, quoiqu'on l'employ├ót encore pour le tannage du cuir et la production de lubrifiants, de peintures et de vernis.
  26.  
  27.      L'industrie de la chasse ├á la baleine surv├⌐cut ├á l'effondrement du march├⌐ de l'huile parce que la demande s'accrut pour un second produit de la baleine, les fanons. La baleine bor├⌐ale appartient au groupe des c├⌐tac├⌐s qui, au lieu de dents, poss├¿dent de longues rang├⌐es de fanons, appel├⌐s commun├⌐ment baleines, pendant de leur m├óchoire sup├⌐rieure comme un rideau. Les fanons les plus longs mesurent plus de 4 m et un animal de bonnes dimensions peut en porter plus de 700. Ils sont faits d'une substance corn├⌐e d'aspect osseux mais, contrairement ├á l'os, ils sont flexibles lorsqu'ils sont chauff├⌐s et on peut leur donner diff├⌐rentes formes. Employ├⌐s tout d'abord pour faire des baleines de corset, les fanons furent vite utilis├⌐s pour fabriquer une vaste gamme de produits tels que, fouets de cocher, cerceaux de jupes, parapluies, roues et ressorts de voitures, valises et cannes ├á p├¬che. Vers la fin du XIXe si├¿cle, surtout ├á cause de la mode f├⌐minine, la valeur des fanons, qui ├⌐tait de 0,32$ (am├⌐ricains) la livre (0,45 kg) en 1850, grimpa en fl├¿che pour atteindre le prix faramineux de 5,80$ la livre en 1905. Comme une baleine bor├⌐ale avait en moyenne 1 500 livres (675 kg) ┬½d'os┬╗ dans la gueule, l'huile et les fanons d'un seul animal pouvaient valoir au d├⌐but des ann├⌐es 1900 jusqu'├á 15 000$ ce qui suffisait en soi pour d├⌐frayer un voyage de chasse ├á la baleine.
  28.  
  29.      Bien entendu, la r├⌐gion arctique n'├⌐tait pas le seul territoire de chasse ├á la baleine du monde. Les baleiniers am├⌐ricains et britanniques patrouillaient l'Atlantique Sud le long des c├┤tes de l'Afrique et de l'Am├⌐rique du Sud ├á la recherche des puissants cachalots macroc├⌐phales et, au XIXe si├¿cle, les participants ├á cette ┬½p├¬che m├⌐ridionale┬╗ avaient contourn├⌐ le cap Horn et exploitaient ├⌐galement les eaux du Pacifique Sud. L'huile tir├⌐e du cachalot macroc├⌐phale valait g├⌐n├⌐ralement plus que l'huile de baleine ordinaire. De plus, l'animal m├⌐ridional poss├⌐dait, dans une cavit├⌐ occipitale, une grande quantit├⌐ de liquide cireux, appel├⌐ spermaceti. Refroidie, cette cire produisait des chandelles de qualit├⌐ sup├⌐rieure. En revanche, le cachalot macroc├⌐phale ├⌐tait un c├⌐tac├⌐ ├á dents, d├⌐pourvu par cons├⌐quent des fanons si pr├⌐cieux des captures septentrionales. La chasse pratiqu├⌐e dans le sud s'ajoutait ├á celle qui s'op├⌐rait dans l'Arctique et, par cons├⌐quent, ne s'y substituait pas. Tant qu'il y eut des baleines bor├⌐ales ├á chasser, les baleiniers retourn├¿rent dans le nord.
  30.  
  31.      D├¿s qu'un navire arrivait dans les zones de chasse de l'Arctique, une vigie grimpait au nid de pie. Lorsque retentissait le cri familier ┬½on souffle l├á-bas┬╗, les marins sautaient dans leurs baleini├¿res et se mettaient ├á sa poursuite. Un patron de baleini├¿re commandait chaque embarcation; il se tenait ├á la poupe, manoeuvrant le long gouvernail et criant ses ordres ├á ses rameurs affair├⌐s. Il lui incombait de pr├⌐voir l'endroit o├╣ la baleine ferait surface et de placer l'embarcation de telle fa├ºon que, dans les brefs moments o├╣ l'animal serait visible, le harponneur pourrait l'atteindre.
  32.  
  33.      Lorsque le harpon, muni d'une corde ├⌐paisse, s'enfon├ºait dans le dos de la baleine, l'animal furieux frappait l'eau d'un battement convulsif de sa large queue et plongeait. Un cri retentissait ┬½Elle plonge! Elle plonge!┬╗ pour avertir les marins des autres embarcations. Il leur fallait ├⌐valuer l'endroit o├╣ la baleine bor├⌐ale bless├⌐e referait surface et ├¬tre l├á pour la harponner ├á nouveau. Quand la baleine ├⌐tait tr├¿s affaiblie par le sang qu'elle avait perdu et qu'elle ne pouvait pas aller plus loin, on enfon├ºait ├á multiples reprises une lance sans barbelure dans ses parties vitales pour lui percer le coeur ou lui couper une grosse veine. L'├⌐vent crachait un sang rouge vif et teignait la mer et les hommes, puis l'animal roulait sans vie dans l'eau.
  34.  
  35.      La chasse ├á la baleine ├⌐tait une occupation dangereuse, m├¬me sous les tropiques, mais la pr├⌐sence de glaces la rendait sp├⌐cialement p├⌐rilleuse dans l'Arctique. Lorsqu'une baleine bor├⌐ale ├⌐tait harponn├⌐e, elle plongeait habituellement sous la glace la plus proche. Il fallait parfois couper la corde du harpon pour que la baleini├¿re ne soit pas r├⌐duite en miettes. En d'autres circonstances, les marins montaient sur la glace avec des lignes, des lances et des harpons et continuaient la chasse ├á pied pour tuer l'animal lorsqu'il venait respirer dans un espace libre.
  36.  
  37.      Lorsque la baleine ├⌐tait tu├⌐e, on tra├«nait la carcasse jusqu'au navire, on l'attachait au c├┤t├⌐ de celui-ci et on la d├⌐pouillait de sa couche de graisse. Cette op├⌐ration se nomme le d├⌐pe├ºage. Les lardons volumineux et riches en huile ├⌐taient mont├⌐s sur le pont o├╣ on les coupait en petits morceaux et on les pla├ºait ensuite dans des barils de bois et plus tard dans des r├⌐servoirs d'acier. L'immense t├¬te de l'animal ├⌐tait s├⌐par├⌐e du reste du corps et on la montait aussi sur le pont pour extraire les fanons de la m├óchoire. Par la suite, la masse sanguinolente d'os et de visc├¿res coulait ou s'en allait ├á la d├⌐rive et servait de p├óture aux autres animaux arctiques. Les premiers baleiniers avaient des cales assez grandes pour emmagasiner l'huile et les fanons de plus de vingt baleines, mais il fallait une saison exceptionnelle pour que l'un d'entre eux ram├¿ne une charge pleine.
  38.  
  39.      La tactique employ├⌐e pour traquer la baleine bor├⌐ale varia peu au cours des ann├⌐es mais les techniques devinrent de plus en plus meurtri├¿res. Une mise ├á mort rapide ├⌐tait beaucoup plus importante dans les eaux arctiques que dans les eaux tropicales, puisque la baleine pouvait atteindre la banquise et qu'alors ses chances de s'├⌐chapper augmentaient consid├⌐rablement. Par cons├⌐quent, les baleiniers arctiques invent├¿rent des armes qui joignaient la t├⌐nacit├⌐ du harpon ├á la puissance meurtri├¿re de la lance. Vers les ann├⌐es 1850, on commen├ºa ├á se servir de la carabine pour tuer l'animal bless├⌐ et ├⌐puis├⌐ par la poursuite. Cette arme, qu'on appelait en anglais bomb gun ou rocket gun, ressemblait ├á un fusil ├á canon court et de fort calibre. Elle lan├ºait un engin explosif muni d'une fus├⌐e ├á retardement qui d├⌐tonait ├á l'int├⌐rieur de la baleine, en faisant ├⌐clater les visc├¿res et causant souvent sa mort instantan├⌐ment. Vers les ann├⌐es 1860, elle avait remplac├⌐ la lance dans l'arsenal des baleiniers.
  40.  
  41.      Pour limiter encore les possibilit├⌐s de fuite, Svend Foyn, capitaine de baleinier norv├⌐gien, mit au point, en 1865, un canon lance-harpon. Mont├⌐ sur un pivot ├á la proue du navire, ce canon lan├ºait un harpon barbel├⌐ muni d'une charge explosive. Le canon lance-harpon ├⌐tait populaire aupr├¿s des baleiniers europ├⌐ens, mais les Am├⌐ricains pr├⌐f├⌐raient le canon lance-dard mis au point dans les ann├⌐es 1880 par deux baleiniers de la Nouvelle-Angleterre. Ce dispositif alliait la pr├⌐cision du harpon ├á main et la puissance meurtri├¿re de la ┬½bombe┬╗ explosive. Quand le harponneur lan├ºait le dard dans l'animal, l'explosif d├⌐tonait par contact. Avec l'usage d'un tel arsenal meurtrier, la chasse ├á la baleine cessa d'├¬tre un combat et devint un simple massacre.
  42.  
  43.      Une nouvelle innovation technique qui prolongea la vie de l'industrie baleini├¿re de plus d'un demi-si├¿cle fut l'installation de moteur ├á vapeur ├á bord des baleiniers. La conversion de la voile ├á la vapeur ne fut jamais compl├¿te. Les navires continuaient ├á ├¬tre gr├⌐├⌐s en barque et, dans la mesure du possible, les voiles ├⌐taient d├⌐ploy├⌐es pour ├⌐conomiser le combustible. N├⌐anmoins la vitesse ├⌐lev├⌐e, la puissance et la manoeuvrabilit├⌐ assur├⌐es par les moteurs ├á vapeur permirent aux baleiniers de se rendre plus loin dans les r├⌐gions encore inexploit├⌐es. Ils r├⌐duisaient aussi les dangers caus├⌐s par les glaces et les temp├¬tes et augmentaient les chances qu'avait un navire parti au printemps pour l'Arctique de rentrer ├á son port a l'automne. Les premiers moteurs ├á vapeur auxiliaire furent install├⌐s sur les baleiniers au cours des ann├⌐es 1850 et, vers la fin des ann├⌐es 1860, presque tous les navires de la flotte britannique en ├⌐taient ├⌐quip├⌐s.
  44.  
  45.      Au milieu du XIXe si├¿cle, les baleiniers am├⌐ricains des ports de la Nouvelle-Angleterre en ├⌐taient venus ├á dominer l'industrie baleini├¿re. Leurs parages favoris ├⌐taient situ├⌐s le long des c├┤tes de l'Afrique, de l'Am├⌐rique du Sud et du Japon, mais, lorsque la valeur de l'huile baissa, ils commenc├¿rent ├á chasser les baleines ├á fanons plus profitables qui habitaient sous le climat froid de l'Arctique. L'activit├⌐ des Am├⌐ricains, dans la r├⌐gion est de l'Arctique, ├⌐tait concentr├⌐e dans les environs de la baie d'Hudson, r├⌐gion encore inexploit├⌐e par les baleiniers europ├⌐ens. Les baleines bor├⌐ales entrent apparemment chaque printemps dans la baie et se rassemblent ├á la limite de la banquise polaire, pr├¿s de l'extr├⌐mit├⌐ sud du d├⌐troit de Roes Welcome, passage ├⌐troit s├⌐parant le continent de l'├«le Southampton. Quand les glaces reculent vers le nord, les baleines suivent le d├⌐troit et contournent l'extr├⌐mit├⌐ nord de l'├«le Southampton avant de retourner vers le sud vers le d├⌐troit d'Hudson au cours de l'automne. Les premiers Am├⌐ricains arriv├¿rent dans ces parages en 1860 et, au cours des cinquante ann├⌐es qui suivirent, il y eut presque toujours quelques navires qui croisaient dans le d├⌐troit.
  46.  
  47.      Retard├⌐s par les glaces dans le d├⌐troit d'Hudson, les baleiniers de la baie d'Hudson n'atteignaient pas leur destination avant le mois d'ao├╗t. ├ëtant arriv├⌐s plus tard, ils ne retournaient pas ├á leur port d'attache ├á l'automne comme les baleiniers britanniques de la baie Baffin, mais passaient plut├┤t l'hiver dans le Nord, emprisonn├⌐s par les glaces dans quelque abri c├┤tier ├⌐loign├⌐. Leur hivernage pr├⌐f├⌐r├⌐ ├⌐tait l'├«le Marbre, situ├⌐e pr├¿s de l'entr├⌐e de l'inlet Rankin, du c├┤t├⌐ ouest de la baie. Du c├┤t├⌐ sud de l'├«le, un excellent port offrait un abri aux vaisseaux et les prot├⌐geait des vents violents et des glaces ├á la d├⌐rive. Plus tard, lorsque les baleines commenc├¿rent in├⌐vitablement ├á dispara├«tre de la baie d'Hudson et que les baleiniers durent s'engager plus loin dans le d├⌐troit de Roes Welcome ├á leur poursuite, les navires all├¿rent s'abriter ├á d'autres ports d'hiver situ├⌐s ├á Depot Island, au cap Fullerton et ├á Repulse Bay.
  48.  
  49.      Les baleiniers am├⌐ricains proc├⌐daient toujours de la m├¬me fa├ºon pour pr├⌐parer leurs navires ├á hiverner dans l'Arctique. Pr├¿s de chaque port, il y avait un bassin d'eau douce qui servait de source d'approvisionnement pour l'├⌐quipage. Lorsque ce bassin gelait, la glace ├⌐tait coup├⌐e en morceaux et transport├⌐e sur des tra├«neaux jusqu'aux navires o├╣ on les faisait fondre. Quand le port ├⌐tait gel├⌐ et les bateaux immobilis├⌐s dans les glaces, on recouvrait les ponts de toile ou de planches et le bateau tout entier ├⌐tait isol├⌐ d'une couche de neige de pr├¿s de huit pieds d'├⌐paisseur. ├Ç bord, dans le poste d'├⌐quipage, un po├¬le maintenait la temp├⌐rature au niveau confortable de 16 C.
  50.  
  51.      La viande fra├«che ├⌐tait essentielle ├á la sant├⌐ des marins et c'├⌐taient les Inuit de l'endroit qui la leur fournissaient. Ils se rassemblaient pr├¿s des navires au cours de l'hiver, chassant le caribou et le phoque pour les ├⌐trangers au teint p├óle et ├⌐changeant des fourrures et des peaux contre des armes et d'autres marchandises, sp├⌐cialement des m├⌐taux. Les femmes fabriquaient les v├¬tements de peau port├⌐s par les baleiniers et les hommes ├⌐taient engag├⌐s comme hommes d'├⌐quipage pour les croisi├¿res estivales. On peut dire sans exag├⌐ration que les baleiniers arctiques n'auraient pas surv├⌐cu ├á de si nombreux hivers dans le Nord sans l'aide des Inuit.
  52.  
  53.      Le troisi├¿me et dernier parage de chasse ├á la baleine dans l'Arctique canadien ├⌐tait situ├⌐ ├á l'extr├⌐mit├⌐ ouest de l'archipel, dans la mer de Beaufort. Les baleiniers am├⌐ricains visitaient r├⌐guli├¿rement le Pacifique Nord mais, avant 1848, ils n'avaient pas ├⌐t├⌐ au-del├á de la mer de B├⌐ring. Cette ann├⌐e-l├á, un capitaine entreprenant traversa le d├⌐troit de B├⌐ring pour se rendre dans l'Arctique et d├⌐couvrit un oc├⌐an o├╣ pullulaient les baleines. Jusqu'en 1854, les navires s'├⌐taient rendus de plus en plus loin chaque saison, mais cette ann├⌐e-l├á les premiers s'aventur├¿rent au-del├á de Point Barrow, extr├⌐mit├⌐ septentrionale du continent. Les baleiniers craignaient pourtant de pousser plus ├á l'est dans la mer de Beaufort, la ┬½mer interdite┬╗, comme ils l'appelaient. Les eaux c├┤ti├¿res de l'Alaska ├⌐taient peu profondes et parsem├⌐es de dangereux r├⌐cifs et d'├«les ├á fleur d'eau. La c├┤te n'offrait pas d'abris s├╗rs et si la banquise se dirigeait vers le sud, elle pouvait pulv├⌐riser les navires sur la berge rocheuse. 
  54.  
  55.      L'apparition des moteurs ├á vapeur rendit moins p├⌐rilleuse la route vers l'est, cependant, et ├á l'├⌐t├⌐ 1889 les baleiniers am├⌐ricains entraient dans la mer de Beaufort. Comme leurs compatriotes dans la baie d'Hudson, les baleiniers de l'Ouest passaient l'hiver dans le Nord pour entreprendre la chasse d├¿s la fin du printemps. ├Ç deux occasions, des baleiniers pass├¿rent six hivers d'affil├⌐e dans l'Arctique avant de finalement regagner leur port d'attache. La plupart des navires qui se rendaient dans la mer de Beaufort partaient du port de San Francisco, qui avait remplac├⌐ les ports de la Nouvelle-Angleterre comme principale base am├⌐ricaine de la chasse ├á la baleine dans l'Arctique. Cette ville portuaire offrait d'├¬tre assez pr├¿s de l'Arctique et, vers le milieu des ann├⌐es 1860, elle fut reli├⌐e par un service ferroviaire transcontinental aux centres manufacturiers et commerciaux de l'Est.
  56.  
  57.      L'hivernage pr├⌐f├⌐r├⌐ ├⌐tait l'anse Pauline, sur l'├«le Herschel, petit coin de terre nich├⌐ au nord de la c├┤te du Yukon ├á environ 130 km ├á l'ouest du delta du Mackenzie. Un peu plus tard, les navires se rendirent un peu plus loin ├á l'est pour hiverner aux ├«les Baillie, ├á l'extr├⌐mit├⌐ du cap Bathurst. ├Ç chaque endroit, les Inuit des environs se rassemblaient autour des navires, vivant dans leurs iglous et chassant le caribou dans les montagnes ├á l'int├⌐rieur de la c├┤te arctique.
  58.  
  59.      Les hivernages devinrent instantan├⌐ment des villes-fronti├¿res et les voyageurs qui les avaient visit├⌐es rapportaient des incidents d'ivrognerie, de violence et d'anarchie. On apportait des boissons alcoolis├⌐es de San Francisco et on les ├⌐changeait aux Inuit contre leurs fourrures et leurs femmes. Les maladies v├⌐n├⌐riennes se r├⌐pandirent et les bagarres d'ivrognes ├⌐taient fr├⌐quentes. On comptait rarement moins de deux ├á trois meurtres chaque ann├⌐e. Les marins ├⌐taient mal pay├⌐s et beaucoup n'avaient jamais ├⌐t├⌐ en mer auparavant. Le froid, l'ennui, l'isolement for├º├⌐ en amenaient plusieurs ├á d├⌐serter leur navire et ├á fuir vers les postes de traite des fourrures ├á l'int├⌐rieur des terres. Au cours de la ru├⌐e vers l'or du Klondike, des douzaines des membres d'├⌐quipage partirent pour Dawson et les terrains aurif├¿res, mais ces tentatives ├⌐taient rarement fructueuses et les hommes ├⌐taient poursuivis et ramen├⌐s ├á moiti├⌐ gel├⌐s, chanceux d'avoir surv├⌐cu.
  60.  
  61.      Les conditions ├⌐taient plus stables dans l'est de l'Arctique. Dans la r├⌐gion de l'├«le Baffin et du d├⌐troit de Davis, les baleiniers n'hivernaient habituellement pas, de sorte que les contacts entre les marins et les Inuit ├⌐taient courts. Dans la baie d'Hudson, les navires am├⌐ricains, pour une raison inconnue, n'apportaient pas de boissons alcoolis├⌐es, de sorte que l'influence d├⌐moralisatrice et violente du commerce de l'alcool ne se faisait pas sentir. N├⌐anmoins, partout dans le Nord, les baleiniers apport├¿rent la mort et la perturbation aux Inuit. Les Autochtones n'├⌐taient pas immunis├⌐s contre certaines maladies et nombre d'entre eux moururent ├á la suite d'├⌐pid├⌐mies de rougeole, de typhus et de scarlatine v├⌐hicul├⌐es dans le Nord par les marins. Dans l'├«le Southampton, un petit groupe d'Autochtones appel├⌐s Saglermiut furent compl├¿tement an├⌐antis par la maladie apport├⌐e sur leur ├«le par un baleinier de passage. Dans l'ouest de l'Arctique, la population inuit tomba de 2 500 ├á 250 ├ómes ├á l'├⌐poque de la chasse ├á la baleine. 
  62.  
  63.      L'arriv├⌐e soudaine de nombreux baleiniers imposa aussi un lourd tribut aux ressources de l'Arctique. Il leur fallait des quantit├⌐s ├⌐normes de viande et bient├┤t, au moins sur la c├┤te de Beaufort, le caribou commen├ºa ├á dispara├«tre. Lorsque la viande et le cuir se firent plus rares, les Inuit durent compter sur la nourriture et les v├¬tements qu'ils achetaient aux baleiniers. De nombreux Autochtones furent engag├⌐s par ceux-ci pour chasser le gibier ou pour manoeuvrer les baleini├¿res. De plus en plus, la vie ├⌐conomique des habitants du Nord fut centr├⌐e sur l'activit├⌐ des baleiniers ├⌐trangers et leur cycle saisonnier traditionnel de chasse et de p├¬che de subsistance fut remplac├⌐ par un nouveau type qui comprenait des p├⌐riodes d'emploi r├⌐mun├⌐r├⌐. Il s'├⌐tablit une relation d'interd├⌐pendance entre les baleiniers et les Autochtones. Le marin comptait quelquefois sur les Inuit pour lui fournir de la nourriture et des v├¬tements et en d'autres occasions, les Inuit d├⌐pendaient de l'homme blanc, dont ils obtenaient des emplois, des marchandises de traite et des denr├⌐es alimentaires.
  64.  
  65.      Lorsque les incidents scandaleux d'ivrognerie et de d├⌐bauche qui avaient courus ├á l'├«le Herschel furent connus au sud, la soci├⌐t├⌐ missionnaire de l'├ëglise anglicane d├⌐p├¬cha en 1893 le r├⌐v├⌐rend Isaac Stringer pour fonder une mission dans l'├«le. De m├¬me, la soci├⌐t├⌐ envoya le r├⌐v├⌐rend E. J. Peck aux stations baleini├¿res de la baie Cumberland dans l'├«le Baffin. Stringer essaya d'abord de mettre fin au traffic des boissons alcoolis├⌐es, avec des r├⌐sultats mitig├⌐s. Ensuite, avec le m├¬me d├⌐vouement r├⌐solu, il essaya de remplacer la religion des Autochtones par le christianisme. Les missionnaires ├⌐taient des hommes braves et bien intentionn├⌐s qui croyaient que les Inuit avaient besoin d'├¬tre prot├⌐g├⌐s contre les ravages des baleiniers, mais leur intol├⌐rance face aux croyances des Autochtones sapa encore davantage la culture de ce peuple.
  66.  
  67.      La pr├⌐sence de tant de baleiniers ├⌐trangers dans les eaux canadiennes incita finalement les autorit├⌐s politiques d'Ottawa ├á affirmer la souverainet├⌐ canadienne sur tout l'archipel de l'Arctique. Le Canada poss├⌐dait officiellement les ├«les du Nord depuis que la Grande-Bretagne lui avait c├⌐d├⌐ ses pr├⌐tentions en 1880, mais le gouvernement n'y avait pas d'├⌐tablissement et, en 1900, certains commen├ºaient ├á craindre que les ├ëtats-Unis projettent d'annexer la r├⌐gion sous pr├⌐texte de l'activit├⌐ des baleiniers am├⌐ricains. C'est ainsi que le premier ministre, sir Wilfrid Laurier, envoya des agents de la Police mont├⌐e du Nord-Ouest pour ┬½assumer paisiblement l'autorit├⌐ dans toutes les directions┬╗.
  68.  
  69.      Les deux premiers d├⌐tachements policiers furent ├⌐tablis en 1903, l'un ├á l'├«le Herschel et l'autre ├á Fullerton Harbour dans le nord-ouest de la baie d'Hudson. Les gendarmes devaient maintenir la loi et l'ordre, percevoir les droits de douane sur les biens import├⌐s et r├⌐glementer le commerce des boissons alcoolis├⌐es. Cependant, quand ils arriv├¿rent, la chasse ├á la baleine ├⌐tait ├á son d├⌐clin et les pires exc├¿s ├⌐taient choses du pass├⌐. Comme l'├⌐crivait un agent de l'├«le Herschel : ┬½On m'a dit que j'├⌐tais en retard de six ans.┬╗ 
  70.  
  71.      Au cours de la seconde moiti├⌐ du XIXe si├¿cle, comme le nombre des baleines bor├⌐ales diminuait, les marchands britanniques et am├⌐ricains ├⌐tablirent des stations baleini├¿res le long des c├┤tes de l'├«le Baffin et du d├⌐troit d'Hudson et dans le coin nord-ouest de la baie d'Hudson. Les exploitations bas├⌐es sur la terre ferme pr├⌐sentaient certains avantages par rapport aux navires baleiniers de haute mer: les stations n'├⌐taient jamais d├⌐truites par les glaces, il leur fallait moins d'hommes puisqu'on avait surtout recours ├á la main-d'oeuvre autochtone et, comme les baleiniers commer├ºaient avec les Inuit en plus de chasser la baleine, ils pouvaient r├⌐aliser un b├⌐n├⌐fice m├¬me si leurs prises annuelles ├⌐taient faibles.
  72.  
  73.      Les Canadiens ne particip├¿rent pas ├á l'industrie baleini├¿re dans l'Arctique. C'├⌐tait une entreprise pleine de risques, dans laquelle il fallait investir beaucoup de capitaux pour construire et ├⌐quiper les navires qui risquaient fort d'├¬tre d├⌐truits par les glaces. Les entrepreneurs canadiens trouvaient que le jeu n'en valait pas la chandelle. De toute fa├ºon, vers la fin du XIXe si├¿cle, c'est-├á-dire ├á une ├⌐poque o├╣ les hommes d'affaires canadiens auraient pu s'int├⌐resser ├á cette industrie, il devenait apparent qu'il y avait de moins en moins de baleines dans l'Arctique. Les Canadiens entreprirent toutefois de chasser la baleine sur les c├┤tes de l'Atlantique et du Pacifique.
  74.  
  75.      Lorsque la Premi├¿re Guerre mondiale ├⌐clata, la chasse ├á la baleine avait pratiquement cess├⌐ dans l'Arctique canadien. Les animaux eux-m├¬mes ├⌐taient devenus rares. La demande pour les fanons de baleine fl├⌐chit dramatiquement avec la mise au point de produits de substitution, notamment les ressorts d'acier et les mati├¿res plastiques, et le prix tomba ├á une fraction de ce qu'il avait ├⌐t├⌐ ├á la fin du si├¿cle. Les voyages de chasse ├á la baleine pouss├⌐s de plus en plus loin dans l'archipel co├╗taient de plus en plus cher et il fallait par cons├⌐quent faire des prises plus nombreuses et non pas des prises sommaires. Comme les navires continuaient ├á se perdre dans les glaces, les investisseurs transf├⌐r├¿rent leurs fonds dans des affaires moins risqu├⌐es. Pour toutes ces raisons, les baleiniers quitt├¿rent le Nord ou s'abandonn├¿rent exclusivement au commerce avec les Inuit. Ailleurs dans le monde, la chasse ├á la baleine continua jusqu'├á nos jours, mais dans l'Arctique, elle ├⌐tait termin├⌐e.
  76.  
  77.      Les baleiniers ├⌐trangers eurent une influence consid├⌐rable sur l'histoire du Nord canadien. Ils ├⌐puis├¿rent une ressource naturelle ├á tel point que la baleine bor├⌐ale fut d├⌐clar├⌐e esp├¿ce menac├⌐e d'extinction. En de nombreux endroits, ils furent les premiers hommes blancs ├á entrer en contact avec les Inuit et leur arriv├⌐e marque le d├⌐but des ├⌐changes culturels entre les deux peuples. De plus, leur activit├⌐ poussa le gouvernement f├⌐d├⌐ral ├á ├⌐tendre son autorit├⌐ au Nord et ├á proclamer incontestablement l'Arctique territoire canadien.  
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