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1995-04-11
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471 lines
:Itin
raire m
taphysique
: ITINERAIRE METAPHYSIQUE
A la fin du premier livre de la Physique, Aristote d
clare: "A
propos du principe selon la forme, est-il un ou multiple, et
qu'est-il (ou que sont-ils) ? C'est l'oeuvre de la philosophie
premi
re de le d
terminer en toute rigueur". L'
tude de la forme,
au terme de sa qu
te physique ou math
matique, oblige le
philosophe
consid
rer les r
es, en se demandant
d'abord si elles existent et comment elles existent, au del
d'une
tude physique: la m
ta-physique. Aristote n'entend pas
cette
tude
la mani
re de Platon, c'est-
-dire en consid
la forme en-soi, mais la forme comme source de ce-qui-est.
La m
taphysique peut sembler aujourd'hui comme une vielle dame
abandonn
l'hospice des intellectuels. Ses "probl
existentiels" se sont pour ainsi dire stigmatis
s avec
l'apparition des id
ologies ath
es contemporaines. Mais de
multiples initiatives tentent aujourd'hui d'enlever la couche de
poussi
re que la basse scholastique avait d
sur cette
rable dame: il faut plus que jamais lui donner son autonomie
-vis de la religion, et la consid
rer,
l'instar des
premiers philosophes grecs, comme une sagesse
clairant notre vie
humaine. Pour Aristote, la source et le terme se correspondent
dans la lumi
re de la finalit
: la m
taphysique, qui est qu
te de
ce qui est premier, est elle-m
me sagesse, donc terme de notre
Je vais tenter de tracer
gros traits cet itin
raire de la
taphysique, de son intuition profonde au sommet de ses
consid
rations. Dans un premier temps, nous chercherons
terminer le point de d
part le plus favorable
une recherche
philosophique v
ritable. En cela, nous atteindrons l'
lan foncier
de l'intelligence humaine. Enfin nous
voquerons la question de
Dieu, en prenant en consid
ration ce qui permet de d
couvrir sa
sence, puis ce que le fait de penser Dieu implique sur un plan
relationnel.
Tout philosophe, tout ami de la sagesse cherche
couvrir sa
vie humaine par rapport
sa finalit
: le philosophe atteindra en
la r
tant
la fois plus lointain et plus proche
el. Il prendra de la hauteur en choisissant judicieusement
son intuition de d
part, l'objet premier de sa recherche
intellectuelle: celui-
i conditionnera l'unit
de sa pens
e, et
permettra, dans sa qu
taphysique, de d
couvrir sa personne
dans son harmonie la plus profonde.
Un ami de la sagesse commence par apprendre des autres.
En cela, il s'inscrit en d
pendance vis-
-vis des autres
intelligences: c'est le lot de toute initiation humaine, vouloir
s'en affranchir serait illusoire. Toutefois cette liaison
cessite une assimilation personnelle, une autonomie
progressive. Utiliser l'opinion des autres est une mani
gante et rh
torique de philosopher, mais montre toutefois
l'insuffisance certaine de son rapport
l'exp
rience.
D'autres encore s'appliqueront
contempler les id
es en
elles-m
mes: c'est le cas de Platon, Plotin, et
leur suite la
tradition id
aliste augustinienne et les existentialistes
modernes. Leur point de d
part est donc une exp
rience int
rieure
de l'
me, faisant d
couvrir la vie spirituelle.
Pour d'autres, l'inspiration, l'intuition po
tique nous fera
couvrir l'invisible au-del
du visible, l'
tre au dela de la
re. Parler de Dieu sera alors fruit de la "r
lation"
(terme cher
Parm
nide) d'une pr
sence, plus que de la
couverte de son existence propre. Chez Platon, cela
voque le
me de la r
miniscence des Formes; chez Malebranche, les id
es; chez Bergson, se sera "l'intuition de la dur
Pour d'autres encore, le point de d
part est la conscience
personnelle de notre propre pens
e, de notre "cogito". Ockham,
Descartes et les ph
nologistes modernes consid
rent
juste
titre qu'il s'agit de l'exp
rience humaine la plus imm
diate dans
le domaine de l'intellect.
Il y a bien l
quatre points de d
part irr
ductibles l'un
l'autre, et qui sont cependant parfois li
s ou oppos
s. Chacun a
sa valeur propre, mais chacun rel
ve pourtant d'un a priori. On
devrait pouvoir les concilier dans un point de d
part primordial
et en m
me temps ultime, au del
duquel on ne peut aller, et dont
ces quatres voies sont des
manations.
L'intelligence humaine produit des id
es: telle est sa
condition. Mais avant son d
ploiement dans la raison, elle
atteint la r
dans son
tre propre. C'est tout au moins la
vision aristot
litienne de l'intelligence; une repr
sentation
aliste ira jusqu'
dire que toute id
e provient d'une id
en-soi. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'une exp
rience
de toute pens
Cette exp
rience
mentaire, cet acte "r
flexe" doit
pendant du fait que je le reconnaisse: il ne peut donc s'agir
que du jugement d'existence. Le fait qu'une chose existe pr
en effet la pens
e qui exprime son existence (toutefois, l'id
d'une existence peut ne pas exprimer une existence: on ne
rencontre des sir
nes que dans les contes - contrairement
que l'on pourrait d
duire des th
ses nominalistes) . L'universel,
en quelque sorte, n'existe qu'
l'int
rieur de l'acte immanent de
l'intelligence qui le suscite. L'intelligence est comme tendue
vers le r
el, ne pouvant saisir en pl
nitude l'acte d'exister.
De fait, l'esprit humain est un esprit incarn
. L'alliance
simultan
e de ses sens et de son intelligence permet la
pertinence d'une id
e. D'un c
, les sens (qu'il ne convient pas
duire
la sensation) atteignent les qualit
s sensibles -
lorsqu'elles existent -, et d'un autre c
, l'intelligence
couvre une pr
sence au del
des qualit
s d'un objet.
L'intelligence humaine est donc essentiellement r
flexive: elle
agit par projection d'images (parler de la beaut
est illustr
par ce que l'on appelle les canons de la beaut
) ou de m
canismes
logiques (les math
matiques sont un jeu comparable
un langage
rigoureux).
Lorsque Heidegger proclame que l'on a "oubli
tre", la
taphysique nous oblige
ciser: depuis Occam, on a oubli
"jugement d'existence". Le philosophe n'est pas un simple
brasseur de concepts: il cherche
comprendre ce qui est en
, et
duque son intelligence
l'amour de la sagesse,
utilisant id
es et enchainements de langage sans tomber dans du
"logicisme". Peut-
tre est-ce encore plus n
cessaire lorsqu'il
s'agit de m
taphysique: le rapport
l'existence n'est plus aussi
vident que dans les autres recherches philosophiques. Laissons
monie de la logique aux math
maticiens !
Le philosophe cultive donc un regard de sagesse qui permet
d'agir pleinement selon ce qui est. Il ne per
oit plus
l'existence telle qu'elle est ressentie; il apprend
la regarder
telle qu'elle est, et
s'y ajuster au lieu de s'y heurter. La
coexistence d'une distance vis-
-vis de l'exp
rience imm
diate
d'une part, et d'un rapprochement
ce qui est d'autre part, pose
le paradoxe de la m
taphysique: par quel biais remonter
ce qui
est premier (pourquoi ne pas l'appeler Dieu ?), sans pour autant
figurer la v
Saint Thomas cherchera dans cinq directions. Mais il ne s'agit
pas de cinq "preuves", plut
t de cinq voies ascensionnelles vers
Dieu, Principe des principes, Cause des causes, Finalit
finalit
cessit
des necessaires, Supr
me degr
Chacune s'attachant
un aspect particulier de ce que l'on
finit comme Dieu, chacune est pauvre vis-
-vis de l'objet
: les cinq voies (on pourrait surement en d
cliner
d'autres) s'articulent in
vitablement entre elles. Si l'on ne
veut pas abandonner notre qu
te vers ce qui est premier, il faut
alors trouver une preuve qui les englobe toutes.
La preuve ontologique pourrait sembler convenir. L'id
e de la
perfection de Dieu englobe en effet tous les aspects de cette
perfection. Toutes les limitations temporelles, individuelles,
physiques sont abattues en Dieu. La limitation supr
me, celle de
tre fini par rapport
son essence, est non plus d
e mais
annul
e de fait en Dieu: d
passer par notre pens
e nos
limitations permet ainsi d'atteindre Dieu.
On ne peut pas encore dire "homo capax dei": l'homme est tout
du moins capable de d
couvrir progressivement une r
rieure
sa personne, une source de tout ce qui existe. Il
convient toutefois d'
tre prudent: l'homme qui "pense" Dieu ne
peut pas dire qu'il a englob
tre de Dieu. Cela impliquerait
en effet, du fait de notre finitude, que nous participons
me de Dieu: lorsque l'on pense Dieu, c'est Dieu d'une
certaine fa
on qui se pense en nous. En Dieu, l'intelligence
humaine perdrait son autonomie: l'objet auquel elle s'int
resse
ne peut qu'
tre sujet de sa pens
e. Un homme peut penser une
rieure ou
gale
lui par rapport aux "degr
s" d'
(comme un pot de fleur, une baleine ou un voisin de palier), mais
ne peut penser "la pens
e de la pens
e", pour reprendre le terme
d'Aristote.
anmoins, si cette transcendance est l'attribut unique de
Dieu, il semble que le mode de fonctionnement de l'intelligence
divine serait compar
l'intelligence humaine. Comment en effet
faire participer l'une de l'autre, tout en pronant une alt
fonci
re de Dieu ? La notion de r
transcendante implique
que Dieu poss
de une connaissance subjective de lui-m
(semblable au "Je suis qui je suis" de la Bible). La connaissance
de l'homme, au contraire, comme nous l'avons dit plus haut,
de d'un mouvement objectif. Nous revenons, comme pour la
preuve ontologique,
la critique de Kant: si Dieu est pleinement
transcendant, nous ne pouvons m
me pas le penser. Nous pouvons
tout au plus
tudier ses modes de pr
sence.
L'id
e de perfection introduite par l'argument ontologique ne
semble donc pas pouvoir
tre limit
la seule pens
e. Dieu est
certainement un
tre spirituel, puisque la condition mat
rielle
est une limitation. Mais le "spirituel" est-il "l'esprit" et "la
e" ? Les chr
tiens, qui,
la suite de Saint Jean,
confessent que Dieu est Amour, signifient-ils que Dieu est la
e de l'Amour ?
couvrir par notre pens
e la pr
sence de Dieu: voil
ce que
propose la preuve ontologique. Reste encore
tudier comment
l'homme vit sa relation
cette pr
sence: cela permettra, au
sommet de notre itin
raire m
taphysique, de pr
ciser encore
l'essence de celui qui est. Dieu n'est plus seulement le
transcendant, Il est autre dans tous les domaines de l'
tre, donc
celui la pens
e. On pourra donc le nommer le Tout-Autre, par
opposition (ou plut
t en compl
ment)
l'homme.
L'exp
rience humaine la plus imm
diate nous apprend que la
perfection de l'
tre s'exprime dans deux dimensions: la vie
cognitive (l'intelligence qui analyse pour mieux conna
tre), et l'amour spirituel (la rencontre enrichissante d'une
personne que l'on conna
alablement). Une vie humaine ne peut
en effet trouver son aboutissement, sa pleine maturit
dans le
simple d
veloppement de ses capactit
s de raisonnement.
L'exp
rience de l'amour humain, dans son ouverture au semblable
par l'essence et au diff
rent par l'
tre, constitue l'exp
rience
ultime de la vie humaine.
L'homme n'est essentiellement ni un
tre "spontan
solitaire, ni un
tre "construit" par un acquis progressif.
Consid
rer l'amour permet en effet de ne pas enfermer l'homme
dans une id
ologie aux bases m
taphysique et anthropologique
ductrices, comme le marxisme (l'homme-travailleur), le
psychologisme (l'homme-moi) ou le positivisme (l'homme-
quation),
pour n'en citer que trois... C'est dans la mesure o
l'homme
s'ouvre
une autre personne, la consid
rant comme un certain
absolu, qu'il grandit dans toutes les dimensions de son
De plus, la connaissance de l'autre est fondatrice de l'amour:
j'aime telle personne en premier lieu par les qualit
particuli
res que mon intelligence d
couvre en elle. L'amour
anmoins d
passe ce d
sir naturel de qu
te de son
"compl
mentaire", et ordonne
aimer l'autre pour lui-m
me, pour
son propre bien. C'est dans la mesure o
l'autre est consid
comme un autre-aim
que l'on s'affranchit de la frustration
narcissique d'un amour utilitaire ou captatif.
Il en va de m
me, me semble-t-il, dans la relation de l'homme
celui qui est la perfection de l'
tre: Dieu n'est pas seulement
principe et ordonnateur supr
me, Il est un Autre dont la pr
sence
se propose
nous. M
me si son existence ne nous est pas
vidente, rien n'est plus r
el que Dieu: ayant d
couvert quelque
peu sa pr
sence par le jeu de son intelligence, l'homme apprend
peu
aimer Dieu, ce Dieu qui ne cesse de l'aimer tout en
respectant son autonomie de cr
ature.
Le philosophe rejoint alors une sagesse mill
naire, grav
coeur de l'homme. Il chemine ainsi
la suite du sage Abraham:
"Il avait quatre-vingt-neuf ans
quand la Seigneur lui apparut et lui dit:
' Marche en ma pr
sence et sois parfait. ' " @Gn 17,1@