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1995-04-11
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3,033 lines
:Science et Foi
: T H E O L O G I E M O R A L E
: " Une
thique de la connaissance "
: - Pens
e scientifique et pens
e religieuse -
Ecrit par A.Bouchez - 1993
: Bibliographie
- " Science et croyance "
Jean Pierre Lonchamp
Coll. "Petite encyclop
die moderne du christianisme"
Ed. Descl
e de Brouwer
- " Univers - Les th
ories de la cosmologie contemporaine "
Jacques Demaret
Coll. "Science et conscience"
Ed. Le Mail
- " Vocabulaire de Th
ologie Biblique "
Ed. Cerf
- " Les sources de la morale chr
tienne "
Servais Pinckaers, op.
Ed. universitaires Fribourg Suisse
du Cerf Paris
- " Teilhard de Chardin "
Claude Cu
Coll. "
crivains de toujours"
Ed. Seuil
: INTRODUCTION
On a trop souvent oppos
science et croyance. Il semble que la
science et la Foi ont de tout temps
antinomiques...
L'affaire Galil
e en est un vif repr
sentant. De nombreux
scientifiques contemporains (je me rappelle par exemple
l'attitude de certains de mes professeurs de classes pr
pa) en
ont gard
un douloureux a priori opposant l'Eglise et la
communaut
scientifique. Le fameux si
cle des "Lumi
res" a en
effet retranch
l'Eglise dans une attitude d
fensive par rapport
tout ce qui pouvait para
tre novateur... Comment n'aurait-elle
pas de m
me condamn
le scientisme du XIX
me si
cle, lorsque les
scientifiques revendiquaient ouvertement la direction morale et
spirituelle des soci
Pourtant, il n'en a pas
toujours ainsi. Comme nous allons
le voir, les grecs liaient intimement la physique
taphysique. Newton lui-m
me tenta d'
laborer une synth
physique qui n'
tait pas
trang
re aux pr
occupations
taphysiques de son
poque... Sans compter les r
cents
bouleversements des conceptions d'espace, de temps, de mati
d'univers, qui forcent les grands esprits scientifiques
approcher "la pens
e de Dieu", comme dit Stephen Hawking.
Dans ces tumultes d'id
es et de th
ories souvent divergentes,
l'attitude de tout chercheur scientifique para
t rejoindre celle
du chercheur de Dieu... Une nouvelle
thique semble appara
tre -
thique de la recherche scientifique: Faut-il tout savoir ?
Peut-on lier directement Foi et science ? A-t-on le droit de
aliser tout ce que les th
ories permettent ? Quelle autorit
de chaque cat
gorie scientifique par rapport aux autres ?
Autant de questions d'actualit
. Autant de r
ponses difficiles.
Mais lorsque l'intelligence est confront
ces interrogations
par rapport
ses moyens d'investigation et aux objets qu'elle
tudie, elle se questionne aussi elle m
me. J'entend par l
intelligence
volutive, une intelligence en croissance, en
maturation. Sur ce chemin, le Christ est la Lumi
re. Convertir
son intelligence, ouvrir sa volont
la Volont
du P
re, m
diter
en son coeur ce que la raison per
oit... Voil
un programme bien
ambitieux, qui s'applique
toutes nos vies !
: I. L'HOMME ET LA CONNAISSANCE
Je vais essayer d'ins
rer ma r
flexion dans toute la culture
historique occidentale. L'Orient, en effet, est bien loin de ces
probl
mes tr
s "illusoires".
Mais il me semble important de discerner un visage de la v
travers ces mill
naires de mouvements du savoir, de multiples
connaissances, de toute connaissance;
travers les d
tails
fois si importants et si futiles;
travers les oppositions de
principe, de politique ou de sensibilit
Il va de soi que je ne m'attache i
i qu'aux faits directement
en rapport avec notre vaste probl
matique d'une
thique de la
connaissance. Rien ne sert de s'enliser dans les d
raires ou pol
miques. Seul tout ce qui pourra articuler la
notion de connaissance retiendra mon attention.
C'est au fur et
mesure de l'histoire, tout au long de
volution des groupes humains, que tout
thique se pr
cise. Les
probl
mes de bio
thique ou de nucl
aire, pour ne citer qu'eux, se
posent aujourd'hui d'une fa
on beaucoup plus dramatique que
pendant l'antiquit
... les grecs n'avaient pas encore la
possibilit
d'user de ces "bienfaits technologiques" ! De la m
on, la connaissance, de par son
volution, a
appr
de fa
on tr
s vari
e tout au long des si
cles.
Il me semblerait de plus impossible de traiter des applications
actuelles de notre probl
me, en occultant la vie et les avis de
nos a
s. La connaissance a
, soit. Mais l'homme d'hier
n'est pas si diff
rent de l'homme d'aujourd'hui: il peut
aussi absurde que g
nial !
: 1. La Pr
histoire et l'Orient Ancien
: 1.1. Pr
histoire
Les conditions de vie de l'homme
tait
cette
poque tr
difficiles; la pr
carit
de celles-ci forcait les primitifs
concentrer tous leurs dons
la survie du clan et de leur
personne. L'intelligence
tait alors orient
e vers tout ce qui
est utile pour vivre.
La sagesse de ces hommes consiste
vivre en harmonie avec
l'univers. Ainsi, les rites religieux tentent de se concilier les
forces naturelles. En effet, les divinit
s elles-m
me restent des
ments naturels r
gulateurs (comme les astres), fantastiques
(comme la puissance des volcans) ou f
condateurs. La religion est
donc, comme la science, utilitaire. La "technique" pr
de la
science et la religion: r
ussir la chasse par l'observation des
animaux, ou s'accorder une bonne r
colte par des rites magiques
semblent pour nos lointains anc
tres l'unique n
cessaire.
Beaucoup de nos contemporains sont d'ailleurs demeur
stade. La soci
de consommation, en effet, privil
gie l'aspect
technique de toute connaissance: l'imm
diate efficacit
force
l'homme
lire un horoscope ou un livre de recettes de magie
noire plut
t que d'entamer une d
marche r
ellement spirituelle...
Pourquoi chercher la difficult
si tout doit se vivre dans
l'instant ? Dans le m
me ordre d'id
es, il est int
ressant de
noter que le prix Nobel de chimie de l'ann
e 1992 a
un technicien des colles plut
t qu'
un chercheur en science
fondamentale - donc directement inutile !
: 1.2. L'Orient ancien
L'Egypte est l
encore le berceau de la culture de l'
poque. La
trie fut en effet invent
e pour r
pondre
des besoins de
cadastre et de mesure des r
coltes. La science prend alors
davantage la forme de "recettes" de calcul d'une aire de terrain,
ou de volumes de grain. De m
me, les rites liturgiques et les
visions des cycles des crues du Nil pouss
rent les scribes
tudier les astres... La science
gyptienne appara
t donc comme
t empirique, soucieuse de pr
cision plus que de m
thode.
Le domaine religieux lui aussi se cantonne
une cr
ativit
dans le domaine des mythes. Ainsi, les origines de la terre sont
illustr
s par les crues du Nil: la Terre est surgie d'un chaos
primordial liquide. Mais la cr
ation se pr
sente comme
compr
hensible pour l'esprit humain: les hommes sont en effet
l'image du Dieu primordial et cr
ateur - l'intelligence
humaine participe donc
la raison divine.
Les Sum
riens furent aussi de grands d
couvreurs. Ils
invent
rent en effet l'
criture, qui se propagea en Egypte puis
jusqu'en Chine ! Au X
me si
cle avant notre Ere, les Ph
niciens
mirent au point l'alphabet.
La taxonomie (science des listes) appara
t aussi dans cette
gion. Il faudra alors tout classer: animaux, v
taux,
tiers... tout s'ordonne en cat
gories encore
bauch
es. A
Babylone, l'
criture des nombres permet une virtuosit
arithm
tique extraordinaire: ils d
couvrirent ainsi des m
thodes
solution des
quations du second degr
Les mages et les devins - autorit
s religieuses de cette
civilisation - pr
disent l'avenir
grand renfort de
connaissances astronomiques pr
cises m
de l'astrologie
traditionnelle. La science des dieux - mythologie - faisait
ainsi partie de la science globale des hommes de cette
poque.
Les Akkadiens furent quand
eux grands producteurs de mythes.
Selon eux, la naissance des dieux et d
esses, ainsi que la
ation des
ments terrestres, proviennent d'un Chaos
primitif. L'homme est alors cr
partir d'un m
lange d'argile
de sang divin qui lui communique son esprit: les hommes ont pour
mission de r
aliser les t
ches p
nibles des dieux. Comme ces
esclaves commencent
devenir encombrants et bruyants, les dieux
cident de s'en d
barasser en provoquant un d
luge...
Dans toutes ces cultures, la science n'est pas issue de la
seule technique, comme on le pr
tend souvent. En effet, sous
l'impulsion des religions, on va s'interresser peu
peu
connaissance plus gratuite. Le savoir ne sera plus utilitaire. Il
ne restera pourtant encore que le reflet d'une r
que le
passe.
: 1.3. L'Ancien Testament
A la description des mythes Akkadiens, on s'aper
diatement que la Bible en a repris la forme. Mais les juifs
utilis
rent cette culture au profit d'une th
ologie (un message
sur Dieu) radicalement neuve.
En effet, dans la Bible, la connaissance engage tout l'
Les h
breux ne d
ploient pas leur intelligence dans un contexte
de science, mais dans un contexte de vie. Pour un s
mite,
"conna
tre" ( "yd`" en h
breux) d
borde de l'abstrait et exprime
une exp
rience concr
te. Le Vocabulaire de Th
ologie Biblique
indique que ces connaissances primordiales sont la souffrance
(@Is 55,3@) et le p
(@Sg 3,13@), la guerre (@Jg 3,1@) et la
paix (@Is 59,8@), le bien et le mal (@Gn 2,9@ et @Gn 2,17@).
"Conna
tre quelqu'un, c'est entrer en relations personnelles
avec lui", avec toute une gamme de sens: la solidarit
familliale
(@Dt 33,9@), les relations conjuguales (@Gn 4,1@ et @Lc 1,34@),
couverte de YHWH par son Jugement (@Ez 12,15@) ou son
Alliance (@Jr 31,34@), afin d'entrer peu
peu dans Son intimit
A l'inverse des autres civilisations de l'Orient ancien, les
breux reconnaissent l'initiative pl
re de YHWH dans la
connaissance divine. Il s'agit du myst
re de l'
lection de ce
peuple que YHWH conna
t bien.
@Gn 18,19 Am 3,2 Jr 1,5 Rm 8,29 1Co 13,12 Ex 33,17 Jn 10,3@
Peuple
qui il r
le son
@Ex 3,14 20,18_21 Dt 4,32_39 11,2@
et ses commandements.
@Dt 30,16@ @Ps 147,19_18@
La Bible renferme quantit
de donn
es scientifiques. Mais les
breux se sont le plus souvent content
d'utiliser ce qu'ils
trouvaient
a et l
dans la culture ambiante. Les mythes de
ation de la G
se, les images po
tiques des
crits de
Sagesse, les formes d'alliance et les genres litt
raires (r
alogie...) et m
me les raisonnement philosophiques
qui peuplent la Bible proviennent ainsi des mondes orientaux ou
grecs avec lesquels ils ont pris contact.
Mais une conviction enracine les sages d'Isra
l: "YHWH a scrut
la voie enti
re de la connaissance" (@Ba 3,37@). Tout ce que l'on
conna
t (sagesse, commandements, intelligence) "vient du
Seigneur" (@Si 1,1@). Mais YHWH reste au del
de tout ce
i: "quel
homme, en effet, peut conna
tre le dessein de Dieu ?" (@Sg 9,13@).
Les h
breux ne sont pas des physiciens ou des philosophes. Ils
sont plut
t des sages et des contemplatifs. Leur grande
connaissance est orient
e vers YHWH. Mieux vaut pour eux
conna
tre pr
ment l'histoire de leur peuple, et y reconna
la main de YHWH, plut
t que de chercher ailleurs - donc dans des
idoles - les solutions aux questions de la vie. L'auteur du livre
de la sagesse n'affirme t-il pas:
"S'ils ont
capables d'acqu
rir assez de science
pour pouvoir scruter le monde,
comment n'en ont-ils pas plus t
couvert le Ma
tre !"
( @Sg 1,1_9@ )
Cette th
ologie sera reprise et "accomplie" enti
rement par le
Christ. Nous verrons plus tard comment...
: 2. P
riode grecque
: 2.1. Les pr
socratiques
On place le berceau de la science au VI
me si
cle avant J
Christ, en Ionie. C'est du moins la conception classique de cette
nativit
... que l'on fixe donc sur une province grecque au bord
de la mer Eg
e. La date marque la fin de l'h
monie culturelle
et commerciale de l'Egypte et de la M
sopotamie, dont la culture
assimil
e avec bonheur par les grecs de l'
poque.
Dans un climat de grande curiosit
intellectuelle, les
socratiques (savant d'avant Socrate) sont
la fois
philosophes et scientifiques: on parle de philosophie naturelle.
Leur oeuvre conciste essentiellement en la d
couverte d'une
tournure d'esprit d
bouchant sur une certaine m
thodologie.
mancipant de l'utilitarisme technique, et anoblissant le
travail intellectuel face aux oeuvres, ces chercheurs de v
prendront un grand go
t pour la science "pure": les
matiques. De m
me ils s'attacheront
donner des
explications naturelles aux ph
nes physiques, plut
t que des
explications mythologiques: pour Thal
s, la foudre provient du
vent qui fend les nuages, plut
t que d'une col
re de Zeus !
Il s'agit d'un grand pas dans la relation entre science et
croyance: pour la premi
re fois, l'investigation scientifique
semble ne plus conna
tre de fronti
res... et elle s'
mancipe de
l'irrationnel, en s'y opposant syst
matiquement. Cela restera
malheureusement ancr
dans l'esprit scientifique pendant tr
longtemps, alors que les religions d
sireront garder la main mise
sur toutes les connaissances.
Une illustration de ceci est Epicure. En effet, sa philosophie
et sa morale du plaisir ainsi que ses conceptions atomistes (une
cole fond
e par Abd
re et son disciple D
mocrite qui
composaient la mati
re en particules
ternelles et minuscules)
soutenaient une vue mat
rialiste de l'univers, o
nulle place
tait possible pour une
me ou tout autre principe spirituel
unificateur. Voil
une vue que l'Eglise s'est appliqu
truire bien
videmment, sans d
couvrir pour autant que la
orie de D
mocrite avait peu
voir avec l'atomistique moderne,
puisque pour les grecs il s'agissait d'une science purement
culative, donc sans issue. D'o
de nombreuses confusions et
amalgames intellectuelles, et des condamnations h
tives de part
et d'autre de ces autorit
Mais la m
taphysique na
t aussi chez les pr
socratiques, qui
l'utilise comme fondement plut
t que la mythologie. Pour
nide, par exemple, derri
re l'apparence subsiste l'
tre, qui
se confond avec l'UN: la multiplicit
n'est pour lui qu'illusion.
Pour Pythagore, fondateur d'une secte politico-philosophique,
tout est nombre. Il d
terminera la gamme pythagoricienne
couverte des intervalles musicaux), la "musique des sph
(sa cosmologie dont le caract
re cyclique est illustr
par la
musique), et des d
couvertes math
matiques fondamentalles, comme
l'incommensurabilit
de certains nombres (les racine carr
Mais sa d
rive vers la num
rologie, et donc la magie pour combler
les lacunes des hypoth
ses, ainsi qu'un atomisme math
matique qui
explique toute la cr
ation par la g
trie et les "figures" font
de sa pens
e quelque chose d'ambigu et contestable par rapport au
Mais ces d
couvertes ne suscit
rent pas que des enthousiasmes !
Les Sophistes d
fendent une sorte de relativisme, une incapacit
fonci
re pour d
couvrir la r
profonde des choses, ce qui
aboutit pour eux
une v
ritable n
gation de la science. Socrate
lui-m
me (470-399) s'oppose aux Sophistes puisque son amour de la
lutte contre leur scepticisme. Le grand philosophe prendra
pourtant ses distances vis
vis des math
matiques, qui pour lui
restent des techniques utilitaires. Aristophane,
la fin du V
cle, repr
sentera dans ses com
dies les savants comme de
dangereux ath
s, incapable de former de bons citoyens. La science
s'opposait ainsi
la bonne marche des philosophies politiques de
poque. N'oublions pas que Socrate a
pour avoir
"corrompu la jeunesse" !
On voit ainsi l'
mancipation progressive de la science par
rapport
la religion. Attaqu
de tous c
s, le savant de cette
poque ne pouvait se permettre de compromettre les milieux
religieux de la soci
, qui
taient si li
s aux pouvoirs
politiques. Les grands pr
tres ne poss
daient-ils pas en effet
une place tr
s importante dans la vie sociale de la Gr
ce ? Peu
peu isol
e, la science (math
matiques, physique et m
taphysique)
tentera de se frayer un chemin solitaire, il est vrai, mais au
demeurant plus calme et stimulant.
: 2.2. Platon et Aristote
Voil
les deux grands t
nors de la philosophie "classique". Le
tre et le disciple... qui d
passera son initiateur !
Platon (427-347)
tablira une th
orie de type d
ductif,
fortement illustr
e par le raisonnement g
trique. Distinguant
science et opinion, c'est
dire connaissance certaine et id
incertaine, sa science repose sur les Id
es, qui constituent la
fondamentale, quoique invisible et au del
de la r
Comme l'origine de ces id
es est la contemplation des "divines
es", le raisonnement lui semble ma
tre du monde observ
tangible n'est pour lui que l'ombre de la r
scientifique: d
daignant l'observation, il place au premier plan
la sp
culation philosophique. Il cultive ainsi l'utopie d'une
matisation compl
te de l'univers, o
les sciences
permettraient de d
couvrir des lois de la nature, donc la pens
divine par excellence.
Voil
un premier essai de main mise sur la religion. La
physique, chez Platon, est intimement li
la m
taphysique.
Comme Stephen Hawking - ou du moins l'interpr
tation que l'on
veut nous faire parvenir
travers les m
dia -, il serait
possible d'atteindre
travers des connaissances sp
culatives la
"pens
e de Dieu"... joli r
ve id
aliste ! Mais l'influence de
Platon reste
norme sur notre monde, surtout dans la civilisation
orientale.
Aristote (384-322) exercera quand
lui une grande influence
sur la pens
e occidentale, et plus particuli
rement sur la pens
vale chr
tienne. Il fut disciple de Platon, mais s'
loigne
de ses th
ories sur plusieurs points. Les Math
matiques, pour
Aristote, sont un outil "qu'on ne devrait cultiver qu'en vue du
reste", et non un arch
type de la connaissance. Les id
es, quant
elles, ont des points de d
part empiriques, et non en nous: le
disciple,
l'inverse de son ma
tre, accordera une place
importante
l'observation, donc aux mus
es, aux classements...
Enfin, il rejetera le dualisme entre le monde intelligible et le
monde sensible: il n'existe pour lui qu'un seul monde
deux
gions, la c
leste (immuable comme les astres) et la sublunaire
(lieu des
ments p
rissables, comme l'air, l'eau, le feu).
Il distinguera plusieurs types de connaissances, dont
l'essemble s'appellera "philosophie". La philosophie premi
re (ou
ologie) traite de l'objet le plus
minent (Dieu pour nous...);
la philosophie seconde est la science des
tres naturels, c'est
dire des
tres qui ont en eux-m
me une
me, un principe de
mouvement; la philosophie derni
re, ou "math
matique".
Cette triple distinction apparue fondamentale aux philosophes
tiens. En effet, elle permettait de faire
voluer
PARALLELEMENT trois disciplines, dans un m
me ensemble, sans les
opposer, mais en les ordonnant chacune vers leur fin propre. La
ologie appara
t alors non pas comme une science englobant les
autres, mais surtout comme une science "sup
rieure", ou
"premi
re", puisque traitant de l'
tre "sup
rieur": Dieu
lui-m
me. Mais cette fois-
i un Dieu r
en son Fils J
Christ.
: 2.3. H
nisme
A partir du III
me si
cle avant J
sus Christ, Alexandrie devint
le foyer culturel pr
rant de tout le monde civilis
Euclide et Archim
de (287-212) en sont deux illustrations. A la
fois math
maticien, physicien, et ing
nieur, Archim
de inventa la
technologie - c'est
dire l'heureuse combinaison des th
ories et
des applications pratiques qui en d
coulent. Il s'agit donc d'une
ce de retour
l'"utile", apr
s la liaison tr
troite entre
investigations scientifique et cadre m
taphysique...
Mais Galien (130-200) fut sans doute le plus grand m
decin de
l'Antiquit
. Ses grandes d
couvertes en anatomie et physiologie,
nourries par de nombreuses exp
riences, produisirent une oeuvre
monumentale tout
fait encyclop
dique. Toutefois son oeuvre
reste ins
dans un finalisme d'origine aristot
licienne, et
surtout dans une syst
matisation des "forces" ("pneuma") et des
"humeurs"... ce qui le conduisit
des erreurs, notamment
propos du syst
me circulatoire. Son oeuvre a toutefois exerc
influence profonde durant tout le Moyen Age et au-del
, aussi
bien chez les Arabes que dans la chr
tient
. Cette accueil
favorable peut s'expliquer par sa croyance en une providence
exerc
par un Etre supr
me inifiniment sage et tout-puissant.
Aristarque risqua un syst
me astronomique h
liocentrique. Il
n'eut aucun succ
s. Il ne ressucitera qu'avec Copernic 17 si
plus tard...
Ptol
e (du II
me si
cle) fit autorit
jusqu'au XVII
me si
son grand trait
d'astronomie, l'Almageste. Son syst
ocentrique constitua un paradigme que Copernic, Kepler, Galil
eurent bien du mal
remettre en cause.
: 2.4. Un savoir absolu ?
La seconde sophistique, n
la fin du premier si
cle apr
sus Christ en Orient, poss
de deux finalit
s. D'abord renouer
avec la premi
re sophistique, c'est
dire remettre en cause le
fondement du savoir, pour aboutir
une connaissance uniquement
encyclop
dique. Ensuite, redonner une identit
culturelle
l'Orient par le primat de la langue grecque.
Dion Chrysostome, H
rode Atticus, Pol
mon, Aelius Aristide et
Maxime furent les principaux repr
sentant de ce mouvement qui
tendit jusqu'en occident, avec Fronton et Favorinus d'Arles.
Un mot central, "curiositas", caract
rise cette conception.
Toutefois, les P
res s'y opposeront fortement. En effet, cette
volont
e d'enfermer sciences et philosophies dans la
re de l'ordre de l'esprit refusait la priorit
la charit
Faire de la "curiositas" - mot apparu pour la premi
re fois
chez Cic
ron - une v
ritable valeur, c'est pour Saint Augustin
(354-430) une forme de p
puisque "Nous n'avons plus besoin de
curiosit
sus-Christ, ni de recherche apr
s l'Evangile".
Il en fait le p
des astologues - astronomes et des magiciens,
et surtout le sien: celui de l'Augustin d'avant sa conversion,
amateur de th
atre, d'astrologie...
Il explique ceci dans le livre cinqui
me des Confessions (IV 7)
en utilisant l'image d'un arbre. "Celui qui sait poss
der un
arbre, et vous rendre gr
ce pour l'usage qu'il en fait [...]
n'a-t-il pas plus de m
rite que celui qui en rel
ve la mesure,
qui en d
nombre toutes les branches, mais qui ne sait ni
der, ni conna
tre, ni aimer celui qui l'a cr
?" Il termine
en ces termes,
propos de tous les calculs et sciences:
"Malheureux celui qui, les conn
t-ils toutes, ne vous conna
pas; mais heureux celui qui vous conna
me s'il les ignore !"
Cette attitude de m
fiance envers le "bavardage des grecs"
appara
t chez d'autres P
res de l'Eglise, comme Cyrile
d'Alexandrie. L'
tude de la science risque en effet de d
tourner
l'homme de son objectif primordial: le salut. L'anti
intellectualisme est courant chez les premiers moines; saint
Antoine est ill
et s'en vante. Basile de C
e recommande
de ne pas se livrer
des "recherches indiscr
tes". Les
apologistes de l'obscurantisme trouvera des adeptes jusqu'au
me si
cle: Pierre Damien,
que d'Ostie, consid
re la science
comme une activit
moniaque... ce qui ne l'emp
cha pas d'
proclam
saint et docteur de l'Eglise en 1821. De m
me, Saint
Bernard enjoint
ses moines d'
viter de faire appel au m
decin,
car son art n'est pas utile au salut de l'
A c
de cette tendance a toujours exist
une consid
ration
positive de la science. Cl
ment d'Alexandrie (mort en 215)
repousse tout fid
isme, et s'insurge contre la paresse
intellectuelle. Origi
ne (mort en 253) fait valoir que
"l'origine de toute science remonte
Dieu" et que la science
nous aide
mieux comprendre l'Ecriture. Athanase (mort en 373)
assure que la contemplation de la nature ne peut que susciter un
merveillement qui porte
la louange du cr
ateur. Selon Gr
goire
de Nazianze (mort en 370), "bien loin d'
tre nuisible en soi, les
tudes profanes nous aident
trer plus avant dans la
connaissance du divin auteur de la nature".
Il nous faut toutefois revenir
Augustin. En effet, celui-
intervient dans le d
bat avec le poids de toute son autorit
n'est pas en effet si hostile aux science; il s'attache juste,
en grand th
ologien,
les utiliser pour exprimer sa foi.
Adoptant la conception lin
aire du temps, il concilie
la fois
Platon et la culture juive de la r
lation. Il n'h
site pas
illustrer ses consid
rations sur l'
me par des "d
monstrations"
emprunt
la g
trie; en cela, il utilise les m
thodes
platoniciennes. Il est, comme nous l'avons dit, en revanche
hostile
l'astronomie -
poque encore trop li
l'astrologie -, qui lui semble d'une "utilit
presque nulle pour
tude des saintes Ecritures... elle y met plut
t l'obstacle".
En ce qui concerne Bible et science, sa position est nette: il
s'agit de reconsid
rer l'interpr
tation de l'Ecriture pour
concilier v
scientifique et v
biblique. Rendre
culture ce qui est
la culture, et
Dieu ce qui est
Dieu !
: 3. Le Moyen Age
: 3.1. Un r
veil douloureux
La p
riode dite du Haut Moyen Age s'
tend des invasions
barbares du V
me si
cle jusqu'au X
me si
cle. Ce fut une
poque
bres, loin des grandes oeuvres grecques enfouies dans les
monast
re orientaux, o
seuls quelques clercs cherchaient
compulser les souvenirs de gr
ce en un savoir encyclop
dique:
ce (mort en 525), B
de le V
rable (mort en 735), et enfin
Jean Scot Erig
ne (IX
me si
cle).
Pour ce dernier, la raison est un don divin qu'on doit utiliser
bon escient; elle permet par exemple de choisir entre les
opinions multiples et parfois contradictoires des P
res de
l'Eglise. Il distingue les disciples, en orientant toute
recherche vers la contemplation. Ainsi, le scientifique
interpr
te le "livre de la nature" avec la m
me autorit
celle des P
res dans leur interpr
tation de la Bible. Mais ces
vues audacieuses n'eurent gu
re d'
cette
poque.
Peu
peu, l'Europe des XI
me et XII
me si
cles se r
veille et
couvre
la fois la science grecque et la science arabe,
d'innombrables traductions de l'arabe au latin. Le moine
Gerbert (mort en 1003) red
couvrit les chiffres arabes et
l'astrolabe. Alphonse X, roi de Castille
tait quand
lui f
d'astronomie, et r
digea les "Tables alphonsines", encore
utilis
es au XVI
me si
: 3.2. La science th
ologique
Le pape Gerber - le pape de l'an mil - pr
conise un juste
quilibre entre foi et exercice de la raison. L'art du
raisonnement juste (la dialectique d'Aristote) devient un outil
pour la Foi. Saint Anselme (mort en 1109) l'utilise abondament.
cole
piscopale de Chartres aux XI
me et XII
me si
s'enthousiasme de passer "des t
bres de l'ignorance
re de la science" (Pierre de Blois).
Certains se mettent
ver d'une th
ologie construite sur le
le des math
matiques. Guillaume de Conches ne rappelle-t-il
pas que "par la connaissance de la cr
ation nous parvenons
connaissance du Cr
ateur", et ce ind
pendamment des Ecritures et
de la Tradition ? Certains exc
s deviennent in
vitables: on remet
en cause, au nom de la raison, les grands myst
res chr
tiens
comme la trinit
ou l'eucharistie. Comment en effet concilier par
la seule raison
tude physique de la nature et sacrement ? Saint
Anselme d
noncera les limites du raisonnement lorsqu'il
s'applique aux choses divines. Saint Bernard aura de la m
on des pol
miques violentes avec Ab
lard (1079-1142), partisan
intransigeant de la dialectique.
"Le ma
tre probl
me de la grande
poque scolastique, pos
surgence aristot
licienne, est celui du pouvoir de la
raison. Il s'agit de savoir si, ce pouvoir une fois reconnu, il
sera possible de limiter son exercice et de la maintenir dans
issance de la foi." Voil
la probl
matique habilement pos
par Georges Gusdorf. Nous sommes i
i au coeur de notre sujet.
Albert le Grand (mort en 1280) fut un grand admirateur
d'Aristote qu'il contribua
faire conna
tre et
compl
ter par
son immense
rudition. Il fut le grand naturaliste du Moyen Age.
Excellant dans l'art de la classification, il sugg
l'utilisation de greffes pour cr
er de nouvelles esp
ces de
plantes.
Il reste toutefois parfaitement conscient des difficult
poque, o
de grands rationalistes (comme Averro
s) opposaient
foi et raison, dans un dualisme inconciliable. M
me si tous
taient pas aussi radicaux, l'esprit de l'
poque
tait encore
fiance... Face
cela, Saint Albert le Grand fit preuve d'un
bel optimisme en proclamant que si th
ologie et science profane
sont strictement s
es, les r
sultats que chacun obtient pour
une m
me question ne peuvent que concorder en vertu du principe
de l'unicit
de la v
. Sa solution de juxtaposition reste
pourtant encore trop simple pour
tre satisfaisante.
: 3.3. Vers une synth
Disciple d'Albert le Grand, Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)
entreprend la lourde t
che d'
laborer une synth
se satisfaisante
entre th
ologie chr
tienne et philosophie naturelle d'Aristote.
Pour lui, la th
ologie est une science, c'est
dire un savoir.
Il faut toutefois reconna
tre aux lois naturelles leur r
cifique, en
vitant de sacraliser les forces de la nature. Il
refuse de m
me l'intervention
tout propos de Dieu dans la
marche du monde selon une conception na
ve de la providence
divine.
A la suite de son ma
tre, il croit sinc
rement
la convergence
entre l'approche scientifique et l'approche th
ologique de la
. Sur des points de controverse, il utilise souvent de
subtiles arguments: Aristote postule un monde
ternel ? Thomas
pondra dans la Somme "que le monde ait commenc
est un objet de
foi; ce n'est pas un objet de d
monstration ou de science".
Selon lui, si les preuves scientifiques sont "peu concluantes",
aurant alors se rendre "aux arguments de la foi".
Son coll
gue franciscain Bonaventure, fid
la th
ologie
traditionnelle tr
s augustinienne, ne semble pas de son avis:
pour lui, la science reste
troitement subordonn
ologie. Il r
agit contre le rationalisme envahissant par un
regard tr
s mystique sur la nature. Il r
dige "la grande
condamnation" de 1277 prononc
e par l'
que de Paris, avec
l'accord du pape: il s'agit d'un catalogue de 219 "ex
crables
erreurs" provenant d'Aristote ou de l'
cole dominicaine de Paris.
Une dizaine de ces
s concernent Saint Thomas, d
trois
ans auparavant; ceci n'emp
che pas sa canonisation en 1323 et sa
proclamation de Docteur de l'Eglise !
Toutefois, la condamnation de 1277 reste un arch
type de refus,
de la part de la hierarchie catholique,
la science d'acc
sa propre v
. Cette date marqua la fin de l'
poque de la
recherche d'une v
ritable synth
se th
ologique.
: 3.4. La rupture du nominalisme
Tout au long du XIV
me si
cle se d
veloppa une vaste entreprise
molition de la philosophie aristot
licienne, ce qui
branla
la grande synth
se thomiste. L'
cole d'Oxford, gr
Duns Scot
(mort en 1308) et Guillaume d'Occam (1295-1349) fut au centre de
ce combat.
Le premier joua un r
le de pr
curseur en
difiant des barri
entre la connaissance rationnelle et la connaissance r
e. Le
second fut le grand th
oricien du nominalisme qui r
gna dans
toutes les universit
s europ
ennes jusqu'
la fin du Moyen Age.
Selon Occam, seuls existent r
ellement les individus concrets
et les objets singuliers; les termes g
raux ("universaux") ne
sont que le fruit de l'abstraction. Il s'agit donc de l'exact
inverse du r
alisme platonicienne: pour les nominalistes, la
science s'identifie avec le langage formel, elle ne permet plus
d'atteindre la v
abstraite. La foi traite de v
religieuses ind
montrables: Dieu ne peut
tre appr
par voie
monstrative. Ainsi, il est impossible de conna
tre l'essence
des choses: les disciples d'Occam s'attach
rent
montrer la
relativit
de toute v
Ce relativisme teint
de scepticisme n'est pas du go
l'Eglise; en 1346, le pape Cl
ment VI demande "d'oublier et de
rejeter totalement ces doctrines [...] nuisibles et p
rilleuses".
Les autorit
s eccl
siales recommande l'
tude d'une science
pouvant
tre mise au service de la foi et de l'Eglise: Aristote
et Saint Thomas sont alors devenus les ma
tres officiels de
l'Eglise.
se profilent
l'horizon les futurs conflits entre une
science qui se revendique autonome - orchestr
puissament par le
mouvement nominaliste -, et l'impressionnante machine
scolastique.
: 4. La Renaissance
: 4.1. A l'aube d'une
re nouvelle
La red
couverte de l'Antiquit
co-latine, le d
veloppement
changes commerciaux, la d
couverte de continents nouveaux
engendr
rent un
lan d'ouverture sans pr
dent. L'imprimerie,
invent
e par Gutemberg en 1440, permettra une rapide explosion
des id
es de cette
poque; l'Eglise utilisa abondament de ce
nouveau moyen de communication tout en s'effor
ant d'en contr
l'usage. Toutefois la culture de cette
poque
tait travers
par une nouvelle anthropologie o
l'homme prend la place
centrale: l'humanisme.
Toutefois, l'autorit
de l'Eglise traverse une crise
mement grave: le grand schisme entre papes d'Avignon et
papes de Rome, ainsi que leurs r
ves de guerre, financ
s par les
indulgences. De grands personnages, autant eccl
siastiques (le
moine dominicain Savonarole) qu'humanistes (Erasme), d
noncent
les turpidudes de la cour pontificale. Les nombreux conciles de
cette
poque semblent impuissant pour juguler ces exc
Luther afficha
Wittenberg ses 95 th
ses contre les
indulgences, en 1517, ann
e du Concile de Latran V. Ce fut le
but de la R
forme protestante.
Les papes furent toutefois de grands m
nes. La biblioth
Vaticane, fond
e vers 1450, s'ouvrait avec int
la science.
on X fonde en 1513 l'universit
de Rome. Cl
ment VII
s'accommode fort bien (en 1533) de la th
orie r
volutionnaire de
Copernic. Paul III assiste de nombreux astronomes et m
decins,
parmi eux des juifs. Dans ce climat, la philosophie d'Aristote
subit une s
rieuse
clipse... l'occamisme n'est pas encore mort.
Ainsi, Louis XI en 1473 est oblig
de rappeller qu'Aristote reste
au programme des facult
s des arts !
Cette faste p
riode de profonde complicit
entre la science et
l'Eglise pris fin avec le Concile de Trente (1545-1563) et la
Contre-R
forme. Une grande remise en ordre de l'Eglise
s'imposait, autant sur le plan dogmatique que pastoral. Ce qui
fut fait par l'inquisition romaine (1543), le Saint-Office, la
congr
gation de l'Index (1571) et surtout la Compagnie de J
(fond
e par Saint Ignace de Loyola en 1540).
: 4.2. Une r
volution scientifique
Mais l'intransigeance doctrinale de l'Eglise contribua
faire
fleurir des sp
culations mystico-spiritualistes totalement
irrationnelles. Les
crits herm
tiques, attribu
s au personnage
mythique d'Herm
s, refirent surface pendant la seconde moiti
me si
cle: m
lant mysticisme aux sciences occultes
(astrologie, alchimie, num
rologie, magie), teint
gnosticisme, ces th
ories syncr
tiques eurent une grande
influence chez Giordano Bruno et Nicolas Copernic. De m
me, le
bre astrologue Nostradamus (mort en 1566), favori de
Catherine de M
dicis, devint ensuite le m
decin de Charles IX !
La cosmologie tenta peu
peu de s'
manciper d'Aristote.
Nicolas de C
es (1401-1464), administrateur des Etats
pontificaux, fut un grand philosophe et m
taphysicien. Il expose
dans son ouvrage central "De la docte ignorance" ses th
ories
admirables d'intuitions fulgurantes; son sens de l'anticipation
est v
ritablement unique dans l'histoire des sciences. M
me s'il
ne fut pas suivi par la hi
rarchie eccl
siale et la communaut
la br
che qu'il ouvrit permi
d'autres savants de faire de
prodigieuses d
couvertes. En voi
i deux dignes repr
sentants:
Copernic et Bruno.
Nicolas Copernic (1473-1543), conscient des faiblesses du
me de Ptol
e encore en vigueur, construisit un mod
matique
partir de l'hypoth
liocentrique, permettant
de calculer les mouvements de plan
tes. Toutefois cela s'opposait
la physique d'Aristote: la Terre aurait alors besoin d'un
moteur extraordinairement puissant; la rotation de la plan
engendrerait une force centrifuge
norme, et,
terme,
clatement de la planette; la chute des corps ne serait pas
droite; enfin le frottement de l'atmosph
re sur la Terre en
rotation provoquerait un v
ritable ouragan. L'h
liocentrisme
s'opposait aussi
de nombreuses convictions th
ologiques
(l'homme n'est-t-il pas au centre de l'univers ?) et bibliques
(le mobilit
du soleil est affirm
@Jos 10,12_13 Jb 9,7 et Ps 104,5@
Ce fut du c
des protestants que fus
rent les premi
sapprobation. Luther s'exclama avec violence: "Ce fou qui
tend bouleverser toute l'astronomie ! Mais comme le d
clare
l'Ecriture, c'est au Soleil et non
la Terre que Josu
a donn
l'ordre de s'arr
ter." Calvin, Melanchton lui emboit
rent le pas.
Du c
catholique, les extravagances de Bruno montr
rent les
dangers que pouvait faire courir
la foi un copernicianisme mal
compris. Pourtant, le cardinal j
suite Bellarmin fit savoir qu'il
n'y avait pas lieu de s'inqui
ter, puisque ces th
ories "doivent
s'entendre comme des constructions aptes
crire les
apparences". Son attitude consiste ainsi
recommander aux
scientifiques de parler par hypoth
se ("ex suppositione") tant
qu'ils ne peuvent apporter des preuves formelles: c'est ce
qu'Emmanuel Kant appellera la "r
volution copernicienne".
Giordano Bruno (1548-1600) fut v
plus tard comme un martyr
de la science, victime de l'obscurantisme religieux. Il semble
toutefois ne pas avoir
vraiment un homme de science: ses
analyses de Copernic fourmilles d'incompr
hensions fon
Bruno est avant tout un philosophe vautr
dans l'herm
tisme.
Selon lui, un Dieu infini ne pouvait que cr
er un univers infini.
Comme deux infinis ne peuvent coexister, il affirme que Dieu se
confond avec le monde et se cache au sein de la nature, dans les
atomes m
me ! Il refutera en bloc, au nom de sa th
orie, le p
originel, le d
luge, la virginit
de Marie, la divinit
Christ, les dogmes de l'Eucharistie et de la Trinit
. Il d
avec maintes pol
miques bouillonnantes sa "religion cosmique",
qui n'est pas sans rapeller le New Age et les gnoses.
En 1591, son comportement choque un de ses protecteurs, qui le
nonce
l'Inquisition. Son proc
s, dont le procureur n'est
autre que l'aust
re Cardinal Bellarmin, s'
tale sur 7 ann
es. Ce
n'est pas pour son adh
sion aux th
ories de Copernic qu'il est
comdamn
au b
cher
Rome. Un t
moin oculaire de la sc
rapporte en effet: "Comme on lui montrait l'image du Christ, il
l'a repouss
e avec d
dain et d'un air farouche."
: 4.3. Bilan
Le cas de Bruno illustre clairement la position de l'Eglise de
cette
poque. Les conflits entre science et religion ne prirent
que rarement une tournure dramatique. C'
tait avant tout pour les
positions d'ath
isme virulents de certains savants que
l'Inquisition jugeait: on s'en tirait la plupart du temps avec
une amende ou un p
lerinage ! Elle critiquait avant tout les
scientifiques qui, comme Bruno, niaient la foi
cause de leurs
raisonnements.
De plus, l'Eglise ne condamnait des hypoth
ses scientifiques -
et non pas des savants - que pour des raisons th
ologiques. En
effet, apr
s quelques h
sitations, l'aristot
lisme fut sa science
quasi officielle: la distinction entre "substance" et "accident"
permettait
l'Eglise de donner un support scientifique
dogme de la transsubstantiation eucharistique, solennellement
affirm
par le Concile de Trente en 1551. Toucher
la physique
d'Aristote (comme la th
orie atomiste qui postulait l'existence
du vide)
tait ainsi ressenti par l'Eglise comme une attaque du
dogme eucharistique. Il s'en suivit ce que J.P. Longchamp appelle
"un regrettable divorce et le repli frileux de l'Eglise
l'int
rieur d'une forteresse intellectuelle dont elle aura
beaucoup de mal
s'extraire".
: 5. L'
rance scientifique
: 5.1. L'essor scientifique du XVII
me si
La math
matisation des sciences physiques devient enfin
. L'observation, l'exp
rimentation et l'instrumentation se
veloppent prodigieusement: on passe du qualitatif au
quantitatif, repoussant les limites du monde observable.
Le XVII
me si
cle fut avant tout le si
cle de la nouvelle
astronomie et de la nouvelle m
canique. La philosophie et la
ologie sont n
anmoins loin d'
tre absentes du d
scientifique et l'Eglise se signale par un proc
s retentissant
dont la valeur symbolique reste encore consid
rable: l'affaire
Galil
Galil
e (1564-1642) entame tr
t ses recherches
d'astronomie, tenant le syt
me de Copernic "pour beaucoup plus
probable que celui d'Aristote et de Ptol
e". Il eut pour
objectif de faire triompher l'h
liocentrisme.
Multipliant les observations, il d
couvrit les satellites de
Jupiter, les t
ches solaires et mis en
vidence les phases de
nus. Tout ceci s'interpr
tait fort ais
ment
l'aide du syst
de Copernic, sans pour autant constituer une preuve formelle.
Kepler (1571-1630) s'orient d'abord vers la th
ologie
protestante (il est allemand) qu'il abandonne pour sa nouvelle
passion: l'astronomie. Au milieu de son attachement au syst
me de
Copernic, il r
la fa
on des Pythagoriciens, d'une synth
mystico-math
matique. Son Dieu est le grand architecte qui a
construit un monde harmonien et totalement intelligible. Apr
une rencontre avec le c
bre astronome Tycho-Brah
, il arrive
la conclusion que la plan
te Mars tourne autours du soleil sur
une trajectoire elliptique dont l'astre de lumi
re occupe un
foyer. Ce r
sultat, valable pour l'ensemble des plan
constitue les deux premi
res lois de Kepler publi
es en 1609.
Toutefois cela rompait de fa
volutionnaire avec le dogme
grec de la circularit
du mouvement des astres. Sa troisi
me loi
(publi
e en 1621) permettait le calcul des p
riodes de r
volution
des plan
Kepler joua un r
terminant dans l'histoire de
l'astronomie, m
me si Galil
e l'emporta par ses talents
raires et de pol
miste.
Autant Copernic avait
quelqu'un de prudent, autant Galil
sut d
fendre et vulgariser l'h
liocentrisme avec brio: avec la
Contre-R
forme, les temps avaient chang
! Le voi
i devenu - lui
un astronome - porte parole des nouveaux philosophes, qui
voyaient avec d
lectation les "fun
railles" de la
"pseudo-philosophie" d'Aristote.
Le cardinal Bellarmin, face
ces exc
s, le conjure en 1615 de
s'en tenir
une explication "ex suppositione" . En effet, les
preuves de l'hypoth
se copernicienne n'existent pas encore.
Mais
la suite d'une d
nonciation, la Congr
gation g
rale de
l'Inquisition comdamne et met
l'index le "De revolutionibus de
Copernic": le Saint Office s'
rige alors en juge d'un r
sultat
scientifique.
En 1632, Galil
e publia "Le dialogue",
la demande d'Urbain
VIII. Mais, contrairement aux recommendations du pape, il prend
ostensiblement parti pour la th
se de Copernic. A la fin du
s, Galil
e plaide coupable et abjure ses erreurs... la
gende lui fait ajouter "Et pourtant... elle tourne !" Il est
assign
sidence, et pourra continuer ses travaux sur la
nouvelle m
canique.
Apr
s cet
nement, le foss
semble d
finitivement creus
entre l'Eglise et la Science. Un climat malsain, peupl
crainte et d'hypocrisie, se r
pend dans le milieu scientifique:
certaints auteurs, pour sauvegarder leur "tranquilit
pratiquent une v
ritable autocensure.
L'affaire Galil
e reste toutefois une "bavure" extr
mement
embarassante pour les catholiques. Jean Paul II, le 10 novembre
1979, reconna
t que Galil
e "eut beaucoup
souffrir de la part
d'hommes et d'organismes de l'Eglise".
: 5.2. Le XVII
me si
Les ouvrages de vulgarisation commen
abonder (en langue
autre que le latin), la population connait un int
t croissant
pour les questions scientifiques. La bonne soci
se tient
l'aff
t des derni
res d
couvertes; de nombreux clercs s'efforce
avec enthousiasme d'
laborer une synth
se entre science m
caniste
et foi chr
tienne.
L'Encyclop
die tente de r
unir, dans une vulgarisation
tonnante, la totalit
du savoir de l'
poque, autant scientifique
que philosophique, allant jusqu'
mentionner des hypoth
ses qui
ne cadrent pas avec les positions de l'Eglise: cela suffit pour
la porter
l'Index en 1758. Geste sans nuance, qui fut
interpr
comme une preuve d'obscurantisme.
Descartes (1596-1650) marqua toute son
poque moins par sa
physique, mise
mal par les travaux de Newton (1642-1727), que
par sa m
thodologie. L'attitude des clercs
son
gard fut
incoh
rente: mise
l'Index en 1663, sa th
orie fut r
habilit
par les j
suites vers la fin des ann
es quatre-vingt. Mais le
sianisme favorisa un rationalisme supr
me, influen
grandement toute le mouvement des Lumi
res, comme l'irlandais
Toland avec son ouvrage "Christianisme sans myst
re". La raison
doit r
gner aussi bien sur la science que sur l'Ecriture Sainte.
Beaucoup d'encyclop
diques, comme d'Alembert ou Maupertuis,
effleurent la possibilit
lever par la raison l'homme
auteur divin, le "grand architecte" ou "grand horloger". Le baron
d'Holbach, pr
curseur de l'ath
isme militant du XIX
me si
niera purement et simplement l'existence du spirituel: plus de
place pour Dieu et pour les
mes sur un monde rationnel ! Dehors,
les vieilles sorci
res et leur antiques balais grecs !
Chez certains savants, le doute m
thodique de Descartes tend
se transformer en doute syst
matique. Mais cette mutation sera
limit
e de fa
on nette par Emmanuel Kant dans "Critique de la
raison pure" (1781): halte
l'omnipotence na
ve de la raison !
Face
la complexit
la confusion de cette
poque, quelles
furent les r
actions de l'Eglise catholique ? Elle maintient pour
principe que Dieu, cr
ateur, contr
le nature; la th
ologie se
doit donc de contr
ler le savant
tudiant la nature, que ce
dernier soit clerc ou non... d'o
de nombreuses condamnations,
mises
l'Index des livres prohib
s, mesures souvent appuy
es par
les gouvernements soucieux d'ordre social.
L'Eglise n'appara
t toutefois absolument pas monolithique.
Certains clercs se barricadent derri
res leurs certitudes et
anath
matisent
tour de bras; d'autres osent vouloir tirer
profit de la science pour conforter leur croyance. Ces nouveaux
apologistes sombrent parfois dans l'optimisme le plus aveugle: de
nombreuses d
monstrations math
matiques avaient
cet
poque pour
objet de d
montrer les v
s chr
tiennes ! La tol
rance n'est
anmoins pas ce qui caract
rise l'Eglise de ce temps. Trop de
choses sont en jeux; trop d'individus condamnent le christianisme
l'aide de la raison pure; trop d'ignorants membres de l'Eglise
truisent all
grement tout progr
s scientifique; trop de beaux
esprits d
sirent expliquer la Bible selon leurs id
es, d
daignant
toute tradition... on voit que l'Eglise h
site sur l'attitude
adopter envers la science. Une science qui s'
carte de plus en
plus des donn
es culturelles bibliques et nous montre
vidence un monde qui fonctionne, selon ses lois propres et
sans que Dieu s'en m
le. Que r
pond l'Eglise
ceux qui r
clament
gitime autonomie de la science ? Elle ne prend position que
lorsque les choses se seront beaucoup d
: 5.3. Le XIX
me si
L'explosion du savoir scientifique.
Certains savants connaissent la gloire par leurs d
couvertes.
En effet, des applications technologiques r
volutionnent la vie
quotidienne des populations: l'industrie, l'
lectricit
chaleur, la TSF, la synth
se chimique... Des d
veloppements
fulgurants apparaissent, dans une euphorie g
rale, autant au
niveau th
orique que pratique.
Les sciences naturelles
voluent aussi
grande vitesse: la
ontologie avec Cuvier (mort en 1838), la physiologie gr
Claude Bernard, la virologie par les d
couvertes de Louis
Pasteur. Mais la zoologie et les essais d'explication de
volution des esp
ces bousculent litt
ralement les conceptions
bibliques de la cr
ation... donc les fondements th
ologiques de
Dieu, selon la mentalit
de l'
poque.
Lamark postule en 1809 que les esp
voluent en fonction des
variations de leur milieu, et par l'utilit
respective de leurs
organes, postulant l'h
des "caract
res acquis". Darwin,
dans l'"Origine des esp
ces" (1859), transposa l'observation
sociale de Malthus - les populations se d
placent pour suivre la
nourriture - en son fameux principe de lutte pour la vie. Un tri,
appel
lection naturelle, serait le vrai moteur de l'
volution.
L'homme ne serait pas n
spontan
ment dans un jardin; des
fossiles humains r
cemment d
couverts (en 1856) n'affirmaient-ils
pas en effet l'existence d'une esp
ce interm
diaire entre les
simiens sup
rieurs et l'homme ?
De plus, une radicalisation de la "science positive" du
XVIII
me si
cle entraina la d
rive du positivisme. Auguste
Comte (1798-1857) forgea sa c
bre loi des trois
tats:
ologique, m
taphysique, positif... on voit o
sus Christ
tait rel
tat de primitif par rapport aux splendeurs du
monde positif. Ernest Renan (1823-1892) et Marcelin Berthelot
(1826-1907) furent les portes paroles z
s et influents de
l'autorit
supr
me de la science, pour fonder les v
"vitales" de toute l'humanit
: le prog
s comme aboutissement de
toute la destin
e humaine, technocratie, donc "une science qui
clame aujourd'hui la direction mat
rielle, intellectuelle et
morale des soci
s" (Berthelot).
L'ath
isme anthropologique de Feueurbach (1840), l'ath
sociopolitique de Marx et l'ath
isme n
gation de Nietzsche furent
l'apoth
ose de cette
poque.
L'Eglise assiste avec consternation et angoisse
cette
monstrueuse mutation du monde, et se comporte en citadelle
e, encore nostalgique des id
aux de chr
tient
. Elle op
ainsi une opposition radicale entre "vraie science" (celle dont
les r
sultats concordent avec le dogme et la Bible interpr
ralement) et la "fausse science" (dont le Darwinisme et le
positivisme).
Le concile de Cologne, ainsi que la constitution "Dei filius"
du concile Vatican I, affirmeront que foi et raison ne peuvent
jamais
tre en d
saccord. L'Eglise, d
tenante de la foi - d'un
ordre sup
rieur
la science - , a le devoir de proscrire la
"fausse science": il s'agit non pas de critiquer la science en
elle-m
me, mais de refuser les erreurs oppos
es ou troublantes
pour la foi.
: 6. Que nous montre l'histoire ?
Le temps est venu pour nous de syst
matiser quelque peu toutes
ces r
flexions. Cherchons un mod
le - forc
ment incomplet - qui
rendrait compte de l'
volution des rapports entre l'homme et la
connaissance.
: 6.1. Une opposition...
Il para
t clair que ce probl
me se posait surtout dans des
principes antagonistes:
dans l'antiquit
technique <-> merveilleux
<= philosophie
chez les grecs
raison <-> mythologie
<= le Christ
au Moyen Age
raison <-> foi
<= retour gnose
la Renaissance
isme <-> foi
<= pouvoirs Eglise
jusqu'au XX
me
science <-> Eglise
Ce petit tableau met aussi en
vidence les
ments ext
rieurs
(philosophie, le Christ...) qui, de conflit en conflit,
aient le probl
me. Il appara
t que ces
ments doivent
tre jou
s avec beaucoup d'autres harmoniques: la politique, le
niveau de vie, les techniques, les sciences, les guerres, les
civilisations... Tout est tr
Mais au niveau de la connaissance, deux principes semblent
vraiment
merger, sinon s'opposer. Deux positions assez nettes
pour qu'elles puissent s'exprimer.
La premi
re consiste en une connaissance dite scientifique ou
"positive". Elle est le fruit exclusif de la raison et des moyens
humains d'investigation ou de sp
culation, moyens qu'elle
contribue elle-m
faire
voluer.
La seconde n'a pas le m
me objet de connaissance. Elle n'est
pas r
flexive, puisqu'elle doit s'ouvrir
une "transcendance".
Nous l'appellerons donc th
ologie, ou connaissance
"transcendante". Son objet est soit la transcendance elle-m
soit les implications de l'existence de cette transcendance. On
peut alors distinguer en son sein la th
ologie morale: celle qui
s'occupe de l'agir humain,
la lumi
re de la transcendance.
: 6.2. ... assum
e par la th
ologie
Il m'appara
t maintenant utile de pr
ciser que notre
est elle-m
me un essai de th
ologie morale. Notre probl
me est
en effet celui de l'
thique de la connaissance. Une connaissance
qui, comme nous venons de le voir, a suivi bien des vicissitudes
historiques, opposant ou subordonnant science et th
ologie.
Or, la science seule ne peut pas (et ne veut pas) appr
hender
ce qui est de l'ordre th
ologique. Passer du stade objectif au
stade du "Tout Autre" lui semble une erreur impardonnable. Mais
en s'ouvrant
la transcendance, on passe au stade th
ologique,
qui assume le stade objectif.
En nous pla
ant dans une optique th
ologique, on voit que cette
opposition dispara
t. Au du moins, la th
ologie accepte la
science, sans confusion, opposition ou subordination. Son objet
tant transcendant, elle d
passe ce que l'homme par lui-m
me peut
hender.
las ! Les horreurs de l'histoire ont cultiv
leur opposition.
Par des sommes de malentendus et de mauvaise foi (souvent autant
des th
ologiens que de la part des scientifiques),
envenim
s par les ph
nes sociaux, culturels et politiques,
les autorit
s des connaissances se sont peu
peu m
chacune revendiquant sa responsabilit
dans un domaine exclusif
une autre.
Apr
s avoir d
broussaill
l'histoire, et purifi
notre m
moire
de bien des clich
s, l'homme ne semble pas avoir une seule
connaissance. Mais DES connaissances, avec pour chacune son objet
et son autorit
propre. L'
thique de LA connaissance consiste
alors
ciser les domaines d'activit
de chacune DES
connaissances.
La connaissance scientifique, par exemple, cherche constamment
l'objectivit
. Tandis que la pens
e religieuse poss
de une
fonction symbolique: elle lit un sens, une r
tout autre
dans une vie... elle pourra d
couvrir ce qui est la finalit
chaque acte, de mani
re invisible mais pourtant bien r
elle.
: II. CONNAITRE LES CONNAISSANCES
On ne peut r
pondre
toutes les questions que les distinctions
entre les connaissances soul
vent. Quelques unes ont pourtant une
importance particuli
re, surtout
notre
poque.
: 1. Comment fonder une
thique ?
Voil
une question tout a fait d'actualit
Mais pour
tre pos
e de fa
on satisfaisante, il faudrait
s'attacher
tudier les objets et m
thodes de la connaissance
positive, de type scientifique, et de la connaissance morale,
plus sp
cificitement port
tude des actes. Comment
articuler les deux pour fonder une
thique ?
Cette articulation consiste en l'action la plus fondamentale de
toute
thique de la connaissance. Elle permettra en effet de
pondre
la question: comment fonder une
thique de la
connaissance ?
: 1.1. Connaissance positive et connaissance morale
La d
nomination classique, d
formul
e par Aristote, est
assez habile. D'une part, les sciences, en g
ral, ont pour but
de saisir la v
, et d'organiser une th
orie du savoir au
fur et
mesure des progr
s de la connaissance. D'autre part, la
morale est aussi une connaissance. Mais elle consiste
produire,
de fa
on directive ou normative, une oeuvre: l'action humaine.
Cette distinction reste parfaitement valable. Mais, comme nous
venons de le voir, le d
veloppement des sciences depuis le
rable Aristote a modifi
profond
ment l'id
e de "science".
Celle-
i n'est plus l'oeuvre de la seule raison: de nombreux
progr
s autant au niveau de la recherche (techniques
d'observation, investigation du microscopique et du cosmos...),
que de la pratique (technologies nouvelles, niveau de vie,
politique de plus en plus rationnelle...) modifient l'enjeu de
la connaissance.
Je vais maintenant utiliser Servais Pinckears, qui r
alise une
ressante th
orie sur la connaissance.
Il choisit de distinguer, dans l'optique de red
couvrir les
"sources de la morale chr
tienne", entre la morale et les
sciences humaines. Mais cela peut aussi s'
tendre sans difficult
notre probl
me. Il pr
cise en effet son objectif: "nous
remonterons jusqu'
la m
thode qui caract
rise et d
termine ces
deux esp
ces de savoir".
CONNAISSANCE MORALE
CONNAISSANCE POSITIVE
Origine de la connaissance de l'acte
INTERIORITE
OBSERVATION EXTERIEURE
Selon sa responsabilit
Selon la simultan
et son intention
et la succession des faits
Rapport entre la connaissance et l'acte
DYNAMIQUE et ENGAGE
STATIQUE et NEUTRE
Jugement pratique.
Jugement objectif.
Intervient sur l'acte de
Puret
de l'observation: ni
on normative ou directive.
direction, ni norme.
Porte sur l'acte A FAIRE.
Porte sur l'acte comme FAIT.
Rapport entre la connaissance et la personne
PERSONNELLE
A-PERSONNELLE
Personne = cause et fin de
Personne = ni
e au
l'action.
profit de l'abstraction.
Objectivit
TRANS-SUBJECTIVE
A-SUBJECTIVE
porte sur le sujet,
porte sur le fait,
qui qualifie l'action.
qui est oppos
au sujet.
Orient
vers le bien.
Sans orientation: froideur.
Universalit
CONCRETE et INTERPERSONNELLE
ABSTRAITE et A-PERSONNELLE
: 1.2. Articuler la science et la morale
Le tableau pr
dent reste tr
s sch
matique. Enferm
dans deux
gories, science et morale ne semblet pas faire bon m
nage...
Mais n'oublions pas qu'il ne s'agit que d'une illustration, une
matisation de r
s qui se compl
tent l'une l'autre.
En effet, m
me si elles s'opposent dans leur fa
d'appr
hender l'homme et son agir, elles ne sont pas contraire.
Leurs m
thodes et leurs points de vue sp
cifiques permettent
ainsi une collaboration fructueuse. Une bouteille de vin n'est
pas un tire-bouchon. Mais l'homme a besoin des deux
la fois
pour se r
jouir le coeur... Voyons donc comment nous r
jouir de
union de la morale et de la science !
Les sciences humaines ont souvent besoin de la science morale
pour d
passer la face visible de l'homme. Avez-vous d
entendu
un statisticien parler d'amour ? C'est tout
fait affreux. On se
croierait retourn
ge de pierre. De la m
me fa
on, les
sciences humaines, et
plus forte raison les sciences physiques
ou biologiques sont incapable de nous instruire sur des sujets
aussi fondamentaux que l'amour, la haine, la v
, le devoir,
la foi, le choix libre, la r
action
la souffrance et au mal...
De la m
me fa
on, n'essayez pas de faire abstraction de la
culture du pays dans lequel vous voyagez: ne laissez pas, par
exemple, une dame se promener en mini jupe dans une ville peupl
de redoutables int
gristes musulmans ! De nombreux facteurs
d'origine sociale, psychologique, historique, ou culturel doivent
ainsi entrer en consid
ration dans un jugement moral.
Ainsi, ces deux esp
ces de v
, si on sait discerner
l'exacte port
e de chacune, ne se contredisent ni s'excluent. Il
faut
tout prix emp
cher que l'une ne pr
tende absorber l'autre
ou l'
carter. Ne pas laisser l'
thique aux mains des moralistes
moralisateurs ou aux gants blancs des vampires des laboratoires
tique...
: 2. Les sciences qui se d
passent
Les acquisitions principales de la science du XX
me si
renouvellent incontestablement notre vision de la science et du
monde. Elles permettent de mieux poser certains probl
majeurs, comme la complexit
, la r
, la rationalit
Elles peuvent ordonner l'intelligence
s'ouvrir
transcendance, au Christ, lumi
re des nations.
: 2.1. Du d
sordre
la complexit
La notion d'ordre, d'origine religieuse, est premi
re: l'ordre
dans le monde est - selon une logique toute platonicienne - le
reflet de la raison divine. Le po
siode (VII
me si
cle avant
sus Christ), comme la Bible en @Gn 1@ font pr
der cet ordre,
fruit de la cr
ation, par le chaos - ou tohu-bohu.
Tout se passe comme si Dieu choisissait volontairement de
suivre les voies les plus simples... les voies les plus belles...
les voies les plus vraies... Cette "religion cosmique" repose en
fait sur un id
al platonicien mythique. Albert Einstein voyait
ainsi dans l'intelligibilit
du monde la traduction de son id
de Dieu.
Mais la d
couverte moderne d'un d
sordre omnipr
sent oblige
s'interroger sur les bases de la science - et par extension - de
toute connaissance.
Une premi
re approche per
oit le d
sordre comme une offense, un
manque, une menace angoissante pour la science elle-m
me qui est
par essence qu
te de l'ordre. Pour vaincre cela, on affirme
vement que le d
sordre n'est qu'apparent, et que derri
re se
cache un ordre parfaitement ordonn
e, et intelligible par des
thodes encore inconnues... Cela a donn
beaucoup de succ
toutes les formes de pr
diction (astrologie, num
rologie,
morphopsychologie...), m
me si cela doit
tre aux d
pens de notre
libert
Une seconde vision plus positive con
oit ordre et d
sordre,
hasard et n
cessit
, chaos et d
terminisme, observation et
pendance comme indissolublement li
s car compl
mentaires: c'est
ce que d'aucun appellent la complexit
Par exemple, c'est
partir du chaos originel, d'un plasma
pratiquement identique que des particules
mentaires
lectrons, neutrons et protons) purent se former. Simultan
ment,
les chocs entre particules tendaient
s'auto-organiser: c'est
dire que si l'organisation est g
ration d'ordre, elle g
re en
me temps du d
sordre, sous une autre forme. Ce principe
caract
rise un syst
me dit "ouvert", capable d'obtenir des
"qualit
mergentes", donc une vie, elle-m
me ins
parable de la
mort. H
raclite ne disait-il pas: "Vivre de mort et mourir de
vie".
De plus, ces processus sont qualifi
s de "r
cursifs",
c'est-
-dire qu'
la mani
re d'une d
monstration math
matique du
me nom, ils s'auto-engendrent, ils s'auto-contiennent, ils
s'auto-conditionnent. On peut dire, comme E. Morin dans "Science
avec conscience" (Ed. Seuil): "le monde est dans notre esprit
lequel est dans notre monde. [...] Le monde que nous connaissons
n'est pas le monde sans nous, c'est le monde avec nous. D'o
paradoxe fondamental: notre monde fait partie de notre vision du
monde laquelle fait partie de notre monde."
Voil
qui contraste
tonnamment avec la d
finition pr
dente -
somme toute classique - de la connaissance positive. La science
sienne qui consiste
couper" la r
en syst
limit
s suppose en effet qu'il est possible de n
gliger
l'influence de l'environnement sur le syst
me. Que dire alors,
lorsque l'on veut enfermer la m
orologie dans quelques formules
matiques ? On a d
montr
que cela
tait impossible: tout
me chaotique (c'est
dire dont une infime modification des
conditions initiales entra
ne une totale variation du r
sultat)
ne peut
tre ramen
un ensemble d
terministes de sous-syst
D'une fa
on parall
le, l'al
atoire intervient de plus en plus
dans les
tudes scientifiques. L'av
nement de la m
canique
quantique fait entrer la physique dans l'aire des probabilit
avec tout le cort
ge de paradoxes que cela entra
ne, autant au
niveau m
taphysique que physique ! Complexit
et ind
terminisme
sont indissociables dans la science actuelle.
L'id
e d'un Dieu
la fois un et totalement pr
sent dans
chacune des trois "personnes" de la Trinit
s'inscit d'ailleurs
parfaitement dans ce cadre.
: 2.2. La r
bouscul
Une nouvelle vision de la r
voit le jour,
travers les
multiples th
ories de la physique th
orique. Une r
s'oppose
l'objectivit
de la connaissance positive, comme elle
est pr
e en 1.1.
Les ph
nes apparaissent de plus en plus comme CONSTRUITS
par l'op
rateur: les objets ne prennent sens qu'
travers le
filtre de l'exp
rience humaine. L'op
rateur influe en effet sur
l'exp
rience elle-m
me, de fa
on in
vitable. Le r
el n'est plus
positivement apr
hendable. On atteint alors les limites de la
science positive.
Certains scientifiques, comme Bernard d'Espagnat, distingue
empirique (l'ensemble des ph
nes d
terministes) et
pendante (qui forme un ensemble ni explorable ni
descriptible). Cette derni
laisserait des traces
visibles, des ombres, dans notre monde empirique. Ceci ne reste
qu'un postulat - donc non d
montrable -, mais qui s'accorde de
on particuli
rement satisfaisante
tous les enseignements de
canique quantique.
La science va donc s'introduire dans un domaine qui franchit
les limites de l'observation. Spinoza apellait cette r
"Dieu". Kant distinguait r
sensible et r
"objet de
l'entendement"... La science s'introduit dans la m
taphysique !
: 2.3. L'irr
versibilit
du temps
Au niveau de l'exp
rience de tous les jours, les
quations de
physique (comme celles de Newton ou Kepler) sont tout
fait
versibles. Remplacez "t" par "-t", et vous pourrez remonter
dans le temps.
las, cela n'est plus possible au niveau microscopique: la
formation des particules
mentaires n
cessitent un temps
orient
de fa
on unique. Il devient impossible d'inverser le
temps... adieu les r
ves de voyage dans le temps !
Cela a toutefois l'avantage de contredire les savants qui
utilisaient le principe de la r
versibilit
du temps, pour
combattre la conception jud
o-chr
tienne du temps, donc de
l'Alliance, et du Salut en J
sus Christ.
: 2.4. Le principe anthropique
La cosmologie relativiste permet d'
tudier la naissance
ventuelle de l'Univers et son
volution. Elle se contente d'
rent et compatible avec l'ensemble des donn
es d'observation.
Mais des questions telles que "Pourquoi l'Univers est-il cr
ou "Pourquoi est-il comme il est ?" sont du ressort de la
taphysique.
Le premier argument cosmologique de type anthropique (qui tend
baser son processus explicatif sur la pr
sence de l'homme dans
l'univers) est d
Dicke (Nature, 192, 1961). Il note la
disproportion vertigineuse entre l'
chelle humaine et l'
chelle
cosmique: 10 ^ 25... et cela correspond - par un truchement
quations -
un Univers d'un
ge de l'ordre de dix milliards
d'ann
es, date
partir de laquelle la vie pouvait appara
tre sur
une plan
te. Dicke en conlue que cette constante de 10 ^ 25 est
caract
ristique de tout Univers habit
par des
tres vivants.
Cet argument est, selon la formulation de B. Carter, un
principe anthropique "faible". La forme forte du Principe
Anthropique est plus g
rale et plus sp
culative: elle stipule
que l'Univers tout entier doit
tre adapt
l'apparition
d'observateurs. La cr
ation de la vie serait donc la condition de
la cr
ation de l'Univers.
Ce principe "fort" est confirm
par l'extraordinaire ajustement
des param
tres de l'univers. Modifier, ne serait-ce que tr
rement, la constante de couplage, la courbure de l'Univers,
son Isotropie, sa masse totale, son nombre de dimensions (3),
l'existence m
me des particules
mentaires entra
nerait des
quences funestes pour l'homme.
La question que l'on peut se poser est de savoir pourquoi tant
de param
tres influent sur l'apparition de l'homme... Fruit du
hasard diront certains ? Mais le hasard n'explique pas
l'abondance des caract
ristiques qui montrent - tel le doigt de
Dieu chez Michel Ange - l'homme comme point de convergence de
l'Univers. Tout juste peut-il dire qu'il peut exister d'autres
Univers sans homme.
: 3. "Je suis la lumi
re du monde"
: 3.1. L'univers s'auto-engendre-t-il ?
Ce n'est pas parce que le monde est r
cursif qu'il est sa
propre origine et sa propre fin. L'Univers ne serait-il qu'une
serte au milieu de l'oc
an du n
ant ?
On ferait ainsi une gr
ve confusion entre ph
ne structur
transcendante. Il s'agit, par un transfert de
vocabulaire du local
l'universel, d'affirmer l'auto-
engendrement de l'Univers. Dieu deviendrait l'Univers. Ou plut
l'Univers deviendrait Dieu. C'est ce que le New Age tente
d'imposer par leur th
orie des
nergies humaines subtiles, qui
appartiennent
l'Univers.
Il s'agit d'un panth
isme de type effusion, dissolution ou
confusion (on appelle "panth
isme" tout effort pour
aliser une union mystique avec le tout).
Theilhard de Chardin s'opposa
ce panth
isme de confusion, o
Dieu devient le Tout, et le moi tend
s'identifier avec le Tout,
perdre conscience de ce qu'il comporte de personnel. Dans cet
effort d'union mystique avec le Tout, il n'appara
t aucune
composante
volutive.
Voil
un danger tr
s important aujourd'hui pour les relations
entre science et th
ologie: lorsque l'on utilise une projection
statique de la r
transcendante sur la science. Un
scientomorphisme tr
ducteur, en quelque sorte !
: 3.2. La science nous livre-t-elle la pens
e de Dieu ?
Selon cette conception scientiste, l'homme peut trouver dans
l'observation la "pens
e de Dieu", c'est
dire ce que Dieu
sire de notre univers. Il s'agit en effet d'un n
alisme
platonicien, qui s'attache
couvrir un sens
partir des
observations, sans aucune intervention divine.
Ce serait
videmment nier toute initiation divine; cela ne
laisse aucune place
la R
lation chr
tienne, ou l'illumination
mystique orientale.
Theilhard d
signe comme panth
isme de convergence celui qui,
la diff
rence du panth
isme de confusion, comprend une attitude
de recherche. Selon cette conception, Dieu est Tout en tous. Le
sujet cherche
rejoindre le centre o
tout s'ach
La conception scientiste que nous
tudions est une premi
variante de ce panth
isme: nous l'appellerons panth
d'unification. Selon cette th
orie, le centre de l'
volution na
de la cor
flexion. Il s'agit donc d'un centre virtuel et
simplement collectif: c'est la science qui d
finit son centre.
On voit resurgir le principe anthropique. En effet, celui-
coupl
au panth
isme d'unification, pourrait facilement d
raper
vers une interpr
tation humaniste de l'Univers: l'homme serait le
centre, le sommet mais aussi le point de d
part de la cr
ation.
Cela n'est pas sans rappeller les th
ories ath
es comme les
panth
ismes humanitaires (effort pour servir le progr
s) ou
rialistes (
volutionisme marxiste o
la mati
re doit
s'auto-cr
er de fa
on dialectique), sans oublier le New Age, qui
s'attache
placer l'homme au centre de l'Univers.
Cette conception provient donc d'une connaissance scientifique qui
borde de son propre cadre pour mettre la main sur Dieu. Dieu
ne serait plus que le produit du moi, ou plut
t d'un moi
collectif. Ce point de convergence ne ressemble alors plus du
tout
notre conception du Dieu jud
o-chr
tien r
s'agirait plut
t d'une id
le, d'une cr
ation de l'homme.
Voil
comment la connaissance la plus neutre possible (observer
les astres et
tudier l'Univers) peut devenir un scientisme
frustrant et id
latre. Une gnose qui rend l'homme esclave de sa
propre perception de l'Univers.
: 3.3. Le concordisme
Voi
i une autre erreur, qui va dans le sens inverse du
dent. L'exp
rience est i
i vue comme possibilit
de prouver
l'existence et la vie de Dieu.
Mais il s'agit en fait de r
rer la foi pour faire parler la
science sur ce qu'elle ne s'occupe pas. Il s'agit de sauter les
questions de "sens" pos
e par la science, pour en
laborer une
illustration qui concorde tout
fait avec la vision chr
tienne.
Un bon exemple de cette d
marche est le livre de Jean Guitton
et des fr
res Bogdanov: "Dieu est la science". Le tirage a beau
avoir
astronomique, les r
flexions philosophiques sembler
passer
la vitesse de la lumi
re du point de vue physique
l'ordre de la m
taphysique, puis, dans la lanc
un discours
ologique. Cela a pu r
concilier certains croyants avec la
science. Cela a aussi r
beaucoup de penseurs !
Voil
comment r
rer Dieu, et enfermer son visage dans une
projection scientifique. Un scientologisme r
ducteur et
irrespectueux en quelque sorte !
: 3.4. Le Panth
isme d'union
Theilhard adopta une seconde variante du panth
isme de
convergence, oppos
e au panth
isme d'unification.
Cette conception dynamique correspond
l'accueil du Christ en
l'homme nouveau, de @Col 3,10@ et surtout @1Co 15,28@:
" Et quand toutes choses lui auront
soumises,
alors le Fils lui-m
sera soumis
Celui qui lui a tout soumis,
pour que Dieu soit tout en tous. "
Le Centre de l'
volution est cette fois-
i bien r
el et
transcendant. Il s'agit du Christ, dont l'incarnation assume de
on myst
rieuse
la fois la divinit
et la cr
ation. Un visage
du Christ
la fois "Dieu-Alpha" (plac
aux origines du monde) et
"Dieu-Om
ga" (plac
l'aboutissement du monde").
La nouvelle face de Dieu qui se r
le dans une vision du monde
en cosmog
se est celle d'un Dieu consid
comme immerg
dans
volution, ce qui n'exclut pas sa transcendance primordiale
(celle du Dieu biblique de la G
se ou de l'Islam). Teilhard
distingue ainsi, sans les oppposer, le "Dieu de l'en-avant" et le
"Dieu de l'en-haut". Il parle de la "diaphanie christique", c'est
dire d'un univers transparent qui permet au regard purifi
adapt
d'y discerner la pr
sence du Christ.
Panth
Cr
er une union mystique avec le Tout.
/ \
/ \
panth
isme de confusion panth
isme de convergence
Tout = Dieu = moi. Dieu = point de convergence
Vue statique. d'une
volution.
/ \
/ \
panth
isme d'unification panth
isme d'union
Dieu = convergence des Dieu = r
el et
r
flexions. transcendant.
Dieu = fruit de la cor
flexion. Dieu = existe en soi.
: 4. Conclusion
La vision de Teilhard constitue me semble-t-il une
thique de
la connaissance extr
mement int
ressante.
Elle permet en effet d'assumer parfaitement les connaissances
cosmologiques ou physiques les plus pouss
es, dans une vision de
Foi v
ritable. Ce n'est pas pour rien que le p
re de Chardin
cultivait une d
votion toute particuli
re au coeur de J
sus !
Il nous met en garde contre une mauvaise gestion des autorit
des connaissances. Dans une lettre
V.Fontoynont: "La capacit
d'aimer ne se s
pare pas impun
ment de son objet naturel:
vouloir isoler maladroitement notre coeur de l'amour de l'Union,
ne risque-t-on pas de le tuer ? [...] reconnaissant l'action
atrice et formatrice de Dieu dans toutes les caresses et dans
tous les heurts, dans toutes les passivit
vitables et
ductibles."
Son anthropologie est tout aussi pertinente:
"l'Homme, non pas centre statique du Monde - comme il s'est cru
longtemps; mais axe et fl
che de l'Evolution, - ce qui et bien
plus beau." (Prologue du "Ph
ne humain")
Teilhard rejoint en cel
Dante et le vers qui cl
t le dernier
chant du "Paradis":
"L'amour qui meut le soleil et les autres
toiles."
Il permet de r
soudre aujourd'hui l'
ternel probl
me: o
placer
le Christ dans l'univers de la connaissance ? Quelle est vraiment
sa place sp
cifique ?
La clef de toute
thique de la connaissance est l'ouverture
la transcendance. Rester cantonn
aux seules sciences enferme
l'homme dans un agir, une morale "bancale", sans valeurs
rieures stables. L'ouverture au Tout Autre permet d'
manciper
l'homme de bien des contingences. Toutefois, une mystique
ritable ne cesse pas d'avoir les pieds sur la terre: les
sciences permettent de faire
voluer l'intelligence, cette
intelligence humaine qui se laisse interpeller par son Dieu. Un
Dieu qui aime sa cr
ation jusqu'
donner son Fils pour les
hommes, cr
atures cr
son image.
: III. ANNEXE
: Principe anthropique fort
Cons
quences anthropiques des modifications
de la constante de couplage
INTERACTION
DIMINUTION
AUGMENTATION
Forte
- seulement des
- noyaux lourds
noyaux d'hydrog
ne
- pas d'
toiles
- pas de carbone
- pas de carbone
Electromagn
tique
- pas de liaison
- peu de r
actions
mol
culaire
chimiques
Faible
- que de l'h
lium
- pas de supernovae
- pas d'eau
- pas d'
ments
- pas de cycle de
lourds
combustion nucl
aire
de l'hyrdrog
ne
Gravitationnelle
- pas de r
actions
- dur
e de vie des
thermonucl
aires dans
toiles tr
s courte
les nuages stellaires
- pas de supernovae
- pas de plan
tes
Cons
quences anthropiques de modifications
des propri
s de notre Univers
PROPRIETE DE L'UNIVERS
CONSEQUENCES DES MODIFICATIONS
Courbure de l'Univers
augmentation => effondrement de
( reli
e au rapport
l'Univers trop rapide pour la cr
ation
densit
actuelle /
de carbone
partir des
toiles.
densit
critique)
diminution => pas de formation de
galaxies.
Isotropie de l'Univers
Difficult
de formations de galaxies
dans des Univers anisotropes.
Masse totale de
e du cycle expansion-contraction
l'Univers (si ferm
trop court pour donner des plan
partir des
ments lourds des
toiles
Nombre de dimensions
n > 3 => difficile d'imaginer des
de l'espace (n)
syst
mes nerveux d
velopp
s
n < 3 => pas d'orbite plan
taire,
ni d'atomes stables
Identit
des parti-
le principe d'exclusion de Pauli ne
cules de m
me type
s'appliquerait pas => alt
ration des
tres vivants
Existence des parti-
comment la vie pourrait-elle exister
cules
mentaires
sans particule mat
rielle ?