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1995-04-11
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772 lines
:L'athéisme contemporain
:
:
: L'ATHEISME CONTEMPORAIN
:
:
d'après plusieurs conférences du Père Marie Dominique Philippe, op
(cassettes Diakonia 245AB)
:
: I. L'ATHEISME CONTEMPORAIN
#1
Même si nous sommes croyant, nous pouvons être philosophe...
c'est même souhaité. Parce que la Foi ne suprime en rien la
possibilité pour l'intelligence de cheminer selon ses exigences
propres de raison et de logique.
Notre sujet est très vaste. Il s'agit içi de dresser comme un
grand panorama de ce problême qui caractérise notre philosophie
actuelle.
: 1. Les sources grecques
#10
Notre philosophie occidentale est née en Grèce. Merleau Ponty
aime les appeller "les fondateurs". Revenons toujours au berceau,
lors d'un problême. Ces derniers temps d'ailleurs, la
philosophie, surtout en Allemagne est beaucoup revenue à nos
pères grecs (avec Heidegger, etc...).
On comprend qu'il faut se former à ceux qui ont commencé à
philosopher. Le premier moment de la philosophie grecque est
caractérisé par la conquête de l'intelligence, du logos sur les
traditions religieuses. Celles-çi ne sont pas attaquées, mais
elles ne donnent pas une satisfaction suffisante pour
l'intelligence. Ce n'est que progressivement, par les traditions
religieuses, la philosophie religieuse. Mythe et logos ont
toujours fait bon ménage.
Cette philosophie n'est pas du tout unifiée. Et, c'est
d'ailleurs très curieux, chaque tendance philosophique a commencé
a s'exprimer à cette époque reculée !
Les Sophistes font apparaître la critique religieuse et
l'athéisme, sans trop le proclamer à cause de la "religion
d'état". A cette époque, on se servait des dieux pour maintenir
une justice politique.
Socrate, quand à lui, possédait un "demon" intérieur, une
intériorité religieuse différente de la religion officielle. Ce
qui lui a d'ailleurs valu sa mort malheureuse.
A sa suite, Platon et Aristote élaborèrent leur philosophie
dans le climat de religiosité ambiante: pour eux, impossible
d'être athée.
Puis, il y a eu une dispersion un peu dans tous les sens, pour
terminer avec Plotin. Mais la philosophie grecque se réalise
toujours dans un fond de tradition religieuse.
: 2. La pensée chrétienne
#20
La grande période du Christianisme, des Pères de l'Eglise et
des théologiens va suivre jusqu'au 15ème siècle. Le problême
philosophique va alors se poser d'une manière toute différente:
essayer de comprendre comment la Foi chrétienne (des Pères de
l'Eglise), ou la Foi musulmane (en Arabie) ou juive (Philon
d'Alexandrie), va s'exprimer dans l'intelligence de la
philosophie.
A cette époque tout est rapport entre Foi et intelligence,
comment la philosophie peut-être servante de la Foi et de la
Parole de Dieu. Les théologiens vont donc puiser dans tout le
patrimoine grec: en commençant par les stoïciens, puis les
néo-platoniciens et Platon, et enfin Aristote, redécouvert par
les arabes musulmans (tel Averroès), puis Albert le Grand et
Thomas d'Aquin.
Cette période n'est pas une éclosion philosophique. La Foi
demande aux croyants d'entrer dans la philosophie grecque, pour
essayer de réfléchir sur la Parole de Dieu de façon plus
profonde. La sagesse philosophique est utilisée pour élaborer une
sagesse théologique.
#21
Voilà le coeur du problême: comment l'autonomie de la sagesse
philosophique pourra-t-elle devenir la servante, toute dépendante
de la Foi... Et, à un moment donné, on voit comment, de fait, les
théologiens, se servant plus de logique que de métaphysique, ont
pris une orientation douteuse dans ce que l'on a appelé la basse
scolastique.
En réaction, on tenta de retrouver la métaphysique de Saint
Thomas en partant de la Somme Théologique. Voilà l'erreur
capitale: on a voulu extraire de la théologie de Saint Thomas une
métaphysique, oubliant que la métaphysique au service de la Foi
devait devenir une servante. Il en reste une métaphysique qui a
perdu sa dignité de sagesse: elle avait perdu son ordre propre,
ses principes propres, en devenant un outil théologique.
La métaphysique qui en a résulté fut une métaphysique laïcisée,
quelque peu bancale: on a retrouvé la servante, et on croit avoir
la sagesse ! Il ne restait plus que des notions, des concepts,
des définitions incomplètes, puisqu'elles ont été déformés par
leur utilisation théologique.
Par exemple, le jésuite Suarez, grand instigateur du renouveau
métaphysique, proclame que la métaphysique commence par la notion
d'être. Malheureusement, pour Saint Thomas, comme pour Aristote,
c'est l'expérience qui doit être première... Ce n'est pas du tout
la même chose de commencer par l'idée ou l'expérience ! Heidegger
l'a très bien saisi, lorsqu'il dit qu'on ne peut pas rejoindre
l'être par l'idée, puisque l'être est premier, et que l'idée
n'est pas première, puisque dépendante de la réalité.
Pour vraiment retrouver la métaphysique de Saint Thomas, il
faut avoir le courage de revenir aux sources, c'est à dire à
Aristote, et non au produit transformé qu'est la Somme
Théologique de Saint Thomas (et non la Somme Philosophique, comme
certains s'imaginent...).
Aristote expérience -> sagesse philosophique
┌────┘
Saint Thomas Foi + -> théologie
= sagesse théologique +
idées philosophiques (être)
┌──────┘
Suarez Foi + -> théologie bancale
car coupée de l'expérience
: 3. La philosophie "moderne"
#30
N'oublions pas que les professeurs de Descartes (1596-1650)
furent disciples de Suarez. L'on comprend alors pourquoi il a
réagi si violemment contre les théologiens, et a cherché à tout
prix l'indépendance de la philosophie.
Descartes n'a pas, en homme intelligent, trouvé les idées
philosophiques de Suarez à son goût. Les idées sont nécessaires,
on peut en avoir, mais elles ne peuvent en aucun cas devenir un
point de départ satisfaisant: il faut tout le temps revenir à la
réalité.
Toutefois, Descartes, comme ses maîtres théologiens, n'est pas
revenu à la réalité. Son point de départ est le "cogito", la
pensée; cela a donnée l'ontologie, la "science de l'être". Pour
l'ontologie, Dieu est nécessaire pour être le garant de la
certitude et de la vérité de la pensée humaine. L'être suprême
permet de ne plus tomber dans le doute ou l'erreur... c'est une
manière de se servir de Dieu, comme prétexte aux idées. Mais on
ne peut pas découvrir Dieu si on se sert de Lui: Dieu est un
absolu, et se découvre comme tel, loin des idées ou des concepts.
A partir de ces idées philosophiques, servantes de la
théologie, on obtient une métaphysique qui n'a plus la dignité de
la métaphysique. C'est presque une idéologie: on commence à faire
de la philosophie à partir des idées.
Sitôt Descartes, naissent Spinoza (1632-1677) et Malebranche
(1638-1715), et l'ontologisme: l'homme ne peut être connu que
dans la lumière de Dieu, comme si la philosophie était devenue
nostalique de la théologie. Alors qu'en réalité, la philosophie
cherche à comprendre l'homme pour lui-même, à partir de ses
activités. Par le fait même, on ne comprend plus l'autonomie
fondamentale de l'homme.
En réaction contre ce courant très puissant, est né l'anti-
ontologisme. Il devient alors nécessaire de proclamer l'athéisme,
et ce qui apparaît depuis la modernité (depuis 150 ans): les
idéologies athées.
En fin de compte, cette scission provient de nos grands pères
théologiens: les philosophes sont des chercheurs, et n'aiment pas
beaucoup les théologiens qui connaissent, par révélation. Le
théologien sait, il affirme de façon souvent très dogmatique;
mais attention, il doit être doublé d'un homme.
Un bon théologien doit être soit un contemplatif doublé d'un
philosophe, ce qui donne une théologie vivante, soit alors (si on
est ni contemplatif ni philosophe) un professeur de théologie,
qui répète, ce qui donne des manuels... On comprend très bien
comment la théologie, si elle n'est pas vivante, devient
tyrannique, enfermée dans un système.
Dans l'histoire de la pensée occidentale, on assiste à une
théologie quelque peu tyrannique, d'où la réaction profonde d'un
Descartes, puis des anti-ontologistes.
THEOLOGIE ONTOLOGISME
sagesse théologique Dieu nécessaire => pas autonomie
+ ─────> + de l'homme
idées philosophiques science de l'être => philosophie
coupée du réel
: 4. La pensée sans Dieu
#40
Il ne reste plus, pour "sauver l'homme", pour redécouvrir
l'autonomie et la liberté fondamentale de l'homme, que de
s'échouer dans les idéologies athées. Le Père de Lubac
caractérise l'athéisme contemporain comme un soucis de libérer
l'homme totalement, puisque l'ontologisme ne respecte pas toutes
les dimensions de l'homme. C'est pourquoi chacune de ces
idéologies sont des anthropologies, c'est-à-dire des visions de
l'homme.
: KANT (1724-1804)
#41
C'est un agnostique, pour lui ce qui n'est pas expérimental
est inconnaissable. Mais il est aussi un croyant. Son rôle fut
très important: il est le premier à s'opposer violemment à
l'ontologisme, à donner son indépendance à l'intelligence humaine
par rapport à Dieu.
Descartes s'appuyait sur les Mathématiques. Il veut donner une
certitude philosophique.
Kant s'appuie sur la physique, et notament sur les travaux de
Copernic. Il cherche où il peut y avoir une vraie philosophie, et
comment elle peut s'appuyer sur la physique et l'expérience: il
reconnaît l'impossibilité d'une métaphysique.
En effet, la métaphysique de son époque n'est pas celle
d'Aristote - il ne la connaît d'ailleurs pas -, il s'agit de
celle de Wolf, dans la ligne directe de l'ontologisme de Suarez:
dont le coeur est l'idée d'être. Kant montre alors qu'on ne peut
jamais rejoindre la réalité existante à partir de l'idée d'être.
Les idées donnent une signification de la réalité, mais ne nous
disent pas ce que représente l'existence proprement dite.
: HEGEL (1770-1831)
#42
Répondra à Kant, en redécouvrant le fonctionnement de
l'ontologisme, c'est à dire le repliement sur la pensée et son
développement. La dialectique permet de caractériser le
cheminement de la pensée philosophique.
Pour Hegel, l'esprit, dans la mesure où il pense, doit
s'identifier avec Dieu: il n'est ni athée, ni ouvert à la
transcendant. Il rejoint l'ontologisme ultime, où l'esprit
s'identifie avec Dieu. Toute son oeuvre est un gigantesque
argument ontologique qui tend à démontrer cette identification.
: FEUERBACH (1804-1872)
#43
Il est la clef pour comprendre toutes les autres idéologies
athées. Son anti-ontologisme a pour but d'exalter l'homme. Il se
qualifie d'ailleurs de "second Luther". Il prétend découvrir la
véritable religion, et "L'essence du Christianisme", comme se
nomme son oeuvre maîtresse.
Pour lui, l'être religieux est celui qui comprend quelle est la
grandeur de l'homme, et se met à son service. Il donne ainsi au
mot "religieux" un sens tout à fait nouveau, puisqu'il le coupe
de toute transcendance !
Son âme essentiellement religieuse se fourvoit dans le péché
originel: découvrir la source de toute religion non pas en Dieu,
mais dans le coeur de l'homme... @Gn 3,5@
: MARX (1818-1883)
#44
Marx n'était pas une âme religieuse. Il avait plutôt, comme
certains le disent, un sens aigu de la justice. C'est un
professionnel de l'éthique politique, au niveau communautaire.
Dans sa perspective, il veut exalter au plus au point la
"praxis", le travail. Mais son éclairage du travail est tout à
fait particulier: il s'agit pour lui, à la lumière de Feuerbach,
de libérer le travailleur.
Feuerbach: libération de l'homme religieux
Marx: libération de l'homme travailleur
Engels et Lénine nous montrent des formes différentes du
Marxisme. Mais il s'agit toujours de libérer l'homme d'un être
supérieur, puisque c'est le "big boss", le grand patron. En
effet, si on maintient la dépendance à l'égard de Dieu, on peut
sauvegarder toutes les autres dépendances. En niant l'homme
religieux, Marx cherche à libérer le travailleur.
: NIETZSCHE (1844-1900)
#45
L'athéisme de Nietzsche correspond à une libération de l'homme
par une volonté de puissance, ou plutôt par le point de vue de la
création.
Il dit lui-même:
"Si Dieu est créateur, je ne peux pas être créateur.
Or, je suis créateur, donc Dieu n'existe pas."
Nietzsche possédait un sens très aigu de la création
artistique. Il n'y a qu'à regarder son fantastique instinct
poétique.
Dans sa jeunesse, il était très pieux, cultivant une très
grande foi. Et certains se demandent s'il n'a pas gardé toute sa
vie une espèce de nostalgie d'âme mystique.
Dans sa quête éperdue d'absolu, il écarta la transcendance.
Alors, par la quête du sur-homme, par un homme qui serait sa
propre création, il attribuera à l'homme la potentialité
créatrice de Dieu.
: CROCE (1866-1952)
#46
Croce, au point de départ, était catholique. Mais, traversant
une crise religieuse très prononcée, il s'est servi non pas de la
prière mais de son intelligence. Les multiples ouvrages
d'apologétique lui paraissant comme absolument froids, il échoua
dans la philosophie hégélienne. Il ne cherchait pas à découvrir
Dieu en lui, par la prière, mais au contraire à repousser Dieu de
plus en plus loin.
L'expression artistique lui semble aussi fondamentale pour la
libération de l'homme. Mais non pas par la création artistique
(comme Nietzsche), mais par l'oeuvre artistique.
Voilà le résultat des courants ontologiques, qui relativisaient
trop l'homme par rapport à Dieu. Dans chacune de ces idéologies,
on retrouve la dialectique Hégélienne prise dans un sens
différent.
: COMTE (1798-1857)
#47
Son athéisme est d'une certaine manière plus facile à
comprendre. Il s'agit du positivisme, la réduction de la
métaphysique à la méthode scientifique: la science seule peut
sauver l'homme.
Nous ne sommes plus, avec Auguste Comte, dans un climat de
dialectique hégélienne, qui oppose Dieu et l'homme. Il s'agit içi
d'une éxaltation de la science. Le scientisme n'est pas vraiment
philosophique: le raisonnement est souvent beaucoup plus naïf
chez Comte que dans l'oeuvre magistrale d'Hegel et de ses
descendants.
:
: II. LES 7 IDEOLOGIES OCCIDENTALES ET LES 7 BEATITUDES
- Béatitude, vie chrétienne et dons de l'Esprit -
:
: 1. Introduction
#210
Chacune de ces 7 idéologies qui ont investi notre société ont
une vision de l'Homme, une anthropologie propre.
Positivisme: anthropologie scientifique
etc...
Ces idéologies athées, qui rejettent les dimensions
religieuses au sens fort (dépendance vis à vis de Dieu),
proposent une éthique humaine très particulière.
Mais nous allons montrer, dans une perspective chrétienne, le
regard que doit avoir celui qui a découvert le Christ. Le
Christ, lui aussi, a proposé une nouvelle vision de l'Homme. Les
béatitudes sont la chartre de son anthropologie d'éthique
chrétienne.
Ces béatitudes, selon une tradition ancienne (Saint Augustin,
puis Saint Thomas...) sont très attachées au don du Saint
Esprit. Certains théologiens modernes, qui le regardent de
l'extérieur, considèrent cela comme factices... Mais les 7 dons
du Saint Esprit transforment l'anthropologie chrétienne.
#211
Nous allons chercher à savoir si, de fait, ces grandes
idéologies athées ne sont pas à rapprocher de ce qui est montré
dans le livre de l'apocalypse. Les sept têtes de la bête de la
mer, alliance de Lucifer avec l'Homme, proclament 7 blasphèmes:
Dieu n'est pas juste, Dieu n'existe pas... Quand l'homme dit
cela, il va au plus loin du blasphême, car il se coupe
totalement de Dieu.
@Ap 12,3 13,1 17,3 17,7@
Les idéologies athées ont tous un apriori affectif: elles
s'opposent constament à l'Agneau, à Jésus, à Marie. Nous allons
essayer de découvrir la richesse théologique des béatitudes, face
au phénomène nouveau d'anti-Christ, vieux de 130 ans: "l'homme ne
peut atteindre Dieu, car il n'existe pas".
Notons aussi que Jean Paul II a dit, lors de sa première
rencontre à Paris avec les évêques, que l'Eglise vivait
aujourd'hui une "méta-tentation", une tentation d'auto-
suffisance, une fausse exaltation de l'homme qui croit pouvoir
se sauver lui-même.
:
: 2. Les béatitudes et le lien du Saint Esprit.
: 2.1. Béatitude des pauvres de coeur
#221
@Mt 5,3@
Le don de crainte, (la crainte filiale, aimante) a pour
particularité de permettre à l'homme de s'effacer devant Dieu.
Le propre de la béatitude des pauvres, consiste en reconnaître que
l'homme ne peut découvrir seul sa richesse: il doit s'en
remettre à l'Esprit Saint, à l'école de Jésus. La béatitude des
pauvres permet de reconnaître que l'on a aucun
"droit", sinon celui de se savoir dépendant de la volonté du
Père. C'est à dire que l'homme, s'il se replie sur lui-même, se
perd dans une fausse idée de dépassement. Pour grandir, pour
devenir comme Dieu, il suffit de suivre le Christ. Les autres
moyens sont infiniments plus lents...
Ainsi, la volonté du Père, incarnée dans le Coeur de Jésus,
doit tout prendre en nous. Ainsi doit-on la respecter infiniment.
: 2.2. Béatitude des miséricordieux
#222
@Mt 5,7@
Elle relève du don de piété. La miséricorde implique la
connaissance des misères de l'autre, que l'on fait nôtres...
Ainsi, cela nous afflige, nous blesse: nous voulons alors, par
tous les moyens, aider le pauvre qui souffre, le misérable qui
n'en peut plus.
La béatitude des miséricordes, provenant de la charité, prend
alors possession de notre coeur. Mais il s'agit d'une possession
d'Amour. Une possession constructive: on veut alors, à la suite
du Christ, porter la misère des autres et la soulager.
C'est dans le Christ seul que l'on peut vivre cette béatitude.
On ne peut pas y arriver tout seul; et lorsqu'on s'en approche,
il s'agit en fait d'une participation à l'Amour de Dieu, d'une
façon étonnante: dans ce cas, Dieu se cache, Il ne révèle pas
ouvertement, mais préfère laisser l'amour grandir. Ainsi, toute
miséricorde humaine est comme "ordonnée" vers la béatitude des
miséricordieux.
Le don de piété inonde la charité fraternelle, pour permettre
son plein épanouissement. On aime tellement son frère que l'on
désire l'aimer jusqu'au bout. On ne peut pas prétendre aimer Dieu
sans être miséricordieux vis à vis de ses frères. @1Jn 3,11@
Il y a donc un lien très fort entre don de piété, et le regard
de l'Esprit Saint à travers le coeur de Jésus, pour aimer ceux
qui sont dans le besoin.
Marie, lorsqu'elle va voir Elisabeth, exerce son Don de
miséricorde. Mais c'est aussi son don de piété qui la meut.
Quand Marie reçoit Jean à la croix, c'est le don de piété qui
lui permet de l'accueillir. Sinon, comment une mère pourrait
assister ainsi à la mort de son Fils ? Parce que la très Sainte
Vierge "méditait ses paroles en son coeur", comme le dit Jean
dans son évangile.
: 2.3. Béatitude des coeurs purs.
#223
@Mt 5,8@
Elle relève du don d'intelligence, qui fleurit dans cette
béatitude. Le don d'intelligence permet d'aller toujours au delà
des apparences. Il s'agit alors d'atteindre en profondeur ce
mystère par notre Foi, transformée par notre intelligence pour
purifier notre coeur.
Le coeur pur, c'est celui qui ne veut pas se ternir: c'est une
exigence au service de l'Amour. Pour éloigner ce qui risque de
ternir notre coeur, on a besoin d'une intelligence au service de
l'Amour.
Cet Amour doit s'épanouir pleinement lui-même, tout entier
relatif à Celui qu'on aime; ici, Dieu, le Père, Jésus. Un coeur
qui ne veut vivre que de ce que Jésus donne; c'est une très
grande exigence: cette béatitude ne peut pas s'arreter aux
"options" humaines, elle veut aller tout de suite au mystère, s'y
accrocher et en vivre.
Car seul le mystère peut vraiment être pour nous objet de
contemplation. Le don d'intelligence va permettre à note Foi de
devenir une Foi contemplative, qui dépasse toutes les choses
extérieures, pour atterir au mystère.
: 2.4. Béatitude des pacifiques.
#224
@Mt 5,9@
Elle relève du don de sagesse, don contemplatif par excellence.
Ce don nous relie de manière particulière à la volonté du Père
sur nous: on aime tout ce que le Père aime, tout ce que Jésus
aime; et on veut aussi l'aimer à la manière dont Jésus l'aime,
dont le Père l'aime.
Quand on est tout entier porté "aux affaires du Père", comme
l'a dit Jésus à sa mère, on ne peut l'être que grâce au don de
sagesse, qui met dans notre coeur un appel pour être attiré à
celui qui est notre amour...
Les "faiseurs de paix", sont ceux qui sont avant tout unis à la
volonté du Père: cette paix devient rayonnante lorsque l'on veut
suivre et transmettre cette volonté du Père, pour permettre aux
autres d'être eux-même des êtres de paix.
Pacifier le coeur de l'Homme, c'est l'unir à la volonté du
Père. Alors, il n'a plus qu'un désir: que les autres vivent aussi
de cette union d'Amour.
: 2.5. Béatitude de ceux qui ont faim et soif de la justice.
#225
@Mt 5,6@
C'est la fleur du don de force.
Le don de force permet d'être fidèle jusqu'au bout, même s'il
faut mourir, jusqu'au martyr. Témoin de la vérité, de Jésus, de
son Amour, de la grandeur de son sacerdoce.
C'est la force divine qui nous permet de considérer comme
méprisable tous les biens temporels: argent, honneur,
puissance... Tout cela n'est rien par rapport au don de nous même
à Jésus, à Marie.
C'est l'Amour victorieux, qui tend à prendre possession de tout
notre irracible, de tout notre concupicible, même si l'on ne
meurt pas d'un martyr sanglant, il y aura notre martyr intérieur:
on offrira toutes nos facultés, toutes les virtualités qui sont
en nous. On ne cherchera plus à les mobiliser pour elle-même,
mais que tout soit donné et reçu avec Amour.
La paix divine ne supprime pas la lutte, les engagements. Les
béatitudes sont complémentaires: paix-justice, intelligence-
crainte.
: 2.6. Béatitude des doux.
#226
@Mt 5,4@
C'est le fruit du don de conseil. Cette béatitude permet de
goûter de manière suave combien Dieu est bon, combien il agit en
nous en Père, avec douceur. A ce moment-là, on exerce une
certaine douceur à l'égard de Dieu, comme à l'égard de ses
frères.
La douceur exige une très grande force. La douceur évangélique,
divine n'est ni une fragilité, ni une faiblesse. Les hommes
fragiles ou faibles ne peuvent pas être doux: il est d'ailleurs
dit dans le livre de l'Exode que Moïse a été l'homme le plus
doux qui soit; pourtant, son premier geste est de tuer un
égyptien qui insulte un hébreux.
Ainsi, la béatitude relève du don de conseil, qui vient du
dedans transformer le point de vue de la prudence. Ce n'est plus
une prudence régie par la droite raison, c'est une prudence qui a
été transformée par la présence infuse de Dieu. Le moyen est
relié à sa fin: le moyen n'est plus considéré comme un simple
moyen, et on l'aime avec toute l'intensité de la fin. Ce don
transforme l'existence humaine, pour l'orienter vers Dieu, et
vivre de son Amour.
: 2.7. Béatitude de ceux qui pleurent.
#227
@Mt 5,5@
C'est curieux: on ne voit pas très bien comment on peut être
bienheureux dans une tristesse...
Mais c'est une tristesse portée par l'Amour: Jésus, à l'agonie,
vit cette béatitude; Il est lui-même consolé par l'ange. Lorsque
nous sommes nous même saisis par la tristesse du péché, la
tristesse de Saint François ("l'Amour n'est pas aimé"), et bien
nous sommes aussi consolé par la victoire de l'Amour divin.
Tous les échecs, toutes les luttes, toutes les tristesses sont
transformées, de l'intérieur, par l'Amour triomphant...
On arrive alors à quelque chose d'encore plus curieux et
magnifique : cette béatitude est liée au don de science. Comment
ce don peut-il être la source de cette béatitude.
Mais ce don permet de discerner ce qui, dans notre vie,
actuellement, est pour nous un objet, une réalité; il peut nous
aider, d'une manière efficace, à découvrir la volonté du Père sur
nous, la volonté de Jésus sur nous. Il ya une sorte d'exaltation
de ce moyen: il peut nous scandaliser, nous stopper.
En effet, ce qui normalement doit conduire à Dieu devient alors
obstacle, devient l'idole: on est tellement pris par le moyen
qu'il devient idole. Le don de science fait alors le discernement
entre un moyen bien utilisé, pour aimer plus, et un moyen mal
utilisé, pour arrêter l'Amour du croyant.
Certains biens d'aujourd'hui peuvent exaltés d'une manière
telle qu'ils deviennent obstacle. Le don de science nous fait
alors pleurer profondément: que les béatitudes sont vécues dans
la lutte, dans un état d'échec apparent. Mais la victoire est
intérieure.
: 2.8. Béatitude des persécutés.
#228
@Mt 5,10@
La victoire éclatera dans le ciel. Chacun des dons est porteur
de victoire, qui a son but dans le Christ.
Nous allons maintenant essayer de voir, à la lumière de
l'Apocalypse, la rage du dragon, de Lucifer contre les
béatitudes.
:
: 3. Les idéologies athées contre les béatitudes.
#300
: 3.1. Le positivisme.
#310
C'est l'idéologie la plus terrible, la plus fondamentale, car
elle n'a pas d'odeur politique: elle unit tous les continents,
l'Est et l'Ouest...
Lénine avait en effet déclaré que le "marxisme devait se
développer selon le progrès de la science".
Elle contamine même des théologiens, des exégètes, des apôtres:
"il n'y a qu'une seule certitude intellectuelle valable: la
scientifique. Tout le reste, ce n'est pas valable, c'est du vide,
du sentiment..." On voit tout de suite ce que cela peut donner
dans des domaines fondamentaux pour notre vie, comme la Bible,
les sacrements (l'Eucharistie est souvent première dans la
liste), la Tradition de l'Eglise et le magistère (il n'y a qu'à
observer les attaques contre Jean Paul II sur des plans de
morale, amplifié par la frénésie irréfléchie des média).
Le positivisme n'est-il pas la caricature du don de science, de
la béatitude de ceux qui pleurent ? La science, vue dans la
lumière du don de science, du don du Saint Esprit, vue avec
Amour: la science, étant une recherche de vérité, est donc bonne
en soi.
Mais si elle s'exalte tellement qu'elle n'accepte pas d'autres
connaissances (dans l'ordre mathématique, physique ou biologique,
ce qui se voit aujourd'hui le plus : Monod a déclaré que
"l'éthique doit progresser selon le progrès de la science", seule
norme de la vie humaine...), c'est intolérable !
Le don de science permet de découvir l'idole qui se cache dans
le positivisme. C'est en effet une idole, de toute pièce créée
par l'homme... Si l'on regarde les premières idoles, grossières,
scultées dans du bois, dans la pierre, on voit que le démon a
"changé sa chanson": il est passé de l'idole grossière au
raffinement total. Le progrès de la science et de la technique,
dès qu'il est utilisé comme norme pour l'Homme, avilie l'Homme.
Ce n'est plus l'Homme qui est la source de la science, c'est la
science qui vient mesurer l'Homme, et empecher d'être pleinement
lui-même.
On voit donc comment le positivisme est une "grimace" du don de
science, de la béatitude de ceux qui pleurent... Les
positivistes, en effet, sont souvent tristes: ils ont perdu le
grand élan de leur vie: ils ne savent plus ce que c'est que
l'Amour. Ils ne recherchent plus leur finalité, ils la rejettent.
Il y a dans le positivisme quelque chose de triste: si l'on est
attentif à eux, on s'apercoit qu'ils sont tristes. Leur tristesse
renferme l'Homme sur lui-même.
: 3.2. Le marxisme.
#320
Il caricature la béatitude des miséricordieux.
Le marxisme veut être miséricordieux à l'égard du travailleur,
il veut proclamer l'internationale pour une justice implacable.
Mais il caricature cette miséricorde: car il s'oppose au don de
piété.
Il y a un certain lien entre la vie sociale de l'Eglise des
premiers temps et l'idéal des travailleurs marxistes, mais le
don de piété n'y est pas. Il ne reste alors plus que le partage
des biens. Sans savoir POURQUOI on le fait. En effet, ce don
permet d'aimer l'autre dans ce qu'il a de plus humain, tandis
que le marxisme ne fait pas aimer l'homme; il va en quelque
sorte chloroformer l'homme en lui faisant croire que c'est dans
la lutte qu'il pourra avoir la justice.
Le marxisme prend son propre travail comme sa propre mesure.
: 3.3. L'athéisme de Nietsche
#330
Il exalte la créativité, il tend vers le sur-homme: c'est la
caricature du don de force, de la béatitude de ceux qui ont faim
et soif de la justice. Par rapport au Marxisme, il y a un lien,
même s'ils sont diamétralement opposés: c'est le travail et la
créativité. L'homme est "homo facere", un homme du faire, qui met
la main à la pâte.
Nietsche caricature la faim et la soif de la justice. Car cette
justice s'approprie la passion, la créativité: c'est ce qu'il
veut réaliser à tout pris. Le don de force est abimé, retourné
vers le sur-homme, et non vers l'Amour.
: 3.4. L'athéisme de Freud
#340
C'est la caricature de la béatitude des pacifiques...
Le freudisme atteint très profondement l'Homme: il détruit
l'Homme dans ce qu'il a de plus humain, en le réduisant à une
structure, à un complexe psychique, à quelque chose qui rate, qui
n'aboutira jamais... terrible !
Le don de sagesse, au contraire, est un don contemplatif, qui
permet de rejoindre la volonté du Père, et d'en vivre, d'y
adhérer pleinement. Le but de Freud, c'est de redécouvrir
l'équilibre: ce n'est pas du tout rejoindre une volonté suprême,
mais retrouver, dans l'immanence propre de l'Homme, retrouver
cette soit-disante paix, en tenant compte de ce complexe
fondamental.
On recherche non pas la paix en Dieu, mais un équilibre
précaire.
: 3.5. Sartre
#350
Sartre est la caricuture de béatitude des pauvres, du don de
crainte. La crainte de Sartre, est au coeur de la néantisation,
de la nihilisation pour découvrir la liberté: on est homme dans
la mesure où l'on met le prima sur le négatif.
Le négatif permet alors d'appréhender ce que c'est que l'Homme.
Il y a là une caricature de la soumission aimante à Dieu, du fait
de laisser passer devant celui qui est l'Amour.
Sartre est diamétralement opposé: au coeur de Sartre, il y a le
prima de la négation. Ce n'est plus la crainte de Dieu, c'est
l'angoisse qui est sa source.
: 3.6. L'athéisme évolutionniste
#360
C'est la caricature de la béatitude des doux, du don de
conseil. En effet, pour un évolutionniste, il faut être de son
temps, il faut s'adapter: ne pas chercher quelque chose, mais
exalter l'adaptation... Quelque chose de relatif, de changeant,
devient absolu.
La béatitude des doux n'est absolument pas cette adaptation,
mais au contraire le fait de porter l'autre par amour, par la
suavité de l'Amour divin.
: 3.7. Le néo-hégélianisme
#370
C'est la caricature de la béatitude des coeurs purs, et du don
d'intelligence: ce que l'on cherche avant tout, c'est de
découvrir la plus grande pureté de connaissance, dans les
mathématiques, les sciences. C'est exactement l'inverse de la
pureté de coeur. C'est une fausse pureté, une fausse clarté.
L'homme, dans la mesure où il est responsable, s'écarte de
Dieu, selon l'athéisme de Longmann. Dieu ne permet pas une totale
responsabilité de l'Homme, selon lui.
C'est comme un grand levier qui commande un peu tous les
athéismes: on rejette tout lien avec Dieu, on exalte l'Homme dans
ses diverses dimensions.
:
: 4. S'ouvrir à Dieu
#400
Toutes ces idéologies athées sont des anti-christs, des
anti-béatitudes, des anti-dons de l'Esprit de Dieu. Toutefois,
attention à ne pas réfuter en bloc toutes les connaissances de
ces pensées. Il y a en effet toujours quelque chose de bon et
d'humain dans chacune: la psychanalyse n'est pas - tant qu'elle
en reste à l'analyse - foncièrement mauvaise. Ce sont les
caricatures idôlatres qu'il faut combattre, puisqu'elles
enchaînent l'homme. Combattre tout ce qui s'est déplacé de
l'ordre de la pensée - donc du relatif scientifique - à l'ordre
de l'idéologie - qui prend un relatif comme absolu.
A nous de découvrir ce qui, dans notre vie, dans nos habitudes
de pensée (nous ne pouvons nier leur influence sur notre esprit),
relève de ces idéologies. Pour le découvrir, il faut se confier
dans la prière, dans l'abandon à la volonté du Père, par les
béatitudes du Christ.
Ce n'est pas une image négative de notre monde qu'il faut
exalter dans cette discussion, mais au contraire son orientation
vers Dieu. Exaltons l'Amour vicorieux de Jésus Christ; suivons
Marie, laissons nous guider par l'Esprit Saint... Méfions nous de
ce qui n'édifie pas l'Amour, et gardons confiance en Lui.