Tout ce qui précède contribuait à faire en sorte que le curriculum soit au coeur des débats qu'animerait la Commission des États généraux sur l'éducation. Déjà, dans le document Exposé de la situation, rédigé à la suite d'une première série d'audiences, les commissaires, rapportant ce qu'ils avaient entendu, insistaient particulièrement:
- sur la reconnaissance d'une priorité absolue envers l'amélioration de la qualité de la langue tout autant que sur le nécessaire rehaussement de la culture générale des jeunes québécois;
- sur le ménage à faire dans la grille-matières du secondaire pour se recentrer sur les matières essentielles tout en éliminant les chevauchements entre les programmes et les redondances d'une année à l'autre;
- sur la nécessité de diversifier les parcours au second cycle du secondaire en laissant la possibilité aux élèves de choisir des cours qui correspondent le plus à leurs domaines d'intérêt et leur permettant l'accès plus tôt à la formation professionnelle;
- sur l'utilité et l'importance de définir des profils de sortie clairs pour la fin de chaque ordre d'enseignement ou même de chaque cycle afin d'assurer un meilleur équilibre entre les cycles et de contrer la compartimentation observée.
Il n'est donc pas étonnant de constater qu'un des dix chantiers prioritaires identifiés par les commissaires dans leur rapport final, rendu public en septembre 1996, a trait à la rénovation des curriculums de l'école primaire et de l'école secondaire.
Le curriculum ayant été fixé il y a plus de 15 ans, pour les commissaires, ½il est clair qu'il est temps de lui faire suivre une cure de rajeunissement pour mieux l'accorder aux demandes et aux changements sociaux╗. Et les commissaires définissaient ainsi les balises de ce chantier:
- ½au-delà des arbitrages qu'il implique sur la place que doit occuper chaque matière, ce renouvellement du curriculum exige un travail de détermination des savoirs essentiels (entendus au sens de savoir, savoir-faire, savoir-être et savoir-vivre-ensemble, selon les termes employés dans le rapport Delors);╗
- ½prenant appui sur le rapport Corbo, mais en procédant aux réaménagements qu'il nous semble utile de faire et en indiquant la perspective qui nous est propre, nous croyons que ces profils de formation devraient s'articuler autour des 6 grands axes suivants: les langues, le champ de la technologie, de la science et des mathématiques, l'univers social, les arts, le développement personnel et les compétences générales;╗
- ½la refonte des curriculums du primaire et du secondaire, qui prendra appui sur les profils de formation établis devra à notre avis tenir compte des principes suivants: respecter la mission éducative de chaque ordre d'enseignement en prévoyant la nécessaire continuité qui doit exister entre eux; englober les trois finalités éducatives et les quatre types de savoir; [...] garder à l'esprit que la poursuite de la formation commune doit s'étendre jusqu'à la fin de la 3e secondaire et qu'une diversification est souhaitée pour la suite, assurer un équilibre entre les divers domaines de connaissances, prévoir un étalement équilibré de la matière tout au long de la scolarité; considérer les possibilités d'interdisciplinarité et d'intégration des matières; clarifier la contribution d'autres activités que les cours et d'autres lieux d'éducation; [...]╗.
De la Réforme du curriculum au Renouveau pédagogique
Cette brève chronologie des réflexions et ce travail inachevé sur la rénovation des curriculums allaient amener la ministre de l'Éducation d'alors, madame Pauline Marois, à faire du renouvellement du curriculum la deuxième orientation de sa réforme de l'éducation et à demander que des propositions concrètes lui soient soumises en juin 1997. Certains ont pu trouver ce délai beaucoup trop court pour l'ampleur de la tâche à accomplir. Il faut pourtant prendre en considération, et c'est ce que nous avons voulu illustrer par ces quelques rappels que nous venons de faire, que le groupe de travail n'a pas à refaire de son côté tout le chemin parcouru depuis les dix dernières années. Pour s'acquitter de son mandat, il peut et doit, comme l'a souligné la ministre de l'Éducation dans sa présentation du 24 octobre 1996, "s'appuyer sur les travaux des États généraux, puis sur les avis du Conseil supérieur de l'éducation et sur les rapports de plusieurs groupes de travail". C'est ce que nous avons fait.
Le renouveau pédagogique (Réforme de l'éducation), dont l'implantation est amorcée depuis 2000 dans les écoles québécoises, a fait son entrée au secondaire en septembre 2005. Pour vous aider à bien comprendre les changements qui s'opèrent dans le réseau scolaire, tant au primaire qu'au secondaire, le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport a publié le document
Le Renouveau pédagogique - Ce qui définit le changement. De plus, le 24 août 2006, le Ministre d'alors, M. Jean-Marc Fournier, a rendu publics le rapport préliminaire et les premières recommandations de la Table de pilotage sur le renouveau pédagogique, qui représente les enseignants, les parents, les directeurs d'établissements, les dirigeants de commissions scolaires ainsi que les experts universitaires. Enfin, en décembre 2006, le ministère a rendu public le rapport final de la Table de pilotage qui comporte douze recommandations et leur plan de mise en oeuvre.
Dans le communiqué de presse du Ministre d'alors, on peut lire: ½Le rapport final contient des mesures de mise en £uvre pour chacune des douze recommandations présentées au ministre en août dernier. Il vise à assurer une implantation plus harmonieuse et une plus grande réussite de tous les élèves. ½Dès le mois d'août, j'ai accueilli favorablement les recommandations de la Table et j'ai demandé qu'elles soient mises en application dans les meilleurs délais. Le rapport final confirme que certains faits sont préoccupants et que des correctifs doivent être rapidement apportés. Je suis convaincu que les actions déjà entreprises et les gestes que nous poserons dans les prochaines semaines nous permettront d'atteindre l'objectif que nous partageons tous, soit l'amélioration continue de l'école québécoise╗, a indiqué le ministre.
Les recommandations, prises une à une, ont suscité un très large consensus parmi les membres de la Table de pilotage lors de sa réunion des 18 et 19 décembre (2006). Elles portent sur six domaines : les compétences transversales et les domaines généraux de formation; les compétences disciplinaires; l'évaluation des apprentissages; la formation et l'accompagnement des enseignants; la réussite des élèves; les élèves ayant des besoins particuliers.
Rappelons que la Table de pilotage du renouveau pédagogique est constituée de représentants des enseignants et des comités de parents, de directeurs d'établissements, de dirigeants de commissions scolaires ainsi que d'experts universitaires.
Vous pouvez consulter le
rapport préliminaire, le rapport final et les recommandations sur le site du MELS.
Mentionnons également le rapport de recherche sur la
mise en £uvre du Programme de formation de l'école québécoise au premier cycle du secondaire. Écoles ciblées. Rapport de recherche 2003-2006, rendu public par le ministère en mai 2008.