La réforme du curriculum au Québec

L'origine du curriculum actuel: un peu d'histoire
Il faut remonter à la fin des années 70 et au document L'École québécoise - Énoncé de politique et plan d'action, mieux connu sous l'appellation de Livre orange, pour comprendre la situation actuelle.

Le Livre orange, publié en 1979 après une vaste consultation entreprise sur le Livre vert de l'enseignement primaire et secondaire (1977), proposait une réforme majeure du curriculum pour l'école primaire et secondaire du Québec. On y trouve des énoncés sur les finalités et les objectifs d'éducation de l'école, une description de l'organisation pédagogique de l'école primaire et secondaire qui précise les matières qui y seront enseignées, le temps d'enseignement qui leur sera alloué, ainsi que les règles de sanction des études. On y trouve aussi d'importants chapitres sur la nature des programmes d'études, sur l'évaluation des apprentissages et sur les manuels scolaires. C'est de ce Livre orange que découlait le régime pédagogique de 1981, qui est demeuré en vigueur pendant près de vingt ans.

Les premières remises en cause du curriculum
Quelques années à peine après son implantation, apparaissent les premières remises en cause de ce régime. Aussi tôt qu'au printemps de 1986, les États généraux sur la qualité de l'éducation, qui ont attiré quelque 6 000 participants, ont mis les éléments du curriculum au coeur du débat.

Un des thèmes principaux des discussions, ½L'école, un fourre-tout?╗ s'inspirait largement des courants mondiaux de remise en cause des curriculums: ½Aujourd'hui, des groupes s'inscrivant dans la foulée du rapport américain A Nation at Risk estiment que l'école doit résolument et sans équivoque mettre l'accent sur le développement cognitif et prônent l'abandon des options et la centration du curriculum sur les matières dites de base telles le français, les mathématiques, les sciences et l'anglais comme langue seconde. [...] Au plan des valeurs, quelles seront donc ces choses de la plus grande importance que nous demanderons à l'école de transmettre aux jeunes? [...] Les questions centrales qui se rattachent aux thèmes des apprentissages sont: quels types d'apprentissage allons-nous demander à l'école? quelles sont les responsabilités de l'école en ce qui concerne l'accès aux divers niveaux d'apprentissage, l'évaluation et la sanction? [...]. La tenue des États généraux de l'éducation commande en quelque sorte la réouverture de ces questions╗.

Si peu de retombées concrètes ont découlé de ces États généraux, du moins leur tenue aura-t-elle été l'occasion de mettre clairement sur la table les enjeux et les conceptions en présence. Les discussions sur la nature des curriculums vont par la suite se poursuivre tout au long des dix années qui suivront.

Les travaux et avis du Conseil supérieur de l'éducation
Depuis les années 1980, le contenu du curriculum a été une préoccupation constante du Conseil supérieur de l'éducation. En effet, depuis 1982, le Conseil a émis plusieurs avis sur les champs ou les domaines disciplinaires du primaire et du secondaire. Tous les champs disciplinaires majeurs ont été touchés; des avis ont été émis sur la qualité de l'enseignement du français, sur les mathématiques et les sciences, sur la langue seconde, sur l'éducation artistique, sur l'éducation interculturelle, sur la compétence éthique et enfin, sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication.

Au cours de cette même période, le Conseil a aussi fait porter ses recommandations sur l'une ou l'autre des composantes du curriculum. Des avis ont été émis sur la formation fondamentale et la qualité de l'éducation, sur les visées, la pédagogie et les pratiques de l'école primaire, sur l'évaluation des apprentissages au primaire, sur l'intégration des savoirs au secondaire et sur les apprentissages pertinents à cet ordre d'enseignement ainsi que sur les particularités, les enjeux et les voies d'amélioration du deuxième cycle du secondaire.

Tous ces travaux et toutes ces recommandations auront permis au Conseil supérieur de l'éducation d'émettre, en juillet 1994, un avis de toute première importance sur l'ensemble du curriculum, intitulé Rénover le curriculum du primaire et du secondaire. Dans cet avis, fondé sur une appréciation des forces et des faiblesses des études primaires et secondaires, le Conseil formule notamment les recommandations suivantes: Dans cet avis, le Conseil exprime aussi des jugements et des recommandations sur la nature des programmes d'études et sur leur contenu; de plus, il présente des hypothèses de grilles-matières pour l'école primaire et pour l'école secondaire.

En septembre 1998, le Conseil supérieur de l'éducation poursuivait la réflexion initiée par l'énoncé de politique éducative L'École, tout un programme en émettant un avis intitulé Pour un renouvellement prometteur des programmes à l'école. Analysant les fondements de cette politique gouvernementale, le Conseil s'est particulièrement attardé aux notions d'interdisciplinarité et d'intégration des matières, au coeur de la réforme actuelle.

À la suite de la publication du projet de régime pédagogique de l'éducation préscolaire, de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire en octobre 1998, le Conseil supérieur de l'éducation fit paraître en janvier 1999 un avis sur les enjeux majeurs des programmes d'études et des régimes pédagogiques. Il y abordait notamment les cycles d'enseignement, les compétences transversales et la différenciation des curriculums. Il y soulignait l'importance de rendre le second cycle du secondaire à la fois plus accessible et plus ambitieux, et rappelait l'intérêt d'un diplôme de fin de premier cycle du secondaire en tant qu'outil de motivation.

Les recommandations du Conseil amenèrent le gouvernement à présenter une nouvelle version du projet de réforme, en décembre 1999. Le Conseil y répondit dès février 2000 par un nouvel avis, Le projet de régime pédagogique du préscolaire, du primaire et du secondaire: Quelques choix cruciaux, dans lequel il réitérait certaines recommandations ½toujours pertinentes mais absentes du projet de régime pédagogique à l'étude╗. Parmi ces recommandations, notons celle qui insistait sur l'insuffisance du temps consacré aux activités d'apprentissage au primaire, et celle qui portait sur la valeur et l'ampleur des cours optionnels du second cycle du secondaire.

Ces avis, de même que plusieurs autres publications du Conseil supérieur de l'éducation, sont disponibles gratuitement. Pour les obtenir, consultez le site du Conseil supérieur de l'éducation. Les documents du ministère de l'Éducation, dont ceux portant sur le régime pédagogique, sont aussi disponibles.

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