En 1810, l'auteur amΘricain Washington Irving, alors qu'il Θtait en route pour le Columbia, produisit la description suivante du voyageur:
La tenue de ces gens est gΘnΘralement mi-civilisΘe, mi-sauvage. Ils portent un capot ou paletot, fait d'une couverture, une chemise en coton rayΘ, des pantalons en Θtoffe, ou des jambiΦres en cuir, des mocassins en peau de daim et une ceinture en worsted bigarrΘ, α laquelle sont suspendus le couteau, une blague et d'autres instruments. Leur langue est tout aussi bigarrΘe; ils parlent un patois franτais, ΘmaillΘ d'expressions et de termes amΘrindiens et anglais.
Les voyageurs passent leur vie α parcourir des contrΘes vastes et sauvages au service de particuliers, mais spΘcialement de traiteurs de fourrures. Ils sont gΘnΘralement de descendance franτaise, Θtant pleins d'anecdotes et de chansons et toujours prΩts α danser. Ils ont Θgalement un fond de courtoisie et d'obligeance; et, au lieu de cette duretΘ et de cette grossiΦretΘ auxquelles se livrent souvent les hommes qui mΦnent une vie laborieuse, ils sont obligeants et conciliants les uns envers les autres; ils se rendent mutuellement service, s'entraident et se rΘconfortent dans les situations critiques, s'appellent familiΦrement ½cousin╗ et ½frΦre╗ alors qu'ils ne sont pas apparentΘs. Les aventures et les Θpreuves qu'ils connaissent tous au cours de leur vie prΘcaire et errante augmentent sans doute leur bienveillance naturelle.
Ce sont des bateliers habiles, qui manoeuvrent la rame et la pagaie avec vigueur et adresse; ils peuvent ramer du matin au soir sans murmurer. Le timonier chante souvent une vieille chanson traditionnelle franτaise, comportant un refrain rΘgulier que tous reprennent en marquant la mesure avec leurs rames; si, α un moment donnΘ, ils se relΓchent dans leurs efforts ou si leur moral flΘchit, il suffit d'entonner une chanson pour leur redonner courage et les remettre α l'action.
Ces hommes avaient une vie difficile. Bon nombre sont enterrΘs dans des tombes non marquΘes le long des anciennes routes de portage des fourrures α prΘsent dΘsertΘes. Dans ses vieux jours, le voyageur avait peu de choses pour lui rappeler les annΘes glorieuses de sa jeunesse, sauf ses souvenirs. Cet ancien voyageur, Franτois Gros Louis, montre les traces d'une longue vie de dur labeur en plein air. Les changements qui sont survenus durant sa vie dans le commerce des fourrures ont d√ le laisser quelque peu perplexe et l'ont peut-Ωtre mΩme dΘτu.