Le tank ou char de combat est une arme qui a ÄtÄ prÄcÄdÄe par maints engins, animaux ou corps de troupes destinÄs ê mener de puissantes attaques : les chars des Hyksos (peuple de nomades qui ont conquis et dominÄ l'âgypte de 1700 env. ê 1580 av. J.-C.) et d'autres armÄes de l'AntiquitÄ; les ÄlÄphants dont se servit Darius III contre Alexandre le Grand (puis par les Carthaginois contre les Romains); et aussi la cavalerie des armÄes, qui a ÄtÄ employÄe jusqu'au XXe siÅcle. Tous ces moyens avaient pour objet principal de disloquer les formations d'infanterie de l'adversaire et d'envahir les centres de communication et d'approvisionnement situÄs derriÅre les lignes ennemies. L'infanterie pouvait nÄanmoins, lorsqu'elle Ätait disciplinÄe et qu'elle possÄdait des armes et une tactique appropriÄes, repousser de telles attaques, comme fut le cas lors des batailles de Zama (202 av. J.-C.), de CrÄcy (1346), et de Waterloo (1815). Au cours de la PremiÅre Guerre mondiale, le recours combinÄ ê la mitrailleuse et aux tranchÄes Öta ê la cavalerie son importance traditionnelle sur le front ouest.
Toutefois, la contrepartie des mitrailleuses apparut de fait quand ces nouvelles armes chassÅrent la cavalerie du champ de bataille. Des voitures blindÄes avaient ÄtÄ mises en service dans toutes les grandes armÄes du monde dÅs 1914, mais les Britanniques firent un pas de plus en rÄalisant des engins qui combinaient le blindage, le moteur ê combustion interne, des mitrailleuses et le train de roulement ê chenilles. Ces derniers qualifiÅrent de landships (navires terrestres) les vÄhicules expÄrimentaux ainsi rÄalisÄs, mais ils adoptÅrent ensuite le mot tank, par souci de cacher la nature vÄritable de ces vÄhicules. Les premiers tanks entrÅrent en action ê Flers-Courcellette le 15 septembre 1916. Leur intervention ne fut alors pas une grande rÄussite en raison de l'inexpÄrience des Äquipages, des incidents mÄcaniques et de la mauvaise tactique suivie. Les troupes ennemies furent cependant terrorisÄes et ne purent s'adapter ê la guerre des blindÄs jusqu'ê la fin des hostilitÄs. Les chars de combat finirent toutefois par jouer un rÖle dÄcisif dans la victoire des AlliÄs; et les Franìais et les Britanniques dÄployÅrent 604 chars au total lors de l'engagement de la bataille d'Amiens (en ao₧t 1918).
William Thurston Topham (1888-1966) est nÄ en Angleterre, mais il a immigrÄ au Canada en 1911. Il s'engagea dans le Corps expÄditionnaire canadien au dÄbut de la PremiÅre Guerre mondiale et arriva en France avec la 1er batterie de siÅge de l'Artillerie royale canadienne, en juin 1916. Au bout de deux mois il avait dÄjê ÄtÄ tÄmoin des premiÅres phases de la bataille de la Somme, et il avait ÄtÄ gazÄ. Ses ennuis de santÄ le retinrent loin du front jusqu'ê la fin de la guerre.
Topham a fait la plupart de ses croquis et de ses aquarelles durant son court sÄjour en France; ses oeuvres ont ÄtÄ ultÄrieurement portÄes ê l'attention des responsables du Fonds des souvenirs de guerre canadiens, qui les a acquises. Elles constituent des documents sur la vie dans les tranchÄes et sur les difficultÄs avec lesquelles Ätaient confrontÄs ceux qui s'occupaient de l'artillerie lourde. Sur cette aquarelle (de25,3 x 35,1 cm) l'artiste a reprÄsentÄ un char qu'il a vu de toute Ävidence lors de la bataille de Flers-Courcellette; Montauban se trouvait sur le flanc sud du thÄëtre des opÄrations. Le modÅle illustrÄ sur l'oeuvre Ätait un Mark I (masculin) armÄ de canons qui tiraient des obus de six livres destinÄs ê dÄtruire les postes de mitrailleuses ennemies. La version ╟fÄminine╚ de ce char Ätait uniquement dotÄe de mitrailleuses et servait aux attaques contre l'infanterie. On peut aisÄment imaginer l'effet que pouvaient avoir ces monstres brinquebalants de 28 tonnes sur des soldats qui n'Ätaient pas habituÄs ê des engins de guerre de ce genre.
Source: MusÄe canadien de la guerre, division du MusÄe national de l'Homme, MusÄes nationaux du Canada (8891) u