Tableau reprΘsentant la ferme de P.H. Gosse dans le canton de Compton.
Cette aquarelle, petite mais dΘtaillΘe, du naturaliste Philip Henry Gosse illustre une partie de sa ferme telle qu'elle existait en 1837. Elle souligne parfaitement la nature accidentΘe du terrain dans le canton de Compton, rΘgion la plus fertile du comtΘ. Bien que la premiΦre colonisation du canton remontΓt α 35 ans, la mise en culture de la ferme de M. Gosse n'Θtait pas trΦs avancΘe. Son journal rΘvΦle qu'il passa une bonne partie de l'automne 1836 α retirer les pierres qui encombraient ½l'aire de la maison en bois rond╗, que l'on voit ici α droite, ainsi que plusieurs souches. M. Gosse avait sΘparΘ ce champ de la prairie en construisant une cl⌠ture de pieux et de barres horizontales, procΘdΘ de loin supΘrieur aux vieilles cl⌠tures de perches que l'on aperτoit ici prΦs de la route. Au second plan, α droite, on peut remarquer la forΩt d'Θrables ou ½ΘrabliΦre╗; un mur de pierres alignΘ sur les arbres sert de sΘparation entre les champs.
M. Gosse trouvait trΦs pΘnible de labourer chaque jour un cinquiΦme d'hectare avec pour seule aide son unique cheval, aussi dΘcida-t-il finalement d'embaucher un voisin pour le remplacer. Les autres travaux d'automne comprenaient la fenaison α la fin d'ao√t, les rΘcoltes du sarrasin au dΘbut de septembre, de l'avoine un peu plus tard dans le mois, de l'orge et du blΘ au dΘbut d'octobre et enfin des pommes de terre juste avant les gelΘes, fin octobre. AprΦs cela, il relevait les cl⌠tures, rΘparait sa grange et fertilisait ses champs avec du fumier, des cendres lessivΘes et des feuilles d'Θrable. Du 12 dΘcembre au 4 mars, M. Gosse faisait l'Θcole dans un canton voisin. En Θchange il Θtait nourri et logΘ et recevait un salaire mensuel de 16 $. DΦs le dΘbut du printemps, on le retrouvait fendant du bois, battant et vannant le blΘ, l'orge et le mil. Puis venait le temps de fertiliser les champs, labourer, ensemencer, et son unique vache commenτant α donner du lait, il fallait le baratter pour obtenir du beurre. En juillet et ao√t, M. Gosse consacrait presque tout son temps α sarcler les pommes de terre et les navets. └ part de petites corvΘes et quelques travaux de menuiserie, c'Θtait lα la besogne annuelle de M. Gosse.
L'origine anglaise de M. Gosse et son appartenance α la classe moyenne le distinguaient nettement de ses voisins. Il Θtait arrivΘ dans le comtΘ de Compton avec des amis dans l'intention d'Θtablir une ferme collective o∙ il serait possible ½de se livrer ensemble α l'Θtude des insectes dans la forΩt majestueuse et, grΓce α la pratique heureuse et paisible de l'agriculture, d'oublier les fatigues et les tracas du commerce╗. Le soin que M. Gosse apportait α la fertilisation de sa terre et les efforts qu'il faisait pour obtenir des navets Θtaient plus caractΘristiques du fermier britannique ½progressiste╗ que du colon amΘricain. Cependant, les querelles qui l'opposΦrent α ses amis, ainsi que les difficultΘs et la monotonie des travaux des champs, transformΦrent bient⌠t son rΩve utopique en ½un cauchemar rempli de vaines corvΘes╗. De fait, M. Gosse n'avait ni femme ni enfant pour allΘger son fardeau, et dΘpendait par consΘquent de son frΦre de New York, qui venait lui prΩter main-forte de mai α septembre. Il n'est donc guΦre Θtonnant qu'il ait abandonnΘ sa ferme de Compton aprΦs seulement deux annΘes de labeur.