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Text File  |  1996-08-11  |  33KB  |  66 lines

  1. L'EXPLOITATION CHARBONNI├êRE EN NOUVELLE-├ëCOSSE JUSQU'EN 1925 
  2.  
  3. D.A. Muise 
  4.  
  5. Introduction 
  6.  
  7.      Les gisements de charbon se sont form├⌐s ├á l'├⌐poque lointaine o├╣, disparaissant sous l'action des forces telluriques, les grands marais pr├⌐historiques se d├⌐composaient pour donner une mati├¿re combustible solide ├á base de carbone. Dans la plupart des r├⌐gions, le charbon s'est d├⌐pos├⌐ en une s├⌐rie de couches (ou veines) qui repr├⌐sentaient les vestiges de la croissance de la v├⌐g├⌐tation ├á diff├⌐rentes p├⌐riodes. Le charbon se classe en fonction de l'├óge de la mati├¿re organique des couches respectives et de la pression qu'elles ont subie au cours de leur formation. L'anthracite, que l'on ne trouve que dans quelques r├⌐gions, est le plus dur et le plus pur de ces charbons; c'est aussi le meilleur combustible. La houille bitumineuse, plus commune et de qualit├⌐ in├⌐gale, contient plus d'impuret├⌐s -- du soufre, le plus souvent. En outre, plus tendre que l'anthracite, elle br├╗le rapidement en d├⌐gageant beaucoup de fum├⌐e et de vapeurs. Le lignite vient au dernier rang: trouv├⌐ en g├⌐n├⌐ral ├á peu de profondeur, c'est un pi├¿tre combustible et le plus tendre et le moins pur de tous les charbons. D├⌐p├┤t de surface, la tourbe est un combustible m├⌐diocre constitu├⌐ de fragments v├⌐g├⌐taux en d├⌐composition. ├Ç l'autre extr├⌐mit├⌐ du spectre, on trouve le p├⌐trole et le gaz naturel qui, ├á l'instar du charbon, sont deux combustibles fossiles. Beaucoup plus rentables que le charbon dans la plupart des cas, ils en diff├¿rent aussi par la provenance.
  8.  
  9.      Les Europ├⌐ens et les Asiatiques se servent de charbon pour se chauffer depuis des temps recul├⌐s, de sorte que, ├á l'arriv├⌐e des premiers Europ├⌐ens en Am├⌐rique, le commerce du charbon ├⌐tait d├⌐j├á tr├¿s actif en Europe occidentale et l'on ├⌐tait en voie de lui trouver de multiples usages. Au XVIIIe si├¿cle, on connaissait plusieurs m├⌐thodes pour v├⌐rifier la combustibilit├⌐ du charbon et certains ├⌐tats r├⌐glementaient l'exploitation du charbon dans leur propre int├⌐r├¬t. Cette r├⌐glementation tendait en g├⌐n├⌐ral ├á ralentir le commerce du charbon entre les pays concurrents et incluait l'imposition de permis aux entrepreneurs miniers. Tout comme les for├¬ts royales, les mines de sel et les autres grandes richesses naturelles, le charbon allait tomber sous la coupe de l'├ëtat, d├⌐sireux tout d'abord d'en tirer des revenus, puis, en fin de compte, d'en tirer parti pour diriger l'avenir ├⌐conomique des nations. La cession de r├⌐serves de charbon devint aussi un moyen comme un autre de r├⌐compenser ses amis ou ses relations politiques.
  10.  
  11.      Le charbon ├⌐tait une ressource importante dans les pays ├á climat froid et humide o├╣ le bois de chauffage ├⌐tait de plus en plus rare. En Europe occidentale, on employait le charbon surtout pour chauffer et, comme ce combustible produit une fum├⌐e fuligineuse en se consumant, quelques villes en faisaient un usage restreint. Malgr├⌐ tout, l'usage du charbon se r├⌐pandit dans l'industrie, surtout chez les forgerons, les ferronniers et les autres utilisateurs qui appr├⌐ciaient sa chaleur aussi ├⌐gale que durable. Vers la fin du XVIIIe si├¿cle, l'av├¿nement des machines ├á vapeur vint offrir de nouveaux d├⌐bouch├⌐s aux exploitants miniers. Non seulement la demande de charbon s'intensifiait pour faire fonctionner ces machines, mais l'introduction des pompes ├á vapeur et du mat├⌐riel de roulage allait aussi d├⌐clencher une r├⌐volution technique au sein m├¬me de l'industrie du charbon. Vers la fin du si├¿cle, on consid├⌐rait le charbon comme ├⌐l├⌐ment essentiel de la r├⌐volution industrielle alors en cours en Angleterre et en France, les deux principaux artisans de la colonisation de l'Am├⌐rique du Nord.
  12.  
  13.      Quelques-uns des premiers explorateurs venus d'Europe avaient bien constat├⌐ l'existence de gisements de charbon en Am├⌐rique du Nord, mais ils n'en faisaient mention qu'├á titre indicatif dans leurs relations de voyage. Il y avait peu de chance que le charbon devienne un article de premi├¿re n├⌐cessit├⌐ au m├¬me titre que le poisson ou les fourrures, car ce produit ├⌐tait loin de faire d├⌐faut en Europe occidentale o├╣ les int├⌐ress├⌐s n'auraient gu├¿re pris├⌐ la concurrence de leurs propres colonies. De plus, comme le charbon ├⌐tait trop bon march├⌐, il aurait fallu d'├⌐normes cargaisons pour que les transports transatlantiques soient rentables ├á cette ├⌐poque lointaine. Le charbon enfoui profond├⌐ment ├á l'int├⌐rieur du continent ├⌐tait trop ├⌐loign├⌐, d'autre part, pour attirer l'attention. Par contre, les gisements du littoral de la Nouvelle-Ecosse ne manqu├¿rent pas d'int├⌐resser les sp├⌐culateurs, et cela pour la simple raison qu'ils ├⌐taient tr├¿s facilement accessibles. N├⌐anmoins, m├¬me ces gisements rest├¿rent inexploit├⌐s jusqu'au XVIIIe si├¿cle.
  14.  
  15. Les gisements de charbon de la Nouvelle-├ëcosse 
  16.  
  17.      Il existe quatre principaux gisements de charbon en Nouvelle-├ëcosse: deux sur le continent et deux dans l'├«le du Cap-Breton. Tous contiennent  de la houille bitumeuse, mais de qualit├⌐ variable. Des deux c├┤t├⌐s de Spanish Bay -- plus tard, port de Sydney -- les principaux gisements de charbon de l'├«le du Cap-Breton affleurent pr├¿s de la rive. Situ├⌐s pr├¿s du port de Pictou, sur les bords du d├⌐troit de Northumberland, les gisements de Pictou avaient une superficie d'exploitation plus restreinte que ceux de l'├«le du Cap-Breton. Quelques couches, plus pures que d'autres, furent r├⌐serv├⌐es ├á certains usages industriels d├¿s leur exploitation au XIXe si├¿cle. Le troisi├¿me gisement par ordre d'importance est situ├⌐ dans le comt├⌐ de Cumberland, pr├¿s de la baie de Fundy, dans l'isthme r├⌐unissant la Nouvelle-├ëcosse et le Nouveau-Brunswick. ├Ç l'exception des petits gisements c├┤tiers de Joggins, le charbon de Cumberland est, en r├¿gle g├⌐n├⌐rale, moins accessible par eau que les gisements de Pictou ou de l'├«le du Cap-Breton. Enfin, on trouve une s├⌐rie de gisements dans le comt├⌐ d'Inverness, adjacent au d├⌐troit de Northumberland. Ces gisements, d├⌐couverts seulement plus tard au XIXe si├¿cle, n'ont ├⌐t├⌐ exploit├⌐s qu'├á titre d'appoint aux grandes exploitations des comt├⌐s de Pictou et du Cap-Breton.
  18.  
  19.      Contrairement aux gisements de surface existant en d'autres parties du monde, le charbon de la Nouvelle-├ëcosse g├«t profond├⌐ment sous terre, parfois plusieurs kilom├¿tres sous la mer. G├⌐n├⌐ralement, les couches se succ├¿dent, s├⌐par├⌐es par une strate d'argile ou de roc. Elles ont de six pieds (1,82 m) ├á quelques pouces seulement (plusieurs centim├¿tres) d'├⌐paisseur, mais seules celles de deux pieds ou plus (61 cm) sont jug├⌐es rentables. Dans quelques r├⌐gions, la pr├⌐sence de failles importantes aurait pu rendre dangereuse toute exploitation syst├⌐matique, mais de nombreuses couches ├⌐taient exploit├⌐es, ├á partir de la surface, sur une distance pouvant atteindre cinq milles (8 km) et bien loin sous l'oc├⌐an sans grande interruption. Ce ph├⌐nom├¿ne naturel a rendu le charbon de la Nouvelle-├ëcosse comparativement plus cher que la plupart des autres charbons. En effet, d'ann├⌐e en ann├⌐e, comme on s'├⌐loigne de plus en plus de la surface, l'extraction du charbon prend plus de temps et les frais d'exploitation finissent par devenir excessifs. Au cours des ans, les meilleurs ing├⌐nieurs du monde entier se sont succ├⌐d├⌐ dans ces mines profondes pour y r├⌐soudre les probl├¿mes complexes occasionn├⌐s par l'a├⌐rage, le pompage de l'eau et la remont├⌐e du charbon. Malgr├⌐ le tr├¿s haut degr├⌐ de m├⌐canisation qu'elle finit par atteindre, l'industrie de la Nouvelle-├ëcosse se classe pour la partie la plus active de son histoire parmi celles qui, dans le monde, d├⌐pendent ├⌐troitement d'une main-d'oeuvre nombreuse.
  20.  
  21. L'exploitation charbonni├¿re pr├⌐-industrielle en Nouvelle-├ëcosse 
  22.  
  23.      Au temps o├╣ les Fran├ºais occupaient l'Acadie, les r├⌐serves de charbon ne suscitaient tout au plus qu'un vague int├⌐r├¬t. ├Ç l'occasion, les colons acadiens extrayaient bien du charbon pr├¿s de Joggins, dans le comt├⌐ de Cumberland, mais l'exploitation ne se faisait pas d'une fa├ºon syst├⌐matique. En 1713, les Fran├ºais, d├⌐faits par les Britanniques, dans l'un des conflits o├╣ l'Acadie se trouva prise au cours des XVIIe et XVIIIe si├¿cles, abandonn├¿rent la partie continentale de la Nouvelle-├ëcosse. Confin├⌐s ├á l'├«le du Cap-Breton (rebaptis├⌐e ├«le Royale), les Fran├ºais y construisirent la forteresse de Louisbourg, quelques kilom├¿tres ├á peine au sud des grands gisements de charbon de Spanish Bay. Ainsi se constitua la premi├¿re colonie europ├⌐enne d'importance sur l'├«le, qui avait auparavant servi de base aux p├¬cheurs. Les officiers fran├ºais du g├⌐nie s'int├⌐ress├¿rent rapidement aux gisements de charbon, en firent analyser des ├⌐chantillons en France et utilis├¿rent le charbon comme combustible pour leurs fours ├á chaux. Louisbourg se r├⌐v├⌐lait le lieu le plus humide et le plus froid de toute la c├┤te atlantique, de sorte que, pour le chauffage la garnison r├⌐clamait de plus en plus le charbon.
  24.  
  25.      L'importance que prit Louisbourg comme comptoir commercial facilita l'exploitation des r├⌐serves de charbon, activit├⌐ qui commen├ºa ├á donner lieu ├á des transactions illicites entre les marchands fran├ºais et ceux de la Nouvelle Angleterre. Faute de gisements sur leur littoral, les colons de la Nouvelle-Angleterre durent aller ailleurs pour extraire le charbon des affleurements directement accessibles par la mer. Il ne faudrait toutefois pas exag├⌐rer l'importance de cette premi├¿re forme d'exploitation qui, caract├⌐ris├⌐e par une extraction peu abondante, ne donna jamais lieu ├á l'├⌐tablissement de colonies. De fait, seuls d├⌐barquaient sur ces c├┤tes, les capitaines soucieux de compl├⌐ter leur cargaison clandestine habituelle (venant de Louisbourg) de poisson et de produits des Antilles; leurs ├⌐quipages se contentaient d'extraire de ces affleurements la quantit├⌐ de charbon n├⌐cessaire, quelques tonnes tout au plus. ├Ç part quelques trous creus├⌐s ici et l├á, la plupart ├á quelques verges du rivage, ces premi├¿res initiatives n'avaient gu├¿re laiss├⌐ de traces ├á l'├⌐poque o├╣ les Britanniques inflig├¿rent une derni├¿re d├⌐faite aux Fran├ºais en prenant possession de l'├«le du Cap-Breton en 1758.
  26.  
  27.      Apr├¿s le d├⌐part des Fran├ºais de l'est de l'Am├⌐rique du Nord, cons├⌐quence du trait├⌐ de Paris (1763), les administrateurs coloniaux de la Grande-Bretagne accord├¿rent de grands territoires et divers privil├¿ges ├á des entrepreneurs britanniques en Am├⌐rique du Nord. Par exemple, l'├«le du Prince-├ëdouard fut s├⌐par├⌐e de la Nouvelle-├ëcosse en 1769 et fut enti├¿rement c├⌐d├⌐e selon un d├⌐cret de la Couronne, ├á un groupe de sp├⌐culateurs. Dans toutes les colonies, on accorda des concessions territoriales semblables. Apr├¿s tout, n'y avait-il pas de nombreuses dettes politiques ├á acquitter apr├¿s la longue guerre contre les Fran├ºais? Des entrepreneurs de la Grande-Bretagne et des colonies manifest├¿rent un int├⌐r├¬t imm├⌐diat envers le charbon de l'├«le du Cap-Breton, mais les fonctionnaires britanniques, eux, avaient certaines r├⌐ticences envers les richesses naturelles de leur grand empire am├⌐ricain. Inquiets ├á l'id├⌐e qu'une expansion coloniale d├⌐sordonn├⌐e puisse susciter une certaine concurrence aux manufacturiers britanniques, les fonctionnaires de Londres essay├¿rent d'orienter et de consolider l'expansion pour le plus grand bien de la m├¿re patrie. En Nouvelle-├ëcosse, on interdit totalement l'exploitation du charbon et on d├⌐couragea toute forme de colonisation dans l'├«le du Cap-Breton, annex├⌐e ├á la Nouvelle-├ëcosse en 1763. Les Britanniques craignaient que l'exploitation du charbon ne suscite in├⌐vitablement l'av├¿nement du r├⌐gime manufacturier dans les colonies. Ce mercantilisme patent caract├⌐risait la politique coloniale de la Grande-Bretagne ├á l'aube de la R├⌐volution am├⌐ricaine.
  28.  
  29.      Ces restrictions pr├⌐-r├⌐volutionnaires s'adoucirent quelque peu en 1784, ann├⌐e o├╣ l'├«le du Cap-Breton devint, encore une fois, colonie distincte. Vue comme un refuge pour les Loyalistes, elle donnait une nouvelle chance ├á ceux qui avaient perdu leur propri├⌐t├⌐ et leur foyer en servant la Couronne. L'├«le du Cap-Breton ne devint pas une importante colonie loyaliste, mais la cr├⌐ation d'une capitale pour la colonie, ├á la t├¬te de Spanish Bay (rebaptis├⌐e plus tard Sydney d'apr├¿s le nom du secr├⌐taire d'├ëtat de la Grande-Bretagne), permit aux Britanniques de contr├┤ler de pr├¿s les r├⌐serves de charbon. Les gisements de charbon de l'├«le du Cap-Breton furent alors mis en exploitation, le gouvernement de l'├«le se mit en qu├¬te d'un bon preneur, mais les Britanniques ne voulurent approuver que les baux ├á court terme ne d├⌐passant pas sept ans. Cette restriction d├⌐couragea les grands investisseurs, et les entrepreneurs de Londres, qui avaient exprim├⌐ plus t├┤t leur int├⌐r├¬t, se retir├¿rent. Les marchands d'Halifax se lanc├¿rent dans l'aventure et cr├⌐├¿rent un march├⌐ quelque peu limit├⌐ dans la r├⌐gion.
  30.  
  31.      De 1784 ├á 1820, p├⌐riode durant laquelle l'├«le du Cap-Breton fut une colonie distincte, la production de charbon y demeura relativement n├⌐gligeable, d├⌐passant rarement 10 000 tonnes (9 000 tonnes m├⌐triques) par ann├⌐e. Par comparaison, la production annuelle de la Grande-Bretagne au cours de la m├¬me p├⌐riode approchait les 10 millions de tonnes (9 millions de tonnes m├⌐triques). On exp├⌐diait habituellement le charbon ├á Saint-Jean (N.-B.), ├á Saint-Jean (T.-N.), ├á Charlottetown et parfois ├á Boston. L'├«le du Cap-Breton servait ce march├⌐ local en lui fournissant principalement du combustible. Toutefois, le gouvernement imp├⌐rial continuait ├á d├⌐fendre l'exploitation de tout gisement sur le continent. Des entrepreneurs firent des d├⌐marches aupr├¿s du gouvernement provincial pour obtenir des concessions ├á Pictou, mais les administrateurs imp├⌐riaux rejet├¿rent toutes les demandes m├¬me si le gouvernement local les appuyait. Le Board of Trade de Londres permit d'accorder des baux ├á Pictou aux m├¬mes conditions que ceux en vigueur pour l'├«le du Cap-Breton en 1811. Avant les ann├⌐es 1820, la production des mines de Pictou se r├⌐v├⌐lait bien moins importante que celle de l'├«le du Cap-Breton.
  32.  
  33.      Au cours de cette p├⌐riode, l'extraction du charbon en Nouvelle-├ëcosse ne prit jamais les proportions d'une entreprise industrielle. Les mines ├⌐taient plus ou moins ouvertes en permanence, mais le travail r├⌐el demeurait saisonnier, comme c'├⌐tait le cas, ├á ce moment-l├á, pour l'industrie du bois. Dans les mines, les saisons de travail avaient toutefois tendance ├á ├¬tre ├á l'oppos├⌐: l'extraction et l'exp├⌐dition du charbon se faisaient la plupart du temps au printemps, ├á l'├⌐t├⌐ et ├á l'automne. La main-d'oeuvre, assez semblable ├á celle de l'industrie du bois, se composait g├⌐n├⌐ralement de c├⌐libataires sans exp├⌐rience et de passage; nombre d'entre eux ├⌐taient des immigrants irlandais r├⌐cemment arriv├⌐s apr├¿s un court s├⌐jour ├á Terre-Neuve. On embauchait les travailleurs ├á la saison et on les logeait dans des dortoirs spacieux. Il semble que peu soient rest├⌐s plus d'une saison, car les maigres salaires ├⌐taient presque totalement rong├⌐s par les frais de pension qu'exigeait l'entreprise mini├¿re. Par cons├⌐quent, il y avait peu d'agglom├⌐rations autour des mines. ├Ç Pictou et ├á Sydney, les mines ├⌐taient ├á l'ext├⌐rieur de la ville, et la population locale avait tendance ├á consid├⌐rer ce genre d'activit├⌐, ├á juste titre, comme un travail difficile et fruste. Il semble qu'├á ce moment-l├á il ait ├⌐t├⌐ impossible d'├⌐chapper ├á ces conditions sociales primitives, typiques d'une telle industrie, car les agglom├⌐rations mini├¿res qui se constitu├¿rent plus tard devaient encore pr├⌐senter les m├¬mes caract├⌐ristiques. 
  34.  
  35.      Les mines elles-m├¬mes restaient ├⌐galement ├á l'├⌐tat embryonnaire, car les derni├¿res techniques europ├⌐ennes y ├⌐taient rarement appliqu├⌐es. Faute d'engins ├á vapeur pour pomper l'eau ou ventiler les galeries, on ne creusait pas de puits profonds, si bien que la majeure partie du charbon ├⌐tait extraite tout pr├¿s de la surface. D'autre part, la courte dur├⌐e des baux accord├⌐s n'encourageait pas les investissements requis pour aller de l'avant bien que le gouvernement local construisait les quais n├⌐cessaires ├á l'exp├⌐dition. Entre 1785 et 1820, l'activit├⌐ mini├¿re restait donc aussi al├⌐atoire que l'exploitation occasionnelle que caract├⌐risait le demi-si├¿cle pr├⌐c├⌐dent. Les gouvernements coloniaux prenaient toutefois de plus en plus conscience de l'importance des gisements de charbon, non seulement en raison de la cr├⌐ation d'emplois qui en d├⌐coulait directement ou indirectement, mais aussi des redevances que l'exploitation des mines pouvait rapporter ├á leur Tr├⌐sor qui n'├⌐tait pas bien nanti.
  36.  
  37.      En 1820, la r├⌐union de l'├«le du Cap-Breton ├á la Nouvelle-├ëcosse ne manqua pas de susciter beaucoup d'int├⌐r├¬t, ├á Halifax, quant aux avantages possibles ├á retirer des r├⌐serves de charbon, mais ni le gouvernement de la Nouvelle-├ëcosse et ni le gouvernement imp├⌐rial n'apport├¿rent de modifications imm├⌐diates relativement ├á la politique ou aux investissements.
  38.  
  39. La General Mining Association 
  40.  
  41.      La situation de l'industrie prit une toute autre tournure en 1826, ann├⌐e o├╣ le gouvernement imp├⌐rial intervint pour accorder un bail exclusif ├á long terme, sur toutes les ressources min├⌐rales (y compris les mines de charbon) de la Nouvelle-├ëcosse, ├á la General Mining Association (G.M.A.), soci├⌐t├⌐ dont le si├¿ge ├⌐tait ├á Londres. Cette d├⌐cision allait rendre viable une concession rest├⌐e longtemps en veilleuse, celle des ressources min├⌐rales de la Nouvelle-├ëcosse ├á Frederic, duc d'York, jeune fr├¿re du roi George IV. Cette concession remontait aux ann├⌐es 1790 et faisait suite ├á une rumeur selon laquelle il existait des gisements importants de m├⌐taux pr├⌐cieux dans la province. Lorsque ces rumeurs se r├⌐v├⌐l├¿rent sans fondement, la concession ne fut jamais r├⌐clam├⌐e. Le duc, notoirement prodigue, avait fait des dettes ├⌐normes. Aussi ses conseillers convainquirent-ils la soci├⌐t├⌐ Bridge, Rundell and Bridge, l'un de ses plus gros cr├⌐anciers, d'accepter la cession du bail de la Nouvelle-├ëcosse comme paiement. Ce transfert se fit par l'interm├⌐diaire de hauts fonctionnaires du Tr├⌐sor ├á Londres sans que le gouvernement de la Nouvelle-├ëcosse e├╗t ├⌐t├⌐ consult├⌐ et presque ├á l'insu des fonctionnaires du Colonial Office. Londres avisa les administrateurs de la Nouvelle-├ëcosse que tous les baux en vigueur devaient ├¬tre annul├⌐s pour donner libre champ au nouvel accord: il s'agissait d'une d├⌐cision typique ├á une ├⌐poque o├╣ les richesses naturelles de l'Empire ├⌐taient consid├⌐r├⌐es comme la chasse gard├⌐e des capitalistes et des hommes d'├ëtat britanniques. 
  42.  
  43.      Au cours de la m├¬me ann├⌐e, toutes les difficult├⌐s furent aplanies et le corps l├⌐gislatif provincial, peu coop├⌐ratif, fut mis au pas. Les d├⌐tenteurs de baux protest├¿rent vertement et d'aucun s'interrog├¿rent sur l'inclusion ├⌐ventuelle de l'├«le du Cap-Breton dans cette concession puisque l'├«le ne faisait pas partie de la Nouvelle-├ëcosse lorsque le duc en devint le b├⌐n├⌐ficiaire. La G.M.A. eut bient├┤t la haute main sur l'industrie, accepta de payer une redevance au gouvernement provincial ainsi qu'un loyer d├⌐termin├⌐ ├á la succession du duc d'York. Ce dernier mourut moins d'une ann├⌐e apr├¿s la conclusion des accords, mais le bail exclusif de la G.M.A. devait durer 60 ans. Le loyer continua d'├¬tre vers├⌐ ├á sa succession.
  44.  
  45.      Apr├¿s quelques discussions ├á Londres et une analyse superficielle des min├⌐raux de la province, la soci├⌐t├⌐ d├⌐cida que le charbon ├⌐tait ce qu'il y avait de plus profitable, embaucha Richard Smith ├á titre de directeur g├⌐n├⌐ral et l'envoya sur place. Smith, qui s'├⌐tablit ├á Pictou, poss├⌐dait une grande exp├⌐rience des gisements charbonniers britanniques de Newcastle et vint en Nouvelle-├ëcosse avec l'ordre de moderniser l'industrie. Richard Brown, autre ing├⌐nieur des mines britanniques, fut envoy├⌐ pour veiller sur les int├⌐r├¬ts que l'Association avait dans l'├«le du Cap-Breton. Ces hommes et leurs successeurs se vou├¿rent ├á l'expansion de l'industrie dans la province. Les dirigeants de la G.M.A. affirm├¿rent que l'expansion reposait sur l'acc├¿s des march├⌐s extra-r├⌐gionaux, sp├⌐cialement ceux de la Nouvelle-Angleterre o├╣ ils nou├¿rent imm├⌐diatement des relations commerciales. Dans l'incapacit├⌐ d'influer sur le tarif am├⌐ricain, ils n'eurent acc├¿s ├á ce march├⌐ que par intermittence, et la production augmenta de fa├ºon r├⌐guli├¿re mais non fulgurante au cours des 30 ann├⌐es suivantes.
  46.  
  47.      En plus d'augmenter la production, la G.M.A. propulsa la Nouvelle-├ëcosse dans une ├¿re de r├⌐volution industrielle. On fit venir des ouvriers exp├⌐riment├⌐s d'agglom├⌐rations mini├¿res du nord de l'Angleterre et de l'├ëcosse, et on se servit des machines ├á vapeur les plus modernes. Gr├óce ├á ces techniques nouvelles, les probl├¿mes de roulage, de drainage et de ventilation des mines; profondes furent enfin r├⌐solus. ├Ç la surface, la traction ├á vapeur, premi├¿re en Am├⌐rique du Nord britannique, fut introduite dans les mines Albion pour transporter le charbon par chemin de fer de la t├¬te du puits au port de Pictou, et de petits navires ├á vapeur furent mis en service pour faciliter le chargement. On investit, en outre, de fortes sommes pour am├⌐liorer la productivit├⌐ des mines; ├á l'├⌐poque, on estima ├á ┬ú250 000 la somme investie par la G.M.A. au cours des 20 premi├¿res ann├⌐es d'exploitation, somme fabuleuse d'apr├¿s les normes coloniales.
  48.  
  49.      Les mineurs amen├⌐s de Grande-Bretagne eurent recours aux techniques les plus modernes d'extraction du charbon. Embauch├⌐s ├á contrat, ils ├⌐taient pay├⌐s selon la quantit├⌐ de charbon qu'ils creusaient et ramenaient ├á la surface plut├┤t qu'├á la saison ou selon un taux horaire ou quotidien. L'Association mit aussi au point les services de soutien n├⌐cessaires ├á la cr├⌐ation d'agglom├⌐rations mini├¿res permanentes. Suivant l'exemple britannique, elle fit construire des maisons pour les mineurs, encourageant ces derniers ├á faire venir leurs familles ou ├á en fonder sur place. De plus, elle ouvrit des magasins, instaura un r├⌐gime primitif d'assurance-maladie ainsi qu'une foule d'autres services, et obligea les mineurs ├á avoir recours ├á la retenue salariale pour en b├⌐n├⌐ficier. La direction fournissait et entretenait aussi les outils et les engins ├á vapeur n├⌐cessaires ├á l'exploitation souterraine. De telles dispositions poussaient souvent les mineurs ├á s'endetter s├⌐rieusement, du jour m├¬me o├╣ ils acceptaient de travailler pour la G.M.A. Cette d├⌐pendance cr├⌐ait une association tr├¿s ├⌐troite et quelque peu ├á tendance paternaliste.
  50.  
  51.      En stimulant la demande pour une quantit├⌐ de biens et de services, l'augmentation de la production des mines de charbon entra├«na toute une s├⌐rie de r├⌐actions en cha├«ne sur l'├⌐conomie de la Nouvelle-├ëcosse, et calma l'opposition qui fut soulev├⌐e par la concession primaire. Chevaux et fourrage, indispensables ├á l'exploitation souterraine, ├⌐taient constamment en demande tout comme le bois pour consolider les galeries. Des centaines d'habitants de la Nouvelle-├ëcosse trouv├¿rent du travail dans les mines ou autour de ces derni├¿res: on pouvait prendre part au roulage du charbon ou participer ├á divers travaux de construction ├á la surface. Ils ne tard├¿rent pas ├á se joindre aussi sur le front de taille aux mineurs britanniques qualifi├⌐s, d├⌐butant comme simples ouvriers avant de devenir mineurs qualifi├⌐s. Les cargaisons de charbon en vrac contribu├¿rent largement ├á l'expansion du commerce maritime de la province. Les marchands et les hommes de loi d'Halifax repr├⌐sentaient les int├⌐r├¬ts de la G.M.A. devant l'administration provinciale et fixaient tous les aspects de l'activit├⌐ de la soci├⌐t├⌐, de l'acquisition de parcelles de terrain ├á la n├⌐gociation de droits de passage pour ses chemins de fer. Samuel Cunard, qui mit sur pied sa fameuse soci├⌐t├⌐ de navigation ├á vapeur, ├⌐tait l'agent de l'Association ├á Halifax dans les ann├⌐es 1840, et J.W. Johnstone, plus tard premier ministre de la Nouvelle-├ëcosse, en fut l'avocat pendant un certain temps.
  52.  
  53.      Toutefois, l'expansion et le monopole de la G.M.A. ne manqu├¿rent pas de susciter de l'opposition. Dans les ann├⌐es 1840, un groupe de r├⌐formateurs politiques se forma pour d├⌐fier les conservateurs et on fit du monopole de la G.M.A. un th├¿me de d├⌐bat central ├á l'Assembl├⌐e l├⌐gislative et dans les journaux de l'opposition. Les entrepreneurs exclus par le monopole furent les premiers adversaires, mais plus tard, ce furent les politiciens, soutenant que les r├⌐alisations de la G.M.A. restaient en de├º├á des possibilit├⌐s offertes par l'industrie, qui prirent les choses en main. Assez curieusement, plus la G.M.A. augmentait sa production et envahissait le march├⌐ am├⌐ricain, plus l'opposition politique se faisait forte. La raison en ├⌐tait fort simple: le revenu des mines de charbon prises ├á bail par la G.M.A. d├⌐pendait jusqu'├á un certain point des conditions du bail et pr├¬tait toujours ├á litige. Les r├⌐formateurs exigeaient un droit de regard absolu sur toutes les richesses naturelles de la province, afin de pouvoir pr├⌐parer l'├⌐tablissement d'un gouvernement responsable. Il s'agissait alors d'un point cl├⌐ du d├⌐bat et d'un pas logique vers une prise de conscience provinciale. Apr├¿s tout, le Nouveau-Brunswick avait, 20 ans plus t├┤t, acquis les droits administratifs pour ses vastes for├¬ts. L'accord de monopole ├⌐tait aussi non conforme ├á la nouvelle attitude des Britanniques face au syst├¿me mercantiliste qui avait ├⌐t├⌐ la pierre d'angle de l'Empire ├á la fin du XVIIIe si├¿cle. Vu l'abolition des lois sur les c├⌐r├⌐ales, des privil├¿ges accord├⌐s pour le bois des colonies, et de divers r├¿glements de commerce imp├⌐riaux, le monopole des r├⌐serves de charbon devenait moins d├⌐fendable. Quand le gouvernement r├⌐formateur fut finalement ├⌐tabli en 1848, le bail de la G.M.A. fit l'objet de tr├¿s longues n├⌐gociations.
  54.  
  55.      Les d├⌐bats atteignirent leur paroxysme apr├¿s 1854 au moment o├╣ le gouvernement britannique r├⌐ussit ├á n├⌐gocier un trait├⌐ de r├⌐ciprocit├⌐ avec les ├ëtats-Unis au nom de ses colonies d'Am├⌐rique du Nord. L'inscription du charbon sur la liste des produits libres dans le cadre de ce trait├⌐ et le potentiel d'expansion du march├⌐ am├⌐ricain qui en a r├⌐sult├⌐ rendit la position de monopole de la G.M.A. encore plus odieuse aux yeux des hommes politiques de la province. Les fluctuations du tarif am├⌐ricain enfin r├⌐gl├⌐es, les investisseurs eurent un regain d'int├⌐r├¬t pour le charbon de la Nouvelle-├ëcosse, non seulement ├á Halifax, mais aussi en Nouvelle-Angleterre. En 1857-1858, le gouvernement de la Nouvelle-├ëcosse conclut finalement une entente avec le gouvernement imp├⌐rial et la G.M.A., et la colonie acquit un droit de regard illimit├⌐ sur toutes les ressources min├⌐rales. Ce fut une ├⌐tape d├⌐cisive et les r├⌐formateurs de la Nouvelle-├ëcosse se f├⌐licit├¿rent d'avoir acquis les moyens qu'il leur fallait pour diriger l'├⌐conomie.
  56.  
  57.      La G.M.A. continua ├á d├⌐tenir les propri├⌐t├⌐s qu'elle avait mises en valeur jusqu'en 1857 ainsi que suffisamment de biens pour garantir son expansion. De fait, elle demeura l'un des plus importants producteurs de la province jusqu'├á la fin du si├¿cle. On pouvait investir librement dans les r├⌐serves restantes de charbon. Les principales r├⌐gions laiss├⌐es libres aux nouveaux entrepreneurs se trouvaient du c├┤t├⌐ sud des gisements du port de Sydney dans l'├«le du Cap-Breton et englobaient la majeure partie de Cumberland et une bonne part de Pictou. Gr├óce au march├⌐ libre am├⌐ricain et ├á l'impulsion subs├⌐quente apport├⌐e par la guerre de S├⌐cession, la production de charbon, de 100 000 tonnes avant 1854 (90 000 tonnes m├⌐triques), passa ├á 700 000 tonnes (630 000 tonnes m├⌐triques) en 1865, derni├¿re ann├⌐e compl├¿te d'exploitation dans le cadre du trait├⌐. Il s'agissait l├á d'une p├⌐riode d├⌐cisive pour l'industrie du charbon. De nouveaux producteurs, une expansion rapide et un nouveau minist├¿re provincial des Mines ├⌐taient le reflet de la vigueur de l'industrie non seulement comme facteur important de l'├⌐conomie de la Nouvelle-├ëcosse, mais aussi comme source de revenu pour le gouvernement local. Quelques hommes politiques en venaient m├¬me ├á souligner l'importance du rapport existant entre l'accessibilit├⌐ du charbon et l'implantation de manufactures, l'un des th├¿mes dominants du dernier tiers du XIXe si├¿cle. 
  58.  
  59. La p├⌐riode nationale 
  60.  
  61.      La pr├⌐pond├⌐rance am├⌐ricaine sur l'industrie charbonni├¿re fut relativement de courte dur├⌐e. Pr├¿s des deux tiers de la production alimentaient la Nouvelle-Angleterre au cours du trait├⌐ de r├⌐ciprocit├⌐, mais quand les ├ëtats-Unis, apr├¿s la guerre de S├⌐cession, eurent adopt├⌐ le protectionnisme, la conjoncture s'annon├ºait ├á tout le moins difficile pour le commerce du charbon de la Nouvelle-├ëcosse. Les producteurs de charbon firent alors l'impossible pour trouver d'autres d├⌐bouch├⌐s que le march├⌐ am├⌐ricain, et, d├¿s ce moment-l├á, l'int├⌐gration politique et ├⌐conomique devint le sujet favori de discussion des colonies de l'Am├⌐rique du Nord britannique. Les exploitants des mines de charbon appuy├¿rent l'union, soutenant que la perte du march├⌐ am├⌐ricain pouvait ├¬tre compens├⌐e par les d├⌐bouch├⌐s offerts par la r├⌐gion du Saint-Laurent. Avec la promesse de la construction d'un chemin de fer intercolonial, pr├⌐vue dans l'Acte de l'Am├⌐rique du Nord britannique, et conquis par la perspective de tarifs douaniers plus ├⌐lev├⌐s applicables aux produits fabriqu├⌐s ├á l'├⌐tranger, certains partisans de la Conf├⌐d├⌐ration s'attendaient ├á un avenir prometteur pour l'industrie de la Nouvelle-├ëcosse au sein du nouveau pays. Tous ces facteurs mis ensemble amen├¿rent les capitalistes de l'industrie charbonni├¿re et le gouvernement provincial conservateur dirig├⌐ par Charles Tupper, repr├⌐sentant du comt├⌐ de Cumberland et sp├⌐culateur charbonnier, ├á opter pour la Conf├⌐d├⌐ration, seule solution de remplacement possible ├á leurs yeux, vu la caducit├⌐ des accords de r├⌐ciprocit├⌐. Ils pers├⌐v├⌐r├¿rent dans cette voie malgr├⌐ la forte opposition d'une grande partie des commer├ºants et la province entra dans la Conf├⌐d├⌐ration en 1867.
  62.  
  63.      La r├⌐cession suivant la fermeture du march├⌐ libre am├⌐ricain n'eut ni l'ampleur ni la gravit├⌐ escompt├⌐es. De fait, la Nouvelle-Angleterre demeura un ├⌐l├⌐ment important, quoique d├⌐clinant, du march├⌐, sp├⌐cialement pour quelques-uns des producteurs de l'├«le du Cap-Breton qui avaient des liens financiers avec les consommateurs de Boston et de New York. Le march├⌐ du Saint-Laurent, de peu d'importance avant la Conf├⌐d├⌐ration, atteint bient├┤t des dimensions que seuls les plus optimistes avaient pr├⌐vues, si bien qu'il en r├⌐sulta par la suite une augmentation spectaculaire de la production de charbon: une production annuelle de 3 000 000 tonnes (2 700 000 tonnes m├⌐triques) ├á la fin du si├¿cle et de pr├¿s de 7 000 000 tonnes (6 300 000 tonnes m├⌐triques) quand la production se stabilisa juste avant la Premi├¿re Guerre mondiale. L'ach├¿vement du chemin de fer intercolonial au milieu des ann├⌐es 1870 et l'expansion graduelle des moyens de transport par rail dans les Maritimes offrit un marche local imm├⌐diat, mais l'expansion industrielle r├⌐gionale, sp├⌐cialement dans les r├⌐gions du nord et de l'est de la Nouvelle-├ëcosse, fut probablement plus importante ├á long terme. La r├⌐volution industrielle vit le jour en Nouvelle-├ëcosse dans les ann├⌐es 1880, p├⌐riode o├╣ de nombreux ├⌐tablissements manufacturiers transforment des villes comme New Glasgow, Truro et Amherst. Toutefois, l'expansion la plus frappante se produisit lors de la cr├⌐ation d'immenses aci├⌐ries ├á Trenton et ├á Sydney ├á la fin du si├¿cle. Ces aci├⌐ries seules traiteront plus du tiers de la production totale au cours de la d├⌐cennie pr├⌐c├⌐dant la guerre. Au moment o├╣ la Nouvelle-├ëcosse entre dans le XXe si├¿cle, m├¬me les pr├⌐dictions les plus enthousiastes concernant les cons├⌐quences de la Conf├⌐d├⌐ration semblent r├⌐alis├⌐es.
  64.  
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