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Text File  |  1996-08-11  |  32KB  |  70 lines

  1. LA TRANSFORMATION DE LA MAIN-D'OEUVRE DANS LES MARITIMES (1867-1925) 
  2.  
  3. D.A. Muise 
  4.  
  5. Introduction 
  6.  
  7.      Les vestiges des ├⌐tablissements industriels jadis florissants et les innombrables mines et usines abandonn├⌐es d├⌐montrent ├á l'├⌐vidence que des douzaines de communaut├⌐s de la Nouvelle-├ëcosse et du Nouveau-Brunswick ont ├⌐t├⌐ profond├⌐ment touch├⌐es par la transformation industrielle qui a suivi la Conf├⌐d├⌐ration. Seule l'├Äle-du-Prince-├ëdouard, g├⌐ographiquement isol├⌐e et bien pourvue, a conserv├⌐ son ├⌐conomie rurale fond├⌐e essentiellement sur l'agriculture et la p├¬che. De nombreuses communaut├⌐s -- telles Amherst, New Glasgow, Sydney et Moncton -- ont abandonn├⌐ leur subordination traditionnelle ├á la mer et aux terres, dans une virevolte qui s'est accompagn├⌐e de la transformation radicale de leur main-d'oeuvre. Au tournant du si├¿cle, la Nouvelle-├ëcosse et le Nouveau-Brunswick comptaient une main-d'oeuvre industrielle ├⌐quivalente ├á celle de nombreuses autres r├⌐gions du pays. ├Ç cette nouvelle conjoncture, les travailleurs ont r├⌐agi de diff├⌐rentes fa├ºons.
  8.  
  9. La p├⌐riode pr├⌐industrielle 
  10.  
  11.      Les luttes entre l'Angleterre et la France pour la domination des p├¬cheries du nord-ouest de l'Atlantique ont d├⌐termin├⌐ la fondation des premiers centres urbains de la r├⌐gion. Vers l'an 1700, St John's (Terre-Neuve) devient le point de convergence de l'activit├⌐ britannique. Apr├¿s la r├⌐duction de ses revendications territoriales ├á Terre-Neuve, en ex├⌐cution du trait├⌐ d'Utrecht sign├⌐ en 1713, la France ├⌐rige la forteresse de Louisbourg sur l'├«le Royale (Cap Breton) pour prot├⌐ger les int├⌐r├¬ts qu'elle conserve dans la p├¬cherie la plus riche du monde. Un demi-si├¿cle plus tard, plus pr├⌐cis├⌐ment vers 1749, la rivalit├⌐ persistante presse les Britanniques de fonder Halifax en r├⌐ponse aux menaces exerc├⌐es par Louisbourg. Choisies pour leurs emplacements strat├⌐giques et d├⌐velopp├⌐es pour soutenir les diverses revendications concernant les p├¬cheries et les territoires environnants les trois villes portuaires attirent les immigrants et deviennent des centres d'activit├⌐ commerciale et politique.
  12.  
  13.      C'est dans ces ports actifs que les premi├¿res classes ouvri├¿res urbaines ont ├⌐merg├⌐, cr├⌐ant une communaut├⌐ h├⌐t├⌐rog├¿ne o├╣ s'entrem├¬laient spontan├⌐ment et sans difficult├⌐ p├¬cheurs, marins, d├⌐bardeurs, menuisiers, ma├ºons fonctionnaires et nouveaux immigrants. Les activit├⌐s quotidiennes de ces premiers travailleurs urbains nous sont inconnues, mais leurs fonctions ne le sont pas. Ils ont donn├⌐ corps aux r├¬ves d'un empire qui, durant le dix-huiti├¿me si├¿cle a connu la grandeur et la d├⌐cadence. La plupart d'entre eux ├⌐taient des travailleurs migrants, vendant leurs services au mieux offrant. En effet, les crises chroniques de main-d'oeuvre donnaient m├¬me aux ouvriers non qualifi├⌐s l'occasion de se d├⌐placer librement en qu├¬te d'une vie meilleure. Ces travailleurs poursuivaient leurs r├¬ves de libert├⌐ et de s├⌐curit├⌐ dans le Nouveau Monde, mais pour beaucoup d'entre eux, malgr├⌐ des perspectives d'avenir et des salaires qui semblaient souvent meilleurs qu'en Europe, la vie dans les communaut├⌐s portuaires agit├⌐es de la colonie ├⌐tait souvent menac├⌐e par les fluctuations saisonni├¿res. Seuls les ouvriers ais├⌐s ou hautement qualifi├⌐s pouvaient aspirer ├á une vie r├⌐ellement prot├⌐g├⌐e contre le ch├┤mage p├⌐riodique et la pauvret├⌐.
  14.  
  15.      Apr├¿s sa conqu├¬te du Canada en 1763 et, deux d├⌐cennies plus tard, la perte de ses anciennes colonies d'Am├⌐rique, la Grande-Bretagne d├⌐cida d'int├⌐grer plus fortement les Maritimes dans l'├⌐conomie imp├⌐riale. Durant la plus grande partie du si├¿cle suivant, les int├⌐r├¬ts coloniaux devaient ├¬tre subordonn├⌐s aux objectifs globaux de la politique imp├⌐riale. Les habitants des Maritimes, ├á l'instar de tous les colons, ├⌐taient cens├⌐s alimenter le syst├¿me commercial de la m├¿re-patrie et, le cas ├⌐ch├⌐ant, garantir la disponibilit├⌐ des produits essentiels. Les produits agricoles, le bois de construction et le poisson ├⌐taient n├⌐cessaires pour soutenir la r├⌐volution industrielle de la Grande-Bretagne et satisfaire les besoins du pays durant ses guerres intermittentes avec la France. Pendant plusieurs d├⌐cennies, apr├¿s la guerre de l'Ind├⌐pendance am├⌐ricaine, les producteurs des Maritimes ├⌐taient pr├⌐occup├⌐s par l'exportation du poisson, du bois et des produits agricoles de base vers les ┬½├«les du sucre┬╗ des Antilles dont les produits hautement estim├⌐s ├⌐taient autrement indisponibles en Europe.
  16.  
  17.      La plupart des colons arrivaient sans argent, avec juste ce qu'ils pouvaient transporter, et leur installation ├⌐tait souvent une dure ├⌐preuve. Le march├⌐ de l'emploi de la p├⌐riode pr├⌐industrielle ├⌐tait caract├⌐ris├⌐ par une cha├«ne complexe de rythmes saisonniers. Le bois ├⌐tait coup├⌐ durant l'hiver et transport├⌐ jusqu'aux terres inond├⌐es ├á la mar├⌐e haute, zones dont les quais, durant les saisons de navigation, connaissaient une activit├⌐ fr├⌐n├⌐tique. Dans les r├⌐gions rurales o├╣ les diff├⌐rents emplois saisonniers se compl├⌐taient l'un l'autre, un ouvrier chanceux pouvait esp├⌐rer ├⌐ponger ses dettes et exercer un certain contr├┤le sur son propre mat├⌐riel agricole ou attirail de p├¬che. Vers le milieu du si├¿cle la quasi-totalit├⌐ des terres arables de la r├⌐gion ├⌐tait distribu├⌐e. Peu apr├¿s, les fermes existantes devenant incapables d'absorber les seconde et troisi├¿me g├⌐n├⌐rations, des milliers d'ouvriers se virent forc├⌐s ├á trouver d'autres emplois dans les villes de la r├⌐gion. Toutefois, jusqu'├á la derni├¿re moiti├⌐ du dix-neuvi├¿me si├¿cle, la population restait en majorit├⌐ rurale et orient├⌐e vers les produits de premi├¿re n├⌐cessit├⌐.
  18.  
  19.      Dans les r├⌐gions urbaines, les travailleurs devaient souvent faire face aux probl├¿mes cr├⌐├⌐s par la main-d'oeuvre exc├⌐dentaire v├⌐hicul├⌐e par les vagues successives d'immigrants. Les ouvriers qualifi├⌐s assistaient ├á la d├⌐valuation de leurs services, au fur et ├á mesure que le march├⌐ de l'emploi ├⌐tait envahi par des jeunes ouvriers venus des fermes environnantes et ayant pour tout bagage leur mobilit├⌐, leur adaptabilit├⌐ et leur enthousiasme pour n'importe quelle forme d'emploi stable. La construction navale et le charbonnage, qui avaient commenc├⌐ comme entreprises saisonni├¿res pour une main-d'oeuvre tout-venant, ont peu ├á peu constitu├⌐ leurs effectifs permanents et se sont impos├⌐s dans la r├⌐gion comme les premi├¿res industries de grande envergure. Cette tendance vers la constitution d'une main-d'oeuvre sp├⌐cialis├⌐e et ├á plein temps devait s'observer, au cours de la seconde moiti├⌐ du si├¿cle, dans un grand nombre d'autres industries.
  20.  
  21.      Tant qu'elles ├⌐taient orient├⌐es vers la production des denr├⌐es essentielles destin├⌐es ├á des soci├⌐t├⌐s plus d├⌐velopp├⌐es, les communaut├⌐s coloniales demeuraient sensibles aux fluctuations de la demande de leurs produits. L'adjonction du bois, du charbon et des navires aux produits traditionnels de la p├¬che et de l'agriculture, a diversifi├⌐ en quelque sorte leur ├⌐conomie sans pour autant modifier son cachet fondamental: une ├⌐conomie d'exportation. Les constructeurs de navires et armateurs r├⌐alisaient des profits consid├⌐rables dans le transport des produits de base et dans l'approvisionnement des communaut├⌐s coloniales en produits manufactur├⌐s. Par ailleurs, ils procuraient un gagne-pain aux milliers d'employ├⌐s affect├⌐s ├á la construction et ├á l'exploitation de leurs navires. En fin de compte, leurs ressources financi├¿res jou├¿rent un r├┤le pr├⌐dominant dans le passage des ├⌐conomies coloniales au niveau suivant de d├⌐veloppement. D├⌐termin├⌐s ├á cr├⌐er des industries compl├⌐mentaires, ils commenc├¿rent ├á r├⌐investir leurs profits dans d'autres secteurs de l'├⌐conomie de la r├⌐gion. Le service des int├⌐r├¬ts de l'empire, objectif au demeurant satisfaisant, perdait tout son ├⌐clat aux yeux de ceux qui ├⌐taient mis au d├⌐fi d'├⌐difier une nouvelle nation. Les objectifs ├⌐taient plus ou moins d├⌐termin├⌐s d├¿s le d├⌐but, il n'emp├¬che que les initiatives des industries manufacturi├¿res devaient finalement transformer la situation ├⌐conomique et politique de la r├⌐gion.
  22.  
  23. La r├⌐action de la main-d'oeuvre 
  24.  
  25.      Les d├⌐buts du mouvement ouvrier dans les Maritimes ne sont pas suffisamment document├⌐s. Des associations de travailleurs vaguement organis├⌐es ont apparu d├¿s l'├⌐poque des guerres napol├⌐oniennes, lorsque les gens du m├⌐tier de la construction, notamment ceux qui travaillaient dans les fortifications de Halifax, b├⌐n├⌐fici├¿rent d'un salaire ├⌐lev├⌐ durant une p├⌐riode d'essor stimul├⌐e par la guerre. Les d├⌐bardeurs ont ├⌐galement r├⌐alis├⌐ un certain degr├⌐ de solidarit├⌐, notamment ├á Saint John, o├╣ la nature saisonni├¿re de l'exportation du bois renfor├ºait annuellement, pendant de br├¿ves p├⌐riodes de temps, leur pouvoir de n├⌐gociation. Les menuisiers de la construction navale, dans les grands centres urbains, s'organisaient occasionnellement pour r├⌐sister ├á l'ing├⌐rence des travailleurs moins qualifi├⌐s, mais ils ne pouvaient tenir ferme que lorsque leurs services ├⌐taient fortement demand├⌐s. S'ils ├⌐taient intens├⌐ment surpass├⌐s en nombre par des travailleurs dispos├⌐s ├á accepter des salaires plus bas, ou si la demande de navires passait par l'une de ses p├⌐riodes cycliques de d├⌐clin, ils avaient plus de difficult├⌐ ├á avoir le dernier mot. Les premi├¿res organisations ouvri├¿res recherchaient une certaine protection mutuelle contre les tribulations du ch├┤mage saisonnier, des accidents de travail et de la vieillesse. Associations b├⌐n├⌐voles inspir├⌐es surtout par un sentiment de fraternit├⌐, elles tentaient rarement d'├⌐tablir les conditions de travail aux termes d'une convention collective.
  26.  
  27.      Tels qu'ils ├⌐taient, les syndicats d'avant la Conf├⌐d├⌐ration luttaient contre des forces insurmontables. Les ouvriers pouvaient occasionnellement emp├¬cher les r├⌐ductions salariales arbitraires, en cessant spontan├⌐ment le travail, mais ils n'avaient pas le droit de former des organisations permanentes ou efficaces, celles-ci ├⌐tant bannies par une l├⌐gislation calqu├⌐e sur la jurisprudence britannique. Les employeurs pouvaient faire appel ├á l'arm├⌐e pour mettre la loi en vigueur, si jamais les ouvriers protestaient contre leur position de subordonn├⌐s, et les gouvernements, qui ├⌐taient domin├⌐s par les grands commer├ºants et les classes poss├⌐dantes, r├⌐pondaient promptement ├á ces appels. Dans une p├⌐riode pr├⌐-d├⌐mocratique, les ouvriers ne pouvaient que se soumettre, bon gr├⌐ mal gr├⌐, au despotisme et parfois ├á la force brutale de la loi. Leur unique solution de rechange, ind├⌐pendamment de la r├⌐bellion, ├⌐tait de se tourner vers des horizons plus accueillants, souvent les ├ëtats-Unis, o├╣ il ├⌐tait toujours plus facile de promettre un emploi que de le donner.
  28.  
  29.      La main-d'oeuvre des Maritimes est rest├⌐e extraordinairement migrante durant tout le dix-neuvi├¿me si├¿cle. Par ailleurs, extr├¬mement versatile, elle ├⌐chappait au contr├┤le des employeurs aussi bien qu'au contr├┤le des organisateurs syndicaux qui tentaient d'en d├⌐terminer le nombre en vue d'une n├⌐gociation collective efficace. ├ëtant relativement peu nombreux et fort ├⌐parpill├⌐s, les travailleurs urbains, quelle que f├╗t leur situation, eurent beaucoup de difficult├⌐ ├á s'organiser en une classe distincte. La disponibilit├⌐ croissante des travailleurs provenant de la r├⌐gion et de l'├⌐tranger et l'introduction des technologies nouvelles ont concouru ├á donner plus d'ampleur ├á la domination patronale. Devant ce march├⌐ du travail, ├á la fois libre et capitaliste, les ouvriers qualifi├⌐s se trouv├¿rent forc├⌐s ├á d├⌐fendre collectivement les droits limit├⌐s dont ils jouissaient ├á l'int├⌐rieur du syst├¿me. Dans les conflits de travail qui devaient se produire, les travailleurs des Maritimes adopt├¿rent, dans la plupart des cas, les m├¬mes strat├⌐gies que leurs coll├¿gues de Grande-Bretagne et d'Am├⌐rique du Nord, parce qu'ils ├⌐taient gagn├⌐s aux th├⌐ories et aux pratiques qui, partout au monde, accompagnaient le processus de l'industrialisation qui a marqu├⌐ le dernier tiers du dix-neuvi├¿me si├¿cle.
  30.  
  31. La grandeur et la d├⌐cadence des industries des Maritimes 
  32.  
  33.      L'expansion spectaculaire du commerce mondial vers le milieu du si├¿cle a stimul├⌐ la production des mati├¿res premi├¿res, compensant ainsi les pertes r├⌐sultant du rel├óchement graduel de la protection britannique des produits coloniaux. Entre-temps, ┬½le gouvernement responsable┬╗ faisait na├«tre de nouveaux espoirs ├⌐conomiques et sociaux, tandis que le chemin de fer annon├ºait l'imminence du changement des soci├⌐t├⌐s coloniales. L'├⌐chec des tentatives pour la construction coop├⌐rative d'un chemin de fer ┬½intercolonial┬╗ n'a pas emp├¬ch├⌐ chaque colonie de s'embarquer dans ses propres projets ferroviaires. Halifax et Saint John trouvent dans le chemin de fer le moyen de renforcer leur contr├┤le de leurs arri├¿re-pays respectifs. En Nouvelle-├ëcosse, une ligne construite en 1858 relie d'abord Halifax ├á Truro et ├á Windsor puis, dix ans plus tard, ├á Pictou au nord et ├á Annapolis au sud. Durant la m├¬me p├⌐riode, le Nouveau-Brunswick construit des lignes entre Saint John et Shediac, Saint John et Fredericton et Saint Andrews et Woodstock. Entrant dans le jeu un peu plus tard, l'├Äle-du-Prince-├ëdouard construit au d├⌐but des ann├⌐es 1870 une ligne couvrant toute la longueur de l'├«le. Avant m├¬me que le chemin de fer ┬½intercolonial┬╗ ne soit enfin construit en 1876 par le nouveau gouvernement du Canada, des centaines de kilom├¿tres de voies ferr├⌐es s'entrecroisent d'un bout ├á l'autre de la r├⌐gion.
  34.  
  35.      Le chemin de fer change d├⌐finitivement les relations entre le gouvernement et l'├⌐conomie. Les subventions et les fonds budg├⌐taires requis pour la construction et l'exploitation du r├⌐seau ferroviaire obligent les politiciens ├á se pr├⌐occuper de l'├⌐conomie plus s├⌐rieusement que jamais. Cherchant le moyen de mettre fin ├á la situation pr├⌐caire de la colonie -- notamment ├á cause du refus des ├ëtats-Unis de proroger au-del├á de 10 ans le terme du trait├⌐ de R├⌐ciprocit├⌐ de 1854 -- ils adoptent une strat├⌐gie de remplacement particuli├¿rement ambitieuse. L'objectif essentiel poursuivi par les dirigeants des Maritimes durant les n├⌐gociations de la Conf├⌐d├⌐ration ├⌐tait l'interd├⌐pendance ├⌐conomique des provinces et la promesse formelle de terminer le chemin de fer ┬½intercolonial┬╗. La Conf├⌐d├⌐ration devait d├⌐tourner l'├⌐conomie des Maritimes de ses pr├⌐occupations traditionnelles centr├⌐es sur les activit├⌐s portuaires et l'exportation des produits de premi├¿re n├⌐cessit├⌐, pour l'orienter vers l'int├⌐rieur et plus particuli├¿rement vers l'expansion du potentiel de l'industrie de transformation. De toute ├⌐vidence, ce d├⌐veloppement allait avoir des r├⌐percussions ├⌐normes sur la configuration de la population active des villes des Maritimes.
  36.  
  37.      En 1878-1879, le gouvernement r├⌐cemment r├⌐├⌐lu de sir John A. Macdonald r├⌐pond aux appels pour une nouvelle strat├⌐gie industrielle par sa ┬½Politique nationale┬╗, un programme ├á trois volets pr├⌐voyant l'instauration de droits de douane protecteurs pour les produits manufactur├⌐s, la construction d'un r├⌐seau de chemin de fer transcontinental et local, et l'encouragement de l'immigration. Ce programme promettait de renforcer l'industrie dans d'autres communaut├⌐s de l'Est, et les abondantes r├⌐serves de charbon de la Nouvelle-├ëcosse ├⌐taient jug├⌐es essentielles pour son succ├¿s. Esp├⌐rant stabiliser le rendement de leurs investissements, les entrepreneurs des Maritimes r├⌐agissent avec enthousiasme et transf├¿rent leurs capitaux ├á de nouveaux secteurs industriels. Ces ├⌐v├⌐nements ont transform├⌐ rapidement l'├⌐conomie de la r├⌐gion. Vers 1885, les Maritimes dont la population repr├⌐sentait moins de 20 pour cent de la population canadienne se flattaient d'avoir huit des vingt-trois filatures de coton, trois des cinq raffineries de sucre, deux des sept corderies, les deux seules aci├⌐ries et six des douze usines de laminage du Canada, sachant que cette nouvelle base industrielle ├⌐tait renforc├⌐e et diversifi├⌐e par toute une gamme de fabriques de lainages, de fils, de savon, de confiserie, de meubles et de machines agricoles. La production de ces secteurs a vite d├⌐pass├⌐ celle du secteur primaire, notamment en Nouvelle-├ëcosse o├╣ se concentrait le gros de l'industrie lourde. Parall├¿lement ├á cela, les anciennes routes c├┤ti├¿res qui desservaient les communaut├⌐s r├⌐gionales ├⌐taient remplac├⌐es par un r├⌐seau ferroviaire mieux organis├⌐.
  38.  
  39.      La r├⌐gion fut caract├⌐ris├⌐e par deux types de d├⌐veloppement industriel, chacun ├⌐tant d├⌐termin├⌐ par un ensemble distinct de param├¿tres g├⌐ographiques. Le secteur de la m├⌐tallurgie lourde et du charbonnage donna naissance ├á une cha├«ne d'entreprises industrielles le long d'un corridor couvrant le nord de la Nouvelle-├ëcosse et le sud du Nouveau-Brunswick. Le traitement, en vue de la r├⌐exportation, des mati├¿res premi├¿res import├⌐es -- notamment le coton et le sucre -- a d├⌐termin├⌐ l'├⌐mergence d'une seconde zone d'activit├⌐ autour de Saint John et, plus au sud, autour des villes n├⌐o-├⌐cossaises, telles Halifax et Yarmouth. Ce dernier secteur tendait ├á s'int├⌐grer au commerce traditionnel avec les Antilles et devait faire appel ├á la participation directe des entrepreneurs existants. Tablant sur l'expansion potentielle des march├⌐s canadiens et ├⌐trangers, ces entreprises ne contribuaient que tr├¿s peu au d├⌐veloppement des ressources destin├⌐es ├á la consommation locale. ├Ç de rares exceptions pr├¿s, elles ont toutes disparu avant le tournant du si├¿cle, victimes d'une tendance ├á l'unification de la production et ├á la r├⌐alisation d'une capacit├⌐ exc├⌐dentaire.
  40.  
  41.      Durant les d├⌐cennies correspondant au tournant du si├¿cle, les limitations des march├⌐s restrictifs nationaux ont intensifi├⌐ la concurrence au sein du syst├¿me commercial de l'Atlantique du Nord. Poursuivant incessamment l'am├⌐lioration des taux de rendement de leurs capitaux, les investisseurs canadiens se sont dirig├⌐s tout d'abord vers les grosses usines puis vers les grands centres industriels, tels que Montr├⌐al, Toronto et Hamilton, pour b├⌐n├⌐ficier des ├⌐conomies d'├⌐chelles et des avantages r├⌐sultant de la position de ces centres ├á proximit├⌐ des march├⌐s importants. Au fur et ├á mesure que les capitaux ├⌐taient polaris├⌐s par un groupe de plus en plus restreint de g├⌐ants industriels, les entreprises moins importantes et moins comp├⌐titives ├⌐taient chass├⌐es du march├⌐. Ce ph├⌐nom├¿ne devait drainer les capitaux du pays, au demeurant limit├⌐s, vers le Canada central et priver les entreprises des Maritimes des capitaux dont elles disposaient. Juste au moment o├╣ son ├⌐conomie ├⌐tait int├⌐gr├⌐e ├á celle du Canada, la r├⌐gion des Maritimes commen├ºa ├á subir les effets de la d├⌐sindustrialisation. La r├⌐volution industrielle des Maritimes, qui a fait tant de tapage, n'aura dur├⌐ que l'espace d'un ├⌐clair.
  42.  
  43.      De toutes les industries, au demeurant nombreuses, qui pourraient servir ├á illustrer ce processus, il en est une qui, bien que relativement petite, se r├⌐v├¿le particuli├¿rement instructive. Vers les ann├⌐es 1880, la r├⌐gion de Trenton (Nouvelle-├ëcosse) comptait trois verreries o├╣ une main-d'oeuvre de 200 ├á 300 hommes et enfants produisait une large gamme d'articles destin├⌐s aux march├⌐s r├⌐gional et national. Comptant sur la protection promise par la Politique nationale, ces entreprises ont dot├⌐ la r├⌐gion d'un ensemble de technologies et d'habilet├⌐s nouvelles qui lui permettaient de satisfaire largement ses besoins en mati├¿re d'articles en verre. Au cours des vingt ann├⌐es subs├⌐quentes, Diamond Glass de Montr├⌐al, alors la plus importante productrice de verre industriel du Canada, r├⌐ussit ├á acqu├⌐rir les trois compagnies locales. La prise en charge ├⌐tait agr├⌐ment├⌐e de promesses d'expansion et de modernisation, mais ces promesses n'ont pas emp├¬ch├⌐ les trois usines de fermer leurs portes peu de temps apr├¿s, victimes d'un processus d'unification qui devait priver la r├⌐gion de son autarcie non seulement par rapport aux produits en verre mais encore par rapport ├á la plupart des biens de consommation. Apr├¿s avoir joui, tout au moins pendant une br├¿ve p├⌐riode de temps, d'une ├⌐conomie industrielle diversifi├⌐e, la r├⌐gion devenait tributaire des manufacturiers du Canada central, qui tendaient de plus en plus ├á ne lui assigner que les fonctions d'entreposage.
  44.  
  45.      Le centre de l'industrie du charbonnage et de la m├⌐tallurgie lourde dans le nord de la Nouvelle-├ëcosse n'a pas ├⌐t├⌐ aussi gravement touch├⌐; n├⌐anmoins, au fur et ├á mesure que l'├⌐conomie industrielle urbaine de la r├⌐gion se concentrait sur les villes du charbon et de l'acier de Cape Breton et Pictou-Cumberland, les compagnies concern├⌐es tombaient, elles aussi, sous la coupe des financiers de Montr├⌐al et de Toronto.
  46.  
  47.      ├Ç l'instar des produits primaires de la p├⌐riode commerciale ant├⌐rieure, la production de charbon et d'acier ├⌐tait sensible aux fluctuations de la demande des march├⌐s ext├⌐rieurs. Les march├⌐s stimul├⌐s par la construction du chemin de fer transcontinental et l'ouverture de l'Ouest canadien ont soutenu pendant un certain temps le fonctionnement des hauts fourneaux de Sydney et des usines de locomotives d'Amherst et de Moncton, mais cette situation n'├⌐tait que provisoire, car sit├┤t que le projet toucha ├á sa fin, ces industries sont devenues aussi sensibles ├á la d├⌐sindustrialisation que les industries des biens de consommation. Le d├⌐clin des secteurs de l'industrie lourde a ├⌐t├⌐ retard├⌐ pendant quelque temps par l'essor ├⌐conomique qui a accompagn├⌐ la Premi├¿re Guerre mondiale, mais la r├⌐duction substantielle des investissements, l'anciennet├⌐ du mat├⌐riel d'exploitation et l'├⌐puisement inexorable des r├⌐serves de charbon, tous ces facteurs ont agi de concert pour placer les industries du charbon et de l'acier de la Nouvelle-├ëcosse, jadis florissantes, en marge de l'├⌐conomie canadienne. Rapide, d├⌐cisive et fatale, cette derni├¿re d├⌐b├ócle du potentiel industriel de la r├⌐gion, durant les ann├⌐es 1920, a eu sur la main-d'oeuvre locale des r├⌐percussions catastrophiques.
  48.  
  49. La r├⌐action de la main-d'oeuvre industrielle 
  50.  
  51.      Avant la Conf├⌐d├⌐ration, les r├⌐actions de la main-d'oeuvre aux r├⌐ductions salariales ou aux mauvaises conditions de travail tendaient ├á ├¬tre fragment├⌐es, m├¬me au sein du corps de m├⌐tiers directement concern├⌐. ├Ç de rares exceptions pr├¿s, ces r├⌐actions n'ont jamais t├⌐moign├⌐ d'une solidarit├⌐ r├⌐elle ou d'une organisation soutenue. Les ouvriers imprimeurs et les t├⌐l├⌐graphistes dans les grandes villes de la r├⌐gion constituaient une exception, mais il faut souligner que la nature de leur travail leur permettait de communiquer plus facilement entre eux, et les hautes qualifications dont ils faisaient preuve les rendaient difficilement rempla├ºables du jour au lendemain. Les succ├¿s r├⌐alis├⌐s par les ouvriers imprimeurs et les t├⌐l├⌐graphistes de Halifax et de Saint John encourag├¿rent d'autres corps de m├⌐tiers soucieux de prot├⌐ger leurs domaines de sp├⌐cialisation contre les intrus, mais les premi├¿res actions collectives ├⌐taient pour la plupart d├⌐fensives et d├⌐rivaient du d├⌐sir de maintenir un certain contr├┤le sur les processus de travail. Les r├⌐actions les plus violentes ont ├⌐t├⌐ provoqu├⌐es par les d├⌐cisions unilat├⌐rales concernant la modification des pratiques ├⌐tablies, notamment par l'introduction des innovations technologiques qui minimisaient la valeur des habilet├⌐s acquises pendant toute une vie. Ces initiatives ├⌐taient insuffisamment coordonn├⌐es et aboutissaient rarement ├á des n├⌐gociations collectives pour la d├⌐termination des conditions d'emploi; il n'emp├¬che qu'elles ont r├⌐solu certains probl├¿mes concernant les ouvriers qualifi├⌐s et, malgr├⌐ leurs cons├⌐quences limit├⌐es, ont contribu├⌐ dans une certaine mesure ├á la conscientisation de la classe ouvri├¿re des Maritimes.
  52.  
  53.      L'union massive des travailleurs n'a ├⌐merg├⌐ dans la r├⌐gion qu'apr├¿s l'instauration d'un r├⌐gime de d├⌐veloppement industriel syst├⌐matique. Elle a pris naissance dans les mines de charbon, o├╣ les travailleurs, expos├⌐s aux m├¬mes dangers et appartenant au m├¬me milieu culturel, ont fait preuve d'une solidarit├⌐ sans pr├⌐c├⌐dent. Entre la Conf├⌐d├⌐ration et la fin de la Premi├¿re Guerre mondiale, le nombre de mineurs est pass├⌐ d'environ 800 ├á plus de 12 000. Les N├⌐o-├ëcossais ├⌐taient gagn├⌐s graduellement aux traditions des mineurs de fond originaires de la Grande-Bretagne et recrut├⌐s avant eux. Ces mineurs britanniques ont apport├⌐ avec eux des habitudes de travail s├⌐culaires, notamment la formule des soci├⌐t├⌐s b├⌐n├⌐voles et coop├⌐ratives, qui s'est d├⌐velopp├⌐e en r├⌐ponse ├á l'oppression exerc├⌐e par les exploitants des mines de charbon.
  54.  
  55.      Les r├⌐ductions salariales ou les d├⌐cisions unilat├⌐rales modifiant les pratiques d'usage ont provoqu├⌐ des conflits occasionnels, mais aucune organisation permanente n'a ├⌐t├⌐ ├⌐tablie avant 1878-1879, date de d├⌐claration de la Politique nationale, pour exprimer les opinions des mineurs.
  56.  
  57.      L'expansion qui a suivi la Conf├⌐d├⌐ration s'est traduite ├⌐galement par la disparit├⌐ des taux de salaire et la d├⌐t├⌐rioration des conditions de s├⌐curit├⌐ ├á l'int├⌐rieur des mines. Durant la grande d├⌐pression des ann├⌐es 1870, les exploitants des mines se sont entendus pour r├⌐duire les salaires et ont tent├⌐, par des intrigues de couloir, de rehausser les tarifs appliqu├⌐s au commerce interprovincial. En 1879, lorsque les ouvriers de la mine Cumberland Coal Company de Springhill ont d├⌐bray├⌐ pour protester contre une autre r├⌐duction des salaires, un nouveau syndicat, la Provincial Workman's Association (PWA), est n├⌐, et dans l'espace d'un an tous les mineurs de la Nouvelle-├ëcosse, ├á de rares exceptions pr├¿s, y ont adh├⌐r├⌐. Les n├⌐gociations collectives pour la d├⌐termination des taux de salaires dans l'ensemble de l'industrie n'ont jamais abouti; toujours est-il que la PWA a d├⌐fendu non sans succ├¿s les droits des mineurs, au cours des quatre d├⌐cennies suivantes, dans les milieux de l'industrie et du gouvernement.
  58.  
  59.      Robert Drummond, le premier ┬½Grand secr├⌐taire┬╗ de la PWA, se d├⌐termina ├á prendre le contre-pied d'une opinion courante selon laquelle les mineurs repr├⌐sentaient dans la main-d'oeuvre provinciale une coterie indisciplin├⌐e, un groupe de fauteurs de troubles. Dans le journal hebdomadaire de l'Association, The Trades Journal, il soutenait incessamment que la participation s├⌐rieuse des mineurs aux d├⌐cisions touchant l'industrie, et plus particuli├¿rement les d├⌐cisions ayant trait ├á la s├⌐curit├⌐ et aux conditions de travail dans les mines, augmenterait la productivit├⌐ et am├⌐liorerait le travail et la vie des mineurs. Enti├¿rement fid├¿le ├á l'industrie et ├á la r├¿gle de droit, Drummond mena la PWA ├á des victoires ├⌐clatantes dans la l├⌐gislation relative ├á la s├⌐curit├⌐ des travailleurs et ├á l'indemnisation des accidents de travail. Malheureusement pour les mineurs, cette l├⌐gislation n'├⌐tait jamais rigoureusement appliqu├⌐e et bien de bonnes lois sont rest├⌐es sans effet longtemps apr├¿s leur promulgation. L'aptitude de la PWA ├á n├⌐gocier des conventions ex├⌐cutoires au nom de ses membres demeurait une question confuse et consid├⌐rablement d├⌐battue. L'Association n'a jamais pr├⌐tendu exercer une influence ├á l'├⌐chelle de toute l'industrie; elle pr├⌐f├⌐rait plut├┤t traiter les probl├¿mes de chaque mine ou localit├⌐ au fur et ├á mesure qu'ils se posaient. Tant qu'ils approuvaient l'opinion du patronat, selon laquelle les mineurs ├⌐taient, par d├⌐finition, des producteurs quasi ind├⌐pendants, Drummond et son successeur James Moffatt devaient accepter les coupes sombres faites dans les salaires durant les p├⌐riodes de crise. Ainsi la port├⌐e des n├⌐gociations collectives concernant les salaires ou les autres conditions d'emploi est rest├⌐e r├⌐duite jusqu'au jour o├╣ les leaders ont d├⌐fini les relations en des termes plus agressifs.
  60.  
  61.      ├ëtant donn├⌐ que le secteur du charbonnage frayait les voies ├á l'industrialisation et ├á la syndicalisation dans les Maritimes, son ├⌐volution ├⌐tait surveill├⌐e de pr├¿s par le reste de la communaut├⌐ ouvri├¿re de la r├⌐gion. Les tendances fondamentales des n├⌐gociations collectives ├⌐taient normalement mises en avant par les mineurs avant d'├¬tre plus g├⌐n├⌐ralement adopt├⌐es. Pour r├⌐duire les co├╗ts, les conglom├⌐rats canadiens, qui sont parvenus ├á dominer l'industrie du charbonnage de la Nouvelle-├ëcosse ├á partir de 1900, ont proc├⌐d├⌐ ├á la m├⌐canisation et ├á l'├⌐lectrification des installations de fond. Cette mesure a fait perdre aux mineurs une grande partie du contr├┤le qu'ils exer├ºaient auparavant. La production croissante du charbon entre les ann├⌐es 1900 et 1914 augmentait occasionnellement les revenus des mineurs qualifi├⌐s mais cela n'a pas emp├¬ch├⌐ la disparition graduelle de la protection l├⌐gislative et du pouvoir de n├⌐gociation, que la PWA avait obtenus au prix de longs efforts. Les mineurs partisans de mesures plus radicales ont demand├⌐ une participation plus efficace que celle qui ├⌐tait offerte par la PWA. Tirant parti d'une conjoncture caract├⌐ris├⌐e par la demande de l'├⌐conomie de temps de guerre et par l'intervention des dirigeants de la main-d'oeuvre du Canada central, ils ont r├⌐ussi en 1918-1919, apr├¿s un long et dur combat, ├á remplacer la PWA par la United Mine Workers of America (UMWA).
  62.  
  63.      Ces mineurs ont ouvert la voie ├á l'instauration d'un mouvement ouvrier radical dans la r├⌐gion. J.B. McLachlan, secr├⌐taire permanent de l'UMWA, exhortait tous les travailleurs des Maritimes ├á d├⌐finir leur position dans l'├⌐conomie r├⌐gionale selon des normes associ├⌐es plus directement ├á leur classe sociale. Avec d'autres dirigeants de la main-d'oeuvre r├⌐gionale, il tenta de sensibiliser le public ├á la condition servile des travailleurs sous le r├⌐gime capitaliste existant. L'adoption des concepts socialistes marqua l'├⌐mergence d'un mouvement nouveau, propre ├á supporter puissamment les int├⌐r├¬ts des travailleurs de la r├⌐gion. Malgr├⌐ l'├⌐chec de leurs tentatives r├⌐it├⌐r├⌐es pour se faire repr├⌐- senter aux paliers provincial ou national avant la Premi├¿re Guerre mondiale, ces nouveaux socialistes ont r├⌐ussi ├á se faire entendre par les travailleurs. Fait encore plus important, ils ont offert ├á ces derniers un substitut du consensus capitaliste concernant la structure de l'├⌐conomie et la place qu'ils y occupaient.
  64.  
  65.      Les conflits de travail, end├⌐miques dans les mines depuis le tournant du si├¿cle, ont prolif├⌐r├⌐ au cours de la d├⌐cennie qui a suivi la fin de la Premi├¿re Guerre mondiale, lorsqu'une d├⌐pression g├⌐n├⌐ralis├⌐e imposa des mesures r├⌐ductrices sur tous les plans. Dans beaucoup de secteurs, les travailleurs r├⌐clamaient le droit de choisir des repr├⌐sentants pour les n├⌐gociations collectives. Les ouvriers hautement qualifi├⌐s ont utilis├⌐ l'organisation syndicale du travail pour r├⌐pondre aux tentatives du patronat visant ├á neutraliser le r├┤le central qu'ils jouaient dans le processus de production. Au fur et ├á mesure que les contrats ex├⌐cutoires entre les travailleurs industriels et leurs employeurs prenaient une valeur normative dans les diff├⌐rentes r├⌐gions de l'Am├⌐rique du Nord, la tendance vers les n├⌐gociations collectives gagnait des dimensions nouvelles dans les Maritimes. Les mineurs de l'industrie du charbonnage auraient pu red├⌐finir plus rapidement et plus clairement les relations entre le patronat et la main-d'oeuvre, mais dans l'ensemble de la r├⌐gion, les travailleurs menaient campagne pour exercer plus de contr├┤le sur leurs salaires et leurs conditions de travail. Malheureusement, cette prise de conscience ne s'est mat├⌐rialis├⌐e qu'├á l'├⌐poque o├╣ leur pouvoir de n├⌐gociation tombait tr├¿s bas sous l'action de la d├⌐sindustrialisation.
  66.  
  67. Conclusion 
  68.  
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  70. (Cliquez  "suite" pour aller ├á la deuxi├¿me partie)