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Text File  |  1996-08-11  |  32KB  |  78 lines

  1. LES CANADIENNES ET LA SECONDE GUERRE MONDIALE 
  2.  
  3. Ruth Roach Pierson 
  4.  
  5.      Les Canadiennes apport├¿rent une contribution importante et diversifi├⌐e ├á l'effort de guerre de leur pays au cours du deuxi├¿me conflit mondial. Elles servirent en effet comme militaires, comme ouvri├¿res d'usines et comme b├⌐n├⌐voles. Pour la premi├¿re fois dans l'histoire canadienne, les trois branches des forces arm├⌐es s'ouvrirent aux femmes qui n'├⌐taient pas infirmi├¿res. Un nombre sans pr├⌐c├⌐dent de femmes abandonna les t├óches domestiques pour occuper un emploi r├⌐mun├⌐r├⌐ dans les secteurs publics et priv├⌐s, et l'organisation du travail b├⌐n├⌐vole prit une ampleur encore jamais vue. Au cours de la guerre, quelques femmes acc├⌐d├¿rent m├¬me ├á des postes conf├⌐rant des responsabilit├⌐s et une influence consid├⌐rables.
  6.  
  7.      Ces faits s'inscrivent dans le cadre de la guerre, qui fut une trag├⌐die pour les femmes dont un fr├¿re, un p├¿re, un fils, un ├⌐poux, un futur ├⌐poux -- au total 40 000 Canadiens -- fut tu├⌐ au combat. Beaucoup de femmes perdirent aussi des parents demeur├⌐s en Europe, victimes des tueries syst├⌐matiques perp├⌐tr├⌐es par les Nazis au nom de leur credo racial et politique. Laissons cependant ├á la plume habile de l'autobiographe ou du romancier le soin d'exprimer les horreurs indicibles de la guerre et les moments de joie ou de d├⌐sespoir.
  8.  
  9.      Nous nous proposons ici, en ├⌐tudiant la participation des femmes ├á l'effort de guerre du Canada, de nous faire une id├⌐e d'ensemble de l'├⌐volution que subirent la situation et l'image des femmes au sein de la soci├⌐t├⌐ canadienne. La soci├⌐t├⌐ modifia-t-elle ses attentes ├á l'├⌐gard des femmes? Les pr├⌐jug├⌐s concernant le r├┤le et les capacit├⌐s des femmes se trouv├¿rent-ils ├⌐branl├⌐s? Au nom de quelle cause ou de quel principe apporta-t-on des changements? Pouvons-nous dire que la guerre ├⌐mancipa les femmes ou leur donna un statut plus ├⌐lev├⌐, ou faut-il conclure plut├┤t que les conditions extr├¬mes de cette ├⌐poque mirent en lumi├¿re et renforc├¿rent l'attachement de la soci├⌐t├⌐ ├á une division traditionnelle du travail et ├á une hi├⌐rarchie de l'autorit├⌐ fond├⌐e sur le sexe?
  10.  
  11. La situation d'avant-guerre 
  12.  
  13.      Au d├⌐but de la guerre, en septembre 1939, l'├⌐conomie canadienne n'├⌐tait pas encore sortie de la crise ├⌐conomique. Sur une population de onze millions, le ch├┤mage frappait toujours environ 900 000 travailleurs, dont 20 pour 100 de femmes selon les estimations. Bien s├╗r, cette grave r├⌐cession n'avait pas eu les m├¬mes effets pour tous. Les femmes des classes moyenne et sup├⌐rieure qui pouvaient s'appuyer, directement ou par l'interm├⌐diaire de leur p├¿re ou de leur mari, sur de bons investissements ou sur une profession stable, trouvaient l├á l'occasion de se procurer ├á prix r├⌐duits une diversit├⌐ de produits et de services. De fait, beaucoup de m├⌐nag├¿res, pour la premi├¿re fois depuis leur mariage, pouvaient s'offrir une domestique, un aspirateur ou une nouvelle machine ├á laver ├⌐lectrique.
  14.  
  15.      Celles qui jusque-l├á avaient ├⌐t├⌐ habitu├⌐es au confort, mais dont le p├¿re ou le mari se retrouvait sans le sou apr├¿s le krach de 1929, tomb├¿rent par contre dans la g├¬ne. Il serait difficile de dire qui eut le plus ├á souffrir de la crise, des fermi├¿res vivant dans les Prairies d├⌐vast├⌐es par la s├⌐cheresse et les sauterelles, des femmes dont le p├¿re ou le mari, ayant perdu son emploi, ├⌐tait forc├⌐ de recourir ├á l'assistance publique, des veuves, des femmes chefs de familles monoparentales ou des femmes qui, devant subvenir ├á leurs propres besoins, ne pouvaient trouver d'emploi. L'acc├¿s ├á la Fonction publique et ├á de nombreux secteurs de l'industrie ├⌐tait implicitement ferm├⌐ aux femmes mari├⌐es. Les enseignantes, les employ├⌐es de bureau, les t├⌐l├⌐phonistes, les vendeuses, les infirmi├¿res et les ouvri├¿res du textile et des conserveries avaient du mal ├á trouver du travail. Tous les domaines ouverts aux femmes ├⌐taient frapp├⌐s d'un fort taux de ch├┤mage, sauf le service de maison. Les femmes qui avaient besoin d'argent allaient faire du m├⌐nage dans les maisons des plus fortun├⌐es, et les jeunes filles dont le p├¿re ├⌐tait ch├┤meur se faisaient bonnes chez les familles ais├⌐es. La demande semblait in├⌐puisable, mais dans le service de maison, comme dans les autres types d'emplois, c'├⌐taient les employeurs, non les employ├⌐s, qui fixaient les salaires et les conditions de travail. Sans doute valait-il mieux, en g├⌐n├⌐ral, avoir un emploi que de n'en pas avoir, mais diverses commissions d'enqu├¬te r├⌐v├⌐l├¿rent que les femmes employ├⌐es dans l'industrie du textile et les ateliers de couture ├⌐taient souvent l'objet d'une exploitation honteuse, se traduisant par des salaires tr├¿s bas et de longues heures de travail ├á une cadence infernale. La guerre vint enfin offrir de nouvelles possibilit├⌐s ├á celles qui avaient connu le d├⌐sespoir du ch├┤mage ou l'├⌐puisement nerveux d'un labeur mal r├⌐mun├⌐r├⌐.
  16.  
  17.      Entre septembre 1939 et le milieu de 1941, l'industrie de guerre et le recrutement pour l'arm├⌐e ranim├¿rent le march├⌐ du travail, qui se ressentait toujours de la crise ├⌐conomique. En juin 1941, le nombre des travailleurs s'├⌐tait accru d'environ 100 000 par rapport au chiffre du recensement f├⌐d├⌐ral de 1931, mais cette augmentation ┬½correspondait uniquement ├á l'am├⌐lioration g├⌐n├⌐rale de la situation de l'emploi┬╗. Ce n'est qu'a partir de ce moment que commen├ºa de se manifester une demande inhabituelle de main-d'oeuvre f├⌐minine ├á l'ext├⌐rieur du foyer.
  18.  
  19. Les femmes dans les forces arm├⌐es 
  20.  
  21.      Les forces arm├⌐es furent les premi├¿res ├á percevoir la menace d'une p├⌐nurie de main-d'oeuvre. D├¿s le mois de juin 1940, le quartier g├⌐n├⌐ral de la D├⌐fense nationale commen├ºa d'examiner la possibilit├⌐ d'enr├┤ler des femmes et de leur faire jouer un r├┤le de soutien afin de lib├⌐rer le plus grand nombre d'hommes possible pour le service en campagne. Cette solution qu'envisageaient d├⌐j├á les forces arm├⌐es co├»ncidait avec le vif d├⌐sir, chez des milliers de Canadiennes, de servir leur pays dans l'uniforme militaire.
  22.  
  23.      Ce sont les femmes de la Colombie-Britannique qui les premi├¿res t├⌐moign├¿rent cet empressement. Un service f├⌐minin de volontaires fut form├⌐ dans cette province en octobre 1938, sur le mod├¿le du Women's Auxiliary Territorial Service de l'arm├⌐e britannique. Les groupes paramilitaires f├⌐minins sans caract├¿re officiel se multipli├¿rent apr├¿s le d├⌐clenchement de la guerre; on estime qu'environ 6 700 femmes faisaient partie de ces organisations en  1941. Il s'agissait du Women's Transport Service Corps; des Women's Service Corps de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de la Nouvelle-├ëcosse; des Saskatchewan Auxiliary Territorials; du Women's Volunteer Reserve Corps of Montreal (dont les membres ├⌐taient surnomm├⌐s les Canadian Beavers); du Corps de r├⌐serve national f├⌐minin; de la R├⌐serve canadienne f├⌐minine, et enfin du Canadian Auxiliary Territorial Service of Ontario. Ces groupes pr├⌐sent├¿rent aux minist├¿res de la D├⌐fense nationale et des Services nationaux de guerre demandes sur demandes de reconnaissance officielle. Finalement, le minist├¿re de la D├⌐fense nationale d├⌐cida de constituer son propre service f├⌐minin, et de n'utiliser les groupes paramilitaires que pour le recrutement.
  24.  
  25.      L'aviation fut la premi├¿re force arm├⌐e ├á ouvrir ses portes ├á d'autres femmes qu'aux infirmi├¿res. Le Service auxiliaire f├⌐minin de l'aviation canadienne (Canadian Women's Auxiliary Air Force) fut cr├⌐├⌐ par un arr├¬t├⌐ en conseil du 2 juillet 1941, et int├⌐gr├⌐ ├á l'aviation d├¿s le d├⌐part. Il prit en f├⌐vrier 1942 le nom de Corps d'Aviation Royal Canadien (Section f├⌐minine). Cet exemple fut d'abord suivi par l'arm├⌐e de terre; un arr├¬t├⌐ en conseil du 13 ao├╗t 1941 autorisait en effet la formation de la Division f├⌐minine de l'Arm├⌐e Canadienne (Canadian Women's Army Corps, ou CWAC). qui ne fut toutefois int├⌐gr├⌐ ├á l'arm├⌐e active qu'en mars 1942. Enfin, le 31 juillet de la m├¬me ann├⌐e, fut constitu├⌐ Le Corps f├⌐minin de la Marine Royale Canadienne (Women's Royal Canadian Naval Service, ou WRCNS).
  26.  
  27.      L'aviation et l'arm├⌐e commenc├¿rent ├á recruter des femmes ├á la fin de l'├⌐t├⌐ et au d├⌐but de l'automne de 1941. Pour la constitution des corps d'officiers de ces nouveaux services f├⌐minins, on donna la pr├⌐f├⌐rence ├á celles qui ├⌐taient d├⌐j├á officiers des groupes paramilitaires non officiels. Ces organisations fournirent aussi beaucoup de recrues, attir├⌐es par la vie militaire et ses symboles. Une ├⌐tude effectu├⌐e par l'arm├⌐e en 1943 r├⌐v├⌐la que les femmes s'engageaient surtout par patriotisme. D'autres motifs jouaient ├⌐galement un r├┤le, comme le d├⌐sir d'├¬tre pr├¿s d'une amie ou de l'homme de sa vie, celui aussi d'├⌐chapper ├á l'isolement de la campagne ou ├á la vie de petite ville et de voir le monde. Il ne faut pas sous-estimer non plus les raisons d'ordre ├⌐conomique, pour celles qui cherchaient l'occasion d'apprendre un nouveau m├⌐tier.
  28.  
  29.      L'aviation, l'arm├⌐e et la marine employaient les femmes dans les ├⌐quipes au sol, derri├¿re les bureaux et sur la c├┤te, afin de lib├⌐rer les hommes pour le combat. On le voit d'ailleurs aux devises des services f├⌐minins: ┬½Nous servons pour que les hommes puissent voler┬╗; ┬½Nous servons pour que les hommes puissent combattre┬╗; ┬½Nous sommes les femmes qui servent les hommes qui servent les canons┬╗. Les fonctions offertes aux femmes qui s'engageaient dans l'arm├⌐e ├⌐taient toutes auxiliaires. Leur nombre augmenta toutefois avec le temps. La Section f├⌐minine du CARC, qui comptait au d├⌐but onze m├⌐tiers de base, en r├⌐unissait cinquante en f├⌐vrier 1943. Dans l'arm├⌐e de terre, on finit par affecter quelques femmes au service en campagne avec des unit├⌐s de la d├⌐fense c├┤ti├¿re, apr├¿s les avoir entra├«n├⌐es, ├á compter de 1943, ├á servir aupr├¿s des r├⌐giments de d├⌐fense antia├⌐rienne, en qualit├⌐ d'op├⌐ratrices de cin├⌐th├⌐odolite (charg├⌐es de v├⌐rifier la pr├⌐cision des altit├⌐l├⌐m├¿tres et des canons antia├⌐riens), ainsi que de radiophonistes et de traceuses-t├⌐l├⌐phonistes dans les salles de contr├┤le de tir. La propagande de recrutement pouvait toutefois continuer d'assurer aux jeunes Canadiennes qu'elles ne seraient pas appel├⌐es ├á servir ┬½sur la ligne de feu. Il n'est pas question que vous tiriez du fusil ou que vous lanciez des grenades┬╗.
  30.  
  31.      En mars 1945, les femmes engag├⌐es dans l'arm├⌐e se trouvaient repr├⌐sent├⌐es dans cinquante-cinq groupes de m├⌐tiers, en plus des affectations de service g├⌐n├⌐ral ne donnant pas droit ├á la solde de sp├⌐cialit├⌐; on comptait dans cette derni├¿re cat├⌐gorie les conductrices sans formation technique, les blanchisseuses, les aides-infirmi├¿res, les ordonnances, les aides de cantine, les serveuses et les commis d'administration. M├¬me chez les femmes de m├⌐tier, la grande majorit├⌐ ├⌐tait affect├⌐e aux bureaux ou aux cuisines. En mars 1945, 70 pour 100 des femmes de m├⌐tier de l'arm├⌐e en poste en Am├⌐rique du Nord remplissaient des taches de commis (62,4 pour 100) ou de cuisini├¿res (8 pour 100); nous atteignons pr├¿s de 90 pour 100 (88,6) si nous ajoutons aux chiffres pr├⌐c├⌐dents les 6,9 pour 100 qui ├⌐taient magasiniers; 4,5 pour 100, standardistes; 2,7 pour 100, trieuses de lettres; 2,2 pour 100, aides-dentistes; et 1,9 pour 100, conductrices avec formation technique. Le reste des femmes de m├⌐tier, soit 11,4 pour 100, se r├⌐partissait entre les quarante-six autres sp├⌐cialit├⌐s. La secr├⌐taire en uniforme ├⌐tait le type m├¬me de la CWAC.
  32.  
  33.      Les deux autres forces arm├⌐es pr├⌐sentaient dans l'ensemble la m├¬me situation. Du d├⌐but ├á la fin de la guerre, on eut besoin surtout de commis de bureau et de cuisini├¿res. La grande majorit├⌐ des femmes engag├⌐es dans l'arm├⌐e, l'aviation ou la marine se virent affect├⌐es ├á des fonctions qui leur ├⌐taient d├⌐j├á traditionnellement r├⌐serv├⌐es dans la vie civile, ou qui ├⌐taient un prolongement des soins maternels ou des travaux domestiques.
  34.  
  35.      Les femmes en uniforme ne recevaient pas la m├¬me solde que leurs homologues masculins. Lors de la formation des services f├⌐minins, la solde de base pour les femmes de tous grades fut fix├⌐e aux deux tiers de celle des hommes de m├¬me rang. La solde de sp├⌐cialit├⌐ suivait aussi une ├⌐chelle sensiblement inf├⌐rieure ├á celle qui s'appliquait aux hommes de m├¬me niveau dans un m├¬me groupe de m├⌐tiers. Plus encore, les femmes ne recevaient pas d'allocations familiales. Ces in├⌐galit├⌐s suscit├¿rent ├á l'├⌐poque les protestations des femmes des forces arm├⌐es, officiers et autres, et soulev├¿rent l'indignation du public. Ces in├⌐galit├⌐s ├⌐taient d'autant plus flagrantes que beaucoup de femmes ex├⌐cutant un travail auparavant effectu├⌐ par un homme s'├⌐taient laiss├⌐ dire que leur rende- ment ├⌐tait aussi bon, sinon meilleur, que celui de leur pr├⌐d├⌐cesseur. En outre, m├¬me si les femmes accept├⌐s dans l'arm├⌐e, la marine et l'aviation n'├⌐taient pas cens├⌐es avoir d'enfants ├á charge, l'absence totale d'allocations familiales m├⌐contentait ┬½beaucoup de jeunes filles┬╗ qui jusque-l├á avaient ┬½contribu├⌐ au revenu familial┬╗.
  36.  
  37.      Le minist├¿re de la D├⌐fense nationale, conscient que ces in├⌐galit├⌐s freinaient le recrutement chez les femmes, fut sensible ├á la critique. En juillet 1943, on rajusta la solde et les indemnit├⌐s vers├⌐es aux femmes. La solde de base atteignit 80 pour 100 de celle que recevaient les hommes de m├¬me grade, et la solde de sp├⌐cialit├⌐ fut port├⌐e ├á ├⌐galit├⌐. En outre, les femmes auraient droit d├⌐sormais ├á des allocations pour les parents, les fr├¿res et les soeurs (mais non les maris) ├á charge. Ces nouvelles mesures ne supprimaient pas toutes les in├⌐galit├⌐s, mais elles allaient plus loin en ce sens que les r├⌐gimes en vigueur dans l'industrie priv├⌐e o├╣ l'├⌐cart des salaires et des avantages marginaux pay├⌐s aux hommes et aux femmes ├⌐tait encore plus grand. N├⌐anmoins, une enqu├¬te men├⌐e en 1944, r├⌐v├⌐la que les femmes des forces arm├⌐es ├⌐taient toujours m├⌐contentes que leur solde soit inf├⌐rieure ├á celle des hommes qu'elles rempla├ºaient. 
  38.  
  39.      Les officiers recruteurs se heurtaient toutefois ├á des obstacles plus s├⌐rieux. Il ├⌐tait manifeste, en effet, que des rumeurs mettant en doute la moralit├⌐ des membres des services f├⌐minins d├⌐courageaient l'enr├┤lement. La Commission d'information en temps de guerre mena une ├⌐tude sur cette ┬½insidieuse campagne de diffamation┬╗ et en arriva ├á conclure que ┬½la fr├⌐quence, la persistance et la grande diffusion┬╗ de ces rumeurs indiquaient l'existence d'un pr├⌐jug├⌐ bien ancr├⌐ ├á l'endroit des services f├⌐minins. La Commission donnait ├á l'imputation d'┬½immoralit├⌐┬╗ explication historique, faisant observer que le ┬½point vuln├⌐rable de la femme┬╗ ├⌐tait la respectabilit├⌐ de sa vie sexuelle, ┬½cible que visent toujours ceux qui s'offusquent de toute ├⌐tendue de ses pr├⌐rogatives┬╗. Il appartenait traditionnellement aux hommes de porter l'uniforme, de marcher au pas, de se tenir au garde-├á-vous et de faire le salut militaire. La femme qui adoptait un tel comportement semblait d├⌐fier les conventions et ┬½manquer de f├⌐minit├⌐┬╗, et d├¿s lors il ├⌐tait ais├⌐ d'imaginer qu'elle aurait pu tout aussi bien rompre avec les pr├⌐ceptes de la morale. Les officiers responsables du recrutement et des relations publiques s'effor├ºaient de d├⌐samorcer les rumeurs en faisant valoir les aspects positifs de la vie des femmes dans les forces arm├⌐es et en signalant que les jeunes recrues avaient l'approbation de leurs parents.
  40.  
  41.      Bravant l'opposition, qui se fit sentir jusqu'en 1945, pr├¿s de 50 000 femmes habitant le Canada s'├⌐taient engag├⌐es dans les services f├⌐minins avant leur dissolution, en 1946: 20 497 dans l'arm├⌐e de terre, 16 221 dans le CARC, et 6 665 dans la Marine royale. Les services infirmiers des trois forces arm├⌐es en r├⌐unissaient encore 4 439. L'ensemble de ces femmes repr├⌐sentait environ 2 pour 100 de la population f├⌐minine du Canada ├óg├⌐e de quinze ├á quarante-cinq ans. Certaines d'entre elles avaient ├⌐t├⌐ en poste ├á l'ext├⌐rieur du Canada, ├á Terre-Neuve et aux ├ëtats-Unis. L'occasion de servir outre-mer ├⌐tait r├⌐serv├⌐e ├á celles qui se distinguaient par leur anciennet├⌐ et leurs ├⌐tats de service. ┬½Le premier contingent du CARC (Section f├⌐minine) partit pour le Royaume-Uni en ao├╗t 1942┬╗; celui du CWAC, en novembre de la m├¬me ann├⌐e, et celui du WRCNS, ├á la fin de 1943 seulement. ├Ç compter de mai 1944, des groupes d'├⌐lite du CWAC furent envoy├⌐s en campagne sur le continent europ├⌐en pour servir ├á l'arri├¿re des forces canadiennes qui prenaient part ├á l'invasion de l'Italie, puis de la France et de l'Allemagne.
  42.  
  43. Les femmes dans la main-d'oeuvre civile 
  44.  
  45.      Les responsables de la production civile de guerre, en retard sur les militaires, ne s'int├⌐ress├¿rent ├á la possibilit├⌐ d'employer une main-d'oeuvre f├⌐minine qu'├á l'├⌐t├⌐ de 1941. Le Comit├⌐ d'enqu├¬te sur le recrutement de la main-d'oeuvre, cr├⌐├⌐ alors par le gouvernement f├⌐d├⌐ral, estima que, ┬½la plus grande partie de la r├⌐serve de main-d'oeuvre masculine┬╗ ├⌐tant ┬½├⌐puis├⌐e┬╗, ┬½l'enti├¿re mobilisation┬╗ des ┬½importantes r├⌐serves de main-d'oeuvre f├⌐minine du pays┬╗ ├⌐tait ┬½indispensable ├á la poursuite de l'effort de guerre┬╗. On tint compte de cette recommandation, et le gouvernement du Canada ├⌐tablit en mars 1942 le Service national s├⌐lectif (SNS), charg├⌐ de la mobilisation et de la r├⌐partition de la main-d'oeuvre canadienne. Le Premier ministre Mackenzie King, dans un discours qu'il pronon├ºa alors devant le Parlement, d├⌐clara que l'embauche des femmes ├⌐tait la ┬½caract├⌐ristique la plus importante du programme┬╗. Le SNS fut dot├⌐ deux mois plus tard d'une Division f├⌐minine, et l'on proc├⌐da en septembre ├á une inscription sp├⌐ciale des femmes ├óg├⌐es de vingt ├á vingt-quatre ans.
  46.  
  47.      Ainsi fut lanc├⌐e la premi├¿re ├⌐tape du recrutement actif de main-d'oeuvre f├⌐minine, qui visait les jeunes femmes c├⌐libataires ou mari├⌐es sans enfants. Le SNS organisa une campagne nationale de publicit├⌐ afin de faire valoir le travail dans l'industrie de guerre aupr├¿s des jeunes femmes, et de vaincre ┬½la r├⌐ticence g├⌐n├⌐rale, chez les employeurs, ├á confier aux femmes les travaux ordinairement ex├⌐cut├⌐s par les hommes┬╗. Le SNS obtint des directeurs de journaux et de revues des espaces gratuits pour des textes et des illustrations sur les femmes qui occupaient un emploi dans la production de guerre. Le r├⌐seau national de Radio-Canada diffusa en outre ┬½une s├⌐rie de pi├¿ces ├⌐crites express├⌐ment pour le Service national s├⌐lectif┬╗ sur le m├¬me th├¿me. Enfin, le SNS assura le transport et l'installation de travailleuses des r├⌐gions rurales dans les centres de l'industrie de guerre, principalement en Ontario et au Qu├⌐bec.
  48.  
  49.      La campagne de recrutement porta ses fruits. On estime qu'au plus fort de la pr├⌐sence des femmes sur le march├⌐ du travail, ├á l'automne de 1944, la main-d'oeuvre r├⌐mun├⌐r├⌐e ├á plein temps au Canada comprenait de 1 080 000 ├á 1 200 000 femmes. Ces chiffres ne tiennent pas compte des employ├⌐es ├á temps partiel ni des 800 000 femmes travaillant ├á la ferme, qui ┬½faisaient pleinement leur part, avec ou sans r├⌐mun├⌐ration personnelle, afin de maintenir un rythme normal de production┬╗. ├Ç l'automne de 1943, abstraction faite de l'agriculture, les femmes continuaient d'├¬tre employ├⌐es surtout dans le secteur des services, o├╣ leur nombre atteignait environ 439 000; 373 000 travaillaient dans les industries de fabrication; 180 000, dans le commerce et la finance; 31 000, dans le transport et les communications, et 4 000 dans la construction. La pr├⌐sence des femmes dans l'industrie de guerre atteignit un sommet en octobre 1943: on estima alors que 261 000 femmes prenaient part ├á la production de guerre, soit directement soit indirectement. Dans le premier cas, les femmes travaillaient dans les usines o├╣ l'on fabriquait des fusils, des munitions et des chars, dans la construction navale ou dans la construction a├⌐ronautique. On leur confiait de pr├⌐f├⌐rence les t├óches d'inspection (par exemple, la plupart des obus produits par l'industrie de guerre canadienne ├⌐taient examin├⌐s par des femmes) et les ┬½travaux d├⌐licats┬╗. La sagesse populaire de l'├⌐poque tenait en effet que, lorsqu'il s'agissait d'assembler des valves ou de minuscules ├⌐l├⌐ments de d├⌐tonateurs, les femmes ├⌐taient ┬½sup├⌐rieures aux hommes, ├á cause de leurs doigts plus petits et plus sensibles, ├á cause ├⌐galement de leur capacit├⌐ de s'astreindre ├á de longues heures d'un travail monotone, fatigant pour les yeux┬╗. Beaucoup de femmes quittaient l'emploi qu'elles avaient occup├⌐ jusque-l├á pour l'industrie de guerre, qui offrait de meilleurs salaires; on put ainsi assister, entre 1941 et 1944, ├á l'exode de quelque 50 000 femmes auparavant employ├⌐es comme domestiques. Les industries du textile et du v├¬tement se plaignirent aussi au gouvernement de la fuite de travailleuses. La Commission des prix et du commerce en temps de guerre (Wartime Prices and Trade Board) r├⌐agit en d├⌐clarant que la production de certaines fabriques ├⌐tait essentielle ├á l'effort de guerre, et le SNS, en tenant en 1943 des campagnes de recrutement f├⌐minin pour les industries du textile et du v├¬tement, dans les centres qui ├⌐taient le plus affect├⌐s par la p├⌐nurie de main-d'oeuvre. Ces mesures redress├¿rent quelque peu la situation, mais le minist├¿re du Travail savait fort bien que les longues heures et les mauvaises conditions de travail, associ├⌐es ├á un salaire peu ├⌐lev├⌐, ├⌐taient cause des probl├¿mes. Sans doute le gouvernement et certains syndicats d├⌐fendaient-ils, pour la forme, le principe d'un salaire ├⌐gal pour un travail ├⌐gal, mais le salaire horaire moyen des femmes employ├⌐es dans l'industrie en 1944 n'atteignait en g├⌐n├⌐ral que les deux tiers de celui des hommes (47,9 cents, par comparaison ├á 71,2 cents).
  50.  
  51.      Au milieu de 1943, on constatait des p├⌐nuries de main-d'oeuvre dans bien des sph├¿res du secteur des services qui avaient longtemps compt├⌐ sur le travail des femmes. Ces domaines ├⌐taient d├⌐laiss├⌐s non seulement pour les meilleurs salaires des industries de guerre, mais aussi pour l'enr├┤lement dans les forces arm├⌐es. Les h├┤pitaux, les restaurants, les h├┤tels, les blanchisseries et les teintureries avaient beau appeler ├á l'aide, la ┬½r├⌐serve de main-d'oeuvre f├⌐minine imm├⌐diatement disponible┬╗ s'├⌐tait ├⌐vapor├⌐e. ├Ç l'├⌐t├⌐ de 1943, le SNS commen├ºa ├á offrir des emplois ├á temps partiel aux femmes m├¿res de famille ou charg├⌐es de diverses responsabilit├⌐s domestiques. Une campagne lanc├⌐e alors par le gouvernement f├⌐d├⌐ral encourageait les femmes qui avaient travaill├⌐ ├á la Fonction publique avant leur mariage ├á reprendre un emploi temporaire, ├á temps partiel ou ├á temps plein, pour combler le manque de main-d'oeuvre dans les minist├¿res responsables de la conduite de la guerre.
  52.  
  53.      Les jeunes femmes c├⌐libataires avaient ├⌐t├⌐ les premi├¿res vis├⌐es par le SNS; cependant, les femmes mari├⌐es sans enfants et les m├¿res de famille en qu├¬te d'un emploi, y compris les m├¿res de jeunes enfants, profit├¿rent aussi d├¿s le d├⌐part des nouvelles possibilit├⌐s offertes par la guerre. On d├⌐couvrit en septembre 1942 que beaucoup de m├¿res de famille travaillant dans les usines de guerre de Montr├⌐al avaient d├⌐clar├⌐ ├á leur employeur qu'elles ├⌐taient c├⌐libataires parce qu'elles craignaient de ne pas obtenir d'emploi autrement. ├Ç l'aube de la troisi├¿me ann├⌐e de guerre, le public ontarien, en particulier dans la r├⌐gion de Toronto, r├⌐clama du gouvernement, avec une insistance croissante, des services de garderie et de surveillance apr├¿s l'├⌐cole. On parlait de b├⌐b├⌐s enferm├⌐s dans des voitures en stationnement pendant que la m├¿re ou les deux parents ├⌐taient au travail, et on s'inqui├⌐tait des enfants laiss├⌐s seuls ├á la maison; certains voyaient m├¬me un lien entre le travail des m├¿res et la d├⌐linquance juv├⌐nile.
  54.  
  55. Garderies financ├⌐es par l'├ëtat 
  56.  
  57.      Conscient du fait que le pays avait de plus en plus besoin du travail r├⌐mun├⌐r├⌐ des femmes m├¿res de jeunes enfants, le gouvernement du Canada prit des mesures afin de leur offrir un service de garderie pour la dur├⌐e de la guerre. Un arr├¬t├⌐ en conseil du 20 juillet 1942 autorisait le gouvernement f├⌐d├⌐ral ├á contribuer de moiti├⌐ ├á l'├⌐tablissement, dans les provinces int├⌐ress├⌐es, d'un service de garderie destin├⌐ ├á recevoir les enfants dont la m├¿re travaillait dans l'industrie de guerre. Seules les deux provinces les plus industrialis├⌐es profit├¿rent des avantages que pr├⌐sentait l'Entente f├⌐d├⌐rale provinciale sur les garderies de guerre; l'Ontario donna officiellement son accord le 29 juillet 1942, et le Qu├⌐bec, le 3 du mois suivant. L'Alberta signa ├á son tour cette entente le 31 ao├╗t 1943, sans toutefois y donner suite.
  58.  
  59.      L├á o├╣ il fut appliqu├⌐, le programme mit du temps ├á prendre son essor et n'eut jamais qu'une faible ├⌐tendue. Les garderies cr├⌐es en vertu de cette entente commenc├¿rent d'ouvrir en Ontario en janvier 1943, au Qu├⌐bec deux mois plus tard. L'accord pr├⌐voyait aussi la protection, pendant la journ├⌐e, des enfants d'├óge scolaire: surveillance au cours des vacances, repas chaud le midi et surveillance en dehors des heures de classe pendant l'ann├⌐e scolaire. On allait en outre confier les b├⌐b├⌐s et les enfants de moins de deux ans ├á des particuliers. En septembre 1945, l'Ontario comptait en vertu de ce programme 28 garderies recevant environ 900 enfants, et 44 organisations scolaires s'occupant de quelque 2 500 jeunes ├⌐l├¿ves. ├Ç la m├¬me ├⌐poque, le Qu├⌐bec ne comptait que 5 garderies cr├⌐├⌐es sp├⌐cialement pour la guerre, toutes ├á Montr├⌐al; on n'y recevait en moyenne que de 115 ├á 120 enfants.
  60.  
  61.      Comme le programme voulait r├⌐pondre ├á un besoin suscit├⌐ par la guerre, les motifs qui avaient donn├⌐ lieu ├á sa cr├⌐ation s'├⌐vanouirent au retour de la paix. Le gouvernement du Qu├⌐bec mit brusquement fin ├á l'entente le 15 octobre 1945, malgr├⌐ les protestations des organismes d'aide sociale, des soci├⌐t├⌐s catholiques de bienfaisance, des associations d'enseignantes protestantes et des m├¿res au travail. Les garderies continu├¿rent ├á vivoter quelques mois encore en Ontario, tandis que les gouvernements f├⌐d├⌐ral et provincial et les administrations municipales cherchaient ├á s'en renvoyer la responsabilit├⌐. Le gouvernement f├⌐d├⌐ral retira finalement sa contribution le 30 juin 1946.
  62.  
  63. B├⌐n├⌐volat et travail non r├⌐mun├⌐r├⌐ des femmes 
  64.  
  65.      La contribution des Canadiennes ├á l'effort de guerre prit surtout la forme du travail non r├⌐mun├⌐r├⌐ ├á la maison et de ce qu'on appelle le b├⌐n├⌐volat. Le travail non r├⌐mun├⌐r├⌐ des femmes au foyer ├⌐tait aussi essentiel ├á l'entretien de la plupart des familles pendant la guerre que pendant la paix, sinon davantage. La mobilisation quasi totale de la soci├⌐t├⌐ canadienne pour la poursuite de la guerre exigeait la coop├⌐ration des femmes en tant que consommatrices, cuisini├¿res, couturi├¿res et administratrices du budget familial. En qualit├⌐ de m├⌐nag├¿res, les femmes contribu├¿rent ├á l'effort de guerre en respectant les restrictions impos├⌐es par le rationnement, en ├⌐vitant le gaspillage et en recueillant, pour la production de guerre, les objets et les restes que normalement elles auraient jet├⌐s. Apr├¿s 1942, les m├⌐nag├¿res des villes en particulier durent apprendre ├á cuisiner avec des quantit├⌐s limit├⌐es de presque toutes les denr├⌐es, depuis le lait jusqu'├á la m├⌐lasse. Afin d'accro├«tre la production alimentaire du Canada, elles cultiv├¿rent des jardins potagers et firent des conserves. Beaucoup sans doute avaient d├╗ s'exercer ├á ├⌐conomiser pendant la crise ├⌐conomique, mais celles qui avaient v├⌐cu plus ├á l'aise apprirent pour la premi├¿re fois ├á reprendre de vieux v├¬tements afin d'en faire de nouveaux pour toute la famille, et ├á r├⌐duire leurs d├⌐penses devant les limites de production qui frappaient ├á peu pr├¿s tous les articles d'usage courant, depuis les balais jusqu'aux voitures d'enfant. Les m├⌐nag├¿res recueillirent la vieille huile et les restes de graisse pour l'industrie des munitions, et ├⌐conomis├¿rent sou par sou pour acheter des timbres de guerre. Une affiche les incitait par exemple ├á r├⌐cup├⌐rer bouts de m├⌐tal, vieux chiffons, papier, os, verre et caoutchouc.
  66.  
  67.      Il fallait quelqu'un pour r├⌐unir les objets r├⌐cup├⌐rables et les contributions aux bons de la Victoire, pour distribuer les cartes de rationnement et diffuser les renseignements sur la fa├ºon de r├⌐aliser les ├⌐conomies domestiques indispensables ├á l'effort de guerre. Presque tout ce travail ├⌐tait accompli b├⌐n├⌐volement, au niveau local, par des femmes qui visitaient le voisinage. De fait, ces b├⌐n├⌐voles qui travaillaient ├⌐galement ├á la maison ou ├á l'ext├⌐rieur supportaient un vaste r├⌐seau de services et d'activit├⌐s de guerre. Le minist├¿re des Services nationaux de guerre cr├⌐a une Division des services b├⌐n├⌐voles f├⌐minins (SBF; en anglais, Women's Voluntary Services Division), ├á l'automne de 1941, pour coordonner ces efforts. Alors que le bureau d'Ottawa donnait directives, conseils et information, la marche du programme ├⌐tait assur├⌐e principalement par les centres de SBF ├⌐tablis dans quarante-quatre villes canadiennes, de Sydney (Nouvelle-├ëcosse) ├á Victoria, et par les organismes f├⌐minins des r├⌐gions rurales.
  68.  
  69.      Les femmes n'avaient cependant pas attendu, pour apporter leur contribution ├á l'effort de guerre, que le gouvernement f├⌐d├⌐ral adopte des mesures en ce sens. Elles-m├¬mes en avaient pris l'initiative. Au lendemain de la d├⌐claration de guerre, les associations f├⌐minines de toutes sortes cherch├¿rent des moyens de se rendre utiles ├á leur pays, et de nouveaux organismes virent le jour ├á cette fin pr├⌐cise.
  70.  
  71.      L'essentiel du travail b├⌐n├⌐vole de guerre fut ainsi accompli par des millions de Canadiennes oeuvrant au sein de milliers de soci├⌐t├⌐s et de clubs dont l'action ├⌐tait concert├⌐e par les centres locaux de SBF et par les organismes f├⌐minins, lesquels recevaient leurs directives du bureau d'Ottawa. Quinze des centres de SBF situ├⌐s dans les villes form├¿rent des ├⌐quipes de quartier pour les campagnes et les collectes de porte ├á porte, la hi├⌐rarchie des responsabilit├⌐s allant des chefs de quartier aux chefs de section et aux chefs de zone, puis ├á la directrice des ├⌐quipes de quartier, au bureau d'Ottawa. Par ailleurs, la pr├⌐sidente de la Commission des services de guerre des Instituts f├⌐minins du Canada parlait en ces termes du travail accompli en temps de guerre par les Canadiennes des r├⌐gions rurales:
  72.  
  73.      ├Ç la ferme, elles ont travaill├⌐ plus fort que jamais. Elles ont conduit les tracteurs, fait les foins, fait les r├⌐coltes, cultiv├⌐ de magnifiques jardins et augment├⌐ la production d'oeufs et de volaille de tout le Canada. Elles n'en ont pas moins trouv├⌐ le temps de produire des tonnes de confitures ├á exp├⌐dier outre-mer, ainsi que des v├¬tements pour les r├⌐fugi├⌐s et des milliers  d'articles pour la Croix-Rouge.
  74.  
  75.      De 1943 ├á 1945, les Instituts f├⌐minins du Canada rassembl├¿rent ┬½plus d'un demi-million de dollars en esp├¿ces┬╗ et confectionn├¿rent ┬½├á peu pr├¿s le m├¬me nombre de v├¬tements...pour la Croix-Rouge et divers autres organismes┬╗. Apr├¿s la guerre, les organismes f├⌐minins et les centres de SBF form├¿rent des comit├⌐s charg├⌐s d'accueillir les soldats qui revenaient au foyer, et d'aider les ├⌐pouses qu'ils ramenaient parfois de l'├⌐tranger ├á s'acclimater ├á leur nouveau pays.
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