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Text File  |  1996-08-11  |  32KB  |  66 lines

  1. LA PR├ëHISTOIRE DE L'ARCTIQUE CANADIEN 
  2.  
  3. Robert McGhee 
  4.  
  5.      Pour la plupart des Canadiens, l'Arctique est une terre d├⌐nud├⌐e et inhospitali├¿re, ├á peine habitable. Peu nombreux sont ceux qui savent que les anc├¬tres des Am├⌐rindiens et des Esquimaux y vivaient d├⌐j├á il y a tr├¿s longtemps. Et pourtant, c'est du nord-ouest de l'Arctique canadien que nous viennent des indices convaincants de la plus ancienne pr├⌐sence humaine dans le Nouveau-Monde. Il y a au moins 30 000 ans, cette r├⌐gion ├⌐tait habit├⌐e par des gens du Pal├⌐olithique, chasseurs de mammouths et d'autres esp├¿ces de gros gibier. ├Ç une ├⌐poque post├⌐rieure au recul des glaciers de la derni├¿re glaciation, les anc├¬tres des Am├⌐rindiens ont pouss├⌐ vers le nord, ├á la poursuite des animaux; il y a plus de 8 000 ans, ils avaient progress├⌐ au-del├á de la limite de la v├⌐g├⌐tation arborescente. Les Esquimaux, ou des peuples de type esquimau, habitaient les r├⌐gions les plus septentrionales du haut Arctique il y a 4 000 ans d├⌐j├á.
  6.  
  7.      Les habitants pr├⌐historiques de l'Arctique canadien ├⌐taient des chasseurs et des p├¬cheurs, et la r├⌐gion leur offrait une subsistance convenable. Une r├¿gle ├⌐cologique d'application g├⌐n├⌐rale veut que, plus on s'├⌐loigne de l'├⌐quateur et que l'on se rapproche des p├┤les, moins on trouve d'esp├¿ces animales diff├⌐rentes. Les populations de ces esp├¿ces sont toutefois relativement nombreuses. Les variations extr├¬mes du climat arctique influent sur tous les aspects de la vie animale. La migration, la pr├⌐sence de nourriture et la mise bas occasionnent chez de nombreuses esp├¿ces de denses concentrations saisonni├¿res. Ces facteurs se conjuguent pour faire de la chasse et de la p├¬che dans l'Arctique des activit├⌐s fort productives. D├¿s qu'on sait quand les caribous en migration traversent un certain lac, ├á quelle ├⌐poque l'omble remonte une rivi├¿re, et o├╣ les phoques et les morses se concentrent ├á cause des conditions locales de la glace, il est possible de tuer un grand nombre de ces animaux en peu de temps. Plus au sud, les chasseurs doivent passer plus de temps ├á chercher un gibier fort ├⌐parpill├⌐ et ne peuvent abattre que des individus isol├⌐s. Ainsi, pour les groupes de chasseurs, l'Arctique repr├⌐sente depuis toujours un milieu vital attirant. En fait, il semble que la r├⌐gion ait ├⌐t├⌐ habit├⌐e d├¿s que se sont d├⌐velopp├⌐es les techniques permettant aux hommes de se prot├⌐ger contre les rigueurs de ses hivers et de poursuivre et tuer les animaux qui la peuplent.
  8.  
  9.      Comme les Am├⌐rindiens et les Esquimaux de l'Arctique n'ont laiss├⌐ aucun t├⌐moignage ├⌐crit de leur pass├⌐, et que les traditions orales ne remontent pas au-del├á de quelques g├⌐n├⌐rations, presque tout ce que nous savons sur la r├⌐gion est n├⌐cessairement le fruit de recherches arch├⌐ologiques. La fouille et l'├⌐tude des restes des villages et des campements occup├⌐s par les gens pr├⌐historiques nous donnent au moins une vague id├⌐e de leur mode de vie. Les vestiges de maisons et d'emplacements de tentes nous font conna├«tre l'importance approximative des ├⌐tablissements. Les ossements des animaux abattus pour ├¬tre mang├⌐s, g├⌐n├⌐ralement bien conserv├⌐s dans le sol gel├⌐ de l'Arctique, renseignent l'arch├⌐ologue sur le r├⌐gime alimentaire des gens. Ces m├¬mes ossements, ainsi que le charbon de bois provenant des feux de cuisson, peuvent ├¬tre analys├⌐s par la m├⌐thode du radiocarbone pour d├⌐terminer l'├óge approximatif des ├⌐tablissements. En examinant les outils et les armes perdus ou jet├⌐s par les plus anciens habitants d'un site et en les comparant aux objets trouv├⌐s ailleurs, l'arch├⌐ologue apprend comment diverses techniques pr├⌐historiques de l'Arctique ont ├⌐volu├⌐ avec le temps.
  10.  
  11.      L'├⌐tude des populations modernes ou historiques de l'Arctique facilite pour les arch├⌐ologues celle des habitants pr├⌐historiques de la r├⌐gion. Les Esquimaux et les Am├⌐rindiens qui occupent aujourd'hui la r├⌐gion avaient, avant l'introduction des mat├⌐riaux et des id├⌐es des Europ├⌐ens, des modes de vie qu'ils avaient h├⌐rit├⌐s de leurs anc├¬tres. Notre connaissance de ces peuples nous fournit des indices d'une valeur inestimable qui facilitent la reconstitution de la vie des groupes pr├⌐historiques. L'utilit├⌐ de cette m├⌐thode est toutefois assez limit├⌐e, car les sch├¿mes culturels de l'Arctique se sont transform├⌐s rapidement pour s'adapter aux conditions changeantes du milieu. Comme nous le verrons, bon nombre des groupes pr├⌐historiques qui nous int├⌐ressent avaient des modes de vie tout ├á fait diff├⌐rents de ceux de leurs descendants du XIXe si├¿cle. On peut ├⌐galement retracer l'histoire des Am├⌐rindiens et des Esquimaux, jusqu'├á un certain point, par l'├⌐tude de leurs langues et de leurs caract├⌐ristiques physiques ou raciales. Par exemple, tous les groupes connus sous le nom d'Esquimaux parlent des langues apparent├⌐es, qui doivent donc toutes remonter ├á une m├¬me langue ancestrale. Les langues esquimaudes ont des affinit├⌐s avec celle des Al├⌐outes des ├«les Al├⌐outiennes, ce qui laisse croire que les deux groupes descendent d'une population commune ayant v├⌐cu il y a tr├¿s longtemps. De m├¬me, les langues esquimaude et al├⌐outienne ont un lointain lien de parent├⌐ avec celles des Tchoukchis, des Koriaks et des Kamtchadales du nord-est de la Sib├⌐rie. Cette affinit├⌐ laisse croire qu'Esquimaux et Al├⌐outes sont d'origine asiatiqueth├⌐orie que vient corroborer le fait que leurs langues ne sont apparent├⌐es ├á aucune de celles des Am├⌐rindiens de l'Am├⌐rique du Nord.
  12.  
  13.      Les caract├⌐ristiques raciales de ces peuples septentrionaux racontent une histoire similaire. On groupe les Esquimaux et les Al├⌐outes avec plusieurs gens du nord-est de la Sib├⌐rie dans une cat├⌐gorie connue sous le nom d'arcto-mongolo├»de, caract├⌐ris├⌐e en particulier par des traits faciaux tr├¿s plats. Les groupes am├⌐rindiens du nord du Canada et de l'Alaska ne pr├⌐sentent pas ces traits, mais se rapprochent davantage des groupes am├⌐rindiens des r├⌐gions plus m├⌐ridionales. Ici encore, les donn├⌐es semblent indiquer une histoire diff├⌐rente: les anc├¬tres des Am├⌐rindiens sont venus du sud, tandis que les Esquimaux ont de plus proches liens de parent├⌐ avec les groupes sib├⌐riens et ont pu venir d'Asie ├á une ├⌐poque post├⌐rieure ├á la migration par laquelle les anc├¬tres des Am├⌐rindiens sont arriv├⌐s en Am├⌐rique du Nord.
  14.  
  15.      ├ëtant donn├⌐ les limitations de nos connaissances actuelles sur la pr├⌐histoire de l'Arctique, il n'est pas ├⌐tonnant que bien des aspects en restent vagues et incertains. Ce modeste ouvrage omet bon nombre de d├⌐tails et d'arguments qui n'int├⌐ressent que les arch├⌐ologues, ce qui donnera peut-├¬tre au lecteur l'impression que la pr├⌐histoire de l'Arctique est simple et bien comprise. Il n'en est rien, et il faut se rendre compte que notre compr├⌐hension est bas├⌐e sur la fouille d'un nombre relativement limit├⌐ de sites arch├⌐ologiques. Nous pouvons ├¬tre s├╗rs que les investigations arch├⌐ologiques futures modifieront notre point de vue et ├⌐clairciront bon nombre de d├⌐tails qui sont pr├⌐sentement obscurs.
  16.  
  17. Les chasseurs du Pal├⌐olithique(30 000-10 000 av. J.-C.) 
  18.  
  19.      Pendant la majeure partie des 100 000 derni├¿res ann├⌐es, les glaciers continentaux de la derni├¿re glaciation recouvraient le gros du Canada. La plus grande r├⌐gion d├⌐couverte se trouvait dans l'Arctique occidental, o├╣ elle s'├⌐tendait vers l'ouest ├á partir du delta du Mackenzie. Elle constituait la lisi├¿re orientale d'une grande r├⌐gion ├⌐pargn├⌐e par les glaciers qui s'├⌐tendait sur le nord du Yukon, de l'Alaska et de la Sib├⌐rie. Large de quelque 1 000 kilom├¿tres, cette r├⌐gion joignait l'Alaska ├á la Sib├⌐rie. Ce pont terrestre a livr├⌐ passage aux habitants des toundras de l'├⌐poque glaciaire: le caribou, le cheval, le mammouth et les chasseurs sib├⌐riens du Pal├⌐olithique qui les poursuivaient. Il y a plus de 30 000 ans, et peut-├¬tre y a-t-il d├⌐j├á 60 000 ans, ces groupes avaient atteint le nord du Yukon. On a trouv├⌐ leurs outils d'os de facture grossi├¿re dans les berges ├⌐rod├⌐es des rivi├¿res de la r├⌐gion d'Old Crow Flats. La plupart de ces outils ne sont que des ├⌐clats tranchants d├⌐tach├⌐s par percussion d'os de mammouth, mais il y a aussi un grattoir en os de caribou et une al├¿ne fa├ºonn├⌐e ├á partir d'un tibia de huart.
  20.  
  21.      Nous n'en avons pas de preuve certaine, mais nous soup├ºonnons que les descendants de ces premiers immigrants sont rest├⌐s dans l'extr├¬me nord-ouest du Canada tout au long de la derni├¿re partie de l'├⌐poque glaciaire. Ils ├⌐taient probablement les anc├¬tres des habitants dont on retrouve les outils dans les cavernes locales et qu'on a dat├⌐s d'environ 11 000 av. J.-C. ├Ç cette ├⌐poque, une partie de ces gens se sont probablement d├⌐plac├⌐s vers le sud pour devenir les anc├¬tres des Am├⌐rindiens.
  22.  
  23. Les premi├¿res occupations am├⌐rindiennes(10 000-2 000 av. J.-C.) 
  24.  
  25.      La fonte des glaciers continentaux s'est amorc├⌐e vers 13 000 avant J.-C. et, d├¿s 8 000 avant notre ├¿re, la d├⌐glaciation avait atteint la plus grande partie de l'ouest de l'Arctique. Les eaux de la mer de B├⌐ring avaient remont├⌐ au point o├╣ l'Alaska et la Sib├⌐rie ├⌐taient de nouveau s├⌐par├⌐s. Nous soup├ºonnons qu'├á ce moment-l├á, les anc├¬tres de tous les Am├⌐rindiens ├⌐taient d├⌐j├á pass├⌐s d'Asie en Am├⌐rique du Nord. ├Ç mesure que les glaciers r├⌐gressaient vers le nord et que la vie s'├⌐tablissaient dans les r├⌐gions d├⌐couvertes, divers groupes de chasseurs am├⌐rindiens ont commenc├⌐ ├á se d├⌐placer vers le nord pour p├⌐n├⌐trer dans ce qui est maintenant l'Arctique canadien. Ceux-ci, pendant qu'ils habitaient, au cours de la p├⌐riode glaciaire, les toundras de basse latitude qui existaient dans les Plaines du sud, dans la r├⌐gion des Grands Lacs et en Nouvelle-Angleterre, avaient d├⌐velopp├⌐ des technologies et des modes de vie adapt├⌐s tout au moins aux conditions subarctiques.
  26.  
  27.      Bien que nous soup├ºonnions que des descendants des premiers immigrants du Pal├⌐olithique aient continu├⌐ ├á occuper le Yukon et l'Alaska, certains indices donnent ├á penser que des chasseurs am├⌐rindiens ont commenc├⌐ ├á se d├⌐placer vers le nord d├¿s 9 000 av. J.-C. Ils apportaient avec eux des pointes de lance ├á cannelures d'une facture distinctive, qui avaient ├⌐t├⌐ d├⌐velopp├⌐es au sud de la couche glaciaire. Au moins 6 000 ans av. J.-C., la r├⌐gion de la toundra, entre la baie d'Hudson et le Grand Lac de l'Ours, avait ├⌐t├⌐ occup├⌐e par des Am├⌐rindiens qui se servaient de pointes de lance lanc├⌐ol├⌐es, identiques ├á celles utilis├⌐es par les chasseurs de bison des Plaines centrales. Certains de ces groupes ont peut-├¬tre adapt├⌐ leurs techniques de chasse au bison ├á la poursuite du caribou dans la for├¬t septentrionale et la r├⌐gion m├⌐ridionale de la toundra, remontant vers le nord ├á mesure que ce milieu s'├⌐tendait et transformait des r├⌐gions qu'avaient recouvertes autrefois les glaciers. Des Am├⌐rindiens ont v├⌐cu dans cette r├⌐gion de fa├ºon presque continue depuis cette ├⌐poque, s'avan├ºant l'├⌐t├⌐ sur la toundra ├á la poursuite du caribou et se retirant l'hiver dans la for├¬t.
  28.  
  29.      Sur la c├┤te atlantique, nous avons des indices d'un troisi├¿me grand d├⌐placement vers le nord, qui a atteint la r├⌐gion du Labrador contigu├½ au d├⌐troit de Belle-Isle au moins 7 000 ans av. J.-C., et l'extr├¬me nord du Labrador vers 3 000 av. J.-C. Ces Am├⌐rindiens de tradition de l'Archa├»que des Maritimes ├⌐taient des chasseurs de caribou, mais ils ont d├╗ poss├⌐der une technologie de chasse en mer assez avanc├⌐e, car nous avons la preuve qu'ils ont abattu des phoques et des morses. Notre connaissance de tous ces groupes nous vient principalement des outils en pierre qu'ils ont laiss├⌐s derri├¿re eux -- objets qui ne fournissent que des renseignements limit├⌐s sur la vie de leurs cr├⌐ateurs. Les s├⌐pultures des gens de tradition de l'Archa├»que des Maritimes nous donnent toutefois des aper├ºus sur leur religion et leur soci├⌐t├⌐. D├¿s 5 000 av. J.-C., ces occupants du sud du Labrador inhumaient certains individus dans des cryptes de pierre recouvertes de grands amas de roches. Cette pratique fun├⌐raire est plus avanc├⌐e que toutes les autres dont nous connaissons l'existence dans le monde d'alors. Leur groupe a d├╗ ├¬tre petit et ├⌐parse, mais ces chasseurs anciens de l'Arctique semblent avoir eu le temps et l'├⌐nergie n├⌐cessaires pour consacrer au soin de leurs morts un nombre incalculable de pens├⌐es et d'efforts physiques.
  30.  
  31.      D├¿s 5 000 av. J.-C., les glaciers continentaux s'├⌐taient retir├⌐s jusqu'aux ├«les montagneuses de l'est de l'Arctique et de l'extr├¬me nord du Labrador, o├╣ ils subsistent aujourd'hui, vestiges de la derni├¿re glaciation. Il semble que, de 7 000 ├á 2 000 ans av. J.-C., le climat de l'Arctique ait ├⌐t├⌐ consid├⌐rablement plus chaud qu'il ne l'est aujourd'hui, et la limite de la v├⌐g├⌐tation arborescente se situait plus au nord. Et pourtant, mises ├á part les exp├⌐ditions d'├⌐t├⌐ des Am├⌐rindiens chasseurs de caribou, les vastes r├⌐gions de la toundra et de la c├┤te arctique sont rest├⌐es inhabit├⌐es. Cette absence d'occupation humaine ├⌐tait due, non pas ├á une p├⌐nurie de ressources dont les chasseurs auraient pu vivre, mais ├á l'absence d'une technologie permettant la survie sur la toundra pendant les hivers arctiques. Les Am├⌐rindiens ne pouvaient trouver d'arbres pour construire leurs abris ou faire du feu. Mais loin ├á l'ouest, soit en Alaska, soit en Sib├⌐rie, il existait des groupes qui ├⌐taient en train d'acqu├⌐rir une telle technologie.
  32.  
  33. Les immigrants venus de Sib├⌐rie(8 000-2 000 av. J.-C.) 
  34.  
  35.      Vers 8 000 av. J.-C., ├á peu pr├¿s ├á l'├⌐poque o├╣ le d├⌐troit de B├⌐ring a ├⌐t├⌐ envahi par les eaux, de petits groupes de chasseurs ont commenc├⌐ ├á faire leur apparition en Alaska, apportant avec eux une technologie d'outils en pierre qui ├⌐tait ├⌐trang├¿re ├á l'Am├⌐rique du Nord. Cette technologie ├⌐tait bas├⌐e sur des styles du M├⌐solithique sib├⌐rien et comportait l'usage de microlames, petites lamelles de pierre tranchantes fa├ºonn├⌐es selon un proc├⌐d├⌐ sp├⌐cial, pour donner des bords tranchants aux lances et aux couteaux en os. Certains arch├⌐ologues croient que ces immigrants, peut-├¬tre les derniers ├á p├⌐n├⌐trer en Am├⌐rique du Nord par voie terrestre, ├⌐taient les anc├¬tres des Athabascans du nord-ouest du Canada et de l'Alaska, tandis que d'autres soup├ºonnent qu'ils ├⌐taient peut-├¬tre les anc├¬tres des Esquimaux et des Al├⌐outes. Cette derni├¿re opinion est appuy├⌐e par le fait que des vestiges arch├⌐ologiques d├⌐couverts dans l'├«le d'Anangula, ├á l'extr├⌐mit├⌐ orientale de la cha├«ne des Al├⌐outiennes, semblent indiquer une continuit├⌐ technologique entre ces immigrants anciens et les Al├⌐outes de la p├⌐riode historique. Ailleurs, la situation n'est pas aussi claire. Dans la majeure partie de l'Alaska continental, les vestiges t├⌐moignent seulement d'une occupation am├⌐rindienne au cours de la p├⌐riode s'├⌐tendant approximativement de 6 000 ├á 2 000 av. J.-C. Cependant, sur la c├┤te pacifique de l'Alaska nous trouvons, d├¿s 4 000 av. J.-C., une culture de chasse maritime qui ressemble sur le plan technologique ├á celle des habitants des ├«les Al├⌐outiennes voisines. L├á encore, il semble y avoir continuit├⌐ entre ces gens et les Esquimaux qui occupaient la c├┤te sud de l'Alaska dans les temps historiques. Il est donc possible que les anc├¬tres des Esquimaux et des Al├⌐outes soient arriv├⌐s en Am├⌐rique d├¿s 8 000 av. J.-C. et qu'ils aient d├⌐velopp├⌐ leur propre mode de vie maritime sur la c├┤te pacifique de l'Alaska et dans les ├«les Al├⌐outiennes. Ils ont pu subir l'influence des riches cultures de chasse aux animaux marins qui se d├⌐veloppaient plus au sud sur la c├┤te de la Colombie-Britannique.
  36.  
  37.      L'envahissement du d├⌐troit de B├⌐ring par les eaux n'a pas mis fin ├á l'immigration en Alaska ├á partir de la Sib├⌐rie. Il est possible que les anc├¬tres des Esquimaux aient travers├⌐ le d├⌐troit ├á une ├⌐poque ult├⌐rieure; ils auraient probablement appartenu ├á la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique. Leurs campements commencent ├á faire leur apparition sur les c├┤tes et dans les r├⌐gions de toundra du nord et de l'ouest de l'Alaska vers 2 000 av. J.-C. Les outils de pierre que l'on trouve sur les lieux de ces campements sont les produits d'une technologie totalement diff├⌐rente de toutes les traditions ant├⌐rieures connues en Alaska ou ailleurs en Am├⌐rique du Nord, et sont tr├¿s similaires ├á ceux utilis├⌐s par les groupes du N├⌐olithique en Sib├⌐rie. Comme l'indique le nom Tradition des outils microlithiques de l'Arctique, presque tous les outils de pierre sont extr├¬mement petits. Ceux-ci comprennent des microlames, semblables ├á celles apport├⌐es en Alaska par des immigrants plus anciens, des burins (outils spatialis├⌐es pour le d├⌐coupage des os, munis d'un tranchant comme celui d'un ciseau), de minuscules lames triangulaires servant de pointes de harpon, et de petites pointes de fl├¿che, qui constituent probablement le premier indice de l'usage de l'arc et de la fl├¿che en Am├⌐rique du Nord. Les repr├⌐sentants de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique n'ont jamais atteint la c├┤te sud de l'Alaska ou les ├«les Al├⌐outiennes, mais il semble qu'ils se soient ├⌐tendus rapidement sur le Canada arctique et le Groenland. Nous avons trouv├⌐ quelques squelettes de leurs descendants, et ceux-ci nous apprennent que les gens de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique ├⌐taient de type physique arcto-mongolo├»de, semblables aux Esquimaux. Il se peut qu'ils aient parl├⌐ une langue esquimaude ancestrale, mais il est ├⌐galement possible que leur langue aient ├⌐t├⌐ apparent├⌐e ├á celle parl├⌐e par les Tchoukchis ou un autre groupe sib├⌐rien. Nous employons parfois le terme ┬½Pal├⌐o-Esquimaux┬╗ pour d├⌐signer ce groupe et ses descendants. Quoi qu'il en soit, les repr├⌐sentants de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique ont ├⌐t├⌐ les premiers occupants de la c├┤te et des ├«les de l'Arctique canadien.
  38.  
  39. Les Pal├⌐o-Esquimaux anciens (2 000-1000 av. J.-C.) 
  40.  
  41.      Bien que les plus anciens campements connus de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique en Alaska remontent ├á environ 2 000 av. J.-C., des dates d'une anciennet├⌐ analogue ont ├⌐t├⌐ obtenues dans des sites de cette tradition situ├⌐s beaucoup plus ├á l'est, jusqu'au nord du Groenland et au Labrador. Comme il est certain que ces gens sont venus de l'ouest, nous soup├ºonnons que l'on n'a pas encore trouv├⌐ les plus anciens sites de l'Alaska, et que l'expansion vers l'est ├á partir de la Sib├⌐rie a d├╗ se produire au cours du troisi├¿me mill├⌐naire avant notre ├¿re. Ces groupes anciens de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique ├⌐taient apparemment des chasseurs des for├¬ts septentrionales de la Sib├⌐rie qui ont adopt├⌐ un mode de vie leur permettant de vivre dans les r├⌐gions de toundra situ├⌐es plus au nord. Initialement, ils ont pu ├¬tre attir├⌐s vers la toundra par les troupeaux de caribous qui ├⌐migraient vers le nord chaque ├⌐t├⌐. Une fois sur place ils auraient d├⌐couvert les boeufs musqu├⌐s et les phoques des c├┤tes arctiques, qui restent dans la r├⌐gion tout au long de l'hiver. Ayant appris ├á chasser les animaux de la toundra et des glaces arctiques ainsi qu'├á utiliser leurs peaux comme v├¬tements et leur graisse comme combustible, ils n'├⌐taient plus oblig├⌐s de se retirer dans la for├¬t pendant l'hiver. Il s'est ouvert ainsi une grande r├⌐gion du monde qui n'avait jamais connu auparavant l'occupation humaine.
  42.  
  43.      Comme les plus anciens sites connus de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique dans chaque r├⌐gion sont dat├⌐s ├á un si├¿cle pr├¿s de 2 000 av. J.-C., l'expansion du groupe ├á travers l'Alaska, le Canada et le Groenland a d├╗ ├¬tre assez rapide. Comme aucun vestige arch├⌐ologique ne porte ├á croire que ces groupes avaient des bateaux ou des chiens domestiqu├⌐s pouvant tirer des tra├«neaux, ils se sont probablement d├⌐plac├⌐s ├á pied. Beaucoup d'autres ├⌐l├⌐ments de la technologie esquimaude plus r├⌐cente sont ├⌐galement absents, les plus importants ├⌐tant l'iglou et la lampe ├á godet. Ces lacunes du d├⌐veloppement technologique des groupes de Tradition des outils microlithiques de l'Arctique laissent supposer que leur mode de vie a d├╗ ├¬tre plus inconfortable, et probablement plus pr├⌐caire, que celui des Esquimaux historiques.
  44.  
  45.      Les arch├⌐ologues r├⌐partissent les vestiges arch├⌐ologiques de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique canadien et du Groenland en deux cat├⌐gories: la culture de l'Independence I et la culture pr├⌐-dors├⌐tienne. La culture de l'Independence I est connue principalement par des sites des ├«les septentrionales de l'Arctique polaire, tandis que la culture pr├⌐dors├⌐tienne se manifeste principalement au sud du passage Parry (d├⌐troit du Vicomte-Melville, d├⌐troit de Barrow et d├⌐troit de Lancaster). On a suppos├⌐ que ces variantes repr├⌐sentaient deux courants d'immigration ├á partir de l'Alaska, l'un vers le nord et l'autre vers le sud. Il se peut bien qu'il en soit ainsi, mais ├á pr├⌐sent il semble tout aussi probable que les deux variantes repr├⌐sentent, soit deux courants de peuplement se d├⌐pla├ºant vers l'est ├á des ├⌐poques diff├⌐rentes, soit les phases anciennes et r├⌐centes d'une immigration qui s'est poursuivie pendant plusieurs si├¿cles. On consid├⌐rera ici que les plus anciens immigrants ├⌐taient ceux de la culture de l'Independence I.
  46.  
  47. La culture de l'Independence I(2 000-1 700 av. J.-C.) 
  48.  
  49.      Dans la majeure partie de l'Arctique canadien, il est possible de dater approximativement les sites arch├⌐ologiques d'apr├¿s leur altitude par rapport au niveau de la mer. Depuis qu'elle a ├⌐t├⌐ soulag├⌐e du poids de la calotte glaciaire, la majeure partie de l'Arctique conna├«t une remont├⌐e graduelle, et beaucoup de c├┤tes sont bord├⌐es de s├⌐ries de plages sur├⌐lev├⌐es qui repr├⌐sentent le niveau de la mer ├á diff├⌐rentes ├⌐poques du pass├⌐. Comme la plupart des chasseurs de l'Arctique semblent avoir pr├⌐f├⌐r├⌐ vivre sur la plage afin d'acc├⌐der directement ├á la mer et ├á la banquise, l'altitude ├á laquelle les vestiges de leurs campements ont remont├⌐ nous donne une id├⌐e approximative de leur ├óge. Partout dans l'Arctique polaire et dans certaines localit├⌐s de l'Arctique, les sites les plus ├⌐lev├⌐s sont eux de la culture de l'Independence I. La valeur de cette m├⌐thode de datation par l'altitude est confirm├⌐e par une s├⌐rie de datations au radiocarbone pratiqu├⌐es sur du charbon de saule local, et dont les r├⌐sultats s'├⌐chelonnent g├⌐n├⌐ralement entre 2 000 et 1 700 av. J.-C.
  50.  
  51.      Les campements de la culture de l'Independence I sont g├⌐n├⌐ralement petits, les restes indiquant souvent qu'ils se composaient d'une ├á quatre tentes, qui semblent n'avoir ├⌐t├⌐ occup├⌐es que quelques jours, ou au plus quelques semaines. Les emplacements des tentes ├⌐taient, soit ovales, soit rectangulaires, et ne mesuraient que trois m├¿tres sur quatre. Les bords de la tente ├⌐taient retenus en place par des roches ou des amas de gravier. Le sol de la tente ├⌐tait g├⌐n├⌐ralement divis├⌐ en deux moiti├⌐s par un couloir centraldeux lignes de blocs de pierre plac├⌐s debout dans le gravier pour former un passage large d'environ quatre-vingts centim├¿tres. De plus, le sol du couloir ├⌐tait pav├⌐ de blocs et, au milieu, des blocs plac├⌐s debout et traversant le passage formaient un foyer. Ce style d'habitation est peut-├¬tre apparu en Asie il y a tr├¿s longtemps, et l'on trouvait un agencement int├⌐rieur fort similaire dans les tentes des Lapons de l'Europe septentrionale pendant la p├⌐riode historique. Dans les foyers, nous trouvons des fragments de charbon de saule arctique ou de bois flott├⌐ et, plus fr├⌐quemment, des fragments d'os d'animaux carbonis├⌐s. La petite quantit├⌐ de charbon de bois et d'os carbonis├⌐s livr├⌐e par la plupart des foyers laisse croire que les feux ont pu ├¬tre un luxe relativement rare. La pr├⌐sence de galets rougis ou ├⌐clat├⌐s par le feu semble indiquer que, pour faire la cuisson, on chauffait ces pierres et on les laissait tomber dans des r├⌐cipients en peau remplis d'eau, o├╣ elles faisaient bouillir la nourriture.
  52.  
  53.      Les os d'animaux trouv├⌐s autour des campements indiquent que les populations de l'Independence I chassaient le boeuf musqu├⌐ et quelques caribous. Le petit phoque annel├⌐ et le phoque barbu, plus grand, compl├⌐taient leur r├⌐gime lorsqu'ils pouvaient en capturer. Cependant, l'absence d'os de morse et de baleine porte ├á croire que la technologie de l'Independence I ne permettait pas de chasser ces animaux. De grandes quantit├⌐s d'os de renards arctiques, de canards et d'oies indiquent que ces groupes ont pu, par moments, ├¬tre fortement tributaires de la chasse au petit gibier. Ils comptaient parmi leurs armes de chasse l'arc et la fl├¿che, comme en t├⌐moignent de petites pointes de fl├¿che ├á p├⌐doncule, en pierre taill├⌐e, et des pointes plus grandes en pierre qui ont d├╗ servir de pointes ├á des lances que l'on tenait ├á la main et avec lesquelles on portait des coups en avant, ou bien que l'on projetait. Dans le cas des lances, les pointes de pierre ├⌐taient probablement mont├⌐es sur des t├¬tes d'arme ou pr├⌐hampes en os qui ├⌐taient ├á leur tour mont├⌐es sur des hampes en bois, bien qu'on n'en ait trouv├⌐ aucune. Nous avons toutefois trouv├⌐ des t├¬tes de lance en os ou en ivoire, et celles-ci ├⌐taient parfois munies au bout de petites lames triangulaires en pierre. De petites ┬½lames ├á insertion lat├⌐rale┬╗ ovales ├⌐taient occasionnellement fix├⌐es dans les c├┤t├⌐s des t├¬tes d'armes pour fournir un tranchant aigu, technique dont la trace remonte au M├⌐solithique d'Europe et d'Asie, ├á la fin de la derni├¿re glaciation. Les t├¬tes des harpons ├⌐taient petites, et on aurait pu employer ces derniers comme armes d'estoc ou de jet pour atteindre les phoques qui se promenaient sur la glace, nageaient dans les passages entre les glaces ou faisaient leur apparition aux trous de respiration.
  54.  
  55.      Le d├⌐veloppement de la technologie du harpon a eu une grande importance pour l'occupation humaine de l'Arctique, car il a permis une utilisation de plus en plus efficace des ressources de la r├⌐gion en grands mammif├¿res marins. Cette ├⌐volution est ├⌐galement importante pour l'arch├⌐ologie, car le changement graduel des styles des t├¬tes de harpon et du mat├⌐riel connexe nous permet d'attribuer un ├óge approximatif ├á ces objets en fonction de consid├⌐rations purement stylistiques. Les t├¬tes de harpon de l'Independence I sont soit m├óles soit femelles. Les premi├¿res ont ├á la base un talon qui s'ins├¿re dans une logette en forme de coupe se trouvant ├á l'extr├⌐mit├⌐ de la hampe du harpon, technique qui avait toujours eu la faveur des chasseurs de mammif├¿res marins du pourtour du Pacifique et de l'est de la Sib├⌐rie. Les t├¬tes de harpon femelles, par contre, ont ├á la base un trou dans lequel s'embo├«te une pr├⌐hampe en os fix├⌐e ├á l'extr├⌐mit├⌐ de la hampe en bois du harpon, technique qui a ├⌐t├⌐ utilis├⌐e pendant tout le reste de la p├⌐riode pr├⌐historique par les peuples esquimaux et pal├⌐o-esquimaux de l'Am├⌐rique du Nord arctique. Le harpon se distingue des autres armes par le fait que la t├¬te est con├ºue pour se d├⌐tacher de la hampe une fois l'animal atteint. La t├¬te est attach├⌐e ├á une ligne que tient le chasseur et qui lui permet de retirer l'animal bless├⌐ de l'eau ou de dessous la glace. Les t├¬tes de harpon de l'Independence I se retrouvent sous deux formes, toutes deux con├ºues pour rester ├á l'int├⌐rieur de l'animal: la premi├¿re consiste en une barbe lat├⌐rale unique, fourchue ├á l'extr├⌐mit├⌐, alors que la seconde est un ergot basal destin├⌐ ├á imprimer ├á la t├¬te un mouvement lat├⌐ral ├á l'int├⌐rieur de la peau de la b├¬te. Les t├¬tes avaient, soit une pointe aigu├½, soit une fente pour monter une lame tranchante en pierre, afin de percer la peau ├⌐paisse de l'animal.
  56.  
  57.      Les campements de l'Independence I n'ont fourni aucun reste de poterie ou de lampes ├á godet, ce qui indique que le chauffage et la cuisson se faisaient exclusivement dans le foyer ouvert situ├⌐ au centre des tentes. L'absence de lampes ├á godet nous permet de conclure que ces gens ne construisaient pas d'iglous, car on ne peut se servir d'un foyer dans une telle construction. Cette lacune a d├╗ restreindre dans une certaine mesure l'aire d'occupation des groupes de l'Independence I, malgr├⌐ le fait que l'on br├╗lait aussi des os et de la graisse d'animaux marins. De plus, ne poss├⌐dant pas de lampes ├á godet, il est possible que ces groupes n'aient pu camper sur la glace durant l'hiver, comme le faisaient les Esquimaux de la p├⌐riode historique. Ils campaient probablement en petits groupes, menant une existence assez pr├⌐caire et ├⌐tant oblig├⌐s de changer fr├⌐quemment d'aire d'occupation en qu├¬te de nourriture et de combustible. Ces d├⌐placements expliquent peut-├¬tre la rapidit├⌐ avec laquelle les gens de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique semblent s'├¬tre r├⌐pandus dans tout l'Arctique.
  58.  
  59. La culture pr├⌐-dors├⌐tienne (1 700-800 av. J.-C.) 
  60.  
  61.      Il semble que l'Arctique polaire ait ├⌐t├⌐ abandonn├⌐ peu apr├¿s 1 700 avant notre ├¿re, et l'on trouve peu de traces d'occupation pendant les 700 ans qui suivent. L'occupation tardive des populations de la Tradition des outils microlithiques de l'Arctique ├⌐tait centr├⌐e dans des r├⌐gions plus m├⌐ridionales, dans les environs du nord de la baie d'Hudson et du bassin Foxe, du d├⌐troit d'Hudson, de l'├«le Baffin et de l'Arctique central. Ces r├⌐gions sont beaucoup plus riches en gibier que ne l'est l'Arctique polaire, et les sites arch├⌐ologiques sont plus grands, indiquant apparemment des groupes un peu plus nombreux. Nous ne savons que peu de choses sur l'histoire primitive de cette r├⌐gion, bien qu'on ait suppos├⌐ que les gens de l'Independence I aient pu occuper ces r├⌐gions aussi bien que l'Arctique polaire. D'apr├¿s des dates obtenues au radiocarbone, des sites attribu├⌐s ├á la culture pr├⌐-dors├⌐tienne remonteraient jusqu'├á 2 500 ans avant notre ├¿re, mais les dates les plus anciennes r├⌐sultent de l'analyse du charbon de bois provenant de bois flott├⌐, d'os carbonis├⌐s de mammif├¿res marins ou de restes de graisse br├╗l├⌐e. Ces deux derni├¿res mati├¿res semblent donner des dates qui sont trop anciennes de plusieurs si├¿cles. Les dates les plus s├╗res sont fournies par le charbon de bois de saule et les os de mammif├¿res terrestres, et celles-ci semblent indiquer que la principale p├⌐riode de l'occupation pr├⌐-dors├⌐tienne s'├⌐tend approximativement de 1 700 ├á 800 av. J.-C.
  62.  
  63.      Les vestiges arch├⌐ologiques de la culture pr├⌐-dors├⌐tienne proc├¿dent de la m├¬me Tradition des outils microlithiques de l'Arctique que ceux de l'Independence I; on y trouve des microlames, des burins, de petites aiguilles en os ├á chas rond et ├á coupe transversale ronde, des pointes et des lames lat├⌐rales ├á p├⌐doncule pour armes, des grattoirs de pierre ├á l'extr├⌐mit├⌐ ou au bord ├⌐mouss├⌐s pour travailler les peaux ou les os, des t├¬tes de harpon et des lances ├á poisson barbel├⌐es. Mais les styles que prennent ces objets sont quelque peu diff├⌐rents; les m├⌐thodes de production sont ├⌐galement diff├⌐rentes, certains outils en os ayant ├⌐t├⌐ fa├ºonn├⌐s par polissage plut├┤t que par taille. La construction ├á couloir central qui caract├⌐risait les tentes des gens de l'Independence I disparaissent; les constructions pr├⌐-dors├⌐tiennes semblent avoir ├⌐t├⌐ de forme ovale ou ronde, et n'avaient apparemment pas d'├⌐l├⌐ments structuraux int├⌐rieurs. La pr├⌐sence de foyers est indiqu├⌐e seulement par des d├⌐bris ├⌐pars de charbon de bois ou d'os br├╗l├⌐s. On a trouv├⌐ de petites lampes circulaires en st├⌐atite, manifestement destin├⌐es ├á br├╗ler la graisse de mammif├¿res marins. Cette invention a rendu possible l'occupation d'iglous et par cons├⌐quent la vie sur les banquises en hiver, ouvrant ainsi ├á l'occupation de grandes ├⌐tendues de l'Arctique central. Dans cette r├⌐gion, la seule ressource en hiver ├⌐tait le phoque annel├⌐, qui se pr├⌐sentait ├á la surface de la glace par les trous de respiration.
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