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Text File  |  1996-08-11  |  33KB  |  113 lines

  1. LA PR├ëHISTOIRE DE L'ONTARIO 
  2.  
  3. J.V. Wright 
  4.  
  5. Introduction 
  6.  
  7.      Cet essai offre un aper├ºu des ├⌐v├⌐nements qui se sont d├⌐roul├⌐s en Ontario durant 11 000 ans. L'auteur s'est efforc├⌐ d'employer un langage simple et d'├⌐viter les concepts abstraits; sa t├óche a consist├⌐ ├á rendre clair ce qui est en r├⌐alit├⌐ obscur et complexe et, d'autre part, ├á retenir une seule interpr├⌐tation, alors qu'il en existe plusieurs qui sont contradictoires. N├⌐anmoins, la plupart des arch├⌐ologues souscriront aux id├⌐es de fond qui sont pr├⌐sent├⌐es.
  8.  
  9.      L'arch├⌐ologie est une discipline qui reconstitue l'├⌐volution de l'homme et ses r├⌐alisations avant l'apparition des documents ├⌐crits. M├¬me si Samuel de Champlain fut en mesure de faire de pr├⌐cieuses observations sur les Hurons avec qui il hiverna en 1615-1616, il fut incapable d'expliquer leurs origines, comment ils avaient appris ├á cultiver le ma├»s, les haricots et la courge, ou encore quand ils commenc├¿rent ├á fumer. Le r├┤le de l'arch├⌐ologue consiste ├á ├⌐lucider ces myst├¿res. Pour y parvenir, les arch├⌐ologues ont mis au point un vaste ├⌐ventail de techniques de travail sur le terrain et en laboratoire qui permettent de reconstituer les cultures d'antan. Ces reconstitutions ne sont ├⌐videmment que des approximations grossi├¿res, mais avec les nouveaux ├⌐l├⌐ments qui viennent constamment s'y ajouter, elles se modifient sans cesse et, en g├⌐n├⌐ral, se raffinent.
  10.  
  11.      La masse consid├⌐rable d'objets qu'├⌐tudient les arch├⌐ologues consistent surtout en outils fragmentaires et en ossements provenant de d├⌐potoirs. En fait, les arch├⌐ologues sont de simples collectionneurs et analystes de ┬½d├⌐chets pr├⌐historiques┬╗. Cependant, la plupart des cultures qu'ils tentent de reconstituer sont depuis longtemps disparues. Si vous jetez un coup d'oeil autour de vous dans la pi├¿ce o├╣ vous lisez actuellement et faites abstraction de tout ce qui vous entoure, sauf du verre, de la porcelaine, de la brique et de quelques autres objets imp├⌐rissables, vous vous rendrez compte du peu de donn├⌐es dont disposera l'arch├⌐ologue de demain pour analyser notre propre culture. Toutefois, un assez grand nombre d'indices ├⌐chappent aux ravages du temps et de la nature pour permettre aux arch├⌐ologues de lever le voile sur le pass├⌐. La fabrication des outils en pierre et en os, la construction des maisons et l'inhumation des morts variaient d'une culture pr├⌐historique ├á l'autre. Certains groupes ├⌐taient ax├⌐s sur la chasse, d'autres sur l'agriculture; quelques-uns ├⌐taient orient├⌐s vers la fabrication de c├⌐ramiques, d'autres pas. C'est pr├⌐cis├⌐ment cette myriade de similitudes et de diff├⌐rences qui permet ├á l'arch├⌐ologue de distinguer les divers groupes culturels pr├⌐historiques et d'├⌐voquer leur ├⌐volution dans le temps.
  12.  
  13.      Lorsqu'ils traitent des cultures pr├⌐historiques, les arch├⌐ologues commencent habituellement par les plus anciens groupes connus pour arriver ensuite ├á la p├⌐riode historique, qui correspond ├á l'├⌐poque des r├⌐cits que nous l├⌐gu├¿rent les explorateurs europ├⌐ens. En proc├⌐dant ainsi, ils peuvent passer du plan simple (ignorance) au plus complexe (connaissance). Cependant, lorsqu'il s'agit d'├⌐tablir des rapports, ils partent souvent de la p├⌐riode historique et remontent progressivement jusqu'├á la pr├⌐histoire. En d'autres termes, ils vont du connu ├á l'inconnu.
  14.  
  15.      Apr├¿s avoir ├⌐t├⌐ rep├⌐r├⌐s, les villages autochtones de l'├¿re historique d├⌐crits par les premiers explorateurs et missionnaires ont pu ├¬tre attest├⌐s par la pr├⌐sence d'objets de troc europ├⌐ens et d'autres indices. Les objets en terre cuite, en pierre et en os des Aborig├¿nes, trouv├⌐s ├á c├┤t├⌐ des outils en m├⌐tal et des perles en verre des Europ├⌐ens, sont ensuite compar├⌐s ├á ceux d'un site voisin ne contenant pas d'objets europ├⌐ens; s'il y a similitude, on peut supposer que le dernier site a ├⌐t├⌐ occup├⌐ par les anc├¬tres de la population qui y v├⌐cut. Les pi├¿ces et autres vestiges recueillis dans le village pr├⌐historique sont ensuite compar├⌐s ├á ceux d'autres villages, et partant de l'hypoth├¿se selon laquelle le degr├⌐ de similitude traduit un lien dans le temps, il est possible de remonter dans le pass├⌐ en suivant une cha├«ne de sites successifs ayant comme point de d├⌐part les sites historiques identifi├⌐s. Cette s├⌐rie de sites repr├⌐sente l'├⌐volution pr├⌐historique d'une population qu'ont identifi├⌐e les documents historiques. L'avantage appr├⌐ciable de cette m├⌐thode tient au fait qu'elle permet aux arch├⌐ologues d'├⌐tablir des reconstitutions plus justes sur la culture des Autochtones en recourant ├á des ├⌐tudes historiques et contemporaines. En effet, les quelques vestiges exhum├⌐s des sites pr├⌐historiques ne pourraient nous fournir de telles donn├⌐es.
  16.  
  17.      Pour recr├⌐er l'histoire ├á partir des documents vagues et fragmentaires l├⌐gu├⌐s par l'homme pr├⌐historique, l'arch├⌐ologue doit se transformer en homme ├á tout faire. Ainsi, il doit poss├⌐der suffisamment de connaissances en g├⌐ologie pour distinguer ce qui est l'oeuvre de l'homme de celle de la nature, pour identifier les diff├⌐rentes vari├⌐t├⌐s de roches, et pour analyser la formation et l'├⌐volution des sols; une connaissance suffisante de la biologie doit lui permettre d'identifier et d'expliquer les restes animaux et v├⌐g├⌐taux. Des notions de chimie, de physique, de math├⌐matique et de plusieurs autres disciplines sont en outre indispensables ├á la recherche arch├⌐ologique.
  18.  
  19.      Cependant, l'arch├⌐ologue doit avant tout s'efforcer de mieux conna├«tre et comprendre l'homme. Les outils fragmentaires d├⌐couverts autour des anciens campements ne sont que des d├⌐chets. Les contours impr├⌐cis et autres traits caract├⌐ristiques des maisons anciennes ne constituent que l'ombre de ce qui existait. Mais tout cela est l'oeuvre du g├⌐nie cr├⌐ateur de l'homme.
  20.  
  21. Le Nord et le Sud de l'Ontario et les p├⌐riodes arch├⌐ologiques 
  22.  
  23.      La division de l'Ontario en deux grandes r├⌐gions, le Nord et le Sud, permet de mieux cerner la pr├⌐histoire des Am├⌐rindiens qui occup├¿rent jadis la province. Presque toute la r├⌐gion septentrionale fait partie du Bouclier canadien et est surtout couverte par des for├¬ts de conif├¿res, alors que la r├⌐gion m├⌐ridionale se compose principalement de feuillus.
  24.  
  25.      ├Ç la faveur de son climat plus doux, le Sud de l'Ontario a toujours ├⌐t├⌐ beaucoup plus dens├⌐ment peupl├⌐ que le Nord, caract├⌐ris├⌐ par des conditions plus rigoureuses. Les m├¬mes conditions persistent de nos jours, tel que le d├⌐montre l'emplacement des noyaux de populations. Les richesses arch├⌐ologiques qui se trouvent dans le Sud sont plus difficiles ├á identifier, en raison d'interactions tr├¿s complexes entre les divers groupes culturels qui s'y implant├¿rent et d'autres venus de l'ext├⌐rieur. En revanche, le Nord est caract├⌐ris├⌐ par une grande homog├⌐n├⌐it├⌐ culturelle, ce qui permet de tirer certaines conclusions ├á partir de donn├⌐es arch├⌐ologiques relativement limit├⌐es. Les indices dont nous disposons tendent ├á prouver que la pr├⌐histoire de ces deux r├⌐gions s'est d├⌐roul├⌐e de fa├ºon tr├¿s diff├⌐rente depuis les temps les plus recul├⌐s jusqu'├á la p├⌐riode historique. Il y eut certes des ├⌐changes culturels entre les populations limitrophes de ces deux r├⌐gions mal d├⌐finies, mais qui auraient ├⌐t├⌐ relativement peu d├⌐terminants.
  26.  
  27.      La pr├⌐histoire de l'Ontario se divise en quatre p├⌐riodes: le Pal├⌐o-Indien (9 000 ├á  5 000 av. J.-C.), l'Archa├»que (5 000 ├á 1 000 av. J.-C.), le Sylvicole initial (1 000 av. J.-C. ├á 1 000 apr. J.-C.) et enfin, le Sylvicole tardif (de l'an 1 000 apr. J.-C ├á la p├⌐riode historique). Cette derni├¿re p├⌐riode prit fin peu de temps apr├¿s l'arriv├⌐e des Europ├⌐ens qui introduisirent les documents ├⌐crits d├⌐crivant les populations autochtones, ce qui marque les d├⌐buts de l'├¿re historique.
  28.  
  29.      Les p├⌐riodes susmentionn├⌐es sont les divisions arbitraires choisies par les arch├⌐ologues afin de faciliter l'├⌐tude des quelque onze mill├⌐naires de pr├⌐histoire ontarienne. Il serait pratique de pouvoir d├⌐couper le temps en quatre p├⌐riodes distinctes et de les traiter ind├⌐pendamment les unes des autres. Or, la r├⌐alit├⌐ n'est pas aussi simple et il nous faut tenir compte de zones obscures entre ces quatre grandes p├⌐riodes et ├á l'int├⌐rieur de chacune d'elles. Toutes poss├¿dent cependant des caract├⌐ristiques qui leur sont propres.
  30.  
  31.             La p├⌐riode pal├⌐o-indienne 
  32.                (9 000 ├á 5 000 av. J.-C.)
  33.  
  34.      En arch├⌐ologie, on a d├⌐sign├⌐ de ┬½Clovis┬╗ les premiers habitants de l'Ontario. La culture de Clovis couvrait tout le continent nord-am├⌐ricain, ├á l'est des Rocheuses, et s'├⌐tendait au sud jusqu'en Am├⌐rique centrale. D'aucuns croient que ces peuples travers├¿rent d'Asie en Am├⌐rique du Nord ├á une ├⌐poque o├╣ les deux continents ├⌐taient r├⌐unis par un isthme assez large dans la r├⌐gion connue de nos jours comme le d├⌐troit de Bering. La similitude des vestiges arch├⌐ologiques recueillis sur une tr├¿s vaste ├⌐tendue r├⌐v├¿le une occupation rapide de l'Am├⌐rique du Nord. Les populations qui habitaient l'Ontario ├⌐taient sans doute des chasseurs de caribou et, semble-t-il, de mammouth et de mastodonte, maintenant disparus. Des pointes de jet propres ├á cette culture furent trouv├⌐es dans le Sud de l'Ontario seulement, car le Nord ├⌐tait encore recouvert par le glacier continental ├á l'├⌐poque. Des campements jadis occup├⌐s par les chasseurs furent r├⌐cemment mis au jour le long de la ligne de rivage du lac Algonquin, ancien lac glaciaire couvrant une partie du Sud de l'Ontario et qui, aujourd'hui, est ass├⌐ch├⌐.
  35.  
  36.      ├Ç la culture de Clovis succ├⌐da la culture de Plano. Il semble qu'elle se soit surtout d├⌐velopp├⌐e dans les Plaines et qu'elle ait p├⌐n├⌐tr├⌐ l'Ontario septentrionale par l'ouest et un peu aussi par le sud-ouest. Les peuples de cette culture ├⌐taient ├⌐galement chasseurs de gros gibier. Nombre de carri├¿res occup├⌐es par ces populations furent d├⌐couvertes le long des rives des lacs Sup├⌐rieur et Huron, o├╣ des pierres telles que la taconite et le quartzite servirent ├á la fabrication d'outils. Ces carri├¿res, autrefois situ├⌐es sur la rive du lac, se trouvent maintenant ├á environ six milles ├á l'int├⌐rieur des terres et ├á quelque 200 pieds au-dessus du niveau actuel du lac Sup├⌐rieur. L'arch├⌐ologue en qu├¬te de gisements pal├⌐o-indiens doit donc avoir des notions de g├⌐ologie pour comprendre les ph├⌐nom├¿nes qui modifi├¿rent le niveau des lacs et la configuration du terrain.
  37.  
  38.      Les outils typiques des cultures de Clovis et de Plano comprennent des pointes de jet servant ├á abattre le gibier, des couteaux ├á d├⌐pecer, des grattoirs utilis├⌐s pour fa├ºonner des outils en bois et en os et pour appr├¬ter les peaux, et enfin des becs pour le travail d├⌐licat du bois.
  39.  
  40.      Reconstituer le mode de vie de ces anciens chasseurs ├á partir des quelques outils de pierre qui ont surv├⌐cu aux ann├⌐es repr├⌐sente une t├óche consid├⌐rable. D'apr├¿s ce que nous connaissons du climat d'alors, nous pouvons d├⌐duire que les Pal├⌐o-Indiens portaient des v├¬tements en peaux et construisaient des cabanes pour se prot├⌐ger contre les intemp├⌐ries. Leurs croyances religieuses ├⌐taient sans doute ├⌐troitement li├⌐es au succ├¿s de la chasse dont d├⌐pendait leur survie. Pendant presque toute l'ann├⌐e, ils chassaient en petits groupes isol├⌐s de familles, mais se r├⌐unissaient p├⌐riodiquement en bandes lorsque le gibier ├⌐tait plus abondant, notamment lors des d├⌐placements saisonniers des caribous.
  41.  
  42.      Les cultures pal├⌐o-indiennes continu├¿rent d'exister, mais leur ├⌐volution amena les arch├⌐ologues ├á les d├⌐signer autrement. Dans l'est de l'Am├⌐rique du Nord, la culture de Clovis donna naissance ├á diverses traditions archa├»ques; dans l'ouest, la culture de Plano, qui provenait de celle de Clovis, engendra, ├á son tour, plusieurs cultures qui ont ├⌐t├⌐ regroup├⌐es pour constituer la p├⌐riode archa├»que.
  43.  
  44.             La p├⌐riode de l'Archa├»que
  45.                (5 000 ├á 1 000 av. J.-C.)
  46.  
  47.      Il y eut en Ontario deux cultures archa├»ques fort diff├⌐rentes l'une de l'autre. Dans le nord de la province, on retrouve la culture archa├»que du Bouclier, vraisemblablement issue de la culture de Plano et dont elle conserva presque int├⌐gralement le mode de vie. Cette culture tire son nom des sites mis au jour sur une vaste ├⌐tendue du Bouclier canadien, allant du Labrador au nord du Manitoba, jusqu'au district de Keewatin au centre des Territoires du Nord-Ouest. On se nourrissait surtout de caribou et de poisson, mais aussi d'ours, de castor, de li├¿vre et de gibier d'eau.
  48.  
  49.      Soulignons cependant que ces ├⌐nonc├⌐s ne sont que conjectures, car l'acidit├⌐ des sols n'a ├⌐pargn├⌐ que peu d'ossements. L'emplacement de ces sites le long des cours d'eau et dans les ├«les porte ├á croire que les populations du Bouclier utilisaient un type quelconque d'embarcation, probablement le canot d'├⌐corce de bouleau. Afin de pouvoir se d├⌐placer dans la neige profonde de l'hiver, elles fabriquaient sans doute des raquettes. En bref, leur mode de vie semble sur bien des points analogue ├á celui des populations algonquiennes qui habitaient le nord au d├⌐but de l'├¿re historique. En effet, on a avanc├⌐ une hypoth├¿se selon laquelle les Saulteux, les Cris, les Algonquins et les Montagnais tiraient leur origine de la culture du Bouclier.
  50.  
  51.      Les for├¬ts de feuillus du Sud de l'Ontario ├⌐taient occup├⌐es par des habitants, dont la culture ├⌐tait tout ├á fait diff├⌐rente de celle de leurs voisins du Nord et qu'on d├⌐signa de populations de la tradition archa├»que laurentienne. Ils se nourrissaient de chevreuils, d'├⌐lans, d'ours et de castors qu'ils chassaient avec des chiens et compl├⌐taient leur alimentation avec du petit gibier, du poisson, des crustac├⌐s et des baies. Ils fabriquaient, outre des pointes de projectile, des couteaux et des grattoirs en pierre taill├⌐e, des haches et des herminettes en pierre polie pour travailler le bois, ainsi que des pointes en ardoise polie, des lances et des couteaux et un vaste ├⌐ventail d'objets en os tels que harpons, ciseaux, hame├ºons, al├¬nes, aiguilles, perles et peignes. Le troc avec les populations archa├»ques du Bouclier leur procura du cuivre natif du lac Sup├⌐rieur qu'ils employaient pour fabriquer des pointes de jet, des al├¬nes, des aiguilles, des bracelets, des perles, des herminettes et maints objets pratiques ou d├⌐coratifs.
  52.  
  53.      D'apr├¿s des fouilles effectu├⌐es dans des cimeti├¿res archa├»ques laurentiens des r├⌐gions frontali├¿res du Qu├⌐bec et de l'├ëtat de New York, nous savons que ces populations ├⌐taient robustes et que rares ├⌐taient les fractures, l'arthrite et les pertes de dents dues ├á des infections des gencives. On a constat├⌐ quelques cas de mort violente: fractures du cr├óne, pointes de jet log├⌐es dans les os ou la poitrine, et squelettes d├⌐capit├⌐s. Il est m├¬me attest├⌐ qu'une op├⌐ration, rat├⌐e, s'est d├⌐roul├⌐e dans l'├ëtat de New York pour extraire le f├╗t d'une pointe de jet log├⌐e dans le front d'un homme.
  54.  
  55.      Les populations de la tradition archa├»que laurentienne participaient ├á un vaste r├⌐seau commercial: d'o├╣ leurs objets de parure faits de conques du golfe du Mexique, de perles de coquillage de la C├┤te atlantique, de cuivre du lac Sup├⌐rieur et de silex ├⌐tranger provenant de sources tr├¿s diverses. Il est ├á peu pr├¿s certain que ces pi├¿ces furent introduites dans le Sud de l'Ontario par le troc plut├┤t que par des groupes de commer├ºants qui auraient parcouru les grandes ├⌐tendues de l'Am├⌐rique du Nord.
  56.  
  57.      On ne poss├¿de aucune donn├⌐e sur le type d'habitations des populations de la tradition archa├»que laurentienne de l'Ontario. Cela n'est gu├¿re ├⌐tonnant, car les sites fouill├⌐s par des arch├⌐ologues n'├⌐taient que des campements saisonniers faits de constructions temporaires qui n'ont laiss├⌐ aucune trace. Par ailleurs, il est ├⌐galement prouv├⌐ qu'├á la suite d'un r├⌐chauffement du climat survenu il y a plus de 5 000 ans, l'├⌐t├⌐ se serait prolong├⌐ d'un mois, rendant d'autant moins n├⌐cessaire la construction d'habitations plus r├⌐sistantes. Toutefois, vers la fin de l'automne, les familles se dispersaient pour gagner leur territoire de chasse respectif pour l'hiver, o├╣ elles b├ótissaient probablement des maisons plus solides. Celles-ci ├⌐taient, semble-t-il, tr├¿s petites, ce qui expliquerait pourquoi aujourd'hui l'arch├⌐ologue a tant de mal ├á les rep├⌐rer, plusieurs milliers d'ann├⌐es apr├¿s qu'elles furent abandonn├⌐es.
  58.  
  59.             La p├⌐riode du Sylvicole
  60.    (1 000 av. J.-C. ├á la p├⌐riode historique)
  61.  
  62.      L'apparition de vases en poterie dans les sites de l'Ontario marqua le d├⌐but de la p├⌐riode du Sylvicole. C'est l'├⌐v├⌐nement culturel le plus important de cette p├⌐riode. Durable et souvent abondante (une seule pi├¿ce donne de nombreux tessons), la c├⌐ramique fournit ├á l'arch├⌐ologue un moyen pratique de distinguer les sites sylvicoles (pr├⌐sence de c├⌐ramique) des sites archa├»ques ou plus anciens encore (absence de c├⌐ramique). Il existe maintenant maintes preuves attestant que la culture laurentienne et la culture archa├»que du Bouclier s'adonnaient ├á la poterie, et pour faciliter la t├óche de l'arch├⌐ologue, elles ont ├⌐t├⌐ regroup├⌐es sous le vocable de ┬½culture du Sylvicole┬╗. Il n'y a pas de rupture dans l'├⌐volution culturelle qui s'├⌐tend de la p├⌐riode pal├⌐o-indienne ├á la p├⌐riode archa├»que.
  63.  
  64.      D├¿s l'an 2 000 av. J.-C., on fabriquait des r├⌐cipients en terre cuite dans le sud-est des ├ëtats-Unis. En l'an 1 000 avant notre ├¿re, les techniques de fabrication de la poterie gagn├¿rent le Nord et atteignirent plusieurs r├⌐gions du Sud de l'Ontario.
  65.  
  66.      La p├⌐riode du Sylvicole est bien mieux connue que les p├⌐riodes archa├»que et pal├⌐o-indienne qui la pr├⌐c├¿d├¿rent, car elle fut, selon toute ├⌐vidence, marqu├⌐e par une expansion d├⌐mographique, d'o├╣ une augmentation du nombre de sites; en outre, les vestiges arch├⌐ologiques de cette ├⌐poque r├⌐sist├¿rent davantage aux ravages du temps. Afin de faciliter l'├⌐tude de cet imposant corpus, la p├⌐riode du Sylvicole a ├⌐t├⌐ divis├⌐e en deux: le Sylvicole initial et le Sylvicole tardif. Le Sylvicole initial englobe les peuples des traditions archa├»ques qui s'adonn├¿rent ├á la poterie entre 1 000 et 700 av. J.-C. ainsi que leurs descendants jusqu'├á environ 1 000 apr. J.-C. Le Sylvicole tardif recouvre les cultures pr├⌐historiques, anc├¬tres des populations autochtones historiques telles que les Cris et les Hurons. ├Ç mesure que progresseront les recherches arch├⌐ologiques, le Sylvicole tardif couvrira probablement une p├⌐riode plus recul├⌐e, et l'an 1 000 av. J.-C., point de d├⌐marcation entre les deux Sylvicoles, devra donc ├¬tre modifi├⌐ en cons├⌐quence.
  67.  
  68.             La p├⌐riode du Sylvicole initial
  69.            (1 000 av. J.-C. ├á 1 000 apr. J.-C.)
  70.  
  71.      Cinq cultures principales appartenant au Sylvicole initial ont ├⌐t├⌐ identifi├⌐es en Ontario: Meadowood, Pointe P├⌐ninsule, Saugeen et Pointe Princesse dans le Sud de l'Ontario et les r├⌐gions limitrophes du Qu├⌐bec et de l'├ëtat de New York, et enfin, la culture de Laurel dans le Nord de l'Ontario et les provinces et ├⌐tats voisins.
  72.  
  73.      La culture de Meadowood semble s'├¬tre fix├⌐e au sud de l'Ontario dans les r├⌐gions frontali├¿res ├á partir de son foyer principal situ├⌐ au Qu├⌐bec et dans l'├ëtat de New York. Des r├⌐cipients en poterie attribu├⌐s ├á cette culture furent trouv├⌐s dans presque tout le Sud de l'Ontario, mais g├⌐n├⌐ralement en parall├¿le avec des vestiges appartenant aux cultures de Pointe P├⌐ninsule et de Saugeen. Le peu que l'on sait de la culture de Meadowood provient de sites du Qu├⌐bec et de l'├ëtat de New York, particuli├¿rement des cimeti├¿res d├⌐couverts par accident. Les rites de s├⌐pulture de la fin de la p├⌐riode archa├»que se poursuivirent et se raffin├¿rent, et l'incin├⌐ration devint pratique courante. Les s├⌐pultures renfermaient souvent un riche mobilier fun├⌐raire en pierre et en cuivre et un nombre consid├⌐rable de lames en silex triangulaires, taill├⌐es avec soin, dans le seul but d'├¬tre plac├⌐es dans les tombes. En outre, des min├⌐raux naturels tels que l'h├⌐matite, la limonite et le graphite utilis├⌐s pour peindre le corps et certains objets furent fr├⌐quemment retrouv├⌐s dans les s├⌐pultures. La culture de Meadowood se d├⌐veloppa de l'an 1000 ├á 500 av. J.-C., puis se transforma progressivement pour s'int├⌐grer ├á la culture de Pointe P├⌐ninsule.
  74.  
  75.      La culture de Pointe P├⌐ninsule occupa le Sud de l'Ontario et s'├⌐tendit de Toronto vers l'est jusqu'au Qu├⌐bec et ├á l'├ëtat de New York pendant environ 1 000 ans, soit de 700 av. J.-C. ├á 700 de notre ├¿re. Plusieurs villages et cimeti├¿res appartenant ├á la tradition de Pointe P├⌐ninsule furent mis au jour. La plupart n'├⌐taient que de petits camps, sauf quelques-uns dont la superficie couvrait plusieurs acres. Il s'agissait manifestement de campements saisonniers qui furent non seulement occup├⌐s par des g├⌐n├⌐rations successives de la culture de Pointe P├⌐ninsule, mais aussi par d'autres peuplades qui la pr├⌐c├⌐d├¿rent et la suivirent. Ces lieux recelaient d'ordinaire d'abondantes ressources alimentaires saisonni├¿res, notamment d'esturgeons du printemps, ce qui attira les p├¬cheurs pendant plusieurs mill├⌐naires.
  76.  
  77.      Les populations de Pointe Peninsule fr├⌐quent├¿rent ainsi les m├¬mes emplacements saisonniers que leurs anc├¬tres de la culture archa├»que. Ils apport├¿rent assur├⌐ment des changements internes, notamment dans la fabrication de leurs outils; on assista ├á l'abandon de certaines pratiques et ├á l'adoption de nouvelles id├⌐es. Mais dans l'ensemble, ils ne connurent pas de changements majeurs; on s'imagine de petits groupes de chasseurs se d├⌐pla├ºant inlassablement d'un campement ├á l'autre pour assurer leur subsistance sans se soucier outre mesure des ├⌐v├⌐nements qui se d├⌐roulaient ├á l'ext├⌐rieur de leur territoire imm├⌐diat. Vers le d├⌐but de l'├¿re chr├⌐tienne, les populations de la culture de Pointe P├⌐ninsule subirent l'influence d'id├⌐es nouvelles concernant les rites fun├⌐raires. Originaires de la culture Hopewell dans la r├⌐gion de l'Ohio, ces id├⌐es ├á caract├¿re religieux leur parvinrent via l'├ëtat de New York. Le changement le plus remarquable emprunt├⌐ au Sud fut la tradition des monticules fun├⌐raires. Au cours de cette p├⌐riode, les pi├¿ces trouv├⌐es dans les s├⌐pultures consist├¿rent principalement en objets de silex provenant de l'Ohio, de la Pennsylvanie et de l'est de l'├ëtat de New York. Les anciens r├⌐seaux d'├⌐changes de conques du golfe du Mexique et de la c├┤te de l'Atlantique ├á l'est et de cuivre natif du lac Sup├⌐rieur, qui furent ├⌐tablis ├á la p├⌐riode archa├»que, demeur├¿rent inchang├⌐s. Des objets en catlinite de l'Ohio et en argent de Cobalt (Ontario) apparaissent dans les s├⌐pultures. D'autres, provenant de la vall├⌐e de l'Ohio, tels des boucles d'oreille en cuivre, des pipes en pierre, des fragments cisel├⌐s de cr├ónes de loups et d'ours (probablement des ├⌐l├⌐ments de coiffure) et des ┬½fl├╗tes de Pan┬╗ en cuivre font ├⌐galement leur apparition. La manifestation la plus impressionnante de ces nouvelles pratiques fun├⌐raires est certes le monticule du Serpent, long de 194 pieds, d├⌐couvert au lac Rice au sud-est de Peterborough. Cependant, dans le Sud de l'Ontario, les sites o├╣ l'on a d├⌐couvert des tertres et des signes de c├⌐r├⌐monial de Hopewell sont relativement peu nombreux et confin├⌐s ├á la vall├⌐e du Saint-Laurent et aux limites m├⌐ridionales de la province.
  78.  
  79.      La culture de Saugeen se d├⌐veloppa dans le Sud de l'Ontario, concurremment avec la culture de Pointe P├⌐ninsule, ainsi que dans la r├⌐gion situ├⌐e entre les lacs Huron et ├ëri├⌐, ├á l'ouest de Toronto. Cette culture, tr├¿s proche de celle de Pointe P├⌐ninsule, s'en distingua par une l├⌐g├¿re diff├⌐rence dans l'ascendance archa├»que et la situation g├⌐ographique.
  80.  
  81.      La plupart des villages et campements de la culture de Saugeen d├⌐couverts jusqu'├á pr├⌐sent furent trouv├⌐s en bordure de rapides ou ├á l'embouchure de rivi├¿res et de ruisseaux se d├⌐versant dans les lacs Huron et ├ëri├⌐. Les ossements, vestiges alimentaires, qui en furent exhum├⌐s consistaient surtout en ar├¬tes de poissons qui frayaient dans les rivi├¿res avoisinantes, du printemps au d├⌐but de l'├⌐t├⌐. Ces sites constituaient sans doute les emplacements saisonniers o├╣ s├⌐journaient p├⌐riodiquement les populations de Saugeen; il s'agissait de lieux de p├¬che privil├⌐gi├⌐s o├╣ se r├⌐unissaient au printemps plusieurs familles pour former une petite communaut├⌐. Ils saisissaient sans doute ces occasions pour c├⌐l├⌐brer les mariages et les autres c├⌐r├⌐monies auxquelles ├⌐tait convi├⌐e toute la population. Ils occupaient probablement ces villages pendant l'├⌐t├⌐ et une partie de l'automne. C'est sans conteste la premi├¿re fois que des maisons rectangulaires aussi grandes, munies de foyers et de fosses furent identifi├⌐es ├á partir des traces laiss├⌐es dans le sol par les murs et les pieux int├⌐rieurs. Selon toute vraisemblance, ces villages ├⌐taient abandonn├⌐s ├á la venue de l'hiver. C'est alors que les familles se dispersaient pour regagner leur territoire de chasse respectif. Ces migrations ├⌐taient essentielles ├á la survie, car faute de r├⌐serves alimentaires, notamment de ma├»s, de nombreuses familles ne pouvaient se nourrir pendant l'hiver et devaient se disperser ├á travers le pays.
  82.  
  83.      Bien que la naissance de la culture Saugeen, issue du peuple archa├»que aux alentours de 700 av. J.-C., soit bien document├⌐e, son sort reste un myst├¿re. Il est possible qu'elle se soit peu ├á peu transform├⌐e pour engendrer la culture de Pointe Princesse.
  84.  
  85.      La culture de Pointe Princesse occupa la rive nord du lac ├ëri├⌐ et l'extr├⌐mit├⌐ ouest du lac Ontario entre 500 et 1 000 apr. J.-C. On conna├«t peu de choses de ces populations, si ce n'est que leurs sites ├⌐taient petits et souvent situ├⌐s dans des vall├⌐es fluviales o├╣ les s├⌐diments d├⌐pos├⌐s par les crues printani├¿res finissaient par les recouvrir. Un fait est cependant digne de mention: les populations de la culture de Pointe Princesse furent les premi├¿res en Ontario ├á cultiver le mais. Toutes les plantes cultiv├⌐es par les Autochtones furent d'abord domestiqu├⌐es dans des contr├⌐es tr├¿s au sud, puis elles p├⌐n├⌐tr├¿rent progressivement les r├⌐gions du Nord. Ainsi, le ma├»s, qui ├⌐tait cultiv├⌐ dans le nord du Mexique il y a environ 5 000 ans, ne fut introduit en Ontario que vers l'an 500 apr. J.-C., dans les r├⌐gions de Windsor et de Niagara. Ces diverses plantes ne s'adapt├¿rent que graduellement aux saisons de croissance de plus en plus courtes et au climat de plus en plus rigoureux ├á mesure qu'elles ├⌐tendaient leur aire de distribution vers le nord. Elles furent en outre introduites individuellement. Ainsi, l'introduction d'une sorte de tabac dans l'est du Canada est ant├⌐rieure ├á celle du ma├»s d'├á peu pr├¿s 1 000 ans. En revanche, la culture de celui-ci pr├⌐c├⌐da d'environ 1 000 ans celle du haricot.
  86.  
  87.      Les arch├⌐ologues ne font que commencer ├á se pencher sur les changements qu'engendr├¿rent la culture du ma├»s et la s├⌐dentarisation d'un peuple jusque-l├á nomade et chasseur.
  88.  
  89.      Pendant que se d├⌐roul├¿rent dans le Sud de l'Ontario les ├⌐v├⌐nements d├⌐crits ci-haut, la culture de Laurel se r├⌐pandit, de 700 av. J.-C. ├á l'an 1 000 de notre ├¿re, dans l'ouest du Qu├⌐bec, le centre du Manitoba jusqu'en Saskatchewan ainsi que dans le nord du Minnesota.
  90.  
  91.      Cette culture qui occupa la for├¬t bor├⌐ale du Bouclier canadien rempla├ºa la tradition archa├»que du Bouclier, avec en plus l'apport de la c├⌐ramique. La poterie de Laurel est tr├¿s apparent├⌐e ├á celles de Pointe P├⌐ninsule et de Laurel du Sud de l'Ontario, ce qui porte ├á croire que les populations nordiques emprunt├¿rent ├á leurs voisins du sud leurs techniques de fabrication de la c├⌐ramique.
  92.  
  93.      Divers types de grattoirs en pierre pour appr├¬ter les peaux, travailler le bois ou fa├ºonner les os dominaient l'outillage des populations de Laurel; l'usage des pointes de fl├¿ches, des lances, des couteaux, des percuteurs et des plomb├⌐es de filet ├⌐tait ├⌐galement assez r├⌐pandu. Les outils en os comprenaient des al├¬nes, des harpons, des couteaux faits d'incisives de castor, des aiguilles ├á filet servant ├á fabriquer les raquettes, et des poin├ºons ├á poterie. Parmi les objets en cuivre, on a trouv├⌐ des perles, des bracelets, des al├¬nes, des morceaux d'hame├ºons composites et des ciseaux. Rien n'a subsist├⌐ de leurs objets en bois, en ├⌐corce et en cuir qui pourtant constituaient les pi├¿ces les plus communes et les plus raffin├⌐es de leur culture mat├⌐rielle.
  94.  
  95.      Il appert maintenant que ces chasseurs de l'├ópre for├¬t bor├⌐ale n'ont pas enti├¿rement v├⌐cu isol├⌐s du monde ext├⌐rieur. Des vestiges des cultures mat├⌐rielles de Meadowood et de Saugeen ont ├⌐t├⌐ trouv├⌐s dans des gisements de Laurel et vice versa. Dans l'ouest, entre le lac Sup├⌐rieur et la fronti├¿re du Manitoba, plus particuli├¿rement en bordure de la rivi├¿re ├á la Pluie, les populations de Laurel ont construit nombre de tumulus, hauts de 24 pieds sur, souvent, plus de 100 pieds de diam├¿tre, qui constituent les structures les plus imposantes de toute la pr├⌐histoire ontarienne. Il n'y a aucun doute que le rituel des tertres fun├⌐raires a ├⌐t├⌐ transmis ├á la culture de Laurel par la tradition de Hopewell, du sud du Minnesota. Il semble cependant que ce rite fun├⌐raire n'ait eu qu'une diffusion tr├¿s restreinte, du moins chez les populations de Laurel. En effet, ces tumulus ne se retrouvent que dans une petite partie du Nord de l'Ontario et sont tout ├á fait absents dans les zones limitrophes du Qu├⌐bec et du Manitoba.
  96.  
  97.      Cette br├¿ve description de la culture de Laurel termine notre survol de la p├⌐riode du Sylvicole initial. Comme vous le constaterez ├á la lecture de la section suivante, les cultures qui lui ont succ├⌐d├⌐ sont, selon toute probabilit├⌐, directement issues de celles de cette p├⌐riode.
  98.  
  99.          La p├⌐riode du Sylvicole tardif
  100.   (an 1 000 av. J.-C. ├á la p├⌐riode historique)
  101.  
  102.      Trois groupes principaux seront ├⌐tudi├⌐s dans cette section. Ce sont, au Sud de l'Ontario, la tradition iroquoienne de l'Ontario qui a donn├⌐ naissance aux peuples historiques hurons, p├⌐tuns, neutres, ├⌐ri├⌐s, les Iroquois du Saint-Laurent, population que Jacques Cartier rencontra en 1535 mais qui avait disparu lorsque Samuel de Champlain se rendit sur les m├¬mes lieux en 1603. Et, enfin, dans le Nord de l'Ontario, nous ├⌐tudierons les populations historiques de langue algonquienne les Cris, les Saulteux et les Algonquins, issues de l'├⌐volution de cultures pr├⌐historiques.
  103.  
  104. Les Iroquois de l'Ontario 
  105.  
  106.      Le groupe arch├⌐ologique le mieux document├⌐ en Ontario est indubitablement celui des Iroquois de l'Ontario. Cela ne signifie pas que nous savons tout ├á leur sujet ou que nous faisons l'unanimit├⌐, loin de l├á. Cela signifie cependant que de tous les peuples reconnus du point de vue arch├⌐ologique dans la province, ce sont les Iroquois de l'Ontario, et plus particuli├¿rement les Hurons, sur lesquels nous pouvons nous prononcer avec le plus de certitude.
  107.  
  108.      Des donn├⌐es arch├⌐ologiques indiquent qu'avant la p├⌐riode s'├⌐chelonnant de 900 ├á 1300 de notre ├¿re, le Sud de l'Ontario ├⌐tait occup├⌐ par deux populations ├⌐troitement apparent├⌐es dont l'alimentation de base, fond├⌐e sur la culture du ma├»s, ├⌐tait compl├⌐t├⌐e par la p├¬che et la chasse. ├Ç l'est, se trouvait la culture de Pickering qui s'├⌐tait d├⌐velopp├⌐e ├á partir de la culture de Pointe P├⌐ninsule. ├Ç l'ouest, il y avait la culture de Glen Meyer, directement issue de la culture de Pointe Princesse. L'emplacement de villages palissad├⌐s sur des collines facilement d├⌐fendables t├⌐moigne d'un ├⌐tat de guerre entre les diverses tribus. La pr├⌐sence des longues-maisons d├⌐montre que les grandes r├⌐sidences multifamiliales avaient remplac├⌐ les constructions unifamiliales. Les moeurs fun├⌐raires s'orientaient, de toute ├⌐vidence, vers la pratique des fosses communes typiques d'une p├⌐riode ult├⌐rieure. En bref, une longue s├⌐rie de coutumes particuli├¿res aux cultures de Glen Meyer et de Pickering pr├⌐sageaient la culture historique iroquoienne.
  109.  
  110.      Vers 1300 apr. J.-C., une partie de la population de Pickering avait ├⌐tendu son territoire vers le sud-ouest et conquis la population de Glen Meyer. Cet ├⌐l├⌐ment marquant a donn├⌐ lieu ├á une culture tr├¿s analogue dans le Sud de l'Ontario qui se r├⌐pandit dans le sud-ouest de l'├ëtat de New York. C'est de cette racine commune que sont n├⌐s, au fil des ann├⌐es, les peuples historiques hurons, p├⌐tuns, neutres et ├⌐ri├⌐s.
  111.  
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