home *** CD-ROM | disk | FTP | other *** search
/ Beethoven's 5th - The Multimedia Symphony / BEETH5THMLG.BIN / printfrn / b1802.txt < prev    next >
Text File  |  1994-02-14  |  8KB  |  83 lines

  1. @Biographie - 1802@1
  2.  
  3. @5 Avril) : DeuxiΦme Symphonie@2
  4.  
  5. C'est l'annΘe du fameux "Testament d'Heiligenstadt", dans lequel Beethoven se lamente sur sa surditΘ. Il aurait ΘtΘ tout α fait naturel de s'attendre α une grande oeuvre qui exprime son destin tragique. Au contraire, il Θcrit la "DeuxiΦme Symphonie", qui respire un optimisme heureux et plein d'espoir.
  6.  
  7. On pense que Beethoven Θcrit au moins trois versions complΦtes de la Symphonie avant de se trouver satisfait du rΘsultat, mais malheureusement, tous les manuscrits ont disparu.
  8.  
  9. Dans sa dimension de mΩme que dans son style, cette symphonie constitue un grand pas en avant.
  10.  
  11. C'est dans cette symphonie que, pour la premiΦre fois, Beethoven utilise le titre de "Scherzo" dans le troisiΦme mouvement d'une symphonie. Nous verrons par la suite qu'il utilise ce titre uniquement quand il dΘcide de suggΘrer une atmosphΦre gaie ou de donner une touche d'humour.
  12.  
  13.  
  14. @8 Avril) : Beethoven Refuse D'ΘCrire Une Sonate Pour La RΘvolution@2
  15.  
  16. "Mais quel diable a donc pris possession de vous, Messieurs? Que vous me proposiez d'Θcrire une sonate de cette sorte! Ma foi, du temps de la fiΦvre rΘvolutionnaire, peut-Ωtre, une chose pareille eut ΘtΘ concevable; mais maintenant... alors que Buonaparte vient juste de conclure un concordat avec le Pape, une telle sonate maintenant? En cette Φre nouvelle de la ChrΘtientΘ en marche, hum, non merci, laissez-moi donc en paix, je n'en ferai rien!"
  17.  
  18. Telle est la rΘponse de Beethoven α ceux qui lui suggΦrent d'Θcrire une "Sonate de la RΘvolution". De fait, sa Sonate en Sol majeur (Op.31, No.1), l'une des trois sonates avec le mΩme opus, qui est le fruit de cette pΘriode, ne contient pas la moindre trace de rΘvolution. Au contraire, elle est sereine, brillante et gaie.
  19.  
  20. Les trois sonates Op.31 sont achevΘes en 1802, l'annΘe du tragique et fameux "Testament d'Heiligenstadt".
  21.  
  22. Dans ce testament, Beethoven semble abandonner tous ses espoirs, et se trouver au bord du suicide. Rien de cette crise importante ne transparaεt dans ses sonates magnifiques.
  23.  
  24.  
  25. @Le Testament D'Heiligenstadt@2
  26.  
  27. A mes frΦres CARL, et  --  Beethoven
  28.  
  29. O ye mes frΦres, qui me considΘrez ou me dΘnoncez comme un Ωtre mΘchant, morose or misanthrope, quel tort vous me faites! Vous ne connaissez pas la cause de tout cela. Depuis l'enfance, mon coeur et mon Γme ont toujours penchΘ vers la bontΘ et la douceur, et j'ai toujours ΘtΘ destinΘ α accomplir de grandes actions.
  30.  
  31. Mais songez seulement que ces six derniΦres annΘes, je suis tombΘ dans un Θtat incurable, que des mΘdecins sans intelligence ont rendu pire encore, chaque annΘe trompant mes espoirs de guΘrison, et m'acculant α la perspective d'une longue infirmitΘ, qui durera peut-Ωtre des annΘes ou s'avΦrera mΩme incurable.
  32.  
  33. Moi qui suis nΘ douΘ d'un tempΘrament plein de vie, susceptible mΩme, de m'Θgarer dans les divertissements de la sociΘtΘ, j'ai ΘtΘ trΦs t⌠t condamnΘ α me retirer du monde, et α mener une vie solitaire.
  34.  
  35. Je me suis efforcΘ parfois d'oublier tout cela, mais comme j'ai ΘtΘ brutalement rejetΘ alors, par mainte et mainte expΘrience pΘnible, α cause de mon ou∩e dΘfectueuse!
  36.  
  37. Mais je ne pouvais me rΘsoudre α dire aux gens : "Parlez plus fort, criez, car je suis sourd!" Oh, comment pouvais-je me rΘsoudre α reconnaεtre la faiblesse d'un sens qui aurait d√ chez moi, Ωtre plus parfait encore que chez quiconque -- un sens que j'ai autrefois possΘdΘ au plus haut point de la perfection, une perfection dont peu de gens dans ma profession ont jamais pu jouir.
  38.  
  39. Non, je ne le peux pas! Pardonnez-moi donc, si vous me voyez me dΘrober, quand je me serais si volontiers mΩlΘ α vous. Mon infortune me cause doublement de la douleur, car je suis s√r d'Ωtre incompris. Le divertissement en compagnie de mes semblables, les passages les plus dΘlicats de la conversation, les Θpanchements dans la confidence, rien de tout cela n'est pour moi.
  40.  
  41. ComplΦtement seul, je ne me mΩle en sociΘtΘ qu'autant qu'il m'est strictement nΘcessaire. Je suis contraint de vivre comme en exil. Si je m'approche des gens, la peur cuisante qu'ils ne remarquent mon Θtat fond aussit⌠t sur moi.
  42.  Et c'est ainsi que ce sont ΘcoulΘs ces six derniers mois, que j'ai, sous l'ordre sage de mon mΘdΘcin, passΘs α la campagne pour prΘserver mon ou∩e autant que possible. Il s'accorde avec ce qui est devenu aujourd'hui mon Θtat d'esprit, bien qu'α plusieurs reprises, je me sois laissΘ aller au dΘsir violent de me retrouver en sociΘtΘ.
  43.  
  44. Mais quelle humiliation lorsque quelqu'un prΦs de moi entend une fl√te au loin, et moi je n'entends rien, ou bien le chant d'un berger, et moi encore, je n'entends rien. De tels incidents m'ont presque ⌠tΘ la raison α force de dΘsespoir.
  45.  
  46. Encore un peu et j'Θtais sur le point de mettre fin α ma propre vie -- et c'est lui seul, mon art, qui a arrΩtΘ ma main. Oh il me semblait impossible de quitter cette terre avant d'avoir produit tout ce que je sentais en moi, et j'ai donc continuΘ cette vie gΓchΘe.
  47.  
  48. GΓchΘe, oui, avec un corps tellement sensible que n'importe quel changement subit peut me prΘcipiter de l'Θtat le meilleur dans le pire. Patience, voilα le mot que je dois me choisir pour guide. Ainsi ai-je fait -- et j'espΦre que ma rΘsolution de tout subir jusqu'α ce que l'inexorable ait trouvΘ satisfaction, sera durable.
  49.  
  50. Les choses iront peut-Ωtre mieux, peut-Ωtre pas. Je suis prΩt -- contraint dans ma 28iΦme annΘe seulement α devenir philosophe, ce n'est pas facile; et pour un artiste, c'est plus difficile encore que pour quiconque.
  51.  
  52. O Etre Divin, vous qui voyez au plus profond de mon Γme. Vous la connaissez. Vous savez que l'amour du prochain et le dΘsir de faire le Bien y sΘjournent.
  53.  
  54. O mes frΦres, quand un jour vous lirez ceci, rappelez-vous le tort que vous m'avez fait, et que le malheureux se console en trouvant un compagnon dans son infortune, qui, en dΘpit de tous les obstacles que la nature a mis devant lui, a fait tout ce qui Θtait en son pouvoir pour Ωtre mis au rang des bons artistes et des hommes de bien.
  55.  
  56. Et vous, mes frΦres Carl et --, au jour de ma mort, si le Professeur Schmidt est encore en vie, priez-le pour moi de dΘcrire ma maladie et de joindre le prΘsent document α son rapport Θcrit, afin que le monde aussi loin qu'il est possible, se rΘconcilie avec moi aprΦs ma mort.
  57.  
  58. En mΩme temps, je vous dΘclare tous deux les hΘritiers de ma modeste fortune (si je puis ainsi appeler le peu que je possΦde). Partagez-le en tout honneur, demeurez en paix et aidez-vous l'un l'autre.
  59.  
  60. Ce que vous avez fait contre moi a ΘtΘ, vous le savez bien, depuis longtemps pardonnΘ.
  61.  
  62. Et toi, mon frΦre Carl, je te remercie tout particuliΦrement pour l'attachement que tu m'as tΘmoignΘ ces temps derniers. Ma priΦre est que tu puisses avoir une vie meilleure que la mienne, et moins grevΘe de soucis. Exhorte tes enfants α la vertu, c'est elle seule, et non l'argent, qui peut apporter le bonheur.
  63.  
  64. Je parle d'expΘrience. C'est la vertu qui m'a soutenu alors mΩme que j'Θtais dans la misΦre, ce sont elle et mon art que je dois remercier pour ne m'Ωtre pas suicidΘ. Adieu, et aimez-vous l'un l'autre. 
  65.  
  66. Je remercie tous mes amis, et en particulier le Prince Lichnowsky et le Professeur Schmidt. J'aimerais que l'un de vous garde les instruments qui me furent donnΘs par mon Prince  L., mais que cela ne soit la cause d'aucune dispute entre vous. Ne les vendez que si vous avez absolument besoin d'argent.
  67.  
  68. Comme je suis heureux en pensant que dans la tombe mΩme je puis encore vous Ωtre utile! Qu'il en soit ainsi! Je suis pressΘ et joyeux de rencontrer la mort face α face.
  69.  
  70. Si elle arrive avant que j'aie eu le temps de dΘployer toutes mes facultΘs artistiques, elle sera encore venue trop t⌠t, malgrΘ le destin cruel qui est le mien, et je prΘfΦrerais certainement qu'elle vienne plus tard. Pourtant, mΩme alors, je serai heureux, car ne me dΘlivrera-t-elle pas d'un Θtat de souffrance continue?
  71.  
  72. Arrive quand bon te semblera, je te ferai face avec courage. Adieu, et quand je serai mort, ne m'oubliez pas. Je l'ai mΘritΘ de vous, car souvent dans ma vie, j'ai pensΘ α vous, et α votre bonheur; ainsi soyez.
  73.  
  74.         
  75.                          Ludwi