L'histoire se passe en 1664. Le roi Louis XIV est jeune, il a 26 ans. Un grand peintre franìais installÄ ê Rome, en Italie, est ëgÄ et malade. Il a 70 ans. Son nom est Nicolas Poussin. Il est en train de terminer quatre tableaux sur le thÅme des saisons, qui rÄsument son art et ses idÄes. Ce sont quatre paysages inventÄs, qui racontent des histoires. Quatre Äpisodes inspirÄs de la Bible.
Passe avec ta souris sur les pommes pour dÄcouvrir ce qu'elles contiennent, puis clique afin de mieux connaötre Nicolas Poussin et ses magnifiques tableaux.
Le contexte historique :
Nicolas Poussin est nÄ en Normandie en 1594. Comme son pÅre, il voulait devenir notaire, quand, au dÄtour d'une promenade, il dÄcouvre ê Paris, dans les collections royales, la peinture italienne. C'est ê ce moment-lê qu'il dÄcide de s'installer ê Rome, en Italie, pour devenir peintre ê son tour.
Quelques mots sur l'artiste :
Nicolas Poussin, est un peintre d'histoire, il peint uniquement des scÅnes historiques qu'il puise dans la Bible ou dans la mythologie. Ces principaux maötres sont le Caravage et Titien, deux trÅs grands peintres italiens du XVIe siÅcle.
Quand Louis XIV l'a rappelÄ pour qu'il participe aux travaux du palais du Louvre, il Ätait si attachÄ ê Rome et ê son mode de vie qu'il n'avait absolument pas envie de revenir ê Paris. Mais, heureusement, il a vite trouvÄ un prÄtexte pour rejoindre au plus vite sa ville prÄfÄrÄe.
Pour peindre les personnages d'une histoire, Nicolas Poussin a une technique bien ê lui. Il dispose des petits modelages en cire sur une planche. Ensuite, pour reprÄsenter les draperies, il les habille de bouts de tissu mouillÄs ; et c'est d'aprÅs ces maquettes qu'il peint sa toile.
Il y beaucoup de sÄrÄnitÄ dans les ╧uvres de ce grand peintre et son style est ê classer parmi les grands peintres classiques.
Les 4 saisons de Nicolas Poussin
Carte d'identitÄ :
Les quatre tableaux des saisons ont ÄtÄ commandÄs ê Nicolas Poussin par le neveu du cardinal de Richelieu.
Un an aprÅs avoir reìu les 4 tableaux, il dut les revendre ê Louis XIV afin de payer ses dettes de jeu.
Ces quatre peintures ê l'huile sur toile ont ÄtÄ crÄÄes pour Étre exposÄes ensemble. Elles font rÄfÄrence ê des Äpisodes de l'Ancien Testament et mesurent toutes 1,18 m sur 1,60 m.
Leur rÄalisation s'est Ätendue sur cinq annÄes, de 1660 ê 1664. Pour chacune de ces ╧uvres, Nicolas Poussin a commencÄ par peindre le paysage pour y poser ensuite les diffÄrents personnages.
On peut les voir au musÄe du Louvre, ê Paris, o¥ elles sont rÄunies dans une des salles consacrÄes exclusivement ê Nicolas Poussin.
LE PRINTEMPS
MusÄe : Louvre
Titre : " Le printemps ou Le paradis terrestre "
Artiste : Poussin Nicolas (1594-1665)
Technique : Huile sur toile
Hauteur : 1,18 m
Largeur : 1,60 m
Adam et Θve :
Adam et Θve symbolisent la jeunesse, le temps de l'innocence.
Ce sont les premiers parents de tous les Étres humains, ils appartiennent au premier ëge de l'humanitÄ, que l'on appelle ëge d'or.
âve :
Je suis Θve, la premiÅre femme sur la Terre. Je suis nÄe d'une cÖte d'Adam, c'est-ê-dire d'un cÖtÄ de son corps. Voilê pourquoi on dit que je suis sa moitiÄ.
Adam ! mon compagnon, go₧te donc une de ces pommes, je suis s₧re qu'elles sont dÄlicieuses. Mords dans leur chair sucrÄe.
Adam :
Mon nom est Adam. Je suis le premier homme. Dieu le PÅre m'a crÄÄ en modelant mon corps dans de la terre glaise, comme un sculpteur. Et puis il m'a donnÄ le souffle de la vie.
Θve, mon amie, je crois bien que je vais succomber ê la tentation de croquer ces belles pommes. Elles ont l'air savoureuses. Mais je crains que nous ne soyons dÄfinitivement chassÄs du paradis, pour notre plus grand malheur.
Dieu :
Je suis Dieu tout-puissant. J'ai crÄÄ le monde en sept jours. Le sixiÅme, avant de me reposer, j'ai crÄÄ l'homme et la femme. Je leur ai offert le paradis, mais je les ai prÄvenus : ne croquez pas la pomme, ne cherchez pas ê savoir d'o¥ vous venez ni ê comprendre qui vous Étes, sinon, je vous mettrai ê la porte de mon jardin d'âden. Ils sont en train de me dÄsobÄir ; tant pis pour eux. ╦ prÄsent, je me dÄtourne de leur destin.
L'arbre de la connaissance :
Les pommes ne poussent pas au printemps, mais cet arbre est un pommier d'un genre particulier. C'est l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Manger ses fruits est interdit par le Seigneur. Mais l'homme ne rÄsiste pas ê la volontÄ de savoir.
La lumiÅre :
La lumiÅre de l'aube point ê l'horizon. C'est la premiÅre heure du jour : le matin. La nature se rÄveille aprÅs la nuit obscure. Nicolas Poussin commenìait toujours par peindre des zones foncÄes. Puis il rajoutait au fur et ê mesure, pour y faire entrer la lumiÅre, des zones plus claires, en appliquant des touches de blanc.
La vÄgÄtation :
C'est le printemps. La nature renaöt aprÅs les froids rigoureux de l'hiver. La sÅve pousse, la chlorophylle abonde ; alors la vÄgÄtation envahit le paysage. Ce nid de verdure est-il un souvenir de la Normandie, la rÄgion natale de Poussin, rÄputÄe pour ses paysages trÅs verts ?
Les plans :
Le paysage est arrangÄ comme une scÅne de thÄëtre : les personnages principaux sont au premier plan, le second plan donne la profondeur, et l'horizon se fond dans l'atmosphÅre bleutÄe.
La composition :
Nicolas Poussin a organisÄ son tableau selon des lignes verticales et horizontales. Cette composition est trÅs calme et sereine. Le peintre veut ainsi exprimer l'harmonie entre l'homme et la nature. S'il avait choisi de construire son tableau sur des lignes diagonales, il n'aurait pas eu cette atmosphÅre tranquille.
Les couleurs :
Pour Ävoquer la fraöcheur du matin et de l'Äveil, Poussin emploie une palette de couleurs acidulÄes : du vert tendre, du rose et du bleu clair.
La conception :
Poussin concevait souvent ses tableaux en commenìant par dessiner le paysage.
Puis il posait les personnages juste au-dessus.
La touche :
La touche dÄsigne la maniÅre dont un peintre pose les couleurs sur la toile. Celle de Poussin est double.
Il commence par Ätaler la peinture en couches trÅs minces avec beaucoup de rÄgularitÄ et de finesse. C'est une des caractÄristiques de son ╧uvre.
Puis pour capter la lumiÅre sur certains dÄtails, la touche est plus appuyÄe, les traits sont plus Äpais.
L'ETE
MusÄe : Louvre
Titre : " L'ÄtÄ ou Ruth et Booz "
Artiste : Poussin Nicolas (1594-1665)
Technique : Huile sur toile
Hauteur : 1,18 m
Largeur : 1,60 m
C'est l'ÄtÄ. Les couleurs du paysage sont dorÄes et blondes. ╦ peine arrivÄe au village de BethlÄem, situÄ en Palestine, Ruth demande ê Booz, le propriÄtaire des terres, de glaner sur ses champs. Celui-ci, Ämu, la demande en mariage. PromÅne ta souris sur les dÄtails de cette belle histoire.
Ruth :
Monsieur, mon nom est Ruth, et je suis bien misÄrable. Je vous supplie de m'autoriser ê glaner quelques Äpis dans votre champ.
Booz :
Je suis le propriÄtaire de ce champ. Mon nom est Booz. Je vois que vous ne mangez pas tous les jours ê votre faim. Aussi, je vous autorise ê rÄcolter les gerbes de blÄ.
Serviteur ! Laissez cette dame entrer dans mon champ, et payez-la ce soir pour son travail.
Madame, accepteriez-vous de devenir mon Äpouse ?
Le serviteur :
Les personnages de cette scÅne symbolisent la maturitÄ, le milieu de la vie, l'heure des dÄcisions et des choix qui tracent une destinÄe. Le serviteur observe l'homme majestueux et la femme humble, qui deviendront bientÖt mari et femme.
Le pain :
Que fait-on avec le blÄ ? ╦ partir de ses graines moulues en farine et mÉlÄes ê de l'eau, on cuit du pain. Pendant des milliers d'annÄes, le pain a ÄtÄ l'aliment de base indispensable ê tous. Pour la religion chrÄtienne, le pain symbolise le corps du Christ.
La vÄgÄtation :
La nature s'Äpanouit au soleil. C'est l'ÄtÄ, la deuxiÅme saison de l'annÄe. L'Äpais feuillage apporte une ombre bienvenue.
Le musicien :
Un musicien joue de la cabrette, une sorte de cornemuse, pour donner du courage aux moissonneurs ÄpuisÄs.
Les paysannes :
Pas de machine agricole, de moissonneuse-batteuse, ni mÉme de faux : juste une serpe. Cette paysanne n'est pas prÅs d'avoir terminÄ la rÄcolte. Elle ne porte pas de sabots : marcher pieds nus dans les foins, ìa pique !
Les chevaux :
Cinq chevaux foulent de leurs sabots les Äpis de blÄ pour sÄparer les grains de la paille. On appelle cet attelage un quadrige.
Les Äpis :
Les Äpis fauchÄs sont ramassÄs ê pleines brassÄes et liÄs ensemble pour former des gerbes, plus faciles ê dÄplacer.
Les couleurs :
Poussin nous fait ressentir la chaleur de l'ÄtÄ par des couleurs dorÄes.
La joie, le bonheur mÉme sont exprimÄs par les couleurs vives des vÉtements : jaunes, rouges et bleus vifs.
Le moment de la journÄe :
Il est bientÖt midi, c'est l'heure du repas que prÄparent ces deux femmes. C'est la deuxiÅme heure du jour : la mÄridienne.
La composition :
L'ÄtÄ est composÄ comme un dÄcor de thÄëtre :
Au fond, le peintre a peint le ciel, la montagne et le village lointain qu'on devine Étre BethlÄem.
Au centre s'Ätendent les champs de blÄ et des villas fortifiÄes qui dominent les personnages du haut de leur colline. Devant, les hÄros de l'histoire sont alignÄs.
Regarde le grand arbre au premier plan. Ses branches dÄsignent les trois niveaux du paysage.
L'AUTOMNE
MusÄe : Louvre
Titre : " L'automne ou La grappe de raisin rapportÄe de la terre promise "
Artiste : Poussin Nicolas (1594-1665)
Technique : Huile sur toile
Hauteur : 1,18 m
Largeur : 1,60 m
╦ l'automne, on rÄcolte ce qu'on a semÄ. Comme cette belle grappe de raisin que rapporte Canaan de la terre promise. PromÅne ta souris sur la toile pour dÄcouvrir les dÄtails de cette ╧uvre.
Canaan :
Mon nom est Canaan. Moòse m'a envoyÄ en reconnaissance en Palestine, la terre promise de mon peuple, le peuple hÄbreu. Je reviens de ce long voyage avec une bonne nouvelle : ce n'est pas un dÄsert aride mais une terre fertile. Regarde la belle grappe que je rapporte !
Le raisin :
Canaan rapporte de la terre promise une grappe de raisin gÄante ainsi que des figues et des grenades, prouvant qu'il s'agit d'un lieu extraordinairement fertile. Le raisin sert ê faire le vin. Dans la religion chrÄtienne, le vin reprÄsente le sang du Christ.
Le moment de la journÄe :
Le soleil descend sur l'horizon, l'atmosphÅre est douce : c'est la fin de l'aprÅs-midi, l'arrivÄe du soir, la troisiÅme heure du jour.
La vÄgÄtation :
Les feuilles tombent, les arbres se dÄnudent vite : c'est l'automne, la troisiÅme saison, celle du dÄclin de la nature qui se fane.
Le temps :
Deux femmes nous tournent le dos. L'une, perchÄe sur une Ächelle, cueille des fruits. L'autre apporte au village la rÄcolte dans le panier d'osier. Nicolas Poussin reprÄsente avec ces personnages le dÄbut de la vieillesse. Car c'est ê cette pÄriode de la vie qu'on rÄcolte ce que l'on a semÄ quand on Ätait jeune. Elles nous tournent le dos et semblent regarder vers l'horizon la vie passÄe.
Les couleurs :
Poussin nous fait ressentir la douceur de l'automne en utilisant des couleurs pëles, jaune orangÄ et mauve. Les vÉtements des personnages sont dÄlavÄs : jaune paille et bleu trÅs clair.
La composition :
╦ l'exemple des autres saisons, Poussin a composÄ l'" Automne " comme une scÅne de thÄëtre : La riviÅre au second plan, sÄpare le premier plan et ses personnages majeur du fond occupÄ par le ciel et le village au pied de la montagne.
L'HIVER
MusÄe : Louvre
Titre : " L'hiver ou Le dÄluge "
Artiste : Poussin Nicolas (1594-1665)
Technique : Huile sur toile
Hauteur : 1,18 m
Largeur : 1,60 m
Quelle scÅne horrible ! C'est l'hiver, et pour peindre cette scÅne, Nicolas Poussin s'est inspirÄ d'un Äpisode de la Bible : le dÄluge. Dieu a dÄcidÄ d'inonder la Terre pendant 40 jours et 40 nuits afin d'Äliminer les hommes de sa surface. Seuls NoÄ, sa famille et un couple de chaque espÅce animale seront sauvÄs pour recrÄer la vie sur Terre.
Le bÄbÄ :
L'enfant est sauvÄ du naufrage. C'est un des rares signes d'espoir du tableau avec le personnage qui implore le pardon de Dieu.
As-tu remarquÄ qu'ils sont tous les deux plus ÄclairÄs que le reste du tableau et que leur mouvement est vertical, en direction du ciel ?
Le temps :
Avec cette scÅne terrible, Nicolas Poussin reprÄsente le quatriÅme ëge de l'homme : celui de la vieillesse et de la mort. C'est aussi le quatriÅme ëge de l'humanitÄ, l'ëge du fer.
Le serpent :
Les serpents reprÄsentent le mal. Celui que Dieu veut dÄtruire.
La vÄgÄtation :
Les arbres sont nus, il fait froid, les eaux sont glacÄes. Nous sommes ê la quatriÅme saison : l'hiver.
L'arche de NoÄ :
Tout au fond, dans la brume, voici l'arche de NoÄ. NoÄ a embarquÄ avec sa famille et un couple de chaque espÅce animale. Ainsi, ils seront sauvÄs et la vie pourra reprendre quand le dÄluge aura cessÄ. Tout espoir n'est pas perdu.
La voix de Dieu :
S'il vous plaöt, Seigneur, Äpargnez-nous !
Il est trop tard pour implorer mon pardon. Vous allez pÄrir car votre mÄchancetÄ est trop grande et je regrette de vous avoir faits, vous autres, les hommes.
La lune :
La lune Äclaire les tÄnÅbres de sa pële lueur. C'est le crÄpuscule, la quatriÅme et derniÅre heure du jour, avant la nuit.
Les couleurs :
La rigueur de l'hiver sous l'orage appelle le gris et le noir, couleurs du drame.
La composition :
La cascade est toute petite, trÅs rÄduite par rapport ê de vraies chutes d'eau. Autrement, elle aurait pris tout l'espace dans le tableau.
Pour compenser ce rÄtrÄcissement et lui redonner de l'importance, le peintre a situÄ la cascade au milieu du tableau. DerriÅre les naufragÄs et devant les maisons englouties.
