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Text File  |  1996-06-21  |  37KB  |  111 lines

  1. LA PRâHISTOIRE DU QUâBEC 
  2.  
  3. J. V. Wright 
  4.  
  5.      Le prÄsent texte expose ê grands traits la prÄhistoire du QuÄbec. Les notions et les termes techniques ont ÄtÄ ÄvitÄs, mais, afin de prÄsenter une vue gÄnÄrale du sujet, il a ÄtÄ nÄcessaire de simplifier ce qui est complexe, de rendre clair ce qui est obscur, et de pencher en faveur d'une interprÄtation donnÄe lorsque, en fait, plusieurs interprÄtations contradictoires existent. Toutefois, la plupart des archÄologues seront essentiellement d'accord avec les grands thÅmes prÄsentÄs ici.
  6.  
  7.      Le QuÄbec a une superficie de 1 356 791 km·, et la nature du territoire ainsi que les communautÄs vÄgÄtales et animales prÄsentent selon les lieux des diffÄrences considÄrables. Dans le nord, des troupeaux de caribous passent l'ÄtÄ dans la toundra, tandis que les eaux cÖtiÅres sont le domaine des baleines, des morses, des phoques et des ours blancs. La plus grande partie de la province est recouverte de forÉts de conifÅres. Celles-ci sont rÄpandues sur les roches prÄcambriennes du Bouclier canadien. Dans ces sombres forÉts et dans leurs myriades de lacs et de riviÅres, on trouve des orignaux, des caribous et des ours noirs, des castors et d'autres animaux, et de nombreuses espÅces de poissons, dont la truite, le corÄgone et le brochet. Dans le sud, la forÉt mixte croöt sur des sols dÄposÄs par les glaciers ou refaìonnÄs par l'antique mer de Champlain. Les paysages plats ou vallonnÄs sont souvent interrompus par les massifs vestiges rocheux des Appalaches. Cette rÄgion est peuplÄe de cerfs de Virginie, d'ours noirs, d'orignaux et d'une grande variÄtÄ de petits animaux, de poissons et d'oiseaux. ╦ l'Äpoque prÄhistorique, le wapiti, le cougar et le pigeon voyageur, aujourd'hui Äteint, occupaient Ägalement la rÄgion. Le Saint-Laurent constitue ê peu prÅs la limite entre la rÄgion tempÄrÄe du sud et les rudes Ätendues du Bouclier, au nord. L'estuaire du fleuve regorge de baleines, de marsouins, de phoques, de saumons, d'anguilles, de capelans et de nombreuses autres espÅces. Une exploitation exagÄrÄe de la plupart de ces espÅces par les EuropÄens ê partir du XVIe siÅcle a causÄ une rÄduction marquÄe du nombre d'individus.
  8.  
  9.      Les peuples prÄhistoriques devaient s'adapter ê cette grande diversitÄ de paysages, de climats et de communautÄs animales et vÄgÄtales. Les plus anciens documents historiques mentionnent la prÄsence d'Inuit (Esquimaux) le long des cÖtes septentrionales et occidentales de la province, de chasseurs parlant des idiomes algonquiens du nord dans les forÉts du Bouclier ainsi que le long de la cÖte nord du golfe du Saint-Laurent, et d'agriculteurs iroquoiens dans la vallÄe supÄrieure du Saint-Laurent. Il y a 11 000 ans, les premiers chasseurs pÄnÄtrÅrent peut-Étre dans ce qui est aujourd'hui le QuÄbec au sud du Saint-Laurent, tandis qu'il y ê peine 5 000 ans, dans certaines parties des rÄgions septentrionales du Bouclier, les derniers vestiges du glacier continental venaient ê peine de se retirer. Des fluctuations climatiques subsÄquentes ont entraönÄ le dÄplacement de communautÄs vÄgÄtales et des espÅces animales qui leur sont associÄes, dont l'homme. MalgrÄ l'immensitÄ du territoire de la province, les milliers d'annÄes de prÄhistoire, et les considÄrables difficultÄs qui se prÄsentent lorsqu'on essaie de comprendre les facteurs intimement liÄs qui prÄsident au changement environnemental et culturel, les archÄologues ne cessent de dÄbrouiller l'Ächeveau que constituent les tÄmoignages qui nous restent de la prÄhistoire du QuÄbec. Jacques Cartier, Samuel de Champlain, Paul Lejeune et d'autres explorateurs et missionnaires du XVIe et du XVIIe siÅcle firent de nombreuses observations intÄressantes concernant les peuples autochtones du QuÄbec. Ces observateurs europÄens ne pouvaient Ävidemment pas savoir, cependant, depuis combien de temps le territoire de la province Ätait occupÄ et d'o¥ venaient ses premiers habitants, ni quand et comment les Inuit arrivÅrent lê o¥ ils vivent aujourd'hui, quand et o¥ le maòs fut cultivÄ pour la premiÅre fois dans la province, et d'o¥ il venait. Seuls les archÄologues peuvent rÄpondre ê ces questions, et ê une foule d'autres questions. Comme la vaste majoritÄ des vestiges matÄriels consistent en outils brisÄs et en os jetÄs, les archÄologues sont dans une grande mesure de simples collectionneurs et analystes de dÄchets prÄhistoriques. MalgrÄ ces limites, suffisamment de vestiges ont pu traverser les siÅcles et rÄsister aux assauts de la nature pour qu'on puisse dÄchiffrer au moins partiellement le passÄ. DiffÄrents peuples prÄhistoriques fabriquaient des outils de pierre et d'os, construisaient des maisons et ensevelissaient les morts de diffÄrentes faìons. Certains Ätaient des chasseurs et d'autres Ätaient des agriculteurs, certains fabriquaient des poteries et d'autres pas. Ces ressemblances et ces diffÄrences permettent ê l'archÄologue de diffÄrencier les groupes culturels et de retracer leur Ävolution dans le temps.
  10.  
  11.      Les archÄologues doivent faire appel ê d'autres disciplines. La biologie et les sciences de la terre sont particuliÅrement importantes; la physique, la chimie et d'autres disciplines contribuent directement au travail de l'archÄologue. Et nous pourrions continuer cette liste. On ne peut cependant connaötre en totalitÄ l'humanitÄ par une mÄthode scientifique rigoureuse. âtant donnÄ que des facteurs culturels complexes ont dÄterminÄ de quelle faìon les gens durent s'adapter ê leur milieu, l'archÄologue se doit d'interprÄter, jetant ainsi un pont entre l'humanisme et la science.
  12.  
  13. LES RâGIONS ET LES PâRIODES ARCHâOLOGIQUES DU QUâBEC 
  14.  
  15.      La prÄhistoire du QuÄbec concerne deux populations distinctes -- les Indiens et les Inuit (Esquimaux) et leurs prÄdÄcesseurs prÄhistoriques, qu'on peut regrouper en fonction de quatre rÄgions diffÄrentes (carte 1): la rÄgion mÄridionale comprenant la vallÄe supÄrieure du Saint-Laurent (y compris la vallÄe de l'Outaouais) et les Cantons de l'Est; la rÄgion septentrionale constituÄe par le Bouclier canadien; la rÄgion de l'estuaire du Saint-Laurent; la rÄgion des cÖtes septentrionales. La prÄhistoire de chacune de ces quatre rÄgions est dans l'ensemble distincte. Celle de la forÉt mixte des basses terres du Saint-Laurent est Ätroitement apparentÄe ê celle du sud de l'Ontario et du nord de l'âtat de New York et du Vermont. C'est la seule rÄgion du QuÄbec o¥ l'on pratiquait l'agriculture, et, ê l'Äpoque historique, elle Ätait occupÄe par des peuples iroquoiens. La prÄhistoire des immenses Ätendues du Bouclier est plus Ätroitement apparentÄe ê celle des rÄgions adjacentes du nord de l'Ontario; ces deux rÄgions Ätaient occupÄes ê l'Äpoque historique par des bandes de chasseurs de langue algonquine. L'estuaire du Saint-Laurent fut occupÄ tout au long de sa prÄhistoire par des populations qui tiraient leur subsistance des riches ressources maritimes et qui avaient des liens Ätroits avec la cÖte atlantique. ╦ l'Äpoque historique, des Iroquoiens occupaient la partie supÄrieure de l'estuaire, tandis que des Algonquins vivaient sur la Basse-CÖte-Nord. Les populations de ces rÄgions n'Ätaient pas isolÄes, et on trouve des tÄmoignages de contacts importants. La prÄhistoire des Inuit et des PalÄo-Esquimaux du QuÄbec se dÄroula sur la cÖte est de la baie d'Hudson, la cÖte septentrionale et l'extrÉme est de la cÖte nord du golfe du Saint-Laurent. Les PalÄo-Esquimaux, venus rÄcemment d'Asie, occupÅrent l'Arctique vers 2 000 av. J.-C., mais ils furent remplacÄs par les ancÉtres des actuels Esquimaux ê partir de l'an 900 de notre Åre. Aussi bien les Inuit que les PalÄo-Esquimaux avaient des liens culturels avec l'ExtrÉme-Arctique.
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  17.      La prÄhistoire du QuÄbec sera divisÄe en cinq pÄriodes: La pÄriode I (de 10 000 av. J.-C. ê 8 000 av. J.-C.); la pÄriode II (de 8 000 av. J.-C. ê 4 000 av. J.-C.); la pÄriode III de 4 000 av. J.-C. ê 1 000 av. J.-C.); la pÄriode IV (de 1 000 av. J.-C. ê 500 apr. J.-C.); la pÄriode V (de 500 apr. J.-C. ê l'arrivÄe des EuropÄens). Dans la mesure du possible, au sein de chacune de ces pÄriodes, on commencera avec la rÄgion mÄridionale (basses terres du Saint-Laurent), puis on passera dans l'ordre ê la rÄgion de l'estuaire du Saint-Laurent, ê la rÄgion septentrionale (intÄrieur du Bouclier) et ê la rÄgion des cÖtes septentrionales.
  18.  
  19. PâRIODE I (de 10 000 av. J.-C. ê 8 000 av. J.-C.) 
  20.  
  21.      Il y a environ 12 000 ans, des chasseurs de gros gibier commencÅrent ê se rÄpandre dans une grande partie de l'AmÄrique du Nord. Leurs ancÉtres avaient vraisemblablement empruntÄ le large isthme qui reliait l'Asie ê l'AmÄrique avant que celui-ci ne soit recouvert par les eaux il y a environ 14 000 ans. Chassant dans les rÄgions non recouvertes de glaces d'Alaska et du Yukon jusqu'ê il y a environ 13 000 ans, ils purent ensuite se frayer un chemin dans un corridor formÄ par le retrait des glaces. La plus grande partie du Canada Ätait toujours recouverte de glaciers et de lacs glaciaires, et, au QuÄbec, suite ê la fonte des glaciers de la vallÄe du Saint-Laurent, la mer envahit celle-ci et pÄnÄtra jusqu'en Ontario et au Vermont. Comme le montrent les diapositives 1 et 2, la configuration de la province Ätait bien diffÄrente de ce qu'elle est aujourd'hui. Le glacier continental recouvrait la plus grande partie du territoire au nord du Saint-Laurent tandis que des baleines, des phoques et des morses peuplaient ce bras de l'Atlantique qu'on appelle mer de Champlain, qui devait Étre bordÄ au sud-est par une toundra et des pessiÅres peu denses occupÄes par des troupeaux de caribous et des espÅces d'animaux disparues telles que le mastodonte et le mammouth. En fait, comme le montre la diapositive 3, ce n'est pas avant 6 000 av. J.-C., et la disparition de la mer de Champlain, que la vallÄe du Saint-Laurent commenìa lentement ê ressembler ê ce qu'elle est aujourd'hui. Dans la plus grande partie de l'AmÄrique du Nord, on appelle la plus ancienne culture, ê pointe cannelÄe, d'aprÅs un style distinctif de pointes de lance en pierre. Bien qu'on n'ait rien trouvÄ de la culture ê pointe cannelÄe dans la partie habitable du QuÄbec, la probabilitÄ de sa prÄsence est suggÄrÄe par l'existence de sites de cette culture dans les provinces Maritimes et les âtats adjacents de Nouvelle-Angleterre. Des sites seront vraisemblablement localisÄs dans des zones convenant ê l'interception ou la prise au piÅge du caribou ou, peut-Étre, prÅs de carriÅres favorables ê la fabrication d'outils. Parmi ces outils pourraient figurer des pointes de lance, des couteaux, des grattoirs, des forets et des gravoirs en pierre. Il est trÅs peu probable qu'on trouve jamais des os dans cette rÄgion aux sols naturellement acides.
  22.  
  23. PâRIODE II (8 000 av. J.-C. ê 4 000 av. J.-C.) 
  24.  
  25.      Il y a 6 000 ans, la province Ätait libre de glaces ê l'exception des hauteurs du nord-est du QuÄbec et des rÄgions adjacentes du Labrador. Mais comme le montrent clairement les diapositives 2 et 3, la gÄographie physique subit des modifications importantes au cours de la premiÅre moitiÄ de la pÄriode. Les premiÅres populations qui nous sont connues par des vestiges appartiennent ê la culture planoenne de la vallÄe du Saint-Laurent, mais il semble que des populations de l'Archaòque ancien Ätaient Ägalement prÄsentes. Les cultures planoenne et archaòque ancienne sont issues de la culture ê pointe cannelÄe, qui est antÄrieure, mais dans des rÄgions diffÄrentes de l'AmÄrique du Nord. SubsÄquemment, la partie supÄrieure de la vallÄe fut le domaine de l'Archaòque laurentien, et la rÄgion de l'estuaire celui de l'Archaòque maritimien. Vers la fin de la pÄriode, des chasseurs de l'archaòque bouclÄrien du nord de l'Ontario pÄnÄtrÅrent dans la partie ouest du Bouclier quÄbÄcois. La rÄgion cÖtiÅre septentrionale n'Ätait pas occupÄe, mais il y a 6 000 ans, des chasseurs de l'archaòque maritimien avaient presque atteint la pointe septentrionale du Labrador.
  26.  
  27. LE PLANOEN: 
  28.  
  29.      La culture planoenne naquit dans les Prairies de l'AmÄrique du Nord, issue de la culture ê pointe cannelÄe, qui l'avait prÄcÄdÄe il y a environ 10 000 ans. Des bandes de ces  premiers chasseurs commencÅrent ê se rÄpandre vers l'est entre le glacier qui se retirait et les lacs glaciaires, au nord, et les chasseurs de l'Archaòque ancien, au sud. La culture de ces derniers dÄrivait Ägalement de la culture ê pointe cannelÄe, mais s'Ätait dÄveloppÄe dans l'est de l'AmÄrique du Nord d'une faìon tout ê fait distincte de la culture planoenne. Contournant la rive nord du lac SupÄrieur et du lac Huron, les populations planoennes atteignirent la haute vallÄe du Saint-Laurent, o¥, il y a 9 000 ans, le niveau de l'eau Ätait le mÉme qu'aujourd'hui. En aval de Cornwall, cependant, le lac Lampsilis (un vestige de la mer de Champlain) se retirait graduellement. Comme ces chasseurs anciens se rendirent jusqu'ê la cÖte de GaspÄsie, ils devaient possÄder de bonnes embarcations et, vraisemblablement, pouvaient exploiter les riches ressources maritimes du golfe du Saint-Laurent. En fait, mÉme pour cette pÄriode ancienne, on trouve des outils fabriquÄs ê partir de silex noir de GaspÄsie jusqu'ê 800 km en amont, ce qui indique que des contacts avaient lieu entre les habitants de l'intÄrieur et ceux de la cÖte, tous de culture planoenne. La caractÄristique la plus remarquable de cette culture est la remarquable dÄlicatesse des outils en pierre taillÄe (pointes de lance, couteaux, grattoirs et forets). Des vestiges attestent Ägalement que des contacts culturels eurent lieu ê cette Äpoque entre la culture planoenne et la culture archaòque ancienne du Saint-Laurent, la premiÅre ayant d'ailleurs plus tard absorbÄ cette derniÅre.
  30.  
  31. L'ARCHA∞QUE LAURENTIEN: 
  32.  
  33.      Presque rien ne nous est connu de la culture archaòque laurentienne pendant cette pÄriode. Les larges pointes de dard ê encoches ressemblent Ätroitement ê des objets de l'Archaòque ancien, et on croit que l'Archaòque laurentien est issu de cultures antÄrieures de la haute vallÄe du Saint-Laurent et des Grands Lacs infÄrieurs. Malheureusement, les outils trouvÄs -- pointes ê encoches, simples couteaux et grattoirs -- ressemblent beaucoup ê des formes ultÄrieures, et il arrive souvent que les archÄologues ne reconnaissent tout simplement pas l'anciennetÄ de ces outils omniprÄsents. C'est Ägalement une pÄriode o¥ le milieu naturel Ätait extrÉmement instable, et l'habitat humain devait donc Étre dispersÄ afin d'exploiter de faìon efficace des communautÄs animales et vÄgÄtales sans cesse mouvantes. Ce mode d'Ätablissement, alliÄ aux transformations importantes de la gÄographie physique, rend trÅs difficile la dÄcouverte de sites. DÄcrite pour la premiÅre fois dans l'âtat de New York, cette culture tire son nom de l'hypothÅse (qu'on sait maintenant erronÄe) qu'elle est apparue dans le Bouclier laurentien.
  34.  
  35. L'ARCHA∞QUE MARITIMIEN: 
  36.  
  37.      On possÅde beaucoup de donnÄes sur l'Archaòque maritimien par rapport ê l'Archaòque laurentien. Le golfe du Saint-Laurent et les rÄgions adjacentes Ätaient peut-Étre dÄjê occupÄs il y a 9 000 ans. Ces populations provenaient d'une culture archaòque ancienne mÄridionale et se fusionnÅrent vraisemblablement avec la population locale dont la culture dÄrivait de la culture ê pointe cannelÄe. Ces Maritimiens pouvaient exploiter les riches ressources marines de la rÄgion, d'o¥ leur nom. Ils possÄdaient sans doute des embarcations assez grosses, avec lesquelles ils voyageaient, et qui les aidaient ê capturer de grands mammifÅres marins tels que le morse. Ils avaient parmi leurs outils des pointes de dard et de lance en pierre et de grandes haches polies pour le travail du bois. C'est au sujet des Maritimiens que nous possÄdons les donnÄes les plus anciennes sur de complexes rites religieux. Il y a environ 7 500 ans, on construisait des tertres funÄraires faits de gros galets le long de la cÖte nord du golfe du Saint-Laurent et de la cÖte du Labrador.
  38.  
  39. L'ARCHA∞QUE BOUCLâRIEN: 
  40.  
  41.      On croit que l'Archaòque bouclÄrien, contrairement ê ses voisins mÄridionaux et orientaux, descend d'une culture planoenne de l'est du Manitoba et du district voisin de Keewatin, dans les Territoires du Nord-Ouest. En mÉme temps que les communautÄs vÄgÄtales et animales occupaient les terres libÄrÄes par le recul des glaciers et des Ätendues d'eau qui leur Ätaient associÄes, des chasseurs bouclÄriens se dÄplacÅrent vers l'est et en vinrent ê occuper presque tout le Bouclier canadien. D'ordinaire, les sols acides de la rÄgion dissolvent les os, mais d'aprÅs l'emplacement des sites, on en dÄduit que le caribou et le poisson constituaient vraisemblablement la base de l'alimentation de ces chasseurs anciens, dont les principaux outils en pierre Ätaient des grattoirs, des couteaux et des tÉtes de dard en pierre taillÄe. Dans ces terres subarctiques parsemÄes de riviÅres et de lacs, les gens possÄdaient sans doute des vÉtements faìonnÄs, des canots d'Äcorce et des raquettes, malgrÄ l'absence de tÄmoignages directs. L'Archaòque bouclÄrien ne se rÄpandit pas dans tout le nord du QuÄbec avant la derniÅre partie de cette pÄriode, Ätant donnÄ qu'une grande partie de la rÄgion Ätait toujours sous l'influence des glaciers qui se retiraient.
  42.  
  43. PâRIODE III (4 000 av. J.-C. ê 1 000 av. J.-C.) 
  44.  
  45.      Au cours de ces trois mille ans, la plus grande partie du QuÄbec fut occupÄe par les populations laurentiennes, maritimiennes et bouclÄriennes de la pÄriode prÄcÄdente. Toutefois, dans l'extrÉme nord, une population entiÅrement nouvelle, les PalÄo-Esquimaux anciens, occupÅrent il y a environ 4 000 ans les rÄgions cÖtiÅres. L'environnement devint plus stable au cours de cette pÄriode; il semble par consÄquent qu'on ait occupÄ plus rÄguliÅrement des lieux donnÄs, et les sites archÄologiques sont ainsi plus Ätendus et plus Ävidents.
  46.  
  47. L'ARCHA∞QUE LAURENTIEN: 
  48.  
  49.      Dans les forÉts mixtes de la vallÄe supÄrieure du Saint-Laurent et du sud du QuÄbec, les petites bandes de chasseurs laurentiens profitaient des ressources saisonniÅres -- surtout le gros gibier, particuliÅrement le cerf, rÄgime complÄtÄ par du poisson et un vaste Äventail de petits animaux et de vÄgÄtaux tels que les noix et les glands. Parmi les outils anciens, on trouvait des pointes de dard, des couteaux et divers outils de pierre polie, notamment des pointes de dard et des lances en ardoise, des couteaux en forme de demi-lune, des plombs ê pÉche ainsi que des gouges pour travailler le bois. Les outils en pierre polie furent empruntÄs aux Maritimiens avec lesquels ces gens Ätaient en contact Ätroit. Chez les populations vivant au sud de leur territoire, ils empruntÅrent les dÄlicats lests en pierre polie qu'ils attachaient ê leurs propulseurs. Dans la vallÄe de l'Outaouais, antÄrieurement ê il y a 5 000 ans, on utilisait du cuivre natif sous forme de pÄpites brutes provenant du lac SupÄrieur, et on en faisait divers outils et ornements qui Ätaient ÄchangÄs au sud et ê l'est. Ces mÉmes sites ont livrÄ des vestiges d'une complexe technologie des outils en os, et notamment des harpons et de dÄlicates aiguilles percÄes. Le corps des morts Ätait saupoudrÄ d'ocre rouge et Ätait enterrÄ avec des outils, qui devaient accompagner l'esprit dans l'autre monde.
  50.  
  51. L'ARCHA∞QUE MARITIMIEN: 
  52.  
  53.      Il y a environ 7 000 ans, les Maritimiens commencÅrent ê pÄnÄtrer dans la vallÄe du Saint-Laurent en amont du confluent du fleuve et de la riviÅre des Outaouais et se trouvÅrent ainsi en contact Ätroit avec les populations laurentiennes indigÅnes. L'Ätude des restes de squelettes de ces deux populations indique que celles-ci Ätaient robustes et en santÄ, mais qu'elles souffraient d'arthrite et avaient quelques fractures. Parmi les outils courants chez les Maritimiens, on trouve des tÉtes de dard et des lances en ardoise polie, des couteaux en forme de demi-lune, des plombs ê pÉche, des herminettes et des gouges ainsi que des pointes de dard et des couteaux en pierre taillÄe. ╦ partir d'il y a 3 500 ans, il devient difficile de retracer ces populations. Leur disparition apparente coòncide avec la dÄtÄrioration du climat dans le nord et l'expansion de la culture palÄo-esquimaude ancienne et de la culture bouclÄrienne dans d'anciens territoires maritimiens. La technologie maritimienne ne fut pas annihilÄe, mais subit vraisemblablement une mutation rapide, ce qui rend difficile de reconnaötre la transition vers une nouvelle culture.
  54.  
  55. L'ARCHA∞QUE BOUCLâRIEN: 
  56.  
  57.      La population rÄgionale d'autres cultures augmenta ê cette Äpoque, mais cela ne semble pas avoir ÄtÄ le cas chez les bandes bouclÄriennes des forÉts de conifÅres du nord. Cela est probablement d₧ au fait que ces petites bandes de chasseurs continuaient de se rÄpandre dans l'intÄrieur du QuÄbec. De mÉme, Ätant donnÄ que les ressources de cette Änorme rÄgion Ätaient limitÄes et fluctuantes, les possibilitÄs d'exploitation de ce territoire par l'homme Ätaient plus rÄduites que dans d'autres rÄgions, et la population se stabilisa donc vraisemblablement assez tÖt. Parmi les outils, on retrouvait encore surtout des grattoirs, des couteaux et des pointes de dard en pierre taillÄe, mais l'arc et la flÅche apparurent vers la fin de cette pÄriode, empruntÄs, semble-t-il, ê la culture palÄo-esquimaude ancienne.
  58.  
  59. LE PALâO-ESQUIMAU ANCIEN: 
  60.  
  61.      Il ne fait aucun doute que l'occupation de l'Arctique, y compris du Groenland, par des populations palÄo-esquimaudes anciennes il y a environ 4 000 ans est un des faits les plus spectaculaires de cette pÄriode. Les descendants de ces premiers habitants de la derniÅre grande rÄgion habitable du monde allaient se rÄpandre vers le sud jusqu'au nord de la Saskatchewan, du Manitoba et du QuÄbec, sur toute la cÖte du Labrador, sur une partie de celle du golfe du Saint-Laurent et, enfin, dans l'öle de Terre-Neuve. Le lieu d'origine de ces gens est encore obscur, mais leur technologie laisse clairement supposer qu'ils sont originaires d'Alaska, et, antÄrieurement, de SibÄrie. Capables d'exploiter les riches ressources marines et terrestres de l'Arctique, les PalÄo-Esquimaux anciens se rÄpandirent rapidement dans les confins septentrionaux du continent. Une caractÄristique Ätonnante de leur technologie est la trÅs petite dimension et la qualitÄ remarquable d'articles tels que les microlames, les accessoires de harpons ê tÉte basculante, les extrÄmitÄs d'armes, les couteaux et les grattoirs. Ces populations sont Ägalement sans doute responsables de l'introduction de l'arc et de la flÅche dans le Nouveau Monde. Chaque famille habitait une tente comportant un foyer central bordÄ de pierres. Le phoque et le caribou devaient constituer le gros gibier le plus important dans le nord du QuÄbec. Enfin, il faut observer que rien ne permet d'identifier ê coup sur ces gens comme Ätant des ╟Esquimaux╚.
  62.  
  63. PâRIODE IV (1 000 av. J.-C. ê 500 apr. J.-C.) 
  64.  
  65.      Il y a 3 000 ans, le milieu naturel de la province Ätait semblable ê celui que connurent les premiers explorateurs europÄens. C'est Ägalement ê cette Äpoque que se dessinent gÄnÄralement les caractÅres culturels fondamentaux qui survÄcurent jusqu'ê la pÄriode historique.
  66.  
  67. LE POINTE-PâNINSULIEN / LE MEADOWOODIEN: 
  68.  
  69.      Les connaissances nÄcessaires pour fabriquer des rÄcipients en terre arrivÅrent dans l'est du Canada il y a 3 000 ans, venues du sud, et furent adoptÄes par une grande partie des peuples indigÅnes de l'Archaòque. Comme les poteries traversent les siÅcles et sont relativement abondantes, elles constituent, grëce ê l'Ävolution des formes, un excellent repÅre temporel pour les archÄologues et contribuent donc ê diffÄrencier et ê nommer diverses cultures. Cela tend ê donner l'impression qu'il existait d'importantes diffÄrences entre le mode de vie des peuples de l'Archaòque et celui de leurs descendants qui faisaient usage de cÄramique, mais cela n'est pas le cas. Les termes ╟pointe-pÄninsulien╚ et ╟meadowoodien╚ dÄsignent simplement des emplacements gÄographiques, dans ces deux cas dans l'âtat de New York, o¥ les cultures furent d'abord reconnues.
  70.  
  71.      Comme l'indiquent les diapositives, la culture pointe-pÄninsulienne se distingue de la culture meadowoodienne sur la base de la cÄramique et de certains autres traits, mais comme ces deux cultures sont issues de la culture laurentienne, elles sont traitÄes comme des variantes d'une seule culture plutÖt que comme des cultures distinctes. Notre connaissance de la culture meadowoodienne provient surtout de sÄpultures mises au jour accidentellement, bien qu'il existe Ägalement des sites d'habitation. Les coutumes funÄraires, qui dÄrivent directement de celles de l'Archaòque rÄcent, comportent l'incinÄration du corps des dÄcÄdÄs ainsi que l'utilisation abondante d'ocre rouge et de nombreuses offrandes. En plus de la cÄramique et d'une technologie de la pierre et de l'os ayant des antÄcÄdents dans la culture laurentienne antÄrieure, l'arc et la flÅche furent gÄnÄralement adoptÄs au dÄbut de cette pÄriode et en vinrent ê remplacer le propulseur. Occupant les forÉts mixtes, ces bandes de chasseurs et de pÉcheurs transformÅrent leur culture sous des influences venues principalement du sud, dont les plus importantes Ätaient les suivantes: une culture funÄraire de l'Ohio, qui pÄnÄtra dans la rÄgion du Saint-Laurent il y a environ 2 600 ans et comportait des sÄpultures tumulaires de terre; l'apparition, ê la mÉme Äpoque, de pipes en pierre; et d'autres traits qui indiquaient clairement que la rÄgion faisait partie d'un actif rÄseau d'Ächanges avec d'autres cultures.
  72.  
  73. LE PROTO-MICMAC: 
  74.  
  75.      Notre connaissance de ce qui s'est produit dans le golfe du Saint-Laurent au cours de cette pÄriode de 1 500 ans est trÅs incomplÅte. En GaspÄsie, on croit que la culture proto-micmaque est issue de la culture maritimienne. Des liens Ätroits entre le Nouveau-Brunswick et cette rÄgion du QuÄbec auraient ÄtÄ favorisÄs par des dÄplacements le long de la cÖte et le long des cours d'eau du bassin de la riviÅre Saint-Jean.
  76.  
  77. L'ARCHA∞QUE BOUCLâRIEN: 
  78.  
  79.      Dans la plus grande partie du QuÄbec au nord du Saint-Laurent, la technologie antÄrieure de cette culture fut conservÄe, mais transformÄe dans une certaine mesure par l'adoption de l'arc et la flÅche. On retrouve Ägalement des poteries pointe-pÄninsuliennes trÅs Äparses le long de la cÖte nord jusqu'au Labrador, sur une partie de la cÖte de GaspÄsie ainsi que dans l'intÄrieur, jusqu'au lac Saint-Jean, mais cet ÄlÄment de technologie ne fut jamais adoptÄ dans ces rÄgions autant qu'il le fut plus au sud.
  80.  
  81. LE LAURELLIEN: 
  82.  
  83.      Le Laurellien est l'hÄritier direct du BouclÄrien, qui l'avait prÄcÄdÄ dans l'extrÉme ouest du QuÄbec, mais la cÄramique y est prÄsente, alors qu'elle Ätait absente du BouclÄrien. Le fait que des os aient ÄtÄ conservÄs dans des sites apparentÄs de l'Ontario suggÅre l'existence de couteaux en incisive de castor, d'aiguilles ê raquette, d'alÉnes, de harpons dÄtachables et de dÄcorateurs de cÄramique. Les sites laurelliens de l'ouest du QuÄbec tÄmoignent que dans cette rÄgion, tout comme dans les rÄgions adjacentes de l'Ontario, on utilisait des petits rognons de silex de haute qualitÄ pour fabriquer les outils au lieu des massifs dÄpÖts de quartzite. Les outils tendent donc ê Étre plus petits que ceux que l'on trouve plus ê l'est.
  84.  
  85. LE PALâO-ESQUIMAU RâCENT: 
  86.  
  87.      Il semble y avoir eu une transition de cinq siÅcles ê partir d'il y a 3 000 ans, pÄriode au cours de laquelle le PalÄo-esquimau ancien Ävolua pour devenir le PalÄo-esquimau rÄcent. La fusion de diffÄrents caractÅres, qui produisit la culture palÄo-esquimaude rÄcente, se produisit surtout dans la rÄgion de l'öle de Baffin, dans les Territoires du Nord-Ouest. Apparurent des habitations hivernales semi-souterraines, des lampes ê huile en pierre, des outils en ardoise polie et des burins polis. La culture palÄo-esquimaude rÄcente prÄsente toutefois une parentÄ Ävidente avec celle du PalÄo-esquimau ancien, qui l'avait prÄcÄdÄe, comme en tÄmoignent les microlames, le style gÄnÄral des harpons et d'autres traits. Certains indices donnent ê croire que ces populations abandonnÅrent l'arc et la flÅche. On ne sait pas grand-chose de leurs coutumes religieuses, mais il est possible de s'en faire une certaine idÄe grëce ê leurs sculptures et ê leurs gravures tout ê fait exceptionnelles en os, en ivoire et en bois, dont un grand nombre sont vraisemblablement reliÄes au chamanisme. DÄjê, il y a 3 000 ans, les ancÉtres des populations du PalÄo-esquimau rÄcent avaient atteint l'extrÉme nord-est du golfe du Saint-Laurent.
  88.  
  89. PâRIODE V (500 APR. J.-C. - CONTACTS AVEC LES EUROPâENS) 
  90.  
  91.      Il est trÅs probable, bien que cela ne soit pas attestÄ, que des contacts eurent lieu dans le golfe du Saint-Laurent, ê la fin du XVe siÅcle, entre pÉcheurs et baleiniers autochtones et europÄens; les premiers Ächanges connus eurent cependant lieu au dÄbut du XVIe siÅcle ê l'occasion des voyages de Jacques Cartier. DÅs le dÄbut du XVIIe siÅcle, les contacts entre Autochtones et EuropÄens devinrent de plus en plus importants pour les deux groupes. Toutefois, les marchandises europÄennes atteignirent les localitÄs autochtones de l'intÄrieur bien avant les EuropÄens eux-mÉmes en raison de l'excellent rÄseau d'Ächanges autochtone. ╦ cette Äpoque, les cultures archÄologiques du QuÄbec peuvent Étre identifiÄes avec les cultures autochtones de la pÄriode historique que connurent les premiers EuropÄens. C'est une pÄriode o¥ les documents historiques peuvent jouer un rÖle fondamental dans l'interprÄtation archÄologique. Pour cette pÄriode d'ê peine plus de 1 000 ans, les peuples suivants feront l'objet de notre Ätude: les Iroquoiens du Saint-Laurent, de la haute vallÄe du Saint-Laurent, les Algonquiens des Maritimes, en GaspÄsie; les Algonquiens du nord, dans le Bouclier, et les Esquimaux thulÄens, sur les cÖtes septentrionales du QuÄbec.
  92.  
  93. LES IROQUOIENS DU SAlNT-LAURENT: 
  94.  
  95.      Lorsque Jacques Cartier explora les rives du Saint-Laurent, il rencontra des agriculteurs iroquoiens qui habitaient des villages permanents entre QuÄbec (les Stadaconiens) et MontrÄal (les Hochelagois). Ceux-lê Ätaient en guerre avec les Toudamans (les Micmacs ou les MalÄcites ou les deux), et les Hochelagois parlaient d'╟hommes mÄchants╚ vivant ê l'ouest, qui portaient des armures de plaquettes de bois, et qui ne peuvent Étre que les Hurons de l'Ontario. Nous n'en sommes pas certains, mais ces populations paraissent originaires du haut Saint-Laurent entre MontrÄal et Cornwall, rÄgion occupÄe dans la pÄriode prÄcÄdente par les Pointe-PÄninsuliens. DÅs le XIIe siÅcle, se frayant un passage par les vallÄes du Saint-Laurent et du Richelieu, des influences, venant de populations qui allaient devenir les peuples iroquois de l'Ontario et de l'âtat de New York de la pÄriode historique, se firent sentir. Probablement au XIIIe siÅcle, sinon plus tÖt, le maòs, la courge, le tournesol et, trÅs probablement, des variÄtÄs de tabac furent introduits, ainsi que, un peu plus tard, le haricot. Ces cultures, outre les riches ressources animales du Saint-Laurent, particuliÅrement l'anguille de l'Atlantique, qui venait frayer, entraöna une apparente explosion de population et, enfin, la crÄation de grands villages permanents munis de palissades. L'expansion tardive des Iroquoiens du Saint-Laurent vers l'aval du fleuve, jusque dans la rÄgion de QuÄbec, peut avoir entraönÄ des conflits avec les Algonquiens des Maritimes, car des tÄmoignages indiquent que ces derniers exploitaient les ressources des cÖtes de GaspÄsie. Ils nous ont laissÄ certaines des plus belles poteries et pipes qu'on puisse trouver, et ils utilisaient abondamment l'os pour produire des pointes de flÅche, des alÉnes, des crënes-trophÄes, des pipes en omoplates de cerf, des perles et des instruments du genre houe. Les outils en pierre se limitaient essentiellement ê des mortiers et des pilons pour moudre le maòs, ê quelques herminettes polies et ê des perles de stÄatite. Peu aprÅs 1580, les Iroquoiens du Saint-Laurent disparurent et, en 1603, lorsque Samuel de Champlain arriva sur le Saint-Laurent, leur ancienne patrie faisait l'objet de luttes entre, d'une part, la Ligue des Cinq-Nations iroquoises, et d'autre part, les Hurons et les Algonquiens du nord, qui avaient conclu une alliance. Des vestiges archÄologiques attestent que les Hurons absorbÅrent ce qui restait des Iroquoiens du Saint-Laurent dÄfaits.
  96.  
  97. LES ALGONQUIENS DES MARITIMES: 
  98.  
  99.      Les populations des provinces de l'Atlantique (les Micmacs, les MalÄcites et les Passamaquoddys) avaient toutes facilement accÅs au Saint-Laurent, soit en suivant la cÖte en partant de la baie des Chaleurs, soit en remontant d'importants cours d'eau tels que la riviÅre Saint-Jean. Des vestiges archÄologiques indiquent que la GaspÄsie faisait  Ägalement partie de leur territoire de chasse et de pÉche. En fait, les Algonquiens des Maritimes peuvent fort bien avoir exploitÄ cette rÄgion dÅs l'Äpoque maritimienne de l'Archaòque, mais les preuves d'une telle occupation ne sont que trÅs fragmentaires. Des formes distinctives de cÄramique ainsi que des pointes de flÅche et des couteaux en pierre taillÄe leur Ätaient caractÄristiques. Il est possible qu'on dÄcouvre des vestiges archÄologiques dans la rÄgion sud-est de la province, qui nous est pratiquement inconnue, et que ces vestiges suggÅrent une exploitation de cette rÄgion par d'autres Algonquiens des Maritimes, comme ce fut le cas dans les âtats adjacents de Nouvelle-Angleterre.
  100.  
  101. LES ALGONQUIENS DU NORD: 
  102.  
  103.      Au QuÄbec, les populations algonquiennes du nord comprennent les Cris, les Montagnais et les Algonquins. Les Naskapis du nord du QuÄbec font partie de l'ensemble montagnais. Pendant cette pÄriode, la technologie Ätait presque identique partout, avec cependant des variantes occidentale et orientale. La variante occidentale Ätait trÅs semblable ê ce qu'on trouvait dans des rÄgions adjacentes de l'Ontario, y compris par l'utilisation courante de la cÄramique et par la peinture d'art chamaniste sur des falaises. ╦ l'est, dans le territoire occupÄ ê l'Äpoque historique par les Montagnais, une technologie un peu diffÄrente avait cours, et dans cette rÄgion l'art rupestre Ätait absent et le style des pointes de flÅche Ätait diffÄrent. C'est Ägalement cette variante orientale de la culture algonquienne du nord qui occupa la cÖte du Labrador jusqu'ê l'arrivÄe tardive des Esquimaux du Labrador (culture thulÄenne). On retrouve un peu de cÄramique le long de la cÖte nord du golfe du Saint-Laurent, ce qui, paradoxalement, atteste un lien trÅs Ätroit avec le nord de l'âtat de New York; le Richelieu aurait alors ÄtÄ une voie d'arrivÄe importante des influences culturelles mÄridionales. La culture des Montagnais, des Cris de l'est et des Algonquins semble issue soit de la culture bouclÄrienne de l'Archaòque, soit de la culture laurellienne, qui lui est trÅs Ätroitement apparentÄe. Toutefois, tout au long de cette pÄriode, les Algonquins de la vallÄe de l'Outaouais furent trÅs influencÄs par l'Ävolution culturelle qui toucha surtout les Iroquois de l'Ontario (les Hurons, les Tionontatis, les Neutres et les âriÄs).
  104.  
  105. LE THULâEN: 
  106.  
  107.      Les ThulÄens sont les ancÉtres des actuelles populations inuit du Canada et du Groenland. Il y a environ 1 000 ans, ils se rÄpandirent vers l'est depuis leur patrie situÄe dans le nord de l'Alaska. Ils pouvaient, grëce ê une technologie de chasse aux mammifÅres marins, exploiter les grosses baleines qui peuplaient en abondance les eaux arctiques. En moins de 400 ans, ils avaient occupÄ la plus grande partie de l'Arctique canadien et du Groenland, remplaìant les populations du PalÄo-esquimau rÄcent, dont les ancÉtres avaient habitÄ la rÄgion pendant prÅs de 3 500 ans. Il n'y a guÅre de preuves d'une possible absorption par les populations thulÄennes de ces populations antÄrieures; il se peut qu'elles les aient repoussÄes dans des rÄgions marginales o¥ leur race en vint ê disparaötre. NÄanmoins, certaines communautÄs palÄo-esquimaudes et thulÄennes furent contemporaines dans le nord du QuÄbec et le long de la cÖte est de la baie d'Hudson entre le XIIIe et le XVe siÅcle. Peu avant les contacts avec les EuropÄens, la culture thulÄenne avait occupÄ la cÖte est de la baie d'Hudson jusqu'au point o¥ celle-ci atteint la baie James, toute la cÖte septentrionale du QuÄbec et la plus grande partie de la cÖte du Labrador. ╦ l'Äpoque historique, les ThulÄens se rÄpandirent plus au sud le long de la cÖte du Labrador et atteignirent la cÖte nord du golfe du Saint-Laurent. Les attaques rÄunies des Montagnais et des Micmacs forcÅrent peut-Étre leur retrait de la rÄgion du dÄtroit de Belle δsle. La culture thulÄenne put maintenir l'importante tradition de chasse ê la baleine sur la cÖte du Labrador longtemps aprÅs son abandon dans d'autres parties de l'Arctique. ╟ThulÄ╚ est le nom d'une localitÄ du nord-ouest du Groenland, o¥ cette culture fut attestÄe pour la premiÅre fois.
  108.  
  109.      Avec l'arrivÄe des EuropÄens et des documents Äcrits, la prÄhistoire des peuples autochtones du QuÄbec cÅde la place ê l'histoire. Il faut cependant observer que plus de 95 pour 100 du temps pendant lequel l'homme occupa la province appartient ê cette lointaine et brumeuse prÄhistoire que nous connaissons encore bien peu.  
  110.  
  111.