La femme et le mariage dans la sociΘtΘ d'aprΦs-guerre.
Les Canadiennes qui avaient servi dans l'industrie de guerre ou dans les forces armΘes rΘpugnaient sans doute α s'engager comme domestiques aprΦs les hostilitΘs, mais elles ne repoussaient pas l'idΘe du mariage. Selon le Vancouver Sun, 18 000 mariages avaient ΘtΘ cΘlΘbrΘs au Canada, jusqu'au mois de fΘvrier 1945, entre membres des forces armΘes. Avant mΩme la fin des hostilitΘs en Europe, le 7 mai 1945, les forces armΘes canadiennes avaient adoptΘ une politique de dΘmobilisation donnant prioritΘ aux femmes mariΘes, y compris celles qui l'Θtaient depuis peu.
Les annonces et les articles des revues fΘminines reflΘtaient et renforτaient ce mouvement. Alors que, de 1940 α 1944, les dΘbutantes des annonces de savonnettes Woodbury Θtaient reprΘsentΘes en plein travail de guerre, celles de 1945-1946, en robe de mariΘe et bouquet α la main, Θpousaient un officier ou un ancien officier. DΦs 1943, la Community Silverplate fit paraεtre des annonces sur le thΦme ½Un jour viendra╗, dont nous reproduisons ici un exemple, qui invitaient toute jeune femme α rΩver de l'instant merveilleux o∙ l'amour de sa vie reviendrait ½pour de bon╗ et o∙ les baisers seraient ½autre chose que du papier parfumΘ╗. Des phrases du genre ½Revoyez cette lumiΦre dans ses yeux lorsqu'il vous regarde╗ ½Entendez α nouveau sa voix profonde et vibrante que pour vous╗, ou ½Sentez α nouveau ses bras puissants vous entourant avec amour╗ ne pouvaient qu'exciter l'imagination des jeunes femmes aspirant au mariage.
La revue ChΓtelaine, dans sa chronique consacrΘe aux soins de beautΘ, adoptait en fΘvrier 1945 un ton plus sobre, α l'intention des femmes qui avaient ΘtΘ sΘparΘes de leur mari pendant la guerre. L'article se terminait par cet ultimatum: ½C'est α vous de faire le choix: ou bien vous continuez d'Ωtre votre propre patron et poursuivez seule la route, ou bien vous faites des concessions pour accueillir un homme dans votre vie.╗ Qu'il soit vu comme une longue lune de miel ou, de faτon plus prosa∩que, comme un contrat exigeant la subordination de l'Θpouse, le mariage Θtait α la hausse. Le taux des mariages chez les femmes augmenta d'ailleurs α mesure qu'elles se mariaient plus jeunes. Chez celles de vingt α vingt-quatre ans, il passa de soixante-quinze pour mille en 1937 α cent pour mille en 1954, et chez celles de quinze α dix-neuf ans, de trente pour mille en 1937 α soixante-deux pour mille en 1954.
Source: BibliothΦque de la revue Maclean's, Toronto