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Text File  |  1996-06-20  |  14KB  |  45 lines

  1. LA PRâHISTOIRE DES MARITIMES 
  2.  
  3. David Keenlyside 
  4.  
  5. Les premiers Nord-AmÄricains 
  6.  
  7.      La plupart des archÄologues sont maintenant d'accord pour dire que les premiers habitants du Nouveau Monde arrivÅrent il y a plus de 25 000 ans par le pont terrestre de l'Isthme de BÄring, ╟Beringia╚. Au cours du PleistocÅne supÄrieur, ces premiers arrivants s'adaptÅrent rapidement aux conditions pÄriglaciaires qu'ils rencontrÅrent au Nouveau Monde. La recherche de nourriture et de matiÅres premiÅres provoqua un mouvement de population vers le sud, le long d'un couloir libre de glaces, entre la nappe glaciÅre de la CordillÅre et celle des Laurentides, jusqu'au coeur du continent. Des vestiges datÄs par le radiocarbone attestent que la plupart des rÄgions des deux AmÄriques Ätaient habitÄes il y a 10 000 ê 12 000 ans. L'est du Canada ne faisait pas exception.
  8.  
  9.      De 10 000 ê 11 000 annÄes avant nos jours, la plus grande partie des (provinces) Maritimes Ätait libre de glace. ╦ cette Äpoque, en particulier le long de la rive sud du golfe Saint-Laurent, les terres Ätaient plus Ätendues que maintenant, du fait que le niveau de l'ocÄan Ätait moins ÄlevÄ. Les vastes zones cÖtiÅres qui Ämergeaient jadis sont maintenant recouvertes de vingt ou quarante mÅtres d'eau. La manifestation la plus spectaculaire de cette diffÄrence de physiographie Ätait le pont terrestre qui rÄunissait l'δle-du-Prince-âdouard au continent, et que nous dÄsignerons par le nom de ╟Northumbria╚. Les vestiges de palÄontologie vÄgÄtale de cette pÄriode de l'HolocÅne infÄrieur rÄvÅlent que le paysage d'alors ressemblait ê la toundra ou ê la forÉt borÄale et que l'Äpinette en Ätait l'essence dominante.
  10.  
  11. Les premiers habitants des Maritimes 
  12.  
  13.      La prÄsence de l'homme dans les Maritimes est un fait bien Ätabli grëce aux dÄcouvertes archÄologiques. Un des sites prÄhistoriques ou palÄo-indiens les mieux documentÄs de l'est de l'AmÄrique du Nord se trouve prÅs de Debert (Nouvelle-âcosse). Des fouilles pratiquÄes ê cet endroit au dÄbut des annÄes 1960 ont rÄvÄlÄ l'existence d'un ancien campement de chasse au caribou. Une sÄrie de treize dates Ätablies par le radiocarbone font remonter l'occupation de ce site ê quelque 10 600 ans avant nos jours. Durant cette pÄriode de fouilles, on a exhumÄ une grande variÄtÄ d'instruments de pierre ayant servi ê la chasse et ê la prÄparation des aliments, dont les plus remarquables sont les nombreux projectiles et couteaux cannelÄs qui sont considÄrÄs comme caractÄristiques de ces PalÄo-Indiens primitifs en AmÄrique du Nord. Des projectiles du mÉme type, que l'on appelle Clovis, ont ÄtÄ dÄcouverts dans le sud-ouest des âtats-Unis, associÄs ê des ossements d'animaux disparus, en particulier de mastodontes. Si l'on n'a pu dÄcouvrir aucun autre site aussi bien documentÄ que Debert dans les Maritimes, on a mis au jour dans le Maine et dans les âtats de la Nouvelle-Angleterre des sites semblables en ce qui a trait ê l'ëge et ê la culture. Par ailleurs, d'autres dÄcouvertes isolÄes dans chacune des trois provinces Maritimes attestent la prÄsence, ê cette Äpoque reculÄe, de populations anciennes dans l'ensemble de la rÄgion.
  14.  
  15.      On sait peu de chose au sujet des trois ê cinq millÄnaires qui suivirent la premiÅre pÄriode d'occupation des Maritimes. Cependant, la dÄcouverte rÄcente sur la cÖte septentrionale du dÄtroit de Belle-Isle d'une ancienne culture datant d'il y a 6 000 ê 8 000 ans confirme une fois pour toutes la prÄsence d'Étres humains ê cette Äpoque. Des dÄcouvertes identiques ont ÄtÄ faites dans l'δle-du-Prince-âdouard et dans le centre de la Nouvelle-âcosse, elles sont Ätroitement apparentÄes ê des vestiges exhumÄs dans le sud, jusqu'au Piedmont dans les Carolines. Ces dÄcouvertes indiquent que la plaine littorale de l'Atlantique Ätait occupÄe par une population adaptÄe au milieu maritime et fluvial, dont les membres furent peut-Étre les ancÉtres directs des premiers chasseurs palÄo-indiens. Probablement peu nombreuses, ces populations Ätaient peut-Étre composÄes de petits groupes qui effectuaient des migrations saisonniÅres vers le nord, ê la recherche de ressources particuliÅres, et qui retournaient passer l'hiver dans le sud.
  16.  
  17.      Des dÄcouvertes isolÄes faites le long de la cÖte septentrionale de la GaspÄsie, au coeur du Nouveau-Brunswick et au coeur de la Nouvelle-âcosse attestent des Ächanges culturels ininterrompus entre l'intÄrieur du continent et les Maritimes. Appartenant ê une culture distincte connue sous le nom de Plano et datant d'il y a 7 000 ê 9 000 ans, ces vestiges sont Ätroitement apparentÄs aux tÄmoins de la culture Plano dÄcouverts dans les Grandes Plaines. Les sites de culture Plano dÄcouverts dans les Maritimes sont peu nombreux, ce qui donne ê penser que l'influence de cette culture ne fut pas considÄrable.
  18.  
  19.      Depuis 10 000 ans, le climat s'est nettement modifiÄ, devenant plus chaud et plus sec. La forÉt composÄe en majeure partie d'Äpinettes a peu ê peu fait place aux pins, puis ê un peuplement mixte, principalement de sapins du Canada, de hÉtres et de bouleaux durant l'Äpoque de l'optimum climatique post-glaciaire de l'HolocÅne moyen, de 1 500 ê 8 000 ans avant nos jours.
  20.  
  21.      De 5 000 ê 6 000 ans avant aujourd'hui, une importante tradition culturelle concentrÄe ê l'intÄrieur des terres et connue sous le nom de Laurentienne archaòque prit racine dans le Nord-Est. Plus marquÄe dans les âtats de New York et du Vermont, dans le sud de l'Ontario et au QuÄbec, cette influence Laurentienne ne joua qu'un rÖle mineur dans les Maritimes. En revanche, cette rÄgion vit se dÄvelopper une tradition apparentÄe, connue sous le nom de Maritime archaòque, dont l'origine n'est pas tout ê fait claire, bien que les gens de cette tradition fussent probablement les descendants des populations qui habitaient la plaine cÖtiÅre de l'Atlantique et dont il est fait mention plus haut. Les premiers tÄmoins de la culture Maritime archaòque furent dÄcouverts en Nouvelle-Angleterre, au XIXe siÅcle. Les lieux de sÄpultures complexes qu'on y mit au jour furent par la suite dÄsignÄs par le nom de Tradition Moorehead des Indiens aux sÄpultures d'ocre rouge, en raison des ossements et des objets faìonnÄs que l'on y trouva enduits d'ocre rouge.
  22.  
  23.      L'un des sites les plus importants du Maritime archaòque a ÄtÄ dÄcouvert ê Cow Point (Nouveau-Brunswick). La datation par le radiocarbone a permis d'Ätablir l'ëge du site ê 3 800 ans. Des sites identiques du nord-est des Maritimes datent d'il y a 3 400 ê 5 000 ans. ╦ Cow Point, les archÄologues ont mis au jour de nombreuses sÄpultures associÄes ê un grand nombre d'objets fonctionnels et ornementaux. La culture Maritime archaòque et la culture Laurentienne archaòque se caractÄrisaient toutes deux par une technologie avancÄe de la pierre polie, comme l'attestent les divers objets remarquablement faìonnÄs en ardoise polie. Ces populations ont Ägalement laissÄ des herminettes, des gouges et des pendentifs en pierre. Leur culture se caractÄrisait par des technologies maritimes et fluviales, dont on sait que les traditions se sont propagÄes du Labrador jusqu'au sud de la Nouvelle-Angleterre. Elles reflÅtent par consÄquent la mobilitÄ croissante d'une population capable de naviguer.
  24.  
  25.      D'aprÅs ce que nous savons actuellement de l'archÄologie des Maritimes, la culture Maritime archaòque fut suivie d'un hiatus d'environ 1 000 ans. On retrouve ensuite des sites vieux de 2 300 ans. ╦ cette Äpoque, une industrie de la cÄramique bien dÄveloppÄe fait son apparition dans les Maritimes. La technologie de la cÄramique avait pris naissance en AmÄrique du Sud ou en AmÄrique centrale, o¥ l'on fait remonter ê 5 500 ans avant nos jours les premiers vestiges de cette tradition. On ignore toujours si les populations des Maritimes apprirent cette nouvelle technologie ê la suite de mouvements migratoires ou par simple transmission des connaissances. Dans le cas de la cÄramique, la derniÅre hypothÅse semble la plus plausible.
  26.  
  27.      Si l'on fait abstraction de la cÄramique, l'outillage de l'Äpoque prÄhistorique rÄcente ne diffÅre pas considÄrablement de celui de la pÄriode archaòque. Cependant, l'industrie de la pierre polie est en nette rÄgression. Ce fait peut s'expliquer par un usage accru de l'Äcorce de bouleau comme matÄriau de construction, qui aurait rÄduit le besoin d'outillage lourd pour le travail du bois.
  28.  
  29. Le mystÅre de la culture Adena 
  30.  
  31.      Les tÄmoignages de l'Ävolution des populations indigÅnes dans les Maritimes prÄsentent une dÄviation fort intÄressante. Il s'agit des vestiges du site d'Augustine, un vaste tertre funÄraire situÄ sur un bras de la riviÅre Miramichi, dans le nord-est du Nouveau-Brunswick, et datant des IIIe et IVe siÅcles av. J.-C. Ce site a livrÄ des preuves de l'existence d'un culte funÄraire complexe relevant d'une culture qui n'avait pas pris naissance dans les Maritimes, mais dans la rÄgion de la riviÅre Ohio, dans le Midwest amÄricain. Connue sous le nom d'Adena, cette culture exerìa une influence dans toute la partie orientale du continent. Les objets exhumÄs au site d'Augustine diffÅrent des objets associÄs ê la culture matÄrielle locale. Des matiÅres premiÅres provenant de carriÅres connues situÄes ê l'ouest jusque dans l'Illinois, le Michigan et l'Ohio avaient servi ê fabriquer des objets et elles se distinguaient souvent par leur qualitÄ exceptionnelle. Les vestiges les plus remarquables du tertre funÄraire Ätaient peut-Étre les 1 500 perles roulÄes et plus, fabriquÄes avec du cuivre extrait du sous-sol de la rÄgion du nord du lac Michigan ou du lac SupÄrieur. La formation de sels de cuivre dans le tertre funÄraire d'Augustine avait permis la prÄservation de nombreux objets pÄrissables tels que des piÅces de vannerie, des tissus, de la corde et des cheveux. De leur cotÄ, les Adenas disparurent aussi rapidement qu'ils Ätaient apparus. Il est fort probable que les derniers survivants de cette culture finirent par Étre assimilÄs par les populations locales.
  32.  
  33. La vie prÅs de l'eau 
  34.  
  35.      Les 2 000 derniÅres annÄes de la prÄhistoire des Maritimes constituent la pÄriode la mieux connue des archÄologues. Ce fait est attribuable non seulement ê un accroissement de la population, mais ê un plus grand nombre de sites prÄservÄs. Les rÄgions des Maritimes qui furent les plus exploitÄes par les populations prÄhistoriques sont les estuaires de marÄe abritÄs et les lagunes d'eau salÄe, qui se caractÄrisent par l'abondance de la faune marine, en particulier des oiseaux aquatiques, des coquillages et des crustacÄs. Les espÅces migratrices telles que le saumon et l'anguille Ätaient particuliÅrement recherchÄes dans ces zones. Le site archÄologique d'Oxbow sur le rÄseau du Miramichi recÅle les vestiges documentÄs d'une sÄrie d'occupations s'Ächelonnant sur des milliers d'annÄes et coòncidant avec les remontes saisonniÅres du saumon.
  36.  
  37.      C'est au cours de ces 2 000 derniÅres annÄes que se sont dÄposÄs la plupart des amas de coquillages ou dÄchets de cuisine bien connus au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-âcosse. Une centaine de ces amas ont ÄtÄ signalÄs autour de la baie Passamaquoddy seulement, dans le sud du Nouveau-Brunswick. La plupart de ces accumulations de coquillages datent d'il y a 500 ê 1 300 ans. Des sites remontant ê peu prÅs de la mÉme Äpoque ont ÄtÄ dÄcouverts en Nouvelle-âcosse, prÅs du port de Merigomish, de la baie Mahone et de la riviÅre Bear, ainsi que le long de la cÖte septentrionale de l'δle-du-Prince-âdouard. ╦ certaines Äpoques de l'annÄe, les coquillages constituaient un ÄlÄment trÅs important du rÄgime des populations prÄhistoriques. La pÉche et la chasse aux oiseaux et aux mammifÅres marins et terrestres se pratiquaient ê longueur d'annÄe, mais surtout en saison. Le mode de subsistance par migrations pÄriodiques qui consistait ê choisir d'une saison ê l'autre la rÄgion la plus productive fut probablement adoptÄ trÅs tÖt dans les Maritimes. Ce n'est toutefois que depuis environ deux mille ans que les dÄbris d'animaux se sont suffisamment bien prÄservÄs pour permettre aux archÄologues de dÄterminer l'utilisation saisonniÅre de ces sites. Les Äcarts d'ordre temporel et culturel que prÄsentent les collections de l'Äpoque prÄhistorique rÄcente se rapportent surtout ê la forme et ê la dÄcoration des cÄramiques. Les changements technologiques et de style qu'a subis l'industrie des outils de pierre fournissent Ägalement des indices permettant d'identifier les objets faìonnÄs de cette pÄriode.
  38.  
  39. DÄbut de la pÄriode historique 
  40.  
  41.      Les ÄvÄnements marquants qui se sont produits dans les Maritimes au dÄbut de la pÄriode historique soulignent l'importance de cette partie du Nouveau Monde, o¥ les explorateurs europÄens commencÅrent leur dÄcouverte du continent. Du XIe au XIVe siÅcle, des marins scandinaves naviguant vers l'ouest ê partir de l'Islande et du Groenland atteignirent l'est de l'Arctique canadien et le nord de Terre-Neuve et pÄnÄtrÅrent peut-Étre aussi dans le golfe Saint-Laurent, mais ces premiÅres incursions ne semblent pas avoir laissÄ de traces sur les populations indigÅnes. ╦ l'Äpoque des premiers contacts avec les EuropÄens, la population autochtone des Maritimes s'Älevait ê quelque 5 000 ê 6 000 habitants appartenant ê la famille linguistique algonquienne et divisÄs en deux groupes linguistiques distincts. Les Micmacs (Souriquois), au nombre d'environ 4 000, occupaient l'ensemble de la Nouvelle-âcosse, la pÄninsule de GaspÄ, l'öle du Cap-Breton, l'δle-du-Prince-âdouard et le nord-est du Nouveau-Brunswick. Les MalÄcites (Etchemins) de Passamaquoddy, qui comptaient environ un millier d'individus, occupaient l'ouest et le sud du Nouveau-Brunswick.
  42.  
  43.      L'histoire du passÄ lointain de l'homme dans la rÄgion des Maritimes est longue et complexe, et s'Ächelonne sur plus de 500 gÄnÄrations d'occupants autochtones. Bien que les archÄologues soient maintenant en mesure de brosser un tableau des particularitÄs des divers groupes culturels et de leurs traditions technologiques, de nombreuses questions demeurent sans rÄponse. âtant donnÄ la destruction accÄlÄrÄe des sites archÄologiques par l'action de l'homme et de la nature - en particulier par l'Ärosion cÖtiÅre - il est urgent d'accÄlÄrer les recherches si nous voulons prÄserver les tÄmoignages de la pÄriode la plus reculÄe et la plus longue de notre passÄ national.  
  44.  
  45.