Les soldats du rÄgiment de Karrer casernÄs ê Louisbourg se distinguaient aisÄment de leurs camarades des compagnies franches de la Marine: ils portaient une culotte et un gilet bleus, des bas blancs et un manteau rouge ê garnitures bleues.
Quoique beaucoup d'hommes du rÄgiment de Karrer fussent d'origine germanique, ils semblent s'Étre mÉlÄs aux soldats des compagnies franches, en particulier ê ceux qui Ätaient employÄs comme ouvriers. Sans doute existait-il des diffÄrences de langue et de religion, les soldats suisses Ätant en grande partie non francophones et protestants, mais le fait de travailler et de boire ensemble paraöt avoir crÄÄ des liens. Les hommes du rÄgiment de Karrer ne s'engageaient que pour six ans; ils pouvaient donc espÄrer retourner chez eux, et peu d'entre eux s'intÄgrÅrent ê la sociÄtÄ de Louisbourg. NÄanmoins, il y eut quelques sergents suisses qui prolongÅrent leur sÄjour et eurent des relations fort Ätroites avec la population civile. Par exemple, un officier du rÄgiment de Karrer Äpousa en 1725 la soeur d'un officier des compagnies franches. Leur fils, qui Ätait en 1745 officier subalterne au rÄgiment de Karrer, revint ê Louisbourg, aprÅs que la forteresse eut ÄtÄ rendue ê la France, en qualitÄ d'officier dans les compagnies franches.
Comme leurs conditions de service avaient fait l'objet d'un contrat entre leur colonel et le roi de France, les hommes du rÄgiment de Karrer jouissaient de certains privilÅges, dont la plupart avaient trait ê leurs droits en matiÅre de langue et de religion. Le plus important Ätait le droit de comparaötre en cour martiale devant leurs propres officiers, ce qui leur donnait l'assurance d'Étre jugÄs dans une langue qu'ils comprenaient. Il s'Älevait frÄquemment des disputes ê Louisbourg, entre les autoritÄs militaires supÄrieures et les officiers du rÄgiment de Karrer, sur l'Ätendue mÉme de ces privilÅges. Bien que leurs plaintes fussent parfois justifiÄes, les officiers du rÄgiment de Karrer semblent avoir cherchÄ surtout ê obtenir le plus d'autonomie possible.
Source: Volontaires de la forteresse de Louisbourg