En 1881, la Compagnie de colonisation et de crÄdit des Cantons de l'Est fut fondÄe par J.A. Chicoyne et financÄe principalement par un riche membre du clergÄ franìais et son cercle d'amis et de parents de Nantes. Ils se rÄservÅrent 3 780 hectares de terres de la Couronne (ê 60 cents pour 0,4 hectare) et achetÅrent 1 850 hectares d'un spÄculateur (ê trois dollars pour 0,4 hectare), le tout dans le canton de Woburn. Ils projetÅrent de dÄfricher un dixiÅme de chaque lot du gouvernement et de faire scier le bois dans le nouveau village de Channay. Les lots seraient alors vendus aux colons ê un prix qui couvrirait les dÄpenses de la Compagnie, mais tout le bois qu'on pourrait vendre, exceptÄ le bois de chauffage et de construction, reviendrait ê la Compagnie. Comme on peut s'en douter, peu de colons furent intÄressÄs, mais Chicoyne ne s'en inquiÄta pas outre mesure, car il s'Ätait dÄsintÄressÄ de Channay et avait reportÄ son attention sur la municipalitÄ de Lac MÄgantic, tÉte de ligne du chemin de fer, o¥ il avait construit un gros moulin ê scier au co₧t de 18 500 $. ╦ la mÉme Äpoque, il acheta 37 lots urbains (17 280 $) afin de spÄculer et 42,4 hectares ê l'autre extrÄmitÄ du lac MÄgantic pour y construire un embarcadÅre pour le bateau ê vapeur qui transporterait la cargaison de billes ê la nouvelle scierie. Malheureusement, le marchÄ international du bois de construction commenìa ê dÄcliner la mÉme annÄe, et s'effondra en 1884. Chicoyne tenta de sauver le projet en concentrant ses efforts sur la colonisation, comme cela avait d'abord ÄtÄ prÄvu, mais le rendement n'Ätait pas assez lucratif pour permettre ê la Compagnie de se redresser. Chicoyne fut sommÄ de donner sa dÄmission en 1885 et la Compagnie dÄposa son bilan en 1893, aprÅs avoir investi plus de 60 000$ dans ses opÄrations.
Cette image montre une Äquipe au travail sur un train de bois entre Woburn et le lac MÄgantic. Les eaux Ätaient peu profondes ê cet endroit, c'est pourquoi il fallait attendre les crues prin- taniÅres pour que le train de bois soit entraönÄ par le courant; c'est Ägalement pour cela qu'il fallait employer un grand nombre de fermiers en plus des b₧cherons qui avaient travaillÄ tout l'hiver. Remarquez bien les grappins qui servaient ê dÄgager les billots empilÄs les uns sur les autres et les longs crochets utilisÄs pour les diriger dans la descente de la riviÅre. Alors que les compagnies forestiÅres, dans les endroits les plus reculÄs du nord-est du QuÄbec employaient au dÄbut du siÅcle surtout des ouvriers ê temps plein, les petits exploitants forestiers de Compton continuaient ê employer des fermiers canadiens-franìais et leurs fils comme main-d'oeuvre saisonniÅre. En fait, c'est en se fondant sur cette symbiose de l'industrie forestiÅre et de l'agriculture que les compagnies de colonisation purent prendre leur essor.
Source: La SociÄtÄ d'histoire des Cantons de l'Est, Sherbrooke