home *** CD-ROM | disk | FTP | other *** search
/ Canadas Visual History / Canadas_Visual_History_CD-ROM_1996_WIN31-95.iso / pc / v55 / v55fpre.mac < prev    next >
Text File  |  1996-06-20  |  51KB  |  97 lines

  1. L'EXPLOITATION CHARBONNIΘRE EN NOUVELLE-âCOSSE JUSQU'EN 1925 
  2.  
  3. D.A. Muise 
  4.  
  5. Introduction 
  6.  
  7.      Les gisements de charbon se sont formÄs ê l'Äpoque lointaine o¥, disparaissant sous l'action des forces telluriques, les grands marais prÄhistoriques se dÄcomposaient pour donner une matiÅre combustible solide ê base de carbone. Dans la plupart des rÄgions, le charbon s'est dÄposÄ en une sÄrie de couches (ou veines) qui reprÄsentaient les vestiges de la croissance de la vÄgÄtation ê diffÄrentes pÄriodes. Le charbon se classe en fonction de l'ëge de la matiÅre organique des couches respectives et de la pression qu'elles ont subie au cours de leur formation. L'anthracite, que l'on ne trouve que dans quelques rÄgions, est le plus dur et le plus pur de ces charbons; c'est aussi le meilleur combustible. La houille bitumineuse, plus commune et de qualitÄ inÄgale, contient plus d'impuretÄs -- du soufre, le plus souvent. En outre, plus tendre que l'anthracite, elle br₧le rapidement en dÄgageant beaucoup de fumÄe et de vapeurs. Le lignite vient au dernier rang: trouvÄ en gÄnÄral ê peu de profondeur, c'est un piÅtre combustible et le plus tendre et le moins pur de tous les charbons. DÄpÖt de surface, la tourbe est un combustible mÄdiocre constituÄ de fragments vÄgÄtaux en dÄcomposition. ╦ l'autre extrÄmitÄ du spectre, on trouve le pÄtrole et le gaz naturel qui, ê l'instar du charbon, sont deux combustibles fossiles. Beaucoup plus rentables que le charbon dans la plupart des cas, ils en diffÅrent aussi par la provenance.
  8.  
  9.      Les EuropÄens et les Asiatiques se servent de charbon pour se chauffer depuis des temps reculÄs, de sorte que, ê l'arrivÄe des premiers EuropÄens en AmÄrique, le commerce du charbon Ätait dÄjê trÅs actif en Europe occidentale et l'on Ätait en voie de lui trouver de multiples usages. Au XVIIIe siÅcle, on connaissait plusieurs mÄthodes pour vÄrifier la combustibilitÄ du charbon et certains Ätats rÄglementaient l'exploitation du charbon dans leur propre intÄrÉt. Cette rÄglementation tendait en gÄnÄral ê ralentir le commerce du charbon entre les pays concurrents et incluait l'imposition de permis aux entrepreneurs miniers. Tout comme les forÉts royales, les mines de sel et les autres grandes richesses naturelles, le charbon allait tomber sous la coupe de l'âtat, dÄsireux tout d'abord d'en tirer des revenus, puis, en fin de compte, d'en tirer parti pour diriger l'avenir Äconomique des nations. La cession de rÄserves de charbon devint aussi un moyen comme un autre de rÄcompenser ses amis ou ses relations politiques.
  10.  
  11.      Le charbon Ätait une ressource importante dans les pays ê climat froid et humide o¥ le bois de chauffage Ätait de plus en plus rare. En Europe occidentale, on employait le charbon surtout pour chauffer et, comme ce combustible produit une fumÄe fuligineuse en se consumant, quelques villes en faisaient un usage restreint. MalgrÄ tout, l'usage du charbon se rÄpandit dans l'industrie, surtout chez les forgerons, les ferronniers et les autres utilisateurs qui apprÄciaient sa chaleur aussi Ägale que durable. Vers la fin du XVIIIe siÅcle, l'avÅnement des machines ê vapeur vint offrir de nouveaux dÄbouchÄs aux exploitants miniers. Non seulement la demande de charbon s'intensifiait pour faire fonctionner ces machines, mais l'introduction des pompes ê vapeur et du matÄriel de roulage allait aussi dÄclencher une rÄvolution technique au sein mÉme de l'industrie du charbon. Vers la fin du siÅcle, on considÄrait le charbon comme ÄlÄment essentiel de la rÄvolution industrielle alors en cours en Angleterre et en France, les deux principaux artisans de la colonisation de l'AmÄrique du Nord.
  12.  
  13.      Quelques-uns des premiers explorateurs venus d'Europe avaient bien constatÄ l'existence de gisements de charbon en AmÄrique du Nord, mais ils n'en faisaient mention qu'ê titre indicatif dans leurs relations de voyage. Il y avait peu de chance que le charbon devienne un article de premiÅre nÄcessitÄ au mÉme titre que le poisson ou les fourrures, car ce produit Ätait loin de faire dÄfaut en Europe occidentale o¥ les intÄressÄs n'auraient guÅre prisÄ la concurrence de leurs propres colonies. De plus, comme le charbon Ätait trop bon marchÄ, il aurait fallu d'Änormes cargaisons pour que les transports transatlantiques soient rentables ê cette Äpoque lointaine. Le charbon enfoui profondÄment ê l'intÄrieur du continent Ätait trop ÄloignÄ, d'autre part, pour attirer l'attention. Par contre, les gisements du littoral de la Nouvelle-Ecosse ne manquÅrent pas d'intÄresser les spÄculateurs, et cela pour la simple raison qu'ils Ätaient trÅs facilement accessibles. NÄanmoins, mÉme ces gisements restÅrent inexploitÄs jusqu'au XVIIIe siÅcle.
  14.  
  15. Les gisements de charbon de la Nouvelle-âcosse 
  16.  
  17.      Il existe quatre principaux gisements de charbon en Nouvelle-âcosse: deux sur le continent et deux dans l'öle du Cap-Breton. Tous contiennent  de la houille bitumeuse, mais de qualitÄ variable. Des deux cÖtÄs de Spanish Bay -- plus tard, port de Sydney -- les principaux gisements de charbon de l'öle du Cap-Breton affleurent prÅs de la rive. SituÄs prÅs du port de Pictou, sur les bords du dÄtroit de Northumberland, les gisements de Pictou avaient une superficie d'exploitation plus restreinte que ceux de l'öle du Cap-Breton. Quelques couches, plus pures que d'autres, furent rÄservÄes ê certains usages industriels dÅs leur exploitation au XIXe siÅcle. Le troisiÅme gisement par ordre d'importance est situÄ dans le comtÄ de Cumberland, prÅs de la baie de Fundy, dans l'isthme rÄunissant la Nouvelle-âcosse et le Nouveau-Brunswick. ╦ l'exception des petits gisements cÖtiers de Joggins, le charbon de Cumberland est, en rÅgle gÄnÄrale, moins accessible par eau que les gisements de Pictou ou de l'öle du Cap-Breton. Enfin, on trouve une sÄrie de gisements dans le comtÄ d'Inverness, adjacent au dÄtroit de Northumberland. Ces gisements, dÄcouverts seulement plus tard au XIXe siÅcle, n'ont ÄtÄ exploitÄs qu'ê titre d'appoint aux grandes exploitations des comtÄs de Pictou et du Cap-Breton.
  18.  
  19.      Contrairement aux gisements de surface existant en d'autres parties du monde, le charbon de la Nouvelle-âcosse göt profondÄment sous terre, parfois plusieurs kilomÅtres sous la mer. GÄnÄralement, les couches se succÅdent, sÄparÄes par une strate d'argile ou de roc. Elles ont de six pieds (1,82 m) ê quelques pouces seulement (plusieurs centimÅtres) d'Äpaisseur, mais seules celles de deux pieds ou plus (61 cm) sont jugÄes rentables. Dans quelques rÄgions, la prÄsence de failles importantes aurait pu rendre dangereuse toute exploitation systÄmatique, mais de nombreuses couches Ätaient exploitÄes, ê partir de la surface, sur une distance pouvant atteindre cinq milles (8 km) et bien loin sous l'ocÄan sans grande interruption. Ce phÄnomÅne naturel a rendu le charbon de la Nouvelle-âcosse comparativement plus cher que la plupart des autres charbons. En effet, d'annÄe en annÄe, comme on s'Äloigne de plus en plus de la surface, l'extraction du charbon prend plus de temps et les frais d'exploitation finissent par devenir excessifs. Au cours des ans, les meilleurs ingÄnieurs du monde entier se sont succÄdÄ dans ces mines profondes pour y rÄsoudre les problÅmes complexes occasionnÄs par l'aÄrage, le pompage de l'eau et la remontÄe du charbon. MalgrÄ le trÅs haut degrÄ de mÄcanisation qu'elle finit par atteindre, l'industrie de la Nouvelle-âcosse se classe pour la partie la plus active de son histoire parmi celles qui, dans le monde, dÄpendent Ätroitement d'une main-d'oeuvre nombreuse.
  20.  
  21. L'exploitation charbonniÅre prÄ-industrielle en Nouvelle-âcosse 
  22.  
  23.      Au temps o¥ les Franìais occupaient l'Acadie, les rÄserves de charbon ne suscitaient tout au plus qu'un vague intÄrÉt. ╦ l'occasion, les colons acadiens extrayaient bien du charbon prÅs de Joggins, dans le comtÄ de Cumberland, mais l'exploitation ne se faisait pas d'une faìon systÄmatique. En 1713, les Franìais, dÄfaits par les Britanniques, dans l'un des conflits o¥ l'Acadie se trouva prise au cours des XVIIe et XVIIIe siÅcles, abandonnÅrent la partie continentale de la Nouvelle-âcosse. ConfinÄs ê l'öle du Cap-Breton (rebaptisÄe öle Royale), les Franìais y construisirent la forteresse de Louisbourg, quelques kilomÅtres ê peine au sud des grands gisements de charbon de Spanish Bay. Ainsi se constitua la premiÅre colonie europÄenne d'importance sur l'öle, qui avait auparavant servi de base aux pÉcheurs. Les officiers franìais du gÄnie s'intÄressÅrent rapidement aux gisements de charbon, en firent analyser des Ächantillons en France et utilisÅrent le charbon comme combustible pour leurs fours ê chaux. Louisbourg se rÄvÄlait le lieu le plus humide et le plus froid de toute la cÖte atlantique, de sorte que, pour le chauffage la garnison rÄclamait de plus en plus le charbon.
  24.  
  25.      L'importance que prit Louisbourg comme comptoir commercial facilita l'exploitation des rÄserves de charbon, activitÄ qui commenìa ê donner lieu ê des transactions illicites entre les marchands franìais et ceux de la Nouvelle Angleterre. Faute de gisements sur leur littoral, les colons de la Nouvelle-Angleterre durent aller ailleurs pour extraire le charbon des affleurements directement accessibles par la mer. Il ne faudrait toutefois pas exagÄrer l'importance de cette premiÅre forme d'exploitation qui, caractÄrisÄe par une extraction peu abondante, ne donna jamais lieu ê l'Ätablissement de colonies. De fait, seuls dÄbarquaient sur ces cÖtes, les capitaines soucieux de complÄter leur cargaison clandestine habituelle (venant de Louisbourg) de poisson et de produits des Antilles; leurs Äquipages se contentaient d'extraire de ces affleurements la quantitÄ de charbon nÄcessaire, quelques tonnes tout au plus. ╦ part quelques trous creusÄs ici et lê, la plupart ê quelques verges du rivage, ces premiÅres initiatives n'avaient guÅre laissÄ de traces ê l'Äpoque o¥ les Britanniques infligÅrent une derniÅre dÄfaite aux Franìais en prenant possession de l'öle du Cap-Breton en 1758.
  26.  
  27.      AprÅs le dÄpart des Franìais de l'est de l'AmÄrique du Nord, consÄquence du traitÄ de Paris (1763), les administrateurs coloniaux de la Grande-Bretagne accordÅrent de grands territoires et divers privilÅges ê des entrepreneurs britanniques en AmÄrique du Nord. Par exemple, l'öle du Prince-âdouard fut sÄparÄe de la Nouvelle-âcosse en 1769 et fut entiÅrement cÄdÄe selon un dÄcret de la Couronne, ê un groupe de spÄculateurs. Dans toutes les colonies, on accorda des concessions territoriales semblables. AprÅs tout, n'y avait-il pas de nombreuses dettes politiques ê acquitter aprÅs la longue guerre contre les Franìais? Des entrepreneurs de la Grande-Bretagne et des colonies manifestÅrent un intÄrÉt immÄdiat envers le charbon de l'öle du Cap-Breton, mais les fonctionnaires britanniques, eux, avaient certaines rÄticences envers les richesses naturelles de leur grand empire amÄricain. Inquiets ê l'idÄe qu'une expansion coloniale dÄsordonnÄe puisse susciter une certaine concurrence aux manufacturiers britanniques, les fonctionnaires de Londres essayÅrent d'orienter et de consolider l'expansion pour le plus grand bien de la mÅre patrie. En Nouvelle-âcosse, on interdit totalement l'exploitation du charbon et on dÄcouragea toute forme de colonisation dans l'öle du Cap-Breton, annexÄe ê la Nouvelle-âcosse en 1763. Les Britanniques craignaient que l'exploitation du charbon ne suscite inÄvitablement l'avÅnement du rÄgime manufacturier dans les colonies. Ce mercantilisme patent caractÄrisait la politique coloniale de la Grande-Bretagne ê l'aube de la RÄvolution amÄricaine.
  28.  
  29.      Ces restrictions prÄ-rÄvolutionnaires s'adoucirent quelque peu en 1784, annÄe o¥ l'öle du Cap-Breton devint, encore une fois, colonie distincte. Vue comme un refuge pour les Loyalistes, elle donnait une nouvelle chance ê ceux qui avaient perdu leur propriÄtÄ et leur foyer en servant la Couronne. L'öle du Cap-Breton ne devint pas une importante colonie loyaliste, mais la crÄation d'une capitale pour la colonie, ê la tÉte de Spanish Bay (rebaptisÄe plus tard Sydney d'aprÅs le nom du secrÄtaire d'âtat de la Grande-Bretagne), permit aux Britanniques de contrÖler de prÅs les rÄserves de charbon. Les gisements de charbon de l'öle du Cap-Breton furent alors mis en exploitation, le gouvernement de l'öle se mit en quÉte d'un bon preneur, mais les Britanniques ne voulurent approuver que les baux ê court terme ne dÄpassant pas sept ans. Cette restriction dÄcouragea les grands investisseurs, et les entrepreneurs de Londres, qui avaient exprimÄ plus tÖt leur intÄrÉt, se retirÅrent. Les marchands d'Halifax se lancÅrent dans l'aventure et crÄÅrent un marchÄ quelque peu limitÄ dans la rÄgion.
  30.  
  31.      De 1784 ê 1820, pÄriode durant laquelle l'öle du Cap-Breton fut une colonie distincte, la production de charbon y demeura relativement nÄgligeable, dÄpassant rarement 10 000 tonnes (9 000 tonnes mÄtriques) par annÄe. Par comparaison, la production annuelle de la Grande-Bretagne au cours de la mÉme pÄriode approchait les 10 millions de tonnes (9 millions de tonnes mÄtriques). On expÄdiait habituellement le charbon ê Saint-Jean (N.-B.), ê Saint-Jean (T.-N.), ê Charlottetown et parfois ê Boston. L'öle du Cap-Breton servait ce marchÄ local en lui fournissant principalement du combustible. Toutefois, le gouvernement impÄrial continuait ê dÄfendre l'exploitation de tout gisement sur le continent. Des entrepreneurs firent des dÄmarches auprÅs du gouvernement provincial pour obtenir des concessions ê Pictou, mais les administrateurs impÄriaux rejetÅrent toutes les demandes mÉme si le gouvernement local les appuyait. Le Board of Trade de Londres permit d'accorder des baux ê Pictou aux mÉmes conditions que ceux en vigueur pour l'öle du Cap-Breton en 1811. Avant les annÄes 1820, la production des mines de Pictou se rÄvÄlait bien moins importante que celle de l'öle du Cap-Breton.
  32.  
  33.      Au cours de cette pÄriode, l'extraction du charbon en Nouvelle-âcosse ne prit jamais les proportions d'une entreprise industrielle. Les mines Ätaient plus ou moins ouvertes en permanence, mais le travail rÄel demeurait saisonnier, comme c'Ätait le cas, ê ce moment-lê, pour l'industrie du bois. Dans les mines, les saisons de travail avaient toutefois tendance ê Étre ê l'opposÄ: l'extraction et l'expÄdition du charbon se faisaient la plupart du temps au printemps, ê l'ÄtÄ et ê l'automne. La main-d'oeuvre, assez semblable ê celle de l'industrie du bois, se composait gÄnÄralement de cÄlibataires sans expÄrience et de passage; nombre d'entre eux Ätaient des immigrants irlandais rÄcemment arrivÄs aprÅs un court sÄjour ê Terre-Neuve. On embauchait les travailleurs ê la saison et on les logeait dans des dortoirs spacieux. Il semble que peu soient restÄs plus d'une saison, car les maigres salaires Ätaient presque totalement rongÄs par les frais de pension qu'exigeait l'entreprise miniÅre. Par consÄquent, il y avait peu d'agglomÄrations autour des mines. ╦ Pictou et ê Sydney, les mines Ätaient ê l'extÄrieur de la ville, et la population locale avait tendance ê considÄrer ce genre d'activitÄ, ê juste titre, comme un travail difficile et fruste. Il semble qu'ê ce moment-lê il ait ÄtÄ impossible d'Ächapper ê ces conditions sociales primitives, typiques d'une telle industrie, car les agglomÄrations miniÅres qui se constituÅrent plus tard devaient encore prÄsenter les mÉmes caractÄristiques. 
  34.  
  35.      Les mines elles-mÉmes restaient Ägalement ê l'Ätat embryonnaire, car les derniÅres techniques europÄennes y Ätaient rarement appliquÄes. Faute d'engins ê vapeur pour pomper l'eau ou ventiler les galeries, on ne creusait pas de puits profonds, si bien que la majeure partie du charbon Ätait extraite tout prÅs de la surface. D'autre part, la courte durÄe des baux accordÄs n'encourageait pas les investissements requis pour aller de l'avant bien que le gouvernement local construisait les quais nÄcessaires ê l'expÄdition. Entre 1785 et 1820, l'activitÄ miniÅre restait donc aussi alÄatoire que l'exploitation occasionnelle que caractÄrisait le demi-siÅcle prÄcÄdent. Les gouvernements coloniaux prenaient toutefois de plus en plus conscience de l'importance des gisements de charbon, non seulement en raison de la crÄation d'emplois qui en dÄcoulait directement ou indirectement, mais aussi des redevances que l'exploitation des mines pouvait rapporter ê leur TrÄsor qui n'Ätait pas bien nanti.
  36.  
  37.      En 1820, la rÄunion de l'öle du Cap-Breton ê la Nouvelle-âcosse ne manqua pas de susciter beaucoup d'intÄrÉt, ê Halifax, quant aux avantages possibles ê retirer des rÄserves de charbon, mais ni le gouvernement de la Nouvelle-âcosse et ni le gouvernement impÄrial n'apportÅrent de modifications immÄdiates relativement ê la politique ou aux investissements.
  38.  
  39. La General Mining Association 
  40.  
  41.      La situation de l'industrie prit une toute autre tournure en 1826, annÄe o¥ le gouvernement impÄrial intervint pour accorder un bail exclusif ê long terme, sur toutes les ressources minÄrales (y compris les mines de charbon) de la Nouvelle-âcosse, ê la General Mining Association (G.M.A.), sociÄtÄ dont le siÅge Ätait ê Londres. Cette dÄcision allait rendre viable une concession restÄe longtemps en veilleuse, celle des ressources minÄrales de la Nouvelle-âcosse ê Frederic, duc d'York, jeune frÅre du roi George IV. Cette concession remontait aux annÄes 1790 et faisait suite ê une rumeur selon laquelle il existait des gisements importants de mÄtaux prÄcieux dans la province. Lorsque ces rumeurs se rÄvÄlÅrent sans fondement, la concession ne fut jamais rÄclamÄe. Le duc, notoirement prodigue, avait fait des dettes Änormes. Aussi ses conseillers convainquirent-ils la sociÄtÄ Bridge, Rundell and Bridge, l'un de ses plus gros crÄanciers, d'accepter la cession du bail de la Nouvelle-âcosse comme paiement. Ce transfert se fit par l'intermÄdiaire de hauts fonctionnaires du TrÄsor ê Londres sans que le gouvernement de la Nouvelle-âcosse e₧t ÄtÄ consultÄ et presque ê l'insu des fonctionnaires du Colonial Office. Londres avisa les administrateurs de la Nouvelle-âcosse que tous les baux en vigueur devaient Étre annulÄs pour donner libre champ au nouvel accord: il s'agissait d'une dÄcision typique ê une Äpoque o¥ les richesses naturelles de l'Empire Ätaient considÄrÄes comme la chasse gardÄe des capitalistes et des hommes d'âtat britanniques. 
  42.  
  43.      Au cours de la mÉme annÄe, toutes les difficultÄs furent aplanies et le corps lÄgislatif provincial, peu coopÄratif, fut mis au pas. Les dÄtenteurs de baux protestÅrent vertement et d'aucun s'interrogÅrent sur l'inclusion Äventuelle de l'öle du Cap-Breton dans cette concession puisque l'öle ne faisait pas partie de la Nouvelle-âcosse lorsque le duc en devint le bÄnÄficiaire. La G.M.A. eut bientÖt la haute main sur l'industrie, accepta de payer une redevance au gouvernement provincial ainsi qu'un loyer dÄterminÄ ê la succession du duc d'York. Ce dernier mourut moins d'une annÄe aprÅs la conclusion des accords, mais le bail exclusif de la G.M.A. devait durer 60 ans. Le loyer continua d'Étre versÄ ê sa succession.
  44.  
  45.      AprÅs quelques discussions ê Londres et une analyse superficielle des minÄraux de la province, la sociÄtÄ dÄcida que le charbon Ätait ce qu'il y avait de plus profitable, embaucha Richard Smith ê titre de directeur gÄnÄral et l'envoya sur place. Smith, qui s'Ätablit ê Pictou, possÄdait une grande expÄrience des gisements charbonniers britanniques de Newcastle et vint en Nouvelle-âcosse avec l'ordre de moderniser l'industrie. Richard Brown, autre ingÄnieur des mines britanniques, fut envoyÄ pour veiller sur les intÄrÉts que l'Association avait dans l'öle du Cap-Breton. Ces hommes et leurs successeurs se vouÅrent ê l'expansion de l'industrie dans la province. Les dirigeants de la G.M.A. affirmÅrent que l'expansion reposait sur l'accÅs des marchÄs extra-rÄgionaux, spÄcialement ceux de la Nouvelle-Angleterre o¥ ils nouÅrent immÄdiatement des relations commerciales. Dans l'incapacitÄ d'influer sur le tarif amÄricain, ils n'eurent accÅs ê ce marchÄ que par intermittence, et la production augmenta de faìon rÄguliÅre mais non fulgurante au cours des 30 annÄes suivantes.
  46.  
  47.      En plus d'augmenter la production, la G.M.A. propulsa la Nouvelle-âcosse dans une Åre de rÄvolution industrielle. On fit venir des ouvriers expÄrimentÄs d'agglomÄrations miniÅres du nord de l'Angleterre et de l'âcosse, et on se servit des machines ê vapeur les plus modernes. Grëce ê ces techniques nouvelles, les problÅmes de roulage, de drainage et de ventilation des mines; profondes furent enfin rÄsolus. ╦ la surface, la traction ê vapeur, premiÅre en AmÄrique du Nord britannique, fut introduite dans les mines Albion pour transporter le charbon par chemin de fer de la tÉte du puits au port de Pictou, et de petits navires ê vapeur furent mis en service pour faciliter le chargement. On investit, en outre, de fortes sommes pour amÄliorer la productivitÄ des mines; ê l'Äpoque, on estima ê ú250 000 la somme investie par la G.M.A. au cours des 20 premiÅres annÄes d'exploitation, somme fabuleuse d'aprÅs les normes coloniales.
  48.  
  49.      Les mineurs amenÄs de Grande-Bretagne eurent recours aux techniques les plus modernes d'extraction du charbon. EmbauchÄs ê contrat, ils Ätaient payÄs selon la quantitÄ de charbon qu'ils creusaient et ramenaient ê la surface plutÖt qu'ê la saison ou selon un taux horaire ou quotidien. L'Association mit aussi au point les services de soutien nÄcessaires ê la crÄation d'agglomÄrations miniÅres permanentes. Suivant l'exemple britannique, elle fit construire des maisons pour les mineurs, encourageant ces derniers ê faire venir leurs familles ou ê en fonder sur place. De plus, elle ouvrit des magasins, instaura un rÄgime primitif d'assurance-maladie ainsi qu'une foule d'autres services, et obligea les mineurs ê avoir recours ê la retenue salariale pour en bÄnÄficier. La direction fournissait et entretenait aussi les outils et les engins ê vapeur nÄcessaires ê l'exploitation souterraine. De telles dispositions poussaient souvent les mineurs ê s'endetter sÄrieusement, du jour mÉme o¥ ils acceptaient de travailler pour la G.M.A. Cette dÄpendance crÄait une association trÅs Ätroite et quelque peu ê tendance paternaliste.
  50.  
  51.      En stimulant la demande pour une quantitÄ de biens et de services, l'augmentation de la production des mines de charbon entraöna toute une sÄrie de rÄactions en chaöne sur l'Äconomie de la Nouvelle-âcosse, et calma l'opposition qui fut soulevÄe par la concession primaire. Chevaux et fourrage, indispensables ê l'exploitation souterraine, Ätaient constamment en demande tout comme le bois pour consolider les galeries. Des centaines d'habitants de la Nouvelle-âcosse trouvÅrent du travail dans les mines ou autour de ces derniÅres: on pouvait prendre part au roulage du charbon ou participer ê divers travaux de construction ê la surface. Ils ne tardÅrent pas ê se joindre aussi sur le front de taille aux mineurs britanniques qualifiÄs, dÄbutant comme simples ouvriers avant de devenir mineurs qualifiÄs. Les cargaisons de charbon en vrac contribuÅrent largement ê l'expansion du commerce maritime de la province. Les marchands et les hommes de loi d'Halifax reprÄsentaient les intÄrÉts de la G.M.A. devant l'administration provinciale et fixaient tous les aspects de l'activitÄ de la sociÄtÄ, de l'acquisition de parcelles de terrain ê la nÄgociation de droits de passage pour ses chemins de fer. Samuel Cunard, qui mit sur pied sa fameuse sociÄtÄ de navigation ê vapeur, Ätait l'agent de l'Association ê Halifax dans les annÄes 1840, et J.W. Johnstone, plus tard premier ministre de la Nouvelle-âcosse, en fut l'avocat pendant un certain temps.
  52.  
  53.      Toutefois, l'expansion et le monopole de la G.M.A. ne manquÅrent pas de susciter de l'opposition. Dans les annÄes 1840, un groupe de rÄformateurs politiques se forma pour dÄfier les conservateurs et on fit du monopole de la G.M.A. un thÅme de dÄbat central ê l'AssemblÄe lÄgislative et dans les journaux de l'opposition. Les entrepreneurs exclus par le monopole furent les premiers adversaires, mais plus tard, ce furent les politiciens, soutenant que les rÄalisations de la G.M.A. restaient en deìê des possibilitÄs offertes par l'industrie, qui prirent les choses en main. Assez curieusement, plus la G.M.A. augmentait sa production et envahissait le marchÄ amÄricain, plus l'opposition politique se faisait forte. La raison en Ätait fort simple: le revenu des mines de charbon prises ê bail par la G.M.A. dÄpendait jusqu'ê un certain point des conditions du bail et prÉtait toujours ê litige. Les rÄformateurs exigeaient un droit de regard absolu sur toutes les richesses naturelles de la province, afin de pouvoir prÄparer l'Ätablissement d'un gouvernement responsable. Il s'agissait alors d'un point clÄ du dÄbat et d'un pas logique vers une prise de conscience provinciale. AprÅs tout, le Nouveau-Brunswick avait, 20 ans plus tÖt, acquis les droits administratifs pour ses vastes forÉts. L'accord de monopole Ätait aussi non conforme ê la nouvelle attitude des Britanniques face au systÅme mercantiliste qui avait ÄtÄ la pierre d'angle de l'Empire ê la fin du XVIIIe siÅcle. Vu l'abolition des lois sur les cÄrÄales, des privilÅges accordÄs pour le bois des colonies, et de divers rÅglements de commerce impÄriaux, le monopole des rÄserves de charbon devenait moins dÄfendable. Quand le gouvernement rÄformateur fut finalement Ätabli en 1848, le bail de la G.M.A. fit l'objet de trÅs longues nÄgociations.
  54.  
  55.      Les dÄbats atteignirent leur paroxysme aprÅs 1854 au moment o¥ le gouvernement britannique rÄussit ê nÄgocier un traitÄ de rÄciprocitÄ avec les âtats-Unis au nom de ses colonies d'AmÄrique du Nord. L'inscription du charbon sur la liste des produits libres dans le cadre de ce traitÄ et le potentiel d'expansion du marchÄ amÄricain qui en a rÄsultÄ rendit la position de monopole de la G.M.A. encore plus odieuse aux yeux des hommes politiques de la province. Les fluctuations du tarif amÄricain enfin rÄglÄes, les investisseurs eurent un regain d'intÄrÉt pour le charbon de la Nouvelle-âcosse, non seulement ê Halifax, mais aussi en Nouvelle-Angleterre. En 1857-1858, le gouvernement de la Nouvelle-âcosse conclut finalement une entente avec le gouvernement impÄrial et la G.M.A., et la colonie acquit un droit de regard illimitÄ sur toutes les ressources minÄrales. Ce fut une Ätape dÄcisive et les rÄformateurs de la Nouvelle-âcosse se fÄlicitÅrent d'avoir acquis les moyens qu'il leur fallait pour diriger l'Äconomie.
  56.  
  57.      La G.M.A. continua ê dÄtenir les propriÄtÄs qu'elle avait mises en valeur jusqu'en 1857 ainsi que suffisamment de biens pour garantir son expansion. De fait, elle demeura l'un des plus importants producteurs de la province jusqu'ê la fin du siÅcle. On pouvait investir librement dans les rÄserves restantes de charbon. Les principales rÄgions laissÄes libres aux nouveaux entrepreneurs se trouvaient du cÖtÄ sud des gisements du port de Sydney dans l'öle du Cap-Breton et englobaient la majeure partie de Cumberland et une bonne part de Pictou. Grëce au marchÄ libre amÄricain et ê l'impulsion subsÄquente apportÄe par la guerre de SÄcession, la production de charbon, de 100 000 tonnes avant 1854 (90 000 tonnes mÄtriques), passa ê 700 000 tonnes (630 000 tonnes mÄtriques) en 1865, derniÅre annÄe complÅte d'exploitation dans le cadre du traitÄ. Il s'agissait lê d'une pÄriode dÄcisive pour l'industrie du charbon. De nouveaux producteurs, une expansion rapide et un nouveau ministÅre provincial des Mines Ätaient le reflet de la vigueur de l'industrie non seulement comme facteur important de l'Äconomie de la Nouvelle-âcosse, mais aussi comme source de revenu pour le gouvernement local. Quelques hommes politiques en venaient mÉme ê souligner l'importance du rapport existant entre l'accessibilitÄ du charbon et l'implantation de manufactures, l'un des thÅmes dominants du dernier tiers du XIXe siÅcle. 
  58.  
  59. La pÄriode nationale 
  60.  
  61.      La prÄpondÄrance amÄricaine sur l'industrie charbonniÅre fut relativement de courte durÄe. PrÅs des deux tiers de la production alimentaient la Nouvelle-Angleterre au cours du traitÄ de rÄciprocitÄ, mais quand les âtats-Unis, aprÅs la guerre de SÄcession, eurent adoptÄ le protectionnisme, la conjoncture s'annonìait ê tout le moins difficile pour le commerce du charbon de la Nouvelle-âcosse. Les producteurs de charbon firent alors l'impossible pour trouver d'autres dÄbouchÄs que le marchÄ amÄricain, et, dÅs ce moment-lê, l'intÄgration politique et Äconomique devint le sujet favori de discussion des colonies de l'AmÄrique du Nord britannique. Les exploitants des mines de charbon appuyÅrent l'union, soutenant que la perte du marchÄ amÄricain pouvait Étre compensÄe par les dÄbouchÄs offerts par la rÄgion du Saint-Laurent. Avec la promesse de la construction d'un chemin de fer intercolonial, prÄvue dans l'Acte de l'AmÄrique du Nord britannique, et conquis par la perspective de tarifs douaniers plus ÄlevÄs applicables aux produits fabriquÄs ê l'Ätranger, certains partisans de la ConfÄdÄration s'attendaient ê un avenir prometteur pour l'industrie de la Nouvelle-âcosse au sein du nouveau pays. Tous ces facteurs mis ensemble amenÅrent les capitalistes de l'industrie charbonniÅre et le gouvernement provincial conservateur dirigÄ par Charles Tupper, reprÄsentant du comtÄ de Cumberland et spÄculateur charbonnier, ê opter pour la ConfÄdÄration, seule solution de remplacement possible ê leurs yeux, vu la caducitÄ des accords de rÄciprocitÄ. Ils persÄvÄrÅrent dans cette voie malgrÄ la forte opposition d'une grande partie des commerìants et la province entra dans la ConfÄdÄration en 1867.
  62.  
  63.      La rÄcession suivant la fermeture du marchÄ libre amÄricain n'eut ni l'ampleur ni la gravitÄ escomptÄes. De fait, la Nouvelle-Angleterre demeura un ÄlÄment important, quoique dÄclinant, du marchÄ, spÄcialement pour quelques-uns des producteurs de l'öle du Cap-Breton qui avaient des liens financiers avec les consommateurs de Boston et de New York. Le marchÄ du Saint-Laurent, de peu d'importance avant la ConfÄdÄration, atteint bientÖt des dimensions que seuls les plus optimistes avaient prÄvues, si bien qu'il en rÄsulta par la suite une augmentation spectaculaire de la production de charbon: une production annuelle de 3 000 000 tonnes (2 700 000 tonnes mÄtriques) ê la fin du siÅcle et de prÅs de 7 000 000 tonnes (6 300 000 tonnes mÄtriques) quand la production se stabilisa juste avant la PremiÅre Guerre mondiale. L'achÅvement du chemin de fer intercolonial au milieu des annÄes 1870 et l'expansion graduelle des moyens de transport par rail dans les Maritimes offrit un marche local immÄdiat, mais l'expansion industrielle rÄgionale, spÄcialement dans les rÄgions du nord et de l'est de la Nouvelle-âcosse, fut probablement plus importante ê long terme. La rÄvolution industrielle vit le jour en Nouvelle-âcosse dans les annÄes 1880, pÄriode o¥ de nombreux Ätablissements manufacturiers transforment des villes comme New Glasgow, Truro et Amherst. Toutefois, l'expansion la plus frappante se produisit lors de la crÄation d'immenses aciÄries ê Trenton et ê Sydney ê la fin du siÅcle. Ces aciÄries seules traiteront plus du tiers de la production totale au cours de la dÄcennie prÄcÄdant la guerre. Au moment o¥ la Nouvelle-âcosse entre dans le XXe siÅcle, mÉme les prÄdictions les plus enthousiastes concernant les consÄquences de la ConfÄdÄration semblent rÄalisÄes.
  64.  
  65.      En 1857, la suppression du monopole de la G.M.A. allait amorcer une tendance au morcellement de la propriÄtÄ; un grand nombre de compagnies Ätablirent alors des houillÅres indÄpendantes se faisant concurrence pour obtenir une part du marchÄ. Des entrepreneurs du Canada central, surtout aprÅs la ConfÄdÄration, et quelques AmÄricains, investirent particuliÅrement dans les mines de l'öle du Cap-Breton. De plus, l'industrie reìut un certain apport de capitaux commerciaux de la Nouvelle-âcosse. Au cours de cette pÄriode, les consommateurs de charbon essayÅrent de rÄgulariser leurs sources d'approvisionnement, et les AmÄricains et les Canadiens des provinces centrales s'occupÅrent de l'industrie du charbon pour essayer d'en faire garantir les approvisionnements ou d'en faire rÄglementer le prix. Le charbon Ätant essentiel pour une grande variÄtÄ de traitements industriels, il fallait que le prix de vente reste au plus bas niveau possible. Au cours de cette pÄriode, la plus grande partie du charbon de la Nouvelle-âcosse fut acheminÄe hors de la rÄgion et, de ce fait, le contrÖle de l'industrie Ächappa alors aux gens du cru.
  66.  
  67.      AprÅs la rÄcession Äconomique de 1870, l'industrie connut une importante tendance au regroupement. On assista dans les annÄes 1880 ê la fondation de la Nova Scotia Coal and Steel Corporation (N.S.C.S.C.) et, en 1893, la Dominion Coal Corporation (DOMCO), coalition amÄricaine menÄe par H.M. Whitney de Boston, vit le jour. DestinÄe ê promouvoir la rÄintroduction du charbon de la Nouvelle-âcosse sur le marchÄ de la Nouvelle-Angleterre, la DOMCO finit par contrÖler la plupart des mines actives dans les gisements charbonniers trÅs productifs du cÖtÄ sud de l'öle du Cap-Breton. Ayant son siÅge social dans la ville de Glace Bay, la compagnie transforma l'exploitation miniÅre dans la rÄgion en unifiant la gestion et en rÄorganisant les mines. En 1900, la N.S.C.S.C. acheta les biens que la General Mining Association possÄdait encore dans les mines de Sydney et y Ätablit aussi une aciÄrie. La Dominion Steel Corporation, qui avait son siÅge ê Sydney et dont les dirigeants Ätaient, en grande partie, les mÉmes personnes qui avaient mis sur pied la DOMCO, fut crÄÄe la mÉme annÄe pour exploiter davantage les gisements au sud de Sydney.
  68.  
  69.      DiffÄrents intÄrÉts financiers et diverses personnalitÄs essayÅrent de dominer la DOMCO et la Dominion Steel, ce qui provoqua des tensions. Les entrepreneurs du Canada central et les banquiers de MontrÄal et de Toronto prirent rapidement le pas sur les intÄrÉts amÄricains de Whitney et, aprÅs une courte lutte pour la suprÄmatie, les deux entreprises furent rÄunies pour former, en 1909, la Dominion Steel and Coal Corporation. La Cumberland Coal and Railroad Corporation, qui exploitait la mine importante ê Springhill, fut aussi incluse dans cette fusion. Une autre fusion, touchant cette fois la N.S.C.S.C. et la Dominion Steel and Coal Corporation, entraöna la crÄation de la British Empire Steel and Coal Corporation (BESCO), qui fut en son temps l'un des plus grands conglomÄrats industriels du pays. FormÄe en 1919, cette sociÄtÄ contrÖla la plupart des rÄserves importantes de charbon de la Nouvelle-âcosse, ainsi que toutes les aciÄries. AprÅs plusieurs dizaines d'annÄes de contrÖle morcelÄ, l'industrie du charbon de la Nouvelle-âcosse se retrouva peu ê peu sous une gestion unifiÄe exerìant un quasi-monopole qui demeura presque intact jusque dans les annÄes 1960, mÉme si les droits de propriÄtÄ changÅrent de mains de temps ê autre. Au cours de cette pÄriode, la BESCO et ses successeurs acquirent plusieurs filiales dans la rÄgion, notamment des chemins de fer rÄgionaux et le chantier naval d'Halifax, qui Ätait devenu au cours de la guerre un poste de radoub important pour l'effort de guerre. La BESCO Ätait ê tous les points de vue une entreprise gÄante, qui avait promis initialement de dÄvelopper l'industrie du charbon et de l'acier en Nouvelle-âcosse, mais le contrÖle exercÄ ê partir du Canada central et le manque d'expÄrience dans l'industrie du charbon causÅrent sa perte. AprÅs la crÄation de la BESCO, l'industrie fut presque continuellement en Ätat de crise, sapÄe par la compression du marchÄ et une gestion inefficace jusqu'ê ne plus Étre viable.
  70.  
  71.      L'industrie Ätait revenue ê son point de dÄpart depuis le monopole exercÄ par la G.M.A., mais nantie cette fois de beaucoup d'encouragement de la part du gouvernement provincial. L'Acte de l'AmÄrique du Nord britannique avait accordÄ aux provinces la rÄglementation directe de toutes les ressources naturelles et les redevances provenant de la vente de ces ressources devinrent la premiÅre source de revenu des provinces coincÄes, entre la hausse des dÄpenses et la stagnation des recettes. Une fois engagÄe, la Nouvelle-âcosse ne pouvait pas tolÄrer d'interruptions. Les recettes provenant des redevances augmentÅrent rÄguliÅrement, jusqu'ê former, juste avant la PremiÅre Guerre mondiale, plus de la moitiÄ de tous les revenus de la province. Il en rÄsulta une association d'intÄrÉts entre le gouvernement et les sociÄtÄs miniÅres, ce qui contrecarra sÄrieusement les intÄrÉts des mineurs.
  72.  
  73. Le monde du travail dans les mines 
  74.  
  75.      Les mineurs britanniques qui vinrent en Nouvelle-âcosse dans les annÄes 1830 et 1840 apportÅrent avec eux une longue tradition de main d'oeuvre organisÄe et trÅs qualifiÄe, tradition qui comprenait un bon contrÖle du lieu de travail et des modÅles bien Ätablis de rÄglementation des relations entre travailleurs et patrons. Dans les mines, l'organisation du travail Ätait strictement hiÄrarchique et les mineurs expÄrimentÄs eux-mÉmes occupaient le poste de prÄdilection au front de taille. Les mineurs qualifiÄs Ätaient fiers du caractÅre exclusif de leur profession et protestaient vivement chaque fois qu'ils s'estimaient lÄsÄs dans leurs droits ou leurs privilÅges. L'association de ces hommes avec la G.M.A. et ses directeurs donne ê l'industrie une allure distinctement britannique, qui persista bien aprÅs que les mineurs britanniques eurent perdu leur supÄrioritÄ numÄrique. Dans les premiers temps, peu de gens natifs de la Nouvelle-âcosse travaillaient comme mineurs, mais la situation changea sÄrieusement par la suite.
  76.  
  77.      La G.M.A. instaura le systÅme du travail ê forfait dans ses houillÅres de la Nouvelle-âcosse. Il s'agissait essentiellement de travail ê la piÅce, car les mineurs Ätaient payÄs selon la quantitÄ de charbon extrait plutÖt qu'en fonction du nombre d'heures passÄes dans la mine. Cette formule prÄservait en apparence l'indÄpendance du mineur, mais l'amenait aussi ê Ätablir, avec les patrons de la mine, des liens rÄciproques de loyautÄ qui profitaient aux deux parties, mais se rÄvÄlÅrent finalement trÅs restrictifs de part et d'autre. Les contrats passÄs entre les mineurs immigrants parrainÄs et la G.M.A. stipulaient d'habitude le remboursement du prix de la traversÄe et la promesse de travailler pour la compagnie pendant un certain nombre d'annÄes au taux en vigueur. Au lieu de travail, on accordait la prÄfÄrence aux hommes endettÄs envers la compagnie. La G.M.A. fournissait les outils et l'Äquipement nÄcessaires, ce qui Ätait normal, mais elle allait beaucoup plus loin en fournissant le logement et le crÄdit dans ses magasins, conìus pour assurer la stabilitÄ au sein des agglomÄrations de mineurs. Le travail ê la G.M.A. Ätait relativement rÄgulier, mais il y avait encore des Äpoques de l'annÄe o¥ le travail Ätait rare, et pendant lesquelles les mineurs devaient vivre ê crÄdit. Il en rÄsultait un cycle d'endettement auquel peu de mineurs ÄchappÅrent vraiment.
  78.  
  79.      Au cours des premiÅres annÄes du monopole, les protestations soutenues furent rares, mais, ê l'occasion de conflits individuels, les mineurs se montrÅrent dÄterminÄs ê prÄserver leur droit de regard sur le lieu de travail. La plupart des premiers conflits portÅrent sur des essais d'introduction de mineurs non expÄrimentÄs, gÄnÄralement des habitants de la Nouvelle-âcosse, dans la mine au cours des pÄriodes d'expansion du marchÄ. Les mineurs britanniques s'opposÅrent farouchement ê ces efforts. MalgrÄ leurs protestations, ces hommes Ätaient tellement liÄs ê la compagnie, qu'il s'avÄrait difficile de dÄfendre leurs droits. Le paternalisme de la G.M.A. ne permettait guÅre l'action indÄpendante et dÄcouragea effectivement la formation de syndicats ouvriers.
  80.  
  81.      Le morcellement de la propriÄtÄ qui suivit la suppression du monopole de la G.M.A. en 1858 produisit presque immÄdiatement un affrontement. Les mineurs devaient dorÄnavant traiter avec un grand nombre de patrons, dont peu Ätaient aussi imbus des traditions miniÅres britanniques que la G.M.A., et il y eut inÄvitablement confusion quant aux conditions de travail. Ce qui est plus important, c'est qu'il y avait maintenant concurrence pour les services du nombre limitÄ de mineurs expÄrimentÄs. L'immigration de mineurs britanniques, faible mais rÄguliÅre, continua ê servir l'expansion de l'industrie, mais la proportion des mineurs nÄs en Nouvelle-âcosse par rapport aux travailleurs nÄs en Grande-Bretagne, augmenta de maniÅre continue. Au moment de la ConfÄdÄration, ceux nÄs en Nouvelle-âcosse Ätaient en majoritÄ, ce qui ne veut pas dire qu'ils dominaient le mouvement ouvrier. Les chefs de file des mineurs Ätaient toujours britanniques. Jusqu'en 1858, la G.M.A. n'avait ÄtÄ assujettie pratiquement ê aucun rÅglement de sÄcuritÄ. Lorsque la province entreprit de rÄglementer l'industrie, la responsabilitÄ de la sÄcuritÄ incomba au nouveau ministÅre des Mines, qui manqua de pouvoir ê ses dÄbuts, c'est-ê-dire ê l'Äpoque o¥ l'on vit intervenir le plus grand nombre de compagnies indÄpendantes dans cette industrie. En 1862, une loi sur les mines rÄglementa quelque peu l'industrie, mais elle n'apporta qu'une protection sommaire aux mineurs. ╦ la suite d'une grÅve en 1864, on Ätablit une loi interdisant la formation d'associations de travailleurs, c'est-ê-dire de syndicats.
  82.  
  83.      La mise en minoritÄ graduelle de la main-d'oeuvre britannique, ╟diluÄe╚ par de nombreux travailleurs originaires de la Nouvelle-âcosse, et la perte de contrÖle sur les conditions de travail, incitÅrent Äventuellement les derniers ouvriers spÄcialisÄs ê se regrouper pour la dÄfense de leurs droits. La nÄgligence dont faisaient preuve certaines nouvelles compagnies de charbon dans l'observance des rÅglements de sÄcuritÄ par le gouvernement amena les travailleurs ê exiger l'application stricte de ces rÅglements, surtout aprÅs les grandes tragÄdies miniÅres des annÄes 1870. Ce mouvement aboutit en 1879 ê la crÄation du premier syndicat industriel canadien, la Provincial Workmen's Association (P.W.A.). Cette organisation, qui connut un succÅs immÄdiat dans toutes les mines, Ätait surtout l'oeuvre d'un groupe de mineurs britanniques dirigÄs par Robert Drummond, grand voyageur, mineur nÄ en âcosse et Ätabli alors ê Springhill dans le comtÄ de Cumberland. Presque complÅtement britannique dans son orientation, la P.W.A. s'attachait surtout ê dÄfendre les intÄrÉts des mineurs spÄcialisÄs en faisant des dÄmarches discrÅtes auprÅs du gouvernement. Au cours de sa premiÅre dÄcennie d'existence, la P.W.A. obtint l'amÄlioration des rÅglements relatifs ê la sÄcuritÄ dans les mines et aux conditions de travail, mais la nÄgociation collective des augmentations de salaire demeura un phÄnomÅne rare. La P.W.A. dÄfendait avant tout le principe selon lequel les mineurs Ätaient ouvriers spÄcialisÄs et exigeait que le gouvernement intervienne pour rÄglementer leurs relations avec les industriels du charbon dans l'intÄrÉt gÄnÄral de l'industrie. Elle cherchait toutefois, en mÉme temps, ê maintenir dans l'organisation du milieu de travail les structures traditionnelles des mines britanniques. Les chefs de la P.W.A. manifestaient peu d'opposition ê la structure de l'industrie et semblaient prÄoccupÄs d'assurer leur propre place de choix dans la hiÄrarchie. Avec le temps, ce conservatisme provoqua une lutte pour l'adhÄsion des mineurs. La majoritÄ de la main-d'oeuvre, spÄcialement aprÅs l'expansion dramatique de la fin du siÅcle, n'Ätait pas spÄcialisÄe selon la tradition britannique.
  84.  
  85.      Un autre facteur qui compliqua les relations entre patrons et ouvriers dans les villes miniÅres fut le mode de formation des agglomÄrations. Presque toutes les agglomÄrations miniÅres Ätaient des villes ê industrie unique et, gÄnÄralement, des villes patronales. La crÄation d'une agglomÄration reposait entiÅrement sur les dÄcisions des propriÄtaires de mines: lê o¥ ils dÄcidaient de creuser un puits de mine, une ville surgissait. De fait, les propriÄtaires s'assuraient habituellement le contrÖle de l'amÄnagement urbain en faisant l'acquisition de nombreuses terres attenantes au chantier de la mine et en y construisant des habitations pour les travailleurs. La domination des compagnies sur les agglomÄrations miniÅres Ätait semblable, par son caractÅre envahissant, ê celle de la G.M.A. ê ses dÄbuts, mais s'exerìait sur une bien plus grande Ächelle. Ayant la haute main sur l'immobilier, les magasins, l'accÅs aux soins mÄdicaux et ê une foule d'autres services sociaux, les patrons pouvaient dicter les conditions de travail et de vie d'ê peu prÅs tous les membres de la collectivitÄ. Ce fut un facteur important dans l'Ävolution des syndicats. Les logements et les magasins de la compagnie Ätaient organisÄs de faìon ê tenir les ouvriers en bride. Les militants syndicaux pouvaient par exemple se voir refuser l'accÅs aux maisons de la compagnie ou le crÄdit ê ses magasins que les mineurs appelaient par dÄrision ╟magasins Äcorcheurs╚ (Pluck Me Stores). Cet Ätat de choses pouvait peut-Étre se dÄfendre ê l'Äpoque paternaliste des premiers temps de la G.M.A., mais devint de plus en plus intolÄrable pour les milliers de mineurs et de manoeuvres qui affluÅrent vers les mines aprÅs 1880. La haine quasi universelle des mineurs pour ce systÅme oppressif, et particuliÅrement pour la version pratiquÄe par la DOMCO et, plus tard la BESCO, fut un facteur clÄ de la solidaritÄ qui caractÄrisa fortement les mineurs aprÅs 1900 et en particulier au cours des conflits sociaux prolongÄs des annÄes 20.
  86.  
  87.      Comme les nouveaux conglomÄrats en vinrent ê dominer l'industrie au XXe siÅcle, ce fut de plus en plus Ävident que les ouvriers devaient se donner les moyens d'intervenir avec plus de force dans la dÄtermination des conditions de travail et des salaires. Au cours des 10 annÄes qui prÄcÄdÅrent la PremiÅre Guerre mondiale, il y eut une sÄrieuse concurrence interne pour le soutien des mineurs, mise en Ävidence en 1909 par une longue grÅve d'affiliation. Finalement, le syndicat amÄricain United Mine Workers of America, choix des nouveaux mineurs, fut complÅtement rÄorganisÄ en 1919. L'U.M.W. se fit beaucoup plus militant que son prÄdÄcesseur, la P.W.A. Les conflits de la pÄriode d'avant-guerre -- sauf pour la grÅve de 1909 -- n'Ätaient rien en comparaison des conflits presque continuels du dÄbut des annÄes 20. La dÄtermination de la BESCO de ramener les salaires au niveau d'avant-guerre provoqua une sÄrie de grÅves qui forìa les employeurs ê capituler en 1922. Finalement, en 1925, aprÅs une autre longue grÅve, les mineurs forcÅrent le gouvernement ê former une commission royale d'enquÉte pour Ätudier toute la question des relations entre les mineurs, la compagnie et le gouvernement.
  88.  
  89.      Comme les grands progrÅs techniques de la fin du XIXe siÅcle et du dÄbut du XXe ne visaient pas tant l'abattage proprement dit du charbon que sa sortie des mines, l'augmentation de la production ne pouvait Étre obtenue que par l'ouverture de nouvelles mines plus grandes et par l'embauche de travailleurs supplÄmentaires. De fait, c'est dans l'industrie de la houille que le nombre des nouveaux emplois augmenta le plus rapidement dans la province entre 1890 et 1920. Au moment de la ConfÄdÄration, l'industrie charbonniÅre de la Nouvelle-âcosse employait environ 3 000 hommes. Au dÄbut de la PremiÅre Guerre mondiale, ce nombre dÄpassait 12 000; l'industrie charbonniÅre et sa parente, la sidÄrurgie, occupaient alors plus d'un cinquiÅme de la population active de la Nouvelle-âcosse. Cette rÄalitÄ, jointe ê l'importance des redevances pour le TrÄsor provincial, faisait de l'industrie charbonniÅre la plus importante de la province, et les relations entre mineurs et compagnies houillÅres devinrent une prÄoccupation primordiale pour le gouvernement. Dans la perspective d'un conflit de travail ou au premier signe d'une interruption de la production normale, le gouvernement provincial Äpousait les intÄrÉts des compagnies et intervenait en leur faveur. Pour leur part, les mineurs prenaient de plus en plus ê leur compte les objectifs des ÄlÄments les plus militants du mouvement ouvrier: reconnaissance pleine et entiÅre des droits de nÄgociation de leurs reprÄsentants Älus, diminution des heures de travail, augmentation de salaire, amÄlioration des conditions de travail dans les mines et limitation du pouvoir discrÄtionnaire des compagnies.
  90.  
  91.      Les mineurs survÄcurent aux troubles des annÄes 20 sans rien perdre de leur esprit collectif, qui avait pourtant souffert quelques meurtrissures. ╦ certains moments, leurs collectivitÄs semblaient assiÄgÄes. L'intransigeance de la BESCO, appuyÄe activement par les gouvernements provincial et fÄdÄral, amena les mineurs ê dÄfendre leurs intÄrÉts par tous les moyens ê leur disposition. Les villes miniÅres devinrent presque une seconde place de rÄsidence pour les militaires envoyÄs pour contribuer au maintien de l'ordre et protÄger la propriÄtÄ des magnats du charbon. Au cours des annÄes 20, ê maintes reprises, les diffÄrents paliers de gouvernement appuyÅrent la dÄtermination de la compagnie ê s'opposer par la force aux demandes des mineurs. Par ailleurs, les administrations municipales des villes houillÅres Ätaient passÄes de plus en plus sous l'influence des mineurs, et leurs dirigeants acceptaient de moins en moins de cÄder aux pressions de la compagnie. Cette situation accentua la dÄpendance de la compagnie sur les autoritÄs fÄdÄrales et provinciales en pÄriode de crise. Les grÅves donnaient inÄvitablement lieu ê la confrontation et occasionnellement ê la violence, et les mineurs Ätaient dÄterminÄs ê obtenir des concessions en faisant fermer les mines, alors que la compagnie et le gouvernement semblaient Ägalement dÄterminÄs ê contrecarrer leurs desseins.
  92.  
  93.      Face ê cette immense opposition, les mineurs persÄvÄrÅrent, formulant et promulguant leur propre conception unanime du systÅme capitaliste et adoptant des positions de plus en plus radicales face ê l'industrie du charbon.
  94.  
  95.      En Ätablissant leur droit de faire la grÅve pour obtenir les augmentations de salaires et l'amÄlioration de leurs conditions de travail, les mineurs firent progresser la position des travailleurs dans tout le pays. Leur attitude fut une rÄaction universelle ê la perte de leur autoritÄ sur le lieu de travail au cours d'une pÄriode de transformation rapide. Le fait qu'ils n'aient pas atteint leurs objectifs immÄdiats et les longs troubles Äconomiques que connut l'industrie au cours des annÄes suivant la PremiÅre Guerre mondiale ne tÄmoignent pas de leur faiblesse, mais plutÖt de la vÄnalitÄ d'une compagnie gÄante et des dÄfauts inhÄrents ê une stratÄgie industrielle, prenant place au centre du Canada, qui accordait peu de place ê l'amÄnagement de centres industriels rÄgionaux, fondement du problÅme. Quand la production se rÄvÄlait supÄrieure ê la demande nationale, non seulement dans les charbonnages mais aussi dans les aciÄries et dans une foule d'industries secondaires, on laissait l'Äconomie gÄnÄrale dÄpÄrir et dÄpendre de plus en plus des largesses du gouvernement fÄdÄral. La situation ne pouvait qu'amener une rÄÄvaluation continuelle des consÄquences des politiques nationales sur la rÄgion.  
  96.  
  97.