Cet essai offre un aperτu des ΘvΘnements qui se sont dΘroulΘs en Ontario durant 11 000 ans. L'auteur s'est efforcΘ d'employer un langage simple et d'Θviter les concepts abstraits; sa tΓche a consistΘ α rendre clair ce qui est en rΘalitΘ obscur et complexe et, d'autre part, α retenir une seule interprΘtation, alors qu'il en existe plusieurs qui sont contradictoires. NΘanmoins, la plupart des archΘologues souscriront aux idΘes de fond qui sont prΘsentΘes.
L'archΘologie est une discipline qui reconstitue l'Θvolution de l'homme et ses rΘalisations avant l'apparition des documents Θcrits. MΩme si Samuel de Champlain fut en mesure de faire de prΘcieuses observations sur les Hurons avec qui il hiverna en 1615-1616, il fut incapable d'expliquer leurs origines, comment ils avaient appris α cultiver le ma∩s, les haricots et la courge, ou encore quand ils commencΦrent α fumer. Le r⌠le de l'archΘologue consiste α Θlucider ces mystΦres. Pour y parvenir, les archΘologues ont mis au point un vaste Θventail de techniques de travail sur le terrain et en laboratoire qui permettent de reconstituer les cultures d'antan. Ces reconstitutions ne sont Θvidemment que des approximations grossiΦres, mais avec les nouveaux ΘlΘments qui viennent constamment s'y ajouter, elles se modifient sans cesse et, en gΘnΘral, se raffinent.
La masse considΘrable d'objets qu'Θtudient les archΘologues consistent surtout en outils fragmentaires et en ossements provenant de dΘpotoirs. En fait, les archΘologues sont de simples collectionneurs et analystes de ½dΘchets prΘhistoriques╗. Cependant, la plupart des cultures qu'ils tentent de reconstituer sont depuis longtemps disparues. Si vous jetez un coup d'oeil autour de vous dans la piΦce o∙ vous lisez actuellement et faites abstraction de tout ce qui vous entoure, sauf du verre, de la porcelaine, de la brique et de quelques autres objets impΘrissables, vous vous rendrez compte du peu de donnΘes dont disposera l'archΘologue de demain pour analyser notre propre culture. Toutefois, un assez grand nombre d'indices Θchappent aux ravages du temps et de la nature pour permettre aux archΘologues de lever le voile sur le passΘ. La fabrication des outils en pierre et en os, la construction des maisons et l'inhumation des morts variaient d'une culture prΘhistorique α l'autre. Certains groupes Θtaient axΘs sur la chasse, d'autres sur l'agriculture; quelques-uns Θtaient orientΘs vers la fabrication de cΘramiques, d'autres pas. C'est prΘcisΘment cette myriade de similitudes et de diffΘrences qui permet α l'archΘologue de distinguer les divers groupes culturels prΘhistoriques et d'Θvoquer leur Θvolution dans le temps.
Lorsqu'ils traitent des cultures prΘhistoriques, les archΘologues commencent habituellement par les plus anciens groupes connus pour arriver ensuite α la pΘriode historique, qui correspond α l'Θpoque des rΘcits que nous lΘguΦrent les explorateurs europΘens. En procΘdant ainsi, ils peuvent passer du plan simple (ignorance) au plus complexe (connaissance). Cependant, lorsqu'il s'agit d'Θtablir des rapports, ils partent souvent de la pΘriode historique et remontent progressivement jusqu'α la prΘhistoire. En d'autres termes, ils vont du connu α l'inconnu.
AprΦs avoir ΘtΘ repΘrΘs, les villages autochtones de l'Φre historique dΘcrits par les premiers explorateurs et missionnaires ont pu Ωtre attestΘs par la prΘsence d'objets de troc europΘens et d'autres indices. Les objets en terre cuite, en pierre et en os des AborigΦnes, trouvΘs α c⌠tΘ des outils en mΘtal et des perles en verre des EuropΘens, sont ensuite comparΘs α ceux d'un site voisin ne contenant pas d'objets europΘens; s'il y a similitude, on peut supposer que le dernier site a ΘtΘ occupΘ par les ancΩtres de la population qui y vΘcut. Les piΦces et autres vestiges recueillis dans le village prΘhistorique sont ensuite comparΘs α ceux d'autres villages, et partant de l'hypothΦse selon laquelle le degrΘ de similitude traduit un lien dans le temps, il est possible de remonter dans le passΘ en suivant une chaεne de sites successifs ayant comme point de dΘpart les sites historiques identifiΘs. Cette sΘrie de sites reprΘsente l'Θvolution prΘhistorique d'une population qu'ont identifiΘe les documents historiques. L'avantage apprΘciable de cette mΘthode tient au fait qu'elle permet aux archΘologues d'Θtablir des reconstitutions plus justes sur la culture des Autochtones en recourant α des Θtudes historiques et contemporaines. En effet, les quelques vestiges exhumΘs des sites prΘhistoriques ne pourraient nous fournir de telles donnΘes.
Pour recrΘer l'histoire α partir des documents vagues et fragmentaires lΘguΘs par l'homme prΘhistorique, l'archΘologue doit se transformer en homme α tout faire. Ainsi, il doit possΘder suffisamment de connaissances en gΘologie pour distinguer ce qui est l'oeuvre de l'homme de celle de la nature, pour identifier les diffΘrentes variΘtΘs de roches, et pour analyser la formation et l'Θvolution des sols; une connaissance suffisante de la biologie doit lui permettre d'identifier et d'expliquer les restes animaux et vΘgΘtaux. Des notions de chimie, de physique, de mathΘmatique et de plusieurs autres disciplines sont en outre indispensables α la recherche archΘologique.
Cependant, l'archΘologue doit avant tout s'efforcer de mieux connaεtre et comprendre l'homme. Les outils fragmentaires dΘcouverts autour des anciens campements ne sont que des dΘchets. Les contours imprΘcis et autres traits caractΘristiques des maisons anciennes ne constituent que l'ombre de ce qui existait. Mais tout cela est l'oeuvre du gΘnie crΘateur de l'homme.
Le Nord et le Sud de l'Ontario et les pΘriodes archΘologiques
La division de l'Ontario en deux grandes rΘgions, le Nord et le Sud, permet de mieux cerner la prΘhistoire des AmΘrindiens qui occupΦrent jadis la province. Presque toute la rΘgion septentrionale fait partie du Bouclier canadien et est surtout couverte par des forΩts de conifΦres, alors que la rΘgion mΘridionale se compose principalement de feuillus.
└ la faveur de son climat plus doux, le Sud de l'Ontario a toujours ΘtΘ beaucoup plus densΘment peuplΘ que le Nord, caractΘrisΘ par des conditions plus rigoureuses. Les mΩmes conditions persistent de nos jours, tel que le dΘmontre l'emplacement des noyaux de populations. Les richesses archΘologiques qui se trouvent dans le Sud sont plus difficiles α identifier, en raison d'interactions trΦs complexes entre les divers groupes culturels qui s'y implantΦrent et d'autres venus de l'extΘrieur. En revanche, le Nord est caractΘrisΘ par une grande homogΘnΘitΘ culturelle, ce qui permet de tirer certaines conclusions α partir de donnΘes archΘologiques relativement limitΘes. Les indices dont nous disposons tendent α prouver que la prΘhistoire de ces deux rΘgions s'est dΘroulΘe de faτon trΦs diffΘrente depuis les temps les plus reculΘs jusqu'α la pΘriode historique. Il y eut certes des Θchanges culturels entre les populations limitrophes de ces deux rΘgions mal dΘfinies, mais qui auraient ΘtΘ relativement peu dΘterminants.
La prΘhistoire de l'Ontario se divise en quatre pΘriodes: le PalΘo-Indien (9 000 α 5 000 av. J.-C.), l'Archa∩que (5 000 α 1 000 av. J.-C.), le Sylvicole initial (1 000 av. J.-C. α 1 000 apr. J.-C.) et enfin, le Sylvicole tardif (de l'an 1 000 apr. J.-C α la pΘriode historique). Cette derniΦre pΘriode prit fin peu de temps aprΦs l'arrivΘe des EuropΘens qui introduisirent les documents Θcrits dΘcrivant les populations autochtones, ce qui marque les dΘbuts de l'Φre historique.
Les pΘriodes susmentionnΘes sont les divisions arbitraires choisies par les archΘologues afin de faciliter l'Θtude des quelque onze millΘnaires de prΘhistoire ontarienne. Il serait pratique de pouvoir dΘcouper le temps en quatre pΘriodes distinctes et de les traiter indΘpendamment les unes des autres. Or, la rΘalitΘ n'est pas aussi simple et il nous faut tenir compte de zones obscures entre ces quatre grandes pΘriodes et α l'intΘrieur de chacune d'elles. Toutes possΦdent cependant des caractΘristiques qui leur sont propres.
La pΘriode palΘo-indienne
(9 000 α 5 000 av. J.-C.)
En archΘologie, on a dΘsignΘ de ½Clovis╗ les premiers habitants de l'Ontario. La culture de Clovis couvrait tout le continent nord-amΘricain, α l'est des Rocheuses, et s'Θtendait au sud jusqu'en AmΘrique centrale. D'aucuns croient que ces peuples traversΦrent d'Asie en AmΘrique du Nord α une Θpoque o∙ les deux continents Θtaient rΘunis par un isthme assez large dans la rΘgion connue de nos jours comme le dΘtroit de Bering. La similitude des vestiges archΘologiques recueillis sur une trΦs vaste Θtendue rΘvΦle une occupation rapide de l'AmΘrique du Nord. Les populations qui habitaient l'Ontario Θtaient sans doute des chasseurs de caribou et, semble-t-il, de mammouth et de mastodonte, maintenant disparus. Des pointes de jet propres α cette culture furent trouvΘes dans le Sud de l'Ontario seulement, car le Nord Θtait encore recouvert par le glacier continental α l'Θpoque. Des campements jadis occupΘs par les chasseurs furent rΘcemment mis au jour le long de la ligne de rivage du lac Algonquin, ancien lac glaciaire couvrant une partie du Sud de l'Ontario et qui, aujourd'hui, est assΘchΘ.
└ la culture de Clovis succΘda la culture de Plano. Il semble qu'elle se soit surtout dΘveloppΘe dans les Plaines et qu'elle ait pΘnΘtrΘ l'Ontario septentrionale par l'ouest et un peu aussi par le sud-ouest. Les peuples de cette culture Θtaient Θgalement chasseurs de gros gibier. Nombre de carriΦres occupΘes par ces populations furent dΘcouvertes le long des rives des lacs SupΘrieur et Huron, o∙ des pierres telles que la taconite et le quartzite servirent α la fabrication d'outils. Ces carriΦres, autrefois situΘes sur la rive du lac, se trouvent maintenant α environ six milles α l'intΘrieur des terres et α quelque 200 pieds au-dessus du niveau actuel du lac SupΘrieur. L'archΘologue en quΩte de gisements palΘo-indiens doit donc avoir des notions de gΘologie pour comprendre les phΘnomΦnes qui modifiΦrent le niveau des lacs et la configuration du terrain.
Les outils typiques des cultures de Clovis et de Plano comprennent des pointes de jet servant α abattre le gibier, des couteaux α dΘpecer, des grattoirs utilisΘs pour faτonner des outils en bois et en os et pour apprΩter les peaux, et enfin des becs pour le travail dΘlicat du bois.
Reconstituer le mode de vie de ces anciens chasseurs α partir des quelques outils de pierre qui ont survΘcu aux annΘes reprΘsente une tΓche considΘrable. D'aprΦs ce que nous connaissons du climat d'alors, nous pouvons dΘduire que les PalΘo-Indiens portaient des vΩtements en peaux et construisaient des cabanes pour se protΘger contre les intempΘries. Leurs croyances religieuses Θtaient sans doute Θtroitement liΘes au succΦs de la chasse dont dΘpendait leur survie. Pendant presque toute l'annΘe, ils chassaient en petits groupes isolΘs de familles, mais se rΘunissaient pΘriodiquement en bandes lorsque le gibier Θtait plus abondant, notamment lors des dΘplacements saisonniers des caribous.
Les cultures palΘo-indiennes continuΦrent d'exister, mais leur Θvolution amena les archΘologues α les dΘsigner autrement. Dans l'est de l'AmΘrique du Nord, la culture de Clovis donna naissance α diverses traditions archa∩ques; dans l'ouest, la culture de Plano, qui provenait de celle de Clovis, engendra, α son tour, plusieurs cultures qui ont ΘtΘ regroupΘes pour constituer la pΘriode archa∩que.
La pΘriode de l'Archa∩que
(5 000 α 1 000 av. J.-C.)
Il y eut en Ontario deux cultures archa∩ques fort diffΘrentes l'une de l'autre. Dans le nord de la province, on retrouve la culture archa∩que du Bouclier, vraisemblablement issue de la culture de Plano et dont elle conserva presque intΘgralement le mode de vie. Cette culture tire son nom des sites mis au jour sur une vaste Θtendue du Bouclier canadien, allant du Labrador au nord du Manitoba, jusqu'au district de Keewatin au centre des Territoires du Nord-Ouest. On se nourrissait surtout de caribou et de poisson, mais aussi d'ours, de castor, de liΦvre et de gibier d'eau.
Soulignons cependant que ces ΘnoncΘs ne sont que conjectures, car l'aciditΘ des sols n'a ΘpargnΘ que peu d'ossements. L'emplacement de ces sites le long des cours d'eau et dans les εles porte α croire que les populations du Bouclier utilisaient un type quelconque d'embarcation, probablement le canot d'Θcorce de bouleau. Afin de pouvoir se dΘplacer dans la neige profonde de l'hiver, elles fabriquaient sans doute des raquettes. En bref, leur mode de vie semble sur bien des points analogue α celui des populations algonquiennes qui habitaient le nord au dΘbut de l'Φre historique. En effet, on a avancΘ une hypothΦse selon laquelle les Saulteux, les Cris, les Algonquins et les Montagnais tiraient leur origine de la culture du Bouclier.
Les forΩts de feuillus du Sud de l'Ontario Θtaient occupΘes par des habitants, dont la culture Θtait tout α fait diffΘrente de celle de leurs voisins du Nord et qu'on dΘsigna de populations de la tradition archa∩que laurentienne. Ils se nourrissaient de chevreuils, d'Θlans, d'ours et de castors qu'ils chassaient avec des chiens et complΘtaient leur alimentation avec du petit gibier, du poisson, des crustacΘs et des baies. Ils fabriquaient, outre des pointes de projectile, des couteaux et des grattoirs en pierre taillΘe, des haches et des herminettes en pierre polie pour travailler le bois, ainsi que des pointes en ardoise polie, des lances et des couteaux et un vaste Θventail d'objets en os tels que harpons, ciseaux, hameτons, alΩnes, aiguilles, perles et peignes. Le troc avec les populations archa∩ques du Bouclier leur procura du cuivre natif du lac SupΘrieur qu'ils employaient pour fabriquer des pointes de jet, des alΩnes, des aiguilles, des bracelets, des perles, des herminettes et maints objets pratiques ou dΘcoratifs.
D'aprΦs des fouilles effectuΘes dans des cimetiΦres archa∩ques laurentiens des rΘgions frontaliΦres du QuΘbec et de l'╔tat de New York, nous savons que ces populations Θtaient robustes et que rares Θtaient les fractures, l'arthrite et les pertes de dents dues α des infections des gencives. On a constatΘ quelques cas de mort violente: fractures du crΓne, pointes de jet logΘes dans les os ou la poitrine, et squelettes dΘcapitΘs. Il est mΩme attestΘ qu'une opΘration, ratΘe, s'est dΘroulΘe dans l'╔tat de New York pour extraire le f√t d'une pointe de jet logΘe dans le front d'un homme.
Les populations de la tradition archa∩que laurentienne participaient α un vaste rΘseau commercial: d'o∙ leurs objets de parure faits de conques du golfe du Mexique, de perles de coquillage de la C⌠te atlantique, de cuivre du lac SupΘrieur et de silex Θtranger provenant de sources trΦs diverses. Il est α peu prΦs certain que ces piΦces furent introduites dans le Sud de l'Ontario par le troc plut⌠t que par des groupes de commerτants qui auraient parcouru les grandes Θtendues de l'AmΘrique du Nord.
On ne possΦde aucune donnΘe sur le type d'habitations des populations de la tradition archa∩que laurentienne de l'Ontario. Cela n'est guΦre Θtonnant, car les sites fouillΘs par des archΘologues n'Θtaient que des campements saisonniers faits de constructions temporaires qui n'ont laissΘ aucune trace. Par ailleurs, il est Θgalement prouvΘ qu'α la suite d'un rΘchauffement du climat survenu il y a plus de 5 000 ans, l'ΘtΘ se serait prolongΘ d'un mois, rendant d'autant moins nΘcessaire la construction d'habitations plus rΘsistantes. Toutefois, vers la fin de l'automne, les familles se dispersaient pour gagner leur territoire de chasse respectif pour l'hiver, o∙ elles bΓtissaient probablement des maisons plus solides. Celles-ci Θtaient, semble-t-il, trΦs petites, ce qui expliquerait pourquoi aujourd'hui l'archΘologue a tant de mal α les repΘrer, plusieurs milliers d'annΘes aprΦs qu'elles furent abandonnΘes.
La pΘriode du Sylvicole
(1 000 av. J.-C. α la pΘriode historique)
L'apparition de vases en poterie dans les sites de l'Ontario marqua le dΘbut de la pΘriode du Sylvicole. C'est l'ΘvΘnement culturel le plus important de cette pΘriode. Durable et souvent abondante (une seule piΦce donne de nombreux tessons), la cΘramique fournit α l'archΘologue un moyen pratique de distinguer les sites sylvicoles (prΘsence de cΘramique) des sites archa∩ques ou plus anciens encore (absence de cΘramique). Il existe maintenant maintes preuves attestant que la culture laurentienne et la culture archa∩que du Bouclier s'adonnaient α la poterie, et pour faciliter la tΓche de l'archΘologue, elles ont ΘtΘ regroupΘes sous le vocable de ½culture du Sylvicole╗. Il n'y a pas de rupture dans l'Θvolution culturelle qui s'Θtend de la pΘriode palΘo-indienne α la pΘriode archa∩que.
DΦs l'an 2 000 av. J.-C., on fabriquait des rΘcipients en terre cuite dans le sud-est des ╔tats-Unis. En l'an 1 000 avant notre Φre, les techniques de fabrication de la poterie gagnΦrent le Nord et atteignirent plusieurs rΘgions du Sud de l'Ontario.
La pΘriode du Sylvicole est bien mieux connue que les pΘriodes archa∩que et palΘo-indienne qui la prΘcΦdΦrent, car elle fut, selon toute Θvidence, marquΘe par une expansion dΘmographique, d'o∙ une augmentation du nombre de sites; en outre, les vestiges archΘologiques de cette Θpoque rΘsistΦrent davantage aux ravages du temps. Afin de faciliter l'Θtude de cet imposant corpus, la pΘriode du Sylvicole a ΘtΘ divisΘe en deux: le Sylvicole initial et le Sylvicole tardif. Le Sylvicole initial englobe les peuples des traditions archa∩ques qui s'adonnΦrent α la poterie entre 1 000 et 700 av. J.-C. ainsi que leurs descendants jusqu'α environ 1 000 apr. J.-C. Le Sylvicole tardif recouvre les cultures prΘhistoriques, ancΩtres des populations autochtones historiques telles que les Cris et les Hurons. └ mesure que progresseront les recherches archΘologiques, le Sylvicole tardif couvrira probablement une pΘriode plus reculΘe, et l'an 1 000 av. J.-C., point de dΘmarcation entre les deux Sylvicoles, devra donc Ωtre modifiΘ en consΘquence.
La pΘriode du Sylvicole initial
(1 000 av. J.-C. α 1 000 apr. J.-C.)
Cinq cultures principales appartenant au Sylvicole initial ont ΘtΘ identifiΘes en Ontario: Meadowood, Pointe PΘninsule, Saugeen et Pointe Princesse dans le Sud de l'Ontario et les rΘgions limitrophes du QuΘbec et de l'╔tat de New York, et enfin, la culture de Laurel dans le Nord de l'Ontario et les provinces et Θtats voisins.
La culture de Meadowood semble s'Ωtre fixΘe au sud de l'Ontario dans les rΘgions frontaliΦres α partir de son foyer principal situΘ au QuΘbec et dans l'╔tat de New York. Des rΘcipients en poterie attribuΘs α cette culture furent trouvΘs dans presque tout le Sud de l'Ontario, mais gΘnΘralement en parallΦle avec des vestiges appartenant aux cultures de Pointe PΘninsule et de Saugeen. Le peu que l'on sait de la culture de Meadowood provient de sites du QuΘbec et de l'╔tat de New York, particuliΦrement des cimetiΦres dΘcouverts par accident. Les rites de sΘpulture de la fin de la pΘriode archa∩que se poursuivirent et se raffinΦrent, et l'incinΘration devint pratique courante. Les sΘpultures renfermaient souvent un riche mobilier funΘraire en pierre et en cuivre et un nombre considΘrable de lames en silex triangulaires, taillΘes avec soin, dans le seul but d'Ωtre placΘes dans les tombes. En outre, des minΘraux naturels tels que l'hΘmatite, la limonite et le graphite utilisΘs pour peindre le corps et certains objets furent frΘquemment retrouvΘs dans les sΘpultures. La culture de Meadowood se dΘveloppa de l'an 1000 α 500 av. J.-C., puis se transforma progressivement pour s'intΘgrer α la culture de Pointe PΘninsule.
La culture de Pointe PΘninsule occupa le Sud de l'Ontario et s'Θtendit de Toronto vers l'est jusqu'au QuΘbec et α l'╔tat de New York pendant environ 1 000 ans, soit de 700 av. J.-C. α 700 de notre Φre. Plusieurs villages et cimetiΦres appartenant α la tradition de Pointe PΘninsule furent mis au jour. La plupart n'Θtaient que de petits camps, sauf quelques-uns dont la superficie couvrait plusieurs acres. Il s'agissait manifestement de campements saisonniers qui furent non seulement occupΘs par des gΘnΘrations successives de la culture de Pointe PΘninsule, mais aussi par d'autres peuplades qui la prΘcΘdΦrent et la suivirent. Ces lieux recelaient d'ordinaire d'abondantes ressources alimentaires saisonniΦres, notamment d'esturgeons du printemps, ce qui attira les pΩcheurs pendant plusieurs millΘnaires.
Les populations de Pointe Peninsule frΘquentΦrent ainsi les mΩmes emplacements saisonniers que leurs ancΩtres de la culture archa∩que. Ils apportΦrent assurΘment des changements internes, notamment dans la fabrication de leurs outils; on assista α l'abandon de certaines pratiques et α l'adoption de nouvelles idΘes. Mais dans l'ensemble, ils ne connurent pas de changements majeurs; on s'imagine de petits groupes de chasseurs se dΘplaτant inlassablement d'un campement α l'autre pour assurer leur subsistance sans se soucier outre mesure des ΘvΘnements qui se dΘroulaient α l'extΘrieur de leur territoire immΘdiat. Vers le dΘbut de l'Φre chrΘtienne, les populations de la culture de Pointe PΘninsule subirent l'influence d'idΘes nouvelles concernant les rites funΘraires. Originaires de la culture Hopewell dans la rΘgion de l'Ohio, ces idΘes α caractΦre religieux leur parvinrent via l'╔tat de New York. Le changement le plus remarquable empruntΘ au Sud fut la tradition des monticules funΘraires. Au cours de cette pΘriode, les piΦces trouvΘes dans les sΘpultures consistΦrent principalement en objets de silex provenant de l'Ohio, de la Pennsylvanie et de l'est de l'╔tat de New York. Les anciens rΘseaux d'Θchanges de conques du golfe du Mexique et de la c⌠te de l'Atlantique α l'est et de cuivre natif du lac SupΘrieur, qui furent Θtablis α la pΘriode archa∩que, demeurΦrent inchangΘs. Des objets en catlinite de l'Ohio et en argent de Cobalt (Ontario) apparaissent dans les sΘpultures. D'autres, provenant de la vallΘe de l'Ohio, tels des boucles d'oreille en cuivre, des pipes en pierre, des fragments ciselΘs de crΓnes de loups et d'ours (probablement des ΘlΘments de coiffure) et des ½fl√tes de Pan╗ en cuivre font Θgalement leur apparition. La manifestation la plus impressionnante de ces nouvelles pratiques funΘraires est certes le monticule du Serpent, long de 194 pieds, dΘcouvert au lac Rice au sud-est de Peterborough. Cependant, dans le Sud de l'Ontario, les sites o∙ l'on a dΘcouvert des tertres et des signes de cΘrΘmonial de Hopewell sont relativement peu nombreux et confinΘs α la vallΘe du Saint-Laurent et aux limites mΘridionales de la province.
La culture de Saugeen se dΘveloppa dans le Sud de l'Ontario, concurremment avec la culture de Pointe PΘninsule, ainsi que dans la rΘgion situΘe entre les lacs Huron et ╔riΘ, α l'ouest de Toronto. Cette culture, trΦs proche de celle de Pointe PΘninsule, s'en distingua par une lΘgΦre diffΘrence dans l'ascendance archa∩que et la situation gΘographique.
La plupart des villages et campements de la culture de Saugeen dΘcouverts jusqu'α prΘsent furent trouvΘs en bordure de rapides ou α l'embouchure de riviΦres et de ruisseaux se dΘversant dans les lacs Huron et ╔riΘ. Les ossements, vestiges alimentaires, qui en furent exhumΘs consistaient surtout en arΩtes de poissons qui frayaient dans les riviΦres avoisinantes, du printemps au dΘbut de l'ΘtΘ. Ces sites constituaient sans doute les emplacements saisonniers o∙ sΘjournaient pΘriodiquement les populations de Saugeen; il s'agissait de lieux de pΩche privilΘgiΘs o∙ se rΘunissaient au printemps plusieurs familles pour former une petite communautΘ. Ils saisissaient sans doute ces occasions pour cΘlΘbrer les mariages et les autres cΘrΘmonies auxquelles Θtait conviΘe toute la population. Ils occupaient probablement ces villages pendant l'ΘtΘ et une partie de l'automne. C'est sans conteste la premiΦre fois que des maisons rectangulaires aussi grandes, munies de foyers et de fosses furent identifiΘes α partir des traces laissΘes dans le sol par les murs et les pieux intΘrieurs. Selon toute vraisemblance, ces villages Θtaient abandonnΘs α la venue de l'hiver. C'est alors que les familles se dispersaient pour regagner leur territoire de chasse respectif. Ces migrations Θtaient essentielles α la survie, car faute de rΘserves alimentaires, notamment de ma∩s, de nombreuses familles ne pouvaient se nourrir pendant l'hiver et devaient se disperser α travers le pays.
Bien que la naissance de la culture Saugeen, issue du peuple archa∩que aux alentours de 700 av. J.-C., soit bien documentΘe, son sort reste un mystΦre. Il est possible qu'elle se soit peu α peu transformΘe pour engendrer la culture de Pointe Princesse.
La culture de Pointe Princesse occupa la rive nord du lac ╔riΘ et l'extrΘmitΘ ouest du lac Ontario entre 500 et 1 000 apr. J.-C. On connaεt peu de choses de ces populations, si ce n'est que leurs sites Θtaient petits et souvent situΘs dans des vallΘes fluviales o∙ les sΘdiments dΘposΘs par les crues printaniΦres finissaient par les recouvrir. Un fait est cependant digne de mention: les populations de la culture de Pointe Princesse furent les premiΦres en Ontario α cultiver le mais. Toutes les plantes cultivΘes par les Autochtones furent d'abord domestiquΘes dans des contrΘes trΦs au sud, puis elles pΘnΘtrΦrent progressivement les rΘgions du Nord. Ainsi, le ma∩s, qui Θtait cultivΘ dans le nord du Mexique il y a environ 5 000 ans, ne fut introduit en Ontario que vers l'an 500 apr. J.-C., dans les rΘgions de Windsor et de Niagara. Ces diverses plantes ne s'adaptΦrent que graduellement aux saisons de croissance de plus en plus courtes et au climat de plus en plus rigoureux α mesure qu'elles Θtendaient leur aire de distribution vers le nord. Elles furent en outre introduites individuellement. Ainsi, l'introduction d'une sorte de tabac dans l'est du Canada est antΘrieure α celle du ma∩s d'α peu prΦs 1 000 ans. En revanche, la culture de celui-ci prΘcΘda d'environ 1 000 ans celle du haricot.
Les archΘologues ne font que commencer α se pencher sur les changements qu'engendrΦrent la culture du ma∩s et la sΘdentarisation d'un peuple jusque-lα nomade et chasseur.
Pendant que se dΘroulΦrent dans le Sud de l'Ontario les ΘvΘnements dΘcrits ci-haut, la culture de Laurel se rΘpandit, de 700 av. J.-C. α l'an 1 000 de notre Φre, dans l'ouest du QuΘbec, le centre du Manitoba jusqu'en Saskatchewan ainsi que dans le nord du Minnesota.
Cette culture qui occupa la forΩt borΘale du Bouclier canadien remplaτa la tradition archa∩que du Bouclier, avec en plus l'apport de la cΘramique. La poterie de Laurel est trΦs apparentΘe α celles de Pointe PΘninsule et de Laurel du Sud de l'Ontario, ce qui porte α croire que les populations nordiques empruntΦrent α leurs voisins du sud leurs techniques de fabrication de la cΘramique.
Divers types de grattoirs en pierre pour apprΩter les peaux, travailler le bois ou faτonner les os dominaient l'outillage des populations de Laurel; l'usage des pointes de flΦches, des lances, des couteaux, des percuteurs et des plombΘes de filet Θtait Θgalement assez rΘpandu. Les outils en os comprenaient des alΩnes, des harpons, des couteaux faits d'incisives de castor, des aiguilles α filet servant α fabriquer les raquettes, et des poinτons α poterie. Parmi les objets en cuivre, on a trouvΘ des perles, des bracelets, des alΩnes, des morceaux d'hameτons composites et des ciseaux. Rien n'a subsistΘ de leurs objets en bois, en Θcorce et en cuir qui pourtant constituaient les piΦces les plus communes et les plus raffinΘes de leur culture matΘrielle.
Il appert maintenant que ces chasseurs de l'Γpre forΩt borΘale n'ont pas entiΦrement vΘcu isolΘs du monde extΘrieur. Des vestiges des cultures matΘrielles de Meadowood et de Saugeen ont ΘtΘ trouvΘs dans des gisements de Laurel et vice versa. Dans l'ouest, entre le lac SupΘrieur et la frontiΦre du Manitoba, plus particuliΦrement en bordure de la riviΦre α la Pluie, les populations de Laurel ont construit nombre de tumulus, hauts de 24 pieds sur, souvent, plus de 100 pieds de diamΦtre, qui constituent les structures les plus imposantes de toute la prΘhistoire ontarienne. Il n'y a aucun doute que le rituel des tertres funΘraires a ΘtΘ transmis α la culture de Laurel par la tradition de Hopewell, du sud du Minnesota. Il semble cependant que ce rite funΘraire n'ait eu qu'une diffusion trΦs restreinte, du moins chez les populations de Laurel. En effet, ces tumulus ne se retrouvent que dans une petite partie du Nord de l'Ontario et sont tout α fait absents dans les zones limitrophes du QuΘbec et du Manitoba.
Cette brΦve description de la culture de Laurel termine notre survol de la pΘriode du Sylvicole initial. Comme vous le constaterez α la lecture de la section suivante, les cultures qui lui ont succΘdΘ sont, selon toute probabilitΘ, directement issues de celles de cette pΘriode.
La pΘriode du Sylvicole tardif
(an 1 000 av. J.-C. α la pΘriode historique)
Trois groupes principaux seront ΘtudiΘs dans cette section. Ce sont, au Sud de l'Ontario, la tradition iroquoienne de l'Ontario qui a donnΘ naissance aux peuples historiques hurons, pΘtuns, neutres, ΘriΘs, les Iroquois du Saint-Laurent, population que Jacques Cartier rencontra en 1535 mais qui avait disparu lorsque Samuel de Champlain se rendit sur les mΩmes lieux en 1603. Et, enfin, dans le Nord de l'Ontario, nous Θtudierons les populations historiques de langue algonquienne les Cris, les Saulteux et les Algonquins, issues de l'Θvolution de cultures prΘhistoriques.
Les Iroquois de l'Ontario
Le groupe archΘologique le mieux documentΘ en Ontario est indubitablement celui des Iroquois de l'Ontario. Cela ne signifie pas que nous savons tout α leur sujet ou que nous faisons l'unanimitΘ, loin de lα. Cela signifie cependant que de tous les peuples reconnus du point de vue archΘologique dans la province, ce sont les Iroquois de l'Ontario, et plus particuliΦrement les Hurons, sur lesquels nous pouvons nous prononcer avec le plus de certitude.
Des donnΘes archΘologiques indiquent qu'avant la pΘriode s'Θchelonnant de 900 α 1300 de notre Φre, le Sud de l'Ontario Θtait occupΘ par deux populations Θtroitement apparentΘes dont l'alimentation de base, fondΘe sur la culture du ma∩s, Θtait complΘtΘe par la pΩche et la chasse. └ l'est, se trouvait la culture de Pickering qui s'Θtait dΘveloppΘe α partir de la culture de Pointe PΘninsule. └ l'ouest, il y avait la culture de Glen Meyer, directement issue de la culture de Pointe Princesse. L'emplacement de villages palissadΘs sur des collines facilement dΘfendables tΘmoigne d'un Θtat de guerre entre les diverses tribus. La prΘsence des longues-maisons dΘmontre que les grandes rΘsidences multifamiliales avaient remplacΘ les constructions unifamiliales. Les moeurs funΘraires s'orientaient, de toute Θvidence, vers la pratique des fosses communes typiques d'une pΘriode ultΘrieure. En bref, une longue sΘrie de coutumes particuliΦres aux cultures de Glen Meyer et de Pickering prΘsageaient la culture historique iroquoienne.
Vers 1300 apr. J.-C., une partie de la population de Pickering avait Θtendu son territoire vers le sud-ouest et conquis la population de Glen Meyer. Cet ΘlΘment marquant a donnΘ lieu α une culture trΦs analogue dans le Sud de l'Ontario qui se rΘpandit dans le sud-ouest de l'╔tat de New York. C'est de cette racine commune que sont nΘs, au fil des annΘes, les peuples historiques hurons, pΘtuns, neutres et ΘriΘs.
Parmi les principales Θvidences exposΘes par la recherche archΘologique, notons les suivantes: des graines de tournesol, utilisΘes principalement pour leur huile, apparaissent dans les dΘpotoirs dΦs l'an 1300; en 1400, le haricot et la courge entrent dans l'alimentation de base; des signes de cannibalisme sont relevΘs dΦs 1300 et cette pratique atteindra son apogΘe en 1500; l'usage du tabac et de la pipe devient pratique courante dΦs 1350; les villages grossissent et se multiplient aprΦs 1400.
DΦs 1400, on peut dΘceler des mouvements rΘgionaux qui aboutiront α la culture historique des Iroquois de l'Ontario. Les Neutres s'Θtabliront dans la rΘgion situΘe α l'extrΘmitΘ ouest du lac Ontario et les ╔riΘs, dans les environs de la rive sud-est du lac ╔riΘ dans l'╔tat de New York. Un grand nombre de villages situΘs en bordure du rΘseau de riviΦres qui se jettent dans la partie nord du lac Ontario se dΘplaceront progressivement en amont de ces riviΦres pour finalement se joindre α une population apparentΘe α proximitΘ du sud de la baie Georgienne et devenir les ancΩtres des Hurons et des PΘtuns de l'Φre historique.
Le premier contact Θtroit entre les Iroquois de l'Ontario et les EuropΘens eut lieu en 1615 lorsque les RΘcollets, et plus tard les JΘsuites (1625) entreprirent leur mission d'ΘvangΘlisation auprΦs des Hurons et des PΘtuns (mais dans une moindre mesure chez ces derniers). Samuel de Champlain s'engagea en outre dans les guerres qui opposaient les divers peuples de langue algonquienne et iroquoienne. Les Franτais Θtablirent des rapports Θtroits avec le groupe des Hurons-PΘtuns jusqu'en 1649. L'engagement des Iroquois de l'Ontario dans la traite des fourrures et les intrigues politiques des puissances europΘennes fut cependant dΘsastreux pour les Autochtones.La culture de ces populations s'Θteignit entre 1649 et 1654 avec la crΘation de la Ligue des Cinq-Nations comprenant les Agniers, les OnontaguΘs, les Onneiouts, les Tsonnon- touans et les Goyogouins.
Les Iroquois du Saint-Laurent
En 1535, Jacques Cartier visita le village d'Hochelaga situΘ sur l'emplacement actuel de la ville de MontrΘal. En 1603, Samuel de Champlain dΘcouvrit que le village d'Hochelaga et d'autres situΘs sur les rives du Saint-Laurent avaient ΘtΘ abandonnΘs et que la possession de ce territoire donnait lieu α une guerre entre l'alliance Hurons-Algonquiens et la Ligue des Cinq-Nations. Des vestiges archΘologiques attestent qu'entre 1535 et 1603, les Hurons participΦrent α l'extermination des Iroquois du Saint-Laurent. Les sites hurons de cette pΘriode, localisΘs en bordure des riviΦres qui se jettent dans le lac Ontario, abondent souvent en poteries typiques des Iroquois du Saint-Laurent mais non en pipes, ou outils en os, tout aussi caractΘristiques. D'aprΦs les documents historiques, on sait que les peuples iroquoiens adoptaient souvent les femmes et enfants faits prisonniers pendant les guerres mais tuaient les hommes. On sait Θgalement que ce sont les femmes qui fabriquaient les rΘcipients en terre cuite et les hommes, les pipes. Ainsi, la cΘramique iroquoienne du Saint-Laurent trouvΘe dans les gisements hurons fut vraisemblablement fabriquΘe par les Iroquoises du Saint-Laurent gardΘes en captivitΘ puis intΘgrΘes α la sociΘtΘ huronne.
Des sites iroquois du Saint-Laurent ont ΘtΘ mis au jour non seulement au QuΘbec, mais aussi dans quantitΘ de villages situΘs dans l'Est de l'Ontario et l'╔tat de New York, α proximitΘ du fleuve Saint-Laurent. En partant de preuves qu'on possΦde, une hypothΦse a ΘtΘ Θmise selon laquelle les Iroquois du Saint-Laurent se seraient dΘveloppΘs dans la vallΘe supΘrieure du Saint-Laurent α partir d'un groupe rΘgional de la culture de Pointe PΘninsule.
Ces Iroquois cultivaient le ma∩s, le haricot, la courge, le tournesol et le tabac et habitaient dans de grands villages fortifiΘs dont certains pouvaient contenir jusqu'α quarante longues-maisons et abriter prΦs de 2 000 Γmes.
Les Algonquiens
Il serait trΦs pratique de dΘsigner les tribus de langue algonquienne du Nord qui ont occupΘ l'Ontario sous les appellations d'Algonquins, de Saulteux et de Cris. Mais ces noms s'appliquent α des petites bandes indΘpendantes de chasseurs unies par les liens du mariage et du clan et, plus vaguement, par la langue et un mode de vie analogue. Les noms de tribus utilisΘs pour dΘcrire les peuples de langue iroquoienne du Sud de l'Ontario ne peuvent s'appliquer aux populations algonquiennes du Nord de l'Ontario. MalgrΘ ces obstacles, il existe assez de preuves archΘologiques pour diviser le Nord de l'Ontario en trois grandes rΘgions o∙ ΘvoluΦrent les Algonquiens.
La rΘgion orientale
Cette rΘgion est dΘlimitΘe au nord par le lac Abitibi, α l'ouest, par la rive nord-est du lac SupΘrieur et α l'est, par le territoire des Hurons, des PΘtuns, et des Iroquois du Saint-Laurent.
Le style des pipes et de la poterie des Algonquiens de cette rΘgion est analogue, voire identique α celui des Hurons et des PΘtuns. Il appert, en effet, qu'une partie de la population algonquienne de la rΘgion fabriquait, dΦs l'an 800 de notre Φre, des objets en cΘramique selon la tradition de ses voisins iroquoiens. Ces Algonquiens adoptΦrent en outre le style de poterie d'une population apparentΘe habitant le nord du Michigan et du Wisconsin. Les Algonquiens de la rΘgion nord se caractΘrisent par la diversitΘ de leurs poteries. └ l'intΘrieur des petites bandes, il y avait un nombre limitΘ de jeunes filles auxquelles les Algonquiens pouvaient s'unir, si bien qu'ils Θtaient souvent forcΘs de choisir une Θpouse originaire d'une autre rΘgion. Par exemple, imaginons trois frΦres habitant un mΩme village α proximitΘ de l'εle Manitoulin, qui entendaient, au mΩme moment, se marier mais ne pouvaient trouver une compagne au sein de leur petite communautΘ. Ainsi, si le premier de ces hommes prenait Θpouse au lac Nipissing, le deuxiΦme, au nord du Wisconsin et le troisiΦme, α l'extrΘmitΘ occidentale du lac SupΘrieur, ces trois femmes, de langue algonquienne allaient se retrouver au mΩme endroit mais chacune fabriquant un type particulier de poterie.
MalgrΘ les similitudes entre la poterie des Algonquiens de l'Est et celle des Hurons PΘtuns, ces peuples se distinguaient surtout par leurs outils en pierre et en os et un certain nombre d'autres traits culturels.
Plusieurs Algonquiens de l'Est empruntΦrent α leurs voisins de langue iroquoienne la culture du ma∩s mais sans grande conviction. Ils semaient au printemps, abandonnaient les champs pendant l'ΘtΘ et rΘcoltaient en automne ce que les ratons-laveurs, les oiseaux et les insectes leur avaient laissΘ.
La rΘgion occidentale
Cette rΘgion, o∙ l'on trouve la culture algonquienne, s'Θtend du lac SupΘrieur aux terres qui sΘparent le bassin de drainage de la baie d'Hudson de celui des Grands Lacs, y compris le sud du Manitoba et le nord du Minnesota.
Le style de poterie prΘdominant s'est dΘveloppΘ α partir de la poterie de Laurel datant de la pΘriode du Sylvicole initial. Les Algonquiens de la rΘgion occidentale maintinrent aussi la tradition des tumulus qui, comme α l'Θpoque de la culture de Laurel, se limitait α une Θtroite bande situΘe en bordure des frontiΦres de l'Ontario et du Minnesota et se prolongeant α l'est vers l'extrΘmitΘ occidentale du lac SupΘrieur et vers l'ouest α l'intΘrieur du Manitoba.
Les outils en pierre des Algonquiens de l'Ouest et ceux de l'Est prΘsentent beaucoup de ressemblance. Cependant, le premier groupe avait plus facilement accΦs aux dΘp⌠ts de cuivre natif du lac SupΘrieur et les alΩnes, les perles, les bracelets et les couteaux en cuivre Θtaient assez rΘpandus. Ils adoptΦrent, dΦs 950 av. J.-C., la pipe en pierre dont le style typiquement occidental Θtait trΦs diffΘrent de celui des pipes des Iroquoiens de l'Est. Dans les cas assez rares o∙ l'os a triomphΘ des sols acides du Nord, des outils tels que des harpons, des couteaux faits d'incisives de castors et des alΩnes ont ΘtΘ trouvΘs et les vestiges d'ossements comprennent surtout des arΩtes de poissons et des os de gros gibier, notamment de caribou et d'orignal.
Comme chez les Algonquiens de l'Est, plusieurs sites algonquiens de l'Ouest ont livrΘ des objets de troc europΘens, tant franτais qu'anglais. Alors, la pΘriode historique s'amorce.
La rΘgion septentrionale
Cette zone de culture algonquienne Θtait surtout centrΘe sur le nord-central de la Saskatchewan et du Manitoba mais s'Θtendait aussi jusque dans le Nord de l'Ontario. On connaεt trΦs peu de choses sur les Algonquins qui habitΦrent le Nord de l'Ontario. Les quelques donnΘes dont nous disposons portent α croire que ces populations Θtaient fondamentalement semblables aux Algonquiens de l'Ouest si ce n'est qu'ils dΘveloppΦrent une forme particuliΦre de poterie.
Si l'on ignore la poterie et que l'on tient compte uniquement des outils en pierre et en os, les Algonquiens de l'Est, de l'Ouest et du Nord seraient considΘrΘs comme un seul grand complexe archΘologique. La prΘsence, dans cette mΩme rΘgion, de peintures rupestres et de tumulus, qui tous deux avaient une fonction religieuse, confirme cette impression. Les diffΘrentes traditions cΘramiques ont cependant ΘtΘ utiles pour diviser l'immense territoire que couvre le Nord de l'Ontario en trois grandes rΘgions gΘographiques. Les ressemblances culturelles et linguistiques constatΘes chez les Algonquiens qui vivent actuellement dans le Nord de l'Ontario sont fortement reflΘtΘes dans leur prΘhistoire.
Avec l'arrivΘe des EuropΘens et l'avΦnement de documents Θcrits, ½l'ΘpopΘe╗ des Autochtones de l'Ontario passe de la prΘhistoire α l'histoire. Il convient cependant de souligner que leur passΘ appartient surtout α la prΘhistoire qui demeure largement mΘconnue et obscure.