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Text File  |  1994-06-09  |  34KB  |  130 lines

  1. Les Mississagues de New Credit 
  2.  
  3. Donald B. Smith avec le concours de
  4. Bryan LaForme 
  5.  
  6. Introduction 
  7.  
  8.      La presse publie frΘquemment des articles sur la ½condition des Indiens╗, leur pauvretΘ, leur santΘ prΘcaire et leur incapacitΘ gΘnΘrale α s'adapter au ½mode de vie de l'homme blanc╗. Elle souligne des problΦmes rΘels, mais ne raconte que la moitiΘ de l'histoire. Dans un certain nombre d'endroits, des groupes d'autochtones se sont trΦs bien adaptΘs au monde de l'homme blanc. La bande des Mississagues, ou Sauteux, de New Credit est de ceux-lα.
  9.  
  10.      Aujourd'hui, la bande de New Credit, qui compte 600 membres, vit sur un territoire de neuf milles carrΘs, situΘ immΘdiatement α l'ouest de Hagersville, en Ontario. Elle c⌠toie au nord les Iroquois de la Ligue des Six-Nations, ces ½Loyalistes emplumΘs de l'Empire uni╗, arrivΘs au Canada aprΦs la RΘvolution amΘricaine. Au sud, des agriculteurs blancs cultivent la terre que les ancΩtres des Indiens de la bande de New Credit ont cΘdΘe α la Couronne britannique il y a prΦs de deux cents ans.
  11.  
  12.      Pendant presque un siΦcle, de 1700 α 1780 environ, les Mississagues sont les seuls occupants de la rΘgion s'Θtendant de Pointe Longue, sur le lac EriΘ, au cours supΘrieur des riviΦres Thames, Grande, CrΘdit, Humber et Rouge. Les cinq cents Mississagues des annΘes 1780 vivent de la chasse, du piΘgeage et de la cueillette, sur la rive nord-est du lac Ontario. Aujourd'hui, deux siΦcles plus tard, environ quatre millions de personnes habitent leur territoire de chasse. Voici le rΘcit de leur rΘcente histoire, tirΘe des Θcrits laissΘs par les EuropΘens et par un remarquable Mississague, le rΘvΘrend Peter Jones (1802-1856).
  13.  
  14. Les autochtones des Grands Lacs vers 1600 
  15.  
  16.      └ l'arrivΘe des EuropΘens, des reprΘsentants de deux familles linguistiques, les Iroquoiens et les Algiques, occupent l'Ontario d'aujourd'hui. Les Algiques, nomades et migrateurs, dont les reprΘsentants modernes sont notamment les Algonquins, les Cris, les Outaouais et les Sauteux, vivent au nord. Les Iroquoiens sΘdentaires, que les EuropΘens appellent les Hurons (une confΘdΘration regroupant quatre tribus), les PΘtuns et les Neutres, habitent au sud. De l'autre c⌠tΘ du lac Ontario, dans l'╔tat de New York actuel, vivent les Agniers, les Onneiouts, les OnontaguΘs, les Goyogouins et les Tsonnontouans, tous rΘunis dans la ½ConfΘdΘration des Cinq-Nations╗ qui devient la ½ConfΘdΘration des Six-Nations╗ avec l'arrivΘe des Tuscaroras, groupe iroquoien du sud, au dΘbut du XVIIIe siΦcle. Les Iroquoiens, en particulier les Hurons et les membres des Cinq-Nations, ou Iroquois, sont politiquement beaucoup plus organisΘs que les Algiques ΘparpillΘs dans le nord.
  17.  
  18. La vie des Algiques des Grands Lacs supΘrieurs avant l'arrivΘe des EuropΘens 
  19.  
  20.      └ l'inverse des Iroquoiens, autant agriculteurs que chasseurs, les Sauteux du XVIIe siΦcle vivent presque uniquement de la chasse et de la pΩche. Pendant l'hiver, armΘs d'arcs et de flΦches, de piΦges, de collets et de lances, ils se dispersent dans leur vaste territoire de chasse. └ l'approche de l'ΘtΘ, les groupes de familles se rΘunissent aux embouchures des cours d'eau, ou Θtablissent des campements dans des clairiΦres, prΦs des lacs, o∙ les baies, le bois et le poisson abondent. Ils cΘlΦbrent les cΘrΘmonies religieuses sacrΘes de la tribu et, tandis que les hommes vont α la pΩche, les femmes plantent un peu de ma∩s. Les familles se retrouvent aprΦs leur longue sΘparation. Durant l'ΘtΘ, les Sauteux font la rΘcolte de fruits sauvages, tels bleuets, framboises et aronias, et vers les derniΦres semaines de septembre, ils moissonnent une autre des denrΘes de base, le riz sauvage. AprΦs la rΘcolte du riz sauvage, le cycle recommence, et les chasseurs du Nord reprennent leurs quartiers d'hiver.
  21.  
  22.      Au dΘbut du XVIIe siΦcle, les Algiques entretiennent d'Θtroites relations commerciales avec leurs voisins hurons. Les Sauteux troquent leurs canots d'Θcorce, leur viande et leurs fourrures contre le ma∩s des Hurons. Pour les tribus du Nord, l'importance du ma∩s est telle qu'en 1635, un missionnaire franτais appelle la Huronnie ½le grenier de la plupart des Algiques╗. Ces liens commerciaux sont renforcΘs par une solide alliance militaire entre les Algonquins et les Hurons contre les Iroquois des Cinq-Nations, ennemis des Hurons, auxquels ils sont culturellement et linguistiquement apparentΘs.
  23.  
  24. L'hostilitΘ des Algonquins et des Hurons envers les Iroquois 
  25.  
  26.      En 1615, lorsque Samuel de Champlain visite la Huronnie, ses alliΘs Hurons lui apprennent que leur lutte avec les Iroquois date d'un demi-siΦcle. Il se peut qu'une querelle α mort soit α l'origine de cette hostilitΘ intertribale. Par exemple, si un membre d'une tribu Θtait tuΘ, la bande offensΘe se sentait obligΘe de le venger. En outre, la participation α un raid confΘrant un certain prestige, les jeunes hommes avaient souvent hΓte de monter α l'assaut. Une fois le sang versΘ α nouveau, la nouvelle offense aggravait le grief et l'inimitiΘ pouvait s'amplifier pour devenir une guerre intertribale gΘnΘrale, comme celle qui opposait les Hurons aux Iroquois. Une autre cause possible de ce conflit est certes la dispute que se faisaient les tribus pour les territoires de chasse.
  27.  
  28.      L'hostilitΘ que nourrissent les Cinq-Nations envers les Hurons augmente avec l'arrivΘe des EuropΘens. AprΦs le contact avec les commerτants blancs, les deux camps apprennent α apprΘcier les marchandises europΘennes. Les outils mΘtalliques et les vΩtements manufacturΘs leur rendent la vie plus facile et sont immΘdiatement de plus en plus convoitΘs. Jusqu'en 1640, les Iroquois arrivent α piΘger assez de castors pour pouvoir troquer avec les Hollandais. Par la suite, cependant, les animaux α fourrure ont presque disparu de leur territoire. Pour pouvoir obtenir les marchandises dΘsirΘes, il leur faut avoir immΘdiatement accΦs aux fourrures du nord, ce que leur refusent les Hurons (soutenus par les Franτais, peu dΘsireux de voir les fourrures Ωtre dΘtournΘes du Saint-Laurent vers l'Hudson au profit de leurs concurrents hollandais).
  29.  
  30.      Au dΘbut des annΘes 1640, les Iroquois commencent α harceler les brigades huronnes et algiques qui font la navette entre QuΘbec et la Huronnie. Le nombre croissant de fusils qu'ils ont obtenus dans les postes hollandais, anglais et suΘdois de la c⌠te atlantique, leur donne une supΘrioritΘ militaire certaine sur leurs ennemis hurons, que les Franτais, craignant une rΘvolte, refusent en gΘnΘral d'armer. ╔galement affaiblie par la vague d'ΘpidΘmies qui dΘciment plus de la moitiΘ de la population huronne entre 1635 et 1640, la Huronnie se rΘvΦle une cible facile. (Heureusement pour les Iroquois, les nouvelles maladies contagieuses n'avaient pas encore frappΘ avec la mΩme force les communautΘs plus isolΘes des Cinq-Nations.) La Huronnie tombe en 1649.
  31.  
  32.      AprΦs avoir dΘfait les Hurons, les Cinq-Nations attaquent les PΘtuns, les Neutres, puis les Algiques eux-mΩmes, qu'ils forcent α abandonner la rive nord du lac Huron. Pendant prΦs d'un demi-siΦcle, les Iroquois dominent le lac Huron. Ensuite, le vent tourne. Lorsqu'ils se rendent compte que la guerre contre les Franτais a complΦtement ΘpuisΘ la ConfΘdΘration (le nombre de guerriers iroquois a diminuΘ de moitiΘ entre 1687 et 1698), les Algiques contre-attaquent. └ la fin des annΘes 1690, lors d'une sΘrie de batailles, les Sauteux tentent de chasser les Iroquois de leur territoire. UsΘes par cinquante ans de guerre contre les Franτais, les Cinq-Nations flΘchissent et se retirent sur les rives sud des lacs Ontario et EriΘ. 
  33.  
  34. Les ½Mississagues╗ 
  35.  
  36.      Principaux partenaires commerciaux des marchands de fourrures franτais sur les Grands Lacs supΘrieurs α la fin du XVIIe et au dΘbut du XVIIIe siΦcle, les Sauteux prennent une expansion considΘrable au cours du XVIIIe siΦcle. C'est ainsi que le groupe d'Indiens qui a donnΘ son nom aux autres s'Θtablit au-delα du lac SupΘrieur, dans les Prairies, o∙ on les appelle ½Saulteaux╗ ou ½peuple du Sault╗, vocable qui indique leur origine, aux environs du Sault-Sainte-Marie. Une autre bande s'enfonce vers le sud, dans les Θtats actuels du Wisconsin et du Minnesota, o∙ on les appelle aujourd'hui ½Chippewa╗, dΘformation amΘricaine du mot ½Ojibwa╗. D'autres bandes dΘjα citΘes pΘnΦtrent dans le sud-est pour prendre possession des riches territoires de piΘgeage laissΘs vacants aprΦs le dΘpart des Iroquois. Ce groupe prend le nom de ½Mississagues╗. Cette appellation s'appliquait α l'origine α une bande prΘcise vivant prΦs du Sault-Sainte-Marie, en face de l'extrΘmitΘ ouest de l'εle Manitoulin, α proximitΘ de la riviΦre du mΩme nom; mais α partir de cette Θpoque les Franτais l'Θtendent α tous les Algiques Θmigrant vers le sud-est. Les Sauteux qui s'Θtablissent sur la rive nord du lac Ontario, en particulier α l'extrΘmitΘ sud du lac, acceptent cette dΘsignation qui signifie ½embouchures de nombreuses riviΦres╗, appellation qui dΘcrit trΦs bien leur pays. En fait, les Indiens Θtablis sur la rive nord du lac Ontario ont pensΘ par la suite que leur nom faisait allusion aux embouchures des riviΦres Trent, Moira, Shannon, Napanee, Cataraqui et Gananoque.
  37.  
  38. L'influence du commerce des fourrures 
  39.  
  40.      └ partir de la fin du XVIIe siΦcle et tout au long du XVIIIe siΦcle, les autochtones acceptent de plus en plus les marchandises europΘennes. Les guerres iroquoises ont en partie ΘtΘ engendrΘes par le besoin des Cinq-Nations d'acquΘrir des peaux de castor et autres pelleteries qu'elles pourraient ensuite troquer contre des armes, des outils et des vΩtements manufacturΘs. Comme le castor avait pratiquement disparu de leur propre pays, ces Iroquois ont essayΘ de s'assurer le contr⌠le des riches territoires situΘs plus au nord.
  41.  
  42.      Au XVIIIe siΦcle, les Mississagues ont Θgalement adoptΘ de nombreuses marchandises europΘennes. Par exemple, le briquet α silex remplace peu α peu l'ancienne mΘthode d'allumer le feu par friction α l'aide d'un morceau de cΦdre ou de pin sec et d'un petit arc. Beaucoup prΘfΦrent les haches des commerτants aux haches de pierre peu tranchantes, fixΘes α un manche α l'aide de laniΦres et de colle de tΩte d'esturgeon. Les Indiens dΘlaissent progressivement leurs poteries d'argile cuite pour des ustensiles plus pratiques, en cuivre et en laiton. Le fusil, arme beaucoup plus perfectionnΘe que l'arc, facilite la chasse et devient par consΘquent un article de commerce trΦs prisΘ. Toutefois, la nouvelle culture matΘrielle se paie cher, et si les pelleteries permettent bien d'acquΘrir les marchandises convoitΘes, elles forcent en mΩme temps les Mississagues α dΘpendre de plus en plus de l'homme blanc.
  43.  
  44. L'arrivΘe des Loyalistes 
  45.  
  46.      Les Mississagues ne contr⌠lent la rive nord du lac Ontario que jusqu'au milieu des annΘes 1780. C'est alors qu'arrivent presque du jour au lendemain des milliers de ½Loyalistes╗ parmi lesquels se trouvent environ deux mille membres de la ligue iroquoise qui avaient soutenu le c⌠tΘ britannique pendant la RΘvolution amΘricaine. Le gouvernement anglais commence α saisir les territoires de chasse des Mississagues pour les donner aux rΘfugiΘs blancs et α ses alliΘs autochtones, qui s'Θtaient fidΦlement battus pour le Roi durant la guerre de rΘvolution aux ╔tats-Unis. Jusqu'alors isolΘs des EuropΘens, les Mississagues ne peuvent mΩme pas comprendre la nature de la dΘclaration qu'on leur demande d'approuver en y opposant leurs totems ou les symboles de leur clan.
  47.  
  48.      Le jargon juridique particulier d'un transfert de propriΘtΘ, toujours incomprΘhensible aujourd'hui pour la majoritΘ des blancs, les dΘconcerte totalement. └ la base de cette difficultΘ, on retrouve en effet le problΦme de la conception indigΦne de propriΘtΘ, car dans les langues autochtones, comme celle des Sauteux, il n'existe pas de concept Θquivalent pour les termes ½cΘder╗ ou ½abandonner╗ ses biens. Ils ne peuvent pas plus vendre leurs terres que l'air qui les entoure.
  49.  
  50.      Chez les Mississagues, personne en tant qu'individu ne possΦde de terre α elle seule; tel n'est pas le cas dans la sociΘtΘ europΘenne o∙ le titre et la propriΘtΘ passe d'une gΘnΘration α l'autre. Dans la coutume indienne, la bande tenait les biens-fonds par fidΘicommis, bien que selon un droit garanti par la loi, il soit possible de concΘder aux colons le privilΦge d'exploiter certaines parcelles de terrain. Toutefois, le fait demeure qu'en conformitΘ aux moeurs et lois autochtones, la terre ne pouvait Ωtre vendue.
  51.  
  52.      Il est vrai que chez les Iroquois des Six-Nations, des hommes comme le chef de guerre Joseph Brant, qui est allΘ α l'Θcole des blancs pendant deux ans, comprennent parfaitement le concept europΘen d'une ½vente de terrain╗. Toutefois, avant l'arrivΘe de Peter Jones, au dΘbut du XIXe siΦcle, les Mississagues n'avaient pas de Joseph Brant qui connaisse les usages de l'homme blanc. Comme les Mississagues avaient grandement besoin des cadeaux qu'on leur offrait α la signature des traitΘs de cession de terres, ils acceptΦrent les ententes et les clauses qu'elles renfermaient sans vraiment les comprendre.
  53.  
  54.      Comme ils n'ont aucune idΘe du grand nombre d'immigrants blancs qui va suivre, et que les Britanniques leur ont dit que leurs droits de chasse et de pΩche seraient toujours protΘgΘs, les Mississagues de l'extrΘmitΘ ouest du lac consentent α abandonner leurs terres. Dans la premiΦre cession de 1784, les Indiens renoncent α environ la moitiΘ de leur territoire. Des milliers d'immigrants amΘricains arrivent au cours des deux dΘcennies suivantes. └ la fin du XVIIIe siΦcle, ils ont transformΘ la vie quotidienne des Mississagues en cauchemar: les cultivateurs menacent de leur tirer dessus s'ils ½mettent le pied sur leur terrain╗ et des vandales profanent leurs tombes; de 1787 α 1798, de nouvelles maladies infectieuses, contre lesquelles ils ne sont pas immunisΘs, dΘciment un tiers de la population autochtone (sur plus de 500, il en reste approximativement 350). Au dΘbut, lorsque les Iroquois des Six-Nations, leurs ennemis de toujours, Θmigrent vers le nord, les Mississagues les redoutent, mais dix ans plus tard, ils se rΘjouissent de l'arrivΘe de ces Iroquois, qui sont devenus des alliΘs prΘcieux dans la lutte contre l'ennemi commun.
  55.  
  56. La fin de la forΩt 
  57.  
  58.      Bien que l'homme blanc s'en rende rarement compte, le conflit commence dΦs l'arrivΘe des Loyalistes. Pour les nouveaux venus, la forΩt est un ennemi qu'il faut exterminer le plus vite possible. Durant tout l'ΘtΘ, ils dΘbroussaillent, abattent des arbres, br√lent des troncs, rΘcupΦrent les cendres pour en faire de la potasse, hersent et sΦment. Leurs gestes horrifient les Indiens qui, selon le rΘvΘrend Peter Jones, croient que les arbres, α l'image de la roche et de l'eau, de la flore et de la faune, ont des ½esprits immortels et possΦdent le pouvoir surnaturel de punir ceux qui osent les dΘdaigner ou les gaspiller inutilement╗. Ils sont tellement sensibles α leur milieu, ajoute-t-il dans son History of the Ojebway Indians, qu'avant d'Ωtre convertis, ½ils abattent rarement des arbres verts ou vivants, car ils pensent leur faire mal╗.(p. 104).
  59.  
  60. Proscrits sur leur propre terre 
  61.  
  62.      Au cours des deux premiΦres dΘcennies du XIXe siΦcle, les EuropΘens s'approprient d'autres parties du territoire de chasse des Indiens et la plupart de leurs lieux de pΩche. Alors mΩme que les villes grandissent au bord du lac puis aux croisements des routes, les Mississagues continuent α sillonner la campagne en quΩte de gibier et de poisson de plus en plus rares. En 1805, sous la pression des Britanniques, ils consentent α abandonner toutes leurs terres situΘes le long du littoral, de la pointe du lac (Hamilton) α York (Toronto). Ils ne possΦdent plus que l'arriΦre-pays de ce qu'on appelle la ½bande de terre des Mississagues╗ qu'ils cΦdent finalement en 1818. └ un contre cent, les Indiens ne peuvent rΘsister. Ils nourrissent leur ressentiment en silence. De quelle faτon considΦrent-ils les blancs? En 1820, un Mississague de l'extrΘmitΘ est du lac dit α un voyageur anglais:
  63.  
  64.      Vous Ωtes venus comme un vent qui traverse le grand lac. Le vent vous a transportΘs sur nos rivages.Nous vous avons reτus, nous vous avons Θtablis, nous vous avons abritΘs. Nous vous avons protΘgΘs jusqu'α ce que vous deveniez un arbre puissant qui s'Θtend sur notre territoire de chasse.Aujourd'hui vous nous frappez de ses branches.
  65.  
  66. La dΘmoralisation totale 
  67.  
  68.       DissΘminΘs en petits groupes le long de la rive nord-ouest du lac, les Mississagues ou Indiens de la riviΦre CrΘdit, comme les blancs les appellent souvent, arrondissent leur revenu minimal en fabriquant des paniers, des balais, des bols en bois et d'autres objets d'artisanat qu'ils vendent aux EuropΘens. Lentement, toutefois, une faible minoritΘ de la bande se rΘsigne pΘniblement au changement, c'est-α-dire α abandonner la chasse pour cultiver la terre. Mais comment peut-elle changer les vieux usages? Le service des Affaires indiennes les encourage verbalement α devenir des cultivateurs, mais fait peu de chose, voire rien, pour les aider. Les autochtones ont besoin d'un intermΘdiaire, d'un homme qui connaisse les habitudes des Indiens et des EuropΘens, d'un homme qui puisse faire connaεtre leurs besoins aux fonctionnaires qui leur distribuent chaque annΘe des vΩtements, des couvertures et des fusils en Θchange de l'aide que les Indiens leur avaient apportΘe pendant la guerre), et des pensions (versΘes chaque annΘe aprΦs l'abandon de la bande de terre des Mississagues en 1818).
  69.  
  70.      └ moins qu'un chef ne s'impose rapidement, les Indiens de la riviΦre CrΘdit semblent condamnΘs. En 1819, ils sont si dΘmoralisΘs qu'ils permettent au gouvernement de s'emparer d'un quart des 10,000 acres de terre qui leur restent, consistant en de petites rΘserves situΘes aux embouchures des ruisseaux CrΘdit, Sixteen Mile et Bronte. En 1820, ils autorisent la Couronne α vendre ces rΘserves α leur profit. Les Mississagues de la riviΦre CrΘdit ne sont plus que deux cents, soit environ 40% de la population de la gΘnΘration prΘcΘdente. Ils pensent eux aussi qu'ils ne survivront pas longtemps. En 1818, (aprΦs la vente de la bande de terre des Mississagues) lorsque le chef Acheton demande que les embouchures des trois cours d'eau soient constituΘes en rΘserve, il ajoute que ½ce ne sera pas pour longtemps╗.
  71.  
  72. Peter Jones 
  73.  
  74.      Heureusement, c'est α cette Θpoque qu'apparaεt un chef qui se sent dans son ΘlΘment autant chez les Mississagues que chez les EuropΘens. En sauteux, on l'appelle Kahkewaquonaby (½Plumes sacrΘes agitΘes╗), en anglais, Peter Jones. Les quatorze premiΦres annΘes de sa vie, de 1802 α 1816, sont passΘes chez sa mΦre parmi les Mississagues de la riviΦre CrΘdit. Pendant les sept annΘes qui suivent, l'adolescent vit avec son pΦre, l'arpenteur blanc Augustus Jones, et la deuxiΦme femme de celui-ci, Catherine, fille de Henry Tekarihoken, un grand chef Agnier de la confΘdΘration iroquoise le long de la Grande RiviΦre. De 1816 α 1823, Peter frΘquente une Θcole anglaise pendant deux ans, puis retourne aider son pΦre α exploiter son immense propriΘtΘ de la Grande RiviΦre.
  75.  
  76.      Chez son pΦre, il est initiΘ au christianisme. Il refuse tout d'abord d'adopter la nouvelle foi car, ainsi qu'il l'Θcrit par la suite, ½lorsque je me suis rendu compte de la conduite des blancs, que l'on dit chrΘtiens, et que je les ai vus s'enivrer, se quereller et se battre, tromper les pauvres Indiens et agir comme s'il n'existait aucun Dieu, j'ai ΘtΘ amenΘ α conclure qu'il ne pouvait y avoir rien de vrai dans la religion de l'homme blanc╗. Finalement, en 1823, durant une assemblΘe mΘthodiste α Ancaster (prΦs de l'actuelle Hamilton), Peter est converti au christianisme. Il a vingt-et-un ans. Une fois qu'il a embrassΘ la foi de l'╔vangile, il Θprouve le besoin pressant de le faire connaεtre α sa mΦre et aux Mississagues. Sans plus attendre, il entreprend des Θtudes pour devenir missionnaire autochtone. ╔tant donnΘ qu'il peut prΩcher en sauteux, il convertit α l'╔glise mΘthodiste sa propre famille, puis les autres membres de la bande. Les prosΘlytes vont ensuite porter la bonne parole dans les autres villages sauteux. En 1840, dix membres de la bande sont interprΦtes, enseignants et missionnaires, parfois α des centaines de milles de leur foyer.
  77.  
  78. La mission de Old Credit 
  79.  
  80.      Une fois qu'ils ont convaincu presque tous les Mississagues de l'extrΘmitΘ ouest du lac Ontario de se convertir au christianisme, Jones et ses collΦgues missionnaires europΘens fondent une mission sur la riviΦre CrΘdit. Ils y prΩchent non seulement l'╔vangile mais Θgalement le nouveau mode de vie qu'est l'agriculture. Un jeune homme du nom d'Egerton Ryerson, qui devait crΘer plus tard le systΦme scolaire ontarien, est le premier missionnaire blanc α assurer son ministΦre α la mission de la riviΦre CrΘdit.
  81.  
  82.      Les Indiens convertis font face α des changements rapides: une nouvelle foi, des noms europΘens, un lieu de rΘsidence fixe, puis l'adoption de l'agriculture. └ l'origine, la sociΘtΘ indienne est fondΘe sur la chasse. L'homme consacre toute son Θnergie α la tΓche essentielle de tuer du gibier pour nourrir sa famille. Pour qu'elle puisse mener α bien la tΓche qui lui est assignΘe, la femme effectue tous les travaux secondaires: construire le wigwam, ramasser le bois pour le feu, planter et biner le ma∩s. Les r⌠les sont maintenant changΘs: les travaux des champs, traditionnellement rΘservΘs aux femmes, incombent maintenant α l'homme et les tΓches de la femme sont modifiΘes; dΘsormais, elle reste α la maison pour ½s'occuper des travaux mΘnagers╗ .
  83.  
  84.      AprΦs avoir connu quelques difficultΘs au dΘpart, la mission prospΦre. Dans les annΘes 1830, les champs et les pΓturages occupent prΦs du tiers de la rΘserve, soit quelque 900 acres. Les Indiens ont construit de leurs propres mains un h⌠pital, un atelier de mΘcanique, huit granges et plus de vingt maisons neuves. MΩme α l'embouchure de la riviΦre, ils ont effectuΘ des travaux trΦs importants. Les Mississagues eux-mΩmes sont propriΘtaires des deux tiers de la Credit Harbour Company, sociΘtΘ qui vient de finir d'amΘnager un port pouvant recevoir n'importe quel vaisseau naviguant sur le lac Ontario. Les Indiens de Old Credit se sont trΦs bien adaptΘs au mode de vie de l'homme blanc. En 1836 et 1837, lorsque le gouverneur Bond Head cherche α les dΘporter α l'εle Manitoulin, pour s'emparer de leurs terres au profit des colons blancs, leur grand chef Joseph Sawyer proteste Θnergiquement:
  85.  
  86.      Maintenant, nous cultivons notre ma∩s, nos pommes de terre, notre blΘ, nous Θlevons du bΘtail, nous avons de nombreuses commoditΘs et des avantages. Si nous allons α l'εle Manitoulin, nous ne pourrons pas vivre, notre peuple s'Θteindra rapidement, nous ne pourrons pas cultiver de pommes de terre ou de ma∩s, ni Θlever des porcs ou des vaches, rien ne poussera sur la roche nue. Nous ne pourrons prendre que trΦs peu de ces oiseaux dont le gouverneur parle, et il n'y a pas de cerfs.
  87.  
  88.      Bien des aspects de la sociΘtΘ mississague prΘchrΘtienne ont changΘ: le culte, les occupations, mΩme la tenue vestimentaire. Pourtant, malgrΘ cela, les Mississagues veulent toujours rester distincts et sΘparΘs de l'homme blanc. AprΦs la moisson, la plupart des hommes continuent de partir pour la chasse d'automne. Ils font une autre expΘdition au printemps, juste avant les semailles. De mΩme, les femmes de Old Credit, comme Catharine Sunegoo, fabriquent comme auparavant des objets du trΦs vieil artisanat de leur peuple.
  89.  
  90. La fondation de ½New Credit╗ 
  91.  
  92.      Lorsque les colons blancs se sont finalement Θtablis tout autour de la mission de la riviΦre CrΘdit, le chef Sawyer rΘunit toute la bande en conseil et dΘcide qu'il est temps de partir pour un territoire agricole plus isolΘ. Soucieux de dΘcourager les squatters blancs d'occuper le sud-ouest de leur rΘserve, les Indiens des Six-Nations, habitant le long de la Grande RiviΦre, invitent les Mississagues α s'Θtablir sur leurs terres. Au printemps 1847, aprΦs avoir obtenu l'approbation du service des Affaires indiennes, les Indiens de Old Credit s'installent sur une bande de terre fertile, prΦs de Hagersville, dans le canton de Tuscarora. └ l'une de ses premiΦres rΘunions, le conseil dΘcide, avec beaucoup d'α-propos, de baptiser le nouveau village ½New Credit╗.
  93.  
  94.      En dΘpit de leur dΘsir d'Ωtre isolΘs des EuropΘens, la majoritΘ des Mississagues restent trΦs attachΘs α l'╔glise mΘthodiste. AprΦs avoir construit une nouvelle Θglise en 1852, ils y installent la cloche de l'ancienne chapelle de Old Credit. Une gΘnΘration plus tard, en 1890, les paroissiens autochtones dΘpensent plus de mille dollars - une somme considΘrable α la fin du XIXe siΦcle - pour revΩtir l'Θglise d'un parement de briques et agrandir le choeur.
  95.  
  96.      Tant que vivent ceux qui sont nΘs avant l'Θpoque de la christianisation, les Mississagues de New Credit conservent une profonde connaissance de leurs traditions orales et de leurs croyances, comme c'est le cas de la veuve Wahbanosay, convertie au mΘthodisme en 1825. Dans les annΘes 1850, le rΘvΘrend Peter Jones la dΘcrit comme l'une des ½plus saintes femmes╗ du village, mais elle continue α vivre la plupart du temps dans son propre univers. Une fois, par exemple, au dΘbut de cette dΘcennie, la vieille se joint α un groupe de femmes de New Credit partant vendre des paniers et des balais α Toronto. └ la ville, tout se passe bien. Pour rentrer plus vite, les marchands dΘcident de prendre le train jusqu'α Hamilton. Une fois installΘe, la veuve, qui n'a jamais pris le train auparavant, reste immobile et muette. Lorsque le train arrive α Hamilton, elle se prΘcipite immΘdiatement α l'extΘrieur et se jette α terre. Le chef de train, accouru pour lui venir en aide, demande α ses compagnes de quoi elle souffre. La veuve rΘpond calmement: ½J'attends le retour de mon Γme╗. Traditionnellement, les Sauteux croient que l'Γme, qui a pour siΦge le coeur, quitte le corps pendant de courts instants, et que si elle s'en sΘpare trop longtemps, le corps meurt.
  97.  
  98. Adaptation 
  99.  
  100.      Au dΘbut, la rΘinstallation α New Credit est trΦs difficile. Les problΦmes avec les squatters continuent α tourmenter le village et, de fait, un pyromane incendie le moulin de la rΘserve en 1851. Bien que le sol soit fertile, les Indiens doivent dΘfricher des terres trΦs boisΘes. De plus, au printemps et α l'hiver, les routes sont impraticables. Mais la communautΘ persΘvΦre, incontestablement encouragΘe par l'exemple de ses voisins iroquois qui pratiquent l'agriculture depuis des siΦcles. En 1860, les maisons, les cl⌠tures et les granges sont enfin construites, et les fermes sont toutes exploitΘes. Peter Jones, dΘcΘdΘ quatre annΘes auparavant, en 1856, a vΘcu assez longtemps pour voir son rΩve se rΘaliser.
  101.  
  102.      └ la fin du XIXe et au dΘbut du XXe siΦcle, la plupart des hommes cultivent leurs propres terres sur la rΘserve. Un certain nombre d'entre eux connaissent un certain succΦs. Ainsi, au tournant du siΦcle, un fermier mississague possΦde trois attelages de chevaux et vingt-huit tΩtes de bΘtail. Le Manuel des Indiens du Canada, Θcrit en 1912, remarque que les Indiens de New Credit ½ont souvent remportΘ des prix dans des concours d'agriculture avec les blancs╗.
  103.  
  104.      Ceux qui ne dΘsirent pas cultiver le terrain qui leur a ΘtΘ assignΘ par le conseil de bande (donnΘ α l'Indien α condition qu'il ne la vende jamais α un non-membre), peuvent le louer, mais non le vendre, α un blanc. Certains d'entre eux louent leur terre et vont travailler l'ΘtΘ dans les vergers de la pΘninsule du Niagara. Pour arrondir le revenu de la famille, bon nombre de femmes de New Credit partent rejoindre les hommes durant la saison de la cueillette des fruits et des baies. GrΓce aux efforts de chacun, lorsque la rΘcolte est bonne et les prix ΘlevΘs, New Credit rΘalise des bΘnΘfices. Lorsque les prix baissent et que la rΘcolte est mauvaise, l'argent gagnΘ ½α l'extΘrieur╗ permet aux familles de survivre jusqu'α la prochaine saison.
  105.  
  106.      └ la fin du XIXe siΦcle, New Credit est assez prospΦre, non seulement pour entretenir une Θglise et une Θcole, mais Θgalement pour construire une impressionnante salle du conseil. Le nouvel Θdifice est terminΘ en 1882. Il compte 300 places assises. Trois mille personnes, dont la moitiΘ sont des Indiens des Six-Nations et des Sauteux des rΘserves du sud de l'Ontario, et l'autre moitiΘ des blancs, assistent α l'inauguration officielle. Pour la circonstance, la fanfare de New Credit se joint α trois autres ensembles des Six-Nations pour accueillir les visiteurs.
  107.  
  108.      La plupart des amΘliorations apportΘes α New Credit durant le dernier quart du XIXe siΦcle sont le rΘsultat des efforts du fils de Peter Jones, Peter Edmund Jones. En 1874, la bande choisit le jeune homme, qui a suivi des cours de mΘdecine α l'UniversitΘ Queen's, comme l'un de ses chefs. Le docteur Jones est Θgalement le mΘdecin de la bande. Avec l'aide du conseil, il impose de strictes mesures de quarantaine chaque fois qu'une ΘpidΘmie Θclate dans la rΘgion. └ la suite de ces mesures prΘventives, le taux de mortalitΘ infantile de New Credit tombe. └ la fin des annΘes 1880, la population dΘpasse 250 Γmes. C'est le plus haut chiffre atteint dans la deuxiΦme moitiΘ du siΦcle.
  109.  
  110. La PremiΦre Guerre mondiale 
  111.  
  112.      DΦs que la guerre est dΘclarΘe en Europe en 1914, Cameron Brant, Indien de New Credit, s'engage. En mars 1916, vingt-quatre des hommes les plus jeunes de la rΘserve l'ont rejoint. En fin de compte, sur un total de quatre-vingt-six hommes adultes, trente-deux Mississagues de New Credit se sont enr⌠lΘs. Comme tant d'autres Canadiens, ils sont probablement attirΘs par le go√t du voyage et l'excitation de la bataille, de mΩme que par leurs propres sentiments patriotiques. Qui aurait cru, lorsqu'il Θtudiait des cartes de l'Angleterre dans son Θcole, qu'il traverserait un jour l'Atlantique. Malheureusement, aprΦs l'arrivΘe en Flandre, devant l'horreur des tranchΘes, l'atmosphΦre de fΩte ne tarde pas α se dissiper. Le premier Indien tombΘ durant la PremiΦre Guerre mondiale est un autochtone de New Credit. Au printemps 1916, le lieutenant Cameron Brant meurt en hΘros α la tΩte de son unitΘ au cours de la deuxiΦme bataille d'Ypres. Il est tuΘ le jour mΩme o∙ il allait Ωtre promu capitaine.
  113.  
  114. Les soixante derniΦres annΘes 
  115.  
  116.      Pendant l'entre-deux-guerres, la situation Θvolue, particuliΦrement durant la crise Θconomique, o∙ l'agriculture commence α perdre de son importance et o∙ un nombre croissant de membres de la bande quittent la rΘserve pour aller gagner leur vie ailleurs. └ l'Φre nouvelle, l'achat de machines agricoles nΘcessite de gros investissements de sorte que le petit cultivateur mississague ne peut soutenir la concurrence. En effet, Θtant donnΘ que la Loi sur les Indiens prΘcise que la Couronne demeure le propriΘtaire lΘgal de la rΘserve, les Indiens ne peuvent vendre leurs terres ou les hypothΘquer pour obtenir des prΩts α l'extΘrieur de la rΘserve. Sans nantissement, il leur est impossible d'emprunter α une banque. Peu α peu, les Mississagues, qui travaillaient autrefois pour leur propre compte, s'expatrient de New Credit pour devenir des salariΘs. Si les Indiens avaient pu obtenir des prΩts durant la crise, la base agricole autochtone de la rΘserve aurait pu Ωtre sauvΘe.
  117.  
  118.      └ la fin des annΘes quarante, lorsque les hommes sont revenus de la guerre, l'abandon de l'agriculture s'intensifie. L'industrialisation continue du sud-est de l'Ontario crΘe de nombreux emplois. Au cours des vingt-cinq derniΦres annΘes, le ch⌠mage qui sΘvit sur la rΘserve de New Credit a forcΘ de nombreux Mississagues α entrer α l'usine, dans des villes comme Brantford, Hamilton et Buffalo. Ceux qui travaillent loin ne rentrent chez eux qu'en ΘtΘ. └ l'image des Iroquois, rΘputΘs pour leur habiletΘ dans le montage des charpentes mΘtalliques, un certain nombre de jeunes Mississagues sont devenus charpentiers en fer et restent longtemps absents de New Credit. Ceux qui peuvent se rendre α leur travail dans les villes voisines, en particulier Brantford, vivent dans la rΘserve toute l'annΘe. Leurs enfants vont α l'Θcole primaire de la rΘserve ou α l'Θcole secondaire de Hagersville.
  119.  
  120. Le conseil de bande 
  121.  
  122.      Il y a plus d'un siΦcle, l'╔glise Θtait le pouvoir dominant α New Credit, aujourd'hui, cependant, elle a perdu du terrain. └ notre Θpoque la∩que, l'╔glise, remplacΘe par le conseil de bande, n'est plus le centre vital de New Credit. Quel est le r⌠le du conseil? Par l'intermΘdiaire de son administrateur du bien-Ωtre, il aide les familles α revenu modique de la rΘserve. Dans le cadre de son programme de logement, on construit cinq nouvelles maisons chaque annΘe. Peu α peu, l'ΘlectricitΘ et l'eau courante sont installΘes dans toutes les maisons. Le conseil entretient Θgalement toutes les routes de la rΘserve. Exerτant un contr⌠le de plus en plus serrΘ sur les finances et les biens de la bande, il est sans aucun doute l'institution la plus puissante de la rΘserve.
  123.  
  124.      Depuis 1888, les cinq conseillers, dirigΘe par un conseiller en chef, sont Θlus par la bande. Aujourd'hui, les Θlections ont lieu tous les deux ans au scrutin secret. L'ancienne maison du conseil, construite il y a prΦs d'un siΦcle, constitue un lien historique avec le passΘ. Aujourd'hui, bien que l'intΘrieur ait ΘtΘ considΘrablement modifiΘ par l'amΘnagement d'un bureau moderne, elle sert encore, comme α l'origine, α abriter les rΘunions du conseil.
  125.  
  126. Conclusion 
  127.  
  128.      Au cours des deux cents derniΦres annΘes, la sociΘtΘ mississague s'est transformΘe α deux reprises. Tout d'abord, les chasseurs sont devenus agriculteurs, puis, avec l'avΦnement de la sociΘtΘ industrielle, les petits-enfants des cultivateurs ont appris α travailler dans des usines modernes et dans la construction mΘtallique. Face α une multitude de difficultΘs, les Mississagues se sont bien adaptΘs aux ½usages de l'homme blanc╗, mais en mΩme temps, ils se sont refusΘs α abandonner leur identitΘ. Dans ce dernier tiers du XXe siΦcle, c'est au conseil de bande que revient la tΓche de protΘger la communautΘ contre la menace de l'assimilation α la sociΘtΘ ΘtrangΦre qui l'entoure.  
  129.  
  130.