Les ensembles combinaison et foulard ou pantalon et turban de la travailleuse de guerre devinrent en fin de compte symboles de service, mais lorsque l'on commenìa ê recruter des femmes, les autoritÄs craignaient que la dÄsapprobation et la raillerie ê quoi se heurtait le port du pantalon n'en dÄtournent un bon nombre des emplois essentiels. C'est pourquoi le ministÅre des Munitions et Approvisionnements du Canada estima indispensable, en mars 1942, de diffuser le message ╟S'IL VOUS PLAδT, NE BRAQUEZ PAS LES YEUX SUR MON PANTALON╚. L'illustration reprÄsente une dame d'un certain ëge qui s'est arrÉtÄe pour jeter un regard de dÄdain sur une jeune femme en pantalon, et un homme qui sourit d'un air condescendant. Le texte en petits caractÅres donne la rÄponse qu'aurait pu faire l'objet timide de toute cette attention:
Vous aimeriez savoir pourquoi je porte le pantalon comme un homme lorsque je marche dans la rue? C'est parce que je fais un travail d'homme pour servir mon pays.
Mes bleus sont mes vÉtements de travail. Je les porte pour ma sÄcuritÄ: il n'y a guÅre de danger qu'ils se prennent dans les machines. Je travaille dans une usine de munitions. Chacune des piÅces d'Äquipement que j'aide ê produire contribue ê tenir [l'ennemi] ÄloignÄ de nos cÖtes.
Un an et demi ê peine aprÅs la parution de cette annonce dans Maclean's (1er mars 1942, p.3), les attitudes avaient tellement changÄ que l'on peut voir ê peu prÅs l'inverse sur la couverture de septembre 1943 du National Home Monthly, publiÄ au Manitoba. Cette fois c'est la travailleuse de guerre en pantalon qui, balanìant sa boöte ê casse-cro₧te d'avant en arriÅre et marchant ê grand pas, pleine d'assurance, s'est arrÉtÄe pour jeter les yeux une seconde fois, d'un air plutÖt mÄprisant, sur un âcossais en kilt.
Il semble que le port du pantalon en public soit un des droits dÄfinitivement acquis par la femme au cours de la guerre.
Source: BibliothÅque de la revue Maclean's, Toronto; bibliothÅque lÄgislative du Manitoba