La fabrication du sucre d'Θrable Θtait pour les colons des Cantons de l'Est une activitΘ normale. Elle ne nΘcessitait que l'emploi d'outils rudimentaires et le produit final remplaτait le sucre de canne qui Θtait importΘ et cher. Ce dessin reprΘsentant une ΘrabliΦre a ΘtΘ publiΘ la premiΦre fois dans le Canadian Illustrated News (11 mai 1872). Ainsi que l'indiquent les plaques de neige, les arbres Θtaient entaillΘs au dΘbut du printemps avant que ne commence la pΘriode des labours et des semailles. L'un des deux hommes s'en revient, ses deux seaux remplis de sΦve, tandis que l'autre s'apprΩte α les prendre pour aller les verser dans les grands chaudrons de fer placΘs sur un feu vif dans la cabane. La sΦve Θtait recueillie dans des seaux en bois (plus tard en mΘtal) suspendus en dessous de goutterelles ΘvidΘes enfoncΘes dans l'arbre, sur le c⌠tΘ sud, sur une profondeur d'environ un pouce. Cinquante litres de sΦve produisent α peu prΦs un litre de sirop mais la plupart des pionniers faisaient rΘduire la sΦve plus longtemps afin que le sirop en refroidissant se transforme en sucre.
La production annuelle variait considΘrablement en quantitΘ et en qualitΘ. Tout dΘpendait de l'Θquilibre capricieux entre la chaleur du jour et le froid de la nuit. Deux cent cinquante arbres pouvaient donner entre 180 et 270 kg de sucre dans le cas d'une bonne annΘe, mais le nombre d'arbres qu'une famille pouvait entailler dΘpendait de la main-d'oeuvre dont elle disposait. Les fermiers du canton de Compton, qui Θtaient bien installΘs, n'ont atteint une production moyenne de 225 kg que vers la fin des annΘes 1860, tandis que les Canadiens franτais du canton de Winslow n'en Θtaient encore α produire qu'environ 90 kg par famille. De leur c⌠tΘ, les ╔cossais de Winslow n'arrivaient bien s√r qu'α subvenir α leurs propres besoins avec une moyenne annuelle approximative de 22 kg. Le travail Θtait loin d'Ωtre facile, comme en tΘmoigne un observateur de la rΘgion en 1863:
...La fabrication du sucre, mis α part le go√t du produit obtenu, n'est pas une tΓche particuliΦrement agrΘable et celui qui serait portΘ α croire le contraire ferait bien d'aller tenter l'expΘrience quelque temps et je gage que la collecte de la sΦve et la fumΘe aveuglante lui feraient bient⌠t regretter le culte romantique qu'il vouait α ce travail.
En 1858, George Stacey, colon anglais, faisait lui aussi remarquer combien le travail Θtait pΘnible. Toutefois, il y trouvait un bon c⌠tΘ :
La rΘcolte de la sΦve cette annΘe est bonne. Faire rΘduire la sΦve est une tΓche exigeante, car le liquide a tendance α dΘborder et il faut qu'il y ait toujours quelqu'un pour surveiller, prΩt α verser un seau de sΦve froide, pour empΩcher le dΘbordement. En gΘnΘral nous faisons bouillir la sΦve α proximitΘ de la maison, mais si les Θrables sont loin dans le bois nous devons nous organiser sur place et la fumΘe de bois qui se disperse alors entre les troncs des arbres de la forΩt dΘgage une odeur agrΘable. Nous devons ramasser un gros tas de bois pour Ωtre s√rs de pouvoir alimenter le feu rΘguliΦrement et le travail se poursuit souvent jusqu'α une heure avancΘe de la nuit.