CALGARY: LE POSTE DE POLICE DEVIENT LA CAPITALE DU P╔TROLE
David H. Breen
En l'espace d'un peu plus de cent ans, le poste de police isolΘ qu'Θtait Calgary est devenu une mΘtropole florissante de plus d'un demi-million d'habitants. GrΓce α sa perspective historique, cette Θtude permet de mieux comprendre, espΘrons-nous, l'Θvolution des forces et du processus de croissance de cette ville.
Poste de police et petite ville d'Θleveurs: des dΘbuts α 1900
L'Θvolution de Calgary a ΘtΘ influencΘe par des dΘcisions politiques prises α distance, et notamment α Ottawa. DΦs l'ΘtΘ 1874, le gouvernement fΘdΘral manifestait sa prΘsence dans les plaines de l'Ouest, nouvellement acquises. En juin, le gouvernement chargea la Police montΘe du Nord-Ouest d'aller mettre un terme au commerce du whisky dans le territoire occupΘ par les Pieds-Noirs prΦs de la frontiΦre amΘricaine. La police eut t⌠t fait de rΘtablir la stabilitΘ dans la rΘgion au sud de Fort Macleod et poussa au nord pour y consolider sa position. └ la fin de l'ΘtΘ 1875, les hommes de la Troupe F, commandΘs par l'inspecteur E.A. Brisebois, arrivΦrent au point de rencontre des riviΦres Bow et Swift (qu'on nomma Elbow par la suite). Ils devaient surveiller la construction d'un nouveau fort que la compagnie I.G. Baker, de Fort Benton (Montana), avait convenu d'Θriger pour $2 476. Suivant le prΘcΘdent crΘΘ par d'autres officiers de la Police montΘe, l'inspecteur donna son nom au nouveau poste, qui devint Fort Brisebois.
Tout au long des mois d'automne et d'hiver, les relations entre le commandant et ses hommes se dΘtΘriorΦrent au point que ceux-ci se mutinΦrent. Brisebois ne tarda pas α ½dΘmissionner╗ et le commissaire, le colonel J.F. Macleod, proposa que l'on rebaptise le fort du nom de ½Calgary╗. Le successeur de Macleod, A.G. Irvine, transmit la suggestion α Ottawa en prΘcisant que Calgary en Θcossais signifiait ½eau claire courante╗. On accepta le nom, de mΩme que son origine fautive. Car, contrairement α ce que voulait la tradition, Calgary provenait sans doute du mot gaΘlique ½Cala-ghearridh╗ signifiant ½pΓturage (ou ferme) sur la baie╗.
La garnison de policiers constituait un petit marchΘ local et, en l'espace de quelques semaines, la principale compagnie de traite des plaines du sud, la compagnie I.G. Baker, construisit un magasin gΘnΘral. Peu de temps aprΦs, la Compagnie de la Baie d'Hudson Θtablit son premier magasin α Calgary du cotΘ est de la riviΦre Elbow, en face du fort. Quelques familles d'agriculteurs Θtaient installΘes dans les environs et, vers 1870, un certain nombre de petits Θleveurs s'Θtablirent le long de la riviΦre Bow, α l'ouest du fort et au pied des collines au sud-ouest.
Pendant ces premiΦres annΘes, Calgary ne dΘpassa pas le stade de petit centre de commerce local. Le commerce avec l'Ouest suivait gΘnΘralement la route traditionnelle depuis Fort Garry -- via Winnipeg, Fort Edmonton, et Calgary au sud. Pour ce qui est du commerce nord-sud, Calgary occupait une meilleure position, car c'Θtait un point d'arrΩt important le long de l'Old North Trail, qui reliait Fort Benton sur le fleuve Missouri α Fort Edmonton sur la Saskatchewan Nord. MΩme lα, cependant, le commerce Θtait axΘ sur Edmonton, centre plus populeux et plus ancien, tandis qu'au sud, Fort Macleod, avec son important contingent de policiers, devenait le centre d'une activitΘ florissante, l'Θlevage du bΘtail.
Mais le Canadien Pacifique ayant optΘ pour un tracΘ qui traverserait les prairies plus au sud et qui suivrait la vallΘe de la riviΦre Bow jusque dans les Rocheuses afin de pΘnΘtrer dans la Colombie-Britannique par le Kicking Horse Pass, le r⌠le marginal que jouait Calgary dans le rΘseau commercial de la rΘgion se trouva brusquement modifiΘ. Cette dΘcision plaτait Calgary sur la route principale du commerce est - ouest. Les capitalistes de l'Est, menΘs par le sΘnateur M.H. Cochrane, prΘvoyant l'influence du chemin de fer, commencΦrent α Θtablir d'importantes fermes d'Θlevage. Aussi, le secteur de l'Θlevage, qui Θtait autrefois le fait de quelques petits Θleveurs indigΦnes dont la production Θtait destinΘe α rΘpondre α la demande locale, vit s'accroεtre le nombre de gros Θleveurs intΘressΘs par le marchΘ national, de mΩme que par le vaste commerce avec l'Θtranger. Calgary eut vite fait de revenir le centre financier, administratif et social du pays de l'Θlevage, se substituant ainsi α Fort Macleod.
Le regain d'activitΘ commerciale qui suivit l'arrivΘe du chemin de fer Θtait Θtroitement liΘ au dΘveloppement de l'Θlevage. Outre la gamme des biens et services fondamentaux -- fournisseurs de harnais, de selles et d'articles de cuir, banques, courtiers -- furent jetΘes les bases d'une importante industrie de transformation du boeuf. En outre, grΓce au succΦs que connut l'Θlevage, dΦs la fin des annΘes 1880 les Θleveurs Θtaient en voie de devenir la plus importante source locale d'investissements. En tant que propriΘtaires des parcs α bestiaux, des abattoirs, des tanneries, des conserveries de porc, des installations frigorifiques et des brasseries, les Θleveurs locaux devinrent les principaux artisans de l'Θtablissement du secteur manufacturier dans la localitΘ. Et ce sont eux qui financΦrent les gros immeubles de grΦs qui s'ΘlevΦrent dans le centre des affaires de la ville et qui possΘdaient les services d'eau, d'ΘlectricitΘ, de tΘlΘphone et de transport urbain sur rail. Les Θleveurs constituaient α la fois un marchΘ important pour des services urbains et une source considΘrable de capitaux de spΘculation et contribuaient ainsi au dΘveloppement de Calgary.
Le Canadien Pacifique atteignit Calgary en ao√t 1883, mais c'est seulement le 25 mai 1886 que les travaux de construction dans les montagnes de la Colombie-Britannique furent terminΘs et que le premier train transcontinental fit son arrivΘe α Calgary. Entre-temps, ceux qui possΘdaient les divers intΘrΩts commerciaux manoeuvrΦrent pour que la ville s'Θtende selon un plan qui leur permettrait d'obtenir un prix optimal pour leurs propriΘtΘs. Ces premiΦres machinations de la part des promoteurs sont manifestes dans les discussions qui entourΦrent le choix de l'emplacement de la gare.
En 1881, la population Θtait regroupΘe principalement de chaque c⌠tΘ de la riviΦre Elbow, dans la partie sud-ouest de la section 14. Avant l'arrivΘe du chemin de fer, les spΘculateurs se mirent α acheter des propriΘtΘs dans cette section prΘvoyant que la gare serait construite aussi prΦs que possible du fort et du village existants. La compagnie de chemin de fer Θtait cependant peu disposΘe α partager avec les petits spΘculateurs le marchΘ lucratif du lotissement municipal et dΘcida tout simplement de construire sa gare α environ un mille et demi du village, dans la section 15, une des sections de nombre impair accordΘes α la compagnie par le gouvernement canadien. Les lotissements municipaux en face de la gare furent aussit⌠t mis en vente. La lutte pour la domination commerciale qui s'ensuivit entre Calgary Ouest (environs de la gare) et Calgary Est (l'ancienne ville) influa sur l'utilisation des terres et marqua pour toujours l'Θvolution de Calgary. Ainsi, le secteur des services et les commerces de dΘtail et de gros s'Θtablirent α proximitΘ de la gare, tandis que les promoteurs de Calgary Est, bien organisΘs, surent exercer l'influence politique et Θconomique nΘcessaire pour faire en sorte que le dΘveloppement industriel se fasse surtout dans leur secteur. Cette tendance s'explique du fait que c'est α Calgary Est que furent Θtablis les abattoirs en 1886-1887, que se fit la jonction du chemin de fer Calgary - Edmonton avec la ligne principale du Canadien Pacifique en 1890 et que fut fondΘe la Calgary Malting and Brewery Company en 1892.
La construction de divers embranchements du chemin de fer au cours des annΘes 1890 relia les rΘgions ΘloignΘes α la voie principale α Calgary et Θlargit l'arriΦre-pays de la ville, lui assurant une croissance soutenue, bien que modeste. Au moment o∙ Calgary fut ΘrigΘe en municipalitΘ en novembre 1884, les bicoques qui longeaient la riviΦre Elbow abritaient α peine 500 habitants. DΦs 1890, la population s'Θlevait α environ 3 800 et semblait devoir continuer α s'accroεtre. Une importante industrie forestiΦre s'Θtait crΘΘe α partir des riches forΩts le long de la partie supΘrieure de la riviΦre Bow, pour rΘpondre aux besoins de la ville et des alentours. La demande locale avait Θgalement permis l'exploitation de briqueteries et de plusieurs carriΦres de grΦs. Mais le dΘbut des annΘes 1890 vit un ralentissement de ce rythme de croissance α cause de la crise Θconomique mondiale qui allait en s'aggravant.
Lorsque l'expansion eut repris α la fin du siΦcle, le caractΦre victorien de la ville, le schΘma de son dΘveloppement ultΘrieur de mΩme que son r⌠le et sa structure Θconomiques Θtaient dΘjα bien Θtablis. Au cours des quarante annΘes qui suivirent, Calgary connut un important accroissement dΘmographique, mais sa nature et son r⌠le demeurΦrent essentiellement inchangΘs. Les chefs de file Θtaient gΘnΘralement mΘthodistes ou presbytΘriens et ils cherchaient, par leurs organisations, leurs Θglises et leurs sociΘtΘs fraternelles, α assurer que leur ½ville de grΦs╗ reflΦte les normes civilisΘes de l'Θpoque. Comme toute ville pionniΦre, Calgary Θtait dynamique et Θnergique, mais on ne peut pas dire que l'innovation, l'Θgalitarisme ou le radicalisme faisaient partie de sa philosophie; c'est plut⌠t la modΘration et l'imitation qui Θtaient α l'honneur. Calgary n'a d'ailleurs jamais pris le moule hollywoodien de la petite ville de cow-boys typique des grandes Θtendues de l'Ouest. Les Θleveurs de l'Ouest canadien, d'origine canadienne ou britannique pour la plupart, et descendant souvent d'anciennes familles de militaires ou de membres de la Police montΘe du Nord-Ouest, avaient tendance α adopter les valeurs sociales de l'aristocratie terrienne britannique. Ces valeurs Θtaient d'ailleurs celles de la majoritΘ des notables de Calgary, dont bon nombre Θtaient aussi membres du Cercle des Θleveurs. Ce mΘlange de personnalitΘs du monde de l'Θlevage et des affaires pendant les premiΦres annΘes eut un effet des plus durables, qui contribua α donner α la ville son caractΦre distinctif.
Confiants dans l'avenir de leur rΘgion, les habitants de Calgary se refusaient gΘnΘralement α l'idΘe d'une seule grande communautΘ de l'Ouest. La vieille capitale du royaume de l'Θlevage, qui s'Θtendait au pied des Rocheuses, n'a jamais ΘtΘ disposΘe α se laisser mener par Winnipeg. Depuis les premiers jours de sa fondation, ses ambitions expansionnistes de ville mΘtropolitaine s'Θtaient opposΘes α celles de sa rivale au nord, Edmonton.
MΘtropole agricole: de 1900 α 1948
Avec le dΘbut d'un siΦcle nouveau et le regain Θconomique qui se manifesta aprΦs la crise prolongΘe, des centaines de milliers de colons mirent le cap sur l'Ouest canadien. Les ambitions de ville mΘtropolitaine de Calgary Θtaient assurΘes, car la ville s'Θtalait de chaque c⌠tΘ d'un important point de jonction. De plus en plus, elle devenait le principal centre de service agricole pour les plaines du sud-ouest et, dΦs 1904, elle connaissait sa premiΦre vague de prospΘritΘ.
Pour les milliers de colons qui venaient s'Θtablir dans les Prairies, Calgary Θtait le dernier arrΩt. BΘtail, outillage et matΘriel y Θtaient dΘchargΘs du train ou achetΘs des marchands locaux avant que les colons n'entreprennent la derniΦre Θtape du chemin au bout duquel les attendait une nouvelle vie dans une ferme des Prairies. Les sociΘtΘs qui avaient leur siΦge dans les provinces du centre ou α Winnipeg ne tardΦrent pas α venir s'installer α Calgary ou α y agrandir leurs installations afin d'approvisionner les centaines de petits commerτants qui s'Θtablissaient dans les nouvelles villes des Prairies. Au fur et α mesure que se multipliait la population environnante, on vit un accroissement parallΦle du r⌠le financier, commercial, Θducatif, administratif et professionnel de Calgary pour la rΘgion.
Comme la demande de services de toutes sortes ne cessait d'augmenter, il y avait des remplois en quantitΘ et la population augmenta en consΘquence. Entre 1891 et 1901, Calgary attira moins de 1 000 nouveaux habitants. Mais de 1901 α 1911, la population dΘcupla, passant d'environ 4 400 α prΦs de 44 000. Cette croissance extraordinaire compensa en quelque sorte la dΘception qu'ΘprouvΦrent les habitants, lorsque, en 1905, Edmonton l'emporta sur Calgary et devint la capitale de la nouvelle province de l'Alberta. Un profond sentiment d'injustice rendit les habitants encore plus mΘfiants α l'Θgard de leur rivale du nord et nourrit l'esprit de concurrence qui avait toujours marquΘ les relations entre les deux centres albertains.
L'expansion future de Calgary allait Ωtre dΘterminΘe en grande partie par sa gΘographie. L'absence de ponts adΘquats sur les riviΦres et les escarpements sΘparant les terrains d'alluvions de la vallΘe riveraine rendaient presque impossible l'utilisation de voitures α chevaux, de sorte que la population s'Θtait regroupΘe autour du secteur commercial. En 1909, au moment o∙ les automobiles commenτaient α se faire plus nombreuses, les premiers tramways furent mis en service α Calgary. Les promoteurs furent parmi les premiers α se rendre compte que les nouveaux modes de transport permettraient d'Θtendre les secteurs rΘsidentiels et ils furent sans doute pour beaucoup dans la crΘation d'un service de tramway public. Ainsi, l'emplacement Θventuel des ponts et des voies de chemin de fer devint une vΘritable prΘoccupation. La pratique courante Θtait de faire pression sur la municipalitΘ pour faire construire certaines routes afin de rehausser la valeur des terrains. Le meilleur exemple de l'esprit d'expansion de cette Θpoque de prospΘritΘ est sans doute la dΘcision que prirent les dirigeants municipaux en 1910 de charger Thomas Mawson, urbaniste anglais de renom, de dresser le plan d'une ville d'un million d'habitants.
L'expansion du territoire amenΘe par l'avΦnement de l'automobile et du tramway eut d'importantes consΘquences sociales. Les nouvelles limites favorisΦrent la division et la sΘgrΘgation. Les travailleurs avaient tendance α s'Θtablir α proximitΘ de la gare et des Θtablissements industriels dans l'est de la ville, et plus particuliΦrement dans le sud-est, tandis que les plus fortunΘs, brisant avec l'homogΘnΘitΘ qui avait marquΘ la pΘriode des dΘbuts, s'installaient de prΘfΘrence dans les meilleurs quartiers, habituellement un peu α l'Θcart, comme Mount Royal, au sud-ouest.
Les progrΦs techniques se voyaient sur le visage changeant de la ville. DΦs le dΘbut du siΦcle l'usage de l'ΘlectricitΘ se gΘnΘralisait, les voitures envahissaient les rues, le gaz naturel avait remplacΘ le charbon, le tΘlΘphone avait dΘpassΘ le stade de la nouveautΘ, et le cinΘma attirait des foules croissantes. Ces innovations influaient non seulement sur l'Θtendue et l'apparence de la ville, mais aussi sur le mode de vie de ses habitants.
En 1913, la vague de prospΘritΘ immobiliΦre prit fin et les projets d'amΘnagement de la vallΘe le long de la riviΦre ne furent jamais rΘalisΘs. Mais un an plus tard, Calgary Θtait atteinte d'une nouvelle fiΦvre de spΘculation, plus effrΘnΘe que la prΘcΘdente. Le 14 mai 1914, la Calgary Petroleum Products Company trouva du pΘtrole α Turner Valley, α une trentaine de milles au sud-ouest de Calgary. Les actions de tout repos, Θmises par plusieurs centaines de sociΘtΘs fondΘes dans les semaines qui suivirent l'annonce de la dΘcouverte, se vendirent comme des petits pains chauds. L'esprit de cette Θpoque est bien illustrΘ par ce cri de joie du journaliste et Θditorialiste bien connu de Calgary, Bob Edwards.
Oil! Oil! Oil! Let'er gush! Wow! This is the Life.
Cette atmosphΦre carnavalesque fut cependant de courte durΘe: la technologie du forage n'Θtait pas trΦs raffinΘe, peu de gens comprenaient les difficultΘs que comportait l'exploitation des champs pΘtrolifΦres et l'enthousiasme ne tarda pas α s'attΘnuer.
Toutefois, l'industrie pΘtroliΦre ajouta une importante dimension α la structure Θconomique de la ville qui la distingua de plus en plus de ses homologues des Prairies et des autres parties du Canada. Au cours des dix ans qui suivirent, on creusa plusieurs centaines de puits d'exploration dans la rΘgion de Calgary et, en 1921, des pipes-lines vinrent relier la nouvelle raffinerie de l'Imperial Oil α Calgary au champ pΘtrolifΦre de Turner Valley. Reconnaissant l'importance du pΘtrole dans l'Θconomie provinciale, le gouvernement de l'Alberta dΘcida d'exercer un contr⌠le plus direct. L'annΘe 1938 vit la crΘation de l'Alberta Oil and Gas Conservation Board, dont le siΦge social fut installΘ α Calgary, de sorte que la ville devint le centre administratif et financier de l'industrie pΘtroliΦre dans l'Ouest canadien.
Le dΘclenchement de la PremiΦre Guerre mondiale, α peine quelques mois aprΦs la dΘcouverte de Turner Valley, dΘtourna d'abord l'attention de la crise Θconomique que traversait la rΘgion. Si les habitants de Calgary rΘpondirent avec enthousiasme α l'appel que la plupart d'entre eux concevaient comme une obligation envers l'Empire britannique, la guerre avait manifestement freinΘ leur invincible optimisme. Une fois les hostilitΘs terminΘes, les prix du blΘ et du boeuf baissΦrent et les soldats vinrent grossir les rangs des ch⌠meurs.
Pour comprendre l'agitation sociale et politique que connut Calgary pendant l'entre-deux-guerres, il est utile d'examiner de plus prΦs la population active qui s'Θtait accrue parallΦlement α l'importance grandissante de Calgary en tant que centre de service agricole. D'aprΦs le recensement de 1921, 25 000 personnes composaient la population active de Calgary (80 % Θtaient des hommes). En harmonie avec la raison d'Ωtre principale de la ville, 70 % des travailleurs environ oeuvraient dans les secteurs services, commerce et finance. C'est dans ces secteurs Θgalement que l'on trouvait la grande majoritΘ des femmes salariΘes, gΘnΘralement embauchΘes comme domestiques ou comme commis de magasin ou de bureau. Les transports et le secteur manufacturier regroupaient 30% de la main-d'oeuvre. C'est ici qu'on trouvait les nouveaux mΘtiers spΘcialisΘs, reflet des changements survenus dans la structure Θconomique de la ville depuis dix ans. Ils ajoutaient une nouvelle dimension vitale au climat social et politique de la ville.
La majoritΘ de la main-d'oeuvre industrielle spΘcialisΘe travaillait dans les immenses ateliers que le Canadien Pacifique avait Θtablis α Ogden en 1912. Les artisans qui vinrent y travailler amenaient avec eux non seulement leur savoir-faire, mais aussi leurs corps de mΘtiers et leur allΘgeance au syndicalisme national et international. C'est ainsi que, face au marasme Θconomique gΘnΘral qui marqua l'entre-deux-guerres, de puissants porte-parole surgirent des ateliers du chemin de fer pour dΘfendre les intΘrΩts des travailleurs et diriger et conseiller les mouvements de ch⌠meurs et de groupes ouvriers.
L'agitation ouvriΦre α Calgary venait s'ajouter α l'agitation plus gΘnΘrale des agriculteurs qui caractΘrisait les Prairies pendant cette pΘriode. Se croyant victimes d'un systΦme injuste qui favorisait les intΘrΩts manufacturiers des provinces du centre α leurs dΘpends, les agriculteurs de l'Ouest devaient faire face α des marchΘs en baisse et α des co√ts fixes ΘlevΘs. Calgary Θmergea comme gΘnΘratrice d'idΘes et centre des discussions sur les problΦmes agricoles pressants. C'est ainsi que le r⌠le de mΘtropole de la ville permit l'Θpanouissement de carriΦres aussi brillantes que celles de William Irvine, Henry Wise Wood, William Aberhart et Richard Bedford Bennett.
Ces citoyens avides de politique se faisaient les interprΦtes des prΘoccupations et des aspirations de la rΘgion, de l'Ouest en gΘnΘral, et jusqu'α un certain point de la nation toute entiΦre. Au cours de la pΘriode qui suivit immΘdiatement la guerre, William Irvine, comme directeur du journal Alberta Non partisan, fut l'un de ceux qui travailla trΦs ardemment α obtenir des rΘformes sociales, Θconomiques et politiques. En sa qualitΘ d'Θminent porte-parole de la gauche, William Irvine appuyait la crΘation d'un syndicat agricole et ouvrier. Ce faisant, il aidait Henry Wise Wood, Θgalement de Calgary, α approfondir sa thΘorie politique, unique en son genre, qui prΘvoyait l'Θtablissement d'un gouvernement de groupe. Wood proposa de remplacer les hommes de parti par une reprΘsentation politique des dΘlΘguΘs de groupes professionnels dΘmocratiquement constituΘs qui pourraient s'occuper des affaires publiques en toute objectivitΘ et conscience, sans devoir se plier aux volontΘs d'un parti. Wood fut le maεtre α penser de l'UFA (United Farmers of Alberta) et il joua un r⌠le clΘ dans la rΘvolte des agriculteurs, en 1921, contre les vieux partis fΘdΘralistes.
C'est un message diffΘrent que les gens de Calgary entendaient de la bouche d'un autre Θloquent orateur, William Aberhart. Directeur d'Θcole secondaire depuis 1915, Aberhart organisa des cours consacrΘs α l'Θtude de la Bible et, comme ΘvangΘliste de la radio, il amena, dΦs la fin des annΘes 20, des dizaines de milliers d'auditeurs attentifs des quatre coins de la province α se joindre α sa congrΘgation. HabituΘs aux rapports Θtroits entre la religion et la politique, bon nombre d'Albertains se laissΦrent facilement convertir au christianisme d'Aberhart et α la thΘorie du CrΘdit social comme rΘponse α la crise Θconomique et α leurs aspirations religieuses. Ainsi, en ao√t 1935, les Albertains abandonnΦrent l'UFA pour porter au pouvoir avec une forte majoritΘ les crΘditistes de William Aberhart.
Ce ne sont pas tous les Calgariens, cependant, qui Θtaient convaincus qu'il fallait chambarder complΦtement l'ordre Θconomique et politique de la nation. Bon nombre d'entre eux, et plus particuliΦrement ceux qui Θtaient Θtablis α Calgary depuis longtemps, adhΘraient aux vues trΦs diffΘrentes et trΦs traditionnelles de Richard Bedford Bennett, l'un des avocats les plus Θminents du pays. Bennett, qui oeuvra dans le domaine de la politique territoriale et provinciale de 1898 jusqu'α son Θlection α la Chambre des communes en 1911, commenτa bient⌠t α faire sa marque α l'Θchelle fΘdΘrale. Il devint chef du Parti conservateur en 1927 et, en 1930, premier ministre du Canada.
Ces porte-parole permirent α Calgary de laisser ses empreintes sur le caractΦre et le cours de l'agitation rΘformiste de l'entre-deux-guerres. AprΦs la PremiΦre Guerre mondiale, un sentiment d'aliΘnation croissant chez les Canadiens de l'Ouest vint s'ajouter au vigoureux sentiment d'identitΘ rΘgionale et aux ambitions commerciales de Calgary, depuis longtemps refoulΘes pour remettre directement en question la conception de la nation canadienne imaginΘe par les gens de l'Est. Une fois sur cette lancΘe, c'est α la dΘfense des intΘrΩts de l'Ouest que Calgary consacra ses Θnergies politiques.
Capitale du pΘtrole: de 1947 α nos jours
La DeuxiΦme Guerre mondiale stimula la croissance de Calgary et, α la fin des hostilitΘs, on pourrait y voir les signes d'une transformation profonde de son r⌠le comme centre de service agricole. L'avΦnement d'une Φre nouvelle dans l'essor de Calgary Θtait confirmΘ par la manchette ronflante du Albertan (14 fΘvrier 1947: LEDUC WELL ROARS IN WITH OIL (Le pΘtrole jaillit du puits Leduc). AprΦs cette dΘcouverte de l'Imperial Oil, on creusa avec grand succΦs dans la rΘgion de Leduc et toute la structure de l'Θconomie albertaine d'aprΦs-guerre commenτa α changer.
Un tel succΦs arrivait α point nommΘ. La production Θtant α la baisse α Turner Valley, on n'arrivait plus α satisfaire la demande croissante des Prairies; grΓce α cette nouvelle dΘcouverte, l'Alberta jouissait de nouveau d'un surplus de pΘtrole. Le puits Leduc se trouvait α 13 milles seulement au sud-ouest d'Edmonton, mais c'est α Calgary, α 180 milles au sud, que les raffineries s'Θtablirent, ainsi que les siΦges sociaux de la plupart des sociΘtΘs exerτant leur activitΘ dans l'Ouest. Au dΘpart, cela donna α la ville un avantage qui lui permit de conserver sa prΘΘminence comme centre administratif et financier de l'industrie pΘtroliΦre au Canada.
RelancΘe par cette dΘcouverte et celles qui suivirent, et grΓce α la fermetΘ gΘnΘrale de l'Θconomie canadienne d'aprΦs-guerre, Calgary entra dans une pΘriode de croissance qui est demeurΘe ininterrompue depuis. L'indice le plus frappant en est sans doute le taux d'accroissement dΘmographique: de 112 000 en 1941, la population Θtait passΘe α 156 000 en 1951, α 290 000 en 1961 et α 403 000 en 1971. On comprendra mieux l'importance de cette croissance si on la situe dans une perspective rΘgionale. Entre 1961 et 1971, la population du Calgary mΘtropolitain augmenta de 113 000, soit de 28 %. Au cours de la mΩme pΘriode, Winnipeg, depuis longtemps la ville la plus importante des Prairies, connut une hausse de 64 000, soit un modeste 12 %. Ainsi, le pouvoir Θconomique et politique s'Θtait dΘplacΘ de la limite est α la limite ouest des Prairies.
Pour comprendre le caractΦre du Calgary d'aprΦs-guerre, il ne faut pas de toute Θvidence se limiter aux chiffres d'une population qui s'est multipliΘe grΓce au boom du pΘtrole. Environ 50 % de ceux qui sont venus grossir les rangs des Calgariens aprΦs la guerre Θtaient originaires des rΘgions rurales de l'Alberta et de la Saskatchewan. Ce fait illustre bien l'exode rural de l'aprΦs-guerre et montre α quel point l'industrie pΘtroliΦre a contribuΘ α une urbanisation accrue de l'Alberta. MalgrΘ l'accroissement remarquable du nombre d'habitants, l'emploi dans le secteur manufacturier est restΘ peu ΘlevΘ, ne comptant que 12 α 15 % de la main-d'oeuvre, comparativement α un pourcentage trois fois plus ΘlevΘ α Hamilton et deux fois plus ΘlevΘ α Vancouver. De mΩme, dans le commerce de gros, on a vu s'accroεtre le nombre d'emplois, associΘs α l'industrie pΘtroliΦre, pour les cols blancs, les spΘcialistes et les cadres. L'importance relative du secteur pΘtrolier est illustrΘe par le fait qu'en 1971, Calgary tirait 10 225 emplois directs de l'industrie du pΘtrole brut et du gaz naturel, comparativement α 2 050 pour Edmonton et seulement 60 pour Winnipeg. Ainsi, les usines sont peu nombreuses α Calgary, et on y rencontre plus de cadres que d'ouvriers.
Vu la concentration d'employΘs trΦs spΘcialisΘs, tant au niveau de l'administration que des professions (la proportion des cadres par rapport aux manoeuvres est d'environ trois pour un), Calgary est depuis longtemps la ville des Prairies o∙ le salaire moyen est le plus ΘlevΘ et o∙ le genre d'emplois contribua beaucoup α conserver l'homogΘnΘitΘ de la ville. Les arrivants sont venus en grande majoritΘ de la rΘgion environnante et, d'autre part, comme ce n'est pas une main-d'oeuvre d'usine que recherchaient les employeurs, le nombre d'Θtrangers ne parlant pas l'anglais est restΘ assez faible. Contrairement aux autres villes importantes des Prairies, et comme le reste du Sud de l'Alberta, la population de Calgary est α plus de 50 % d'origine britannique. En 1961, un peu plus de la moitiΘ de sa population Θtait nΘe en Alberta, alors que la proportion de personnes nΘes au Canada se situait α plus de 75 %. Il est assez rare qu'on trouve une population aussi homogΦne dans une ville qui connaεt un essor Θconomique soutenu; aussi cette combinaison peu ordinaire a ΘtΘ un facteur dΘterminant de la stabilitΘ sociale et politique et des vues gΘnΘralement modΘrΘes qui ont caractΘrisΘ la ville depuis la derniΦre guerre.
Sur le plan visuel ou spatial, l'impact de l'industrie pΘtroliΦre a ΘtΘ tout aussi marquΘ que sur le plan dΘmographique. Les tours α bureaux des sociΘtΘs pΘtroliΦres occupent le centre-ville. └ mesure qu'on s'Θloigne du centre, on aperτoit des milles et des milles de banlieues rΘsidentielles, desservies par des centres commerciaux et reliΘes au coeur de la ville par des autoroutes encombrΘes. Les limites Θtendues de la ville de Calgary, la plus importante ville canadienne en superficie, tiennent en grande partie au fait que les revenus ΘlevΘs ont permis α la majoritΘ des familles de se payer une maison individuelle, si chΦre au coeur des Canadiens. Les anciens secteurs industriels du nord-est et du sud-est sont maintenant occupΘs en grande partie par de nombreuses entreprises de service. Bien que l'expansion se soit faite surtout au niveau des services liΘs α l'industrie pΘtroliΦre, Calgary continue de jouer un r⌠le clΘ comme centre de service rΘgional pour les terres agricoles de l'arriΦre-pays; citons α titre d'exemple l'industrie de transformation de la viande, qui occupe toujours le troisiΦme rang au Canada.
L'influence de l'industrie pΘtroliΦre sur Calgary se voit Θgalement dans la domination que jouent les multinationales ΘtrangΦres sur les Θconomies de l'Alberta et de Calgary. Plus que toute autre grande ville, Calgary est devenue le parfait exemple du centre d'une industrie dominΘe presque entiΦrement par des intΘrΩts Θtrangers. En 1973, les sociΘtΘs ΘtrangΦres contr⌠laient 99,5 % du capital, assuraient 98,9 % des ventes et rΘalisaient 98,8 % des profits dans le secteur des produits du pΘtrole et du charbon au Canada. Le dΘbut de cette domination ΘtrangΦre remonte sans doute α 1921, annΘe o∙ la Royalite Oil Company faisait l'acquisition de la Calgary Petroleum Company, celle-lα mΩme qui avait fait la premiΦre dΘcouverte de pΘtrole α Turner Valley en 1914. La Royalite Θtait une filiale d'Imperial Oil. Le besoin d'une source s√re et abondante de capitaux de spΘculation et le manque d'intΘrΩt de la part des investisseurs de l'Est canadien pour les entreprises pΘtroliΦres de l'Ouest concoururent α accΘlΘrer l'acquisition par les sociΘtΘs ΘtrangΦres des entreprises canadiennes avides de capitaux. Comme l'industrie pΘtroliΦre de l'Ouest canadien devenait de plus en plus le prolongement d'une entreprise amΘricaine, l'ancien axe nord-sud qui unissait Calgary aux ╔tats-Unis, avant l'avΦnement du CP, fut remis en Θtat.
Ces liens Θtroits avec les ╔tats-Unis et l'Θtat vigoureux de l'Θconomie albertaine, axΘe sur le pΘtrole, n'ont pas ΘtΘ sans influer sur l'Θvolution sociale et politique de Calgary. La soliditΘ des liens nord-sud, crΘΘs par le mouvement intense de capital et de personnel des sociΘtΘs pΘtroliΦres entre Calgary et les villes amΘricaines, a contribuΘ α renforcer l'emprise culturelle des ╔tats-Unis. Bien qu'il soit impossible de mesurer avec prΘcision les consΘquences d'une telle situation, α savoir le fait de travailler avec et pour des AmΘricains dans un secteur presque entiΦrement domine par les ╔tats-Unis, il est Θvident que la ville a perdu beaucoup de son caractΦre britannique.
En renouant les liens nord-sud, l'industrie pΘtroliΦre contribua Θgalement α faτonner les vues politiques des Calgariens de faτon α renforcer l'opposition traditionnelle de l'Ouest face α la politique nationale pr⌠nΘe par l'Est. Ayant ses intΘrΩts si Θtroitement liΘs au pΘtrole, Calgary a une vue du monde surtout commerciale. Dans cette mesure, les intΘrΩts de la nouvelle Θconomie fondΘe sur le pΘtrole ont fourni un argument nouveau aux Θnergies politiques dΘployΘes aprΦs la guerre pour lutter contre Ottawa. De plus, cette attitude fut compatible avec une tradition politique qui remonte α la pΘriode territoriale et qui se manifeste dans l'allΘgeance de la rΘgion au Parti conservateur.
L'industrie pΘtroliΦre aide α apporter une certaine stabilitΘ politique α l'Θchelle locale. L'expansion Θconomique presque ininterrompue, engendrΘe par le boom du pΘtrole, a signifiΘ un niveau de vie croissant pour une grande partie de la population. La dissension et les dΘbats politiques typiques des annΘes 20 et 30 ont cΘdΘ la place α un remarquable calme politique et social. └ l'Θchelle provinciale, les Θnergies politiques de Calgary ont ΘtΘ principalement axΘes sur la rivalitΘ qui l'oppose depuis toujours α Edmonton, la capitale provinciale. Les deux villes sont α peu prΦs sur un pied d'ΘgalitΘ, car si Edmonton a l'avantage d'Ωtre la capitale provinciale, Calgary est le centre administratif et financier de l'industrie pΘtroliΦre.
Un autre facteur qui est responsable de l'intΘgration sans heurt de l'industrie pΘtroliΦre dans le tissu social et politique de la ville est le caractΦre ½western╗ de Calgary. Bien que le pΘtrole ait modifiΘ l'aspect physique de la ville, il est presque impossible de trouver une autre entreprise qui ait su autant conserver α Calgary son identitΘ premiΦre. Tant au Canada qu'aux ╔tats-Unis, les plus importantes dΘcouvertes de pΘtrole se sont d'abord produites au coeur du royaume de l'Θlevage et, au fur et α mesure que le secteur pΘtrolier prenait plus d'ampleur dans cette rΘgion, le nouvel ordre Θconomique a absorbΘ des ΘlΘments du milieu socio-culturel caractΘristique des Θleveurs. Le passage d'Θleveur α pΘtrolier, de cow-boy α monteur de derrick Θtait facile, pas besoin de changer les caractΘristiques principales ni l'Θthique. La permanence de l'Θtroit lien social avec l'ancien mode de vie -- le lien entre le pΘtrole, le bΘtail et les chevaux -- est aussit⌠t apparente α quiconque a l'occasion de voyager α l'ouest de Calgary et de voir les magnifiques ranchs de ½gentlemen farmers╗ qui parsΦment le versant occidental des contreforts des Rocheuses. Le lien Θtabli il y a deux gΘnΘrations est maintenant bien enracinΘ.
En guise de rΘsumΘ, on peut dire que les cent premiΦres annΘes de l'histoire de Calgary ont ΘtΘ fonction de deux ΘvΘnements dΘcisifs. L'arrivΘe du Canadien Pacifique en 1883 plaτa Calgary dans une position avantageuse le long de la principale artΦre commerciale entre l'Est et l'Ouest et la confirma dans son r⌠le de centre de service rΘgional. Ensuite, grΓce α la dΘcouverte de pΘtrole avant la PremiΦre Guerre mondiale et α l'exploitation ultΘrieure de cette richesse naturelle, Calgary s'est dΘveloppΘe au point d'acquΘrir une importance Θconomique et financiΦre nationale. Au fur et α mesure que la recherche de pΘtrole prenait plus d'ampleur au Canada et α l'Θtranger, l'importante participation canadienne α ces activitΘs a ΘtΘ principalement dirigΘe de Calgary. En plus de s'occuper directement d'exploration et d'exploitation ailleurs, les sociΘtΘs calgariennes, confirmant ainsi le r⌠le Θconomique diversifiΘ de la ville, s'occupent activement de vendre leur savoir-faire pour mettre en valeur les rΘgions inexploitΘes. Dans ce domaine hautement spΘcialisΘ, l'arriΦre-pays de Calgary a atteint des dimensions mondiales.