Salle d'hÖpital. HÖpital gÄnÄral de MontrÄal, 1910.
Au Canada, le mÄtier d'infirmiÅre date de l'Äpoque o¥ les religieuses soignaient les premiers colons franìais au dÄbut du XVIIe siÅcle. Cependant, dÅs la moitiÄ du XIXe siÅcle, l'arrivÄe massive d'immigrants venus d'Angleterre accentua le besoin d'infirmiÅres. Des femmes laòques commencÅrent ê remplir ces postes moyennant rÄmunÄration.
La majoritÄ de ces femmes Ätaient issues de la classe ouvriÅre et de milieux dÄfavorisÄs. Le seul autre choix qui s'offrait ê elles Ätait de travailler comme ouvriÅre ou domestique. C'est de cette faìon qu'on en est venu ê sous-estimer le mÄtier d'infirmiÅre. Cependant, vers les annÄes 1860, Florence Nightingale en fit une vÄritable profession que ses adeptes tentÅrent d'anoblir en sollicitant la participation des femmes de la classe moyenne. DÄsormais, ce mÄtier serait vÄnÄrÄ: il rÄunissait toutes les vertus d'abnÄgation et de tendresse qu'on reconnaissait ê la femme. Toutefois, les longues heures de travail pÄnible et les conditions rudimentaires qui existaient dans les hÖpitaux ont dÄcouragÄ les femmes de milieu bourgeois ê exercer ce mÄtier.
Cette photographie de MontrÄal prise en 1910 ne laisse rien transparaötre de la situation existant dans les premiÅres annÄes de sa fondation. En 1875, la direction de l'HÖpital fit appel ê Florence Nightingale pour mettre sur pied une Äcole d'infirmiÅres ╟respectables╚. Toutefois, les conditions Ätaient telles que l'infirmiÅre qui fut envoyÄe sur place, ainsi que les trois autres qui lui succÄdÅrent, dÄmissionnÅrent par dÄsespoir:
Les fonds de l'hÖpital servaient ê l'achat de champagne pour donner des forces aux patients qui devaient Étre opÄrÄs; des paillasses en lambeaux servaient de lits pour les malades et des amas de paille jonchaient le sol aprÅs le passage des Ätudiants.
Les infirmiÅres dormaient dans une vieille salle divisÄe en compartiments et, aprÅs une nuit de tempÉte, il arrivait souvent que leur lit f₧t couvert de givre. Elles ne disposaient d'aucune salle de repos. Le rÄfectoire Ätait dirigÄ par un autocrate qui exigeait que les infirmiÅres se servent elles-mÉmes, lavent leur vaisselle aprÅs le repas et la rangent dans un buffet. Pour ces raisons, l'attrait du mÄtier d'infirmiÅre pour les jeunes filles de bonne famille s'en trouvait attÄnuÄ.
Les salaires minimes Ätaient un problÅme constant, le gouvernement estimait que ce mÄtier difficile Ätait semblable au travail gratuit de mÄnagÅre, et devait donc Étre considÄrÄ comme un entraönement profitable pour mieux remplir le rÖle futur d'Äpouse et de mÅre de famille.