Au dΘbut du XVIIIe siΦcle, la classe urbaine de la colonie a atteint un certain degrΘ de raffinement. Les familles les plus α l'aise font construire de belles maisons, donnent des rΘceptions fastueuses et s'intΘressent aux arts. Certaines d'entre elles possΦdent d'importantes bibliothΦques particuliΦres et engagent des musiciens. On fait venir des tableaux de France et plusieurs artistes vivent dans la colonie; la plupart de leurs oeuvres sont des peintures et des portraits religieux. Malheureusement, peu d'entre elles ont survΘcu. L'une de celles qui ont ΘtΘ conservΘes est un portrait de Jean-Baptiste Hertel de Rouville (1668-1722), exposΘ actuellement au MusΘe McCord de MontrΘal. Hertel, seigneur et capitaine des Troupes de la Marine, armΘe rΘguliΦre de la colonie, faisait partie d'une des plus illustres familles canadiennes. Tout jeune adolescent, il entre dans la carriΦre militaire et participe α plusieurs campagnes contre les Iroquois et les habitants des colonies anglo-amΘricaines, avant de commander l'expΘdition militaire qui dΘvastera Deerfield (Massachusetts) en fΘvrier 1704. En rΘcompense de ses exploits, il est fait Chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Louis, dont il porte la croix dans ce portrait. L'artiste l'a dessinΘ sous les traits d'un homme hautain, aristocratique et impitoyable, ce qu'il Θtait en rΘalitΘ; il Θtait d'ailleurs un reprΘsentant typique de la noblesse militaire canadienne. Le Dictionnaire biographique du Canada, vol. II, donne plus de dΘtails α son sujet; quant au tableau, voir A Concise History of Canadian Painting, de Dennis Reid, (Toronto, Oxford University Press, 1973) pp. 20-23.