Si l'importance sociale et numérique de la classe ouvrière augmenta au cours du premier demi-siècle après la Confédération, ses conditions de vie et de travail s'améliorèrent très peu. De nombreux travailleurs non spécialisés, d'habitude des immigrants, continuaient à travailler pour les sociétés ferroviaires, minières et forestières dans les camps du Nord. Ni les conditions de travail ni les revenus réels n'avaient changé depuis les jours de la construction des canaux. Dans les centres manufacturiers du Sud, la croissance assurait une importance accrue du secteur industriel, mais cette croissance se concentrait dans les principales villes. La classe ouvrière et la pauvreté s'y concentraient de la même façon. Pendant ce temps, des progrès techniques d'avant-garde éliminaient de nombreux emplois spécialisés et par là même affaiblissaient la position sociale et économique des hommes de métier dont les syndicats devenaient de plus en plus désarmés devant les employeurs. Et il y eut peu de syndicats pour protéger le nombre toujours croissant d'ouvriers semi-spécialisés et non spécialisés. Les salaires étaient donc très bas; la plupart des familles devaient compter sur deux salaires pour franchir le seuil de la pauvreté. Un surplus général de main-d'oeuvre sur ce marché capitaliste augmenta la vulnérabilité et l'insécurité du travailleur. Cet élément, allié au caractère saisonnier de l'économie canadienne, ne firent qu'aggraver le problème crucial du chômage. Ce n'est qu'avec les années 1940 que les avantages économiques de l'importante augmentation de la productivité rendue possible par l'industrialisation se répercutèrent sur la classe ouvrière, se traduisant par un revenu réel et des conditions de vie améliorés. Au cours des cinquante années qui suivirent la Confédération, une pauvreté écrasante et implacable demeura la caractéristique fondamentale de la classe ouvrière et ce, malgré les efforts des travailleurs et des travailleuses.
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