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Text File  |  1996-08-11  |  33KB  |  167 lines

  1. LA CRISE ├ëCONOMIQUE: LES ANN├ëES DE D├ëPRESSION DANS LES VILLES 
  2.  
  3. John. H. Taylor 
  4.  
  5.      Dans les ann├⌐es 20, le Canada s'├⌐loigna de son caract├¿re principalement rural pour devenir une nation urbaine: plus de la moiti├⌐ de la population ├⌐tait regroup├⌐e dans les villes et villages et ce ┬½secteur┬╗ continuait de cro├«tre. Les changements se manifestaient non seulement par la croissance de la population urbaine, mais aussi par la nouvelle physionomie des villes, les modifications de leur structure socio-├⌐conomique et l'essor de leurs institutions. Malgr├⌐ ces transformations ├⌐videntes, il serait difficile d'├⌐laborer une typologie du Canada urbain des ann├⌐es 20. Peu de villes se ressemblaient. Chacune ├⌐tait n├⌐e dans un endroit diff├⌐rent, ├á une ├⌐poque diff├⌐rente et pour des raisons diff├⌐rentes. La croissance et l'essor qui furent leurs par la suite ├⌐taient pour le moins in├⌐gaux. Cependant, toutes ├⌐taient des villes, et qui plus est, des villes en pleine transformation.
  6.  
  7.      En 1929, en plein coeur de cette p├⌐riode de changements importants, les villes, comme le reste du pays, entr├¿rent dans une nouvelle d├⌐cennie de d├⌐pression. La crise des ann├⌐es 30 ├⌐tait, de bien des fa├ºons, la premi├¿re d├⌐pression urbaine et, ├á l'exception des r├⌐gions de l'Ouest touch├⌐es par la s├⌐cheresse, elle a surtout d├⌐vast├⌐ les principaux centres. La r├⌐action des villes ├á l'action combin├⌐e du long processus d'adaptation et de la d├⌐pression fut d'abord chaotique et, en fin de compte, fatale.
  8.  
  9.      La r├⌐action fut chaotique parce que les villes ├⌐taient mal pr├⌐par├⌐es face ├á la crise, et particuli├¿rement face au principal ph├⌐nom├¿ne social qui en d├⌐coulait, le ch├┤mage. Les faibles moyens dont elles disposaient variaient ├⌐norm├⌐ment d'un endroit ├á l'autre. Les villes ne pouvaient donc ni affronter cette crise individuellement, ni coordonner leurs efforts pour agir de front. En outre, dans les ann├⌐es 20, la principale strat├⌐gie ├⌐conomique des villes avait ├⌐t├⌐ de favoriser l'essor du secteur priv├⌐ et aussi de consid├⌐rer la prosp├⌐rit├⌐ ├⌐conomique comme leur panac├⌐e.
  10.  
  11.      Pendant la d├⌐pression, la strat├⌐gie ├⌐conomique fond├⌐e sur le d├⌐veloppement et la croissance allait cependant ├¬tre abandonn├⌐e. C'est son antith├¿se, c'est-├á-dire une politique de repli ├⌐conomique, qui fut choisie. Plut├┤t que de laisser libre cours ├á une concurrence libre qui favoriserait le retour de la prosp├⌐rit├⌐ ou apportait une solution indirecte aux probl├¿mes sociaux, les villes adopt├¿rent une attitude d'autod├⌐fense et de parcimonie, qui eut plut├┤t pour r├⌐sultat de cr├⌐er plus de ch├┤mage et donc plus de ch├┤meurs.
  12.  
  13.      Malheureusement, le ch├┤mage, d'apr├¿s les lois provinciales ou la coutume, ├⌐tait du ressort des gouvernements locaux et, dans la situation critique provoqu├⌐e par la d├⌐pression, l'imp├┤t foncier local, traditionnellement destin├⌐ ├á l'am├⌐nagement physique de la ville, devait servir ├á supporter le fardeau suppl├⌐mentaire que repr├⌐sentait l'assistance aux ch├┤meurs. Malgr├⌐ d'importantes coupures dans les fonds r├⌐serv├⌐s ├á l'am├⌐nagement et ├á l'administration des villes et malgr├⌐ les subventions vers├⌐es par les ├⌐chelons sup├⌐rieurs du gouvernement, l'imp├┤t foncier ne put suffire ├á la t├óche. La plupart des villes pouvaient faire appel ├á d'autres sources de revenu fiscal, comme l'imp├┤t sur le revenu, mais elles y avaient tr├¿s peu recours. Pour combler l'├⌐cart entre la diminution des revenus et l'augmentation du co├╗t de leurs charges sociales et autres, la plupart des villes emprunt├¿rent.
  14.  
  15.      En 1934-1935, la persistance du ch├┤mage, son co├╗t croissant et l'├⌐chec des efforts destin├⌐s ├á ramener la prosp├⌐rit├⌐ provoqu├¿rent la mont├⌐e d'un radicalisme politique urbain. Partout au pays, des dirigeants municipaux radicaux commenc├¿rent ├á faire leur apparition. Ces hommes, s'ils avaient tr├¿s peu de choses sens├⌐es ├á offrir, promettaient au moins d'agir, et ce furent eux qui concoururent ├á l'erreur fatale commise par les villes pendant la d├⌐pression. Plut├┤t que d'exiger les ressources financi├¿res et le pouvoir indispensables pour faire face aux probl├¿mes du monde urbain et industriel si cruellement aggrav├⌐s par la crise, ces hommes demand├¿rent que les villes soient soulag├⌐es de leurs responsabilit├⌐s sociales, plus particuli├¿rement des charges envers les ch├┤meurs. En fait, ils r├⌐clam├¿rent du gouvernement f├⌐d├⌐ral le contr├┤le fiscal de leurs budgets.
  16.  
  17.      Ces exigences, qui correspondaient en r├⌐alit├⌐ ├á une v├⌐ritable inf├⌐odation, furent satisfaites de fa├ºon assez curieuse. La solution des probl├¿mes, sociaux et ├⌐conomiques entre autres, de la soci├⌐t├⌐ urbaine moderne fut laiss├⌐e aux villes, tandis que les moyens destin├⌐s ├á les r├⌐soudre furent contr├┤l├⌐s de pr├¿s par les diff├⌐rents gouvernements provinciaux, soit directement par des r├¿glements, soit par une surveillance ├⌐troite ou par des manoeuvres financi├¿res. Lorsqu'ensuite, la population des villes recommen├ºa ├á cro├«tre dans les ann├⌐es 40 et 50, les villes agrandies durent faire face ├á l'avenir avec des pouvoirs diminu├⌐s et des revenus propres insuffisants.
  18.  
  19. Transformation 
  20.  
  21.      La transformation du Canada qui, de soci├⌐t├⌐ surtout rurale et pr├⌐-industrielle, est devenu une soci├⌐t├⌐ urbaine et industrielle, s'est manifest├⌐e par un large ├⌐ventail de changements physiques et humains, tout particuli├¿rement dans les villes. La croissance des populations urbaines est ├⌐videmment en soi un aspect important de cette transformation. Ainsi, la population de 14 grandes villes canadiennes est pass├⌐e de 921 687 en 1901 ├á 2 765 580 en 1931, soit une augmentation de 300 pour cent. Dans les villes de l'Ouest, des augmentations de plus de 500 pour cent au cours de ces trente ann├⌐es ├⌐taient chose courante. En 1901, ces 14 villes repr├⌐sentaient environ 17,3 pour cent de la population du Canada et en 1931, environ 26,7. Pendant la d├⌐pression, ce sont elles qui allaient comprendre environ la moiti├⌐ des ch├┤meurs et absorber les trois-quarts des co├╗ts de l'assistance.
  22.  
  23.      La transformation ├⌐tait tout aussi manifeste dans les modifications touchant la construction urbaine, en particulier par l'adoption et l'├⌐laboration d'une nouvelle technologie. Tout aussi importantes, mais peut-├¬tre moins ├⌐videntes que les changements subis par le milieu physique, furent les transformations de l'organisation ├⌐conomique ainsi que celles des institutions sociales et autres. Ces changements furent en grande partie achev├⌐s dans les ann├⌐es 20 qui ont vu, en un sens, le couronnement d'une architecture fond├⌐e sur l'ascenseur Otis et l'utilisation de l'acier et du b├⌐ton. Ce furent ces techniques de construction qui donn├¿rent aux villes leurs ┬½silhouettes┬╗ caract├⌐ristiques produites par les ┬½gratte-ciel┬╗ ├⌐lev├⌐s comme autant de pi├¿ces mont├⌐es. L'Empire State Building de New York (termin├⌐ en 1929) est peut-├¬tre le symbole achev├⌐ de cette ├⌐poque, mais les villes canadiennes ont elles aussi des immeubles de ce genre, ├á une ├⌐chelle plus modeste, par exemple, le Marine Building de Vancouver (termin├⌐ ├á peu pr├¿s ├á la m├¬me ├⌐poque que l'Empire State Building). Les nouvelles techniques de construction firent na├«tre dans le centre des villes non seulement les gratte-ciel mais aussi les basses-villes et, avec la prolif├⌐ration des automobiles, leurs encombrements. Par contrecoup, la concentration de la population dans le centre des villes et l'usage de l'automobile furent ├á l'origine du d├⌐veloppement urbain et de ce qui en furent les symboles mat├⌐riels, par exemple le supermarch├⌐, un ph├⌐nom├¿ne des ann├⌐es 30, et les plans d'am├⌐nagement de vastes quartiers r├⌐sidentiels.
  24.  
  25.      L'essor fulgurant des moyens de transport fond├⌐s sur le moteur ├á combustion interne a ├⌐t├⌐, ├⌐videmment, l'un des faits nouveaux qui ont le plus profond├⌐ment marqu├⌐ le milieu physique des villes. Dans les ann├⌐es 20, les v├⌐hicules motoris├⌐s commen├ºaient tout juste ├á cr├⌐er les probl├¿mes devenus si caract├⌐ristiques des villes modernes: encombrements, salet├⌐, ├⌐talement. L'apparition de ces v├⌐hicules a engendr├⌐ un app├⌐tit immense pour les fonds publics affect├⌐s aux routes, ponts et autres ├⌐quipements. Ils ont aussi impos├⌐ de plus grandes exigences sur le syst├¿me nerveux ├á cause de ce fait nouveau appel├⌐ ┬½heure de pointe┬╗ -- contribution de l'automobile ├á ce ph├⌐nom├¿ne particulier de la soci├⌐t├⌐ urbaine et industrielle, la migration quotidienne entre le lieu de travail et la r├⌐sidence.
  26.  
  27.      Au d├⌐but du XXe si├¿cle, les d├⌐penses des gouvernements locaux augment├¿rent rapidement. Dans neuf grands centres pour lesquels les donn├⌐es sont disponibles, le total des taxes per├ºues passa de 20,8 millions de dollars en 1911 ├á 71,5 millions en 1921, et ├á 92,3 millions en 1929. Malgr├⌐ les efforts faits pour ├⌐conomiser et malgr├⌐ la contraction de l'assiette de l'imp├┤t, les co├╗ts de l'assistance continu├¿rent ├á faire monter les imp├┤ts per├ºus dans les ann├⌐es 30. Pour l'ensemble de ces neuf grands centres, ces co├╗ts atteignirent 101,2 millions de dollars en 1934. La plus grande partie de cette somme provenait de l'imp├┤t foncier qui, selon un ├⌐conomiste municipal, avait pratiquement ├⌐t├⌐ exploit├⌐ au maximum au milieu des ann├⌐es de la d├⌐pression. On ne pouvait plus rien en tirer. D'autres sources potentielles de taxation, comme l'imp├┤t sur le revenu, les taxes sur les boissons alcooliques et l'automobile, avaient ├⌐t├⌐ progressivement retir├⌐es aux municipalit├⌐s par les provinces au cours des ann├⌐es 20 et 30.
  28.  
  29.      La plus grande des recettes fiscales servait ├á rembourser les emprunts des trentes premi├¿res ann├⌐es du si├¿cle qui avaient servi ├á la subvention des programmes de travaux publics qui transform├¿rent l'aspect ext├⌐rieur de villes. Pendant la d├⌐pression, il n'├⌐tait pratiquement plus question d'emprunter pour des travaux de ce genre. Le nombre croissant de ch├┤meurs obligea cependant la plupart des municipalit├⌐s ├á poursuivre leurs programmes d'emprunt afin de subvenir aux besoins en mati├¿re d'assistance. En cons├⌐quence, la dette publique demeura stable ou s'accrut. Autre source de difficult├⌐s, l'argent ┬½├á bon march├⌐┬╗ emprunt├⌐ avant 1929 dut ├¬tre rembours├⌐ avec l'argent ┬½cher┬╗ de l'├⌐poque de la d├⌐pression. Ainsi, les municipalit├⌐s devaient faire face ├á un ├⌐cart grandissant entre les revenus qu'elles pouvaient retirer et les d├⌐penses qu'elles devaient effectuer. C'est de ce probl├¿me que se plaignirent surtout les municipalit├⌐s dans les ann├⌐es 30. S'y ajoutaient certains probl├¿mes d'ordre humain.
  30.  
  31.      Pendant la d├⌐pression, les victimes de la soci├⌐t├⌐ industrielle -- les ch├┤meurs -- avaient besoin des fonds publics simplement pour survivre, alors que cet argent devait d'abord servir ├á rembourser la dette contract├⌐e pour moderniser la ville, entreprise dont les principaux avantages profitaient surtout aux riches. Enfin, autre facteur li├⌐ ├á ce probl├¿me, la multiplication des nouvelles techniques augmenta la complexit├⌐ de la soci├⌐t├⌐ urbaine et accrut la vuln├⌐rabilit├⌐ de l'individu oblig├⌐ de se tirer d'affaires sans aide. De plus en plus de gens, particuli├¿rement ├á l'occasion d'une crise, ├⌐taient tout ├á fait incapables de subvenir ├á leurs besoins, m├¬me les plus ├⌐l├⌐mentaires, comme la nourriture et le logement. Il leur fallait compter sur les autres -- d'abord, les riches enclins ├á la g├⌐n├⌐rosit├⌐ et enfin, le secteur public. La technologie augmentait non seulement la complexit├⌐ des rapports avec le milieu, mais aussi, ce qui est plus important, elle ajoutait ├á la complexit├⌐ des rapports ├⌐conomiques et sociaux et, en fin de compte, renfor├ºait le r├┤le du gouvernement et d'autres institutions qui allaient appuyer ces rapports et servir de r├⌐gulateur.
  32.  
  33.      Sur le plan des rapports ├⌐conomiques, la p├⌐riode qui a pr├⌐c├⌐d├⌐ et qui a suivi la Premi├¿re Guerre mondiale semble avoir ├⌐t├⌐ marqu├⌐e par une r├⌐organisation majeure de l'├⌐conomie. ├Ç cet ├⌐gard, les ann├⌐es vingt ont vu l'emphase de l'├⌐conomie nationale passer du bl├⌐ aux p├ótes, au papier et aux m├⌐taux de base, des sources d'├⌐nergie comme le charbon et le bois au p├⌐trole et ├á l'├⌐lectricit├⌐, et des moyens de transport ferroviaires ├á l'automobile. On assistait aussi ├á cette ├⌐poque ├á une augmentation tr├¿s forte, et particuli├¿rement prononc├⌐e en milieu urbain, de la main-d'oeuvre employ├⌐e dans l'industrie tertiaire. (Voir tableau 1). De plus en plus, les gens entraient dans le secteur des services o├╣ ils ont constitu├⌐ la soci├⌐t├⌐ dite des ┬½bureaucrates┬╗ qui tient une place si importante dans la ville moderne. En outre, il y eut ├á cette ├⌐poque une rationalisation de grande envergure de la fabrication dans les grandes villes. Le nombre d'entreprises dans ces centres diminua consid├⌐rablement avant et pendant les ann├⌐es 20 et, dans certaines villes, il n'y avait plus ├á la fin de cette d├⌐cennie que la moiti├⌐ des ├⌐tablissements industriels qui y existaient au d├⌐but. Le nombre de travailleurs dans les diff├⌐rentes cat├⌐gories d'emplois manufacturiers d├⌐clina ├⌐galement tandis que le capital investi augmentait. (Voir tableau 2). Ainsi, les fabriques devenaient plus grosses, elles utilisaient plus de machines et moins de main-d'oeuvre, et leur production ├⌐tait plus ├⌐lev├⌐e. Il y eut effectivement dans les ann├⌐es 20 un bouleversement complet des facteurs salaires, prix et production. Il semble en ├¬tre r├⌐sult├⌐ un immense r├⌐servoir de main-d'oeuvre, marginale et d├⌐soeuvr├⌐e -- en un sens, les victimes de l'├óge de la m├⌐canisation, qui allaient devenir dans les ann├⌐es 30 les laiss├⌐s-pour-compte de la d├⌐pression.
  34.  
  35.  Tableau 1:
  36.  
  37.      Ratio de pourcentages dans les diff├⌐rentes professions: principales villes du Canada 
  38.                             1931/1921
  39.  
  40.                         Manuf.      Cons.      Trans.
  41.  
  42. Hamilton             890        1.035       1.305 
  43. Montreal            .793        1.105       1.128 
  44. Ottawa             1.058        1.080         .952 
  45. Quebec              .804         1.111      1.076 
  46. Toronto              .860          .984       1.142 
  47. Vancouver         .914         1.042       1.148 
  48. Winnipeg         1.018         1.021        .911 
  49.  
  50.  
  51.                           Comm.           Ser. prof. 
  52.  
  53. Hamilton              .945                1.160 
  54. Montreal              .854                1.000 
  55. Ottawa                 .920                 1.300 
  56. Quebec                .854                   .952 
  57. Toronto                .854                 1.225 
  58. Vancouver           .898                   .903 
  59. Winnipeg             .779                1.107 
  60.  
  61.  
  62.                  Ser. pers.  bureau  Man-oeuvres
  63.  
  64. Hamilton       1.425       .756         1.045 
  65. Montreal       1.462       .886         1.271 
  66. Ottawa           1.508       .817        1.005 
  67. Quebec         1.451       .942         1.430 
  68. Toronto         1.555       .886         1.083 
  69. Vancouver    1.110        .797        1.205 
  70. Winnipeg      1.478        .803        1.305 
  71.  
  72. Un indice sup├⌐rieur ├á 1.000 signifie une augmentation num├⌐rique relative pour une profession en particulier dans une ville en particulier, et un indice inf├⌐rieur ├á 1.000 indique l'inverse.
  73. Il n'existe de donn├⌐es comparables que pour les sept villes ├⌐num├⌐r├⌐es ci-dessus.
  74.  
  75.  
  76.  Tableau 2:
  77.  
  78.      Nombre d'entreprises et capital investi: principales villes du Canada 1920, 1930, 1936 
  79.  
  80.   --1920--             Nombre            Capital
  81.                                                  $ x 10 000
  82. Halifax                   315                25 485 
  83. Saint-Jean (N.-B)    302               15 814 
  84. Qu├⌐bec                  443                42 021 
  85. Montr├⌐al              2832              471 488 
  86. Ottawa                    552               49 619 
  87. Hamilton                 795             144 764 
  88. London                   464                36 090 
  89. Toronto                 3383             453 264 
  90. Winnipeg                911             100 372 
  91. Regina                    173               12 934 
  92. Saskatoon              173                 7 136 
  93. Calgary                   332               26 151 
  94. Edmonton               306                17 754 
  95. Vancouver             1065               85 805 
  96.  
  97.   --1930--             Nombre            Capital
  98.                                                  $ x 10 000
  99. Halifax                    100               21 049 
  100. Saint-Jean (N.-B.)    126               24 886 
  101. Qu├⌐bec                    243               68 154 
  102. Montr├⌐al                1825             485 332 
  103. Ottawa                      208              57 296
  104. Hamilton                  439             214 227 
  105. London                     228              46 839 
  106. Toronto                   2320            524 162 
  107. Winnipeg                  519            123 782 
  108. Regina                        84              35 487 
  109. Saskatoon                   64               9 529 
  110. Calgary                     153              35 701 
  111. Edmonton                 153              24 760 
  112. Vancouver                 681           128 685 
  113.  
  114.   --1936--             Nombre            Capital
  115.                                                  $ x 10,000
  116. Halifax                    94                  23 835 
  117. Saint-Jean (N.-B)   118                 18 122 
  118. Qu├⌐bec                  286                 46 761 
  119. Montr├⌐al              2372               389 225 
  120. Ottawa                   200                 33 112 
  121. Hamilton                466               176 519 
  122. London                  237                 38 301 
  123. Toronto                2762               396 258 
  124. Winnipeg              594                  71 757 
  125. Regina                    95                    9 709 
  126. Saskatoon               66                   7 205 
  127. Calgary                  161                 27 497 
  128. Edmonton              168                 17 489 
  129. Vancouver             807                 83 199 
  130.  
  131.  
  132.      Dans le domaine des rapports sociaux, un processus d'├⌐limination parmi la population des villes sembla s'├¬tre achev├⌐. Ce remaniement avait commenc├⌐ ├á se manifester dans certains grands centres vers l'├⌐poque de la formation de la Conf├⌐d├⌐ration et appara├«t comme une cons├⌐quence de l'accroissement num├⌐rique, des pressions d├⌐coulant d'une soci├⌐t├⌐ industrielle et urbaine au Canada et du d├⌐veloppement des moyens de transport interurbains, en particulier le tramway ├á traction animale et le tramway ├⌐lectrique. Dans les petites agglom├⌐rations urbaines de l'├¿re ┬½pr├⌐-industrielle┬╗, on pouvait constater un m├⌐lange h├⌐t├⌐rog├¿ne de gens et de types d'activit├⌐s pr├¿s du centre des villes. Riches et pauvres, protestants et catholiques, irlandais et anglais vivaient les uns pr├¿s des autres. En outre, les diff├⌐rentes composantes ├⌐conomiques, commerce, industrie et habitations, se trouvaient r├⌐unies p├¬le-m├¬le.
  133.  
  134.      Toutefois, dans la ville moderne en train de se d├⌐velopper, il semble s'├¬tre produit trois changements majeurs. Il y eut d'abord l'├⌐loignement du lieu de r├⌐sidence et du lieu de travail et, par voie de cons├⌐quence, l'afflux biquotidien des voyageurs arrivant au travail et retournant ├á la maison. Il y eut, en deuxi├¿me lieu, la formation de secteurs se distinguant par une branche d'activit├⌐s: un centre caract├⌐ris├⌐ par le commerce et les magasins de d├⌐tail; tout pr├¿s, des secteurs distincts pour les fabriques et les entrep├┤ts; d'importantes zones r├⌐serv├⌐es aux transports navals et ferroviaires; enfin, un certain nombre de quartiers r├⌐sidentiels. Troisi├¿mement, les quartiers r├⌐sidentiels se diff├⌐renci├¿rent selon des facteurs comme la culture ou le revenu, ou selon une combinaison des deux, pour former les quartiers ou banlieues de la ville moderne appel├⌐s quartier nord, quartier est, Rosedale, Westmount, Cabbagetown.
  135.  
  136.      Ces diff├⌐renciations ├⌐videntes -- qui marqu├¿rent et le monde des affaires et les secteurs d'habitation -- se produisirent dans bon nombre de villes canadiennes, de fa├ºon partielle toutefois dans certaines d'entre elles et jamais deux fois de la m├¬me fa├ºon. Les forces ├á l'oeuvre dans la nouvelle soci├⌐t├⌐ urbaine et industrielle furent frein├⌐es par la persistance de l'environnement et de l'organisation sociale de la vieille soci├⌐t├⌐ ┬½pr├⌐-industrielle┬╗. Les vieilles structures, comme les vieux immeubles, ne furent jamais ├⌐limin├⌐es au cours de cette p├⌐riode de transformations saisissantes, il y eut plut├┤t interp├⌐n├⌐tration et modifications au cours d'une p├⌐riode assez longue. D'autres obstacles, d'origine historique, ajout├¿rent ├á la complexit├⌐ de la nouvelle situation, comme le m├⌐lange des populations dans chaque centre, ses types d'activit├⌐ ├⌐conomique traditionnels et sa topographie particuli├¿re.
  137.  
  138.      L'impact des transformations urbaines et industrielles -- la croissance de la population, la pouss├⌐e de la technologie, la r├⌐organisation ├⌐conomique et sociale -- cr├⌐├¿rent des probl├¿mes, dont certains ont d├⌐j├á ├⌐t├⌐ invoqu├⌐s. Ces probl├¿mes, il va de soi, entra├«n├¿rent la recherche de solutions. En fait, au cours de la p├⌐riode qui pr├⌐c├⌐da et suivit imm├⌐diatement la Premi├¿re Guerre mondiale, il y eut une v├⌐ritable floraison de solutions propos├⌐es d'abord par des r├⌐formistes sociaux amateurs et, par la suite, par des sp├⌐cialistes de toutes sortes. Effectivement, c'est ├á ce moment de l'histoire canadienne que nous constatons l'├⌐mergence du technocrate, de l'expert, du sp├⌐cialiste et du planificateur, habitants typiques des villes.
  139.  
  140.      L'un des principaux moyens utilis├⌐s pour trouver des solutions aux probl├¿mes urbains consista ├á effectuer des enqu├¬tes, et celles qui ont ├⌐t├⌐ faites au d├⌐but du XXe si├¿cle fournissent d'utiles informations historiques sur ce qu'├⌐taient les villes et sur ce qu'elles devaient ├¬tre selon leurs auteurs. Les diff├⌐rents relev├⌐s d├⌐mographiques et enqu├¬tes d'urbanisme, quoiqu'ils aient surtout port├⌐ sur les conditions d'habitat ou l'organisation mat├⌐rielle de la ville, n'en ont pas moins habituellement ├⌐voqu├⌐ les conditions de vie. Les probl├¿mes de sant├⌐ et de s├⌐curit├⌐ sociale -- entre autres, les maladies contagieuses, les mauvaises conditions d'hygi├¿ne, l'enfance d├⌐linquante, l'ivrognerie, les familles d├⌐sunies et le ch├┤mage -- ├⌐taient d'ordinaire soulign├⌐s et les divers rapports ne manquaient jamais de relever la co├»ncidence entre le milieu physique bruyant et les probl├¿mes sociaux et m├⌐dicaux constat├⌐s dans la populations.
  141.  
  142.      Au moment de la Premi├¿re Guerre mondiale, les enqu├¬tes et les efforts d'organisation des r├⌐formistes sociaux et urbains commen├ºaient ├á se concr├⌐tiser pour former des ├⌐tablissements officiels, parfois au sein du secteur public, mais le plus souvent dans le secteur priv├⌐. Des organismes sociaux et de planification urbaine commen├ºaient ├á appara├«tre ├á l'├⌐tat embryonnaire dans les ann├⌐es 20, pour r├⌐pondre ├á la croissance g├⌐ographique et ├⌐conomique rapide des centres urbains. Toutefois, avec le Krach de 1929, ils ne purent r├⌐pondre aux attentes, notamment ├á celles de la victime toute d├⌐sign├⌐e de l'├¿re urbaine et industrielle: le travailleur en ch├┤mage.
  143.  
  144.      Les gouvernements, qui auparavant n'avaient fait que s'occuper un peu d'assistance aux victimes du monde industriel moderne, furent amen├⌐s, par la mis├¿re des ch├┤meurs, ├á se lancer sans retenue dans le domaine des services sociaux et de l'organisation sociale. Les services de s├⌐curit├⌐ publique ou sociale furent mis sur pied ou prirent de l'expansion ├á tous niveaux de gouvernement au cours de la d├⌐pression qui suivit le Krach et s'implant├¿rent solidement au sein des bureaucraties publiques. Ces bureaux, ainsi que les services d'am├⌐nagement, furent bient├┤t remplis d'┬½experts┬╗. En effet, dans les ann├⌐es 30, bon nombre de municipalit├⌐s engag├¿rent leurs premiers travailleurs sociaux et planificateurs dipl├┤m├⌐s.
  145.  
  146. Le chaos 
  147.  
  148.      L'├⌐volution du milieu physique et humain, ainsi que les efforts faits pour s'adapter aux changements, faisaient partie d'un lent processus de maturation dans lequel se trouvait le Canada au d├⌐but du XXe si├¿cle. Bon nombre de ces changements touch├¿rent les villes canadiennes. En plein milieu de cette ├⌐volution, ├á la fin de l'automne 1929, la plus grande partie du monde, y compris le Canada, fut pr├⌐cipit├⌐e dans la d├⌐pression qu'on appela ici la grande Crise (┬½Dirty Thirties┬╗). Les Canadiens avaient d├⌐j├á eu ├á subir des d├⌐pressions, mais jamais un tel effondrement ├⌐conomique n'avait frapp├⌐ si largement le pays, ├á une ├⌐poque o├╣ tant de gens vivaient dans tant de villes et o├╣ il existait si peu de moyens mat├⌐riels pour compenser la perte d'un emploi.
  149.  
  150.      Les Canadiens ├⌐taient mal pr├⌐par├⌐s. Ils n'avaient pas encore r├⌐ussi ├á s'impr├⌐gner de ces changements de longue haleine. Ils s'├⌐taient habitu├⌐s ├á la prosp├⌐rit├⌐ industrielle et ils la consid├⌐raient comme la solution de la plupart de leurs probl├¿mes. Il se comportaient ├á cet ├⌐gard comme les habitants de la plupart des autres pays industrialis├⌐s. En fait, au Canada comme ailleurs, la strat├⌐gie sociale et ├⌐conomique consistait presque exclusivement ├á s'appuyer sur la poursuite de l'expansion pour r├⌐soudre les probl├¿mes sociaux et ├⌐conomiques du monde moderne. Le progr├¿s et la croissance, ce qui comprenait les innovations techniques, ├⌐taient consid├⌐r├⌐s comme la solution principale de la plupart des probl├¿mes mat├⌐riels et sociaux. Ce que l'homme ne pouvait r├⌐gler seul, la science et la technologie s'en chargeraient.
  151.  
  152.      Dans les centres urbains du Canada, les conseils municipaux avaient consacr├⌐ leurs efforts ├á l'am├⌐nagement du milieu physique dans lequel le commerce pourrait prosp├⌐rer, et firent tout les efforts n├⌐cessaires pour secourir les victimes les plus d├⌐munies de la nouvelle soci├⌐t├⌐. La principale source de revenus pour ces initiatives ├á port├⌐e limit├⌐e ├⌐tait l'imp├┤t foncier qui, ├á tout prendre, ├⌐tait suffisante en temps de prosp├⌐rit├⌐.
  153.  
  154.      La d├⌐pression balaya ce syst├¿me rassurant. Elle r├⌐duisit ├á n├⌐ant la principale solution aux probl├¿mes de la ville moderne: la prosp├⌐rit├⌐. Les villes, qui ne disposaient m├¬me pas de moyens ou d'organisations leur permettant de faire face ├á une crise ├⌐conomique et sociale majeure, ├⌐taient arriv├⌐es ├á un carrefour dangereux. La crise ├⌐conomique, se superposant ├á d'importants changements de longue dur├⌐e dont les effets sur le syst├¿me social et l'urbanisme ne s'├⌐taient pas encore enti├¿rement manifest├⌐s, cr├⌐ait des obstacles presque insurmontables.
  155.  
  156.      Le premier r├⌐flexe des conseils municipaux face aux probl├¿mes sociaux de la d├⌐pression fut de consid├⌐rer les ch├┤meurs comme le r├⌐sultat d'une immigration excessive ou de se convaincre que la d├⌐pression n'├⌐tait qu'une r├⌐cession temporaire et qu'elle se terminerait bient├┤t. Leur premi├¿re r├⌐action fut donc de faire appel au gouvernement f├⌐d├⌐ral -- puisque l'immigration relevait de ce dernier -- pour assimiler le fardeau que repr├⌐sentaient les ch├┤meurs. Toutefois, la responsabilit├⌐ de ce probl├¿me ├⌐tait, selon la loi ou l'usage, celle des gouvernements locaux, et ni le gouvernement f├⌐d├⌐ral ni les provinces n'allaient intervenir ├á la demande de ces derniers. Il devint bient├┤t ├⌐vident que le ch├┤mage n'├⌐tait pas d├╗ ├á une immigration trop forte et, qui plus est, qu'il ne dispara├«trait pas tout seul. La r├⌐cession ├⌐tait une v├⌐ritable d├⌐pression. Sans autre appui qu'une aide financi├¿re des gouvernements sup├⌐rieurs, et avec la d├⌐faillance des organismes priv├⌐s au d├⌐but de la d├⌐pression, les gouvernements locaux, notamment ceux des municipalit├⌐s, se trouvaient en face d'un probl├¿me que ne pouvaient r├⌐soudre des mesures temporaires et ad hoc.
  157.  
  158.      La premi├¿re r├⌐action sur le plan ├⌐conomique fut encore plus inconsid├⌐r├⌐. Son seul effet fut d'aggraver la situation. Comme on l'a vu, la principale doctrine ├⌐conomique des ann├⌐es 20 consistait ├á compter sur l'expansion, ce qui signifiait pour les villes lutter pour obtenir leur part de cette expansion et de la prosp├⌐rit├⌐ qui en d├⌐coulait. Toutefois, pendant la d├⌐pression, la sagesse traditionnelle voulait qu'on fasse l'inverse, c'est-├á-dire qu'on applique des mesures d'├⌐conomie et des restrictions et qu'on mette la localit├⌐ autant que possible ├á l'abri des effets secondaires de la d├⌐pression. Ainsi, il devint pratique courante dans la plupart des villes d'├⌐conomiser de toutes les fa├ºons possibles et d'emp├¬cher l'entr├⌐e des ind├⌐sirables, c'est-├á-dire surtout les ch├┤meurs et les concurrents des hommes d'affaires locaux. Les budgets municipaux furent diminu├⌐s, les emprunts pour les ├⌐quipements furent r├⌐duits, des employ├⌐s furent mis ├á pied et les traitements, diminu├⌐s. Des r├¿glements discriminatoires furent adopt├⌐s ├á l'├⌐gard des non-r├⌐sidents et des travailleuses. Les services publics furent limit├⌐s autant que possible et certaines municipalit├⌐s en vinrent ├á ├⌐teindre un r├⌐verb├¿re sur deux. L'├⌐quipement usag├⌐ n'├⌐tait pas remplac├⌐ et on n'en achetait pas de nouveau. Des campagnes furent lanc├⌐es pour rendre plus honn├¬tes et plus efficaces les gouvernements municipaux. Elles furent suivies le moment venu par d'autres mesures destin├⌐es ├á ├⌐liminer les parasites de l'├⌐conomie, par exemple dans les domaines du jeu et de la prostitution, et ├á d├⌐truire les pr├⌐tendus monopoles, notamment les soi-disant trusts du lait, du charbon et du pain. L'inefficacit├⌐, la malhonn├¬tet├⌐, et la monopolisation qui pouvaient ├¬tre tol├⌐r├⌐es lorsque tout allait bien devenaient insupportables en temps de crise. Le r├⌐sultat en fut bien entendu le ralentissement d'une ├⌐conomie d├⌐j├á affaiblie.
  159.  
  160.      Comme la d├⌐pression entrait dans une deuxi├¿me, une troisi├¿me et une quatri├¿me ann├⌐es, m├¬me les plus optimistes durent se rendre ├á l'├⌐vidence: le redressement serait long, lent et p├⌐nible, et il faudrait faire les efforts n├⌐cessaires pour se prot├⌐ger contre de futures d├⌐pressions. Il devint ├⌐vident que les ch├┤meurs n'├⌐taient pas responsables de la perte de leur emploi, ni de leurs difficult├⌐s ├á en trouver un autre. Il semblait que la d├⌐pression ├⌐tait un corollaire in├⌐vitable de la prosp├⌐rit├⌐ dans la nouvelle soci├⌐t├⌐ urbaine. Les longues listes de ch├┤meurs d├⌐montraient nettement les p├⌐nibles cons├⌐quences de la d├⌐pression, et les nombreux rassemblements, ├⌐meutes et m├⌐moires des organisations de ch├┤meurs et des autres ├⌐l├⌐ments activistes politiques montraient avec tout autant de clart├⌐ les cons├⌐quences ├⌐ventuelles d'un refus d'admettre leur mis├¿re.
  161.  
  162.      On fit finalement des efforts dans la plupart des villes (et au niveau des gouvernements sup├⌐rieurs) pour organiser une distribution rationnelle et ad├⌐quate de l'assistance, peut-├¬tre m├¬me sur une base permanente. Il ├⌐tait devenu ├⌐vident que la collectivit├⌐ allait devoir prendre en charge les mesures d'assistance et en payer le prix, malgr├⌐ l'axiome des ann├⌐es 20 d'apr├¿s lequel l'individu devait pourvoir ├á ses propres besoins et celui des ann├⌐es 30, d'apr├¿s lequel les gouvernements devaient r├⌐duire leurs d├⌐penses en temps de crise. Il fallait admettre cette dure r├⌐alit├⌐ des ann├⌐es 30: les victimes de la soci├⌐t├⌐ urbaine et industrielle avaient besoin d'une aide publique, sinon c'├⌐tait la famine. Il s'agissait finalement de d├⌐cider quel gouvernement allait s'occuper de ceux qui souffraient de l'effondrement de l'├⌐conomie et lequel allait en payer le prix.
  163.  
  164.      Comme on l'a d├⌐j├á vu, les administrations locales ├⌐taient cens├⌐es avoir la premi├¿re responsabilit├⌐ dans la mise sur pied et le financement des services sociaux de toutes sortes en l'absence d'organismes dus aux initiatives individuelles ou aux b├⌐n├⌐voles. Mais ├á cause de la multitude des ch├┤meurs et du co├╗t ├⌐norme qui en d├⌐coulait, les ressources du secteur priv├⌐, puis celles des gouvernements locaux, y compris les grandes villes, ne purent suffire ├á la t├óche. Ils ne disposaient ni de l'organisation sociale n├⌐cessaire pour faire face au probl├¿me du ch├┤mage, ni des moyens financiers qui le leur auraient permis. Ils d├⌐pendaient de l'imp├┤t foncier, imp├┤t qui avait d├⌐j├á ├⌐t├⌐ fortement exploit├⌐ dans les ann├⌐es 20.
  165.  
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