Les Indiens vivaient sur l’ensemble de l’Amérique du Nord, des banquises du Grand Nord jusqu’aux déserts du sud en passant par les immenses plaines du centre. Voici de magnifiques objets créés par les tribus de ces différentes régions. Des objets de la vie quotidienne mais aussi des objets de cérémonie liés à leurs croyances et à leurs traditions qui sont présentés ce mois-ci dans de magnifiques expositions à Paris, en Allemagne et en Belgique. « Mobiclic » te les fait découvrir en avant-première.
La banquise
Nous sommes les Eskimos de l’Arctique et nous faisons partie de la communauté des Amérindiens. Nous vivons de la pêche à la baleine que nous chassons en kayac, armés de harpons. C’est très dangereux ! Alors, pour augmenter nos chances, nous prions les esprits animaux représentés sur les masques que tu peux admirer.
La plaine
Je suis Petite-Lune et dans ces Grandes Plaines, nous vivons en nomades car nous sommes sans cesse sur les traces des hardes de bisons. C’est pourquoi tous nos objets doivent être légers et faciles à transporter à cheval. Mais rien n’est fait au hasard. Par exemple le nombre de plumes de la coiffe du chef a son importance. Découvre nos magnifiques objets.
Le désert
Hugh ! je suis Petit-Nez-Affamé. Ici, dans le désert, il fait très chaud, alors nous creusons nos maisons sous terre pour avoir de la fraîcheur. On y entre par un trou rond pratiqué dans le toit. Il y a peu de gibier ici et le sol est très difficile à travailler, alors les femmes font de la vannerie, de grands paniers que nous échangeons contre de la viande séchée de bison avec les tribus des Plaines.
Objets des indiens de la banquise
Ornement frontal Tsimshian
Date : 1840-1870
Tribu : Tsimshian
Matériaux : bois de cèdre et nacre d’ormeau
Couleurs : pigments
Lieu d’exposition : Fondation Mona Bismarck, Paris
Cet objet n’est pas un masque mais un ornement. Il ne couvre pas tout le visage mais seulement le front et le haut du crâne, un peu comme un chapeau. Il représente Naas-Shaki-Yeil, le dieu-corbeau, créateur du monde car il est le maître de la Lumière.
Grâce à mon bec, j’ai dérobé le soleil au chef du ciel pour l’offrir aux hommes, qui vivaient autrefois dans l’obscurité.
Ma couronne évoque les rayons du soleil. Elle est faite, comme mes yeux, en nacre d’ormeau, un coquillage comestible. La nacre reflète la lumière, elle est bleue comme le ciel et comme la mer.
Masque d’oiseau-monstre
Date : vers 1880
Tribu : Kwakiutl
Matériaux : bois d’érable et crin de caribou
Couleurs : pigments
Lieu d’exposition : musée d’Ethnologie de Berlin, Allemagne
Chaque hiver, de grandes fêtes sont organisées pour mettre fin aux querelles entre tribus. C’est à cette occasion que les Indiens s’offrent des masques comme cet « oiseau-monstre ». Les masques doivent inciter les puissances mystérieuses à se manifester.
Ce masque en bois d’érable, un arbre du Canada, est d’abord léché pour l’enduire de salive, qui fait adhérer les couleurs. Ensuite les couleurs sont fixées par la vapeur de l’urine humaine. La couleur rouge du nez est obtenue avec du sang.
Masque Kwakiutl à transformation
Date : 1882
Tribu : Kwakiutl
Matériaux : bois de cèdre et cordelette végétale
Couleurs : pigments
Lieu d’exposition : musée d’Ethnologie de Berlin, Allemagne
Les masques sont fabriqués durant les longs hivers par les sorciers, appelés « chamans ». C’est aussi eux qui les portent durant les cérémonies pour entrer en communication avec les Esprits. Mais après, il faut les brûler pour chasser les Esprits. Regarde, ce magnifique masque, il s’est ouvert en deux.
Fermé, ce masque représente un corbeau. Grâce à des lianes, le chaman ouvre le bec de l’oiseau et fait apparaître le masque du soleil. En dansant, il raconte l’exploit du corbeau qui attrapa le soleil pour éclairer la Terre et apporter un peu de chaleur aux hommes.
Mât totémique Tsimshian
Date : 1905
Tribu : Tsimshian
Matériaux : bois
Couleurs : pigments
Lieu d’exposition : musée d’Ethnologie de Berlin, Allemagne
Un totem est placé devant l’entrée de chaque maison des villages. Cette sculpture est l’emblème du clan qui y habite. Le totem doit empêcher les noyades lors des pêches en canoë et protéger les morts dans leur voyage vers la maison du chef de l’univers sous-marin.
Masque Kwakiutl de Tunghak
Date : XIXe siècle
Tribu : Kwakiutl
Matériaux : bois et plumes d’oies sauvages
Couleurs : pigments
Lieu d’exposition : Fondation Mona Bismarck, Paris
Ce masque représente l’esprit divin de la nature que les Eskimo appellent « Tunghak ». Il erre entre le monde souterrain et le paradis situé sur la Lune, maîtresse des Marées et de la Pêche. Le visage de Tunghak est inscrit dans un disque parfait comme la Lune. Le sorcier du village, appelé « chaman », portait ce masque au cours de cérémonies destinées à favoriser la pêche et à protéger les pêcheurs. Découvre l’histoire de sa compagne qui souriait aux hommes.
Le dieu Tunghak a aussi une compagne, beaucoup moins sympathique que lui. Elle cherche à faire rire les hommes, puis en profite pour leur ouvrir le ventre car elle veut venger les animaux tués par les chasseurs. Il faut lui plaire en lui souriant pour connaître assez tôt ses projets et tenter de les modifier.
Objets des indiens des plaines
Masque de fertilité
Date : 1925
Tribu : Onondaga
Matériaux : feuilles et cosses de maïs tressées
Lieu d’exposition : musée du Cinquantenaire, Bruxelles
Ce masque a été tressé à la main avec des feuilles et des cosses de maïs. Les tribus qui cultivent les champs ne connaissent pas le blé, mais le maïs, avec lequel ils font des galettes ou des masques. Découvre ses pouvoirs !
Lors de cérémonies, on m’utilise pour appeler à de bonnes récoltes, mais aussi pour favoriser les naissances de bébés. C’est pour cela que l’on me nomme masque de fertilité !
Robe de femme
Date : 19e siècle
Tribu : Cheyenne
Matériaux : peau de bison et perles
Couleurs : pigments
Lieu d’exposition : musée du Cinquantenaire, Bruxelles
Tous les vêtements : robes, tuniques, pantalons, mocassins et bottines sont faits de peau de bison, ce qui les rend bien plus isolants du froid que les tissus des Européens. Ils sont toujours ornés de bijoux ! Mais d’où viennent ces perles ?
Ces petites étoiles sont dessinées avec des perles de pacotille. Auparavant, les Indiennes brodaient ce genre de motifs avec des aiguilles de porc-épic, jusqu’à l’arrivée des trappeurs européens, qui leur donnèrent des perles en échange de manteaux de peau.
Cette croix catholique est la marque de l’influence des Européens qui ont colonisé l’Amérique et imposé un peu partout leur religion.
Tambour Pawnee
Date : vers 1890
Tribu : Pawnee d’Oklahoma
Matériaux : peau de bison, bois, clous
Couleurs : pigments
Lieu d’exposition : Fondation Mona Bismarck, Paris
Sur ce tambour de fête est représenté l’un des esprits animaux les plus puissants : l’« oiseau-tonnerre ». Il est le maître du ciel. Les hommes le prient par des chants soutenus au rythme des tambours pour faire venir la pluie, qui tombe rarement en Oklahoma. Clique sur le tambour ! La peau de cet instrument imite le grondement du tonnerre.
Coiffe de guerre
Date : 19e siècle
Tribu : Lakota
Matériaux : plumes d’aigle, crin de cheval, fourrure d’hermine, aiguilles de porc-épic, tissu et feutre
Lieu d’exposition : Fondation Mona Bismarck, Paris
Seul le chef de la tribu est autorisé à porter cette coiffe, lors du départ à la guerre. Elle rappelle son courage et ses exploits lors de précédents combats. Le nombre de plumes a son importance, découvre ce que cela signifie !
Le nombre de plumes d’aigle, le rapace aux yeux qui voient loin, est égal au nombre d’ennemis tués au combat par le chef.
Ratonic :
Bon, ben moi, euh, y a dû y avoir un coup de vent. Ben, qui m’a pris mes plumes ?
Calumets de cérémonie
Date : vers 1860
Tribu : Sioux
Matériau : bois
Couleurs : pigments
Lieu d’exposition : musée d’Ethnologie de Berlin, Allemagne
Voici les célèbres « calumets de la paix ». On devrait plutôt les nommer calumets de la guerre, car ils étaient utilisés par les Sioux lors du conseil de guerre appelé « pow wow », mais aussi pour toutes sortes de cérémonies.
Les Indiens fumaient du tabac qui poussait à l’état sauvage. Pour eux, la fumée transportent les prières vers les Esprits qui habitent le ciel.
Objets des indiens du désert
Poupée Kachina Tasa
Date : début 20e siècle
Tribu : Hopi
Matériaux : Racine de yucca, plumes jaunes de l’oriole, plumes bleues de l’oiseau arctique, plumes rouges du perroquet, plumes blanches de la pie, plumes noires du corbeau, plumes de toutes les couleurs du coucou, duvet d’aigle
Lieu d’exposition : musée du Cinquantenaire, Bruxelles
Dans les nuages vivent les esprits des ancêtres, appelés « kachina ». Les poupées qui les représentent sont les messagères qui permettent de communiquer avec eux. Elles enseignent aux enfants les croyances et les traditions de la tribu.
Cette poupée est destinée aux garçons ! En effet, ses dents carrées très apparentes indiquent la férocité. Elle prépare ainsi les petits Indiens à leur futur rôle de guerrier, gardien de la tribu.
Corbeille Dat So La Lee
Date : 1905
Tribu : Navarro
Matériaux : Saule et fougère tressés
Couleurs : pigments
Lieu d’exposition : Fondation Mona Bismarck, Paris
Les grandes corbeilles tressées avec des fibres de saule et de fougère contiennent des réserves de nourriture : racines, graines, herbes, noisettes, insectes. Elles sont conservées toute la vie, puis brûlées à la mort de son propriétaire.
Le dessin géométrique évoque un feu destiné à envoyer des messages sous forme de nuages de fumée.
Découvre le manteau d’apparat
Quel magnifique vêtement de fête ! C'est un manteau que portait le chef de la tribu des Lakota lors des grandes occasions. Les Indiens ignoraient l’écriture. Les dessins, comme sur ce manteau, étaient un moyen de raconter aux enfants l’histoire de la tribu, comme ici le récit d’une bataille.
Fiche :
Date : vers 1880
Matériau : peau de cheval peinte
Tribu : Lakota
Sujet : récit en images d'une bataille qui opposa la tribu des Lakota à celle des Crow
Lieu d’exposition : Fenimore Art Museum, Cooperstown (USA)
Sur la peau d’un cheval qui fut tué pendant le combat, les épisodes de la bataille ont été peints par un ou plusieurs Indiens Lakota ayant survécu à la bataille. La peinture conserve la mémoire de cet événement important.
Les chevaux n'existaient pas en Amérique du Nord. Ils ont été apportés par bateaux au XVIe siècle par les Espagnols lors de la conquête du Mexique. Les chevaux échappés des batailles, déjà dressés, ont été attrapés par les Indiens, qui les appelaient « chiens sacrés », car auparavant, ils utilisaient des chiens pour tirer des charges.
La peau entière du cheval est d'abord débarrassée de ses poils. La peau séchée devient alors du cuir. Pour obtenir des traits nets, il faut que le cuir soit lisse, c’est-à-dire bien tanné.
Les piquets entre lesquels la peau a été tendue pour sécher ont laissé des trous près des bords.
Les Indiens utilisaient des pigments pour donner des couleurs à leurs objets. Ces substances d’origine animale ou végétale sont mélangées à un liquide, le jus de cactus par exemple. Ainsi, le rouge vient du jus de groseilles écrasées, le jaune est produit en broyant le foie du bison et le bleu s'obtient en cuisant au four des excréments de canard.
Le tracé des lignes se fait avec un os de cheval, taillé en biseau. Le dessinateur ne doit faire aucune erreur, car toute modification est impossible.
Ce sont les colons européens qui déclenchaient les guerres entre les tribus indiennes afin qu’elles s’exterminent entre elles. Ce qui leur évitait de le faire eux-mêmes pour ainsi occuper leurs territoires de chasse.
Les fusils étaient pris aux Européens tués, mais aussi fournis par les Blancs pour faire davantage de victimes dans les guerres entre tribus. Les Indiens l'appelaient le « bâton de feu ». La détonation est ici figurée par un triangle à l’extrémité du fusil.
La peinture est un compte rendu détaillé des affrontements, des blessures infligées aux adversaires ou reçues d’eux, et du nombre précis de victimes. Pour ceux qui ont participé à la bataille, chaque silhouette est identifiable. Les épisodes se lisent de droite à gauche.
Au sein de la tribu, les guerriers constituent une élite dispensée des corvées quotidiennes. Le prestige d’un homme et son autorité dépendent de ses exploits guerriers. Le combat est un corps à corps, qui requiert un grand courage.
La peinture montre la supériorité des Lakota avec leurs armes traditionnelles sur les Crow, armés de fusils mais qui ont presque tous été désarçonnés. L’équilibre entre les vivants et les morts doit toujours être préservé. Alors les prisonniers de guerre, en nombre égal à celui des victimes dans la tribu, sont adoptés et offerts comme des fils aux pères ou aux frères des morts au combat.
Les expositions sur l’Art des Indiens d’Amérique du Nord
Art des Indiens d’Amérique du Nord
Fondation Mona Bismarck, 34, avenue de New-York, 75116 PARIS
Du 21 janvier au 18 mars 2000.
Tous les jours de 10 h 30 à 18 h 30 sauf dimanche, lundi et jours fériés.
Entrée libre. Renseignements :
Tél. 01 47 23 38 88
Fax 01 42 86 94 07
Indian Summer - Les premières nations d’Amérique du Nord
Musée du Cinquantenaire (MRAH), Parc du Cinquantenaire 10, 1000 Bruxelles, BELGIQUE.
Du 23 septembre 1999 au 26 mars 2000.
Nombreuses animations : danses et cérémonies rituelles, sculpture d’un totem, tipi...
Droit d’entrée : 350 FB, gratuit pour les enfants jusqu’à 6 ans.
Arctique : régions polaires situées autour du pôle Nord.
Amérindiens : mot utilisé pour désigner les Indiens d’Amérique.
Nomade : personne qui n’a pas d’habitation fixe.
Kayak : embarcation traditionnelle des Eskimo, longue et étroite, faite de peaux de phoque tendues sur une armature en bois.
Harpon : manche muni d’une pointe de flèche que l’on utilise pour pêcher.
Pigment : matière d’origine minérale ou organique, réduite en poudre et que l’on utilise comme colorant.
Ornement : objet qui sert à orner, à décorer, à embellir.
Cèdre : conifère, arbre à aiguilles de grande taille.
Érable : grand arbre du Canada dont la sève donne le sirop d’érable.
Caribou : grand renne du Canada.
Chaman : sorcier guérisseur qui communique avec le monde des Esprits. Par des danses et des chants, il accompagne les morts vers la demeure des ancêtres ou ramène au sein de la tribu les âmes égarées.
Totem : statue représentant un animal que les membres d’une tribu considèrent comme une protection.
Emblème : objet qui représente une idée. Le coq, qui symbolise la vigilance, est l’emblème de la France.
Tannage : transformation des peaux en cuir pour en faire des vêtements, à l’aide du tan notamment, qui est le nom de l’écorce de chêne séchée.
Colon : personne qui habite un territoire conquis par son pays. Ici, conquérant espagnol, anglais, hollandais ou français qui s'approprie une partie du territoire américain en chassant les Indiens.
Fertilité : qualité de ce qui est fertile, c’est-à-dire qui va donner des récoltes abondantes.
Porc-épic : mammifère rongeur dont le corps est couvert de longs piquants.
Trappeur : chasseur d’animaux à fourrure en Amérique du Nord, pratiquant la chasse à la trappe, qui est un piège formé d’un trou recouvert de branchages.
Catholique : personne qui croit en la religion chrétienne et qui reconnaît l’autorité du pape.
Colonisés : peuple qui subit l’autorité d’un autre peuple dans son propre pays.
Oklahoma : État du centre des États-Unis, pays de plaines au sol riche et au climat sec ayant pour capitale Oklahoma City.
Hermine : mammifère carnivore dont le poil roux en été devient blanc en hiver.
Feutre : étoffe non tissée, faite de laines ou de poils agglutinés.
Yucca : plante à longues feuilles pointues originaire d’Amérique centrale.
Oriole : oiseau de l’Amérique du Nord de couleur jaune.
Coucou : oiseau qui pond ses œufs dans le nid d’autres oiseaux.