De la réforme issue du rapport Parent à la loi 107

Première partie : La réforme Parent (1959-1969)
Introduction




C'est à un rythme accéléré que se déroulera l'évolution du système scolaire en cette période caractéristique d'un monde en pleine mutation. Pour que la civilisation moderne puisse continuer de progresser, condition nécessaire à sa survie même, il devient nécessaire qu'une majorité reçoive une instruction convenable et qu'un nombre plus élevé reçoive une éducation supérieure. C'est dans ce contexte d'explosion scolaire, de révolutions scientifique et technologique, de transformations des modes de vie et des idées, que les réformes de cette période seront proposées.

Au Québec, on sort de la période Duplessis. Après une très courte période où l'Union nationale tentera d'amorcer des changements, c'est le libéral Jean Lesage qui prendra le pouvoir en juin 1960 avec son slogan : ½C'est le temps que ça change╗. Le programme de ce parti, sur le plan de l'éducation, préconise ½le libre accès à l'école à tous les jeunes en âge de la fréquenter╗. Pour cela, il faudra que les libéraux modifient, remuent les structures et dépensent beaucoup d'argent... L'élan provoqué par le rapport Parent donnera lieu à une période de très grande effervescence dans l'histoire de l'éducation; éducation de qualité et démocratisation véritable en sont les leitmotive ([MEQ, MESS et CSÉ, p. 49]; [Audet et Gauthier, p. 64-65]).

(voir ½La réforme des années 60-70-80╗ sur le site du MELS.)

Dates et événements : LA RÉFORME PARENT (1959-1969)

(À partir de la liste de [Gendreau et Lemieux])

1960: Le Département de l'Instruction publique passe, au point de vue financier, de la juridiction du Secrétaire de la province à celle du ministre de la Jeunesse.

Il s'agit de la première modification fondamentale que réalisèrent les libéraux quant à la structure du système scolaire.
1961: Loi instituant une Commission royale d'enquête sur l'enseignement.

Le ministre de la Jeunesse de l'époque, Paul Gérin-Lajoie, prendra une seconde décision importante en confiant une étude sur l'organisation et le financement de l'éducation à une commission royale d'enquête, présidée par Mgr Alphonse-Marie Parent.

Parallèlement à cela, vient un troisième changement: une première série de lois, nommée Grande charte de l'éducation, sera mise en place pour assurer le droit absolu pour tout enfant de recevoir l'enseignement de son choix, la gratuité jusqu'à la 11e année, le droit de vote pour tous les parents aux élections scolaires et d'autres questions jugées prioritaires. Le gouvernement injecte des dizaines de millions dans les universités et les collèges et met sur pied le système des allocations familiales (ou allocation scolaire).
1963
à 1966:
La Commission Parent publie son rapport en cinq volumes.

Les recommandations de la commission serviront de plate-forme de travail aux fonctionnaires du nouveau Bureau de planification du ministère, chargé d'élaborer les politiques. Elles auront une énorme influence sur l'orientation de l'enseignement au Québec. Ce rapport aura créé des ouvertures significatives concernant l'égalité des chances, l'accessibilité à l'enseignement supérieur, la préparation à la vie sociale, le besoin d'autres écoles, l'organisation du transport scolaire, la qualification du personnel enseignant et la responsabilité de l'État.
1963: Mise sur pied d'un bureau de l'enfance exceptionnelle.
1964: Le bill 60 est sanctionné, le 19 mars, et devient la Loi instituant le ministère de l'Éducation (chapitre 58-A) et le Conseil supérieur de l'éducation (chapitre 58-B). Depuis 1985, seuls les niveaux d'enseignement préscolaire, primaire et secondaire relèvent du ministère de l'Éducation.

La création d'un ministère de l'éducation était l'une des premières recommandations de la Commission royale d'enquête sur l'enseignement. Elle ne se fit pas sans protestations, puisqu'on craignait toujours pour l'éducation chrétienne des enfants. Mais Mgr Parent soutint qu'on ne doit pas imposer à tous la conception de l'éducation de l'Église catholique. On a dû toutefois négocier des compromis afin d'assurer la place de l'État dans l'éducation (le ministère) et, en même temps, l'éducation chrétienne (présence des comités catholique et protestant au sein du Conseil supérieur de l'éducation).



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