Revendications et engagement sociopolitique : 1968-1982

La relative accalmie des revendications de la CEQ: 1977-1982

Il faut rappeler que l'élection du Parti québécois en 1976, favorisé par son penchant vers les revendications des travailleurs, comme celles des enseignants, suscite des tensions au sein même de la CEQ, certains voyant d'un mauvais oeil l'appui à un parti, d'autres au contraire militant à la fois pour leur cause et celle du parti. D'autres phénomènes comme l'effritement du front commun CSN-FTQ-CEQ (en place depuis 1972) en vue de la prochaine ronde de négociations (1979-1980), la baisse de la natalité et la récession économique laissant entrevoir un durcissement des conditions de travail, entraînent la défaite du président Yvon Charbonneau (1970-1977) et son remplacement en juin 1977 par Robert Gaulin. Son analyse de la situation lors d'une réunion de la CEQ, en 1979, aboutit à (Congrès d'orientation de 1982) un virage idéologique tout aussi important que celui de 1967, à savoir l'abandon de la critique sociale radicale et de son corollaire la conscientisation pédagogique, et le retour vers l'option pluraliste du rapport Parent. Certains interprètent ce fait comme un appui ouvert au Parti québécois et à son option nationaliste, tandis que d'autres y voient un aveu d'échec face aux forces capitalistes, tandis que d'autres encore y voient une occasion que se donnent les enseignants de redorer leur image passablement écorchée auprès de l'opinion publique, en consacrant surtout leurs efforts aux réformes amorcées dans la foulée des travaux du Livre Vert (1977).

Quoi qu'il en soit, on assiste à une période de calme relatif sur le plan syndical, où la CEQ prend acte des énoncés de politique en éducation et d'une série d'études, entre autres celles touchant la formation et le perfectionnement des enseignants. La CEQ appuie ainsi une recommandation concernant l'intégration de la probation à la formation initiale. Elle suggère aussi que le permis permanent d'enseigner soit délivré à la sortie de l'université, voulant ainsi éviter la déqualification de la formation acquise, critère d'embauche et d'emploi. Ce faisant, c'est la dimension professionnelle de la CEQ qui reprend du service, supportée en cela par la mise sur pied d'une équipe-école et d'un réseau de responsables des questions éducatives et professionnelles. Cette tendance sera soutenue aussi par une longue lettre publique intitulée L'enseignante et l'enseignant, des professionnels, que le ministre de l'Éducation de l'époque, Camille Laurin, adresse aux enseignants. Il y suggère le retour à la corporation, l'adoption de normes de pratique et un code d'éthique. Ces idées mettront du temps à faire leur chemin, ainsi qu'on le verra plus loin. D'autres préoccupations à caractères politique et économique occupent en effet la place publique et viennent perturber cette accalmie. La prochaine section en fait état.

Conclusion

Rappelons que la période écoulée entre 1968 et 1982 comporte deux étapes. La première est d'abord marquée par d'importants remous sociopolitiques où la CIC devenue la CEQ (1967), puis la CEQ (1974), jouent un rôle d'avant-scène en compagnie d'autres acteurs du monde syndical, à travers des revendications à caractère socialiste de gauche. Puis la fin des années 1970 et le début des années 1980 voient le climat social s'améliorer, de même que les conditions de travail des enseignants. Cette situation permet à la CEQ de s'intéresser davantage à l'aspect professionnel du rôle de ses membres.




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