Vers la syndicalisation des enseignants : de 1845 à 1935

Les bases du syndicalisme enseignant moderne

Après la Première Guerre mondiale, naissent, en milieu urbain toujours, des cercles d'études qui s'intéressent aux questions d'ordres pédagogique et professionnel, par exemple les salaires. Les cercles s'inspirent des puissantes associations anglophones canadiennes, la PAPT fondée en 1864, et la CTF fondée en 1920, dont les revendications renvoient aux conditions socioéconomiques favorables et à l'augmentation des clientèles scolaires suivant la fin de la guerre.

C'est dans cette foulée qu'est fondée l'Association du Bien-Être des instituteurs et des institutrices de l'île de Montréal, en 1919, revendiquant des hausses de salaires, des mesures pour contrer l'arbitraire des commissaires face au non-rengagement annuel et l'adhésion obligatoire à l'association. La même année, en riposte et en pleine réorganisation, la CECM crée l'Alliance catholique des instituteurs et institutrices de Montréal, qui, dès le départ, se voit offrir une augmentation salariale basée sur une échelle des salaires qui montre par ailleurs la hiérarchie de traitement selon le sexe et l'ordre d'enseignement. L'association s'incorpore en 1922 sous le nom d'Alliance catholique des professeurs de Montréal (ACPM) et entretient des liens cordiaux avec la CECM jusqu'au milieu des années trente.



Aussi, en milieu rural, une première association regroupant des effectifs masculins et féminins laïques visant prioritairement l'évaluation des salaires est mise sur pied en 1920, poussée par l'exaspération de quelques institutrices. C'est l'Association des écoles rurales catholiques du Québec, officiellement fondée en 1926, encouragée par le clergé et la CTCC (aujourd'hui la CSN), et qui publie mensuellement LA PETITE ÉCOLE à l'intention de ses membres. Le ton revendicateur du début s'adoucit graduellement devant les pressions du clergé qui en assume de plus en plus la rédaction, de concert avec les inspecteurs et les pédagogues européens. On le voit, c'est un mouvement qui a de la difficulté à s'imposer, compte tenu, entre autres, de la dispersion des effectifs sur le territoire et des réactions négatives des commissaires. La crise économique de 1929 vient toutefois changer l'ordre des choses ainsi qu'on le voit dans la prochaine section.

Conclusion

Somme toute, de 1845 à 1935, les premières associations enseignantes sont en général peu reconnues, parce que l'enseignement laïque est considéré comme une vocation et non comme un métier, une carrière. On peut cependant dire que, sans parler d'une nette tendance à la professionnalisation, les réclamations à caractère syndical des regroupements enseignants favorisent un certain sentiment d'appartenance qui ira en s'affirmant de plus en plus dans les années à venir.





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