Échec scolaire des garçons

  1. Autres facteurs de différenciation entre garçons et filles: Troubles de comportement et d'apprentissage

    D'autres facteurs tendent à différencier indirectement les garçons des filles au plan de la réussite scolaire, notamment les troubles d'apprentissage et de comportements diagnostiqués par l'école.

    • Les commissions scolaires identifient 2 fois plus de garçons que de filles comme étant en difficulté d'apprentissage ou d'adaptation et cette propension se maintient au primaire et au secondaire.
    • 3 à 4 fois plus de garçons que de filles reçoivent du Ritalin pour l'hyperactivité.
    • Le taux de suicide des garçons est de 5 à 6,5% fois plus élevé chez les garçons de 15 à 24 ans que chez les filles en 1995.
    • Pourtant, un niveau de détresse psychologique élevé a été observé chez 40,8% des filles et 29,7% des garçons entre 15-24 ans.
    • Le taux d'hospitalisation des filles pour suicides et tentatives de suicide est 6,5 fois plus élevé que celui des garçons.


    Santé-Québec, dans un rapport sur la santé mentale des jeunes de 16-24 ans, donne pour explication à ces chiffres que les garçons et les filles souffrent de troubles de santé mentale différents. Les garçons auraient davantage des troubles extériorisés, tels que l'hyperactivité, les troubles d'opposition et les troubles de conduite, tandis que les filles souffriraient de troubles intériorisés, tels que la phobie simple, l'angoisse de séparation, l'hyperanxiété et la dépression majeure. Selon Santé-Québec, si les garçons paraissent davantage en crise que les filles, c'est tout simplement parce que le système scolaire ne diagnostique pas les troubles intériorisés que vivent les filles et que les statistiques sur le suicide ne tiennent souvent pas compte du taux élevé de tentatives de suicide chez les filles.

b) Pistes d'explication du phénomène et recommandations

Si l'on se rapporte aux statistiques présentées par le Conseil supérieur de l'éducation dans son rapport et à celles plus récentes présentées par le Ministères de l'éducation, on observe que la situation des garçons n'a pas tellement changé depuis les quarante dernières années. Il n'en demeure pas moins qu'il y a un écart entre les deux sexes au détriment des garçons. Plusieurs auteurs ont cherché à comprendre pourquoi les filles réussissent mieux à l'école que les garçons. Est-ce l'échec du système scolaire? Est-ce que les garçons manquent de modèles masculins en classe? Diverses pistes d'explications et d'interventions ont été proposées.
  1. Espaces sociaux à l'école

    Selon Colette Gagnon, qui a rédigé une thèse doctorale sur le sujet, c'est d'abord parce que les garçons ne reconnaissent plus la classe comme leur lieu de réussite, mais l'attribue comme espace ½féminin╗. Pour eux, c'est par la cour d'école que leur réalisation se passe. Selon cette dernière, il est important qu'on intervienne auprès des garçons pour changer leur rapport à la classe.

    L'échec scolaire des garçons a remis également sur la table le débat sur la mixité des écoles. Pour le CSÉ, on doit conserver les écoles mixtes mais adapter la pédagogie selon qu'elle s'adresse aux filles ou aux garçons. Pour Richard Cloutier, psychologue, il faut cesser de nier la différence entre les garçons et les filles. Sans aller vers des écoles déparées, il suggère des zones d'activités masculines et féminines distanciées afin que chacun puisse socialiser entre individus du même sexe.

    Voir LAVOIE, Gaétan (réalisateur) (1999) ½Faut-il séparer les garçons des filles à l'école?╗, Droit de parole, Télé-Québec, Montréal, 1 cassette (VHS) (59 min) : son., coul.; 1/2 po


  2. Trois facteurs: Rôles sociaux des sexes, socialisation et école

    Comme aucune étude n'a démontré de différence entre la capacité intellectuelle et cognitive des filles et des garçons aux points de vue biologique, pour le Conseil supérieur de l'éducation les facteurs qui expliquent cet écart entre les deux sexes sont d'ordre social. Trois facteurs principaux peuvent expliquer les différences entre filles et garçons quant au succès scolaire: un général - les rôles sociaux de sexe - et deux particuliers - la socialisation et l'école.

    Le facteur général consiste en l'orientation globale de la société fondée sur les rôles sociaux de sexe. Les sociétés déterminent des rôles et fixent des attentes pour les deux sexes. La manière dont ces rôles et attentes sont définis dans la société influence les parents et par la suite l'école et l'enfant lui-même en raison de l'effet des médias et des camarades et ce, même si parents, enseignantes et enseignants veulent éviter les stéréotypes de sexe dans l'éducation qu'ils donnent aux enfants. Les deux facteurs particuliers sont la socialisation et l'organisation institutionnelle qu'est l'école dans laquelle s'exercent le métier d'élève et le métier d'enseigner.

    D'après ces facteurs, le Conseil supérieur de l'éducation a proposé au ministre en 1999 cinq orientations pour favoriser la réussite scolaire des filles et des garçons.

    1. Reconnaître les effets des rôles sociaux de sexe et de la socialisation
    2. Tenir compte des difficultés éprouvées en langue d'enseignement
    3. Tenir compte des rythmes de développement
    4. Tenir compte des styles cognitifs
    5. Tenir compte du besoin des adolescents et des adolescentes de donner un sens à leur situation scolaire






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