Le débat sur l'enseignement privé

Les arguments pour

Au départ, il faut bien comprendre que les arguments des défenseurs de l'enseignement privé visent non seulement à justifier l'existence d'un secteur d'enseignement privé - ce qui pourrait en fait laisser bien des gens indifférents - mais également et surtout à soutenir le droit au financement par les fonds publics - ce qui, en fait, se révèle être le vrai fond du problème.

Leur discours s'appuie sur les droits et libertés de la personne reconnus par l'ONU. La possibilité de choisir le genre d'éducation pour ses enfants est, selon eux, un droit universel puisqu'elle est l'essence même de la démocratie. Le préambule de la loi 60 reconnaît d'ailleurs ce droit à l'enseignement privé. Les opposants disent: oui, l'enseignement privé est un droit, mais pas les subventions de l'État.

Un second argument des défenseurs de l'école privée s'élabore autour de la qualité pédagogique. En effet, de nombreux parents optent pour l'enseignement privé, car ils croient pouvoir y trouver une grande qualité pédagogique, un climat éducationnel favorable aux études, une formation intellectuelle de qualité, une méthode de travail efficace et un personnel compétent et disponible. La discipline, l'encadrement et le climat psychologique sont également des atouts. On verra plus loin que les opposants croient à une réputation surfaite et surtout injuste par rapport aux conditions beaucoup plus difficiles qui sont imposées aux écoles publiques.

Un autre argument est que les tenants de l'enseignement privé croient qu'il existe un danger de monopole de l'État dans le secteur de l'éducation si les écoles privées ne sont plus subventionnées. Il faut dire que la non-participation financière de l'État entraînerait, et ce très rapidement, la fermeture de plusieurs établissements. L'État se retrouverait alors dans un piège. Il aurait lui-même acculé les écoles privées à la faillite. À quel prix les rachèterait-il alors? Et l'engorgement provoqué dans le secteur public? Qui porterait l'odieux de la crise?

Un autre argument important des défenseurs de l'école privée est la croyance qu'un élève inscrit au privé coûte moins cher à l'État qu'un élève du secteur public. L'idée est la suivante: plus il y a d'enfants inscrits au secteur privé, plus l'État économise. Ce qui n'est pas si facile à prouver surtout pour les défenseurs de l'école publique comme on le verra un peu plus loin.

Restent les arguments de dévalorisation qu'emploient les tenants de l'école privée contre l'école publique. La bureaucratie et le gigantisme des écoles, les conflits syndicaux, l'anonymat et la dépersonnalisation des relations, l'absence d'encadrement et le laxisme, le vandalisme, la drogue, la violence... Et quoi encore? Comme s'il n'y avait pas de drogue dans les établissements privés. Comme si les établissements privés étaient à l'abri des changements qui surviennent dans la société. Comme si les adolescents du privé et le personnel enseignant étaient tous parfaitement équilibrés et normaux.

En réalité, les établissements privés ont dans leur culture de taire et/ou de dénier les bévues et les débordements de leur personnel et de leur clientèle payeuse. Les communautés religieuses et les bourgeois n'ont-ils pas toujours marché du même pas, dans la même direction? Celle de l'establishment et du pouvoir économique?

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