Dans la foulée des travaux de la Commission, les réflexions du Groupe de travail sur la réforme du curriculum consignées dans Réaffirmer l'école, sont allées plus loin en proposant un changement majeur au niveau du curriculum
[M.E.Q., p. 62]. Au cours de la même année, l'énoncé ministériel de politique éducative L'école, tout un programme
[M.E.Q.]redéfinit la mission de l'école et appelle à une révision des contenus de formation. Ainsi, la mission de l'école est définie en trois fonctions principales: Instruire, car elle doit transmettre des connaissances et valoriser la maîtrise des savoirs; qualifier, c'est-à-dire développer chez les élèves des compétences professionnelles et socialiser, dans le sens qu'elle doit favoriser le sentiment d'appartenance à la collectivité, promouvoir les valeurs démocratiques, préparer les jeunes à ½vivre ensemble╗ et à exercer une ½citoyenneté responsable qui se construit par la transmission et le partage des valeurs communes╗
[MEQ, p. 3]. Le ministère précise que dans une société pluraliste comme le Québec, ½l'école doit être un agent de cohésion: elle doit favoriser le sentiment d'appartenance à la collectivité, mais aussi l'apprentissage de "vivre ensemble"╗
[MEQ, p. 9].
La capacité de ½vivre ensemble╗ en démocratie repose sur l'existence des droits et des devoirs des citoyens. Toutefois, un des plus grands défis auxquels l'apprentissage de la démocratie est confronté est de préserver l'unité des nations multiculturelles, des sociétés pluralistes, comme c'est le cas au Québec. Ainsi, conscient des exigences du pluralisme de la société, le ministère de l'Éducation a élaboré avec la participation du ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration, un projet de politique pour l'intégration scolaire et l'éducation interculturelle Une École d'avenir
[M.E.Q.]. Cette politique vise à affirmer la citoyenneté et à déterminer des orientations quant à la formation à donner à tous les élèves afin d'assurer l'exercice d'une citoyenneté responsable et aussi d'une ouverture à la diversité ethnoculturelle, linguistique et religieuse
[M.E.Q.]. Ces mêmes préoccupations se trouvent dans le rapport annuel du Conseil supérieur de l'éducation Éduquer à la citoyenneté (1998). Le Conseil a consacré son rapport annuel 1997-1998 sur l'état et les besoins de l'éducation, au rôle et à la responsabilité que le système éducatif doit assumer dans la préparation de la ½nouvelle citoyenneté╗. Celle-ci est conçue comme la capacité de ½vivre ensemble╗ dans une société démocratique et pluraliste et de ½construire un espace civique capable de réconcilier le respect des particularismes et le partage des valeurs communes╗.
Ainsi, l'enjeu fondamental est de pouvoir donner des réponses aux problèmes qui se posent actuellement dans les sociétés aux prises avec l'immigration, l'insertion sociale et professionnelle des jeunes, l'échec scolaire et l'exclusion, comme c'est le cas du Québec. À cela doit s'ajouter la recherche de cohésion à laquelle sont confrontées ces sociétés déstabilisées ou fracturées par la mondialisation.
Quelques points de repère pour la décennie 1990:
Contexte global
- Contexte de grandes transformations comme la mondialisation des marchés et l'évolution des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC);
- Coupures dans le secteur public, vaste problématique de l'état des finances publiques: la dette des gouvernements est à l'ordre du jour;
- Le ½cyberespace╗, l'autoroute électronique préoccupe les sociétés;
- Mutation perpétuelle dans le monde du travail;
- Immigration massive, changement de la société québécoise.
Éducation
Vaste opération de consultations publiques: Les États généraux de l'éducation, 1995-
Constats
- Analphabétisme; près d'un million de personnes sur une population totale de sept millions;
- ½Fiasco╗ aux examens annuels de français;
- Le décrochage scolaire s'accentue;
- Chute du taux de diplomation à partir de 1987 en lien avec la majoration de la note de passage;
- La sous-scolarisation touche environ 35% de la population des jeunes; elle touche davantage les garçons et les milieux défavorisés;
- Malgré des grandes améliorations, les ½carrières scolaires╗ continuent à être différentes selon le sexe;
- Multiplication de pratiques sélectives et discriminatoires (les écoles spéciales qui choisissent leurs élèves);
- Les contradictions persistent au chapitre du partage des pouvoirs. La marge de manoeuvre de l'école, le rôle des commissions scolaires, etc.;
- Taux de diplômation 1985-1986: 72.85. Il va chuter à partir de 1987.