Des années de repositionnement : de 1982 à maintenant

La restructuration de 1992 à 2000

La réorganisation des statuts et des structures de la CEQ prend sa source dans deux phénomènes qui, tout en étant d'origine distincte, n'en produisent pas moins d'impact au niveau des négociations et des intérêts des membres. D'une part, le gouvernement accroît le pouvoir de taxation des commissions scolaires, leur donnant ainsi plus d'autonomie sur le plan de la gestion des budgets et, partant, sur le plan des négociations avec les enseignants. D'autre part, certaines des fédérations affiliées à la CEQ (au cours des années, la CEQ a en effet recruté des travailleurs des divers secteurs d'emplois : infirmières, techniciens, personnel de soutien, chargés de cours, etc.) sont insatisfaites quant à la façon dont sont défendus les intérêts de leurs membres, tandis que d'autres comme la Fédération des enseignants des commissions scolaires (FECS) considèrent que leur pouvoir est loin d'être proportionnel au nombre de leurs membres. Toutes revendiquent par ailleurs davantage d'autonomie par rapport aux questions professionnelles.

C'est ainsi que le Congrès général de 1992 (CEQ) décide, à toutes fins utiles, de concentrer son action dans le domaine de l'éducation, en décidant de se délester graduellement de certaines de ses fédérations professionnelles des autres secteurs d'emploi. Puis, graduellement, la CEQ occupe à nouveau le champ sociopolitique qu'elle avait mis en veilleuse depuis quelques années, appuyant la cause indépendantiste et prenant part aux débats politiques et économiques de l'heure, dans la mesure où les décisions gouvernementales sont susceptibles d'influencer les conditions de travail des membres, comme l'équité salariale, l'égalité de toutes et tous au travail et la précarité de l'emploi, pour ne nommer que ces aspects là. La CEQ participera ainsi au Sommet économique de 1996.



Au plan professionnel, il revient à la FECS (depuis 1998: Fédération des syndicats de l'enseignement du Québec - FSE) de se prononcer et de revendiquer au nom des enseignants sur tout ce qui a trait à la pédagogie, aux pratiques pédagogiques, à la réforme de la formation des enseignants et à l'organisation de l'enseignement en général dans les commissions scolaires. Dans cet ordre d'idée, la CEQ a participé aux États généraux (1996) et emboîté le pas de la réforme du curriculum. A la fin de cette décennie, elle prenait part au débat engagé par le CPIQ qui a déposé, en juin 1997, une demande visant la création d'un ordre professionnel des enseignants. Cette situation oblige la CEQ à se prononcer sur la professionnalisation de l'enseignement, faisant resurgir le syncrétisme caractéristique du syndicalisme enseignant depuis ses débuts, à savoir le chevauchement entre ses dimensions syndicale et professionnelle.

De la CEQ à la CSQ et le schisme de 2006

Depuis le congrès de juin 2000, la CEQ est devenue la CSQ (Centrale des syndicats du Québec). En 2005, la FSE-CSQ représente près de 80 000 membres représentant les enseignantes et enseignants des commissions scolaires francophones du Québec qui oeuvrent à lÆéducation préscolaire, à lÆenseignement primaire et secondaire, de même quÆaux secteurs de lÆéducation des adultes et de la formation professionnelle.

En juin 2006, neuf syndicats se désaffilient de la FSE et de la CSQ invoquant les résultats de la négociation de 2005 et leur insatisfaction dans les dossiers de lÆéquité salariale et du renouveau pédagogique. Ils fondent alors la Fédération autonome de lÆenseignement (FAE). Ces syndicats se concentrent essentiellement dans la région montréalaise et dans lÆOutaouais et comptent dans leurs rangs quelque 27 000 membres. Pour en savoir plus, consulter le site de la FAE.

Quant à la CSQ, elle compte aujourdÆhui approximativement 180 000 membres, dont près de 100 000 font partie du personnel de l'éducation, et plus de 227 syndicats locaux répartis en 12 fédérations. Plus des 2/3 des membres de la CSQ sont des femmes et 25% des jeunes de moins de 35 ans. Les salariées et salariés membres de la CSQ occupent plus de 350 titres d'emploi différents. Plus près de nous, la FSE, la plus importante fédération affiliée à la CSQ, représente près de 60 000 membres (67% de femmes) et regroupe 35 des 44 syndicats locaux de lÆenseignement. En accord avec la mission de la CSQ, le mandat de la FSE consiste principalement à promouvoir et défendre les intérêts professionnels, sociaux et économiques du personnel enseignant des commissions scolaires du Québec quÆelle représente. Pour en savoir plus, consulter les sites de la FSE et de la CSQ.

Conclusion

En résumé, l'examen de la période écoulée de 1982 jusqu'à maintenant montre que la CEQ, en période économique difficile, a d'abord résisté aux efforts néolibéralistes du gouvernement, pour ensuite se replier et réexaminer ses stratégies et son organisation. Ainsi, après avoir mis surtout l'accent sur l'aspect syndical de son action pendant la décennie de 1980, la CEQ, sans pour autant mettre de côté son action syndicale, s'est consacrée depuis le début des années 1990 à jouer un important rôle sociopolitique et à valoriser, à travers la FSE, la professionnalisation de ses membres. Depuis le congrès de 2000, avec le changement de logo et de sigle pour CSQ (Centrale des syndicats du Québec), elle prend le virage de la diversité de ses membres. En 2006, neuf syndicats se désaffilient et forment la FAE (Fédération autonome de lÆenseignement). La FAE devient donc un joueur additionnel à prendre place à la table de la prochaine ronde de négociation des conventions collectives. Il sera sans aucun doute intéressant dÆen suivre le déroulement.




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