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Text File  |  1994-06-10  |  41KB  |  75 lines

  1. LA P╔TROLE ET LE GAZ DANS L'OUEST DU CANADA 1900-1980 
  2.  
  3. A. W. Rasporich 
  4.  
  5.      ½Les parois du baril de pΘtrole renfermaient le moteur α explosion qui a rendu possible l'automobile, l'aΘronef et le sous-marin, abritaient la paix et la guerre ainsi que le bruit et le tumulte de la prochaine Grande Guerre mondiale o∙ l'essence dΘtermine l'issue des batailles, suivaient le vol transatlantique de Lindbergh, ce nouvel Icare aux ailes blanches, et rΘpercutaient le vrombissement des avions-poste transcontinentaux, le bafouillage des moteurs sur les routes de campagne, le grincement des tout-puissants tracteurs et le fracas des longues caravanes de vΘhicules qui, chargΘs de paniers, de tentes, de matelas et de grappes d'enfants dΘbordant les fenΩtres, quittent, sous l'impulsion d'une sΘrie d'explosions, la chaleur de la ville et se ruent sur les eaux fraεches des terrains de camping...
  6.  
  7.      Dans la Grande Θpoque du pΘtrole, celle o∙ nous sommes, tout est vie et mouvement. L'amour et l'amitiΘ, la joie et la tristesse passent et repassent comme un Θclair. Les nouvelles, bonnes et mauvaises, courent le globe en une seconde. Les rois naissent et disparaissent, les rΘpubliques vacillent et tombent, et les Θlections, bulles de savon, se dΘroulent si vite qu'elles sont oubliΘes avant mΩme d'Ωtre finies. └ la fin, le rapide fourgon mortuaire automobile plonge l'Homme dans l'Oubli aprΦs l'avoir imprΘgnΘ, en guise de requiem, d'un dernier bouquet de ½parfums╗ de pΘtrole.╗
  8.  
  9.                          Stephen Leacock,
  10.                          "In Praise of Petroleum,"
  11.                          Imperial Oil Review, 1930
  12.  
  13.      Ces paroles prophΘtiques du plus fameux humoriste canadien, α la veille de l'entrΘe du Canada dans l'Θpoque du pΘtrole, faisaient une description Θtonnamment prΘcise, encore que lugubre, des choses α venir. Comme la flamme du charbon a dΘclenchΘ la rΘvolution industrielle britannique du dix-neuviΦme siΦcle, le pΘtrole a frayΘ la voie aux grands changements qui ont bouleversΘ, au vingtiΦme siΦcle, l'Θconomie nord-amΘricaine et mondiale. Le dΘveloppement Θconomie canadienne a contribuΘ directement α cette rΘvolution technologique qui a vu le pΘtrole se substituer au charbon dans les transports de surface et maritime et occuper une place prΘdominante dans le transport aΘrien des passagers et des marchandises. La diΘsΘlisation des transports ferroviaire et maritime commenτa vers la fin des annΘes trente et, en 1939, avec le premier vol transcontinental, l'aviation canadienne tourna une nouvelle page de son histoire. Durant la Seconde Guerre mondiale, le pΘtrole est devenu la charge d'alimentation de la production industrielle du caoutchouc synthΘtique, des matiΦres plastiques, des engrais et des fibres chimiques. Vers le milieu des annΘes cinquante, la consommation canadienne de pΘtrole venait au deuxiΦme rang aprΦs celle des ╔tats-Unis. Entre 1946 et 1955 et par suite d'un virement impressionnant, la consommation canadienne de produits ΘnergΘtiques s'est tournΘe vers le pΘtrole et le gaz naturel, au dΘtriment du charbon, dans un rapport d'environ deux tiers contre un tiers.
  14.  
  15.      Vers 1967, l'industrie pΘtroliΦre et gaziΦre s'attribuait plus de 25 pour cent des dΘpenses canadiennes pour le dΘveloppement des ressources minΘrales, soit plus d'un milliard de dollars par an, et en 1979 les dΘpenses annuelles de cette industrie s'Θlevaient α onze milliards de dollars. En 1978, les Canadiens consommaient quelque 300 000 mΦtres cubes de pΘtrole brut et 128 millions de mΦtres cubes de gaz naturel par jour. Pour s'accommoder de l'accroissement prΘvisible du taux de consommation, l'industrie se dΘplaτa vers le nord et l'est α la recherche de nouvelles rΘserves. En 1978, les rΘserves prouvΘes du Canada furent ΘvaluΘes α 2,3 billions de mΦtres cubes de gaz et α un milliard de mΦtres cubes de pΘtrole, auxquels on pouvait ajouter d'autres rΘserves potentielles de pΘtrole brut naturel (de 2,5 α 5,4 millions de mΦtres cubes) et de gaz (de 4,1 α 8,3 millions de mΦtres cubes), plus un total en puissance de 39,7 milliards de mΦtres cubes de pΘtrole brut synthΘtique provenant de la mise en valeur des gisements de sables bitumineux.
  16.  
  17.      Les investissements Θnormes et la production massive qui caractΘrisent l'industrie pΘtroliΦre actuelle ne participent pas des premiΦres Θtapes de dΘveloppement de ce secteur. └ ses dΘbuts, l'industrie pΘtroliΦre et gaziΦre Θtait une industrie locale dont les dΘbouchΘs se limitaient gΘnΘralement α l'Alberta. Ce n'est qu'en 1930 qu'elle est devenue une industrie d'exportation, et son intΘgration dans le systΦme national d'Θconomie ΘnergΘtique et de transport n'a eu lieu qu'aprΦs la dΘcouverte du gisement de Leduc en 1947. Les premiers exploitants du pΘtrole, tels Sam Nickle, Eric Harvie, Bob Brown et Bill Herron, Θtaient α peine connus dans les milieux commerciaux de l'Est. La technologie et le jargon de l'industrie n'excΘdaient pas les limites du ½lopin pΘtrolier╗ de l'Alberta. En outre, l'histoire de l'industrie Θtait insuffisamment documentΘe. Contrairement α l'industrie manufacturiΦre qui a joui d'une longue expansion sΘculaire, l'industrie pΘtroliΦre piΘtinait en marge de l'Θconomie nationale dans une conjoncture incertaine et vulnΘrable sans rΦglements tarifaires ni subventions en capitaux. Vers 1930, la Grande Θpoque du pΘtrole annoncΘe par Leacock progressait rΘsolument dans le secteur de la consommation des rΘgions urbaines du centre du Canada, mais son principal secteur de production α l'ouest du Canada n'avait pas encore rΘussi, aprΦs trente ans de dΘveloppement, α se trouver une place sur le marchΘ d'exportation.
  18.  
  19.      La lenteur qui a caractΘrisΘ le dΘveloppement de l'industrie pΘtroliΦre et des autres industries primaires de l'Ouest tient en premier lieu α l'Θloignement du principal centre industriel du Canada et, en deuxiΦme lieu, au fait que le marchΘ des capitaux, qui Θtait situΘ α Toronto et α MontrΘal tendait α favoriser le dΘveloppement des ressources minΘrales dans les rΘgions communiquant directement avec ces villes. Par ailleurs, les caractΘristiques gΘophysiques de la rΘgion de l'Ouest, notamment l'Θparpillement gΘographique et la grande profondeur des gisements, ont contribuΘ au ralentissement de l'exploitation des ressources pΘtroliΦres et gaziΦres. Les gisements ou ½zones productrices╗ de pΘtrole et de gaz dans les Rocheuses se situaient α des profondeurs variant de deux α six kilomΦtres dans les contreforts, et le forage, mΩme peu profond, se rΘvΘlait extrΩmement co√teux (en 1947 par exemple, il fallait prΘvoir un montant d'environ 150 000 $ pour un puits de 2 000 mΦtres et de 800 000 $ pour un puits de 3 500 mΦtres). Par comparaison aux gisements plus riches et plus Θconomiquement accessibles du Moyen-Orient et du Venezuela, les gisements de l'Alberta passaient pour des entreprises trΦs risquΘes et peu rΘmunΘratrices, ce qui fait que leur exploitation n'attira pas les compagnies pΘtroliΦres multinationales et fut laissΘe α des petites firmes indΘpendantes qui Θtaient gΘnΘralement incapables de drainer une quantitΘ suffisante de capitaux. └ tous ces facteurs, il faut ajouter les co√ts ΘlevΘs de la main d'oeuvre spΘcialisΘe et les difficultΘs associΘes au forage dans les rΘgions rurales destinΘes prΘalablement aux exploitations agricoles et α l'Θlevage. Le piΘtinement des quatre ou cinq premiΦres dΘcennies de dΘveloppement de l'industrie a ΘtΘ imposΘ par des barriΦres de ce genre qui ne pouvaient Ωtre surmontΘes que grΓce α un dΘveloppement technologique de grande envergure ou α la modification radicale des circonstances Θconomiques ou politiques. On peut dire donc qu'avant la dΘcouverte des gisements de Leduc en 1947 et l'essor impressionnant que cette dΘcouverte a dΘclenchΘ, ½l'╔poque du pΘtrole╗ dans l'ouest du Canada a ΘtΘ marquΘe par l'irrΘgularitΘ, l'incertitude et la stagnation pΘriodique.
  20.  
  21. Les dΘcouvertes antΘrieures α 1914 
  22.  
  23.      C'est en 1719 que les EuropΘens se rendent compte de l'existence du pΘtrole dans l'Ouest, lorsqu'un Cri montre α Henry Kelsey, l'explorateur de la Compagnie de la baie d'Hudson, une motte de sable bitumineuxe provenant de l'Athabasca. Vers la fin du XVIIIe et le dΘbut du XIXe siΦcles, les suintements de bitume le long de la riviΦre Athabasca, α proximitΘ de Fort MacMurray, sont Θgalement constatΘs par plusieurs autres commerτants de fourrure et explorateurs dont Peter Pond, Alexander Mackenzie, Peter Fidler et Sir John Richardson. Toutefois, ce n'est qu'aprΦs la ConfΘdΘration que les conditions prΘalables de l'exploitation commerciale des ressources du Nord-Ouest sont satisfaites, α savoir: l'acquisition des terres de la Compagnie de la baie d'Hudson en 1869; la construction d'un chemin de fer transcontinental reliant le centre du Canada α la Colombie-Britannique; et les travaux exploratoires de la Commission gΘologique du Canada durant les annΘes 1870 et 1880.
  24.  
  25.      Les sables bitumineux de l'Athabasca ont attirΘ l'attention des arpenteurs, des gΘologues et des explorateurs. George Dawson, directeur de la Commission gΘologique, dΘcrit dans son rapport annuel de 1878 le gisement pΘtrolier inexplorΘ et continue pendant deux dΘcennies successives α appeler l'attention du public sur les rΘserves pΘtrolifΦres pratiquement inΘpuisables que recΦlent les sables dΘvoniens. De toute faτon, ces rΘserves Θnormes ne sont pas exploitΘes durant les premiΦres Θtapes de dΘveloppement de l'industrie pΘtroliΦre. Elles demeurent comme un gΘant endormi et mettent le gouvernement et l'industrie au dΘfi dΘchiffrer leur Θnigme complexe et de dΘbarrasser leur sable des milliards de barils de pΘtrole qui l'enrobent.
  26.  
  27.      Dans l'intervalle, les activitΘs d'exploration et de dΘveloppement changent de direction pour converger vers le sud de l'Alberta, vers les terres traversΘes par le Chemin de fer Pacifique canadien. Le forage des puits d'eau le long de la voie principale donne lieu accidentellement, au cours des annΘes 1880 et 1890, α plusieurs dΘcouvertes mineures de pΘtrole et de gaz naturel dont une, rΘalisΘe en 1883 α Langevin Station (Alderson) prΦs de Medicine Hat, se solde par un dΘbit de gaz substantiel. D'autres dΘcouvertes se succΦdent dans la rΘgion jusqu'en 1890, date de forage du premier puits commercial. Les moyens de transport inadΘquats et les restrictions imposΘes par la distance limitent l'utilisation du combustible volatil aux entreprises locales et α l'Θclairage des rues. ╔tant donnΘ les frais supplΘmentaires qu'il fallait prΘvoir pour les Θteindre puis les rallumer, les rΘverbΦres Θtaient constamment allumΘs, ce qui poussa le poΦte britannique Rudyard Kipling α s'exclamer lors d'une visite de la rΘgion en 1907 que Medicine Hat peut se prΘvaloir d'un grand nombre d'atouts naturels dont celui ½d'avoir l'enfer pour sous-sol╗.
  28.  
  29.      En 1874, le contingent canadien de la North American Boundary Commission qui traτait le 49e parallΦle α travers les Rocheuses fut informΘ par l'un de ses transporteurs sur bΩtes de somme, J.G. ½Kootenai╗ Brown (un broussard dipl⌠mΘ d'Oxford), de l'existence de suintements de pΘtrole α Cameron Creek. Les AmΘrindiens des rΘgions du Nid-de-Corbeau et de Waterton Θtaient au courant de ce phΘnomΦne, depuis plusieurs gΘnΘrations, et reconnaissaient au pΘtrole des propriΘtΘs curatives. Par ailleurs, Brown l'utilisait pour graisser les engrenages de ses machines agricoles. La fin des annΘes 1880 est marquΘe par certaines activitΘs axΘes sur les rΘserves d'hydrocarbures de la rΘgion, mais ce n'est qu'en 1901 qu'une compagnie de Calgary commence rΘellement le forage pΘtrolier. ╔quipΘe d'un matΘriel de forage provenant des gisements ΘpuisΘs de Petrolia (Ontario) (voir Histoire du Canada en images, volume 56), la Rocky Mountain Development Company dΘcouvre α une profondeur de 305 mΦtres un modeste gisement de pΘtrole qui dΘclenche en 1904 l'essor du marchΘ immobilier α ½Oil City╗ prΦs de Waterton. D'autres puits sont forΘs mais la plupart d'entre eux sont secs, ce qui fait qu'en 1907 la production de pΘtrole commercial α Oil City se limite α un nombre restreint de barils. Toutefois, sur le plan de la production de charbon, la rΘgion de Nid-de-Corbeau fournit des rΘsultats prometteurs et, plus tard, les explorations dont elle fait l'objet se soldent par d'importantes quantitΘs de gaz naturel dΘcouvertes α des niveaux plus profonds.
  30.  
  31.      Les gisements de gaz naturel de Bow Island et Viking dans la rΘgion de Medicine Hat font l'objet des plus importantes activitΘs de production et de commercialisation de la pΘriode antΘrieure α la PremiΦre Guerre mondiale. L'impulsion donnΘe α l'exploitation de ces gisements tient au besoin de trouver une source garantie d'approvisionnement en gaz de la ville champignon de Calgary. En 1903, la municipalitΘ de la ville contribue elle-mΩme au mouvement en accordant des concessions pour la fabrication et la distribution du gaz artificiel et pour la production du gaz naturel. Dans ce dernier secteur, le gros des efforts est menΘ par un entrepreneur de Toronto, Archibald Wayne Dingman, qui obtient en 1905 la concession de Calgary Natural Gas Company et creuse dans la ville deux puits de gaz de 610 α 915 mΦtres de profondeur dont le dΘbit suffit pour approvisionner la Calgary Brewery et une cinquantaine de maisons. La recherche d'une source d'approvisionnement adΘquate pour l'ensemble de la ville est menΘe par EugΦne Coste, un ingΘnieur-conseil du Chemin de fer Pacifique canadien qui a acquis au sud-ouest de l'Ontario une longue expΘrience dans la construction des gazoducs et des rΘseaux de distribution du gaz. En 1911, Coste prend α bail certaines rΘserves de gaz situΘes plus α l'ouest et crΘe la Prairie Natural Gas Company, devenue plus tard la Canadian Western Natural Gas Company. Durant la mΩme annΘe, Dingman cΦde les actifs de la Calgary Natural Gas Company α la Canadian Western, ce qui ouvre la porte α cette derniΦre pour rΘclamer le monopole de l'approvisionnement de la ville en gaz naturel. En 1912, la compagnie commence la construction d'un gazoduc de 280 kilomΦtres entre Bow Island et les villes de Lethbridge et Calgary. En 1913, plusieurs villes du sud de l'Alberta, telles Nanton, Claresholm et Fort MacLeod sont reliΘes α un rΘseau de distribution desservant un total d'environ 7 000 abonnΘs. Plus tard, en 1914, Dingman et W.S. Herron, fermier d'Okotoks et ancien mineur de roche dure de Cobalt (Ontario), crΘent la Calgary Petroleum Products Company, ce qui amΦne une source d'approvisionnement supplΘmentaire sur le marchΘ de production de gaz naturel. Quant α Edmonton, la ville rivale de Calgary, elle doit attendre jusqu'en 1923 pour recevoir ses provisions de gaz du gisement de Viking dont elle n'est sΘparΘe que par une distance de 130 kilomΦtres. Vers 1928, le nouveau combustible chauffe α Edmonton un total d'environ 8 000 maisons.
  32.  
  33. Turner Valley (1914-1945) 
  34.  
  35.      En 1914, le puits de dΘcouverte de Dingman inaugure dans l'ouest du Canada une Θpoque d'exploitation pΘtroliΦre et gaziΦre qui devait couvrir deux guerres mondiales. SituΘ α Turner Valley, α 55 kilomΦtres au sud-ouest de Calgary, le puits est un rΘservoir relativement modeste de gaz de naphta mais sa dΘcouverte dΘclenche α Calgary, du jour au lendemain une grosse vague de spΘculations pΘtroliΦres. Le vendredi 15 mai 1914, tous les vΘhicules α moteur disponibles sont mobilisΘs pour le transport des spΘculateurs qui sillonnent les contreforts et reviennent avec des rapports optimistes. En l'espace de quelques jours, cinq cents compagnies de papier sont crΘΘes, dont seulement cinquante exercent rΘellement des activitΘs de forage. Plus d'un million de dollars sont retirΘs des comptes d'Θpargne des banques de Calgary par des gens de toutes classes, et les imprimeurs font fortune dans l'impression des prospectus rutilants et des titres d'actions. La nouvelle Bourse de Calgary tient sa premiΦre rΘunion une semaine plus tard et le 30 mai 1914 est marquΘ par l'incorporation (association constituΘe en sociΘtΘ commerciale) d'environ 80 compagnies avec un capital de quelque 70 millions de dollars. Vers la fin de juillet 1914, toute la rΘgion des contreforts, entre le 49e parallΦle et Rocky Mountain House est donnΘe α bail par le gouvernement fΘdΘral aux spΘculateurs et aux prospecteurs de pΘtrole. Vers la fin de l'ΘtΘ, la rΘgion est desservie par quatre bourses principales et une industrie exploitant des capitaux d'environ 400 millions de dollars. La spΘculation prolifΦre α ce point que des comptoirs sont installΘs dans les devantures des magasins de la grand-rue de Calgary pour servir la masse des chercheurs d'actions, et les courtiers malhonnΩtes saisissent l'occasion pour escroquer les clients imprudents. Cette frΘnΘsie oblige le gouvernement provincial α enquΩter sur les fraudes dans la vente des actions et α crΘer, en 1915, le Board of Public Utility Commissioners, lequel passe le Sale of Shares Act pour prΘvenir les spΘculations abusives.
  36.  
  37.      Avec la dΘpression qui accompagne la PremiΦre Guerre mondiale, la vague de prospΘritΘ perd son Θlan. Vers la fin de 1915, les travaux d'exploration et d'exploitation cessent quasi entiΦrement α Turner Valley. En fΘvrier 1917, la Bourse de Calgary dont les cours plongent α pic suspend ses opΘrations. MalgrΘ sa briΦvetΘ, cette premiΦre vague de prospΘritΘ donne plusieurs rΘsultats positifs dont le premier est la crΘation du Board of Public Utilities. Par ailleurs, une commission royale formΘe en 1916 enquΩte sur les compagnies qui, par des voies frauduleuses, vendent des actions avant d'Ωtre dΘclarΘes compagnies α charte par le gouvernement provincial, et en 1921, le gouvernement fΘdΘral remplace l'Alberta Sales of Shares Act par une lΘgislation protΘgeant les investisseurs dans les compagnies dΘclarΘes α charte par le gouvernement du ½Dominion╗. IndΘpendamment de ces rΘformes d'ordre lΘgislatif, l'Θpoque est marquΘe par plusieurs rΘalisations technologiques et commerciales. En atteignant en 1916 la profondeur de 1 186 mΦtres, le puits de dΘcouverte de Dingman devient le plus profond puits du monde α Ωtre forΘ par percussion moyennant des cΓbles en chanvre de Manille. Sur un autre plan, pour attirer les investisseurs de l'est du Canada, le Conseil municipal de la ville de Calgary envoie α Toronto le premier baril de brut lΘger exportΘ de l'Alberta. La rΘcession entraεne la faillite de cette initiative; n'empΩche qu'un groupe de compagnies et d'entrepreneurs se forme et prend racine dans l'intention de poursuivre la mise en valeur du gisement de Turner Valley. Des compagnies telles que la Calgary Petroleum Products collaborent avec plusieurs autres  entreprises pΘtroliΦres indΘpendantes opΘrant dans l'Alberta.
  38.  
  39.      Le gisement de Turner Valley intΘresse les gros investisseurs. Lorsqu'en 1920, par suite de l'incendie de leur usine, les propriΘtaires de la Calgary Petroleum Products cherchent α obtenir un capital de renflouement, Imperial Oil crΘe une filiale, la Royalite Oil Company, qui prend α son compte les titres de la Calgary Petroleum. Imperial, compagnie issue en 1880 de la rΘunion de plusieurs raffineries α Petrolia et London a dΘjα Θtabli des dΘbouchΘs dans le centre et l'ouest du Canada. Elle oriente maintenant ses activitΘs vers la production de Turner Valley et la distribution. La compagnie mΦre commence la construction de sa raffinerie de pΘtrole de Calgary en 1921 et, la mΩme annΘe, sa filiale, la Royalite, s'engage par contrat α approvisionner la ville grΓce α un pipeline reliΘ α Okotoks et α la voie principale. Un programme de forage plus ambitieux est entrepris dans les sables du CrΘtacΘ infΘrieur et, en 1924, la Royalite n░ 4 se lance dans l'exploitation de faτon spectaculaire avec 80 α 95 mΦtres cubes par jour de brut lΘger de haute qualitΘ. Celui-ci est livrΘ α l'Imperial Refinery de Calgary par charrois hippomobiles jusqu'α ce que le premier pipeline soit construit en 1925. Cette annΘe-lα, Royalite n░ 4 augmente sa production annuelle de pΘtrole de Turner Valley jusqu'α obtenir dix fois les niveaux de 1922. La production totale de gaz en Alberta bondit jusqu'α plus de 255 millions de mΦtres cubes surpassant pour la premiΦre fois la production annuelle de l'Ontario de 200 millions de mΦtres cubes.
  40.  
  41.      Les dΘcouvertes de Royalite engendrent la seconde vague de prospΘritΘ pour Turner Valley; elles attirent de nouveau une armΘe de petits producteurs sur le gisement et plus de 200 puits sont forΘs entre 1925 et 1935. L'exploration et le forage sont concentrΘs au nord et au centre du gisement et la production est limitΘe principalement α la rΘcupΘration de naphta. Pour obtenir le prΘcieux brut lΘger, le gaz est enflammΘ et ½le demi-acre de l'enfer╗ apparaεt nimbΘ d'une Θtrange aura du c⌠tΘ de l'ouest, dans le ciel de Calgary. L'une des compagnies de Calgary les plus florissantes au cours de la seconde vague de prospΘritΘ est la Home Oil Company. De 1925 α 1929, elle jouit d'une production substantielle de pΘtrole et de gaz. Elle fait partie des quelques compagnies survivantes qui accompagnent la filiale de l'Imperial, la Royalite, tout au long de la crise. Lorsque l'industrie rΘduit ses activitΘs, Home Oil vend tous ses puits α Royalite pour obtenir les actions et le capital qui lui sont nΘcessaires pour acquΘrir une plus grande superficie d'exploitation α l'extrΘmitΘ nord du gisement de Turner Valley. C'est lα que dans les annΘes 1930 elle concentre tous ses efforts.
  42.  
  43.      La troisiΦme et derniΦre vague de prospΘritΘ de Turner Valley commence en 1936, avec une dΘcouverte qui tΘmoigne de la tΘnacitΘ des producteurs indΘpendants de pΘtrole. R.A. Brown Sr. et plusieurs associΘs utilisant une nouvelle installation de forage rotary vont chercher le pΘtrole α 2 526 mΦtres de profondeur α l'ouest du gisement de Turner Valley. Alors, le puits le plus profond de l'Alberta, Royalties n░ 1 produit plus de 110 600 mΦtres cubes de brut lΘger de haute qualitΘ pendant les dix ans qui suivent. └ la fin de la troisiΦme vague de prospΘritΘ, en 1941, plus de 200 puits sont forΘs, presque tous productifs. └ vrai dire, du fait que la raffinerie Imperial de Calgary ne peut traiter la quantitΘ de brut produite, elle commence α Θtablir des quotas internes de production et de commercialisation inacceptables pour des producteurs indΘpendants. Pour la premiΦre fois, les conditions imposΘes sur le marchΘ visent rΘellement α assurer la conservation des ressources ΘnergΘtiques; le gouvernement de l'Alberta Θtablit d'ailleurs en 1938 un conseil de la conservation et une commission royale pour enquΩter sur l'industrie pΘtroliΦre.
  44.  
  45.      L'intervention du gouvernement commence dans les annΘes 1920 avec les activitΘs du bureau de la rΘgion ouest du ministΦre de l'IntΘrieur α Calgary. Son personnel rΘduit s'occupe des rΦglements destinΘs α empΩcher le gaspillage, rΘdige des rapports sur les opΘrations de forage et leur gestion, et mesure le dΘbit des puits de gaz et de pΘtrole. En 1930, lorsque l'Alberta obtient le contr⌠le de ses terres et de ses ressources naturelles, une division provinciale du pΘtrole et du gaz naturel est mise sur pied dans le cadre de la Oil and Gas Wells Act de 1931. Une partie du personnel technique du MinistΦre fΘdΘral est simplement transfΘrΘe au nouveau MinistΦre dont l'autoritΘ s'Θtend sur les forages de toutes les terres de l'Alberta. La loi accorde un pouvoir considΘrable α l'AssemblΘe lΘgislative provinciale; et le gouvernement, que dirigent alors les United Farmers d'Alberta, a ainsi l'autoritΘ voulue pour veiller α la conservation du gaz et du pΘtrole, empΩcher le gaspillage et l'Θpuisement des rΘserves, et contr⌠ler tous les aspects de la production, de la transmission et de la vente des produits pΘtroliers. Alors que les enquΩtes de la Provincial Board for Public Utilities rΘvΦlent de flagrants abus, comme le br√lage d'Θnormes quantitΘs de gaz, on ne peut arriver α aucun accord Θquitable avec les producteurs. La promulgation de la Turner Valley Gas Conservation Act en 1932 et les poursuites entreprises contre certaines compagnies dΘlinquantes permettent de poser le problΦme devant la Cour suprΩme. Celle-ci soutient le droit de la province α restreindre la production mais ne lui permet pas de juger ni de contr⌠ler les activitΘs des compagnies. Les abus qui s'opposent α la politique de conservation continuent jusqu'α ce que la crise due α la surproduction de la troisiΦme vague de prospΘritΘ de Turner Valley oblige les producteurs α solliciter l'aide du gouvernement et l'Θtablissement de rΦglements.
  46.  
  47.      Lorsque le gouvernement crΘditiste de William Aberhart promulgue la Oil and Gas Conservation Act, les trois membres du Petroleum and Gas Conservation Board assument en 1938 la responsabilitΘ de l'application des rΦglements prΘcΘdents sur la conservation. AprΦs avoir pris avis du Bureau of Mines des ╔tats-Unis, le ministre des Mines et Terres provinciales engage le texan William F. Knode comme expert et le place α la tΩte du Conservation Board. William F. Knode a, en effet, une certaine expΘrience du problΦme, ayant travaillΘ avec l'association des producteurs du Texas α l'implantation de mesures de conservation volontaires. En Alberta, il collabore Θtroitement avec les organismes fΘdΘraux et provinciaux responsables de la conservation, comme le Provincial Board for Public Utilities. Le conseil rΘdige rapidement un rapport sur la perte considΘrable de production de pΘtrole brut due au triste Θtat du rΘservoir et α l'Θpuisement par surexploitation du gisement de Turner Valley. Il Θtablit alors mensuellement des contingentements de commercialisation et limite les producteurs α un puits par trente acres. Les nΘcessitΘs du temps de guerre, par la suite, imposent une exploitation plus poussΘe du gisement de Turner Valley. Alors que la Conservation Board recommande un plafond de 79 mΦtres cubes par jour, le contr⌠leur fΘdΘral au pΘtrole le double afin de pousser la production totale de temps de guerre α presque 158 millions de mΦtres cubes, soit quatre-vingt-quinze pour cent de la production totale canadienne. Bien que la rΘglementation soit venue trop tard pour Turner Valley, l'expΘrience concernant la conservation s'est rΘvΘlΘe payante par la suite.
  48.  
  49.      Passant de l'Θchelle provinciale α l'Θchelle rΘgionale et nationale, le mode d'exploitation du Turner Valley Field s'est rΘvΘlΘ une expΘrience vitale pour l'avenir de l'industrie pΘtroliΦre. Les compΘtences et les techniques qui sont α la base de cette industrie sont perfectionnΘes et mises α l'essai α cette Θpoque o∙ la profondeur des forages est doublΘe du fait que les outils de forage au cΓble et les tours de forage en bois sont remplacΘs par de nouvelles installations rotary et des chevalements d'acier. Calgary, avec des entrepreneurs locaux dynamiques comme Brown, Herron et Nickle devient un centre d'organisation urbain pour l'arriΦre-pays pΘtrolier. Les principaux bourgs et villages -- Turner Valley, Black Diamond, Hartell, Little Chicago et Little New York -- sont devenus des rΘsidences pour les chercheurs, les foreurs, les ouvriers des puits et leurs familles. Lorsque la rΘgion se trouve ΘpuisΘe, aprΦs la guerre, la plupart d'entre eux dΘmΘnagent, mais ils emportent avec eux leurs connaissances des techniques de plus en plus complexes d'exploitation des champs pΘtrolifΦres.
  50.  
  51. Le Nord, l'arriΦre-pays d'Edmonton et Leduc (1914-1950) 
  52.  
  53.      Surtout en raison de meilleurs terrains et moyens de transport, l'Alberta du sud et du centre a ΘtΘ vouΘe α la production et α la distribution tandis que le Nord s'est rΘvΘlΘ une terre ingrate et improductive du point de vue des industriels et des explorateurs. Les sables bitumineux de l'Athabasca sont restΘs une gigantesque Θnigme pour tous; la rΘgion du Mackenzie, α l'extrΩme nord, a attirΘ des gΘologues intrΘpides et aventureux ainsi que des Θquipes de pΘtroliers ΘpaulΘs par des compagnies et des gouvernements prΩts α risquer des capitaux pour une exploitation α long terme; enfin, l'arriΦre-pays d'Edmonton est demeurΘ une rΘgion encore inexploitΘe. 
  54.  
  55.      L'histoire des sables bitumineux au dΘbut du XXe siΦcle est liΘe α celle de trois jeunes savants, Sidney C. Ells, Karl Clark et S.M. Blair. IngΘnieur des mines α la Commission gΘologique du Canada et au ministΦre des Mines, Ells, en 1913, a commencΘ α s'intΘresser α ce qui le passionnera toute sa vie, l'Θtude des sables bitumineux et les techniques de rΘcupΘration. Il a essayΘ activement de persuader les gouvernements et les hommes d'affaires que leur exploitation Θtait viable. Karl Clark et S.M. Blair, chimistes α l'Alberta Research Council ont rΘussi α convaincre le gouvernement provincial d'aller chercher des camions de sables bitumineux pour les tester en tant que matΘriaux possibles utilisables pour le revΩtement des routes. Cette opΘration se rΘvΘla techniquement viable, mais co√teuse; Blair et Clark continuΦrent leurs expΘriences durant les annΘes 1920 en recourant α des procΘdΘs de sΘparation utilisant l'eau chaude et la vapeur. Pendant que les savants poursuivent leurs recherches afin de dΘcouvrir un procΘdΘ de sΘparation efficace et Θconomique, plusieurs entrepreneurs obtiennent des gouvernements fΘdΘral et provincial des concessions leur permettant d'extraire le pΘtrole des sables. L'une des premiΦres compagnies α entreprendre l'exploitation est l'Abasands Oils, qui a travaillΘ pendant toute la crise et qui construit, en 1940, une unitΘ de sΘparation de 360 tonnes. Alcan Oils and International Bitumen est une autre compagnie qui a fait oeuvre de pionnier en effectuant des expΘriences α Bitumount avec une unitΘ de sΘparation fonctionnant α l'eau chaude sur le site. En 1929, elle produit un Θpais goudron qui se vend comme matΘriau de couverture pour les toits ou de revΩtement pour les routes. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les gouvernements finissent par mettre la main sur ces deux compagnies; le gouvernement fΘdΘral s'empare d'Abasands Oils et le gouvernement de l'Alberta de Bitumount. Les deux compagnies avaient investi des sommes considΘrables pour installer des usines pilotes destinΘes α la poursuite des recherches commencΘes par Ells, Clark et Blair.
  56.  
  57.      La rΘgion de Norman Wells, le long du Mackenzie, a ΘtΘ une autre rΘgion du Nord extrΩmement intΘressante pour les industriels pendant toute la durΘe de l'entre-deux-guerres. Imperial Oil avait jalonnΘ des concessions α cet endroit en 1914, envoyΘ des Θquipes de chercheurs α 2 400 kilomΦtres au nord d'Edmonton en 1919 et trouvΘ du pΘtrole dans un gisement qui contenait environ la moitiΘ des rΘserves potentielles de Turner Valley en 1920. L'Θloignement du lieu cependant, s'opposait α ce qu'Imperial aille de l'avant et fasse plus que de construire en 1933 une raffinerie de 80 mΦtres cubes par jour pour soutenir les opΘrations miniΦres dans l'extrΩme Nord. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'importance stratΘgique de l'Alaska a ΘtΘ α l'origine du projet de route de l'Alaska qui, α son tour, a nΘcessitΘ l'Θtablissement d'un centre local de fourniture de pΘtrole. Le projet Canol, entreprise gouvernementale menΘe conjointement avec Imperial Oil, en est rΘsultΘ. D'aprΦs ce projet, un pipeline devait Ωtre construit de Norman Wells α Whitehorse au cours de la guerre, avec, par la suite, aprΦs la guerre, un prolongement α Watson Lake, dans le Yukon, et α Skagway en Alaska. La guerre finie, Norman Wells est restΘ une source d'approvisionnement d'importance essentielle pour les mines du Nord et la ligne DEW, bien que la principale raffinerie α Whitehorse ait ΘtΘ dΘmantelΘe et transportΘe α Edmonton en rΘponse α une demande de raffinerie pour le pΘtrole brut de Leduc. L'idΘe d'un projet de pipeline α Norman Wells a ΘtΘ reprise α la fin des annΘes soixante-dix; cette fois le pipeline devait suivre la vallΘe du Mackenzie vers le Nord.
  58.  
  59.      Entre les guerres, le nord de l'Alberta et le sud et l'est de l'arriΦre-pays d'Edmonton ont ΘtΘ continuellement explorΘs mais, dans l'ensemble, les rΘsultats ont ΘtΘ dΘcevants. Les rΘservoirs de cette rΘgion Θtaient souvent trop visqueux et enchΓssΘs dans de petites formations peu profondes de moins de 760 mΦtres. Du fait que le pΘtrole exigeait beaucoup plus de raffinage que le brut de Turner Valley, de meilleure qualitΘ, on attendait pour l'exploiter l'Θpuisement graduel des rΘserves de Turner Valley; quelques-uns des anciens gisements de ce type se trouvaient α Wainwright (1925) et Lloydminster (1939). Le dernier gisement produisait un pΘtrole brut lourd qui convenait aux diesels du chemin de fer que le Canadien National avait achetΘs lorsque les locomotives α vapeur commencΦrent α Ωtre remplacΘes par des locomotives diesels au cours des annΘes 1930. Jusqu'aprΦs la Seconde Guerre mondiale, il n'y eut ni exploration, ni dΘcouverte ni exploitation importantes dans cette rΘgion.
  60.  
  61.      Lorsque le puits Leduc, de l'Imperial, fut forΘ inopinΘment le 13 fΘvrier 1947, toutes les conditions Θtaient rΘunies pour une importante dΘcouverte. De 1919 α 1947, l'Imperial avait dΘpensΘ environ 23 millions de dollars en exploration gΘologique et forage dans l'ouest et le nord du Canada, mais depuis Norman Wells en 1920, n'avait obtenu aucun rΘsultat intΘressant. L'annΘe de cette importante dΘcouverte, 88 pour cent des 11,2 millions de mΦtres cubes de pΘtrole brut raffinΘ au Canada Θtaient importΘs et mΩme, des plans Θtaient prΘvus pour importer du pΘtrole dans les provinces des Prairies. On avait aussi discutΘ d'autres solutions, comme la production de pΘtrole synthΘtique α partir du gaz naturel et de sables bitumineux. Dans un dernier effort de recherche, l'Imperial avait organisΘ une exploration sismique et des forages sur une concession de 730 000 hectares acquise du gouvernement de l'Alberta. On dΘcouvrit alors α Leduc des rΘserves de 51,8 millions de mΦtres cubes, presque trois fois le potentiel de Turner Valley. Avec cela et d'autres dΘcouvertes dans la rΘgion de Leduc, l'Alberta est soudainement devenue une grande rΘgion productrice et exportatrice de pΘtrole. On fit donc des plans pour que soit rapidement construit ce qui Θtait alors le plus long pipeline du monde, du gisement de production aux raffineries et aux marchΘs du Canada central et du Midwest amΘricain.
  62.  
  63. Les trente derniΦres annΘes: rΘtrospective et prospective (1950-1980) 
  64.  
  65.      La plus rΘcente phase de l'exploitation du pΘtrole et du gaz dans l'ouest du Canada a ΘtΘ une phase de croissance et d'expansion remarquables. La base de l'exploration et de la production s'est Θlargie jusqu'en Saskatchewan et en Colombie-Britannique; et, au Nord, jusqu'α la mer de Beaufort et aux εles arctiques. Commercialisation, exportation et distribution ont suivi parallΦlement l'extension ultΘrieure des pipelines de gaz naturel jusqu'aux marchΘs des ╔tats-Unis et du Canada central. En mΩme temps, les gouvernements fΘdΘral et provinciaux tentaient de rΘglementer l'industrie du point de vue de la conservation, des quotas d'exportation et des prix. La participation du secteur public est devenue l'ΘlΘment-clΘ non seulement en ce qui concerne l'exploration et le dΘveloppement du Nord, mais aussi la rΘalisation de projets gΘants liΘs aux pipelines du Nord, aux sables bitumineux et au dΘveloppement pΘtrochimique.
  66.  
  67.      Dans les annΘes 1950 et 1960, les principales compagnies pΘtroliΦres Θtaient devenues de plus en plus actives α la fois en Alberta et hors de l'Alberta. Plus de 316 millions de mΦtres cubes se sont ajoutΘs aux rΘserves de production avec la dΘcouverte du gisement pΘtrolier de Pembina en 1953 et de Swan Hills en 1957. Au milieu des annΘes 1960, deux autres dΘcouvertes dans l'angle nord-ouest de l'Alberta, α Rainbow Lake et Zama, ont rΘvΘlΘ d'autres grands gisements. Dans le sud-ouest du Manitoba en 1951, dans le sud de la Saskatchewan et le nord de la Colombie-Britannique, en 1955, on a dΘcouvert des rΘserves plus modestes mais nΘanmoins apprΘciables. └ l'intΘrieur de l'Alberta, les dΘcouvertes de gaz naturel ont continuΘ pour aboutir α des rΘserves impressionnantes, les principales dans le sud-ouest de la province, α Pincher Creek et Waterton, et α l'ouest de Calgary, α Jumping Pound dans les annΘes 1950; dans les annΘes soixante-dix, d'autres surviennent dans le sud-est de la province et la rΘgion nord-ouest de la riviΦre de la Paix. Les dΘcouvertes du nord de la Colombie-Britannique, α Fort St. John et Fort Nelson, ainsi que celles de l'Arctique ont contribuΘ α grossir les rΘserves de gaz destinΘes α l'exportation ou nΘcessaires α l'approvisionnement de l'industrie pΘtrochimique de l'Alberta en rapide expansion.
  68.  
  69.      Au cours de cette derniΦre phase de dΘveloppement, la construction de pipelines vers les marchΘs et la crΘation d'industries pΘtrochimiques situΘes principalement au centre du Canada ont ΘtΘ marquΘes de controverses. En 1953, suivant rapidement le premier pipeline interprovincial mis en oeuvre en 1950 pour acheminer le pΘtrole vers l'est du Canada, a ΘtΘ construit le pipeline de la Trans-Mountain vers Vancouver, destinΘ α alimenter la demande croissante de pΘtrole de l'╔tat de Washington et de la rΘgion continentale infΘrieure de la Colombie-Britannique. Le pipeline Trans-Canada, pour le gaz naturel construit de 1956 α 1967, est sans contredit celui qui a fait l'objet des plus vastes et chauds dΘbats dans la pΘriode de l'aprΦs-guerre. Les entrepreneurs qui soutenaient le projet ont ΘtΘ encouragΘs par l'octroi en 1955 d'un permis d'exportation pour la Westcoast Transmission afin d'exporter le gaz naturel de la riviΦre de la Paix vers le nord-ouest des ╔tats-Unis via la Colombie-Britannique. AprΦs une sΘrie compliquΘe de manoeuvres entre sociΘtΘs, la Trans-Canada Pipeline Company a reτu du gouvernement fΘdΘral l'autorisation de construire un pipeline vers l'Ontario et le QuΘbec, avec l'assurance donnΘe par l'Alberta Conservation Board qu'il y aurait un surplus suffisant de gaz α exporter. Le rΘsultat a ΘtΘ l'achΦvement de cet Θnorme projet, en 1958, lequel a ΘtΘ un succΦs mais a amenΘ en fin de compte la dΘfaite du gouvernement libΘral qui l'avait patronnΘ en 1957. Les co√ts Θnormes et la complexitΘ de tels projets ont fait des pipelines des sujets de controverses inΘvitables sur le plan politique. Cet aspect a ΘtΘ de nouveau mis en Θvidence en 1976 et 1977 dans les audiences de l'Office national de l'Θnergie concernant la construction du gazoduc de la vallΘe du Mackenzie. └ la fin, la demande du Canadian Arctic Gas Consortium a ΘtΘ rejetΘe en faveur du tracΘ de la Foothills, qui prΘsente moins de dangers pour l'environnement et qui, pour cette raison, a ΘtΘ prΘfΘrΘ dans les recommandations du rapport d'enquΩte de la Commission Berger en 1977.
  70.  
  71.      Le r⌠le essentiel du gouvernement en matiΦre d'Θnergie, r⌠le qui depuis le dΘbut s'est rΘvΘlΘ fondamental sur le plan de l'exploration, de la dΘcouverte, du dΘveloppement et de la conservation, s'est affirmΘ dans les secteurs de la production et du transport dans les annΘes 1970. Outre les pouvoirs de rΘglementation attribuΘs α des organismes comme l'Office national de l'Θnergie et l'Alberta Conservation Board, le gouvernement intervient aussi directement dans le droit de propriΘtΘ. La participation des gouvernements fΘdΘral et provinciaux au Syncrude Tar Sands Agreement de 1975 a fait grimper jusqu'α trente pour cent les actions grΓce α des dispositions complexes. Bien plus, l'Alberta Energy Company, organisme public contr⌠lΘ par la province, a construit le pipeline d'Alberta Oil Sands en 1977 qui, en 1980, a transportΘ huit millions de mΦtres cubes de brut de Fort McMurray α Edmonton. La part importante prise par l'Alberta Energy Company aux grands projets de pipeline et de pΘtrochimie a rΘvΘlΘ une forte influence gouvernementale dans le secteur de la production et, de mΩme, la prΘsence fΘdΘrale s'est largement Θtendue par le biais de la sociΘtΘ de la Couronne dΘpendant du gouvernement fΘdΘral, Petro-Canada, qui a acquis le contr⌠le de plusieurs compagnies pΘtroliΦres y compris Atlantic Richfield, Pacific Petroleum et Petrofina au cours des annΘes 1976 α 1980.
  72.  
  73.      Avec l'importance de plus en plus grande prise par l'exploration dans les rΘgions ΘloignΘes, le dΘveloppement du Nord et les recherches au large des c⌠tes de l'Est, l'industrie pΘtroliΦre de l'ouest du Canada a abouti α un groupement serrΘ d'intΘrΩts publics et privΘs, nationaux et internationaux. Industrie largement confinΘe, au dΘbut du siΦcle, α l'Alberta mΘridionale, elle a Θtendu son arriΦre-pays producteur jusque dans le haut Arctique et au large de l'Atlantique; ses rΘseaux de transport se sont allongΘs de milliers de kilomΦtres et ses moyens financiers et techniques ont grossi dans des proportions renversantes. Son histoire a ΘtΘ celle d'une expansion spectaculaire des ressources dans la pΘriode de l'aprΦs-guerre, solidement fondΘe sur les travaux scientifiques et techniques des pionniers et sur leur esprit d'entreprise. Les gΘologues spΘcialistes des terrains sΘdimentaires, les Θquipes sismiques, les foreurs et certains entrepreneurs capables de prendre de hauts risques, ont ΘtΘ et sont encore au coeur de ce rΘseau complexe d'entreprises qui a ΘvoluΘ et s'est refaτonnΘ au cours des cent derniΦres annΘes.  
  74.  
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