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Text File  |  1996-08-11  |  31KB  |  107 lines

  1. LES INUIT DE LA MER DU LABRADOR 
  2.  
  3. J. Garth Taylor 
  4.  
  5. Introduction 
  6.  
  7.      Les Inuit qui habitaient la c├┤te ├⌐chancr├⌐e de la mer du Labrador furent parmi les premiers peuples de langue esquimaude ├á ├¬tre ┬½d├⌐couverts┬╗ par le monde ext├⌐rieur. En bonne partie parce qu'ils subirent t├┤t les influences euro-canadiennes, la vie des Inuit du Labrador avait ├⌐t├⌐ d├⌐j├á grandement modifi├⌐e longtemps avant l'essor de l'ethnographie, qui est la description scientifique des cultures humaines. La culture traditionnelle des Inuit de la mer du Labrador est donc loin d'├¬tre aussi bien connue aujourd'hui que celle des peuples apparent├⌐s de l'Arctique central canadien, par exemple les Esquimaux du cuivre et les Netsilik qui sont rest├⌐s isol├⌐s jusqu'├á une ├⌐poque relativement r├⌐cente. Afin de combler cette lacune et de red├⌐couvrir beaucoup des aspects, oubli├⌐s depuis longtemps, de la culture inuit du Labrador, nous devons maintenant compter en grande partie sur les t├⌐moignages arch├⌐ologiques et les documents d'archives.
  8.  
  9. Origines des Inuit du Labrador 
  10.  
  11.      Les anc├¬tres pr├⌐historiques des Inuit d'aujourd'hui sont sans doute arriv├⌐s dans le nord du Labrador entre 1300 et 1450. Ils amen├¿rent avec eux un mode de vie propre que les arch├⌐ologues appellent la culture thul├⌐enne et qui semble s'├¬tre ├⌐panouie dans l'ouest de l'Arctique pendant trois ou quatre si├¿cles, avant de s'├⌐tendre vers l'est dans le reste de l'Arctique canadien, puis au Groenland et au Labrador. Comme les Esquimaux de Thul├⌐ ├⌐taient des gens de la mer, habiles dans l'art de manier le kayak et l'oumiak, il leur aurait ├⌐t├⌐ assez facile de naviguer de l'├«le de Baffin au Labrador. Leur premier point d'atterrissage a peut-├¬tre ├⌐t├⌐ dans les ├«les tudjat (pierres de gu├⌐) situ├⌐es pr├¿s de Killinek, ├á la pointe nord-est du Labrador. M├¬me s'il est impossible de conna├«tre les circonstances exactes de leur premi├¿re d├⌐couverte du Labrador, on n'en peut pas moins conjecturer leur premi├¿re impression.
  12.  
  13.      Les monts Torngat, aux contours d├⌐chiquet├⌐s, qui se dressent au-dessus de !a c├┤te nord-est du Labrador auraient sembl├⌐ familiers aux nouveaux arrivants thul├⌐ens, habitu├⌐s aux pics ├⌐lev├⌐s de l'est de l'├«le de Baffin. En examinant de plus pr├¿s le milieu naturel, ces immigrants auraient pu constater que la plupart des lichens, des mousses, des gramin├⌐es et des plantes ├á fleurs, v├⌐g├⌐taux communs ├á tout l'Arctique, ├⌐taient aussi pr├⌐sents le long de la c├┤te du Labrador. Toutefois, un ├⌐l├⌐ment du paysage radicalement diff├⌐rent du nord d├⌐pourvu d'arbres aurait ├⌐t├⌐ les for├¬ts  d'├⌐pinettes et de m├⌐l├¿zes recouvrant la majeure partie de l'int├⌐rieur du Labrador, mais ces for├¬ts n'auraient pas ├⌐t├⌐ imm├⌐diatement visibles ├á la premi├¿re vague d'immigrants, car la limite des arbres se situe ├á quelques centaines de kilom├¿tres plus au sud.
  14.  
  15.      Au Labrador, les chasseurs thul├⌐ens rencontr├¿rent les m├¬mes esp├¿ces animales que celles qui avaient servi ├á assurer leur subsistance comme celle de leurs anc├¬tres. Outre le morse aux d├⌐fenses dangereuses, mais utiles, on comptait de nombreuses esp├¿ces de phoques: les gros phoques barbus, ├á la peau ├⌐paisse et r├⌐sistante, ainsi que les phoques communs et annel├⌐s, plus petits. ├Ç la fin de l'automne, les phoques et les baleines du Groenland faisaient leur apparition, lors de leur migration vers le sud, imm├⌐diatement avant que les eaux c├┤ti├¿res et celles des baies ne g├¿lent, formant une ├⌐troite lisi├¿re de glace c├┤ti├¿re solide. ├Ç l'int├⌐rieur, des hardes de caribous parcouraient le haut plateau onduleux parsem├⌐ de lacs o├╣ foisonnaient la truite et l'omble.
  16.  
  17.      Les anc├¬tres thul├⌐ens des Inuit d'aujourd'hui ne furent pas les premiers habitants du Labrador. Plusieurs milliers d'ann├⌐es avant leur arriv├⌐e, la c├┤te fut occup├⌐e alternativement par les Am├⌐rindiens et les Pal├⌐o-Esquimaux. Les premiers humains que les Inuit rencontr├¿rent dans cette nouvelle contr├⌐e furent peut-├¬tre les derniers descendants d'une population pal├⌐o-esquimaude r├⌐pandue autrefois dans tout l'est de l'Arctique et dans certaines r├⌐gions de Terre-Neuve et que les arch├⌐ologues appellent Dors├⌐tiens. Il est possible que ces Dors├⌐tiens furent les tunit qui occupent une place de premier plan dans les l├⌐gendes inuit et que les Inuit du Labrador pr├⌐tendent avoir finalement chass├⌐s apr├¿s une p├⌐riode de conflits.
  18.  
  19.      Par ailleurs, les adlat, Am├⌐rindiens de langue algonquienne vivant dans la for├¬t, doivent avoir ├⌐t├⌐ moins familiers aux Thul├⌐ens que les Dors├⌐tiens. Traditionnellement, les Inuit et les Am├⌐rindiens se craignaient et se m├⌐fiaient les uns des autres, et chaque ethnie a sans doute ├⌐vit├⌐ l'autre le plus possible. Les tensions entre Inuit et Am├⌐rindiens, d├⌐g├⌐n├⌐rant parfois en conflits, s'accrurent probablement au cours des premi├¿res ann├⌐es o├╣ ces deux groupes vinrent en contact avec un autre peuple ├⌐tranger, les kablunat.
  20.  
  21. Premiers contacts avec les Europ├⌐ens 
  22.  
  23.      Il est impossible de pr├⌐ciser exactement ├á quelle date les Inuit du Labrador virent pour la premi├¿re fois des Europ├⌐ens, gens qu'ils appelaient kablunat. Les premiers Europ├⌐ens qui atteignirent le Labrador furent sans doute des explorateurs scandinaves venus d'Islande et du Groenland et dont les sagas, qui datent des environs de l'an 1 000, d├⌐crivent des rencontres avec un peuple appel├⌐ Skraelings vivant dans un lieu appel├⌐ Markland. On se demande toujours si les ┬½Skraelings┬╗ ├⌐taient des Am├⌐rindiens ou des Pal├⌐o-Esquimaux comme les Dors├⌐tiens, mais il semble probable que les Inuit du Labrador, descendants des migrants thul├⌐ens, ne furent mis en contact avec des Europ├⌐ens que plusieurs si├¿cles plus tard. Les premiers contacts entre les Europ├⌐ens et les Inuit historiques de cette r├⌐gion n'eurent probablement lieu qu'├á la fin du XVe si├¿cle lorsque Jean Cabot, entre autres, commen├ºa ├á explorer la c├┤te, attirant des p├¬cheurs et des chasseurs de baleines dans les riches eaux du sud du Labrador.
  24.  
  25.      Les premiers p├¬cheurs et chasseurs de baleines laiss├¿rent rarement des t├⌐moignages ├⌐crits sur leurs premiers contacts avec les Autochtones du Labrador, et les documents qui sont parvenus jusqu'├á nous sont parfois encore plus vagues que les traditions orales des premiers Vikings. Le compte rendu du voyage de John Davis, effectu├⌐ en 1586, nous apprend, par exemple, que deux de ses hommes furent tu├⌐s par des archers autochtones, pr├¿s de l'inlet Hamilton, mais il ne donne pas suffisamment de d├⌐tails pour nous permettre de savoir si les indig├¿nes qualifi├⌐s d'┬½├⌐pouvantables sc├⌐l├⌐rats┬╗ ├⌐taient des Inuit ou des Am├⌐rindiens.
  26.  
  27.      Les textes rapportant des t├⌐moignages oculaires sur les Autochtones du Labrador rest├¿rent vagues pendant la majeure partie du XVIIe si├¿cle. Nous pouvons conjecturer que les indig├¿nes ┬½├á nez plat┬╗, qui tu├¿rent, en 1606, deux membres du groupe d'exploration de John Knight furent probablement des Inuit, tout comme ceux qui ├⌐chang├¿rent des peaux de phoque avec les explorateurs fran├ºais -- Des Groseilliers et Radisson -- lorsqu'ils mirent pied ├á terre en 1683 lors de l'exp├⌐dition qui les mena de Qu├⌐bec ├á la baie d'Hudson. Ces deux rencontres semblent avoir eu lieu dans la r├⌐gion Nain-Okak de la c├┤te centrale.
  28.  
  29.      Les Inuit sont d├⌐crits plus en d├⌐tail dans le journal de Louis Jolliet qui, en 1694, explora la c├┤te jusqu'├á une r├⌐gion aussi septentrionale que celle de Nain. ├Ç cette ├⌐poque, les Inuit du Labrador poss├⌐daient d├⌐j├á de nombreux articles de fabrication europ├⌐enne, dont des bateaux de bois munis de voiles et de grappins, des barils, des coffres de bord, des vis et des clous, des couteaux, du tissu et quelques v├¬tements. Jolliet, qui acheta des phoques et de l'huile de phoque ├á plusieurs groupes autochtones, pr├⌐suma que les Inuit n'avaient pas de contacts commerciaux r├⌐guliers avec les Europ├⌐ens, et qu'ils troquaient leurs produits avec les navires de p├¬che qui abordaient ├á Terre- Neuve uniquement lorsque l'occasion se pr├⌐sentait.
  30.  
  31. L'essor des relations commerciales avec les ├⌐trangers 
  32.  
  33.      Le troc rudimentaire avec les navires europ├⌐ens se d├⌐veloppa en 1714 lorsque cinq navires hollandais accost├¿rent dans la r├⌐gion d'Okak et troqu├¿rent leurs produits avec les Autochtones contre des peaux de phoque. D├¿s 1733, les ├⌐changes commerciaux entre les Inuit du Labrador et les chasseurs de baleines europ├⌐ens ├⌐taient une tradition bien ├⌐tablie, certains navires hollandais faisant m├¬me un voyage sp├⌐cial au Labrador ├á la fin de chacune de leurs exp├⌐ditions de p├¬che ├á la baleine au Groenland.
  34.  
  35.      La m├⌐sentente mutuelle et l'hostilit├⌐ d├⌐clar├⌐e ├⌐taient courantes entre les nouveaux arrivants europ├⌐ens et les Inuit. L'engrenage de la violence marqu├⌐e par des mesures de repr├⌐sailles et des tueries se d├⌐veloppa dans la r├⌐gion du d├⌐troit de Belle-Isle o├╣ ├⌐taient concentr├⌐s les postes fran├ºais et espagnols de s├⌐chage de poisson. Abandonn├⌐s au cours du long hiver, ces postes permettaient aux Inuit de faire facilement main basse sur des bateaux et du mat├⌐riel, y compris des clous de fer qu'on pouvait ais├⌐ment obtenir en mettant le feu aux cadres de s├⌐chage. Lorsqu'ils revenaient au Labrador, l'├⌐t├⌐ suivant, les p├¬cheurs europ├⌐ens furieux se vengeaient sur tout Inuit qui leur tombait sous la main.
  36.  
  37.      Les Fran├ºais s'├⌐tablirent en 1702 pr├¿s de la rivi├¿re Saint-Paul dans la r├⌐gion du d├⌐troit de Belle-Isle en y construisant le Fort Pontchartrain, qui leur servit de poste pour la p├¬che, le pi├⌐geage et le troc. Les rapports annuels pr├⌐sent├⌐s par les deux premiers seigneurs du fort mentionnent r├⌐guli├¿rement les excursions estivales des Inuit dans le d├⌐troit de Belle-Isle et dans le nord de Terre-Neuve o├╣ ils se rendaient jusqu'├á un endroit aussi loin au sud que Port-aux-Choix. On signala aussi de fr├⌐quentes escarmouches au cours desquelles les Europ├⌐ens et leurs alli├⌐s am├⌐rindiens, tous arm├⌐s, forc├¿rent des groupes d'Inuit non arm├⌐s ├á s'├⌐loigner des installations ├á terre.
  38.  
  39.      Les Fran├ºais en vinrent ├á dominer les ├⌐changes commerciaux effectu├⌐s par navire durant la premi├¿re moiti├⌐ du XVIIIe si├¿cle, et d├¿s le milieu de ce si├¿cle, un commerce r├⌐gulier avec les navires fran├ºais ├⌐tait solidement ├⌐tabli. Le principal produit fourni par les Inuit, ├á cette ├⌐poque,├⌐tait le fanon, longue lame corn├⌐e souple faisant office de crible dans la bouche de la baleine du Groenland, qui servait ├á fabriquer des brosses et des corsets et valait tr├¿s cher sur le march├⌐ international. Les interm├⌐diaires inuit, qui avaient d├⌐j├á invent├⌐ un jargon pour commercer avec les p├¬cheurs fran├ºais du sud du Labrador, apportaient de la c├┤te nord la plupart des fanons qu'ils ├⌐changeaient ├á l'inlet Hamilton.
  40.  
  41.      Les relations entre les Europ├⌐ens et les Inuit furent temporairement perturb├⌐es en 1763 lorsque le Labrador devint possession britannique et que les Fran├ºais ne furent plus autoris├⌐s ├á rester sur la c├┤te. Cette perturbation fut attribu├⌐e en partie ├á l'inexp├⌐rience des Britanniques et des Am├⌐ricains qui s'efforc├¿rent de reprendre le lucratif commerce des fanons de baleine. Afin de mettre un terme aux hostilit├⌐s d├⌐clar├⌐es qui ├⌐taient de nouveau monnaie courante, le gouverneur de Terre-Neuve chercha ├á n├⌐gocier une tr├¬ve avec les Inuit en 1765.
  42.  
  43.      M├¬me si le trait├⌐ de 1765 n'├⌐limina pas enti├¿rement les m├⌐sententes et les tueries, il n'en fut pas moins bient├┤t suivi par la rapide expansion des ├⌐tablissements blancs le long de la c├┤te du Labrador. Les colons europ├⌐ens ├⌐taient concentr├⌐s dans la r├⌐gion situ├⌐e au sud de l'inlet Hamilton, o├╣ ils recevaient fr├⌐quemment la visite d'Inuit itin├⌐rants dont les habitations permanentes se trouvaient beaucoup plus au nord. ├Ç cette ├⌐poque, la population inuit de toute la c├┤te ├⌐tait d'environ 1500 personnes.
  44.  
  45. Activit├⌐s missionnaires 
  46.  
  47.      Les premiers non-autochtones qui s'├⌐tablirent au nord de l'inlet Hamilton furent des missionnaires de la secte protestante des Fr├¿res moraves, dont les origines europ├⌐ennes remontent ├á 1457. ├Ç l'├⌐poque o├╣ ils ├⌐tablirent leur premier poste au Labrador, ├á Nain, en 1771, les Fr├¿res moraves ├⌐taient d├⌐j├á actifs dans d'autres pays dont le Groenland. Leurs activit├⌐s au Labrador s'accr├╗rent ├á la suite de la fondation d'Okak (1776), de Hopedale (1782), de Hebron (1830), de Zoar (1865), de Ramah (1871), de Makkovik (1895) et de Killinek (1904). Au cours du XXe si├¿cle, les ├⌐tablissements permanents situ├⌐s au nord de Nain furent graduellement abandonn├⌐s pour diverses raisons et de nos jours, seuls trois postes de la secte des Fr├¿res moraves, Nain, Hopedale et Makkovik, existent toujours sur la c├┤te du Labrador. En 1957, la secte d├⌐m├⌐nagea son administration centrale dans la nouvelle ville de Happy Valley o├╣ plusieurs familles d'Inuit s'├⌐taient ├⌐tablis apr├¿s la Seconde Guerre mondiale.
  48.  
  49.      Sans doute la principale pr├⌐occupation des premiers Fr├¿res moraves ├⌐tait-elle de propager le christianisme, mais il n'en reste pas moins que d├¿s les d├⌐buts, ils s'int├⌐ress├¿rent ├á de nombreux aspects non religieux de la vie inuit. Pour les Inuit qui avaient besoin d├¿s lors d'un vaste ├⌐ventail de produits europ├⌐ens, un attrait particuli├¿rement important du premier poste missionnaire ├⌐tait le magasin de traite. M├¬me si les missionnaires esp├⌐raient qu'en ouvrant des comptoirs commerciaux dans le nord, les Inuit ne se sentiraient plus forc├⌐s de rendre r├⌐guli├¿rement visite aux commer├ºants europ├⌐ens du sud du Labrador, ces voyages ne s'en poursuivirent pas moins pendant de nombreuses ann├⌐es. M├¬me apr├¿s 1784, date ├á laquelle les Fr├¿res moraves c├⌐d├¿rent finalement aux pressions des Inuit et accept├¿rent de leur vendre des fusils et des munitions, le sud offrait beaucoup de produits attrayants comme le brandy que seuls les commer├ºants de cette r├⌐gion voulaient leur vendre. En 1925, les Fr├¿res moraves vendirent leurs commerces ├á la Compagnie de la baie d'Hudson qui fut plus tard remplac├⌐e par le gouvernement de Terre-Neuve. Celui-ci exploite les magasins de la plupart des localit├⌐s du nord du Labrador.
  50.  
  51.      Jusqu'au si├¿cle actuel, l'├ëglise morave fut sans aucun doute l'un des agents les plus puissants de changements culturels parmi les Inuit du Labrador. Heureusement, les premiers missionnaires de la secte nous ont laiss├⌐ de minutieux comptes rendus de leur vie chez les Inuit sous forme de journaux et d'autres documents. Ces textes, ├⌐crits principalement en allemand et conserv├⌐s dans les archives de la secte en Allemagne, en Angleterre et aux ├ëtats-Unis, sont une mine de renseignements sur l'histoire et la culture traditionnelle des Inuit de la mer du Labrador.
  52.  
  53. Modes traditionnels de subsistance 
  54.  
  55.      D'apr├¿s les renseignements contenus dans les journaux des missions du Labrador, il est possible de reconstituer le cycle annuel des activit├⌐s ├⌐conomiques au cours de p├⌐riodes d├⌐termin├⌐es. Nous d├⌐crirons ici un cycle annuel typique des ann├⌐es 1770, ├⌐poque o├╣ on se servait du mat├⌐riel de chasse et de p├¬che traditionnel pour toutes les activit├⌐s de subsistance. Les Inuit n'achet├¿rent pas de fusils avant 1784.
  56.  
  57.      La plupart des Inuit du Labrador passaient l'automne et la majeure partie de l'hiver dans des campements situ├⌐s ├á l'embouchure des fjords ou dans certaines des ├«les du large les mieux prot├⌐g├⌐es contre les intemp├⌐ries. Ils y construisaient des maisons semi-souterraines en terre et en pierre dans lesquelles ils s'installaient vers le milieu d'octobre, deux mois environ avant que la bande c├┤ti├¿re de la mer g├¿le et se transforme en glace solide. Les campements d'automne-hiver r├⌐unissaient en moyenne 36 personnes.
  58.  
  59.      Mont├⌐s ├á bord de kayaks, les hommes chassaient le gibier ├á port├⌐e, notamment le phoque du Groenland qui migrait vers le sud en novembre et en d├⌐cembre. Long d'environ deux m├¿tres, un harpon ├á t├¬te d├⌐tachable qu'on lan├ºait ├á la main permettait de prendre l'animal. Une longue ligne en peau d'animal ├⌐tait attach├⌐e au centre de la t├¬te du harpon. Sous l'effet de la tension, celle-ci tournoyait et s'enfon├ºait dans le corps de l'animal. ├Ç l'autre extr├⌐mit├⌐ de la ligne, on trouvait un flotteur en peau de phoque et un poids servant ├á emp├¬cher la fuite de la proie bless├⌐e, laquelle ├⌐tait habituellement achev├⌐e au moyen d'un coup de lance.
  60.  
  61.      ├Ç cette ├⌐poque de l'ann├⌐e, de nombreux chasseurs inuit du Labrador poursuivaient aussi les ├⌐normes baleines du Groenland, qui avaient quitt├⌐ leurs aires d'alimentation estivales dans l'Extr├¬me-Arctique pour migrer vers le sud. Le harpon utilis├⌐ pour la p├¬che ├á la baleine ├⌐tait deux fois plus long que celui r├⌐serv├⌐ ├á la chasse au phoque et ├⌐tait muni d'un poids ├⌐norme et de deux ou trois flotteurs. On le lan├ºait sur une baleine endormie ├á partir de la proue d'un oumiak, large embarcation ouverte mue ├á la pagaie par environ douze hommes. Parfois, les ├⌐quipages de deux ou trois oumiaks r├⌐unissaient leurs efforts pour capturer une seule baleine, qui pouvait fournir ├á un campement de la nourriture et du combustible pour plusieurs mois.
  62.  
  63.      La p├¬che ├á la baleine prenait fin ├á la mi-d├⌐cembre en raison du gel de la mer, et les phoques devaient ├¬tre harponn├⌐s aux trous de respiration que ces animaux creusaient dans la nouvelle glace. Les Inuit capturaient de cette mani├¿re quelques phoques migrateurs du Groenland surpris le long de la c├┤te par la formation soudaine de la glace, mais la grande majorit├⌐ de leurs prises ├⌐taient des phoques barbus et annel├⌐s non migrateurs. La chasse aux phoques sur la glace nouvelle ├⌐tait extr├¬mement productive. Au cours des premi├¿res semaines suivant le gel, les phoques ├⌐taient si abondants qu'on pouvait souvent en mettre quelques-uns en r├⌐serve dans des caches. ├Ç cette ├⌐poque de l'ann├⌐e, les hommes et les gar├ºons pouvaient quitter leurs campements d'hiver pendant plusieurs jours en vue de trouver des endroits o├╣ la glace venait de se former.
  64.  
  65.      Au fur et ├á mesure que la glace de mer s'├⌐paississait et ├⌐tait recouverte d'une solide couche de neige, il devenait plus difficile de capturer des phoques aux trous de respiration. Apr├¿s la mi-janvier, la chasse aux phoques se limitait essentiellement ├á de petites ├⌐tendues d'eau libre pr├¿s de forts courants et ├á la lisi├¿re des glaces, l├á o├╣ de nouvelles plaques s'├⌐taient parfois form├⌐es ├á la suite de la rupture de la glace et du regel. Lorsque le temps s'y pr├¬tait, on chassait les phoques qui se chauffaient au soleil en rampant vers eux sur la glace jusqu'├á ├¬tre ├á port├⌐e de harpon, m├⌐thode connue sous le nom de uuttuq, mot signifiant phoque paresseux. Dans les r├⌐gions nordiques, les morses ├⌐taient importants du fait qu'ils arrivaient dans les eaux libres, au large de la lisi├¿re des glaces, en f├⌐vrier et mars.
  66.  
  67.      Alors que les mammif├¿res marins fournissaient la plus grande partie de la nourriture et du combustible, de nombreuses autres sources alimentaires permettaient de varier le r├⌐gime quotidien et servaient parfois en cas d'urgence. Par exemple, en janvier et f├⌐vrier, les oiseaux marins comme le mergule nain, l'eider, le guillemot et le macareux se trouvaient en grand nombre ├á la lisi├¿re des glaces et pr├¿s des ├⌐tendues d'eau libre. En mars et avril, on d├⌐coupait des trous dans la glace afin de p├¬cher la morue de roche ├á la dandinette, en eau sal├⌐e, et l'omble arctique, ├á la lance, en eau douce. Pendant les durs hivers, la viande mise en r├⌐serve, y compris la chair de baleine, de phoque et de caribou ainsi que le poisson qu'on trouvait dans les caches, ├⌐tait la seule protection en cas de disette. Vers la fin de l'hiver, certains Inuit abandonnaient leurs maisons de terre afin de construire des iglous plus pr├¿s de terrains de chasse et de lieux de p├¬che plus productifs.
  68.  
  69.      Lorsque le soleil prenait de la force vers la fin d'avril, les Inuit abandonnaient leurs maisons de terre et leurs iglous et montaient des tentes. En mai et juin, la plupart des Autochtones allaient s'installer dans les ├«les o├╣ ils chassaient le phoque, le b├⌐luga et l'eider et ramassaient les oeufs de canard. On utilisait la plupart du temps un kayak pour aller chasser dans les ├⌐tendues d'eau libre dont la superficie ne cessait d'augmenter. Les phoques du Groenland revenaient du sud et la nourriture ├⌐tait souvent si abondante qu'on pouvait ├á nouveau remplir les caches de pierres avec des provisions pour l'hiver suivant.
  70.  
  71.      Lorsque la couche solide de glace craquait en juin, les familles habitant dans les campements ├⌐parpill├⌐s dans les ├«les au large se rendaient dans les campements d'├⌐t├⌐ situ├⌐s sur le pourtour des baies. Les phoques et les b├⌐lugas, qui r├⌐apparaissaient dans les baies ├á cette ├⌐poque, continuaient d'├¬tre la principale source d'alimentation. Les Inuit chassaient aussi les oiseaux marins, l'ours noir, l'ours blanc et tout caribou ├⌐gar├⌐ sur la c├┤te. On se servait aussi bien de crochets que de fo├½nes pour attraper l'omble arctique qui migrait des lacs d'eau douce de l'int├⌐rieur jusqu'├á la mer. Par ailleurs, le saumon atlantique qui migrait en sens inverse ├⌐tait captur├⌐ au moyen des m├¬mes techniques le long de la partie sud de la c├┤te.
  72.  
  73.      Au d├⌐but d'ao├╗t, p├⌐riode o├╣ la peau du caribou qui allait servir ├á fabriquer des v├¬tements d'hiver et des fournitures de lit ├⌐tait au summum de sa beaut├⌐, la plupart des familles mettaient leurs oumiaks en lieu s├╗r ├á l'embouchure des fjords et des baies et entreprenaient ├á travers le plateau, avec tentes, kayaks et chiens, la longue marche vers l'int├⌐rieur qui leur permettrait d'intercepter les hardes de caribous migrateurs. Avant l'apparition du fusil, la technique de chasse la plus fructueuse consistait ├á faire entrer les caribous dans les lacs ou les rivi├¿res o├╣ on pouvait les atteindre au moyen de lances jet├⌐es ├á partir des kayaks. En octobre, lorsque les chasseurs retournaient ├á la c├┤te pour pr├⌐parer leurs habitations pour l'hiver, le cycle annuel des activit├⌐s de subsistance ├⌐tait complet.
  74.  
  75. Vie sociale et religieuse 
  76.  
  77.      En plus de documenter les activit├⌐s ├⌐conomiques, les archives des premi├¿res missions sont ├⌐galement une bonne source d'information sur la vie sociale et religieuse. La structure de la soci├⌐t├⌐ inuit traditionnelle du Labrador s'appuyait surtout sur les liens entre les individus, principalement les liens de parent├⌐. En l'absence de toute organisation politique ou tribale d'ensemble, il n'est pas surprenant de constater que les groupements par parents et familles constituaient des unit├⌐s sociales primordiales.
  78.  
  79.      Un bon exemple en ├⌐tait la famille ├⌐tendue, qui comprenait normalement environ vingt personnes qui partageaient la m├¬me maison de terre en automne et en hiver. Pendant les autres saisons, les membres de la famille ├⌐tendue voyageaient souvent dans la m├¬me embarcation et montaient leurs tentes les unes pr├¿s des autres. Ce groupe pouvait comprendre un couple mari├⌐ ├óg├⌐ ainsi que leurs fils et filles mari├⌐s et leurs familles, mais il pouvait aussi se composer de personnes ayant d'autres types de liens de famille et, ├á l'occasion, non apparent├⌐es.
  80.  
  81.      Les unit├⌐s familiales composant la famille ├⌐tendue se limitaient rarement ├á la famille nucl├⌐aire compos├⌐e du mari, de la femme et des enfants. On pouvait aussi y trouver la m├¿re ou des soeurs veuves de l'un ou l'autre conjoint ou, comme c'├⌐tait fr├⌐quemment le cas, d'autres femmes. La polygamie ├⌐tait une source de grand prestige chez les Inuit, et les hommes en vue pouvaient avoir deux ou m├¬me trois femmes. Comme les femmes nubiles ├⌐taient tr├¿s demand├⌐es, elles se mariaient habituellement d├¿s les premi├¿res ann├⌐es de leur adolescence.
  82.  
  83.      Alors qu'il y avait habituellement une autorit├⌐ forte au sein de la famille nucl├⌐aire et de la famille ├⌐tendue, elle ├⌐tait carr├⌐ment faible dans des campements comportant de nombreux m├⌐nages et encore plus faible au-del├á du niveau du campement. Les activit├⌐s exigeant un nombre de personnes sup├⌐rieur ├á celui de la famille ├⌐tendue ├⌐taient parfois supervis├⌐es par des conseillers temporaires qui ├⌐taient choisis pour leur sagesse et leurs capacit├⌐s. Toutefois, ces chefs n'avaient pas l'autorit├⌐ n├⌐cessaire pour imposer leur volont├⌐ aux autres et les conflits entre des factions oppos├⌐es pouvaient occasionner une effusion de sang, ce qui arrivait souvent. ├ëtant donn├⌐ que le meurtre d'un Inuk devait ├¬tre veng├⌐ par son plus proche parent, un assassinat d├⌐clenchait souvent une s├⌐rie interminable de vengeances r├⌐ciproques.
  84.  
  85.      On confiait la direction des affaires religieuses aux angekut (pluriel d'angekok), hommes et femmes influents qui contr├┤laient les esprits pouvant amener le succ├¿s ou le d├⌐sastre. En cas de famine, de temp├¬te ou de maladie, les Inuit se tournaient vers les angekut pour chercher ├á savoir ce qu'on avait fait pour mettre les esprits en col├¿re et ce qu'on pouvait faire pour les apaiser. De leur cot├⌐, les angekut s'adressaient ├á leurs propres esprits gardiens, invisibles aux autres Inuit et d├⌐sign├⌐s sous le nom de tornait (pluriel de torngak), afin d'obtenir leurs conseils et leur aide.
  86.  
  87.      Pendant les c├⌐r├⌐monies chamanistes au cours desquelles les angekut cherchaient ├á influencer leurs esprits gardiens, tentes et maisons ├⌐taient plong├⌐es dans l'obscurit├⌐. Les c├⌐r├⌐monies visant ├á obtenir de meilleures chasses ou ├á pr├⌐dire et ├á contr├┤ler le temps ├⌐taient offertes gratuitement ├á la collectivit├⌐, alors qu'on exigeait habituellement une forte r├⌐compense pour les tentatives de gu├⌐rison d'un malade. Certains angekut pr├⌐tendaient pouvoir blesser ou tuer leurs ennemis par la sorcellerie.
  88.  
  89. Une culture en pleine ├⌐volution 
  90.  
  91.      La culture des Inuit du Labrador a subi de nombreuses transformations au cours des deux derniers si├¿cles. L'un des premiers changements touchant leur cycle annuel de subsistance survint lorsqu'ils commenc├¿rent ├á chasser le caribou ├á l'int├⌐rieur des terres, ├á la fin de l'hiver et au d├⌐but du printemps. Cela faisait suite ├á l'adoption du fusil ├á la fin des ann├⌐es 1780, innovation qui rendait beaucoup plus facile la chasse au caribou sur la toundra gel├⌐e. Au fur et ├á mesure que la nouvelle chasse au caribou d'hiver et de printemps gagnait en importance, elle rempla├ºait peu ├á peu la chasse traditionnelle de la fin de l'├⌐t├⌐.
  92.  
  93.      Dans les premi├¿res d├⌐cennies du XIXe si├¿cle, la p├¬che ├á la baleine n'avait plus beaucoup d'importance et l'on chassait les phoques avec des fusils et des filets. Les innovations techniques post├⌐rieures, ainsi que l'essor et le d├⌐clin du pi├⌐geage commercial et de la p├¬che ├á la morue, l'expansion r├⌐cente des p├¬cheries de saumons et d'ombles arctiques, et l'accroissement des importations de produits alimentaires, tout cela a eu des cons├⌐quences encore plus spectaculaires, qui se font sentir dans l'├⌐conomie actuelle. Toutefois, le gibier a encore beaucoup d'importance comme source alimentaire, et les Inuit du Labrador ├⌐prouvent toujours de la satisfaction apr├¿s une bonne prise.
  94.  
  95.      Beaucoup des croyances et pratiques religieuses traditionnelles des Inuit du Labrador ont ├⌐t├⌐ modifi├⌐es ou abandonn├⌐es par suite des efforts constants des premiers missionnaires moraves. Parmi les traditions moraves adopt├⌐es par les Inuit du Labrador sont les festivals particuliers ├á l'intention de diff├⌐rents groupes fond├⌐s sur l'├óge et le sexe, appel├⌐s ┬½choeurs┬╗, dans lesquels se r├⌐partit chaque congr├⌐gation. La passion pour la musique religieuse en est une autre. La plupart des choeurs, des fanfares et des orchestres ├á cordes des Inuit dans les missions actuelles ont leur origine dans la premi├¿re partie du si├¿cle dernier.
  96.  
  97.      Apr├¿s le premier bapt├¬me survenu ├á Nain en 1775, les missionnaires poursuivirent leur oeuvre de conversion jusqu'en 1935, ann├⌐e o├╣ les derniers Inuit non chr├⌐tiens devinrent membres de nom de la congr├⌐gation morave d'Hebron. ├Ç cette ├⌐poque, les Inuit des autres missions pratiquaient d├⌐j├á depuis plusieurs g├⌐n├⌐rations leur forme de protestantisme morave. Le premier des Inuit du Labrador ├á ├¬tre ordonn├⌐ ministre, Phillipus Hunter, est actuellement ├á la t├¬te de l'├ëglise morave de Nain, aujourd'hui le village le plus au nord de toute la r├⌐gion c├┤ti├¿re du Labrador.
  98.  
  99.      Le mouvement de la population, des ├⌐tablissements traditionnels d'hiver vers les villages de mission moraves, annon├ºait les changements ├á venir non seulement en mati├¿re religieuse, mais aussi dans l'organisation sociale. L'une des cons├⌐quences fut la diminution de l'importance attach├⌐e ├á la famille ├⌐tendue, co├»ncidant avec l'adoption de la maison unifamiliale au cours du XIXe si├¿cle. Toutefois, de nouvelles associations furent cr├⌐├⌐es, qui contribu├¿rent ├á donner une certaine coh├⌐sion aux villages de mission, regroupant souvent plusieurs centaines d'habitants. L'une des plus anciennes associations politiques est le conseil d'administration, ├⌐tabli par les missionnaires dans les postes moraves. Le conseil d'administration comprend plusieurs ┬½anciens┬╗, c'est-├á-dire des hommes ├⌐lus pour trois ans par la population de la localit├⌐. Aujourd'hui, beaucoup d'affaires locales sont du ressort de conseils locaux ├⌐lus, qui se composent non seulement d'Inuit, mais aussi de gens issus de croisements entre des Inuit et des p├¬cheurs-commer├ºants europ├⌐ens, que l'on appelle ┬½settlers┬╗ (┬½colons┬╗) au Labrador.
  100.  
  101.      Il existe aussi un nombre croissant d'organisations qui, par leur champ d'action et leur composition, d├⌐passent les cadres de la localit├⌐. L'une d'entre elles est la Labrador Inuit Association, cr├⌐├⌐e en 1973 et affili├⌐e ├á l'organisation nationale appel├⌐e Inuit Tapirisat (fraternit├⌐ esquimaude). La Labrador Inuit Association, dont le si├¿ge est ├á Nain, s'efforce de d├⌐fendre les int├⌐r├¬ts de tous les Inuit vivant dans la province de Terre-Neuve et du Labrador pour ce qui concerne la langue, l'├⌐ducation, les r├¿gles de la chasse et la repr├⌐sentation politique.
  102.  
  103.      En d├⌐pit de toutes les modifications d├⌐j├á survenues dans leur mode de vie et des pressions actuelles en vue de nouvelles transformations, les Inuit du Labrador n'en ont pas moins conserv├⌐ leur langue et un fort sentiment d'identit├⌐ culturelle. Dans une publication r├⌐cente de la Labrador Inuit Association, Our Footprints Are Everywhere, un habitant de Nain exprimait ses espoirs dans l'avenir en ces termes:
  104.  
  105.      Nous ne devons pas perdre ce qui nous caract├⌐rise en tant qu'Inuit -- parce que nous sommes Inuit! Le mieux, ce serait que nos enfants soient constamment en situation d'assimiler notre langue et notre mode de vie. Nous sommes de vrais Inuit et nos anc├¬tres ├⌐taient de vrais Inuit... Cela ne doit pas dispara├«tre.  
  106.  
  107.