Prologue
Chapitre 1 - Slaughter Gulch
- Le pont
- Main street
- Le saloon
- La cave du saloon
- La cellule du gaucher (Chap 1)
- La 2ème cellule de la prison
- Le couloir de la prison
- Le dortoir de la prison
- Le bureau du shérif
- Le hall de la prison
- Le toit de la prison (Chap2)
- Le local du bourreau
- Le toit de la prison (suite)
- Le toit de la prison (fin) (Chap 3)
- Le couloir de l'hôtel
- La chambre 1
- La chambre 2 (Chap 4)
- La chambre 3
- Le balcon
- La chambre 4
- Le trajet pour aller au bureau
- Le bureau
- Le souterrain de l'hôtel de ville (Chap 5)
- Le hall de la mairie
- Le bureau des archives
- Le bureau du maire
- Le cimetière
- La cuisine
- La salle de bal (Chap 6)
- De retour dans la cuisine
- Le couloir de l'hôtel de ville
- La salle de maquillage
- La banque
- Le general store (Chap 7)
- Aux abords de la gare
- La gare
- Derrière la gare
- Devant le réservoir (Chap 8)
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PROLOGUE
Los Angeles, 3 juillet 1925, 22 heures.
Dans quelques heures, tout le pays allait fêter l'anniversaire de l'Indépendance. De mon côté, j'allais fêter deux mois de loyer impayé. Mon compte en banque était encore une fois aussi proche de zéro que l'était le cerveau de la crapule qui logeait à côté de mon bureau. Les crises de délire de Weston faisaient fuir les rares clients qui osaient s'aventurer dans l'immeuble...
En attendant qu'une femme fatale sonne à ma porte, ou qu'un vieil alcoolique vienne me demander de retrouver son éléphant rose, je me plongeais dans la lecture du Mystery Examiner. Cette feuille de chou m'avait surnommé le "détective de l'étrange" après les affaires de Derceto et de Hell's Kitchen...
A travers la cloison mince comme du papier à cigarette qui séparait mon bureau de l'appartement de Weston, j'entendais la radio siffler et couiner. De deux choses l'une : soit l'imbécile s'amusait à jouer avec mes nerfs en faisant tourner le bouton entre deux stations, soit la dernière lueur d'intelligence qui tournoyait dans son cerveau avait trouvé la porte de sortie.
Un grésillement soudain me fit sursauter ! Les ténèbres envahirent la pièce ! J'ouvris par réflexe le tiroir de mon bureau et dégainais mon 38 ! Devant moi, le filament de l'ampoule s'endormit dans un rougeoiement paresseux... Je laissais échapper un soupir agacé. Ce chacal de propriétaire m'avait encore coupé l'électricité ! A cet instant, comme si Weston avait retrouvé une parcelle d'humanité, j'entendis sa radio s'arrêter sur une station.
"... Les environs de la faille de San Andreas ont présenté cette nuit une singulière activité..."
Je n'avais plus l'image, mais il me restait au moins le son ! En parlant de son, le téléphone se mit de la partie. Je tendis le bras à l'aveuglette et renversais la lampe. Je me souvins alors que j'avais fait un peu de place sur mon bureau la veille. J'avais posé par terre l'horreur en Bakélite noire qui permettait à mes créanciers de prendre régulièrement de mes nouvelles. Je me levais précipitamment : à l'autre bout du fil se trouvait peut-être cette beauté vénéneuse que tous les privés fauchés attendent dans leurs rêves ! Dans ma hâte, je me cognais contre mon bureau. Dan ! Sale nuit ! Et Weston qui continuait de faire hurler sa radio !
"... Ces mouvements chaotiques ont surpris tous les observateurs scienti..." Weston caressa de nouveau le bouton de sa radio. Je décrochais le combiné en massant mon genou. "CARNBY, lâchais-je en guise de présentation !"
Une musique sirupeuse transperçait maintenant la cloison à grand renfort de violons. "Greg Saunders, de la Hill Century ...
- Abrégeons, Greg ! Jai des problèmes !"
Je n'avais vu Saunders qu'une seule fois : le jour où je lui avais ramené saine et sauve sa petite fille. Je pouvais désormais me permettre de l'appeler Greg, même s'il gagnait en une semaine plus que je ne gagnais en un an : j'avais tiré Grâce Saunders des griffes du sanguinaire One-Eyed Jack.
- Vous êtes sur une nouvelle affaire, me demanda Saunders d'un ton sec ?
- Pas vraiment, non, rétorquais-je ! Je suis seul dans le noir ... Je vous expliquerai...
- Carnby, jai un western en panne dans le désert.
- Billy Silver s'est enrhumé ?
- L'équipe de tournage à disparu.
- 1000 dollars. Plus les frais.
- 500.
- 800".
J'entendis Saunders soupirer.
"Carnby ? Emily Hartwood est là-bas. Votre amie... Elle faisait partie de l'équipe de tournage...". Ainsi, Emily travaillait maintenant pour les pontes de Hollywood ? A cause d'elle, j'avais failli laisser ma peau dans le diabolique manoir de Derceto, trois ans auparavant...
"Alors ce sera 1200, lâchais-je !".
J'entendis Saunders soupirer plus fort. Et pendant ce temps-là, la radio continuait de déverser son sirop...
"Très bien, dit Saunders au bout d'un moment. Vous avez une carte ? De quoi noter ?
- Jai cinq secrétaires au bout de chaque bras ! Je vous écoute !
- Vous voyez Barstow, à l'est de L.A., reprit Saunders, que mon sens de l'humour laissait froid ? Descendez au sud. Sur 50 miles. Puis reprenez vers l'est. Sur 5 miles. Après Las Verdes, filez jusqu'au trait noir. C'est la faille de San Andreas...
- Hey, c'est le désert Mojave, ça, m'exclamais-je !
- Carnby ! Là-bas, il y a une ville... Pas une vraie ville... Une ville fantôme... Slaughter Gulch."
Saunders se tut, comme s'il attendait un commentaire de ma part. En fait, j'étais en train de me dire que j'aurais pu le faire cracher davantage au bassinet. Avec 1200 dollars, j'allais pouvoir régler mes impayés, mais quelques billets de plus auraient été les bienvenus. "Saunders ?"
Il ne me répondit pas. J'avais toujours eu horreur de me répéter, mais je le fis néanmoins :
"Saunders ?"
Un rire hystérique éclata brusquement à l'autre bout du fil. Ce n'était pas le rire de Saunders. Ce n'était pas un rire humain.
"Allo ?! Saunders !"
J'eus un frisson. Je pensais à Emily Hartwood. Je pensais à la fille de Saunders. Je pensais à ces hordes impies que j'avais déjà défiées et vaincues à deux reprises dans le passé. Je n'avais pas peur de me retrouver encore une fois seul dans les ténèbres ! J'allais régler cette affaire. A ma façon. Et tant pis si je n'en tirais pas de quoi me payer un sandwich. "Okay, dis-je à la chose qui se trouvait à l'autre bout du fil. Je suis votre homme !". Cette nuit venait de me faire perdre mon sens de l'humour. La nuit prochaine s'annonçait encore pire...
CHAPITRE 1 - SLAUGHTER GULCH
Désert Mojave, 4 juillet 1925, 22 heures.
Le panneau en bois qui se dressait devant moi semblait se moquer de la poussière qui recouvrait le bas de mon pantalon. Slaughter Gulch. Le Ravin du Massacre. Celui qui avait baptisé cette ville avait dû être pris d'une subite inspiration poétique devant la faille qui bordait la ville.
Je regardais mon meilleur ami, le 38 spécial à canon court qui ne me quittait jamais. Je vérifiais qu'il était prêt à cracher ses six dragées.
Dans les ruines, sur ma droite, je vis une boîte de conserve posée sur un muret. J'éprouvais le besoin de me dérouiller l'index. Etais-je au moins capable de l'envoyer en l'air en moins de trois coups ? Bingo !
Etrangement, je me sentis mieux. Puis je maudis ma bêtise: j'avais gâché des munitions ! Mais je réalisais à cet instant que le barillet de mon 38 était toujours plein. Avais-je rêvé ? Un pont en bois que seul un fou aurait osé traverser menait à Slaughter Gulch. Je n'étais pas fou. J'étais détective privé, ce qui était certainement pire. Je m'avançai.Inventaire de départ : 1 38 spécial, 6 balles.
LE PONT
A peine engagé sur le pont, je découvris le comité d'accueil : l'homme portait un long manteau plus loqueteux que les rideaux de mon bureau. Il souriait, mais les morts avaient toujours un sourire angélique lorsqu'ils n'avaient plus de chair sur le crâne. Je n'étais pas le genre d'homme à faire demi-tour parce qu'un cadavre gesticulait devant moi. Les ombres que j'avais vues bouger près du panneau en bois m'en auraient dissuadé, de toutes façons. Et j'avais finalement très envie de revoir Emily Hartwood.
Lorsque le mort-vivant se pencha pour gratter une allumette sur sa botte et enflammer un cordon Bickford planté dans le sol, je me dis que je devais me trouver juste sur la bougie du gâteau de bienvenue. Je plongeais dans la poussière. Le souffle de l'explosion me fit bouler sur moi-même.
Désormais, je ne pouvais plus rebrousser chemin : le pont avait volé en éclats. Avant de me laisser le temps de me recoiffer, le lascar au long manteau disparut dans le sol en éclatant de rire, tandis qu'une brute au regard vicieux disparaissait derrière les portes battantes du saloon.Objets trouvés : Aucun.
MAIN STREET
Je fis quelques pas dans la rue principale de Slaughter Gulch. De toute évidence, l'équipe de tournage du "Dernier Ranger" avait eu de réels problèmes. Une caméra traînait dans l'abreuvoir, devant le saloon. Je ne connaissais aucun cinéaste assez dément pour placer sa caméra de la sorte.
Derrière l'abreuvoir je trouvais un bidon d'essence à moitié plein.
Je poursuivis mon inspection des lieux, mais on n'appréciait guère les innocents promeneurs dans cette ville : deux jumeaux à la mine patibulaire, coiffés de Stetson et armés de Colts Peacemaker, me barrèrent la route. Mes balles semblaient leur faire autant d'effet que les quittances de loyer de mon propriétaire en avaient sur moi. Je rebroussais chemin vers le saloon sans perdre une seconde ! Les deux frères siamois ne me suivirent pas. Ils appartenaient sans doute à une ligue de tempérance...Objets trouvés : 1 bidon d'essence.
LE SALOON
L'antique saloon avait été aménagé en salle de projection par l'équipe du "Dernier Ranger". Je m'approchais du projecteur qui trônait sur une table. Une bobine de film était placée dans le chargeur. Je versais le contenu du bidon d'essence dans le groupe électrogène auquel était raccordé le projecteur et eus droit à une petite projection privée : sur l'écran, un grouillot anonyme fit claquer un clap, et je vis un cavalier s'avancer dans la rue principale de Slaughter Gulch. Je reconnus Billy Silver, la coqueluche de Hollywood ! Une silhouette fantomatique s'enroula soudain autour de l'idole des midinettes et le désarçonna ! Le corps de Silver fut agité de soubresauts avant de s'immobiliser ! Un homme en bras de chemise entra en courant dans le champ. De toute évidence, la mort de Billy Silver n'était pas écrite dans le script !
L'image s'arrêta en tremblotant.
Moi pas.
A ce moment, un hennissement me fit sursauter. Le cheval que je venais de voir dans le film se cabra dans la rue, les yeux fous. S'agissait-il de la monture de Billy Silver ? J'en doutais. Et je ne tenais pas à m'en assurer. Trop de choses mortes dans cette ville ne l'étaient pas vraiment...
Sur une table, je trouvais une clef. Sur une estrade que de nombreux talons avaient dû piétiner, j'aperçu une maracas. Atchic atchic ! Dans un coin de la pièce, derrière le projecteur, je m'emparais d'une réserve d'huile. Sous l'escalier brisé, je ramassais une boîte d'allumettes. Aucun brocanteur ne m'aurait donné un dollar de l'ensemble... Je passais derrière le comptoir. Parmi les bouteilles, je repérais une fiole. Je la bus pour prendre des forces en prévision de la nuit, qui s'annonçait dure. Je mis également la main sur une bouteille d'alcool de bois, mais je ne m'avisais pas de la boire ! Ce genre de tord-boyaux pouvait assommer un honnête homme ! Une troisième bouteille ne contenait aucun liquide suspect. Je la brisais et récupérais le jeton qu'elle contenait.
A ce moment, l'enfer se déchaîna, comme auraient écrit les journalistes du Mystery Examiner. On tirait sur moi à travers la balustrade qui surplombait le bar ! Je pris du champ et me plaçais dos à l'estrade pour faire face à mon adversaire. Mon 38 spécial aboya et envoya à Satan un nouveau client qui ne possédait pas de billet de retour.
Je me dirigeais vers le piano mécanique placé contre un mur. La musique adoucit les morts, ou quelque chose comme ça, non ? J'insérais le jeton dans le piano mécanique, et celui-ci commença aussitôt à jouer une vieille ballade. Venue de nulle part, une voix spectrale se mit à réciter quelques couplets par-dessus la musique :Un nommé Stone vint dans le Champ des Braves :
Plongeant ses mains dans la terre Mojave,
l'homme en retira un grand aigle d'or ;
des environs, tous accoururent alors.Mais après onze jours et onze nuits,
armés de pioches, de pelles et de fusils,
les hommes aux yeux fous se sont déchaînés !
Dans le sang, Slaughter Gulch était née !Vint alors le vieux vendeur d'eau-de-vie,
qui n'était pas né de la dernière pluie :
avec son crâne de buffalo piégé,
sa cave il s'empressa de protéger !Et après onze jours et onze nuits,
à la tête d'un ramassis de bandits,
le sheriff Jack Dawson fit son entrée ;
à Jed Stone, il jura fidélité !Le piano mécanique s'arrêta net. Un claquement sec se fit entendre sur le côté. L'arme au poing, je m'approchai. Un petit compartiment secret venait de s'ouvrir et de délivrer son trésor : une lampe à huile. Je la pris avidement. J'avais toujours eu peur du noir, malgré mes airs de dur...
Je revins derrière le bar. Avant que l'autre énergumène ne vînt me déranger, j'avais repéré une trappe dans le plancher. Je me remémorais le troisième couplet de la Ballade de Slaughter Gulch et reportais mon attention sur le crâne de buffle qui décorait le mur. La corne gauche ne me disait rien qui vaille : elle était moins usée que l'autre et déclenchait sans aucun doute un piège. Je ne tenais pas à recevoir une volée de plomb de sitôt. Je poussais donc la corne droite.
La trappe s'ouvrit. Un moustachu sournois en émergea, armé de deux six-coups. Du menu gibier : trop de gomina pour être dangereux. Je m'en débarrassais avec une dragée de calibre 38. Avant d'aller rôtir en enfer, il eut la bonté de me laisser une balle de Winchester en or et un as de carreau.
Je récupérais le tout et me laissais glisser dans la trappe.Objets trouvés : 1 clé, 1 fiole, 1 jeton dans une bouteille, 1 boîte d'allumettes, 1 lampe à huile, 1 réserve d'huile, 1 maracas, 1 bouteille d'alcool de bois, 1 balle de Winchester en or, 1 as de carreau.
LA CAVE DU SALOON
Il faisait noir comme un four dans cette cave. Je versais la réserve d'huile dans la lampe et craquais une allumette. Au fond de la pièce, j'aperçu une vieille affiche. Je décidais de la voir de plus près et dépassais chemin faisant un alignement de trois tonneaux dans chacun desquels un éléphant aurait pu se nicher. Je retournais le coin décollé de l'affiche pour voir ce qui se cachait derrière l'accorte demoiselle peinte avec force détails par un artiste boutonneux. Je pus lire un texte griffonné d'une main malhabile :
"Burris, vieille crapule, passe par le tonneau et amène une bouteille dans ma cellule ! - Le Gaucher".
La cave communiquait donc avec la prison ! Il suffisait de trouver le bon tonneau ! Je pris la canne qui était suspendue à un clou tout en évaluant la situation. Deux tonneaux étaient sûrement piégés. Mon instinct me disait que "Le Gaucher" n'était pas un nom, mais un indice. Le Gaucher. Le tonneau de gauche. Ou alors c'était ce que l'on voulait me faire croire... J'inspirais profondément et décidais de tenter ma chance avec le tonneau de droite ! J'eus beau le maudire, crier "Abracadabra" et le rouer de coups, rien ne se produisit. Il était scellé.
Le tonneau du centre dégageait une odeur si fétide, si reptilienne, que je préférais ne pas m'en approcher de trop près. Je reportais mes efforts sur le tonneau de gauche, comme j'en avais eu initialement l'intention. Il s'ouvrit. Mais le tonneau central s'ouvrit en même temps ! La gueule d'un serpent gros comme un hippopotame en émergea ! Les crocs luisants de venin tentèrent de me câliner ! Et le tonneau de gauche regorgeait de serpents à sonnette ! Atchic atchic... Atchic atchic ? Le bruit me fit aussitôt penser à la maracas trouvée dans le saloon. Je l'agitais désespérément ! Les crotales rampèrent autour de mes chevilles sans me mordre. Sauvé ! Je m'engouffrais dans le baril de gauche sans perdre une seconde !Objets trouvés : 1 canne.
LA CELLULE DU "GAUCHER" (Chap 1)
Couvert de sueurs froides, j'émergeais dans la cellule du Gaucher. Qu'est-ce qui m'attendait à l'intérieur ? Rien.
Je repris mon souffle. Une des pierres du mur s'était descellée et gisait sur un grabat couvert de moisissure et de traces suspectes. Je la soulevais et la projetais contre un mur. Elle se fendit sous le choc. Bingo ! Un médaillon indien était incrusté dedans. Je m'en emparai. S'il ne m'était d'aucune utilité, je garderais au moins un souvenir folklorique de cette sale nuit !
Maintenant, il fallait que je trouve le moyen de sortir de la cellule. Je me retournais et fis feu négligemment sur la brute qui venait de surgir du passage secret. Je me mis à réfléchir. Cela m'arrivait, mais j'y arrivais mieux quand je n'étais pas dérangé. Je me retournais de nouveau et expédiais en enfer l'autre énergumène qui venait de surgir. Ils se bousculaient au portillon ! A ce rythme-là, mon 38 special n'allait pas tarder à être vide ! Bah ! Il me resterait mes poings, mes pieds et ma tête !
Sur le sol du couloir, devant la cellule, j'aperçus une clé. Je tendis la canne à travers les barreaux de la cellule et la ramenais vers moi. Je la fis tourner dans la serrure. Bingo ! Pour ne pas perdre la forme, je décochais avant de sortir trois coups de pieds à la face du troisième lascar qui venait d'apparaître dans la cellule.Objets trouvés : 1 médaillon indien, 1 clé.
LA 2EME CELLULE DE LA PRISON
La porte de la cellule voisine était ouverte. Des beuglements d'ivrogne s'en échappaient. J'entrais sans prendre la peine de saluer l'anonyme alcoolique. Sans cérémonie, je lui tendis la bouteille d'alcool de bois récupérée au saloon. En échange, avec un "Hic !" fétide, il me donna une fiole. Je la bus sur place et ressortis, dédaignant de gâcher une balle ou de masser mes jointures contre la face rougeaude du débauché.
Objets trouvés : 1 fiole.
LE COULOIR DE LA PRISON
Par terre, sur toute la largeur du couloir menant aux pièces suivantes, était dessiné un pentacle. Je posais avec méfiance un pied dessus. Je sentis une soudaine chaleur irradier le médaillon indien en ma possession et me dis qu'il ne s'agissait peut-être pas d'un objet de pacotille. Il venait peut-être de me sauver la vie et me serait sans doute encore utile plus tard...
Objets trouvés : Aucun.
LE DORTOIR DE LA PRISON
J'entrais dans une petite pièce qui ressemblait vaguement à un dortoir. Dans le vieil Ouest, le vrai, la vie de shérif-adjoint n'avait pas dû être rose tous les jours... En tous cas, le dortoir ne sentait pas la rose.
Une cheminée grossière avait été bâtie pour distiller un peu de chaleur dans cet antre fétide. Je déverrouillais la grille pare-feu qui était fixée devant : de cette façon, si je me retrouvais coincé sur le toit de la prison, je pourrais toujours jouer les Père Noël et redescendre dans le dortoir. Malheureusement, le métier de Père Noël semblait attirer beaucoup de monde ! Un vaurien sortit de la hotte de la cheminée, décidé à m'offrir quelques horions. Je refusais ses cadeaux et le remerciais d'un coup de tête avant de quitter le dortoir.Objets trouvés : Aucun.
LE BUREAU DU SHERIF
Dans le bureau du shérif, j'aperçus mon meuble préféré. Le meuble que tout homme digne de ce nom se devrait de posséder dans son salon : un râtelier d'armes. Il contenait une Winchester que le temps semblait ne pas avoir trop esquintée. Malheureusement, une chaîne passait dans le pontet.
Je sortis la clef trouvée dans le saloon. Avec un peu de chance... Bingo ! Je fis jouer le levier d'armement de la Winchester. Superbe ! Mon 38 était bientôt à court de munitions, mais j'avais trouvé sa digne remplaçante !
Contre un des murs étaient punaisés trois avis de recherche. Je m'absorbais dans la contemplation du faciès des tueurs. Je reconnus notamment le portrait des deux frères siamois qui s'étaient moqués de mes balles dans la rue. Je lus scrupuleusement les avertissements mentionnés sur les affiches: j'avais la nette et désagréable impression que j'allais me retrouver en face de tous ces lascars au cours de la nuit..."WANTED dead or alive !
Duke & John ELWOOD
REWARD : 2000 $
2000 $, c'est une sacrée somme ! Mais aucune balle n'a
jamais réussi à arrêter les frères Elwood !""WANTED dead !
LI TUNG, alias "COBRA"
REWARD : 300 $
Attention ! Cet homme de la Sam Yap s'est évadé une fois
en plaçant une cartouche de 30/30 dans la serrure de sa
cellule et en la percutant avec un atemi !""WANTED dead or alive !
JOHN MARVIN, alias "LONE MINER"
REWARD : 400 $
Ce dur-à-cuire est si cupide que seul un projectile en
or pourrait en venir à bout !"Après cette saine lecture, je repris mon exploration de la pièce. Sous le bureau, je débusquais l'étoile du shérif. Dans un coin, une boîte de balles de Winchester. La vie était belle ! Je ressortis, le moral au beau fixe.
Objets trouvés : 1 Winchester, 1 étoile de shérif, 1 boîte de balles pour Winchester.
LE HALL DE LA PRISON
Des yeux, je fis le tour du hall de la prison. Une grande armoire était placée contre un mur. Elle n'était pas fermée à clef. Je l'ouvris. Ses portes gémirent sous mes doigts de fée. Je tendis une main avide vers le shotgun qu'elle contenait. Hélas, il n'était pas chargé... Pendant que je me lamentais bêtement, la porte menant à la rue se mit à trembler sous les coups. Imbécile que j'étais ! J'avais commencé à me croire tout seul chez moi ! Je poussais le meuble devant la porte avant qu'elle ne cédât sous la poussée d'un zombi en stetson qui voulait ma peau !
Alléluia ! Une échelle de corde était cachée derrière l'armoire et donnait sur une trappe qui menait au toit de la prison ! Je fronçais les sourcils et regardais le meuble. Gros cachotier ! J'entamais l'ascension sans hésiter.Objets trouvés : 1 shotgun.
LE TOIT DE LA PRISON (Chap 2)
Je me retrouvais à l'air libre, sur le toit de la prison. La nuit était superbe : le ciel était étoilé et des types qui auraient dû être morts depuis cinquante ans voulaient me trouer la peau ! Je me penchais et récupérais un fouet. Je le fis claquer, en murmurant : "Je vous aurais !".
Quelques mètres plus loin, je frottais mes yeux. Je n'avais pas bu. Je ne buvais jamais. Et pourtant, même cette crapule de Weston n'avait jamais eu de vision semblable à celle qui s'offrait à moi : une sorte de pierre tombale flottait à trois mètres du sol. Elle tournait légèrement sur elle-même, et de son centre partait à intervalle régulier un rayon rouge qui ne me disait rien qui vaille. Je comptais les secondes qui séparaient la fréquence des rayons. Dès que le rayon s'éteignit, je fonçai. Je m'emparais d'un bout de corde de pendu placé sous le monolithe. Certains adeptes du vaudou utilisaient ce genre d'accessoire... Je réprimais un frisson. Plutôt que de défier de nouveau la mort rouge, je contournais paisiblement le rayon mortel.
Quelques mètres plus loin, je tombais nez-à-nez avec l'un des tueurs dont le portrait ornait les avis de recherche : Lone Miner ! Il grimaça un sourire édenté en me voyant et cracha un jet de flammes en guise de bienvenue. Seul un projectile en or pouvait tuer ce rat ? Parfait. Je chargeais tranquillement ma Winchester avec la balle en or laissée par le gominé et fis feu. Mais dans un excès de précipitation, je manquais le monstre à l'haleine brûlante ! Damn ! J'étais plus habitué au maniement du 38 special que de la carabine !
Sans me démonter, je pris le fouet, le fis claquer, et ramenais à moi le sac de pièces d'or que Lone Miner tenait dans une main. D'un geste sec, je déchirais l'étoffe pourrie par les ans et chargeais mon shotgun avec les pièces d'or. Cette fois, je ne le manquais pas ! "Garde la monnaie, rascal !", lâchai-je en guise d'épitaphe. Lone Miner disparut en miaulant. Je récupérais le sac sur lequel son autre main avait été crispée : il était empli de scorpions. J'étais du signe du Scorpion. Un bon signe.
En silence, prêt à ouvrir le feu, je continuais ma progression sur le toit de la prison. Je me retrouvais devant une petite bicoque. Sur le seuil, je ramassais une plaque de fonte équipée d'une chaîne. Je la glissais sous ma chemise. Avec ce petit bijou de quinze livres sur la poitrine, je me sentais bien au chaud.Objets trouvés : 1 fouet, 1 corde vaudou, 1 sac de scorpions.
LE LOCAL DU BOURREAU
La porte de la bicoque était fermée. Je fis deux pas en arrière. Winchester à la hanche, j'ouvris le feu sur la serrure.
"Toc, toc ! C'est le père Noël !", criai-je.
Je décochais un coup de pied dans le battant. Il s'ouvrit à la volée. J'entrai. La porte se referma derrière moi en gémissant.
Je pouvais entendre les battements de mon coeur. Je pouvais sentir l'odeur de mort qui empuantissait la pièce. Mais je ne pouvais rien voir. Je craquais une allumette et brandis ma lampe à huile...
Je me mis à me trémousser et à suffoquer ! Je tentais d'agiter mes bras et de me libérer de la pression qui me coupait le souffle, mais je n'avais plus de force !
Devant moi, un grand gaillard vêtu de noir ricanait. Son cou était hideusement déformé, et sa tête reposait contre son épaule. Un filet de bave coulait de la commissure de ses lèvres. Il prenait grand plaisir à pendre un mannequin à une potence, et d'une certaine façon, j'étais ce mannequin !
Fébrilement, je fouillais mes poches et réussis à tendre à bout de bras la corde vaudou que j'avais récupérée sous le monolithe. Aussitôt, la trappe sur laquelle se trouvait le bourreau s'ouvrit. Il disparut et relâcha la corde. Le mannequin tomba à la suite du sadique. L'air s'engorgea dans mes poumons avec la frénésie d'un express en retard sur l'horaire. Je repris mon souffle et m'approchais de la trappe restée ouverte. J'entendis le dément grogner "Pendez-le haut et court!". Sans émotion, je jetais le sac de scorpions dans ses bras. J'observais les charmants animaux sortir de la toile nauséabonde et se mettre à jouer avec leur nouveau compagnon. Puis je refermais la trappe à l'aide du levier placé près de la porte. Derrière la potence, je découvris un morceau de viande séchée ainsi qu'un bâton de dynamite. L'entrée et le plat de résistance, en quelque sorte.Objets trouvés : 1 plaque de fonte, 1 bâton de dynamite, 1 morceau de viande séchée.
LE TOIT DE LA PRISON (suite)
Je ressortis et humais de nouveau l'air nocturne. Les nuits dans le désert étaient fraîches. Je venais de transpirer, et je craignis un instant de m'enrhumer. Mais mon coeur se réchauffa en découvrant une cartouchière de Gatling près de la cheminée.
Deux cadavres ambulants vêtus de longs cache-poussière tentèrent alors de me cerner. J'aurais pu leur échapper en me glissant dans la cheminée, dont j'avais déverrouillé la grille pare-feu, mais je commençais à prendre goût à la Winchester.
Eux non.
Plus loin, je découvris une mèche courte placée près d'une anfractuosité du mur. Une porte plombée se referma derrière moi! Mais j'avais la mèche courte, j'avais la dynamite, j'avais les allumettes. J'allais m'amuser avec ces trois ingrédients !
A ce moment, un joyeux luron darda le canon d'un shotgun à travers la meurtrière de la porte. Tandis que le plomb volait autour de moi, je me penchais vers un prodige de la technique offensive : une Gatling ! Je chargeais la bête avec la cartouchière et arrosais copieusement la porte blindée pour être tranquille. Puis j'allumais la dynamite.
Je calais le bâton dans l'anfractuosité et me réfugiais derrière le tonneau qui traînait à proximité. J'aurais pu ouvrir la porte blindée et sortir me mettre à l'abri, mais nous étions le 4 juillet, jour anniversaire de l'Indépendance, et je ne voulais en aucun cas manquer le feu d'artifice !
Je m'engageais sereinement dans l'ouverture que je venais de dégrossir dans le mur. Devant, une dalle portait l'empreinte de l'empennage d'une flèche. A côté, sur un pan de mur, une pointe de flèche était gravée. Je n'étais pas né de la dernière pluie : il s'agissait soit d'un passage secret, soit d'un piège. Je préférais m'en remettre à la Gatling et pris le couloir qui s'ouvrait à ma droite.
Un gaillard aussi large que haut agitait devant moi un couteau de boucher. Ses épaules étaient si monstrueuses qu'il semblait coincé entre les murs.
"Le prix de la viande de boeuf a beaucoup baissé ces derniers temps" lui dis-je en pointant ma Gatling vers son nombril et en la faisant hurler.Objets trouvés : 1 mèche courte, 1 Gatling, 1 bande de cartouches pour la Gatling.
LE TOIT DE LA PRISON (fin)(Chap 3)
Je poursuivis mon avancée sur le toit de la prison. A travers une partie éboulée du mur d'enceinte, j'aperçus une statue. Elle représentait un homme au visage barbu, vêtu d'un costume austère. S'agissait-il du fondateur de Slaughter Gulch ?
Je me détournais et tirais une rafale de Gatling vers le cowboy décharné qui s'était approché de moi sans un bruit. L'odeur, monsieur, l'odeur !
Plus loin, je franchis un mur en trompe-l'oeil et me trouvais devant un mécanisme que n'aurait pas renié un horloger suisse atteint de démence. Mais la démence, ça me connaissait. J'étais détective privé, je vous l'ais déjà dit. Le temps de compter jusqu'à 1200, les 1200 dollars que je ne toucherais jamais, et je réalisais qu'il manquait un rouage à l'engin. Je plaçais illico l'étoile du shérif à cet endroit. Mais j'étais bien avancé : même en me dressant sur la pointe des pieds, je ne pouvais qu'agiter les doigts en vain sous le levier qui me narguait ! Je n'avais pas mangé assez de soupe dans mon enfance... J'avais pourtant été élevé à la dure ! Par association d'idée, je pensais aussitôt au fouet. Je le fis cingler en l'air. Il s'enroula autour du levier. Je tirais un coup sec.
Bingo ! Derrière moi, j'entendis un passage secret s'ouvrir. Le levier revint à sa position de départ d'un coup brusque. Je lâchais le fouet avant qu'il ne m'arrache le bras. Mais je m'étais laissé surprendre. Une douleur désagréable irradia mon épaule droite. Désormais, si je devais me battre au corps-à-corps, j'aurais intérêt à utiliser de préférence mon direct du gauche...
Je m'engageais dans le passage secret. Par terre, je trouvais une fiole que je m'empressais de boire. Je me sentis immédiatement mieux. Je fis un pas sur la planche qui dépassait du toit de la prison et récupérais une boîte de balles pour Winchester.
D'un coup d'oeil, je jaugeais la distance qui me séparait du bâtiment voisin. Je pris mon élan et m'élançai. La planche ploya sous mon poids. Je m'en servis comme d'un plongeoir pour passer à travers la fenêtre du premier étage du saloon !Objets trouvés : 1 fiole, 1 boîte de balles pour Winchester.
LE COULOIR DE L'HOTEL
La fenêtre éclata en mille morceaux.
Moi pas.
Je me redressais parmi les débris de verre, un peu sonné. Le couloir était désert. Je le parcourus des yeux, prêt à dégainer. Un peu plus loin, le plancher était effondré. Je jetais un coup d'oeil dans le gouffre. L'obscurité était insondable. Mon oeil fut attiré par un éclat brillant. Avec la rapacité naïve du mendiant qui se précipite sur une pièce de dix cents chauffée au rouge par les gamins du quartier, je me baissais et ramassais une bague. Du toc, hélas...
Je fis soudain un pas en arrière et m'immobilisai, frappé de stupeur : Emily Hartwood sortit d'une pièce située de l'autre côté du gouffre ! Elle avançait telle une somnanbule. Je l'appelai, mais j'aurais aussi bien pu crier le nom de ma concierge : Emily disparut. Que lui avaient donc fait les monstres qui hantaient cette ville-fantôme ?
Je ne pouvais pas rester ainsi, immobile comme un demeuré. Un plan d'évacuation avait été placardé sur un mur par le régisseur du "Dernier Ranger". Il m'apprit la composition de l'étage, mais je n'étais guère plus avancé...
Toutes les portes étaient fermées. A côté de chacune d'elles, une petite lampe à huile murale était fixée. Je possédais toujours ma boîte d'allumettes. Je revins vers la fenêtre brisée et allumais la lampe qui ornait la porte située à ma droite. Aussitôt, ma vue se troubla. La lampe se mit à dégager des vapeurs entêtantes. Devant moi apparut l'image d'un shaman indien ! "Le médaillon navajo te ramènera du pays des morts !" dit-il d'une voix grave, tandis que je bataillais pour ne pas perdre connaissance. La vision disparut aussi soudainement qu'elle était apparut, et je repris le contrôle de mes muscles.
J'allumais la lampe d'en face, espérant avoir plus de chance. Cette fois, la porte s'ouvrit sans un bruit. J'entrai.Objets trouvés : Aucun.
LA CHAMBRE 1
Le mobilier était très dépouillé. Je ne vis au premier regard qu'un valet de nuit et une vieille horloge. Sur un mur était accroché un tableau naïf représentant un jeune homme à l'air passablement abruti. Je pris le valet de nuit. Puis je me penchais par terre et récupérais une fiole que je bus tranquillement.
Je me penchais de nouveau et saisis une coupure de journal à demi-moisie. Il s'agissait d'un vieux numéro de la Miners Gazette daté du 4 juillet 1864. L'article avait été écrit 61 ans plus tôt, jour pour jour."Il y a un an, Arizona Kid était abattu dans le dos par l'impitoyable Fast Jarrett. Depuis, une légende fabriquée par de vieux ivrognes prétend que le Kid revient hanter les lieux de sa mort à minuit, pendant que chante le vautour. Ces colporteurs de mensonges jurent que le fantôme du Kid regagne ensuite une image maudite peinte avec son sang. Ils ajoutent qu'il serait alors possible de le suivre. Ha !"
Je contemplais le tableau. Il s'agissait à coup sûr du portrait d'Arizona Kid. L'horloge commença alors à égrener ses coups. Elle était signée Z. Ziegler. Inconnu au bataillon. Elle sonna le douzième coup. Minuit !
J'eus un geste de recul en voyant surgir le coucou fabriqué par Ziegler : il s'agissait d'une réplique de vautour plus vraie que nature !
A ce moment-là, un jeune imbécile, portrait craché du tableau, émergea du cadre et commença à tirer dans tous les sens. Il ne semblait pas m'en vouloir personnellement, mais une balle perdue faisait aussi mal qu'une autre ! Mû par une inspiration soudaine, je tendis au vautour le morceau de viande séchée que j'avais trouvé dans le local du bourreau. Le volatile au crâne déplumé ouvrit le bec et je me retrouvais en possession d'un jeton identique à celui que j'avais trouvé dans le saloon. L'oiseau de mauvais augure cessa de piailler pour mastiquer la viande dure comme du bois. Et le Kid regagna son tableau. Le journaliste de la Miners Gazette avait peut-être eu tort de se moquer de certaines légendes... Je suivis le Kid. Et passais à travers le tableau !Objets trouvés : 1 valet de nuit, 1 journal, 1 fiole, 1 jeton.
LA CHAMBRE 2 (Chap 4)
J'émergeais d'un autre tableau, représentant un homme au visage dur, au regard fou. Il s'agissait de l'homme dont la statue se dressait derrière la prison. Je me penchais et lus un nom : JED STONE. "Je t'aurai", dis-je au portrait du fondateur de Slaughter Gulch.
La porte de la pièce était ouverte, mais elle donnait sur la partie effondrée du couloir. Bah ! Avant de réfléchir au moyen de sortir, j'entrepris de faire le tour du propriétaire. De toute évidence, une femme avait habité cette chambre, à une autre époque. L'odeur de putréfaction qui régnait dans la pièce n'avait pourtant plus rien de féminin...
Je m'approchais de la coiffeuse. Sur la tablette surmontée d'un petit miroir ovoïde, je récupérais un vaporisateur de parfum, une perle et une cartouche de 30/30, que je faillis confondre avec un bâton de rouge à lèvres.
Je poussais le miroir d'une pichenette du pouce et récupérais la clef qui était collée derrière. Un truc vieux comme le monde ! On ne me la faisait pas à moi. J'étais détective privé, ne l'oubliez pas !
Le baldaquin du lit était porté par quatre statues en colonne représentant Diane, Cupidon, Prométhée et Jupiter. J'avais toujours été galant, mais je fouillais néanmoins sans vergogne dans le carquois de Diane. J'en retirais une flèche, que je plaçais sur l'arc que brandissait Cupidon. Le petit ange tira la flèche sur Prométhée. A ce moment-là, la statue de Jupiter se détourna et le tableau représentant Jed Stone s'anima : le visage du dément disparut et fut remplacé par une image infernale : un bagnard décharné était agenouillé dans une galerie de mine. Son corps semblait victime d'une étrange mutation. Etait-ce ce qui était arrivé aux habitants de Slaughter Gulch ?
L'image disparut. J'entendis la porte de la première chambre se rouvrir. Je chassais la vision de cauchemar de mon esprit et entrais de nouveau dans le cadre.Objets trouvés : 1 perle, 1 vaporisateur, 1 cartouche de 30/30, 1 flèche, 1 clé.
LA CHAMBRE 3
Je ressortis dans le couloir. Il était toujours désert. Deux portes fermées continuaient de me narguer, mais je possédais maintenant une clé.
Bingo ! Elle ouvrait la porte la plus proche du gouffre ! J'entrai. Une infinie tristesse semblait baigner cette pièce... Je me baissais et récupérais ce qui ressemblait à un journal intime. Du pouce, je l'ouvris et découvris avec un petit pincement au coeur qu'il avait appartenu à Emily Hartwood. Qu'était-il advenu à la pauvre fille et à l'équipe de tournage du "Dernier Ranger" ? J'allais peut-être enfin en apprendre davantage..."21 juin / Je ne m'habituerais jamais aux caprices des stars de Hollywood ! Jai appris aujourd'hui que Billy Silver avait exigé d'être payé en lingots d'or par la Hill Century pour son rôle !
24 juin / La faille de San Andreas a tremblé en fin de soirée, au moment où Brett Samuels démontait le projecteur placé près du ravin ! Que Dieu ait pitié de ce pauvre homme ! De ma vie, je n'ai jamais entendu de hurlement si horrible !
25 juin / Jeff Davis et un autre cascadeur sont descendus au fond du ravin, mais ils n'ont pas retrouvé le corps de Samuels. Billy Silver a refusé de sortir de toute la journée. Il est resté dans la banque, persuadé que les fantômes des prospecteurs de Slaughter Gulch en veulent à ses lingots d'or !
29 juin / Il se passe quelque chose de monstrueux dans cette ville ! Billy Silver n'avait peut-être pas tort ! Sa mort devant le saloon ce matin n'était pas un accident : nous avons tous vu cette "chose" bondir du balcon et insérer ses doigts dans son crâne !!!
3 juillet / Je suis seule maintenant dans cette ville maudite, avec Morrison, l'armurier, qui se cache je ne sais où ! Les autres sont tous morts ! Je pense qu'il n'y a plus d'espoir...".
Je refermais le journal. Emily se trompait. Il lui restait un espoir de s'en sortir. Moi. Près de la fenêtre, un dragon en jade trônait sur une petite table. L'objet avait sans doute appartenu à un membre de la Sam Yap, cette faction Tong qui avait fait régner la terreur dans le vieil Ouest... Le bestiau verdâtre était borgne. Je ressortis la bague en toc que j'avais trouvée dans le couloir et la brisais entre mes doigts. Je plaçais la verroterie dans l'orbite vide. La gueule du dragon s'ouvrit. A défaut de cracher du feu, elle cracha une boîte de balles pour Winchester.
Plus loin, sur le plancher, je trouvais une fiole, ainsi qu'une petite notice :"Danger ! Risque d'explosion ! Tenir ces bobines à l'écart de toute source de chaleur et des flashs aux magnésium !"
Les bobines en question étaient sans doute celles utilisées par les cameramen du "Dernier Ranger". Mais je n'en avais vue aucune jusqu'à présent.
J'ouvris la porte-fenêtre et me hasardais sur le balcon. J'allais ainsi pouvoir gagner tranquillement la chambre voisine. Tranquillement ? J'avais le droit de rêver, non ?Objets trouvés : 1 fiole, 1 notice, 1 journal.
LE BALCON
Dès que je me retrouvais devant les volets de la chambre voisine, un feu nourri éclata à travers les battants. Je me reculais et levais les yeux : la lune était pleine, et ma silhouette avait dû se découper en ombre chinoise. Je pris le valet de nuit et le poussais devant les volets. L'imbécile caché derrière se remit à tirer, éclatant d'une joie aussi sauvage que stupide.
J'attendis quelques secondes, méditant sur la grande injustice de l'humanité, qui s'entêtait à placer sur mon chemin des brutes de la pire espèce. Le demeuré cessa de tirer et ouvrit les volets pour se rendre compte des dégâts. Il devait peser dans les trois cents livres. Le balcon n'apprécia pas. La brute prit l'ascenseur pour l'enfer, emportant avec elle une partie dudit balcon.
D'un coup de pied, je fis sauter les gonds du volet le plus proche. Il s'abattit sur la brèche, et je pus accéder ainsi à la chambre.Objets trouvés : Aucun.
LA CHAMBRE 4
Sur la table placée au centre de la pièce, je raflais une clé. Par terre, je ramassais une étiquette sur laquelle était représentée le couvercle d'une boîte de film. Elle portait juste un mot : "Warning !". Je ne savais pas que faire du cinéma était aussi périlleux que de conduire un camion d'explosif ! Ce métier n'avait aucun avenir. Trop dangereux ! Les syndicats allaient s'en doute s'en mêler...
Contre un mur avait été aménagé un laboratoire photographique rudimentaire. Deux clichés étaient suspendus à un fil. Je les regardais attentivement. L'un d'eux représentait trois zombis groupés autour d'une cloche, devant un mur. Le cliché suivant avait été pris quelques secondes plus tard. Mais cette fois, une porte se découpait dans le mur et les zombis s'apprêtaient à s'y engager. Ces deux clichés constituaient vraisemblablement la clé d'un passage secret. Je tâcherais de m'en souvenir...
Par terre, je découvris un flash au magnésium et un cordon déclencheur.Objets trouvés : 1 flash au magnésium, 1 cordon déclencheur, 1 mode d'emploi.
LE TRAJET POUR ALLER AU BUREAU
La porte était bloquée. Plutôt que de m'esquinter les épaules en vain contre la battant, je repassais par le balcon et regagnais le couloir. Il me restait une pièce à explorer. Avec un peu de chance, elle me permettrait de trouver le moyen de quitter les lieux.
Je m'approchais de la porte et fis jouer dans la serrure la clé que j'avais trouvée à côté du labo photo. Elle s'ouvrit.Objets trouvés : Aucun.
LE BUREAU
La porte claqua dans mon dos. Devant moi, un monstre adipeux encastré dans son bureau me dévisagea sans aménité. Ses yeux étaient dissimulés derrière deux paires de lunettes noires à petits verres circulaires. DEUX paires de lunettes, oui. Parce qu'il avait deux têtes. Ses bras tentaculaires cherchèrent à m'enlacer, mais j'avais toujours eu horreur de danser. Les vrais durs ne dansaient pas. J'ouvris le feu avec ma Winchester et les pseudopodes se rétractèrent avec la grâce d'une huître chatouillée par la pointe d'un couteau un soir de Noël. Mais il en fallait plus pour décourager le mutant immonde. Ses bras se tendirent de nouveau vers moi...
Contre un meuble, j'avisais alors une des bobines de film utilisées par les techniciens du "Dernier Ranger". Si cette bobine était réellement dangereuse, s'il fallait réellement la tenir à l'écart de toute source de chaleur, y compris des flashs au magnésium, j'allais m'amuser. Parce que j'aimais le danger, et que je possédais un flash au magnésium. Evitant de me faire chatouiller par le monstre, je posais le flash sur la bobine. Puis je reliais le cordon déclencheur au flash, insérais le vaporisateur à l'extrêmité du cordon et m'en servis de poire pour actionner le déclencheur. Boum !
Le mutant disparut dans un soubresaut d'agonie. Ses deux faces se convulsèrent tandis que ses tentacules fouettaient l'air en vain. Ciao, baby !
A côté du piano mécanique placé contre un mur, je découvris une réserve d'huile pour ma lampe. Le piano mécanique? Je me souvins que j'avais trouvé un jeton dans la chambre d'Arizona Kid. Je le glissais aussitôt dans l'engin.
Les touches en ivoire jauni se mirent à jouer l'air que j'avais déjà entendu dans le saloon et, venue de nulle part, une voix spectrale me conta la fin de la Ballade de Slaughter Gulch :Deux mois plus tard, au début de l'hiver,
vint l'homme aux lunettes cerclées de fer,
car la montagne, peu d'or recelait,
mais regorgeait d'un étrange minerais !Au printemps, au mépris de toute loi,
Stone engagea une bande de forçats
pour faire du temple des ancêtres indiens
un vaste réseau d'égoûts souterrains !Pour étendre alentour son pouvoir,
Stone fit ensuite construire une gare,
puis, sous la menace des Winchesters,
il fit amener un cheval de fer !Et, pour faire accroire à la Compagnie
Que Slaughter Gulch était un paradis,
Il enjoignit sans tarder aux bagnards
De construire un immense réservoir !Je me retournais vers le meuble au pied duquel j'avais trouvé la bobine de film qui m'avait permis d'envoyer la pieuvre humaine au paradis des mollusques, vingt mille lieux sous la terre. Une cible était fichée sur la porte. J'aurais pu m'amuser à tirer un coup de feu dessus, mais j'avais besoin de me décontracter les cervicales. Je m'approchais et décochais un coup de tête dans le mille. La porte du meuble s'ouvrit.
Je récupérais une fiole que je bus pour soulager mon mal de crâne, ainsi qu'un bâton de guerre navajo. Je possédais déjà un médaillon indien. J'allais bientôt pouvoir ouvrir une boutique de souvenirs !
A ce moment-là, le bureau dans lequel avait été encastré le monstre bicéphale coulissa, révélant une trappe. Il s'en dégageait une odeur infecte. Une odeur d'égoûts. Je pinçais mon nez et me laissais tomber dans l'ouverture.Objets trouvés : 1 réserve d'huile, 1 fiole, 1 bâton de guerre navajo.
LE SOUTERRAIN DE L'HOTEL DE VILLE (Chap 5)
Je me reçus sur le sol avec la souplesse d'un sac de ciment durci par l'humidité. Une fois encore, je me retrouvais dans les ténèbres. Je craquais une allumette et brandis ma lampe. Une créature ailée se précipita aussitôt sur moi et planta ses crocs sur mon cou. Je la chassais d'un revers de main, mais elle insista, suivie par sa soeur jumelle. Des chauve-souris vampires !
Ma lampe semblait les attirer. Je la posais à terre. Les chauve-souris se mirent aussitôt à danser autour. Bonne soirée, mesdemoiselles !
Je m'avançais dans la grotte obscure et débouchais sur un paysage dantesque : une grande salle éclairée par des torches murales. Des piliers de pierre émergeaient d'une masse rougeâtre qui pulsait comme si elle était animée d'une vie impie. Les murs étaient ornés de peintures navajos rongées par les émanations fétides. L'odeur était si insupportable que je manquais de défaillir.
Je fléchis les genoux et bondis sur le premier pilier. La partie était loin d'être gagnée. J'allais en baver, je le sentais. Je me reçus de justesse sur le pilier suivant et battis des bras pour rétablir mon équilibre. J'allais devoir être extrêmement méfiant si je ne voulais pas finir dans la fange maléfique qui baignait les piliers ! Certains piliers s'élevaient ou s'abaissaient en fonction de l'endroit où je me trouvais. Je n'y comprenais rien. Mes genoux se mirent à trembler. Prudence, Carnby !
Après quelques bonds, je me retrouvais devant une momie de chef indien sortie de sa niche pour me bloquer le passage. Je devais sauter sur le promontoire où elle se trouvait : les autres piliers étaient inaccessibles. Désemparé, je brandis le bâton de guerre navajo, espérant lui faire comprendre que je n'étais pas animé d'intentions belliqueuses et que je n'étais pas le descendant du général Custer.
La momie me sourit et regagna fièrement sa niche. Je bondis sur le promontoire et récupérais une boîte de balles pour Winchester ainsi qu'une petite clé.
"Hugh !" dis-je avant de reprendre ma progression sur les piliers.
Plus loin, je dus revenir en arrière pour déclencher l'élévation des piliers suivants. La fin du parcours était terriblement difficile ! A tout moment, je craignais de rater mon saut ! Toute chute aurait été mortelle, je le savais !
Et puis je me retrouvais bloqué sur un pilier, incapable d'aller de l'avant ou de rebrousser chemin. Je regardais les peintures navajos qui ornaient les murs. Machinalement, je fouillais mes poches et en ressortis le médaillon indien trouvé dans la prison. Ce médaillon était censé me ramener du pays des morts, si j'en croyais le shaman navajo. Pour l'instant, j'aurais simplement aimé qu'il me donne de plus grandes jambes.
A cet instant, tandis que je me lamentais, un aigle surgit du néant et se posa sur le pilier inaccessible. L'oiseau regarda le médaillon navajo et se métamorphosa jusqu'à prendre forme humaine ! Je reconnus le shaman navajo !
Je perdis le contrôle de mon corps. Une force inconnue me souleva et je me retrouvais sur le dernier pilier ! Celui-ci s'éleva avant que je n'eusse eu le temps de remercier mon bienfaiteur !
Le médaillon ne m'avait pas donné de plus grandes jambes. Il avait fait mieux : il m'avait donné des ailes !Objets trouvés : 1 boîte de balles pour Winchester, 1 petite clé.
LE HALL DE LA MAIRIE
Le pilier continua de s'élever, et je débouchais finalement dans le hall d'un vaste bâtiment. La salle était bordée de colonnes de stuc. Le pilier sur lequel je me trouvais s'était immobilisé au ras du sol et se confondait maintenant avec les dalles de marbre. Je fis quelques pas, encore hébété par ce qui venait de m'arriver. Dans un coin, j'avisais un baril de sels d'argent. Les techniciens du "Dernier Ranger" l'avaient sans doute abandonné là au cas où la pellicule qu'ils utilisaient aurait été défectueuse.
Vu le faste de l'endroit, je devais me trouver dans l'hôtel de ville de Slaughter Gulch. D'ailleurs, les fonctionnaires du lieu décidèrent aussitôt de me tamponner un passeport pour l'enfer. Un jeune homme à la mine d'égorgeur apparut. Il porta sa main à sa poitrine, qu'ornait une étoile de shérif-adjoint, et projeta le badge acéré à ma figure.
Je me penchais respectueusement et évitais son témoignage de courtoisie. Il réitéra son geste et au bout d'un moment, je lui répondis avec la même politesse, à coups de tête. J'insistais, j'avoue. Je n'avais jamais été très porté sur les démarches administratives.
Le shérif-adjoint disparut en miaulant et en me laissant fort gentiment une fiole. Avant que je n'eusse eu le temps de la savourer, son associé surgit à ma gauche : long comme un jour sans pain, coiffé d'un haut-de-forme hallucinant. Il se coucha aussitôt pour m'expliquer les formalités complémentaires à l'aide de ses deux Colt 45. Je m'en acquittais avec diligence et essuyais mes pieds sur lui. Regrettant mon geste, je nettoyais alors sa veste à coups de Winchester. L'indigne gentleman me laissa son haut-de-forme ainsi qu'une clé.
Je jetais un coup d'oeil au double escalier qui s'ouvrait au fond du hall et décidais de ne pas m'y engager avant d'avoir exploré les pièces les plus proches. Je pris la clé laissée par le grand échalas et l'insérais dans la serrure de la porte devant laquelle il s'était couché si hâtivement. J'entrai.Objets trouvés : 1 clé, 1 fiole, 1 haut-de-forme.
LE BUREAU DES ARCHIVES
Je me retrouvais dans une pièce encombrée de rayonnages et de livres. Un artiste fou avait peint un tableau obscène devant lequel je ne m'attardais guère. Dans une niche était placé un buste que je reconnus : il s'agissait de celui de Jed Stone, le sinistre fondateur de Slaughter Gulch. Je le giflais à la volée par plaisir et récupérais une montre à gousset. "Ton heure viendra", dis-je au buste.
Je repris l'exploration de la pièce. Sur une table était posée une plaque d'imprimerie gravée en creux. Je la plaçais devant le miroir qui faisait face au tableau. Je pus alors lire la triste fin de l'histoire de Slaughter Gulch :"JOHANNESBURG GAZETTE - Edition spéciale / 5 juillet 1865.
MASSACRE A SLAUGHTER GULCH !
Pendant que le nord et le sud, désormais unis, fêtaient l'indépendance de notre grande et belle nation, le sanguinaire fondateur de Slaughter Gulch lynchait un représentant de la Railroad Company et un agent du gouvernement ! Excédés par tant d'ignominie, les honnêtes prospecteurs de cette ville ont pris les armes, menés par Tobias McCarthy, le propriétaire du General Store.
Jed Stone et ses hommes se sont alors réfugiés dans la montagne. Mais la dynamite jetée par les vaillants défenseurs du droit a fait exploser des poches de méthane et a enseveli toute cette horde sauvage. Aucun corps n'a été retrouvé par le 7ème de cavalerie".Je reposais la plaque d'imprimerie et me dirigeais vers les rayonnages de la bibliothèque. Je dénichais un premier ouvrage. Il s'agissait d'un manuel d'horlogerie, écrit par Z. Ziegler et édité à compte d'auteur.
"A l'aide d'un système que je dévoilerais dans mon prochain ouvrage, tout horloger digne de ce nom devrait être capable de commander à distance des mécanismes relativement simples. Une serrure de porte ou de coffre-fort n'aura plus aucun secret pour une montre Ziegler !"
Je ressortis la montre à gousset de Jed Stone et ne pus réprimer un sourire. Elle était gravée "Ziegler". Si l'horloger ne s'était pas vanté, elle me serait sans doute très utile prochainement.
Du doigt, je suivis l'alignement de livres poussiéreux et m'arrêtais sur un ouvrage relié de cuir. Je le pris. Il fleurait bon la discipline et la pipe en terre cuite. Il était malheureusement bridé par un petit fermoir métallique. Je fouillais mes poches à la recherche de la petite clé trouvé dans la salle des piliers. Bingo !"TRADITIONS ET COUTUMES NAVAJOS, par le Colonel Walker.
Un nommé Pregzt serait l'auteur d'un livre blasphématoire appelé "Livre Blanc". Ce livre aurait été écrit à l'aide d'une encre particulière, invisible au premier abord. J'ai entendu dire qu'à la lueur du feu, Pregzt déclamait ses incantations blasphématoires devant ses fidèles avant de se livrer à des activités impies".
Je refermais rapidement le livre, sentant mes forces décroître pour une raison inconnue. Puis je me dirigeais vers les derniers rayonnages de la bibl
PROLOGUE
Los Angeles, 3 juillet 1925, 22 heures.
Dans quelques heures, tout le pays allait fêter l'anniversaire de l'Indépendance. De mon côté, j'allais fêter deux mois de loyer impayé. Mon compte en banque était encore une fois a "Lorsque la pleine lune se reflétera à travers le symbole de Pregzt, les gestes de tout honnête homme seront ralentis tant qu'il n'aura pas brisé le verre maudit !
Celui qui placera le bâton de guerre du Fils du Tonnerre au centre de la pierre des morts déchirera le ciel et repoussera à jamais les passeurs du Styx !"
Avant de ressortir, je relus attentivement les deux paragraphes. J'étais persuadé qu'ils contenaient des renseignements qui pourraient me sauver la vie, mais je n'aurais peut-être plus l'occasion de retrouver une bougie pour consulter le livre...
Objets trouvés : 1 plaque d'imprimerie, 1 livre, 1 livre "blanc", 1 montre, 1 manuel d'horlogerie.
LE BUREAU DU MAIRE
J'essayais tout l'arsenal de clés dont je disposais pour ouvrir la porte devant laquelle s'était tenu l'homme aux étoiles d'argent. En vain. "Sésame, ouvre-toi", criai-je de ma plus belle voix. Rien ne se passa. Je me souvins alors de la montre de Jed Stone et du manuel écrit par le dénommé Ziegler. Je sortis la montre de ma poche et tournais le remontoir.
Bingo ! Une musique atonale se fit entendre, et la porte de la pièce s'ouvrit.
Je m'avançai, fier d'avoir trouvé la solution. Imbécile que j'étais ! J'aurais dû rester sur mes gardes ! Quelque chose de dur s'abattit sur mon crâne et il fit instantanément nuit dans ma tête.
Je repris connaissance rapidement. A travers le voile noir qui s'estompait devant mes yeux, je vis un homme dont la peur avait creusé les traits. Il était armé d'un antique Colt Peacemaker, mais ne semblait pas particulièrement pressé de m'en faire découvrir les vertus ballistiques. Voyant que j'orientais avec gentillesse le canon de ma Winchester pour donner un grand frère à son nombril, il fit un geste amical dans ma direction.
"Ne tirez pas, zozota-t-il ! Je suis Morrison, un ami d'Emily !"
Ainsi il s'agissait là de l'armurier du "Dernier Ranger", l'homme qui avait abandonné Emily aux mains des hordes spectrales pour se terrer comme un rat ! Je m'approchais de lui, ulcéré par sa lâcheté. Je me demandais si je devais le gifler ou lui cracher mon mépris ainsi qu'un excédent salivaire au visage. Mais il me tendit un storyboard sur lequel je jetais un coup d'oeil rapide : la gare de Slaughter Gulch avait été piégé par l'équipe des effets spéciaux de la Hill Century ! C'était là un précieux renseignement. Je ravalais ma salive et ma colère. De son propre chef, Morrison se posta à l'entrée de la pièce, arme au poing. Avait-il retrouvé un peu de courage ? Je fis le tour de la pièce. J'aperçu un buste du président Lincoln, mais un détail m'intrigua... Je me souvins tout à coup de mes vieux manuels d'histoire : Lincoln était toujours représenté coiffé d'un haut-de-forme. Mais ce n'était pas le cas présent. Je possédais toujours le galure du lascar sur lequel je m'étais essuyé les pieds. Avec déférence, je le posais sur l'auguste crâne du Président. Il me répondit fort courtoisement en ouvrant la bouche pour me délivrer deux boîtes de balles pour Winchester.
Morrison se mit soudain à faire feu avec frénésie. Nous étions assiégés ! Pour un peu, je me serais cru à Fort Alamo ! Un gaillard visiblement mal intentionné apparut en haut de la petite échelle placée à côté des rayonnages. Il écarta une tenture et révéla un vitrail démoniaque à travers lequel la pleine lune se reflétait.
Dès lors, j'eus l'impression de me déplacer dans un cauchemar. Une phrase me revint en tête : "Lorsque la pleine lune se reflétera à travers le symbole de Pregzt, les gestes de tout honnête homme seront ralentis...".
Je vis un spectre s'approcher de Morrison et mettre fin à ses jours en insérant ses doigts dans son crâne ! J'allais y passer, moi aussi ! Il était inutile de chercher à fuir ! L'hôtel de ville devait regorger de spectres qui m'auraient mis la main au collet en deux enjambées! Je me plaçais en face du vitrail et ouvris le feu. Le verre maudit explosa et les morceaux semblèrent filer droit sur la lune ! Je retrouvais toute ma mobilité et me débarrassais en un tournemain de mes adversaires.
J'escaladais l'échelle et bondis à travers le vitrail brisé, avec une pensée pour Morrison : il avait vécu en lâche, mais était mort en brave !Objets trouvés : 1 storyboard, 2 boîtes de balles pour Winchester.
LE CIMETIERE
Je me reçus en boulant au sol. J'avais atterri dans l'antichambre du Paradis. Ou de l'enfer, plus vraisemblablement. Tout autour de moi, des croix bancales se dressaient. Le petit royaume des morts était entouré d'un mur trop haut pour être escaladé, surmonté de pointes effilées pour faire bonne mesure.
Je réprimais un frisson. Je préférais ne pas m'approcher de trop près des tombes. Dieu seul savait quelles abominations étaient censées reposer dessous. Je me dirigeais vers le petit mausolée bâti dans un angle du cimetière. Ma curiosité me joua de nouveau un sale tour à ce moment-là : deux tombes vomirent chacune un croque-mort armé d'une pelle ! A priori, les gardiens logeaient chez l'habitant, ici...
Ils se moquèrent des bonbons plombés que je leur proposais sans attendre. A coups de pelles, ces deux sac d'os allaient m'envoyer manger les pissenlits par la racine si je ne trouvais pas un moyen de m'en débarrasser ! Mais je ne tenais pas à traverser le Styx de sitôt. Le Styx ! La rivière démoniaque qui séparait le pays des vivants de celui des morts... Je me trouvais en face des passeurs du Styx ! Dans son livre Blanc, Ezéchiel Pregzt disait que le bâton du Fils du Tonnerre pouvait les repousser ! Je possédais un bâton de guerre navajo. Avec un peu de chance, il avait appartenu à un lascar appelé Fils du Tonnerre ou quelque chose dans ce genre ! Je pris le bâton de guerre et le fichais au centre de la table de pierre placée au milieu du cimetière.
Avec un miaulement épouvantable, les deux joyeux lurons disparurent. Un brusque éclair illumina alors le cimetière et mourut sur une pierre tombale.
Je m'approchais prudemment de la stèle funéraire en question. Mon coeur manqua un battement. Trois lettres étaient gravées sur le marbre : O.E.J.
One-Eyed Jack !
Le monstre sanguinaire que j'avais affronté l'an passé avait sans doute été enterré à Slaughter Gulch lors d'une de ses vies antérieures !
Je fouillais mes poches et en ressortis l'as de carreau que le gominé du saloon m'avait laissé. Cette carte était le symbole fétiche de One-Eyed Jack. Je la jetais négligemment sur la tombe, et m'écriais : "A ta santé, Jack ! J'espère que le Diable te fait bien transpirer !". Au moment où l'as de carreau touchait la dalle mortuaire, celle-ci coulissa. La tombe était vide, bien sûr. One-Eyed Jack n'était pas mort à Slaughter Gulch, puisque j'avais mis fin à ses jours et brisé à jamais son pacte d'éternité dans une caverne de la côte californienne. Mais elle contenait un message. Je me laissais glisser à l'intérieur et m'en emparai. Il ne contenait que deux mots : "Je reviendrais !".
"Je serais là" dis-je à voix haute. A ce moment, la dalle mortuaire commença à s'élever ! J'évitais de justesse de perdre l'équilibre ! Quelques secondes plus tard, je me retrouvais au niveau de l'étage supérieur de l'hôtel de ville ! Avant que la dalle n'eût la fâcheuse idée de s'élever davantage, j'entrais par la fenêtre.Objets trouvés : 1 message de One Eyed Jack !
LA CUISINE
Les décorateurs du "Dernier Ranger" avaient aménagé la pièce en cuisine de ranch. Mais derrière l'odeur chaleureuse du bois flottait celle plus doucereuse de la camarde. La pièce sentait la malaria, la mort lente. Sur mes gardes, je partis en chasse d'objets qui pourraient m'être utiles.
Sur un buffet, je découvris un petit sac contenant du pemmican. Je humais la viande boucanée. L'odeur n'était pas trop suspecte. On servait des choses pires dans certains restaurants de Los Angeles. Toutes ces émotions m'ayant ouvert l'appétit, j'entrepris de mastiquer le pemmican tout en poursuivant mon exploration. Dans un angle, près du buffet, je dénichais une petite bobine de film. Sur une table était posé un flacon d'huile. Il me serait sans doute utile, même si j'avais abandonné ma lampe pour me débarrasser des chauve-souris. Je m'approchais de la cheminée en carton-pâte. Devant le manteau qui imitait la pierre taillée à la perfection était embroché un cuissot de boeuf, en carton lui aussi. Je tentais de tourner la broche, espérant qu'elle commandait un passage secret. Le mécanisme était grippé. Je versais le contenu du petit flacon d'huile dessus. Bingo ! Le mur entier s'enroula vers le haut comme un store ! Ce n'était qu'une toile peinte ! Derrière, s'ouvrait une salle de bal aux proportions impossibles !Objets trouvés : 1 sac de pemmican, 1 flacon d'huile, 1 film.
LA SALLE DE BAL (Chap 6)
Je fis quelques pas et m'aperçus que je me trouvais dans un autre décor cinématographique. La perspective avait été exagérée par les décorateurs pour donner une impression de profondeur à la pièce.
Contre les murs, quelques mannequins étaient adossés, vêtus pour une fête western. Inutile de leur tirer dessus : je n'étais pas un vandale, et je ne tenais pas à gâcher mes munitions. Au fond de la salle de bal, juchés sur une estrade, deux autres mannequins semblaient prêts à entonner une ballade country. Je m'en approchai.
Je n'avais pas fait trois pas que le duo en fer-blanc se mit à jouer la Ballade de Jesse James. "Yahou !" m'écriais-je en coeur avec le gramophone d'où provenait la musique. Mais mon cri manquait d'enthousiasme, je l'avoue.
Je m'inclinais devant une demoiselle en carton-pâte, soulevais sa robe et m'emparais d'une boîte de balles pour Winchester après lui avoir fait toutes mes excuses.
Arrivé au milieu de la salle, je m'aperçus que les "musiciens" ne dépassaient guère un mètre de hauteur. Ingénieux! Cela accentuait l'effet de perspective !
Le joueur de banjo se mit soudain à interpréter un air de sa composition : mélodie en sulfateuse majeure ! Il tira dans tous les sens et atteignit le gramophone, qui se dérégla. Lorsqu'il eut fini, je n'applaudis même pas. Vexé, il en resta là. Au pied de l'estrade, je trouvais une corde de guitare, une partition, ainsi qu'une clé de coffre-fort.
Je revins sur mes pas et dénichais un marteau au pied d'un mannequin placé contre un mur. Je le pris, réfrénant l'envie barbare de lui fracasser la tête avec. L'outil avait sans doute été abandonné par les décorateurs de la Hill Century. Au moment où mes doigts se refermaient sur le manche, un autre automate se mit à faire des siennes : il brandissait un bouquet de fleurs duquel partaient des grains de pollen de calibre 44. Il s'entêta à me pourchasser, avalant les balles de ma Winchester comme s'il se fût agi de pastilles contre la toux. Un autre mannequin se joignit à la fête : les bras en croix, il se mit à virevolter comme un derviche tourneur et à faire des aller-et-venues devant le passage qui menait à la cuisine. Il n'y avait hélas pas d'autre issue à la pièce ! La toupie humaine était grotesque, mais ses doigts ressemblaient à une collection de scalpels !
Au moment où le gaillard au bouquet de fleurs allait me caresser avec ses roses fanées, le danseur s'écarta. Je me précipitais. L'automate revint en tourbillonnant et sabra d'un moulinet son acolyte avant de s'arrêter, sans doute vaincu par sa stupidité.
Je repris mon souffle dans la cuisine, avant de me décider à en chercher la sortie.Objets trouvés : 1 clé de coffre-fort, 1 corde de guitare, 1 partition, 1 marteau, 1 boîte de balles pour Winchester.
DE RETOUR DANS LA CUISINE
J'observais avec plus d'attention l'armoire qui se dressait contre un mur. A mieux y regarder, elle ne semblait pas normale. Je m'en approchai.
Bingo ! Il s'agissait d'un décor en trompe-l'oeil. Ce n'était qu'un panneau en bois, derrière lequel se trouvait la porte de sortie.
Elle était fermée. Je l'ouvris. Pour une fois, la vie était simple.Objets trouvés : Aucun.
LE COULOIR DE L'HOTEL DE VILLE
La porte en face était close. Avant de chercher le moyen de l'ouvrir, je me dirigeais vers les deux autres. Elles n'étaient pas fermées à clef, et pour cause : elles donnaient chacune sur un mur en béton. A l'origine, l'une d'elles menait à la salle de bal que je venais de quitter. L'autre donnait sûrement sur une pièce que j'atteindrais en ouvrant la première porte. Je jetais un coup d'oeil dans l'escalier. Il conduisait au hall de l'hôtel de ville, mais je n'avais plus rien à faire en bas.
Je reportais mon attention sur la première porte du couloir. Comment l'ouvrir ? Je repensais aux avis de recherche que j'avais vus dans le bureau du shérif, et en particulier à celui qui concernait le dénommé Cobra. Ce bagnard s'était évadé en plaçant une cartouche de 30/30 dans la serrure de sa cellule et en la percutant avec un atémi. Je possédais une cartouche de 30/30, moi aussi. Je l'insérais dans la serrure. Puis je regardais mes doigts de fée. Je n'avais aucune envie de les abîmer. En sifflotant, je pris le marteau que j'avais récupéré dans la salle de bal et percutais la cartouche. La serrure explosa. Toujours en sifflotant, j'entrais dans la pièce.Objets trouvés : Aucun.
LA SALLE DE MAQUILLAGE
La pièce était divisée en deux parties. La première d'entre elles était principalement occupée par une longue table surmontée de miroirs. Je me trouvais sans aucun doute dans la salle de maquillage du "Dernier Ranger".
Sur la table, je trouvais une maquette de la gare de Slaughter Gulch. Je la tournais de côté pour l'inspecter sous tous ses angles, et m'aperçus à ce moment-là que le toit était amovible. Je le soulevais. La maquette contenait plus de cadeaux qu'une pochette surprise : un détonateur, une ampoule et un plan d'artificier !
Le plan était le complément idéal du storyboard que m'avait donné Morrison : la gare avait été piégée pour filmer une scène spectaculaire, ça, je le savais déjà. Mais maintenant, je pouvais voir où devait être raccordé le détonateur...
Je me rendis dans la demi-pièce adjacente. J'aperçus une table de montage en piteux état. Je vissais l'ampoule sur la douille et la lumière fut ! Je plaçais sous l'écran-loupe de la visionneuse la partition du guitariste. J'avais affaire à des types vicieux : un code était inscrit dans une des notes de la portée. 806.
Je me redressais et réalisais que j'allais aussi pouvoir utiliser la table de montage pour visionner la bobine de film trouvée dans la cuisine. Il manquait encore le câble d'entraînement, certes. Mais je le remplaçais par la corde de guitare, et le tour était joué. En deux temps trois mouvements, je positionnais la bobine dans les galets d'entraînement et me penchais de nouveau sur l'écran-loupe. Je reconnus aussitôt Jed Stone. Apparemment, il avait filmé ce document lui-même. Il avait sans doute placé la bobine dans la cuisine pour me narguer. Mon coeur manqua un battement en apercevant Emily Hartwood : elle était retenue prisonnière dans une caverne, au centre d'un étrange pentagramme en forme de crâne. Stone se livrait à d'étranges manipulations : il plaça une sorte de bloc de minerais au sommet du crâne, et je vis la pauvre fille tomber à genoux, entourée par d'étranges flux d'énergie qui semblaient saper jusqu'à ses dernières forces.
La brute se retourna vers la caméra. L'écran devint noir, puis céda la place à un intertitre : "J'aurais ta peau, Carnby!".
Le message était clair.
J'allais lui répondre d'aller au diable, mais ç'aurait été inutile : c'était sans doute déjà fait. En surimpression apparut soudain le visage du shaman navajo que j'avais déjà aperçu à plusieurs reprises. Jusqu'à présent, il m'avait aidé. Allait-il continuer de le faire ? Une ouverture se découpait dans le mur. Un chacal avait dû voler la porte un soir d'hiver et en faire du petit bois... Parfait ! Pour une fois, je n'aurais pas à me torturer les méninges pour sortir. Toutes ces portes closes trouvées sur mon chemin avaient failli me faire sortir de mes gonds ! Arme au poing, je quittais les lieux.Objets trouvés : 1 plan d'artificier, 1 détonateur, 1 ampoule.
LA BANQUE
Je me retrouvais dans la banque de Slaughter Gulch. L'accès aux guichets était défendu par une armoire blindée de laquelle émergeaient trois petits cylindres métalliques. D'où je me trouvais, je pouvais voir qu'ils étaient creux. L'expérience me permettait de savoir sans avoir besoin de m'approcher davantage que leur diamètre correspondait exactement à celui d'une balle de calibre 44.
Je devais trouver le moyen de désamorcer ce piège-à-feu. Devant les guichets, sur une petite table, un livre était posé. J'en soulevais la couverture : il s'agissait d'un traité d'astronomie, écrit par un certain C.N. Rökönen."Encadrée par Hercule et le Serpent se trouve la constellation de la Couronne Boréale (corona borealis). D'une étendue de 179 degrés carrés, la Couronne comprend 20 étoiles de magnitude absolue supérieure à 6, qui peuvent donc être visibles à l'oeil nu. Un oeil non exercé n'en distinguera que 5, qui forment un arc-de-cercle. Au bas de cet arc-de-cercle est située l'étoile la plus brillante de la constellation : alpha de la Couronne, appelée plus communément LA PERLE".
Je refermais le livre. Il contenait un indice, j'en étais certain. Qu'aurait fait un livre aussi incongru dans une banque? Mon banquier m'avait déclaré qu'il avait cessé de regarder le ciel depuis qu'il avait appris à l'âge de quatre ans que les étoiles n'étaient pas en argent... Un portrait de Washington ornait le mur du fond. Il me rappela l'effigie gravée sur les billets de banque. Je repensais au 1200 dollars que je ne toucherais jamais, même si je survivais à cette nuit. Par dépit, je frappais le portrait. Il pivota ! Derrière se trouvait un boîtier de codage !
J'additionnais deux et deux dans ma tête et obtins 806, le code inscrit sur la partition du guitariste. C'était le code qui désamorçait le piège-à-feu, j'en étais sûr. Je pressais le bouton. Un code s'afficha. Ce n'était pas 806. Je réessayais encore et encore sans me décourager, et 806 clignota enfin devant moi.
La gorge sèche, je m'avançais alors devant le piège-à-feu. Rien ne se passa. Je me trouvais sain et sauf derrière les guichets ! Je poussais un soupir de soulagement.
Au fond de l'allée se découpait une porte de coffre-fort. J'étais détective privé, pas perceur de coffres. Mais il fallait que je sache ce que contenait celui-ci. Sur la porte étaient dessinées quatre étoiles en arc-de-cercle. Je fis aussitôt le rapprochement avec le texte du livre d'astronomie. Il manquait une étoile sur la porte du coffre : la Perle. Or, j'avais trouvé une perle dans une des chambres, au premier étage du saloon. Je la plaçais au bas de l'arc-de-cercle. En souriant, fier de mon astuce, je tournais la poignée de la porte. Elle ne bougea pas d'un pouce.
Je sortis alors de ma poche la petite clé trouvée dans la salle de bal et la fis jouer dans la serrure. Cette fois, la porte s'ouvrit.
Le coffre n'était pas vide, c'était le moins que l'on puisse dire : le banquier de Slaughter Gulch vivait dedans ! Il se précipita sur moi, me décocha un direct au menton et me fit les poches avant que je n'eusse le temps de réagir. Je le vis s'éloigner avec le médaillon indien ! Ce médaillon m'avait sauvé une fois la vie, et je me rappelais encore des paroles du shaman : "Ce médaillon te ramènera du pays des morts !". Alors pas question de laisser le frère jumeau du monstre de Frankenstein prendre la poudre d'escampette avec !
Je le rattrapais et lui expliquais mes revendications à grand renfort de coups de tête. Vaincu par mon raisonnement musclé, il s'effondra et me laissa récupérer mon bien.
Je revins derrière les guichets et entrepris de vider le coffre-fort sans scrupules. Il contenait une boîte de balles pour Winchester et une valise frappée du logo de la Hill Century. Elle était fermée à clef. Vu son poids, elle ne contenait pas des plumes. Je me souvins qu'Emily Hartwood avait écrit dans son journal que Billy Silver avait exigé d'être payé en lingots d'or pour son rôle dans le "Dernier Ranger". La valise contenait sans doute la paie de la défunte idole des midinettes...
J'hésitais sur la marche à suivre pour quitter les lieux. Mais en passant devant la fenêtre, j'avisais le câble électrique qui reliait la banque au bâtiment voisin. Le plus court chemin menant d'un point à un autre étant la ligne droite, j'ouvris la fenêtre, me suspendis au câble, et me laissais glisser.Objets trouvés : 1 livre d'astronomie, 1 valise pleine de lingots d'or, 1 boîte de cartouches.
LE GENERAL STORE (Chap 7)
Mon arrivée n'eut pas la grâce d'une danseuse du Métropolitain Opera achevant son envolée dans le deuxième acte du "Lac des Cygnes" : je passais à travers le toit du bâtiment et me reçus dans une pluie de débris de bois sur ce qui me servait généralement à m'asseoir.
Avant d'avoir pu chasser le nuage de poussière qui m'entourait, je me retrouvais nez-à-nez avec le double-canon d'un shotgun. Derrière les deux trous noirs qui me faisaient loucher se trouvait le visage rougeaud et sympathique d'un rouquin aussi large que haut.
"Une livre de plomb, pied-tendre me demanda-t-il d'une voix rocailleuse ?"
Un sourire jovial fendit alors sa face camuse. Sans cesser de sourire, il me tendit un message de sa main libre. Je me relevais et le lus, sans même prendre la peine de m'épousseter :
"Emily contre la valise et la clef ! A minuit, au pied du réservoir ! JED STONE".
Les nouvelles se propageaient vite dans cette ville-fantôme !
Des yeux, je fis le tour de l'endroit avec lequel mon coccyx avait fait connaissance. Il s'agissait du General Store de Slaughter Gulch. L'épicier me semblait être un bon bougre. Je ne tuais qu'en cas d'extrême nécessité, aussi je le saluais amicalement et m'apprêtais à sortir. "N'ouvrez pas la porte, s'écria-t-il ! Ils nous abattraient !".
De toute évidence, je me trouvais en présence du seul spectre honnête qui hantait cette ville de chacals. Du geste, il m'enjoignit de prendre ce que bon me semblait dans son antre. Je mis la main sur une fiole posée en équilibre sur une selle. L'épicier me dédia un clin d'oeil connaisseur, voyant que j'appréciais les bonnes choses.
Puis je m'approchais de l'étrange draisine qui était fixée au comptoir par un câble. Je me souvins du plan d'artificier que j'avais trouvé dans la salle de maquillage : la draisine était posée sur un rail de traveling. A l'origine, je présume que le chef-opérateur du "Dernier Ranger" avait prévu de monter dedans avec une caméra et de filmer l'explosion de la gare. Je jetais un coup d'oeil à l'intérieur : elle contenait une boîte de balles pour Winchester et un contacteur.
Voyant que je m'étais emparé du contacteur, l'épicier me regarda, le visage grave. Il savait maintenant que j'avais décidé de nettoyer cette ville ! A l'aide du canon de son shotgun, il me désigna la draisine et me fit signe de m'installer dedans. Qu'avait-il en tête ? Je l'ignorais, mais je lui fis confiance. L'épicier me dédia de nouveau un clin d'oeil, s'approcha du câble qui reliait la draisine au comptoir, et le sectionna, sans autre forme de procès, d'une balle de 280 grains.
Le ressort se détendit et la draisine fut catapultée hors du General Store avant que n'eusse pu dire au revoir à mon allié nocturne.Objets trouvés : 1 message, 1 boîte de balles pour Winchester, 1 fiole, 1 contacteur.
AUX ABORDS DE LA GARE
La draisine fila le long des rails du traveling. Je hurlais "Géronimo !" tandis que les balles sifflaient autour de moi et frappaient en miaulant les parois du chariot fou. Puis je redevins raisonnable. N'ayant pas envie de perdre la tête, je la rentrais dans les épaules.
Derrière moi, j'entendis un coup de feu claquer dans la nuit. Je me retournais et vis deux brutes épaisses armées de shotgun ressortir du General Store. Le pauvre épicier avait sans doute payé le prix fort l'aide qu'il m'avait apportée ! Bande de chacals !
La draisine perdit son élan en approchant de la gare et termina sa course contre un butoir en bois. J'en descendis sans perdre un instant, Winchester à la main.
Les ruelles alentour puaient la mort. Je décidais de me réfugier dans la gare plutôt que de perdre du temps en vains affrontements.Objets trouvés : Aucun.
LA GARE
La gare était immense et quasiment vide. Apparemment, Jed Stone n'avait pas eu le temps de l'achever. Les décorateurs du "Dernier Ranger" avaient simplement repeint la façade pour la scène-choc de leur film.
La porte se referma avec un claquement sec derrière moi. Je ne sursautais même pas. Je commençais à être habitué à ce genre de comportement.
Un coup de sifflet résonna. Je levais les yeux et aperçus un homme aux yeux morts juché dans la charpente. Il était vêtu d'un costume élimé de couleur bleue et d'une casquette de chef de gare.
A son signal, deux armoires à glace puant la charogne se matérialisèrent dans la pièce. Je leur délivrais un aller simple pour l'enfer. En deuxième classe.
Contre un mur était posé un lourd panneau en bois. A l'origine, il avait servi à indiquer que le bâtiment dans lequel je me trouvais était une gare et non un abattoir. Un pot de peinture se trouvait dessus, en équilibre instable.
Je poussais le panneau avec un sourire vicieux et le pot se renversa, maculant de peinture les lettres ouvragées. L'imbécile juché dans la charpente tomba à genoux en voyant ce qu'était devenu l'objet de sa fierté. Il laissa choir une petite clé, qui semblait se marier fort bien avec la serrure de la valise de la Hill Century. Mais le banquier avait très certainement piégé la valise. Et de toutes façons, la curiosité était un vilain défaut...
Dès que j'eus ramassé la clef, le chef de gare voltigeur se mit à pleurer et à m'insulter. Il en oublia de vider ses poumons dans son sifflet, ce qui me garantissait une certaine tranquillité.
La porte était fermée, aucune issue n'était visible. Aucune ? Peut-être que si. Au fond du bâtiment se trouvait une cloche. Je reconnus l'endroit : je l'avais déjà vu en photo au premier étage du saloon.
La cloche ne possédait pas de battant. C'était triste, une cloche sans battant. Triste comme un 38 spécial sans munitions. Je longeais la pile de traverses entreposées contre un mur et dénichais un tire-fond. Je frappais la cloche avec. Rien ne se passa. Je réfléchis quelques secondes. Sur les photos que j'avais vues, les zombis étaient trois autour de la cloche. Et le train sifflait toujours trois fois, non ? Je frappais deux fois de plus. Bingo ! Une ouverture se découpa dans le mur. Je faillis me précipiter et m'immobilisais de justesse : la porte coulissait comme un couperet de guillotine. Le bas en avait été soigneusement affûté. Je pris le temps d'observer le rythme meurtrier de la porte. Un coup long, trois coups rapides, un coup long... Je me précipitais au moment opportun.Objets trouvés : 1 tire-fond, 1 clé pour la valise.
DERRIERE LA GARE
Je me retrouvais de nouveau à l'air libre, mais je ne pris pas le temps de savourer la brise nocturne : juste avant de sortir de la gare, il me semblait avoir entrevu le banquier surgir du néant et se matérialiser dans le bâtiment. Cette crapule voulait sûrement récupérer la valise de la Hill Century. C'était hors de question ! Cette valise allait peut-être me permettre de sauver Emily et de tuer Jed Stone au moment de l'échange. Je savais que Stone me tendait un piège grossier. Il jouait au chat et à la souris, mais il ignorait que cette nuit, la souris avait mangé du lion !
Je pris le plan d'artificier que j'avais trouvé dans la salle de maquillage et repérais les câbles de mise à feu : ils dépassaient d'une anfractuosité du sol, près de la barrière. J'y raccordais le détonateur. Puis je calais le contacteur dans la roche, de l'autre côté de la voie ferrée, et le frappais du plat de la main. J'eus une pensée émue pour le banquier qui devait encore se trouver dans la gare...
Le souffle de l'explosion caressa ma nuque. Je me retournais : le toit de la gare et les poutres de la charpente virevoltaient dans le ciel, exécutant un ballet aérien mal chorégraphié.
Je fis quelques pas le long de la voie de chemin de fer et passais devant le réservoir. Dans deux minutes, il serait minuit. Jed Stone allait apparaître pour procéder à l'échange. Pourquoi tenait-il tant à cette valise ? Je l'ignorais.
La voie ferrée se terminait sous une masse d'éboulis rocheux, au pied de la montagne. A cet endroit se trouvait une tombe fraîchement creusée. Je m'en approchai.
Un nom était gravé sur la croix : le mien. Ainsi, on vendait la peau de l'ours avant de l'avoir tué, dans cette ville de rats ?Objets trouvés : Aucun.
DEVANT LE RESERVOIR (Chap 8)
Je fis demi-tour. Il était minuit. La poignée de la valise était moite dans ma main. J'allais devoir improviser et jouer serré. Mes semelles crissaient désagréablement sur le gravier de la voie ferrée. Encore quelques pas et...
Jed Stone apparut au sommet du réservoir, tenant Emily en joue. Mes mâchoires se crispèrent. La pauvre fille semblait plongée dans une transe hypnotique. Un des acolytes de Stone émergea du sol, porteur d'un drapeau blanc. Je déglutis. Je m'approchais de lui, jusqu'à voir le blanc de ses yeux morts. Je posais la valise et la clé à ses pieds. A ce moment, les griffes de la peur chatouillèrent mon échine : les deux frères Elwood venaient de se matérialiser autour de moi ! Mes balles seraient sans effet sur eux !
"Je veux la fille !", dis-je d'une voix qui ne trahissait aucune émotion.
Duke Elwood sourit. Et il me logea une balle de calibre 44 entre les deux yeux.Objets trouvés : Aucun.
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