Étant donné la nature de son économie, Harbour Grace est déserté par ses hommes vigoureux au printemps et en été. Les activités sociales se déroulent donc en hiver etparticulièrement pendant la période des fêtes de fin d'année. Le chant, la musique et la danse sont des divertissements bien en vogue dans larégion de Harbour Grace, même si les distractions sont plus limitées dans certains ports de mer en raison des croyances religieuses de leurs habitants. Il n'est pas étonnant que les épisodes de la chasse au phoque abondent dans les chansons et les récits de cette époque; parfois tragiques, parfois humoristiques, ils ne manquent jamais de couleur. Les deux chansons qui suivent, recueillies à Terre-Neuve, sont des exemples typiques du folklore français qui a survécu dans cette province. GRAND SAINT PIERRE, OUVRE TA PORTE Ah! le temps de marinier qu'il faudra tout corver, Plus de six mois je m'engage, plus de dix voiles pousserons, Plût à Dieu, ça m'est égal, elles rest'ront bien tant qu'i' voudront. Ah! si l'amour vient m'attaquer, malgré moi j' m'y fus tomber, Ah! je suis pris de la route pour saint Pierre aller trouver, En arrivant à la porte, trois petits coups j'ai tapés. Ah! saint Pierre m'a répondu: "Sur la terre, vous êtes des diables plus méchants que des lions, L'enfer vous donnait partage avec des restants du démon." -Ah! saint Pierre, répète-moi donc quoi c' qui a fait ces raisons? -Sur la terre vous êtes des diables, et si on meurt, vous êtes des rois, -Plut à Dieu, ça m'est égal, je rent'rons bien malgré toi. Ah! saint Pierre tout en tremblant rouvr' la porte du firmament. Rent'e, rent'e, mais ne déclar', rentrez dans not's paradis, Tiens, voilà les clés d' la porte, pour moi j' n'ai plus rien içi. -Ah! saint Pierre, si vous voudrez, en vivant bon marinier, On vous mettra derr!èr' la porte du démon de qui qu'est là, Si c'est un marin d'Ecosse, la port' tu 'i ouvriras. -Va, va, mon beau saint Pierre, je te rends aux beaux marins. Référence: Peacock, Kenneth, Songs of the Newfoundland Outports, (Ottawa, Musées nationaux du Canada. 1965, Bulletin n 197), Vol 3, p 878 Sl J'ÉTAIS PETITE ALOUETTE GRISE Si j'étais peut-être [petite] alouette grise, J' me poserais sur le mât du navire, Bon, va-t'en bien, Coucher tard, lever matin. J' me poserais sur le mât du navire, J'entenderais tous les mariniers dire: Bon, va-t'en bien, Coucher tard, lever matin. -Beau marinier, vous êtes point z-assez riche. -Sire, mon roi, je suis bien que très riche. J'ai trois navires sur la mer-e Baltique, I' y a une chargée d'or, I'autre de perleries, Et l'autre, c'est pour promener ma mie. -Beau marinier, je vous donne ma fille. -Sire, mon roi, je vous en remercie. Que votre fille est z-une vraie toupie. Référence: Peacock, Kenneth, Songs of the Newfoundland Outports, (Ottawa, Musées nationaux du Canada, 1965), Vol. 3, p.889.