15 - Par TUESDAY LOBSANG RAMPA ©1974
Les grands hôpitaux de Londres fourmillaient de jeunes hommes passionnés et dévoués, avides de se faire un nom dans les branches nouvelles de la médecine. Dans l'un d'eux, un garçon ardent, le Dr Kilner, s'employait assidument à mener des recherches dans le domaine le plus étrange que cette nouveauté, l'électricité, ait rendu possible : les rayons X. Il travaillait jusqu'à une heure avancée de la nuit, essayant différentes combinaisons de voltages. Le courant était fourni par de gigantesques dynamos Compton, l'un des plus grands prodiges de l'univers de l'électricité - de l'électricité parce que la science de l'électronique n'était pas encore née.
Le Dr Kilner étudiait toute sorte de méthodes singulières d'exploration du corps humain. Il constata qu'en utilisant des voltages considérables sous des ampérages extrêmement faibles une lumière émanait des contours du corps. Il disait qu'il expérimentait sur l'aura. Poussant plus avant ses travaux, il découvrit que certains agencements de prismes et de lentilles assistés de filtres teintés de façon particulière lui permettaient de distinguer l'aura à condition, toutefois, que le corps fût nu.
Un beau jour, le pauvre Dr Kilner fut surpris alors qu'il était en train d'examiner une femme nue à la lumière d'une lampe spéciale. Le médecin qui avait fait intrusion avait beau voir des lueurs colorées formant toute sorte de motifs bizarres sur l'écran du Dr Kilner, rien n'y fit : interdiction fut faite à ce dernier de poursuivre ses recherches, il fut traîné devant le conseil d'administration où on l'avertit avec toute la solennité possible que s'il recommençait jamais à investiguer le corps humain selon ces méthodes, il serait expulsé, rayé de l'Ordre et - qui sait? -, sa carrière ruinée, il finirait peut-être même par se retrouver dans la peau d'un manoeuvre ou échouerait à l'asile. Le marché lui fut mis entre les mains : ou abandonner la médecine ou obéir et étudier les dosages à employer pour les traitements radiologiques récemment inventés.
C'est ainsi que, à la honte éternelle de l'humanité, l'un de ses grands pionniers disparut dans l'obscurité. Sombrant dans la médiocrité, il se confina à de vulgaires travaux de routine sur les rayons X. C'en était fait des recherches sur l'aura.
Vint la Grande Guerre, la Première Guerre mondiale. On utilisa pour la première fois les rayons X sur des soldats blessés. La science médicale fit des progrès mais, toujours, dans la mauvaise direction : la machine à rayon X n'était pas la bonne solution.
La guerre fut gagnée mais pas par le vainqueur. Ce fut le vaincu, l'Allemagne, qui s'en tira le mieux. Tout d'abord, cependant, les Allemands poussaient dans les rues des brouettes chargées de millions de marks. Même un maigre repas coûtait des millions de marks. La dévaluation de la monnaie causa de graves troubles dans le pays. Le chaos régnait aussi en Russie car un nouveau parti était né, le parti communiste, les soviets, et il accomplissait des prodiges en adoptant la science de l'Occident.
Au début de 1960 et jusqu'aux années 70, un auteur écrivit des livres de métaphysique où il disait certaines choses qui éveillèrent l'intérêt des Russes, toujours à l'affût de ce genre de phénomènes. Un grand nombre de ses ouvrages furent introduits en Russie où on les étudia avidement. En définitive, diverses recherches furent menées sous le patronage de l'État dans les universités de Moscou, recherches qui s'écartaient de ce qui était, en fait, une ligne d'investigation erronée. Pour un temps, on négligea les rayons X en Russie et l'on s'employa à tenter de détecter le champ magnétique du corps humain en utilisant des voltages élevés. La nudité ne posait pas de problème en Russie où l'individu ne compte pas, où tout est subordonné aux besoins de l'État.
En fin de compte, un couple, les Kirlian, se servant d'informations découvertes dans un ouvrage de métaphysique, réussirent à mettre au point un vieux, un très vieux système : l'application d'un courant de très haute intensité sur une plaque métallique posée sur un corps humain. On constata que l'on pouvait photographier un objet placé sur ou contre un film pris en sandwich entre deux plaques de métal soumises à une tension électrique extrêmement élevée. Pour photographier un organe, l'une des bornes était connectée à la plaque métalillique, le corps lui-même faisait office de capaciteur. Le courant était engendré par une bibine Tesla qui multiplie considérablement l'intensité et augmente également la fréquence. De De cette façon, au lieu de pénétrer dans le corps, il s'écoule à sa surface comme de l'eau. Naturellement, tout cela se passe dans l'obscurité. Ainsi peut-on prendre une photographie.
Une fois de plus, les Russes prétendent que c'est là une invention russe bien que Nikola Tesla, qui naquit en 1856, n'ait pas inventé ce dispositif en Russie.
Certains auteurs de retour de Russie s'extasient sur les progrès accomplis par les métaphysiciens russes. Plusieurs ont écrit à ce propos des ouvrages où ils placent les Russes plus haut que les cieux, oubliant que les Occidentaux ont parlé de ces choses et peuvent en faire autant. L'un de ces chercheurs, nottamment, a personnellement signalé le fait à quelques-uns de ces panégyristes : il n'a même pas reçu d'accusé de réception. Il leur a adressé des exemplaires de ses propres livres publiés longtemps avant que les Russes eussent « découvert » toutes les merveilles dont ils parlaient.
La photographie kirlianienne est une fausse piste, exactement comme les rayons X du Dr Kilner. Elle ne donne qu'une image déformée de la décharge en couronne, elle ne montre qu'une certaine décharge d'électricité statique ou la gaine d'une telle décharge émanant du corps.
Si l'on recouvre d'un papier un aimant en fer de cheval ou un simple barreau aimanté et qu'on saupoudre la feuille de limaille de fer, on obtient une image unidimensionnelle[bidimensionnelle!] du champ magnétique de l'aimant mais cela ne nous apprend rien touchant l'action ou la composition de ce dernier. En vérité, ce n'est qu'une curiosité de salon, rien de plus. De même, le procédé Kirlian, qui ne fait que ressusciter quelque chose remontant à 50 ou 60 ans, est une simple amusette qui fait aboutir de bons et honnêtes chercheurs à l'impasse. C'est une curiosité, un divertissement permettant de faire des tours avec des feuilles d'arbres, etc., même en couleur - mais une décharge en couronne n'est-elle pas toujours en couleur?
On ne peut que déplorer que nos contemporains aient l'air de penser que tout ce qui est exotique - et exotique veut seulement dire étrange - est obligatoirement bon, meilleur que ce qui est produit chez soi. Il y a beaucoup de vrai dans le vieux proverbe qui affirme que nul n'est prophète en son pays. Et voilà pourquoi on porte aux Kirlian qui n'ont fait que ressuciter un antique procédé beaucoup d'attention, ce qui n'aurait pas la moindre importance si cela n'amenait d'estimables savants à s'égarer en prenant une mauvaise direction.
La forme correcte d'utilisation des rayons X qui se fera jour le moment venu donnera tout autre chose que de malheureuses taches sur une plaque épaisse. Ce sera, au contraire, une reproduction en couleurs exactes de l'intérieur de l'organisme. Si le Dr Kilner n'avait pas eu l'oreille fendue, il aurait mis au point de telles photograpies car il était sur la bonne voie. Il avait la connaissance, une connaissance qui lui venait de l'astral et il n'en était encore qu'aux tâtonnements.
Les rayons X adéquats - que l'on appellera autrement à ce moment, bien entendu- permettraient aux médecins et aux chirurgiens de voir de façon précise ce qui se passe à l'intérieur du corps, de voir exactement comment cela se passe et en couleurs naturelles. Il n'y aurait pas besoin, alors, d'opérations exploratoires : il suffirait d'ouvrir les yeux.
Et si les médecins avaient écouté le Dr Kilner, la photographie aurale serait un lieu commun et, en photographiant l'aura, on saurait de quoi souffre un organisme. Chose plus intéressante encore, on pourrait dire sans erreur de quelles affections il risque d'être atteint si l'on n'entreprend pas de traitements préventifs à un stade précoce.
La photographie aurale est une chose très réelle et elle est grandement nécessaire à l'espèce humaine. Elle était couramment répandue à l'époque de l'Atlantide et quand les Sumériens étaient vivants. Pourtant, la jalousie, la malveillance et la cécité spirituelle ont empêché les chercheurs qui possédaient la connaissance fondamentale de réaliser les appareillages indispensables.
L'un des plus grands obstacles est, semble-t-il, qu'il faille que le sujet soit nu pour que l'on puisse examiner son aura. Or, dans les hôpitaux, il n'est permis d'examiner qu'une petite zone du corps humains, le reste demeurant entièrement recouvert. À croire que regarder un corps nu ailleurs que sur la plage, sur scène ou dans les plus pornographiques des magazines soit une sorte de crime.
Mais lorsque les rayon X tels que nous les connaissons aujourd'hui seront des pièces de musée, lorsqu'ils auront disparu dans les limbes de l'oubli, il en ira de même du tout dernier gadget, de la photographie kirlianienne que l'on n'évoquera plus, pour autant qu'on l'évoque jamais, qu'avec un sourire condescendant pour la crédulité des hommes des années 1970 à qui l'on pouvait faire avaler de telles calembredaines. Non, la photographie kirlianienne n'est pas la solution de la photographie aurale, ce n'est absolument pas de la photographie aurale.
Si vous suivez
la rive d'une rivière rapide et que vous enfonciez la main dans
l'eau, des rides et des turbulences viendront briser sa surface lisse.
Le contact de votre main a perturbé l'écoulement régulier
du courant que ces rides et un sillage centrifuge rendent alors visibles.
De même, si un courant électrique de très haute intensité
sous un très faible courant traverse certaines plaques de métal,
tout ce qui gêne l'écoulement de ce flux électro-statique
se manifestera par des rides, des étincelles qui sont peut-être
un spectacle amusant mais qui n'ont strictement aucun intérêt.
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