Auteur et responsable du module 8: Pierre Toussaint
Collaboration: Danielle Malette
Pourquoi faut-il réformer le curriculum et le régime pédagogique au Québec?
D'abord, entendons-nous sur le terme curriculum. Traditionnellement, au Québec, on utilise tantôt curriculum, tantôt programme d'études. Dans le cadre de ce module, nous avons opté pour le vocable curriculum d'études.
Les membres francophones du Comité directeur du centre pour la recherche et l'innovation dans l'enseignement (CERI) et de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), ont recommandé d'utiliser ce terme pour désigner les programmes d'études, parce qu'il avait une extension plus large.
Ainsi, le mot ½curriculum╗ désigne ce qui est entrepris pour la formation des élèves dans un système d'éducation. Il désigne donc les choix adoptés concernant la place faite, selon une proposition donnée, aux différentes matières et disciplines enseignées, ce qui est prévu dans des articles du règlement concernant le régime pédagogique et que l'on a appelé traditionnellement ½grille-matières╗.
Les raisons de réformer le curriculum de l'éducation préscolaire, de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire sont principalement de deux ordres:
Les savoirs occupent désormais une place inégalée dans l'organisation matérielle et sociale de notre collectivité.
On demande de plus en plus à l'école d'être une institution favorisant la cohésion sociale. Concrètement, cela veut dire que, dans la vie quotidienne, nous sommes appelés à faire face à des défis tels que l'utilisation des technologies, les relations avec différentes organisations (nationales et internationales), l'usage des médias, etc. Tout cela demande à tous et chacun des capacités intellectuelles exercées. La vitalité et la prospérité économiques ne dépendent plus désormais de la possession des matières premières, ce sont de plus en plus les savoirs et les découvertes scientifiques et technologiques qui redistribuent la richesse.
Cela veut dire aussi que les orientations prises pour favoriser une plus grande cohésion sociale peuvent varier d'un système à l'autre et d'un pays à l'autre.
Si l'école comme institution doit favoriser la cohésion sociale, elle doit avoir les préoccupations suivantes :
il faut, à l'école, développer et promouvoir des valeurs et des attitudes reconnues par les différentes communautés au Québec;
il faut, à l'école, réagir à la crise du lien social dont les manifestations sont l'éclatement des familles, l'aggravation des inégalités liées à la montée de la pauvreté, la crise morale, la rupture des solidarités traditionnelles de proximité et la violence. Ainsi, l'école doit favoriser l'intégration sociale en transmettant un patrimoine culturel commun;
il faut, à l'école, se préoccuper de la préparation à l'exercice de la citoyenneté. Au moment où les démocraties se développent dans le monde, on se rend compte de leur fragilité. Au-delà des institutions qui l'assurent, la démocratie demande à être vivifiée par des citoyens et des citoyennes conscients des enjeux collectifs et soucieux de participer à la vie démocratique;
il faut, à l'école, se préoccuper des défis mondiaux que soulèvent les mutations actuelles : amplification des mouvements migratoires, pluralisme, développement durable, préservation des patrimoines culturels, expansion des médias, menace à l'environnement, déséquilibre entre pays riches et pays pauvres, etc.
Toutes ces préoccupations traduisent bien la nécessité et les demandes d'ajustement du curriculum d'études.
Ce module présentera les principaux traits qui caractérisent la réforme actuelle du curriculum au préscolaire, au primaire et au secondaire. Étant donné les liens très étroits qui unissent les curriculums d'études et le régime pédagogique, le module accordera une grande importance au régime pédagogique de l'éducation préscolaire, de l'enseignement primaire et de l'enseignement
secondaire. Ainsi, il examinera de façon plus spécifique ce qui s'est passé
au Québec en ce qui concerne: