Les défis de l'harmonisation des programmes et de la diversification des cheminements

Au Québec, l'harmonisation des programmes aux deux ordres d'enseignement est importante pour le développement de la formation professionnelle et technique car elle permettra la mise en place d'un système de formation intégré. Cette intégration tant souhaitée par le ministère de l'Éducation mais aussi par de nombreux intervenants du monde de l'éducation et du travail, pose de nombreux problèmes. En effet, comment concilier deux systèmes de formation qui évoluent à des paliers différents, qui poursuivent des objectifs de formation différents et qui se livrent souvent concurrence pour attirer des clientèles qui assureront leur financement?

On constate que la situation n'a pas vraiment progressé depuis le milieu des années 1990 et que très peu de centres professionnels et de cégeps offrent des programmes harmonisés. Les aménagements nécessaires pour assurer le passage d'un niveau de formation à un autre sont souvent trop complexes. C'est dans le but de faire évoluer plus rapidement les choses que le ministre François Legault annonce, en décembre 2000, son intention d'ajouter une nouvelle disposition à l'article 2 du règlement sur le régime des études collégiales. Cette disposition permet aux titulaires de treize diplômes d'études professionnelles d'être admissibles, avec un niveau secondaire 4, aux programmes techniques correspondants en remplaçant les conditions d'admission actuelles par la reconnaissance des compétences acquises en formation professionnelle et par l'imposition d'activités de mise à niveau au cégep. À cet égard, le Conseil supérieur de l'éducation dépose, en mars 2001, un Avis au ministre de l'Éducation l'invitant à faire le bilan des quelques expériences d'harmonisation actuelles et à envisager l'étude de l'application de cette disposition pour un certain nombre de programmes avant de changer les règles de passage du secteur professionnel au secteur technique. Plusieurs composantes du projet sont questionnées. Le Conseil s'interroge d'abord sur la capacité du réseau à recruter une clientèle jeune, en nombre suffisant, pour les programmes techniques visés car peu de jeunes sont inscrits dans les programmes de formation professionnelle. Il s'inquiète également des possibilités de réussite scolaire de cette clientèle en formation générale au cégep.

Le ministre Legault annonce qu'il maintient quand même sa décision de modifier l'article 2 du RREC mais qu'il retarde son application à l'automne 2002 et il la limite à trois expérimentations (deux cégeps francophones, un cégep anglophone). Voilà un dossier à suivre étant donné ses importantes implications pour le passage des élèves de la formation professionnelle à la formation technique.