Les politiques et les structures de la formation professionnelle et technique

Le Québec s'est doté d'un système de formation professionnelle dans lequel est maintenu un sain équilibre entre la centralisation et la décentralisation des pouvoirs. Le Ministère de l'éducation, du loisir et du sport (MELS) tient le rôle d'administration centrale. En plus d'émettre et de s'assurer de l'application les différentes lois, règles et politiques, le MELS assure un support administratif, financier et pédagogique aux administrations locales. Celles-ci sont responsables de la mise en oeuvre des décisions centrales. Tout en restant dans le cadre imposé par le MELS les structures locales disposent d'une grande latitude pour organiser l'exécution de leurs mandats de formations. C'est cette forme organisationnelle qui permet une cohérence suffisante du système national sans entraver les organismes lorsque ceux-ci s'efforcent de s'adapter aux impératifs typiques à leurs régions ou à ceux imposés par leurs secteurs d'activités.

Avant d'entreprendre une présentation plus approfondie des politiques et structures de la formation professionnelle et technique au Québec, il importe de mentionner quelques spécificités qui rendent son administration et sa gestion différentes de celle du reste de l'effort d'éducation au Québec.

La formation professionnelle et technique comprend un grand nombre de programmes d'études tous très différents les uns des autres.

Chacun des programmes s'appliquera à une clientèle relativement restreinte. Le concept de programme national doit toujours être relativisé à une clientèle d'au plus quelques milliers d'élèves.

De part leur nature souvent très "technique", les programmes de formation professionnelle et technique demandent une administration des ressources matérielles (équipement, instruments, outillages, etc.) qui n'a aucune commune mesure avec celle requise par les secteurs de la formation générale.

Les principes fondateurs de la réforme de la formation professionnelle de la fin des années 80 (réforme Ryan) méritent d'être rappelés car ils sous-tendent plusieurs des décisions de politiques et structures administratives présentées dans ce chapitre.

Le système se veut "rationalisé" dans le sens où les besoins du marché du travail et de développement régional sont pris en compte dans les décisions d'offrir ou non un programme particulier dans une région du Québec.

Les relations entre le MELS et les organismes locaux prennent une nature très légale. Rappelons le, une commission scolaire est un gouvernement local élu par la population et qui jouit d'un droit de taxation. Il serait absolument erroné de voir les commissions scolaires comme des branches ou des divisions du MELS. Le gouvernement central, par l'émission de lois, règles et décrets, impose un cadre général à toute la province et octroie des subventions aux organismes. De leur coté, les commissions scolaires, en plus de devoir fournir la preuve du respect de la réglementation, sont imputables pour la mise en oeuvre du service subventionné et doivent assurer la transmission des résultats d'évaluation des acquis au MELS qui garde le privilège de la sanction officielle des études (émission de diplômes, relevés des acquis, etc).

Pour le secteur collégial, les cégeps sont dirigés par un conseil d'administration. Malgré que plusieurs des membres du conseil sont nommés par le MELS, il reste que les cégeps jouissent eux aussi d'une grande latitude dans la mise en oeuvre des services. Le MELS que rarement en autorité dans l'opération d'un collège.

En plus de devoir, comme pour la formation professionnelle au secondaire, fournir des rapports de vérification externes, les cégeps sont sujet à des évaluations par un organisme de surveillance particulier : la commission de l'évaluation de l'enseignement collégial.

Il importe donc pour les enseignants de voir les organismes pour lesquels ils travaillent comme des organisations relativement libres à l'intérieur d'un cadre réglementaire strict. Une méprise fréquente des enseignants débutants est de croire que le MELS constitue l'instance suprême qui interviendra dans la résolution de toutes les situations et les problèmes vécus dans leurs établissements. Il est souvent opportun de savoir qui de l'administration locale ou centrale est responsable et imputable pour un sujet particulier et ainsi agir efficacement.

Les sous sections qui suivent visent à décrire le cadre légal en question et à explorer les structures que ces réglementations crées et soutiennent :