Retombées et critique de la réforme de l'éducation

La mise en place graduelle de la réforme de l'éducation a apporté des changements:

La nouvelle réforme de l'éducation, principalement celle qui touche le curriculum, s'attire autant la faveur qu'elle provoque de vives critiques. Certains auteurs lui reprochent d'amener le système éducatif québécois à n'autoriser qu'une seule approche, l'apprentissage par compétences, et de couler les enseignants tous dans le même moule en favorisant une pensée unique. D'autre part, le Conseil supérieur de l'éducation a lui-même manifesté son inquiétude au ministre quant à l'échéancier d'implantation des nouveaux programmes.

L'approche par compétences (APC) - ou Competency based movement - serait tirée des travaux de Watson sur le conditionnement classique. Le courant des compétences aurait été très populaire aux Etats-Unis dans les années 70-80 et ensuite en Belgique et en Suisse. L'APC a connu un regain de popularité sous l'impulsion de l'idéologie de la performance et de l'excellence. Dans cette approche, l'éducation est axée sur les résultats (Outcome-Based Education). Au Québec, comme dans d'autres pays européens), cette approche est associée au constructivisme et au socio-constructivisme, Toutefois, ses opposants l'accusent d'être souvent paradoxale et réductrice au point de vue épistémologique.

Synthèse des positions des tenants et des opposants à l'approche par compétences
Les tenants soutiennent que cette approche:

  • se centre sur les forces de l'individu, ses besoins et son style d'apprentissage dans ses efforts pour maîtriser des ½skills╗ identifiées par d'autres (industrie, etc.);
  • développe un système très personnalisé d'apprentissage;
  • reconnaît la compétence dès que le niveau spécifique est atteint;
  • estime que chaque élève doit être en mesure de performer dans la même tâche pour laquelle il a été préparé;
  • soumet l'élève à des standards prédéterminés de performance;
  • croit que le succès dépend de la vitesse avec laquelle l'élève maîtrise les compétences requises.
Les opposants soutiennent que cette approche:

  • est réductrice, limitée et paradoxale sur le plan épistémologique;
  • répond davantage aux dictats de l'industrie qu'aux besoins des apprenants;
  • oppose sans raison la logique de l'apprentissage à celle de l'enseignement;
  • se fonde sur une conception simpliste du processus d'apprentissage en ne tenant compte que de la complexité comme point de départ;
  • accorde au collectif une trop grande place en regard de l'individuel, du personnel;
  • réduit le rôle de l'enseignant à celui d'accompagnateur, d'entraîneur.

Source : BOUTIN, Gérald et Louise Julien (2000) L'obsession des compétences. Son impact sur l'école et la formation des enseignants, Montréal: Les Éditions Nouvelles, p. 91.