Retombées et critique de la réforme de l'éducation
La mise en place graduelle de la réforme de l'éducation a apporté des changements:
L'instauration de la maternelle à temps plein pour les enfants de 5 ans dès l'automne 1997.
Au secondaire, la diversification des voies d'accès à la formation professionnelle est aussi entreprise et doit permettre l'accès aux programmes conduisant au diplôme d'études professionnelles (DEP) après la 3e secondaire.
La mise en place de programmes conduisant à l'attestation de formation professionnelle (AFP) qui prépare à l'exercice de métiers semi-spécialisés, accessibles aux jeunes qui ont réussi la 2e secondaire.
Des plans de réussite élaborés par les établissements d'enseignement, du primaire au collégial.
Les contrats de performance élaborés et mis en oeuvre dans les établissements universitaires.
L'implantation des nouveaux programmes d'études et du programme des programmes.
La nouvelle réforme de l'éducation, principalement celle qui touche le curriculum, s'attire autant la faveur qu'elle provoque de vives critiques. Certains auteurs lui reprochent d'amener le système éducatif québécois à n'autoriser qu'une seule approche, l'apprentissage par compétences, et de couler les enseignants tous dans le même moule en favorisant une pensée unique. D'autre part, le Conseil supérieur de l'éducation a lui-même manifesté son inquiétude au ministre quant à l'échéancier d'implantation des nouveaux programmes.
L'approche par compétences (APC) - ou Competency based movement - serait tirée des travaux de Watson sur le conditionnement classique. Le courant des compétences aurait été très populaire aux Etats-Unis dans les années 70-80 et ensuite en Belgique et en Suisse. L'APC a connu un regain de popularité sous l'impulsion de l'idéologie de la performance et de l'excellence. Dans cette approche, l'éducation est axée sur les résultats (Outcome-Based Education). Au Québec, comme dans d'autres pays européens), cette approche est associée au constructivisme et au socio-constructivisme, Toutefois, ses opposants l'accusent d'être souvent paradoxale et réductrice au point de vue épistémologique.
Synthèse des positions des tenants et des opposants à l'approche par compétences
Les tenants soutiennent que cette approche:
se centre sur les forces de l'individu, ses besoins et son style d'apprentissage dans ses efforts pour maîtriser des ½skills╗ identifiées par d'autres (industrie, etc.);
développe un système très personnalisé d'apprentissage;
reconnaît la compétence dès que le niveau spécifique est atteint;
estime que chaque élève doit être en mesure de performer dans la même tâche pour laquelle il a été préparé;
soumet l'élève à des standards prédéterminés de performance;
croit que le succès dépend de la vitesse avec laquelle l'élève maîtrise les compétences requises.
Les opposants soutiennent que cette approche:
est réductrice, limitée et paradoxale sur le plan épistémologique;
répond davantage aux dictats de l'industrie qu'aux besoins des apprenants;
oppose sans raison la logique de l'apprentissage à celle de l'enseignement;
se fonde sur une conception simpliste du processus d'apprentissage en ne tenant compte que de la complexité comme point de départ;
accorde au collectif une trop grande place en regard de l'individuel, du personnel;
réduit le rôle de l'enseignant à celui d'accompagnateur, d'entraîneur.
Source : BOUTIN, Gérald et Louise Julien (2000) L'obsession des compétences. Son impact sur l'école et la formation des enseignants, Montréal: Les Éditions Nouvelles, p. 91.