Tentatives dÆélaboration dÆun système scolaire sous le Régime anglais (1760-1840)

Introduction
1760 à 1840 (de la Conquête à ½l'après Rébellion╗ ou ½l'avant Durham╗): soulignent trois tendances importantes dans ces quarante ans de l'histoire de l'éducation dans l'ancienne colonie française, devenue Province of Quebec (1763), puis ensuite Bas-Canada (1791). Ce sont des tendances qui s'inscrivent dans la législation et qui ne sont pas sans marquer l'évolution scolaire:



1763: Le 7 octobre, Proclamation Royale. Certaines clauses visent l'assimilation anglo-protestante des Canadiens au moyen de l'école.

(Voir La Conquête par le traité de Paris)

Par ailleurs, les gouverneurs anglais du Québec ont intérêt à mettre la pédale douce en ce qui concerne l'assimilation, la population anglaise n'étant pas suffisamment nombreuse et la population française toujours en nette augmentation. Aussi, en 1774, le gouvernement accordera aux habitants le droit d'être francophones et catholique (voir Acte de Québec).

De 1763 à 1801, aucune loi scolaire n'est adoptée. Plusieurs écoles disparaissent et aucune nouvelle école n'ouvre ses portes. L'ignorance et l'analphabétisme se généralisent.

De façon générale, on peut affirmer qu'au cours des trente années qui ont suivi la Conquête, la situation de l'enseignement dans la nouvelle colonie anglaise n'a cessé de se détériorer. Décidées à assimiler les Canadiens (nom donné aux francophones du Canada à cette époque et jusqu'en 1840, où ils deviendront Canadiens français), les autorités britanniques réquisitionnent les collèges existants, saisissent les biens des Jésuites, dont les activités financent grandement l'éducation et, surtout, interdisent à plusieurs ordres religieux, dont les Jésuites, de faire du recrutement. C'est donc toute la colonne vertébrale du système d'enseignement existant qui s'écroule graduellement. Pendant 75 ans, aucune communauté religieuse n'apparaît au Canada et il ne reste que 200 religieuses et 137 prêtres pour enseigner aux Canadiens dans une trentaine de petites écoles. Toutefois, l'enseignement secondaire est maintenu au Séminaire de Québec, qui dispense l'éducation supérieure tant pour les aspirants à la prêtrise que pour les aspirants aux professions libérales. Si, pour les anglophones (dont les loyalistes sont venus grossir les rangs), la situation scolaire est moins grave, elle demeure toutefois lacunaire Audet et Gauthier diront que vers 1790, il y avait, pour desservir la population protestante de la Province of Quebec (10 000 personnes), 17 écoles; tandis qu'il n'y en avait qu'une quarantaine pour la population canadienne, dénombrée à plus de 160 000 personnes. De plus, ces petites écoles étant en pénurie de livres français, sans manuels scolaires et en manque de personnel enseignant, on dira que la population canadienne est majoritairement condamnée à l'ignorance et à l'analphabétisme général.
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1789: Projet de loi pour établir un réseau d'écoles ayant comme but plus ou moins camouflé d'instruire les Canadiens en anglais et de les assimiler au point de vue religieux. Échec par suite de l'opposition de Mgr Hubert, évêque de Québec.

C'est en mai 1787 que Lord Dorchester, alors gouverneur, ½réorganise l'administration de la colonie et forme un comité spécial d'éducation, le Comité Smith, chargé de s'enquérir des moyens à prendre pour répandre l'instruction dans le peuple╗: c'est le premier ancêtre des comités et des commissions sur l'enseignement. Le rapport est déposé en décembre 1789.

On recommande la centralisation de l'enseignement, qui relèverait d'un organisme unique biconfessionnel et bilingue administré par des laïcs et des évêques anglicans et catholiques. Pour dispenser l'enseignement, une petite école gratuite dans chaque paroisse, une école secondaire dans chaque comté et une université.

Bien qu'un certain nombre de Britanniques (nom donné à cette époque aux anglophones du Canada et jusqu'en 1840, où ils deviendront Canadiens anglais) et de Canadiens appuient cette proposition, notamment en ce qui concerne la neutralité de l'université qui offrirait ainsi des garanties égales aux catholiques et aux protestants, certains évêques catholiques y voient une tentative du gouvernement de lui saper le contrôle de l'éducation, et des évêques anglicans considèrent que le projet favorise trop les Canadiens. C'est finalement l'opposition de Mgr Hubert qui fera avorter le projet.

L'historien Mason Wade, résume ainsi la situation:

½On était dans une impasse, parce que les Anglais voulaient des écoles contrôlées par l'État et que, pour les Français, l'enseignement relevait du domaine religieux et était une prérogative de l'Église╗.
On continue donc de s'inquiéter du manque d'écoles aussi bien pour les catholiques que pour les protestants.
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